00:00Vous savez, j'ai quelques fois comme méthode devant un problème politique de voir le lexique qui nous est proposé.
00:05Le lexique, c'est-à-dire à travers quels mots, à peu près toujours les mêmes mots, placés dans des ordres différents, mais ça ne change pas vraiment les choses,
00:12on cherche à nous imposer des idées, on cherche à masquer le réel en nous demandant d'adhérer à certains mots, de rejeter certains mots, pendant que le réel est laissé de côté.
00:20Et je vous dis qu'on doit un peu faire la même chose avec ce budget, donc, de compromis.
00:24C'est le terme du jour, c'est le terme des derniers jours, qui prend le relais, premier mot du lexique, du budget de stabilité.
00:31Ne l'oublions pas, je crois, la semaine dernière et la semaine d'avant, on était tous exaspérés, pas seulement autour de cette table,
00:37devant l'appel à la stabilité, on avait tous compris que c'était l'autre nom du dernier canot de sauvetage de l'extrême-centre et des macronistes,
00:45qui voulaient à tout prix rester en poste, qui voulaient à tout prix rester au pouvoir, et qui, dès lors, appelaient stabilité le maintien de leur fonction.
00:52Donc, l'intérêt général s'effaçait, et la stabilité, c'était l'autre nom de leurs avantages.
01:00Alors, le terme du jour, vous l'avez dit, c'est compromis.
01:03De manière tout à fait... Alors, si j'étais, on dirait, malpoli, je le dirais autrement, donc c'est un budget...
01:08Soyez pas malpoli.
01:09Alors, soyons polis, ça veut dire que c'est un budget nul pour tout le monde.
01:13Ah, ok, d'accord.
01:14Non, parce que j'avais un autre terme, ça va être nul, là.
01:17Donc, nul pour tout le monde. Pourquoi ? Parce qu'on nous dit, finalement, que personne ne s'y retrouvera.
01:22À gauche comme à droite, personne ne s'y retrouvera, mais, autrement dit, c'est un budget qui ne répond à aucune philosophie globale.
01:28C'est un budget pour un budget, en tant que budget, et on nous dit, applaudissez, il y a un budget.
01:33Mais là, si on regarde dans le détail, il nous ruine, il nous taxe, il nous impose, il oriente mal l'argent,
01:39il ferme des niches fiscales, il prétend en ouvrir, d'autres, on ne comprend plus rien,
01:42mais le budget devient autoréférentiel.
01:44Et ce qui me frappe là-dedans, c'est que le mot compromis, ici, devient la nouvelle manière de dire stabilité.
01:50C'est-à-dire, c'est le même lexique qui s'impose, stabilité, compromis,
01:53chaque fois, pour qu'on ne regarde pas le cadre d'ensemble, les paramètres idéologiques,
01:58les paramètres politiques du budget, on veut nous éloigner de toute discussion sérieuse,
02:02dès lors que vous avez une position un peu affirmée, on dit que vous vous éloignez du compromis.
02:07Or, le compromis, c'est au service de l'intérêt général qui dépend de la stabilité, on commence à comprendre.
02:13Alors, dans le même registre, dans le même registre, et j'ai regardé des termes de ces derniers temps,
02:18il y avait dans le mot justice fiscale.
02:20Alors, justice fiscale, c'est la nouvelle formulation de justice sociale.
02:24On avait compris, justice sociale, c'était la manière noble et généreuse de dire égalitarisme socialiste.
02:29Donc, ça ne consistait pas simplement à aider les plus pauvres qui en ont besoin,
02:32ça ne consistait pas seulement à lutter contre la misère, il va de soi que c'est nécessaire,
02:35ça ne consistait pas seulement à mettre en place les institutions de l'ascenseur social
02:41pour faire en sorte que quelqu'un qui est né avec peu de moyens, s'il y met du travail,
02:44est capable de se laisser dans la société.
02:46La justice sociale consistait essentiellement à couper ce qui dépasse,
02:49pour que les riches, en guillemets, ne soient pas trop riches,
02:52pour s'assurer que les processus de spoliation puissent être mis en place
02:55pour détourner l'argent de ceux qui l'ont gagné vers ceux qui le réclament.
02:59Ça, c'était justice sociale.
03:01Justice fiscale, c'est l'argument nouveau.
03:03Ça consiste à affirmer que ceux qu'on présente comme les riches,
03:07et je vous rassure, les riches, ce ne sont pas que 12, 15, 20 ou 50 milliardaires.
03:11Les riches, ce sont tous ceux qui réussissent à s'enrichir minimalement par le travail et par l'épargne.
03:16Ces gens-là, on considère dès lors qu'ils ne paient pas suffisamment.
03:19Donc, par justice fiscale, c'est le message lancé par le régime qui dit
03:24« Il y a des profiteurs, ils doivent contribuer, ils ne contribuent pas assez.
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