00:00Frédéric Rosier vient de nous rejoindre, il est 15h43, on est à l'heure.
00:03Bonjour Frédéric.
00:04Bonjour.
00:05Co-responsable de la gestion de portefeuille de Mirabeau, on est ravi de vous retrouver.
00:08Vous allez rendre votre verdict face au marché, ce moment, ce verdict, l'assumez-vous ?
00:13J'assume, alors j'estime et j'assume, attention, que parier sur l'IA sans nucléaire,
00:19c'est un peu comme vouloir monter dans une fusée sans carburant.
00:23Parier sur l'IA sans nucléaire, c'est comme vouloir monter sur une fusée sans carburant.
00:31Il fallait la trouver celle-là.
00:34On va parler de nucléaire, de valeur nucléaire dans lesquelles investir en bourse.
00:37Pourquoi du nucléaire d'ailleurs plutôt que d'autres sources d'électricité ?
00:40Alors il y a une question déjà de rentabilité, on le sait, le nucléaire.
00:45Après, je ne vais pas rentrer dans le débat, est-ce que c'est une énergie propre ou pas ?
00:48La question aujourd'hui, c'est la croissance de l'IA, elle est juste phénoménale.
00:53On estime que c'est 15% de croissance en demande énergétique par an,
00:57que c'est une demande énergétique qui est quadruplée dans les cinq ans à venir,
01:02que OpenAI, on parlait d'OpenAI, c'est l'équivalent aujourd'hui par mois
01:07de quasiment 2 000 voyages transatlantiques par an, pardon,
01:11quasiment 3 000 voyages transatlantiques.
01:14Donc ça consomme énormément d'énergie, c'est souvent d'ailleurs de l'énergie carbonée,
01:21pour faire face à cette demande qui est en train d'exploser,
01:25qui pourrait éventuellement, et ça c'est le département d'énergie aux États-Unis
01:29qui l'a signalé, qu'à ce rythme-là, les États-Unis, c'est le risque de blackout total au-delà de 2030.
01:36C'est-à-dire que la demande d'énergie aux États-Unis est tellement forte poussée par l'IA,
01:40qui aujourd'hui consomme en CO2 par exemple plus que l'aviation,
01:45pourrait provoquer un blackout comme on a pu connaître dans l'histoire des États-Unis.
01:49Donc on est dans un point de rupture, il faut investir massivement dans le secteur de l'énergie,
01:54et investir massivement, bon les éoliennes il faut du vent, du solaire il faut du soleil,
02:00la seule aujourd'hui énergie qui est fiable quelque part, avec la problématique bien sûr du recyclage,
02:06ça reste le nucléaire.
02:07Et comment on traduit tout ça en investissement ?
02:09Parce que des valeurs nucléaires en bourse, il n'y en a pas des milliards,
02:12comment est-ce qu'on fait quand on investit ça ?
02:14C'est très compliqué, parce que vous pouvez bien sûr investir sur le minerai,
02:19donc l'uranium, des grands producteurs d'uranium.
02:21Vous savez que l'uranium, en gros, si vous avez le Kazakhstan et le Canada,
02:25c'est une grosse partie de la production mondiale.
02:28Donc il y en a un peu sur d'autres pays, mais on a le Niger par exemple,
02:30qui concerne plus l'exploitation pour les entreprises françaises,
02:33mais on voit que c'est assez concentré.
02:35Donc les entreprises d'exploitation d'uranium,
02:38Cameco par exemple au Canada est la plus connue,
02:40mais vous avez une tendance qui est assez forte,
02:43c'est, vous savez, la production de petites centrales nucléaires.
02:47Donc on n'est plus du tout dans ce qu'on connaît nous,
02:50on va parler de Fessenheim, Flamanville, tout ça,
02:52ce n'est pas du tout le même genre d'unité,
02:54c'est des unités qui sont assez légères,
02:56assez rapides à monter,
02:58et qui sont une technologie totalement différente,
03:00puisque ça n'utilise pas par exemple pour le système de refroidissement l'eau,
03:03comme on l'a vu par exemple, on sait qu'en France,
03:06dès que la température monte,
03:07vous avez un risque de réchauffement des cœurs.
03:10Là, c'est plutôt des systèmes beaucoup plus simples,
03:13avec du sodium qui refroidit les cœurs nucléaires.
03:15Donc il y a des entreprises,
03:18la plus traitée en ce moment,
03:19c'est une société qui s'appelle Oklo,
03:21qui va commencer à produire ses premières centrales légères dans l'IDAO,
03:27d'ici 2027.
03:28C'est un titre assez hallucinant,
03:29parce qu'il y a plus de 1200% de performance en un an,
03:34c'est une société qui ne gagne pas d'argent au moment où on se parle,
03:36il faut déjà produire.
03:38Donc c'est compliqué d'aller dans un...
03:38C'est encore spéculatif quand même.
03:39C'est encore spéculatif.
03:40Donc c'est très compliqué d'aller sur ce genre d'entreprise
03:43ou au Kazakhstan dans l'exploitation d'uranium.
03:48Vaut mieux jouer les trackers, pour le coup.
03:50Et par exemple, il y a une société qui s'appelle GlobalX,
03:53qui est une filiale de Mirai, le coréen,
03:55qui a un tracker qui s'appelle URA,
03:57qui va aller chercher à la fois des sociétés d'exploitation d'uranium,
04:00mais également des centrales nucléaires.
04:02Voilà, vraiment investir dans l'IA sans penser au nucléaire,
04:05vous dites que c'est comme vouloir monter dans une fusée sans carburant.
04:07Ça, de toute façon, c'est notre plafond.
04:09C'est-à-dire qu'à ce rythme-là,
04:11l'IA ne pourra plus continuer
04:13si on n'est pas capable d'accélérer la cadence de production d'énergie.
04:17Et c'est pour ça que Wall Street,
04:19qui bat record sur record,
04:20les marchés qui ne connaissent plus que le chemin haussier,
04:22il y a des baisses parfois,
04:23mais chaque baisse est utile pour racheter.
04:26Qu'est-ce que part ?
04:27Est-ce que le marché met la charrue avant les bœufs ?
04:29Attends une productivité de l'IA telle qu'elle finira un jour par justifier les valorisations ?
04:34Est-ce que ça va trop vite ?
04:35Bref, est-ce qu'il y a une forme de bulle dans le marché
04:37où l'IA donnera raison aux investisseurs ?
04:39Alors, on a été chercher OpenAI,
04:40on parlait de la valorisation d'OpenAI,
04:42puis après, on a eu Nvidia, bien sûr,
04:45et vous avez vu, ça a un côté un peu, ça s'étend.
04:48C'est-à-dire qu'on a regardé après les concurrents de Nvidia,
04:52donc des AMD, des Broadcom, des choses comme ça.
04:56Puis après, on s'est dit, mais oui, mais il faut les stocker,
04:58il faut stocker ces données, il faut de l'infrastructure.
05:00Donc Oracle s'est mis à monter en flèche avec des contrats assez massifs.
05:04Donc on voit bien que c'est en train de se répandre.
05:06Alors le problème, c'est que, vous avez vu les investissements,
05:09c'est un peu entre eux, c'est-à-dire que je te donne 300 milliards,
05:11300 milliards par-ci.
05:12Et donc c'est vrai que cet écosystème aujourd'hui
05:15s'entretient par lui-même en investissant
05:17sur, quelque part, la nécessité de progresser,
05:21notamment dans les infrastructures.
05:23Et quand même, la question de savoir si tout ça
05:26mérite véritablement les valorisations actuelles du marché,
05:29certains, tiens, c'est Michel76 qui nous a écrit sur X,
05:32certains auditeurs nous disent, attention,
05:33on s'éloigne des fondamentaux.
05:35Et Michel76 nous dit, les marchés ne reposent plus sur les fondamentaux,
05:38ils reposent sur la liquidité, les flux passifs et les options
05:40plus que sur les bénéfices des entreprises.
05:42C'est une réalité quasiment depuis toujours,
05:44c'est-à-dire que c'est les flux qui font monter la bourse.
05:47Donc, il est clair qu'aujourd'hui...
05:49Pas plus maintenant qu'avant ?
05:50Le problème, c'est que c'est ce qu'on appelle trend following,
05:53c'est-à-dire que la montée entraîne la montée
05:56et les flux de capitaux avec une hyperconcentration.
05:59Donc, c'est vrai que c'est un effet d'entraînement
06:00et c'est vrai que les valorisations...
06:03J'ai un confrère qui a rappelé ça,
06:04c'est que les multiples de valorisation sur le S&P,
06:07ce qu'on appelle les PE, au sens de Schiller,
06:11c'est-à-dire qu'il extrait les accidents de marché,
06:14il est au plus haut historique.
06:15Donc, jamais dans l'histoire des marchés américains,
06:20on a été aussi haut.
06:21Donc oui, il va falloir quand même qu'on rende,
06:23quelque part, ce retour à l'actionnaire
06:25en termes de profitabilité, de croissance.
06:28Je vous dis, il y a quelques angoisses aujourd'hui,
06:31c'est notamment...
06:32L'énergie fait partie de ces angoisses qu'on pourrait avoir
06:34et surtout, le final, c'est pour l'instant,
06:37en termes de logiciels et autres,
06:39le client final, il faut aussi qu'on retrouve
06:41une dynamique dans ce secteur.
06:42Et est-ce que le marché actions américain monte aussi
06:44du fait de la baisse du dollar ?
06:46Est-ce que les investisseurs se couvrent face à la baisse du dollar
06:48en achetant des actions ?
06:50Est-ce que plus le dollar baissera,
06:51plus les actions pourraient monter ?
06:52Je pense qu'il y a beaucoup d'anticipation de la Fed aussi
06:54sur la baisse des taux de la Réserve fédérale.
06:56Donc, tant qu'on est dans ce scénario de baisse des taux,
07:00ça soutient quand même globalement la tendance.
07:02Je pense que c'est plutôt le signal envoyé par la Réserve fédérale
07:04et les chiffres, notamment de l'emploi,
07:06qui aident quelque part cette dynamique.
07:08– Alors, on voit une nouvelle trumperie au milieu
07:10de ce shutdown inédit,
07:13à tel point qu'on se met à penser à des théories du complot.
07:15Est-ce qu'il n'a pas laissé l'administration américaine
07:18se mettre à l'arrêt pour dire
07:19« c'est très bien, vous vous êtes à l'arrêt,
07:20vous vous êtes à l'arrêt, vous vous êtes à l'arrêt,
07:22on va voir qui est indispensable ou pas. »
07:24et couper là où ce n'est plus indispensable.
07:26En gros, c'est ça.
07:26– C'est-à-dire qu'on estime qu'il y aura 400 000 emplois peut-être de perdus,
07:30en tout cas, c'est ce qu'on peut estimer à l'issue de ce shutdown.
07:35Finalement, il va rejeter la responsabilité
07:37de ce que voulait faire le dodge d'Elon Musk,
07:41quelque part, un petit peu aux Républicains,
07:44mais surtout aux Démocrates.
07:45Donc, il renvoie la patate chaude là-dessus,
07:47donc c'est plutôt bien joué,
07:48sachant qu'il a quand même une urgence derrière
07:50par rapport au budget américain et les problèmes éthiques des déficits.
07:55Donc là, oui, je pense qu'il joue ce jeu pervers.
07:58Attention, une semaine de shutdown,
08:00c'est 0,15 en moins sur la croissance américaine.
08:03Donc, il ne faut pas non plus que ça dure éternellement.
08:06Ça pourrait avoir à terme un appel sur l'économie américaine.
08:09– Et donc, ce quatrième trimestre qui démarre,
08:11dernière question, c'est toujours la plus importante à dernière,
08:13tant que ce n'est pas la question de trop, bien sûr.
08:15C'est la dernière là.
08:17Quel choix d'investissement pour la suite ?
08:19Dans quoi est-ce que vous n'investissiez pas,
08:20mais vous choisissiez désormais d'investir, Frédéric ?
08:22– Sur ces niveaux de valorisation, c'est extrêmement…
08:25– Vous avez prévenu.
08:26– C'est extrêmement…
08:27Non, c'est extrêmement compliqué.
08:29Donc, comme tout le monde,
08:30on attend une consolidation qui ne vient pas.
08:32Donc, c'est comme Godot, on peut toujours attendre.
08:36Bon, on voit quand même,
08:37il y a des secteurs qui sont en train de se réveiller.
08:38On a vu le secteur de la santé
08:39qui a retrouvé un petit peu de ferveur
08:43de la part des investisseurs.
08:44Donc, il faut peut-être regarder ça
08:45et peut-être au sens plus large,
08:47regarder l'IA en évitant les passagers clandestins.
08:51– Ah oui, alors ça, c'est peut-être…
08:52– Ça, c'est ça le plus dur.
08:53– Vous les avez identifiés, non ?
08:54Pas encore ?
08:54– Les passagers clandestins ?
08:56Pour l'instant, c'est compliqué.
08:57Mais je parlais des logiciels,
08:59notamment aujourd'hui.
08:59Est-ce que toutes les sociétés sont capables
09:01de reflater quelque part,
09:04d'augmenter leur prix
09:05avec des intelligences artificielles ?
09:06Et est-ce que le client final,
09:07lui, est capable de payer ?
09:09Et ça, pour l'instant, on n'a pas la réponse.
09:10– Et la santé qui remonte,
09:11avec l'espoir d'échapper aux droits de douane,
09:13notamment, vous dites,
09:13c'est le vrai rebond, peut-être structuré,
09:15l'avenir de la santé,
09:16qui ne fait rien en bourse depuis des années.
09:18– Mais voilà, on arrive à un niveau
09:19où on se dit,
09:20mais quelles sont les valorisations attractives ?
09:21Et on prend de plus en plus large.
09:23Donc, les mal-aimés, finalement,
09:25on voit aujourd'hui Stellantis,
09:26par exemple, à Paris,
09:27on voit les mal-aimés
09:28en train de retrouver un petit peu.
09:30Attention, c'est souvent le signe
09:31de fin de cycle,
09:33quand on commence à les chercher
09:34beaucoup plus large.
09:37L'objectif de monter,
09:39c'est peut-être le signe, effectivement,
09:40qu'on commence à s'essouffler
09:41un petit peu sur les thématiques traditionnelles.
09:43– Et effectivement, aujourd'hui,
09:44c'est les mal-aimés qui montent encore,
09:46notamment Stellantis, vous le disiez,
09:47plus 9% après un bon mois de septembre
09:48aux Etats-Unis, on y reviendra.
09:49Frédéric Rosier, merci beaucoup.
09:50– Merci à vous.
09:51– Vous êtes passé nous voir pour Mirabeau.
09:53Le CAC 40, toujours en très, très belle hausse,
09:55plus 0, non, plus 1,4%.
09:58Aujourd'hui, c'est une vraie grosse hausse importante,
10:008 081 points, le CAC 40,
10:01qui est à moins de 200 points désormais
10:02de son record historique.
10:03Et on reparlera de tout ça avec Gilles Mouek,
10:05aussi chef économiste du groupe AXA,
10:06il sera avec nous tout à l'heure
10:07dans l'Éco du Monde à 16h15.
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