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  • il y a 17 heures
Ce vendredi 10 octobre, Jérôme Tichit a reçu Mylène Netange, directrice de Produrable, Élodie Bernadi, directrice RSE et développement durable de L'Oréal, Alexis Krycève, associé et fondateur de Haatch, et Valérian Martin, cofondateur de Mycélium, dans l'émission La France a tout pour réussir sur BFM Business. Retrouvez l'émission le vendredi et le samedi et réécoutez la en podcast.

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Transcription
00:00BFM Business, la France a tout pour réussir. Jérôme Tichit.
00:09Bonjour, bonjour et bienvenue dans la France a tout pour réussir.
00:12Chaque semaine, vous le savez, un concentré d'économie positive sur BFM Business.
00:17Et cette semaine, vous le voyez, nous sommes au Palais des Congrès à Paris,
00:20à l'occasion du Salon Pro Durable, qui se tient comme chaque année depuis 2007 ici
00:25et qui réunit les acteurs clés de l'économie durable.
00:27Une édition 2025 placée sous le thème des héritages et du monde
00:31qui sera léguée aux générations futures.
00:33On va en parler dans un instant avec Mylène Nétange, c'est la directrice de Pro Durable.
00:38Juste après, trois entreprises présentes ici au Palais des Congrès.
00:41Tout d'abord, L'Oréal, qui a mis en place depuis très longtemps
00:44des politiques de stratégie en développement durable.
00:47On va en parler avec sa directrice RSE et développement durable, Elodie Bernadie.
00:52Juste après, un autre invité, ce sera Alexis Crissaev,
00:55associé fondateur de Hatch, cofondateur de ce cabinet qui fait du conseil en stratégie RSE.
01:01Et on se demandera si le développement durable reste encore, oui ou non,
01:05une priorité pour les entreprises dans cette période de difficultés politiques et économiques.
01:10C'est un euphémisme.
01:11Enfin, pour rester optimiste, c'est le cœur de notre émission,
01:15je recevrai Valérian Martin, le jeune cofondateur de Mycelium,
01:20une start-up très prometteuse qui veut faciliter la reforestation, et ce, avec des drones.
01:25Mais tout de suite, je rejoins ma toute première invitée,
01:28c'est Mylène Nétange, la directrice de Pro Durable.
01:32La France a tout pour réussir sur BFM Business.
01:35Bonjour Mylène Nétange.
01:39Bonjour Jérôme Tichyte.
01:40Merci d'accueillir la France a tout pour réussir ici, donc au salon Pro Durable,
01:43dont vous êtes la directrice.
01:45On est au Palais des Congrès Porte Maillot à Paris.
01:48Et c'est donc la 18e édition, puisque l'événement a été créé en 2007.
01:52Rappelez-nous ce qu'est le cœur de Pro Durable.
01:55Alors tout d'abord, Pro Durable est organisé par le groupe AEF,
01:59qui est un groupe de presse, qui compte 90 journalistes,
02:03qui a une dizaine de files d'informations quotidiens,
02:05et qui a à peu près 25 000 abonnés.
02:07Pro Durable existe depuis 18 ans, tout à fait, vous l'avez dit.
02:11Pro Durable est le salon des acteurs et des solutions pour une économie durable.
02:17Et cette année, nous avons choisi de parler des héritages,
02:20les héritages économiques, écologiques et sociaux.
02:24Le thème est héritage, protéger, restaurer, transmettre.
02:27Nous accueillons sur deux jours, aujourd'hui et demain, 8 et 9 octobre, 15 000 personnes.
02:34Nous organisons à peu près 300 conférences.
02:37Nous recevons 750 intervenants.
02:40Nous avons une centaine d'animations sur les deux niveaux complets du Palais des Congrès.
02:44Donc c'est un très beau salon.
02:46Nous sommes ravis d'être là aujourd'hui et de vous accueillir.
02:50Alors vous l'avez dit, cette thématique 2025, ce sont les héritages.
02:54Est-ce que vous avez déjà des premières réponses de la part des intervenants ?
02:59C'est quoi la ligne un peu philosophique, éditoriale de cette édition 2025 ?
03:04Comment les intervenants répondent-ils à cette notion d'héritage ?
03:08Qu'est-ce qu'on va transmettre aux générations futures ?
03:10Qu'est-ce que l'on veut garder du passé pour léguer aux générations futures ?
03:16Comment nous nous unissons dans cette protection des humains, de la planète, de la nature ?
03:24Et comment nous le transmettons aux jeunes générations qui arrivent avec notamment l'intelligence artificielle
03:31qui va avoir des innovations incroyables ?
03:34Donc là, à ce moment même où nous parlons, Étienne Klein parle du progrès en héritage.
03:39Avec Corinne Pelluchon, nous avons choisi d'introduire les deux jours en philosophie.
03:44Étienne Klein est physicien, mais aussi philosophe.
03:47Et nous parle justement de cette notion, de ce concept de progrès, de ce mot de progrès
03:52qui est tout à fait différent de l'innovation.
03:56On est en 2025, une année, je ne vous apprends rien, très particulière,
04:00avec des contextes, qu'ils soient internationaux ou français, très particuliers.
04:052025, marqués par ce que l'on appelle un peu le backlash écologique,
04:10ce retour de bâton vis-à-vis des thématiques et des thèmes du développement durable.
04:15Comment est-ce que vous avez intégré cette thématique au sein de cette édition 2025 de ProDurable ?
04:19Alors absolument, backlash, nous le vivons depuis ce début d'année 2025.
04:25Le contexte international, européen et national ne nous aide pas sur le développement durable et la RSE.
04:31Et en même temps, j'ai envie de vous dire, aujourd'hui, 15 000 personnes seront là aujourd'hui et demain sur ProDurable.
04:39Donc est-ce que le backlash existe vraiment ? C'est une question que l'on pourrait se poser.
04:44On reparlera de la RSE stratégique dans quelques instants avec un de nos invités,
04:49qui est Alexis Crissev, le fondateur et associé de l'agence Hatch.
04:53Vous me parliez de 15 000 visiteurs, 750 intervenants.
04:57Toutes les entreprises sont là, j'en veux dire, des plus grandes, aux plus petites, tous secteurs confondus ?
05:03Absolument. Nous avons des entreprises de toute taille et pas seulement des entreprises.
05:07Nous avons des associations, des ONG, des collectifs.
05:12Le collectif du C3D, par exemple, le collège des directeurs du développement durable,
05:17les collectifs de la régénération, des entreprises régénératives.
05:22On a beaucoup d'organisations, au-delà des entreprises, qui font l'écosystème de la RSE en France.
05:28Tout à fait.
05:28On est dans une émission qui s'appelle la France à tout pour réussir.
05:31Quels sont, selon vous, les atouts dans ces stratégies de RSE de développement durable de nos entreprises ou de nos associations ?
05:39Est-ce que c'est encore un thème important en France ?
05:43Et est-ce que nos organisations ont des atouts pour réussir leur RSE ?
05:47Alors, tout à fait. À mon sens, et c'est pour ça que je suis très engagée depuis 20 ans,
05:51c'est extrêmement important de s'appuyer sur la RSE, puisque c'est ce qui fait aussi la performance globale des organisations.
05:59Notre compétitivité passe par un socle fort qui va nous permettre de braver toutes les tempêtes.
06:05Et ce socle fort, c'est aussi des directions, de garder le cap avec des directions d'entreprises
06:11qui emmènent leurs collaborateurs avec des valeurs fortes, des valeurs financières et extra-financières humaines
06:18dans un monde plutôt souhaitable et désirable.
06:22On a parlé du contexte international.
06:25Le contexte français, il n'est pas top top en ce début du mois d'octobre.
06:28Il est un peu compliqué.
06:29Est-ce que l'instabilité politique, donc l'instabilité économique, elle pèse aussi sur les entreprises qui sont là,
06:37les organisations qui sont là ?
06:39Est-ce que vous, en tant qu'observatrice de ce secteur, vous sentez que le moral est un peu compliqué en ce début du mois d'octobre ?
06:45Le moral est compliqué, mais aujourd'hui, on est là pour se rassembler, pour s'unir, pour faire force.
06:51Donc, je pense qu'on arrivera tout de même à faire du business ensemble parce que c'est important d'être une place de marché.
07:00ProDurable est une place de marché et je pense qu'il faut rester positif et continuer à faire des affaires pour rester en démocratie.
07:10Eh bien, voilà, c'est la France à tout pour réussir.
07:12C'est un joli résumé.
07:13Merci beaucoup, Mélène Métange, d'avoir été la première invitée de cette émission spéciale ici à ProDurable.
07:17On le disait, donc, toutes sortes d'entreprises, tous secteurs et toutes tailles.
07:22On va commencer d'ailleurs avec un très grand groupe, c'est L'Oréal.
07:25On accueille sa directrice RSE et développement durable.
07:32Bonjour, Elodie Bernadie.
07:34Bonjour.
07:34Merci d'être l'invité de la France à tout pour réussir.
07:36Vous êtes directrice RSE et développement durable au sein de la division des produits grand public au sein, bien sûr, du groupe L'Oréal.
07:44C'est une division cruciale puisque je crois qu'elle génère plus de la moitié du chiffre d'affaires monde du groupe.
07:50C'est évidemment très important.
07:51C'est votre combien de temps de participation à cette 18e édition ici de ProDurable ?
07:56Écoutez, chez ProDurable, on est un peu à la maison parce qu'on est partenaire de ce salon depuis quasiment sa création,
08:03notamment par le biais du prix de la marque engagée qu'on soutient aussi depuis le début.
08:06Alors, on en parlait donc à l'instant avec Mylène Nétange.
08:09Le contexte 2025 est un peu particulier, contexte difficile au niveau international, contexte difficile au niveau français.
08:17On sent bien, nous, dans nos différentes émissions, que les entreprises, parfois, elles se disent
08:22est-ce que la RSE et le développement durable, ça reste notre priorité vu le contexte ?
08:27Quid de L'Oréal ? Quelle est votre position sur le sujet et sur le contexte ?
08:31Alors, nous, on ne se pose pas du tout cette question.
08:33Nous, ça fait plus de 20 ans qu'on est engagé dans notre transformation durable,
08:36que ce soit par le développement et la création de nos labos de recherche en green science,
08:43que ce soit les premiers bilans carbone qu'on a fait avec nos opérations il y a déjà aussi plus de 20 ans.
08:47Donc, en fait, la question ne se pose absolument pas chez nous.
08:50C'est notre colonne vertébrale, ce fameux programme L'Oréal for the Future qu'on a lancé en 2020,
08:54qui nous guide jusqu'à 2030 et qui a pris la suite, en fait, de toute cette histoire d'engagement
08:59pour la planète du groupe L'Oréal.
09:01Donc, chez nous, pas de question.
09:03Et les reproches faits à toutes les entreprises, d'ailleurs, de greenwashing,
09:06comment est-ce que vous y répondez ?
09:08Par la science, par la qualité de nos équipes aussi opérations,
09:14par l'engagement de nos équipes achats.
09:16C'est-à-dire que nous, c'est un programme, ce programme L'Oréal for the Future,
09:19il est vraiment très holistique, il embarque toute la chaîne de valeur.
09:22Donc, effectivement, trois grands métiers, que sont les achats, la recherche et l'innovation
09:28et les opérations, mais aussi toutes nos équipes marketing.
09:32Et puis, on essaye aussi d'engager notre écosystème.
09:35On fait partie de beaucoup de coalitions.
09:36On essaye aussi d'engager nos retailers et puis nos consommateurs, ce qui est un peu le graal.
09:41On reparlera de tous ces thèmes dans un petit instant.
09:43D'abord, quelques chiffres clés.
09:45L'Oréal groupe français est né à Paris en 1909.
09:48La France qui reste d'ailleurs le troisième marché pour le groupe.
09:51On peut côté effectif.
09:52L'Oréal France, ce sont 15 000 collaborateurs.
09:55En France, vous créez 26 % de la production mondiale dans les 11 usines situées sur le territoire.
10:01Et puis, il y a aussi 7 centres de recherche en France.
10:04Donc, on le voit, la France reste évidemment et un marché.
10:07Et côté des effectifs, c'est très important.
10:11Mais vous dites, attention, il y a d'autres pays qui, sur les thématiques de la RSE et du développement durable, sont en train aussi d'accélérer.
10:19Attention à ne pas perdre notre rythme.
10:20C'est-à-dire que, oui, la France est un pays qui est évidemment assez mature sur ce sujet de la transformation durable.
10:28Je dirais même que le citoyen moyen français a quand même conscience de cet enjeu du dérèglement climatique.
10:35Mais effectivement, la France a probablement été pionnière ou un des pays pionniers sur ce sujet, je dirais, au sein des pays européens.
10:42Mais c'est vrai que nous, on voit à la division grand public, qui est la division la plus distribuée, présente dans le monde du groupe L'Oréal,
10:49qu'effectivement, dans beaucoup de pays émergents, les gouvernements sont aussi très volontaristes.
10:54On voit beaucoup de réglementations sur le plastique, la mise en place de REP pour la gestion des déchets d'emballage.
10:59Mais même parfois sur des pays moins intuitifs comme les États-Unis, où il y a des États aussi qui sont très volontaristes.
11:04Donc, REP, on le rappelle, c'est la responsabilité élargie des producteurs, c'est ça ?
11:08C'est tout à fait ça.
11:08Voilà. On en vient donc à ce bilan d'étape de ce programme dont vous avez parlé, L'Oréal pour le futur, en français, lancé en 2020, objectif 2030.
11:192025, c'est pile poil la moitié. On en est où ? Quelles sont les principales actions qui ont déjà été menées ? Et qu'est-ce qu'il reste à faire ?
11:25Alors, donc, notre programme L'Oréal pour le futur, il a, je dirais, quatre grands piliers.
11:30Décarboner notre activité, entrer dans un modèle circulaire, associer évidemment toutes les communautés,
11:36parce qu'on veut vraiment que tout ça se fasse dans un esprit de justice sociale et la préservation de la biodiversité.
11:42Le bilan à mi-année, il sera rendu public au moment de notre document d'enregistrement universel au premier trimestre de l'année prochaine.
11:50Mais ce qu'on peut dire quand même, c'est que typiquement sur la circularité, qui sont nos grands engagements emballages.
11:56Nous, par exemple, on s'est engagé à ce que 50% de tous nos matériaux d'emballage soient issus de matériaux recyclés.
12:02Aujourd'hui, par exemple, la division grand public, qui fait, donc vous l'avez rappelé, le gros des volumes, on est déjà à 40%.
12:09Donc, il se passe quand même beaucoup de choses sur nos grandes marques.
12:12On a aussi un grand engagement sur la réduction de l'intensité packaging, qui est d'aller réduire de 20% l'intensité de nos emballages d'ici 2030.
12:19Et ça, ça passe par trois grands challenges, je dirais.
12:23La réduction, effectivement, de nos poids d'emballage, le fait de remplacer des matériaux vierges par des matériaux recyclés et d'être ce qu'on appelle « design for recycle »,
12:33c'est-à-dire de concevoir nos produits pour qu'ils soient bien recyclés.
12:37Et pour nous, il y a eu deux grands exemples que je peux vous donner très concrets qui ont eu lieu cette année.
12:43On a rénové la marque Elsev, qui est une marque extrêmement connue en France, mais aussi très présente à l'international,
12:49qui est devenue 100% recyclée et 100% recyclable, et on a réduit de 20% ses poids d'emballage.
12:55Et puis, le deuxième grand sujet qui va, nous, nous occuper encore pour pas mal d'années, c'est le sujet des recharges,
13:01puisqu'on a lancé en Europe des recharges sur nos deux grandes marques de la division grand public, Elsev et Ultradou.
13:07Et chaque usage d'une recharge permet de réduire de 60% le poids de plastique.
13:11Donc, c'est un outil formidable de réduction de l'intensité.
13:15Maintenant, on démarre. Il faut que le consommateur s'en empare.
13:17C'est ce que j'allais dire. Est-ce que les consommateurs, est-ce que les clients finaux suivent ?
13:22C'est le début. Franchement, ce qu'on dit souvent chez L'Oréal, c'est que ce n'est pas un sprint, c'est un marathon.
13:27Une dernière question, Elodie Bernadie. On est sur une édition 2025 ici à Produrable, dont le thème est l'héritage ou les héritages.
13:36En quelques mots, qu'est-ce que L'Oréal a envie de laisser aux générations futures ?
13:40Nous, notre objectif, c'est... Nous, on croit profondément dans la force de la beauté comme une force d'émancipation,
13:49la capacité de s'assumer comme on est, d'avoir une personnalité originale, etc.
13:54Donc, cette mission de la beauté, pour nous, elle est vraiment essentielle.
13:57Et donc, l'héritage qu'on veut laisser, c'est ça.
14:00C'est, je dirais, cette manière de pouvoir être pleinement soi-même grâce à tous nos produits.
14:05Et puis, ce qu'on veut, c'est que... Voilà, c'est une entreprise qui va avoir 116 ans.
14:09On veut qu'elles soient encore là dans 116 ans.
14:11Donc, ce programme de transformation durable, il est critique, il est majeur pour la pérennité de cette belle mission de la beauté.
14:17Merci beaucoup d'avoir été donc l'invité de cette émission spéciale ici à Produrable.
14:21Et on enchaîne avec le fondateur et associé de l'agence Hatch, Alexis Krisev.
14:25Bonjour, Alexis Krisev.
14:31Bonjour.
14:32Vous êtes associé et fondateur de Hatch, un cabinet de conseil en stratégie RSE pour les entreprises.
14:37On était avec L'Oréal il y a quelques instants. Est-ce que c'est d'ailleurs un de vos clients ?
14:42Oui, ça l'a été. On a accompagné notamment la direction de l'innovation à essayer d'imaginer ce que pouvait être un monde avec moins d'eau
14:49ou une eau plus difficilement accessible et à réfléchir à leurs orientations d'innovation dans ce contexte.
14:56Alors, on en vient donc à Hatch, cette agence qui a été créée en 2009 sous le nom de AK2C, très vite changée en Hatch.
15:05Auparavant, je le précise, vous étiez un des cofondateurs de la célèbre marque pionnière du commerce équitable en France, Alter Eco.
15:12Alors Hatch, c'est quoi son cœur d'activité ? Je parlais de conseil en stratégie RSE. Est-ce que c'est bien résumé ?
15:19Oui, c'est très bien résumé. On dit même maintenant conseil en RSE stratégique. En tout cas, ce que nous faisons, c'est d'essayer d'utiliser la RSE dans les entreprises
15:27comme un prisme et comme un levier pour penser leur stratégie, penser leur performance, penser leur robustesse, leur attractivité.
15:34Donc, nous faisons du conseil en stratégie avec une vision de la RSE qui est que c'est un prisme formidable pour penser l'avenir de son entreprise.
15:43En 16 ans, vous avez accompagné combien d'entreprises ?
15:46On a accompagné plus de 250 entreprises.
15:48Quelques exemples de missions qui vous reviennent à l'esprit ?
15:50Alors, ça va de la PME, TPE aux grandes entreprises avec un cœur d'entreprises qui sont plutôt des ETI. C'est vraiment le cœur de nos clients.
15:59Le premier client qu'on a accompagné en 2009, c'était une entreprise qui appelle Dumalitri de 50 salariés dans Lyon.
16:05On a aidé à faire son bilan carbone, puis à mettre en place un plan de réduction, à essayer de faire de la RSE déjà un levier de différenciation sur un marché très compétitif.
16:12On a accompagné des grands groupes comme Fnac Darty, Vipi récemment dans des problématiques comme leur analyse de double matérialité pour identifier leurs impacts, risques, opportunités.
16:22Et puis, de nombreuses ETI. Je pense, par exemple, au groupe LIP à Lyon qui fait de l'intérim.
16:27Des gens qui font de l'immobilier, de la logistique, des services B2B, des agences, etc.
16:35Enfin, de très nombreux secteurs, des acteurs du luxe également, des grandes maisons de luxe.
16:39On est sur tous les secteurs. C'est ce qui est passionnant dans notre boulot.
16:42Et depuis 2009, je ne vous apprends rien. Le contexte, il a beaucoup évolué.
16:47Est-ce qu'à l'heure actuelle, en cette année 2025, est-ce que la stratégie RSE et les thématiques de développement durable, est-ce que ça compte encore ?
16:54Est-ce que les entreprises, dans un contexte économique qui est très difficile, est-ce qu'elles se disent, c'est d'abord mes investissements, ma rentabilité, ma productivité ?
17:03Et est-ce que ces thématiques-là sont encore d'actualité pour les entreprises ?
17:06Oui, c'est vrai qu'on assiste depuis quelques mois à un incroyable recul.
17:10Je dis incroyable au regard des enjeux qui n'ont jamais été aussi présents et dans la société et dans les entreprises.
17:16Ce que je pense surtout, c'est que la RSE doit faire aussi un petit peu son autocritique et réellement remettre la stratégie au cœur du débat.
17:23Je pense qu'on peut sortir par le haut de la situation actuelle.
17:26C'est vrai dans certaines entreprises, de gens qui disent, mais est-ce que c'est vraiment utile finalement ?
17:30Est-ce que c'est vraiment du business ? Mais ça, ça fait 15 ans que je l'entends. Est-ce que c'est vraiment du business ?
17:35Moi, je pense qu'il n'y a pas d'avenir pour l'entreprise sans la RSE, mais il n'y a pas non plus d'avenir pour la RSE sans l'entreprise.
17:41La RSE doit penser ce qu'elle apporte à l'entreprise, quelle valeur ajouter, quel levier de résilience pour les modèles d'affaires, de différenciation pour nos entreprises européennes, par exemple.
17:52Donc oui, la RSE a un bel avenir, mais c'est vrai qu'elle est dans une phase de contraction, en tout cas de remise en cause.
17:58Et donc, on a beaucoup de missions actuellement où, par exemple, les Codiers, les Comex nous demandent de redémontrer la valeur de la RSE pour l'entreprise.
18:06Et je pense que c'est une remise en cause saine parce que ce qui va en sortir, c'est une RSE réellement stratégique, réellement utile.
18:14Donc, on est dans un paradoxe. On a l'impression d'un recul. Moi, je crois qu'en fait, c'est un avènement de la bonne RSE, c'est-à-dire celle qui sert réellement les entreprises, qui sert les sociétés et la société en même temps.
18:24Et que pensez-vous du contexte européen avec ce projet de loi qui s'appelle Omnibus, qui retarde ou qui supprime même parfois les contraintes de reporting en développement durable pour les entreprises ?
18:35Il y a beaucoup d'entreprises qui se disent si même l'Europe ne nous oblige plus à ça, c'est peut-être que ce ne sont plus les bonnes thématiques, les bons objectifs.
18:45Quellez-vous votre réponse à ce contexte européen ?
18:47Malheureusement, on subit un peu les erreurs d'un peu tout le monde. C'est-à-dire qu'on a vu arriver, moi, j'ai vu arriver les obligations de reporting comme quelque chose d'un peu incroyable, inespéré.
18:56Depuis 15 ans, moi, je fais de la RSE volontaire. Avec Hatch, on accompagne des clients qui font ça parce qu'ils se sont convaincus que la réglementation dise désormais la performance d'une entreprise va se mesurer non seulement à l'aune du financier, mais aussi de l'extra-financier.
19:07C'est une révolution. Maintenant, pour des raisons que je n'ai pas le temps de détailler, mais qui sont avant tout politiques, beaucoup se sont engouffrés dans une brèche pour utiliser la RSE comme un bouc émissaire.
19:17Donc il y a un recul, en effet. Moi, ma plus grande crainte, c'est que les entreprises les moins avancées en matière de RSE, c'est aussi les plus fragiles.
19:24Si celles-là, ce qu'elles retiennent, c'est qu'il faut arrêter la RSE, j'ai peur pour elles. En réalité, on a été trop loin dans les demandes de reporting.
19:32Et c'est vrai que c'est lourd, en particulier pour les ETI, les PME qui sont moins équipés. Donc on a été trop loin.
19:37Il faut réajuster pour faire de la durabilité de la RSE d'abord, du reporting ensuite, parce que ça aide à piloter, mais en prenant un nombre d'indicateurs raisonnables, mesurés.
19:48Mais attention à ne pas jeter le bébé RSE avec l'eau du bain du reporting.
19:53Il nous reste 20 secondes, Alexis Krisev. On parlait de l'Europe. Vous êtes en train de fédérer votre action au niveau européen. Quelques mots sur We Are Europe.
20:03Ça se joue là, en fait. Nos sujets, ils sont européens. Et en Europe, on n'est pas comme les autres. On a une histoire particulière.
20:10Et cette histoire, elle est faite d'un équilibre mieux qu'ailleurs entre la dimension économique, sociale, environnementale.
20:16Nous avons donc créé une association qui s'appelle We Are Europe, qui fédère un millier de professionnels dans 15 pays européens pour continuer à affirmer notre attachement à l'ambition de durabilité de l'Europe.
20:26Et on se rend compte que je pense qu'on est majoritaire, les professionnels européens, à vouloir que l'Europe soit en pointe sur ces sujets là, continuer à avancer.
20:33Et donc, on veut un petit peu changer le narratif qui, en ce moment, fait croire que RSE, durabilité, compétitivité, c'est complètement opposé.
20:39C'est une folie si on pense ça. Il faut affirmer l'inverse et montrer qu'on est majoritaire à penser l'inverse.
20:44Merci beaucoup d'avoir été l'invité de cette émission spéciale ici à ProDurable.
20:48Et on va terminer cette émission avec une jeune startup pleine de promesses.
20:52C'est Mycélium.
20:57Bonjour Valérian Martin.
20:59Bonjour.
21:00On voulait terminer cette émission avec une des nombreuses startups innovantes qui sont présentes ici à ProDurable.
21:07Donc, c'est le cas de Mycélium. C'est une entreprise que vous avez cofondée avec Mathieu Pené.
21:13Parlez-nous un peu de Mycélium. C'est quoi le cœur de votre activité ?
21:16Alors, Mycélium, c'est une startup de reforestation par drone.
21:19En fait, ce qu'on fait, c'est qu'on enrobe des graines dans des enrobages biodégradables
21:23qu'on vient ensuite larguer à l'aide d'un système de dissémination par drone
21:27dans les zones difficiles d'accès comme les zones montagneuses, par exemple.
21:30Et ça, c'est un enjeu parce que vous dites qu'on perd beaucoup d'arbres sur la planète.
21:35Je crois que vous parlez de 5 milliards d'arbres qui disparaissent chaque année.
21:39C'est un chiffre qui semble fou.
21:41Quelle est la cause de la disparition aussi massive des arbres sur la planète ?
21:47Il y a tout d'abord la déforestation.
21:49Dans certains pays, mais il y a également le réchauffement climatique qui implique des incendies,
21:54mais aussi ce qui est moins visible.
21:56Les incendies, c'est la partie immergée de l'iceberg, mais il y a également les insectes ravageurs
21:59comme les squelettes qui viennent, elles, faire des forêts dépérissantes.
22:04Et ça, c'est la partie moins visible, mais qui est beaucoup plus importante en réalité,
22:06en nombre que les incendies en Europe.
22:09Alors, vous nous en avez parlé.
22:12Décrivez-nous un peu plus précisément comment ça fonctionne, cette reforestation par les drones.
22:18Tout commence, je crois, par une analyse des sols.
22:20Oui, c'est ça.
22:21Donc, on vient faire une première analyse.
22:23Également, on discute avec nos clients pour comprendre les problématiques liées à leur parcelle.
22:27quelles essences ils plantaient auparavant et ils souhaitent replanter.
22:32Et également, on vient du coup analyser pour identifier si c'est une zone qui va être, disons,
22:37facile à reforester avec nos seedballs, nos enrobages.
22:41Et ensuite, une fois qu'on a fait cette analyse, on vient sur le terrain avec nos enrobages fabriqués.
22:46On les largue.
22:47On en met entre 10 et 20 000 par hectare pour obtenir à la fin les 1500 plans réglementaires des forestiers.
22:54Et ensuite, on fait un suivi quand même dans le temps pendant les six mois à deux ans
22:59qui vont permettre aux graines de devenir des plants.
23:03Et est-ce que ça marche à tous les coups ? Quel est le taux de transformation ?
23:07Alors, ça ne marche pas à tous les coups parce que justement, il y a des contraintes liées aux parcelles.
23:12Il y a des contraintes qui sont liées à la météo, qui sont liées aux champignons qui sont présents dans le sol,
23:17qui peuvent parfois détériorer les graines.
23:18Mais quand ça marche, on obtient des résultats qui sont de 10 à 20 % à 8 mois.
23:25Et vu qu'on met beaucoup plus de graines, ça nous permet d'obtenir à la fin les 1500 plans réglementaires.
23:28Et tout le challenge est dans la réduction du nombre de graines consommées pour obtenir le nombre de plans réglementaires, justement.
23:34Est-ce que ça peut concerner toutes les variétés d'arbres ?
23:37Pour l'instant, on travaille uniquement sur les pins, le Douglas et l'épicéa parce que c'est des essences les plus faciles à utiliser et à faire germer.
23:43Il n'y a pas de levée de dormance compliquée comme il peut y avoir sur des feuillus.
23:46Mais on travaille également en laboratoire avec un laboratoire à Versailles qui est lié à l'INRAE pour essayer de déterminer le prochain panel d'essence qu'on pourra utiliser.
23:55Alors évidemment, ces plantations, elles existent, elles sont faites par l'homme.
24:00Quels sont les avantages de votre technique qui est donc faite sur l'automatisation, la mécanisation des choses ?
24:06Alors l'avantage, c'est qu'on peut accéder à toutes les zones grâce à un drone, mais également que l'on n'a pas besoin de planter dans le sol un plan.
24:13Et il y a des endroits, en fait, dans les zones montagneuses où la couche superficielle de sol est tellement mince que l'on ne peut pas planter.
24:19Et du coup, des clients nous ont contactés et nous ont dit nous, on a besoin de vous parce qu'on n'a pas de solution.
24:23La seule solution qu'on a trouvée, justement, c'est ce largage de graines enrobées qui permettent d'obtenir le même résultat, mais sans faire venir des planteurs forestiers.
24:30Et ce largage, il est plus efficace que la plantation humaine et surtout, il est moins cher.
24:38Est-ce que vous avez un peu chiffré ces deux ratios ?
24:41Alors avec un drone, à l'heure actuelle, on est capable de faire le travail de 10 planteurs forestiers en une journée.
24:47Et ça nous permet d'obtenir à la fin le même résultat qu'eux.
24:52Alors on en est où ? Donc vous avez, je crois, lancé des expérimentations dans plusieurs sites en Bretagne, dans le Maine-et-Loire, mais aussi dans le département de la Haute-Marne.
25:02Le bilan de ces expérimentations et est-ce que vous êtes passé maintenant à la phase de commercialisation ?
25:08Du coup, on est retourné sur ces projets pour justement évaluer les taux de germination.
25:138 mois après, il y a des projets qui n'ont pas fonctionné, comme je vous le disais, pour des contraintes de terrain.
25:17Et on est en apprentissage justement de quelles sont les contraintes qui font que ça ne fonctionne pas.
25:21Et sur les projets qui ont fonctionné, on avait entre 10 et 20% de taux de succès à 8 mois.
25:27Et maintenant, on commence à commercialiser parce qu'on a compris quels étaient les facteurs déterminants.
25:32On a compris que l'automne, par exemple, fonctionnait mieux que le printemps pour le semi par drone.
25:36Et donc, on a commencé à commercialiser.
25:39Et là, on est en train de sécuriser 35 000 euros de chiffre d'affaires jusqu'au printemps prochain.
25:43Industrialiser ce processus, ça nécessite de l'argent.
25:47Est-ce que vous l'avez ? Est-ce que vous êtes à la recherche de partenaires financiers ?
25:51Pour l'instant, on arrive à trouver des financements publics pour commencer à amorcer cette phase-là.
25:56Mais on a besoin de financements.
25:59On cherche 300 000 euros de financements dilutifs pour justement pouvoir accélérer sur la partie industrialisation et recherche et développement.
26:05L'appel est lancé à celles et ceux qui nous écoutent.
26:08Une toute dernière question, Valérian, sur le nom de mycélium.
26:12Moi, c'est vrai que ça me fait penser aux champignons.
26:14Pourquoi ce nom de mycélium pour votre entreprise ?
26:16C'est un nom facile à prononcer, doux à l'oreille.
26:19Les gens l'ont retenu très rapidement.
26:20C'est international.
26:21Et en plus, c'est un petit clin d'œil aux champignons mycorhizes qui rentrent en symbiose avec les plants forestiers.
26:27Et donc, on est évidemment avec la reforestation au cœur de cette thématique des héritages ici à Pro Durable.
26:34Merci beaucoup d'avoir été notre dernier invité.
26:36La France a tout pour réussir, vous le savez, est diffusée en télé, en radio, sur le site et l'appli de BFM Business.
26:41Très bonne journée, très bon week-end et à très bientôt sur BFM Business.
26:45La France a tout pour réussir sur BFM Business.

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