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  • il y a 12 heures
Dans son édito du 08/10/2025, Mathieu Bock-Côté revient sur [thématique de l'édito]

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Transcription
00:00Alors, hier, moi ce qui me fascine dans le commentaire politique, c'est qu'hier, l'ensemble des commentateurs patentés étaient certains d'une chose,
00:07il est impossible qu'il n'y ait pas de dissolution. C'était une espèce de parole assurée, la mâle parole assurée, il n'y a pas d'autre chose possible que la dissolution.
00:16Que constate-t-on aujourd'hui? La certitude d'hier s'est conjuguée avec un point d'interrogation.
00:21Et aujourd'hui, une nouvelle certitude, moins franche mais réelle, semble apparaître, le gouvernement aura un sursis, le pouvoir aura un sursis, avec la possibilité d'un gouvernement de gauche.
00:33Quel gouvernement de gauche possible? J'y reviens dans un instant, mais avec ou non Sébastien Lecornu à sa tête, avec ou non les différentes figures des parties de gauche,
00:42mais on voit venir donc se profiler ce gouvernement qui apparemment était inimaginable hier.
00:47Alors, vous l'avez dit, le point central de la journée, en fait, d'hier et aujourd'hui, c'est Elisabeth Borne qui décide de tout, de balayer, de changer le jeu.
00:56De quelle manière? En disant la réforme des retraites, qui était le grand accomplissement des macronistes.
01:01Il faut rentrer dans la tête de ces gens-là, la réforme des retraites, c'est un grand accomplissement, c'est une grande réforme, une réforme essentielle, une réforme fondatrice.
01:09Donc, ils en sont très fiers. C'est un marqueur identitaire pour eux, la réforme des retraites.
01:14Mais c'est quasiment la seule réforme, en fait.
01:16Oui, et bien...
01:16La seule grande réforme.
01:17Et je ne suis pas certain qu'elle soit à ce point plébiscitée par les Français, soit dit en passant.
01:21Mais quoi qu'ils en soient, ils y tiennent.
01:23Et d'ailleurs, si je peux me permettre, ça en disait beaucoup ces dernières années,
01:27à quel point toute la vie nationale était tournée autour de la question des retraites.
01:31La submersion migratoire, l'islamisation du pays, la perte des libertés, la perte de la sécurité.
01:36Tout ça était laissé de côté parce que la seule question, c'était celle des retraites,
01:39celle qui est presque une question de principe, même pour l'ERN, soit dit en passant.
01:42Même pour une partie de la droite qui, aujourd'hui, dit qu'on est prête à tous les compromis, sauf sur la question des retraites.
01:46Donc, tout le monde était obsédé par les retraites et par cette réforme.
01:50Or, Mme Borne nous dit aujourd'hui qu'au nom de la stabilité du pays,
01:54au nom de la stabilité du pays, je ne sais pas ce qu'ils mettent derrière le mot « stabilité » ces temps-ci, franchement.
01:59Mais au nom de la stabilité du pays, ce que je traduirais par le maintien au pouvoir du bloc central macroniste.
02:05Je pense que c'est leur définition de la stabilité.
02:06Eh bien, au nom de la stabilité du pays, ils peuvent désormais remettre en question ce qu'il était inimaginable de remettre en question hier.
02:13Donc, hier, remettre en question la réforme des retraites, selon les gens du bloc central,
02:17c'était sacrifier la crédibilité financière de la France pour très longtemps.
02:21Aujourd'hui, on peut l'envisager pour conserver la stabilité.
02:25Mais cette stabilité n'est-elle pas liée à la stabilité financière dont on parlait hier ?
02:28On se perd un peu.
02:30Je note une chose à travers cela, et vous l'avez mentionné aussi,
02:34les députés du bloc central, qui ont échangé sur boucle Telegram, je ne me trompe pas,
02:40ont confessé hier dans leurs échanges privés à quel point ils étaient scandalisés par cette remise en question,
02:47en disant « tout ce qu'on a accompli, on a accompli une chose, et même ça, on va nous l'enlever ».
02:51Soit dit en passant, comment se fait-il que des boucles de Telegram se retrouvent ainsi ?
02:56On savait que l'incorrect avait été capable d'avoir les quatre stratégies du PS,
03:01mais là, comment se fait-il que les conversations les plus intimes du bloc central de stratégie interne
03:05apparaissent comme ça dans les médias, sur Mediapart, dans le Figaro ?
03:08Que se passe-t-il ? Est-ce que ces gens-là se trahissent les uns les autres en envoyant des boucles de Telegram ?
03:13C'est quand même une question à se poser. Comment se fait-il qu'on ait accès à ces conversations ?
03:17Cela dit, puisque l'horizon de la réforme des retraites, la remise en question de la réforme est posée,
03:24soudainement, il y a une hypothèse qui s'est dégagée.
03:26La gauche pourrait gouverner.
03:28Il est possible de se tourner vers la gauche, tout comme hier, il était possible de se tourner vers la droite.
03:33Il y a deux hypothèses.
03:34Soit le centre s'accommode de tout.
03:36Le centre est prêt à tout, à s'offrir de toutes les manières possibles pour être capable de rester au pouvoir.
03:41Ou alors, la gauche et la droite, finalement, c'est à peu près la même chose sur le fond des choses.
03:44C'est deux hypothèses. Je ne sais pas laquelle est la bonne.
03:46Mais ce que je sais, et on revient ici à une forme de loi qu'on pourrait graver dans le marbre de la République,
03:51rien de ce qui arrive à la France n'est aussi grave, ne pourrait être aussi grave que l'arrivée du RN au pouvoir.
03:56Donc, catastrophe, Bataclan, islamisation de la France, submersion démographique, crise financière,
04:02tout ça, c'est très grave, mais rien de cela ne serait aussi grave que l'arrivée du RN au pouvoir demain.
04:06Donc, il faut comprendre, encore une fois, rentrer dans la tête de ces dirigeants.
04:09Donc, quoi qu'il en soit, on nous parle désormais d'un gouvernement de gauche.
04:13Quelle serait la forme concrète de ce gouvernement de gauche?
04:15Est-ce qu'on aurait devant nous Bernard Cazeneuve? Apparemment, ce ne serait pas le cas.
04:19On sait qu'Olivier Faure se rêve aujourd'hui à Matignon.
04:21Il se rêve, premier ministre. Est-ce que c'est lui qui porterait, qui en porterait le scalp, en fait?
04:27Reste à voir.
04:27Mais ce qui est certain, c'est que la gauche, qui, soyons honnêtes, a un score assez limité aux élections,
04:33se trouve en position institutionnelle aujourd'hui pour devenir la béquille du Bloc central
04:39et, devenant la béquille du Bloc central, d'imposer ses réformes,
04:42toujours avec la même logique, ne l'oublions pas,
04:44imposer des réformes sous le signe de la dynamique irréversible.
04:47Donc, on comprend désormais pourquoi il y avait tout le débat sur la taxe Zuckman ces derniers temps.
04:51C'était pour légitimer l'idée que s'ils arrivent au pouvoir un jour,
04:55ils ont le droit de maxi-taxer les Français.
04:57Ils nous diront, on n'a pas fait la taxe Zuckman, très bien.
04:59Mais en échange, regardez, on a posé un programme, si on arrive au pouvoir,
05:02de taxation maximale des Français.
05:05Et à travers cela, le socle commun se déplace un peu,
05:08mais la même sociologie, la même élite, l'extrême-centre et la gauche classique,
05:12finissent par dire qu'on peut s'accoupler les uns les autres pour peu construire au pouvoir.
05:17Qu'est-ce qui sépare ici le Bloc central de la gauche ?
05:20Y aura-t-il, si ce scénario se confirme, un vrai changement de cap, si on va vers la gauche ?
05:26Ah ben voilà. Alors, la question qu'on va se poser, c'est est-ce que le centre
05:29n'est pas simplement de gauche comme une autre ?
05:31Et je pense que la réponse, c'est que ce sont deux gauches,
05:34mais une partie de la droite, en fait, n'est qu'une gauche comme une autre.
05:37Entre le Bloc central et la gauche plus ou moins radicale,
05:40il y a un horizon partagé, mais il n'y a pas la même vitesse.
05:43C'est-à-dire, la gauche radicale ou la gauche plus largement
05:46veut aller très rapidement vers le nouveau modèle de société qu'ils veulent nous imposer.
05:49Et le Bloc central dit, dans cette direction, c'est bien,
05:54mais pas aussi rapidement et avec plus de prudence.
05:56Il y a peut-être davantage entre les deux, on fait une différence de culture politique,
06:00une différence presque de style vestimentaire, c'est pas un détail là-dedans.
06:03On se rappelle le débraillé revendiqué des insoumis qui rentrent à l'Assemblée.
06:07Et de l'autre côté, les gens du Bloc central aiment porter des petites cravates minces.
06:11Donc, ils ont chacun leur style, c'est reconnaissable.
06:12Il y a des sociologies qui s'exposent ainsi, mais au-delà du style les uns des autres,
06:17ils ont la même vision de la société, et cette vision, ça s'appelle le progressisme.
06:21Le progressisme, dans les circonstances, qu'est-ce que c'est?
06:23C'est une société sans frontières.
06:26Ils ont chacun leur manière d'arriver à la société sans frontières.
06:28Mais dans les deux cas, il y a une aversion pour l'État-nation.
06:31L'État-nation doit être sacrifiée, soit dans un cas pour une version révolutionnaire de la mondialisation,
06:36soit pour l'Europe, mais l'État-nation doit tomber.
06:38Il y a une aversion aussi pour tout ce qui relève de la limite de l'immigration.
06:42L'immigration est salvatrice pour les deux.
06:44Ils ont la même vision, on pourrait dire fanatisée et fantasmée, de l'immigration-rédemption.
06:50Ils ont le mondialisme partagé.
06:52Ils ont le fantasme de la société technocratique.
06:54Pour eux, toute dimension de notre vie qui n'est pas encadrée par un règlement ou par une loi
06:58est une dimension inachevée et incomplète.
07:02Ils ont aussi une adhésion commune à une écologie assez radicale.
07:05Assez radicale, il ne faut pas l'oublier.
07:07Donc, que ce soit le Green Deal d'un côté ou la décroissance de l'autre,
07:09dans les deux cas, il y a une forme d'anticapitalisme qui ne dit pas son nom,
07:13mais qui rassemble ces gens.
07:14Il y a une adhésion commune au fiscalisme,
07:16et on le voit que dans les circonstances présentes, ce n'est pas un détail.
07:18Donc, qu'est-ce qu'on voit?
07:19Le Bloc central et la gauche ont le même imaginaire.
07:22Ils ont la même vision du monde.
07:25Ils n'en ont pas la même traduction concrète.
07:27Ils ont surtout le même ennemi.
07:29Et le même ennemi, qu'est-ce que c'est?
07:30C'est le RN, c'est ce qu'ils appellent l'extrême droite.
07:32Et pour eux, ce qu'ils appellent l'extrême droite,
07:34ce n'est pas un autre camp politique, on y reviendra en deuxième édito,
07:37c'est tout simplement la part déchue de l'humanité.
07:39Donc, tout doit être fait pour empêcher ce qu'ils appellent l'extrême droite
07:43d'arriver au pouvoir.
07:44L'extrême centre, comme la gauche radicale,
07:46sont finalement des cousins pas si éloignés que ça.
07:49Si la tendance se maintient,
07:51on pourra donc dire que Sébastien Lecornu
07:53aura pavé le chemin de la gauche?
07:57C'est exactement ça.
07:58C'est encore une fois le centre pavé le chemin de la gauche
08:01qui elle-même est hypnotisée par la gauche radicale.
08:03Donc, Sébastien Lecornu dans tout cela.
08:05Et là, on nous dirait, oui, mais ils n'ouvrent pas les portes à LFI.
08:07Ils n'ouvrent pas la porte à LFI.
08:09D'accord, ce n'est pas LFI,
08:10mais ils ouvrent la porte à ceux qui ouvrent la porte à LFI.
08:12C'est quand même, il faut comprendre la chose.
08:14Et moi, j'entendais Roger Carouchi,
08:16qui est un homme honorable assurément,
08:18nous dire, ah, entre le RN et LFI,
08:21je choisirais assurément le RN.
08:23Bon, d'accord, c'est une question facile,
08:24si je peux me permettre.
08:25La question qu'on doit poser aux gens,
08:27la droite du Bloc central, cette fois l'ILR,
08:29c'est entre le RN et les socialistes,
08:31que choisiriez-vous?
08:32Entre les RN et les écolos, version tondélié,
08:35que choisiriez-vous?
08:36Entre les RN et les communistes,
08:37que choisiriez-vous?
08:38Cessez de vous cacher derrière toujours la référence à LFI,
08:41sachant que les gens avec qui vous allez vous allier demain,
08:43eux n'hésitent jamais à s'allier à LFI.
08:45Et on arrive à ce scénario presque inévitable.
08:50La France est majoritairement à droite aujourd'hui,
08:52n'en peut plus de ce système,
08:54n'en peut plus d'être submergé,
08:55n'en peut plus d'être surtaxé.
08:56Et pourtant, elle se prépare à avoir probablement
08:58un gouvernement de gauche,
09:00et même de gauche assez marqué,
09:01qui dira le contraire de ce qu'elle souhaite.
09:03Je crois qu'on ose appeler ça la démocratie aujourd'hui.
09:04Sous-titrage Société Radio-Canada
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