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  • il y a 2 mois
Dans son édito du 25/10/2025, Mathieu Bock-Côté revient sur [thématique de l'édito]

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Transcription
00:00Alors, on a tous vu, effectivement.
00:01Je ne sais pas si on peut le montrer à l'écran encore.
00:02Oui, on va le voir, à l'image.
00:03Donc, Kermit, on sait, c'est ce personnage qui relève de l'univers du...
00:09Ce n'est même pas le dessin animé, en fait.
00:10C'est des personnages et des missions de jeunesse.
00:12Donc, Kermit, en position offerte.
00:16Offerte, qui rime ici avec l'œuvrette, vous me le pardonnerez.
00:19Mais c'est quand même ça.
00:20Il faut bien voir ce qu'on nous montre ici.
00:22Place Vendôme.
00:23Donc, Kermit disposé, offert, pour qui voudra s'en emparer,
00:26dans je ne sais quelles circonstances étonnantes ou pas.
00:28Et on nous présente ça à la manière...
00:31Donc, c'est une autre manifestation de l'art contemporain
00:35qui fonctionne toujours sur la même logique.
00:38Rappelez-vous, on avait eu aussi le sapin.
00:41Le sapin improvisé de mémoire.
00:43Je crois que c'était Paul McCarthy, si je ne me trompe pas,
00:46qu'on avait aussi surnommé, je cite, ce n'est pas moi,
00:49le ploganal, qui était peut-être en lien, d'ailleurs, avec ça.
00:52Je n'en sais rien.
00:53Rappelez-vous aussi l'Arc de triomphe qui avait été entouré,
00:56en revue comme ça, par cristaux.
00:59Et rappelez-vous, on pourrait donner d'autres exemples.
01:01Donc, l'idée est toujours à peu près la même.
01:04Nous sommes devant l'art, ce qu'on appelle l'art contemporain.
01:07Je pourrais dire, l'art contemporain, ça ne recouvre pas tout l'art de notre époque.
01:10Il y a toute une partie de l'art de notre temps
01:11qui est un art tout à fait admirable, beau, inspiré.
01:14Mais le label art contemporain, je pourrais dire que c'est l'inversion esthétique revendiquée.
01:21C'est-à-dire que c'est la laideur conquérante et fière d'elle-même
01:24qui cherche à s'emparer de tout, qui cherche à s'emparer de tous les symboles,
01:29qui cherche à salir le monde ancien, qui cherche à coloniser le monde ancien
01:34à partir d'une esthétique inversée, d'une esthétique de la laideur,
01:38d'une esthétique de la destruction.
01:40Donc, c'est un art de conquête.
01:41On ne nous fasse pas croire un seul instant que quelqu'un s'est dit devant ça
01:44« C'est tellement beau, c'est magnifique ».
01:46Ça a pour fonction d'être laid.
01:48Ça a pour fonction d'humilier ce à quoi on la colle.
01:51Parce que Kermit, dans cette position nocturne,
01:55ou peut-être d'après-midi, je n'en sais rien.
01:57J'y vois du yoga, mais peut-être que vous y voyez une position nocturne.
02:00On peut faire du yoga la nuit.
02:02Alors, Kermit yogi, donc,
02:06c'est...
02:07Imaginons qu'on décide de flanquer ce machin-là dans un champ perdu.
02:10Tout le monde s'en fout.
02:13Mais tout le monde s'en fout de Kermit ainsi posé dans un champ perdu.
02:16Ça n'a pour fonction d'être déposé devant nous
02:19que devant des endroits magnifiques.
02:23La place Vendôme, le château de Versailles.
02:25Et c'est la guerre culturelle qui se manifeste ici
02:28de la manière la plus décomplexée qu'il soit.
02:30C'est-à-dire, nous voulons nous emparer la révolution des temps présents,
02:32la révolution diversitaire des temps présents,
02:34la révolution inesthétique des temps présents,
02:36la révolution de la déconstruction des temps présents.
02:39dit, nous allons nous emparer des plus beaux symboles de votre monde
02:42et nous allons appliquer, coller, imposer sur ces traces du monde ancien,
02:48nous allons imposer notre esthétique nouvelle.
02:51Et j'y reviens, parce que c'est important, c'est une guerre culturelle.
02:54Et au cœur de la guerre culturelle, il y a le rapport au beau.
02:57Il y a le rapport à la beauté.
02:59Et ça, c'est fondamental.
03:00Roger Scruton, dont on a parlé ici de temps en temps,
03:02le philosophe anglais mort en 2020, si on ne me trompe pas.
03:05Scruton disait, pourquoi dans l'architecture contemporaine,
03:09on se contente de restaurer l'ancien et on ne veut plus créer du nouveau?
03:14Et Scruton disait quelque chose de très juste.
03:16Il dit, on ne fait plus confiance à notre monde pour créer du beau.
03:19Parce que notre monde, lorsqu'il veut créer quelque chose, il crée du lait.
03:22Il crée du lait en défigurant l'ancien.
03:25Rappelez-vous la peur qui a saisi la France au moment de cette proposition d'Édouard Philippe
03:30qui voulait que dans la reconstruction de Notre-Dame, il y ait un geste de mémoire,
03:33un geste architectural contemporain.
03:36On a tout de suite compris que ça pourrait être kermite dans cette position.
03:39On a tout de suite compris qu'un geste architectural contemporain, ça va être lait.
03:43C'est fait pour être lait.
03:44Et c'est fait pour que tous ceux qui disent « mais c'est lait »
03:47se fassent traiter ensuite de réactionnaires et de crétins d'extrême droite.
03:50On connaît le jeu.
03:52Donc, de ce point de vue, c'est pas...
03:54Alors, évidemment, c'est pas aussi tragique que ce qu'on disait tantôt, ça va de soi.
03:57Mais dans la petite actualité banale, ce n'est pas rien.
03:59C'est une déclaration de guerre culturelle au cœur de Paris.
04:02Et il y a donc pour vous, Mathieu Bocoté, un culte de la laideur au cœur de notre temps.
04:08Ah oui, je crois.
04:08Mais c'est l'inversion de notre temps.
04:09C'est l'inversion esthétique.
04:11C'est la...
04:11En fait, c'est la traduction esthétique de la haine de l'Occident.
04:15Donc, vous voyez, ça se donne dans tous les domaines.
04:17Nos villes, on l'est dit, vous avez la chance, ou la balle change, je n'en sais rien,
04:21de ne pas être nord-américain.
04:22Donc, vous ne connaissez pas ce que sont ces banlieues pavillonnaires où une maison
04:27pareille, succède à une maison pareille, dont l'identique absolue, l'absence de personnalité
04:32de la construction architecturale, des villes identiques, des villes sans aucune personnalité.
04:36On le voit aujourd'hui, c'est peut-être vrai aussi un peu en Europe dans certains pays,
04:40on le voit aussi avec l'esthétique au quotidien et la tenue des uns des autres.
04:45On ne sait pas ce qu'on a perdu comme civilisation quand on a sacrifié l'exigence de la cravate.
04:48Vous voyez cette espèce de sacrifice esthétique qu'on revendiquait avec cette déstructuration,
04:54souvent portée d'ailleurs par les grands designers.
04:56On peut parler de l'enlédissement des corps jusqu'au tatouage revendiqué en toutes circonstances,
05:01jusqu'au visage, jusqu'au visage.
05:03Ensuite, les gens font ce qu'ils veulent de leur corps, mais ça veut dire quelque chose.
05:06Le consentement, vous savez, le poids, c'est une question qui touche tout le monde
05:09et ça me concerne de temps en temps.
05:11Mais l'obésité morbide revendiquée au nom de la diversité corporelle,
05:15tout le monde devrait dire que c'est une catastrophe.
05:17Eh bien non, aujourd'hui, on dit que c'est absolument formidable
05:18et on va en faire des symboles positifs.
05:20Mais nous croyons ici à la contre-attaque esthétique contre l'inesthétique des temps présents.
05:25Voilà pourquoi je l'annonce, je n'ai pas l'habitude de le faire,
05:26mais la semaine prochaine, notre invité en deuxième partie de l'émission
05:29sera Hugo Jacomet, pour qui j'ai beaucoup d'estime
05:31et qui porte contre à lui cette espèce d'idée
05:34comme quoi l'élégance est aujourd'hui une dissidence.
05:36Sous-titrage Société Radio-Canada
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