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  • il y a 8 minutes
Jeudi 9 octobre 2025, retrouvez Roland Kaloyan (Responsable de la stratégie actions européennes, Société Générale CIB) dans SMART BOURSE, une émission présentée par Grégoire Favet.

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Transcription
00:00Le dernier quart d'heure de Smartbourg, chaque soir, c'est le quart d'heure thématique.
00:13Le thème ce soir, c'est celui de l'Europe et comment conduire une stratégie quand on investit dans les actions européennes.
00:20Nous en parlons avec Roland Calloyan, le responsable de la stratégie actions européennes de Société Générale CIB à mes côtés en plateau.
00:26Bonsoir Roland.
00:26Bonsoir Roland.
00:27Parlons de l'Europe et des excellentes performances boursières de nos marchés européens.
00:32Là, je reprenais, le DAX est à plus 25% depuis le 1er janvier.
00:36L'indice italien, Futsimib, est à plus 25% aussi.
00:39Au Portugal, l'indice PSI est à plus 30%.
00:41L'Ibex en Espagne, à Madrid, est à plus 35%.
00:45Des performances pour ces marchés européens qui sont largement équivalentes, voire supérieures aux performances qu'on trouve sur le marché boursier américain.
00:52D'autant plus quand on corrige ses performances américaines de la baisse du dollar de plus de 10% sur cette année.
00:59Donc, allons-y pour crever de l'abcès.
01:02Roland, une fois que j'ai dressé ce tableau, je n'ai pas parlé évidemment de la France.
01:06Est-ce que la situation de blocage politique en France change quelque chose ou ne change rien à ces dynamiques qu'on peut observer sur ces marchés européens qui forment le marché européen dans son ensemble ?
01:17Alors, vous n'avez pas cité le CAC 40 qui est un petit peu plus en retard, mais qui est très positif.
01:22Ça, c'est important aussi de le mentionner.
01:24Depuis le début de l'année, effectivement, on a eu pas mal de vagues d'incertitudes, j'ai envie de dire, en France.
01:30Et on voit que le CAC 40, il n'est pas à moins 10.
01:32Il est positif, il a une bonne performance.
01:34Après, effectivement, quand on regarde la situation française, si on se met à la place d'investisseurs internationaux, on se rend compte qu'effectivement, il y a un manque de visibilité sur la politique, mais aussi d'un point de vue fiscal.
01:50Ce qui veut dire aussi que les investissements, les entreprises se posent des questions sur la France.
01:55Donc, c'est plutôt un frein, effectivement, sur l'indice boursier.
01:58C'est pour ça qu'on a, en relatif à tous les indices que vous avez cités, un CAC 40 qui fait moins bien.
02:04On fait 10, 15 points de mois à peu près que ces indices.
02:06Donc, on est quand même un petit peu en retrait dans la performance par rapport à d'autres pays autour de nous.
02:12Mais justement, dans ce jeu relatif, quand un investisseur global, international, regarde l'Europe et regarde d'ailleurs les différents pays européens, est-ce que la situation de la France, ça lui donne encore plus envie d'aller sur d'autres marchés européens ?
02:25Est-ce qu'il y a d'autres histoires sur les autres marchés européens que j'ai pu citer, qui sont des histoires spécifiques, qui sont des histoires fortes ?
02:32Je pense à la périphérie, ce qu'on appelle toujours la périphérie de l'Europe.
02:37L'Allemagne aussi, qui reste un marché leader au cours de cette année 2025.
02:42Est-ce que là, il y a des histoires qui méritent de l'intérêt de tout le monde ?
02:46Alors, sur les périphériques, effectivement, la performance, j'ai envie de dire, économique macro est très bonne.
02:53Il y a aussi une bonne performance budgétaire dans ces pays-là, il y a une meilleure amélioration.
02:58On voit aussi que les agences de rating commencent à bien entendre, nous en France, ce qui est en train de se passer.
03:03C'est plutôt des améliorations de ces pays-là.
03:06Donc, effectivement, ça contribue, la part des investisseurs, à revisiter leur exposition sur l'Espagne, sur l'Italie et même des pays plus petits.
03:13Mais la grande histoire, j'ai envie de dire, en Europe en 2025, elle vient surtout de l'Allemagne.
03:20C'est là, effectivement, où, finalement, on va retrouver un peu tout ce qu'on manque en France, c'est-à-dire une visibilité politique.
03:28Vous avez une coalition, donc vous avez une stabilité, une visibilité politique.
03:32On a passé les élections, ils se sont mis d'accord.
03:34Donc, a priori, on est parti sur une période de stabilité et une bonne visibilité.
03:38Et puis, là où d'autres pays, y compris les pays dits périphériques, doivent faire des efforts au niveau fiscal,
03:45en Allemagne, c'est le seul pays qui dépense, qui n'a jamais rien dépensé.
03:49Et là, vous avez un virage à 180 degrés qui est très impressionnant, qui est fait en Allemagne,
03:54où, effectivement, il y a la relance fiscale.
03:56Donc, ça, effectivement, c'est quelque chose aussi que les étrangers ratent beaucoup.
03:59Et vous dites, six mois après, parce que je crois que Merz, dans son discours de mars, je crois,
04:05signale l'ouverture et ce virage à 180 degrés, six mois après, on n'a pas encore,
04:12les investisseurs n'ont pas encore pris totalement la mesure de ce que ces efforts pourraient générer
04:17comme croissance supplémentaire.
04:20Alors, je parle au niveau macro, mais pour des entreprises allemandes,
04:22on n'a pas encore pris totalement la mesure de ces efforts qui vont être déployés sur plusieurs années,
04:27et bien sûr, c'est ça la difficulté, j'imagine, Roland.
04:29Mais à ce stade, le marché n'a pas encore totalement tout intégré.
04:32Alors, pas tout intégré.
04:34Effectivement, la performance, comme vous le signalez, et surtout aujourd'hui en Allemagne,
04:39elle est aidée par cette annonce.
04:42Après, moi, quand je regarde les valorisations, par exemple, le marché allemand et le marché français
04:45se traitent à peu près sur les mêmes multiples.
04:47On n'a pas de prime de valorisation ou de décote, d'ailleurs, si on regarde le côté français.
04:52Donc, de ce point de vue-là, effectivement, tout n'est pas, pour moi, dans les prix.
04:56Je pense que ça va prendre un petit peu de temps.
04:59Le plan qui a été annoncé sur les infrastructures, c'est 12 ans.
05:03Donc, voilà, 500 milliards sur 12 ans.
05:05C'est un cycle très long, bien sûr.
05:05C'est un cycle très long.
05:07Après, il y a des mesures fiscales qui ont été annoncées,
05:10en particulier de baisser le taux d'imposition des sociétés d'un point par an à partir de 2028.
05:16Donc là aussi, vous allez me dire, OK, mais les investisseurs, bon, c'est pas 2026-2027,
05:20donc c'est un petit peu plus loin.
05:21Et en revanche, il y a quelque chose qui est très intéressant, c'est que l'Allemagne a annoncé
05:27qu'elle permettait d'accélérer les amortissements sur les investissements.
05:31Et ça, c'est un point très important, dès la première année de 30%.
05:36Donc, vous imaginez, vous faites des investissements sur vos cash flows,
05:40ça a quand même un impact très important.
05:42Et donc, on voit arriver en Allemagne des initiatives made for Germany,
05:48not made in Germany, but made for Germany, donc faites pour l'Allemagne.
05:52Au mois de fin août, t'as annoncé 61 entreprises, et pas que les Allemandes,
05:57il y a du Roche, il y a du Nvidia, que du privé.
06:02On était à plus de 600 milliards, et là, il y a d'autres entreprises qui se sont jointes,
06:06quarantaine d'entreprises, donc on est monté à 105 entreprises qui se sont mises d'accord.
06:11L'investissement qui est annoncé, c'est 735 milliards pour les trois prochaines années.
06:17Et c'est indépendant des montants annoncés par la sphère publique, on est bien d'accord.
06:20Là, c'est l'investissement privé en Allemagne pour construire des usines,
06:23pour investir dans l'énergie, etc.
06:26C'est combien, 700 milliards ?
06:27Plus de 700 milliards d'ici 2028.
06:29D'ici 2028.
06:31Donc, et je pense que le fait, effectivement, d'avoir mis des incitations fiscales via l'amortissement,
06:38effectivement, ça pousse les entreprises aussi.
06:41Plus, ce qu'on disait au début, donc la visibilité politique, fiscale,
06:45ça attire effectivement les investisseurs, enfin les entreprises, en tout cas, à investir plus.
06:48C'est quoi une bonne stratégie, action, quand on se tourne vers l'Allemagne aujourd'hui ?
06:53Comment on aborde ce marché allemand, selon vous ?
06:55Alors, pour moi, il y a, déjà, investir dans le DAX, regardez l'indice, c'est ce qu'on a vu cette année,
07:01ça surperforme quand même l'indice CAC 40 et aussi l'indice l'Eurostock 50.
07:07La deuxième stratégie, c'est peut-être aussi descendre au niveau des small et mid-cap.
07:11Donc là, il y a un indice, ce n'est pas le MDAX.
07:12Donc, on va avoir des entreprises un peu plus sensibles à l'économie allemande.
07:17Et après, évidemment, ça serait aller chercher là où on aura des entreprises un peu plus sensibles.
07:23Donc, typiquement, infrastructures, infrastructures énergétiques.
07:25On sait que l'Allemagne, un des talons d'Achille de l'Allemagne, moins le cas en France,
07:29on a le nucléaire, c'est l'énergie.
07:30Et puis, on sait aussi que c'était un des pays qui était très sensible au gaz russe.
07:40Bien sûr, le modèle économique allemand reposait sur cette énergie peu chère venue, entre autres, de la Russie, bien sûr.
07:45Donc, ça, il faut aussi repenser le modèle énergétique allemand.
07:48Donc, effectivement, toutes les entreprises qui sont dans ce domaine-là peuvent en bénéficier.
07:53Bon, mais c'est bien avant tout des entreprises allemandes.
07:55Et quand vous parlez du MDAX, c'est aussi tout le Mittelstand allemand.
07:58C'est bien ces entreprises-là qui vont profiter le plus de ces dépenses d'investissement.
08:04Oui, tout à fait.
08:05On est vraiment plus sur…
08:07Je prends beaucoup la part des investisseurs internationaux en disant
08:10« Oui, mais est-ce qu'il n'y aura pas des effets qui vont découler sur le reste de l'Europe ? »
08:13Oui, il y en aura, forcément.
08:14L'Allemagne, c'est la première économie.
08:16Mais je pense que l'effort sera beaucoup en Allemagne.
08:22Oui, j'ai l'initiative « Made for Germany », effectivement, qui rassemble des dizaines d'entreprises.
08:26Oui, c'est le signal aussi que l'environnement est propice à ce genre d'initiatives venues du secteur privé, en l'occurrence.
08:33Il y a un marché dont on n'a pas parlé et dont on parle très peu, y compris dans cette émission, avec regret, Roland,
08:39qui continue d'appartenir somme toute à l'Europe, disons-le comme ça, ne serait-ce que géographiquement parlant.
08:46C'est le marché britannique.
08:47Alors, avec une situation toujours de laboratoire, moi j'appelle ça un laboratoire, le UK, sur le plan politique,
08:54je ne dis pas qu'ils n'ont rien à envier à la France, mais bon, ils sont passés par tellement de complications politiques
08:58que pour l'instant, ils n'ont rien à envier à ce qui se passe en France.
09:02Je crois que le parti réforme de Farage était à 35% dans les sondages et que le Labour, aujourd'hui au pouvoir,
09:08doit être au plus bas peut-être de son histoire ou son histoire récente, en tout cas.
09:14Ça, c'est la partie politique.
09:15Mais comment vous regardez ce marché britannique ? Qu'est-ce qu'il a intégré ?
09:18Et est-ce que c'est un marché, alors très value, j'imagine, est-ce que c'est un marché qui mérite d'être regardé là aussi ?
09:24Totalement. Moi, je pense que c'est un marché qui mérite d'être revisité un petit peu.
09:28Alors, il y a l'aspect effectivement value, ça c'est clair.
09:31On a des dividendes très très importants, les multiples sont très bas par rapport aux restes de l'Europe.
09:36Donc ça, c'est le premier point et qui, quelque part, reflète aussi la part du UK dans les allocations aujourd'hui,
09:41donc qui est plutôt extrêmement basse.
09:44Le deuxième point, moi, je trouve toujours intéressant d'avoir en tête, c'est que quand on regarde un petit peu les cycles monétaires,
09:51on a la BCE qui est déjà à 2%, peut-être qu'elle baissera encore un petit peu,
09:55mais en tout cas, elle a bien entamé son cycle de baisse de taux.
10:00La Fed, on se posait la question, c'était la question de 2025, finalement,
10:03bon, elle a plus ou moins annoncé que ça y est, elle a rentré dans un cycle de baisse de taux aussi,
10:07puisqu'elle l'a fait, ça y est.
10:08Donc là, on va voir les baisse de taux.
10:10Et puis, il y a la question sur la Banque d'Angleterre.
10:13Alors, je rabais un petit peu…
10:14Pourquoi on n'entend plus rien, en fait ?
10:15Ce qui est pricé, c'est d'ici l'été, 30 points de base.
10:18On sait la situation en Angleterre, il y a toujours de l'inflation, effectivement,
10:22mais la situation en Angleterre est en train de se détériorer.
10:24Et je pense, effectivement, que la Banque d'Angleterre pourrait être beaucoup plus pragmatique l'année prochaine.
10:28Nous, on est sur un scénario à 100 points de base contre 30, voilà.
10:33Donc, effectivement, là, vous redonnez un peu une bulle d'oxygène à votre économie si vous baissez les taux.
10:39Donc, ça, c'est le premier point.
10:40Et le dernier point, qui est peut-être plus important,
10:42j'aime bien dire le FT600, c'est un peu le Nikkei de l'Europe.
10:45Parce que, oui, parce que…
10:47Ça veut dire quoi, alors ?
10:48Parce qu'en fait, quand on retourne à le Nikkei, c'est des entreprises cotées au Japon,
10:51mais elles sont des exportatrices et donc, elles sont très sensibles aux yens, à la devise.
10:57Et là aussi, en fait, on a 78% des revenus du FT600, de l'indice anglais, qui viennent de l'extérieur.
11:04Donc, si vous avez, effectivement, des baisses de taux de la Banque d'Angleterre,
11:08vous allez avoir un sterling qui va aussi probablement se déprécier.
11:11Et donc, effectivement, ça pourrait être positif pour les grandes exportatrices.
11:16Et je donnerai un dernier point aussi, puisqu'on est dans un jeu relatif en Europe.
11:20Pour ne pas oublier les tarifs, on a eu 15% dans l'Union européenne, ils ont eu 10%.
11:25Donc, c'est-à-dire que 5 points, ce n'est pas négligeable.
11:29Ça peut être très important sur les marges, sur l'impact que ça peut avoir, sur la compétitivité aussi.
11:32Ça veut dire que, potentiellement, si vous avez une entreprise qui fabrique en Angleterre
11:37contre une entreprise qui fabrique en France ou en Allemagne,
11:39vous allez avoir, potentiellement, une plus grande compétitivité quand vous êtes basé au Royaume-Uni.
11:45En tout cas, dans ce jeu entre l'Union européenne et le Royaume-Uni.
11:48Donc, si vous mettez tout ça bout à bout, je pense, effectivement,
11:52que c'est pas mal de revisiter l'exposition sur les valeurs anglaises.
11:55Bon, ben voilà, le Royaume-Uni comme fer de lance d'une stratégie d'action européenne aujourd'hui.
12:02Et l'Allemagne, bien sûr, dont on parlait avec Roland Calloyan.
12:04Merci beaucoup, Roland.
12:05Merci d'avoir été avec nous au plateau pour ce dernier quart d'heure de Smart Bourse.
12:08Roland Calloyan, donc le responsable de la stratégie d'action européenne de Société Générale CIB.
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