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  • il y a 2 mois
Dans son édito du 18/09/2025, Mathieu Bock-Côté revient sur [thématique de l'édito]

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Transcription
00:00Alors, c'est une histoire qui...
00:02Enfin, on pourrait l'écrire en...
00:05Si on a une très longue mémoire,
00:06on se rappellera que la rue n'a pas toujours été contrôlée
00:10par la gauche, ni même par la gauche radicale.
00:12L'histoire de la rue en France,
00:14l'histoire de la foule parisienne.
00:15Je pense qu'à l'échelle du monde occidental,
00:17il y a un acteur à part entière qui s'appelle la foule parisienne.
00:21Et la foule parisienne, c'est un acteur qui pouvait passer
00:23au fil des temps à gauche, à droite.
00:25L'épisode boulangiste, parmi tant d'autres,
00:27au 19e siècle, au 20e siècle,
00:28ça s'affrontait assez le 6 février 1934,
00:31qui était un événement marqué par la droite plus radicale dans ce cas-là.
00:35Dans les années 60 même, 70,
00:37même si on venait jusque-là,
00:38les tendances de gauche radicale et de droite radicale
00:40s'affrontaient au quartier latin, à coups de barre de fer,
00:43et ainsi de suite.
00:43Et la rue n'appartenait pas nécessairement à quelqu'un en particulier.
00:47Mais il y a un basculement qui s'opère,
00:49franchement, à partir des années 70,
00:50qui devient presque définitif à ce moment.
00:53Et qu'est-ce qu'on voit?
00:54C'est la droite déserte la rue, en quelque sorte.
00:57La droite renonce à partir de là
00:59à occuper la rue de quelque manière que ce soit.
01:02C'est ça.
01:02Donc la gauche dit,
01:03parce que c'est toujours dans son état d'esprit,
01:05la gauche croit à la révolution,
01:06la gauche croit au peuple presque en armes,
01:08la gauche croit au peuple dans la rue,
01:10la gauche croit à l'insurrection,
01:12alors que la droite, de plus en plus,
01:13se replie sur une conception tranquille du peuple,
01:15sur une conception, presque l'enracinement tranquille,
01:18c'est l'inertie.
01:19Le peuple, de temps en temps,
01:20on peut l'appeler par référendum,
01:22on peut le mobiliser par un chef,
01:24mais le peuple lui-même, à droite,
01:25préfère de l'économie, des affaires,
01:27plutôt qu'aller dans la rue sous le signe du militantisme.
01:29C'est ça.
01:29Bon, ça, c'est le principe.
01:31C'est la longue histoire.
01:32Plus, il ne faut pas oublier une chose,
01:33si je peux me permettre,
01:33dans les années 80-90,
01:36la gauche, de son côté, conserve son unité.
01:37Gauche radicale, gauche modérée,
01:39tous ces gens-là se parlent.
01:40À droite, droite modérée,
01:42droite, plus qu'on serait radicale, nationale,
01:44ne se parlent plus,
01:45parce qu'on l'a frappé d'anathème.
01:46Par définition, les militants qui vont dans la rue,
01:48ce n'est pas exactement des notaires centristes.
01:50Les militants qui vont dans la rue,
01:51ce ne sont pas exactement des messieurs tout à fait calmes
01:53et correctement bedonnants
01:55qui vont dans la rue pour jouer à la Révolution
01:57avec une montre en gousset.
01:58Bon, ce n'est pas exactement comme ça que ça se passe.
02:00J'imagine.
02:01L'image.
02:02Non, non, c'est terrifiant.
02:03Je me suis identifié, en fait.
02:05C'est la montre gousset qui manque.
02:06Donc, ça viendra.
02:07Mais de l'autre côté, donc, la droite dure,
02:10la droite nationale, elle, elle,
02:12elle occupe encore la rue,
02:13mais elle est refoulée dans les marges
02:14et condamnée par tout le monde.
02:16Donc, elle est stigmatisée.
02:17Les militants, ceci, à l'époque,
02:18au Front National ou aux différentes tendances comme ça,
02:20sont stigmatisées, violentées, souvent attaquées,
02:24mais on les présente toujours comme les agresseurs,
02:25soit dit en passe.
02:27Alors, et le fait est que la gauche, aujourd'hui,
02:28occupe la rue.
02:29On s'est demandé, après Londres, rappelez-vous,
02:31on s'est demandé est-ce qu'une telle manifestation
02:32serait possible en France?
02:34Et la réponse est globalement non.
02:35De temps en temps, la droite bourgeoise manifeste
02:37pour l'école libre ou au moment de la manif pour tous,
02:40mais globalement, elle rentre chez elle, tranquille,
02:43et s'excuse si elle a, comment dire, saboté la pelouse.
02:47Alors, une fois que c'est dit,
02:49une fois que c'est dit,
02:51il faut comprendre quelle conception du peuple,
02:53à la gauche, le peuple dans la rue.
02:55Pour la gauche, le peuple, c'est un mot vide.
02:58C'est un mot slogan.
02:59Ça ne réfère pas à une culture, une identité, une mémoire.
03:01Derrière le mot peuple,
03:02il faut entendre quelque chose d'autre.
03:03À gauche, c'est le mot avant-garde.
03:05Et quelles sont les avant-gardes?
03:07Ce sont les catégories susceptibles
03:08de porter un élan révolutionnaire.
03:11Donc, qu'est-ce que ça veut dire?
03:12La gauche, au fil du temps, va nommer peuple le prolétariat,
03:15mais va vite renier le prolétariat
03:17quand le prolétariat ne l'embrassera pas.
03:19Va nommer peuple les différentes minorités.
03:21Va nommer peuple les différents groupes
03:22qui, d'une manière ou de l'autre,
03:23sont investis du rôle de faire la révolution.
03:25Et elle se donne toujours le beau rôle.
03:28Elle se veut la force qui porte le peuple.
03:30C'est l'avant-garde militante.
03:32Donc, la gauche, dans son esprit,
03:33il y a le peuple qui ne manifeste pas,
03:35le peuple qui n'est pas en insurrection,
03:37le peuple qui n'est pas en colère,
03:38le peuple qui mène sa vie.
03:39C'est le faux peuple.
03:40Et le vrai peuple, ce sont ceux
03:41qui veulent aller contre le système
03:43porté par la gauche.
03:44Il fut autre...
03:45Autant de Lénine, c'était le parti.
03:47Aujourd'hui, c'est les différents mouvements sociaux.
03:49Donc, pour la gauche,
03:50je trouve qu'il y a deux peuples.
03:51Il y a le peuple réel, dont on se fiche,
03:53et il y a le super peuple.
03:54Ça, c'est les super peuples
03:55dont elle est la seule interprète légitime
03:56et qui est capable, ensuite,
03:58de faire la révolution
03:59si on le commande bien.
04:00Et pourquoi il y a autant la rue?
04:02Pourquoi la rue?
04:02Parce que la rue, ça permet à ce peuple
04:04de se rassembler physiquement,
04:05de ritualiser l'affrontement avec le pouvoir,
04:07de faire peur au pouvoir,
04:08de mobiliser le peuple
04:10pour faire en sorte
04:11que le super peuple de la gauche,
04:13pour que le pouvoir se dise
04:13qu'on ne peut rien faire,
04:14ces gens-là sont dangereux,
04:16d'autant qu'ils ne contrôlent pas
04:17toujours leurs extrêmes.
04:18De ce point de vue,
04:18la gauche, c'est occuper la rue
04:20pendant que la droite
04:20rentre dans ses jardins.
04:22Alors, on a vu, je le disais en titre,
04:24que ce sont 500 000 manifestants
04:26selon le ministère de l'Intérieur.
04:28Aujourd'hui, un million
04:28selon les organisateurs.
04:31Bon, c'est pas beaucoup, finalement,
04:33parce qu'à cause de l'union syndicale.
04:35Les syndicats, justement,
04:36sont assez peu représentatifs,
04:38Mathieu Desfronçais,
04:39et pourtant,
04:40ils ont une forte capacité
04:41de mobilisation en théorie.
04:43500 000, c'est pas rien non plus.
04:44C'est pas immense,
04:45mais c'est pas insignifiant.
04:47Alors, qu'est-ce qui est intéressant
04:47là-dedans,
04:48c'est qu'imaginons que des organisations
04:49dites de droite
04:50veuillent rassembler
04:50500 000 personnes dans la rue
04:52ou un million.
04:52Bonne chance, les amis.
04:54Mais la gauche est capable
04:55de mobiliser,
04:56en toutes circonstances,
04:57plusieurs dizaines de milliers,
04:58sinon plusieurs centaines
04:59de milliers de personnes
05:00pour les jeter dans la rue.
05:01Alors, quelle est la force
05:02des syndicats ?
05:03C'est qu'ils sont assez peu
05:04représentatifs des travailleurs français,
05:06il ne faut pas l'oublier,
05:07c'est qu'ils ont compris une chose,
05:08à défaut de contrôler l'État,
05:09il faut contrôler la société.
05:11Et qu'est-ce que ça veut dire
05:11contrôler la société ?
05:12Ça veut dire
05:12contrôler l'outil de travail.
05:14Et qu'est-ce que ça veut dire
05:15contrôler l'outil de travail ?
05:16Ça veut dire avoir la capacité
05:17de temps en temps
05:18et quelquefois à grande échelle
05:20de paralyser la société
05:21en empêchant l'honnête travailleur
05:23d'aller travailler
05:24s'il le souhaite.
05:25Donc, il faut être capable
05:26de paralyser la société,
05:27il faut être capable
05:28de la bloquer,
05:29il faut être capable
05:29de l'entraver,
05:30de l'empêcher
05:31et ça, c'est de là
05:32l'importance
05:33que donne la gauche
05:33aux syndicats.
05:34Je note soit dit
05:35en passant,
05:35bloquer les transports,
05:36assez souvent,
05:37c'est presque une tradition française,
05:38bloquer les villes
05:39s'il le faut,
05:40étouffer toute forme
05:41de révolte libérale,
05:42on l'a vu avec la conversion
05:43des Nicolas qui payent
05:44qui se sont convertis
05:45en, s'il vous plaît,
05:46Taxe Zuckman.
05:47Donc, on est dans
05:48une étrange séquence
05:49en quelque sorte
05:50où les syndicats
05:50qui ne sont plus représentatifs
05:52contrôlent néanmoins
05:53suffisamment la société
05:54pour être capables
05:56d'empêcher,
05:57je dirais,
05:58d'empêcher les réformes libérales
05:59et je dirais presque
06:01de se substituer
06:02au peuple
06:02qui, quelquefois,
06:03s'exprime de mille et de manières.
06:04Donc, il contrôle
06:05les comités d'entreprise,
06:06les SDJ,
06:07c'est toujours drôle,
06:08dans la presse,
06:09les SDJ,
06:10normalement,
06:10les sociétés des rédactions,
06:11les sociétés des journalistes,
06:12c'est normalement
06:12le comité d'extrême-gauche
06:13qui prétend parler
06:14au nom des journalistes
06:15sans en avoir véritablement
06:16le mandat.
06:16Ça, c'est assez drôle,
06:17cela dit.
06:18Il y a les différentes associations
06:19qui prétendent se réclamer
06:20des droits
06:20et au final,
06:21au final,
06:28et taxer les riches,
06:29taxer les riches,
06:30taxer les riches,
06:31parce qu'apparemment,
06:31200 familles confisqueraient
06:32les richesses du pays.
06:33Il faudrait simplement
06:34les dévaliser
06:35pour être capable
06:35de créer une société égalitaire.
06:37À vous entendre, Mathieu,
06:38finalement,
06:38est-ce que le vrai pouvoir
06:39est dans la rue ?
06:40Oui et non.
06:42Oui, pourquoi ?
06:43Parce que quand vous avez
06:44la capacité de bloquer
06:45toutes les réformes,
06:46un gouvernement libéral en France,
06:47une tâcheur française arriverait,
06:49elle serait bloquée,
06:50Paris serait paralysée,
06:51les grandes villes
06:51seraient paralysées,
06:52un gouvernement
06:53qui voudrait couper
06:53dans les services publics
06:54disant qu'on n'en a plus
06:55les moyens.
06:56Paralysée, paralysée, bloquée.
06:57Donc, la rue est un véritable pouvoir.
07:00C'est le pouvoir de la foule,
07:01c'est le pouvoir de la rue,
07:02d'autant qu'elle présente
07:02toujours sa propre violence
07:03quand ça dérape
07:04sur le mode de...
07:05C'est l'autodéfense,
07:07l'autodéfense sociale
07:07contre la casse sociale.
07:09Mais quand la gauche
07:10est au pouvoir,
07:10elle y est pour vrai,
07:11un instant,
07:12là, le pouvoir change de place.
07:13Elle contrôle l'État,
07:15elle cherche à illégaliser,
07:17à interdire ses adversaires,
07:19elle étend le domaine
07:20de la répression
07:20des discours qui lui déplaisent,
07:22elle multiplie les administrations
07:24pour placer ses amis
07:25pour faire en sorte
07:25que le jour où elle perd le pouvoir,
07:27elle contrôle encore
07:27l'administration.
07:29Elle cherche aussi,
07:30et c'est pas un détail,
07:30c'est toujours le même thème.
07:31Rappelez-vous au moment du NFP
07:32et avant ça, la NUPES,
07:34elle nous dit
07:34c'est la rupture irréversible.
07:36Le jour où on prend le pouvoir,
07:38on fait des réformes
07:39sur lesquelles nous ne pourrons pas
07:41revenir demain.
07:42Le jour où nous prenons le pouvoir,
07:44on chante,
07:44on crée une dynamique
07:45sur laquelle on ne peut plus revenir.
07:47Donc, autrement dit,
07:48si vous vous y opposez,
07:49vous êtes traité de réactionnaire,
07:50de fasciste,
07:50et on se donnera le droit
07:51de vous sanctionner sévèrement.
07:53Donc, port à la gauche,
07:54le vrai pouvoir est dans la rue,
07:55jusqu'à ce qu'elle s'empare
07:56du vrai pouvoir au pouvoir.
07:57Et alors là,
07:58c'est compliqué pour tout le monde
07:58qui ne l'applaudit pas.
07:59Sous-titrage Société Radio-Canada
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