00:03Europe 1 Info, dernière partie sur Europe 1 avec vous, Clélie Mathias, vos chroniqueurs, Sébastien Ligny, Jacques Serret et votre invité, Paul Christophe, député du Nord, président du groupe Horizon et indépendant à l'Assemblée Nationale.
00:14Paul Christophe, je vous soumettais juste avant qu'on marque une pause cette réflexion de Dominique Régnier, le politologue qui s'exprime dans les colonnes du Figaro.
00:21C'est parce que cette réalité est plus financière que politique qu'elle menace de transformer notre crise politique en crise de régime et la crise de régime en crise de l'État.
00:30C'est alors que nous devrons redouter la violence. On en est là ?
00:34Je ne le pense pas. Je pense qu'effectivement, et c'était tout le débat qu'on avait tout à l'heure, on est devant une crise financière.
00:40Ça, ce n'est pas se mentir que de se le dire. On est devant une crise politique également.
00:44Vous savez, il suffit, je le redis, d'aller à la rencontre des citoyens pour s'en rendre compte.
00:48On voit bien aujourd'hui combien l'économie est en panne.
00:49Oui, et donc il y a eu urgence à se mettre d'accord et à trouver un budget.
00:54Nos concitoyens, pour certains, thésaurisent ceux qui le peuvent parce qu'ils n'ont plus confiance non plus.
00:58Des gens, cet été, me témoignaient à aller chercher de l'argent aux distributeurs pour le garder à la maison.
01:02Il y a une perte de confiance. Il y a aussi une crise de confiance qui est devant nous aussi.
01:05Et donc, c'est pour ça que je pense que la première réponse à apporter, c'est de s'accorder sur un budget, aussi mauvais soit-il.
01:10Ça, je vous l'accorde. Mais pour autant, en 2025, nous avons su faire ce pas-là tous ensemble.
01:13Mais là, est-ce qu'on y arrivera en 2026, donc, à s'accorder sur un budget ? Parce que visiblement, on a du mal.
01:19C'est un impératif. Je pense que tout le monde a compris que les situations financières n'étaient pas bonnes.
01:22Même les socialistes, lorsqu'ils proposent un budget, proposent de rectifier le tir par rapport à un déficit.
01:27Donc, le premier point, peut-être le seul qu'on pourrait accorder à l'ancien Premier ministre,
01:31c'est que nous sommes d'accord sur le fait qu'il y a un déficit et qu'il n'est pas neutre
01:34et qu'il faut nous attacher à le résorber pour retrouver des marges financières.
01:37Maintenant, c'est où mettons le curseur ?
01:40Je pense qu'il est impératif, parce qu'il n'y a pas d'autre solution que de proposer un budget pour 2026.
01:44Donc, je suis convaincu qu'on le passera.
01:45Votre déclaration fait ce qui rend la nomination de Bruno Le Maire,
01:52et d'une manière générale, l'étiquette politique et la couleur politique du gouvernement annoncé par Sébastien Lecornu,
01:57d'autant plus surprenante.
01:59C'est-à-dire qu'au moment où on avait l'impression qu'en effet,
02:02peut-être que les socialistes pouvaient être convaincus
02:04que les Républicains seraient prêts potentiellement à accepter quelques concessions sociales,
02:08à ce moment-là, la fameuse rupture qu'on promettait était peut-être en train d'arriver.
02:13Et au moment où la rupture arrive, on nous nomme un gouvernement qui ressemble à un gouvernement de 2017,
02:18qui ressemble à un gouvernement macroniste, pur macroniste,
02:21avec une surreprésentation des ministres issus du socle commun et notamment du groupe Ensemble,
02:26avec vous, Horizon, qui êtes sous-représentés,
02:28les Républicains qui ne gagnent pas de poste,
02:30Modem qui passe un petit peu à la trappe.
02:32Donc on se demande, mais pourquoi,
02:34pourquoi avoir à nommer un gouvernement pareil,
02:36alors que les discussions, si on vous écoute,
02:39allaient dans le bon sens ?
02:40Eh bien peut-être parce qu'elles allaient dans le bon sens,
02:42mais qu'on s'accordera sur le fait qu'elles n'étaient pas abouties.
02:44Et que peut-être que finalement, il fallait en passer par là,
02:47pour bien provoquer les heures que nous vivons,
02:51jusqu'à mercredi soir, pour enfin trouver un accord.
02:52Donc c'est un grand stratagème machiavélique d'Emmanuel Macron.
02:55Quand on dit qu'il y a des avancées,
02:56elles n'étaient pas si manifestes que ça, et pas si ancrées que ça.
02:59En fait c'est un révélateur Bruno Le Maire, c'est ça ?
03:02J'ai quand même entendu plusieurs sons de cloche,
03:03c'est les socialistes par exemple.
03:04On était plus proches d'un accord la semaine dernière que cette semaine.
03:07Alors si on était plus proches, vous me dites bien qu'on n'y était pas encore.
03:09Donc voilà, peut-être qu'il nous fallait encore ces 72 heures pour y arriver,
03:12et tomber sur cet accord qui nous permettra...
03:13C'est une façon de mettre tous les partis dos au mur,
03:15et que chacun sorte son jeu en fait, et abattre ses cartes, c'est ça ?
03:18On peut le voir comme ça, peut-être.
03:19Oui, et quand je vois les réactions effectivement,
03:22post-annonce du gouvernement,
03:23je me dis que finalement tout n'était pas encore tout à fait prêt,
03:25et tout on a pris conscience qu'il y avait un sujet,
03:27et peut-être que nous allons enfin pouvoir
03:29tomber sur quelque chose de correct, d'être cohérent
03:31pour les Françaises et les Français.
03:32Vous ne dites pas vous qu'il y a eu une erreur
03:35dans la composition du gouvernement dimanche soir ?
03:37C'est moi, je ne me suis jamais attaché aux personnes.
03:40Et vous n'avez pas entendu Horizon dire
03:41c'est scandaleux, on n'a pas ce qu'on voulait,
03:43on n'est pas où on voulait, etc.
03:44Parce que ce n'est pas notre façon de faire.
03:46Notre façon de faire, je vous l'ai dit encore,
03:48et je le répète, c'est de ne pas poser lignes rouges,
03:50c'est d'être là pour essayer de trouver des compromis.
03:52Si on commence à se dire, je ne veux pas un tel ou je veux un tel,
03:54ou je ne veux pas cette mesure ou je veux cette mesure,
03:57on ne va pas y arriver.
03:58Vous êtes d'accord sur tout ?
03:59On a vu que l'addition des guillers rouges
04:00n'a jamais permis d'atteindre un certain accord.
04:02Mais vous n'êtes pas d'accord sur tout pour autant ?
04:05Mais c'est ça le compromis,
04:06c'est construire une voie de passage
04:08pour faire en sorte qu'on valide un minima,
04:10et c'est là où je vous rejoins,
04:11ce ne sera pas le budget idéal, il ne faut pas se mentir,
04:14mais ce sera un budget acceptable pour un ensemble
04:16qui permette en tout cas de le faire voter.
04:18À vous entendre, à Horizon,
04:20on préfère Olivier Faure à Matignon qu'une dissolution ?
04:24Ce n'est pas comme ça que je le vois.
04:25Non, mais c'est pour le résumé, pour schématiser.
04:28Puisque ce n'est pas qu'une question de personne,
04:29vous préférez Olivier Faure à Matignon qu'une dissolution.
04:32Moi, je vais vous dire ce que m'ont dit les Français ce week-end.
04:33Mais Horizon, que dit Horizon ?
04:34On s'en fout du gouvernement.
04:36Les gens s'en fichent complètement de savoir qui est qui.
04:38D'ailleurs, vous testez les noms demain dans la rue,
04:40je ne suis pas sûr que tout le monde...
04:41Des gens comme ce week-end confondaient Zoukman et Glucksmann.
04:43Donc on en est quand même là.
04:45Donc aujourd'hui, ce que veulent les Français,
04:46c'est qu'on leur apporte des solutions.
04:48Et nous, on est un parti de solutions.
04:50On n'est pas un parti à s'ériger contre un tel ou un tel
04:52ou à favoriser ou à réclamer un tel tel, encore moins.
04:55Mais je n'arrive pas à comprendre
04:57qu'on soit encore dans cette question-là,
05:00que les partis politiques n'aient pas réussi à dépasser
05:02et pris la mesure de la situation actuelle.
05:04Regardez la presse européenne.
05:06Regardez comment la France est considérée.
05:08Regardez comment économiquement, on est en train de décrocher.
05:11Mais justement, vous nous disiez peut-être que cette crise politique
05:14qui au final durera, en tout cas pour l'instant,
05:16elle dure jusqu'à demain.
05:17Donc on aurait eu 72 heures.
05:19Et vous dites que c'était peut-être une étape nécessaire
05:20avant de se mettre d'accord sur un budget.
05:2372 heures donc au final,
05:24dans lesquelles l'image de la France,
05:27et j'en passe,
05:30auront été profondément ébranlées.
05:32Alors je vous le dirais, si on y arrive.
05:34En plus.
05:34Et on n'est pas sûr d'y arriver.
05:35Et je ne demande que ça.
05:36Attention, on ne nous demande que ça.
05:37parce que ce sera meilleur pour mon pays
05:39que le chaos,
05:41que la dissolution,
05:43et que ces conséquences
05:44qui n'apporteront rien de positif.
05:46Voilà, donc je pense,
05:48et nous pensons d'abord,
05:49chez Horizon et avec Ador Philippe,
05:50d'abord à notre pays.
05:51Il ne faut pas nous faire l'injure
05:52d'avoir cette humilité.
05:53Tout le monde dit ça, vous le savez.
05:54Cette humilité, oui.
05:55Mais ils le disent tous.
05:56C'est l'intérêt général.
05:57Regardez bien, je le redis,
05:58nous n'avons posé aucune ligne rouge.
06:00C'est peut-être le problème.
06:01Nous, en ce moment-là,
06:02peut-être qu'à un moment donné,
06:02il va falloir poser des lignes rouges.
06:03Rendez-vous compte qu'on le fait.
06:04Aucune ligne rouge.
06:05Alors, si on suit cette logique,
06:07le président décide, par exemple,
06:09de nommer, là, dans deux jours,
06:13Jordan Bardella à Matignon.
06:15Et il vous demande de travailler
06:16des compromis avec le Rassemblement National.
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