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  • il y a 7 semaines
Chaque week-end, Emilie Broussouloux vous accompagne de 22h à 00h dans BFM Grand Soir.

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00:04Bonsoir et bienvenue dans BFM Grand Soir.
00:08Emmanuel Macron prend la défense des juges.
00:11Les attaques et menaces de mort contre les magistrats sont inadmissibles.
00:16C'est ce que dit aujourd'hui le président de la République.
00:18Nous recevons sur ce plateau Sacha Stropkan.
00:20Bonsoir.
00:21Bonsoir, merci de votre invitation.
00:22Vous êtes porte-parole du ministère de la Justice.
00:25Merci d'être avec nous.
00:26Laurent Valdiguier, bonsoir.
00:28Bonsoir.
00:28Journaliste d'investigation, consultant BFM TV.
00:31Alors la justice est aujourd'hui particulièrement violentée.
00:35C'est pour ça que c'était très important pour nous de vous entendre aujourd'hui.
00:38La présidente qui a prononcé la condamnation de Nicolas Sarkozy à 5 ans de prison
00:42reçoit des menaces de mort depuis 72 heures.
00:45Le syndicat de la magistrature a dénoncé ces dernières heures
00:48le silence assourdissant de l'Elysée.
00:51Résultat, Emmanuel Macron réagit aujourd'hui
00:54et dénonce ces attaques et menaces de mort qu'il juge inadmissibles.
00:58Sacha Stropkan, pourquoi le président de la République a mis du temps à réagir ?
01:03Alors, deux choses.
01:04La première chose que je voudrais faire, c'est évidemment en tant que porte-parole de l'âge porté aux collègues qui sont menacés.
01:09C'est malheureusement de plus en plus le cas.
01:11On avait déjà vécu une séquence un peu similaire il y a quelques mois après le procès qui concernait Marine Le Pen.
01:16Là, c'est à nouveau le cas.
01:18Et j'en dirai un mot après, mais évidemment, c'est parfaitement inadmissible que des magistrats,
01:24dans l'exercice de leur fonction, comme ça serait inadmissible que si c'était des policiers, des soignants, des gendarmes,
01:29ça l'est tout autant quand c'est des magistrats qui exercent leur mission au titre de ce qu'il leur est alloué par la Constitution.
01:36La deuxième question, c'est évidemment la réaction du chef de l'État, du président de la République.
01:42Je pense qu'il ne faut pas essayer de trouver des polémiques là où il n'y en a pas.
01:46Le constat est que...
01:47Ce n'est pas moi qui amène la polémique, mais c'est le syndicat de la magistrature qui a dénoncé un silence assourdissant.
01:52Ce ne sont pas mes mots.
01:53Totalement. Je ne vous accusais pas, vous, d'apporter une polémique.
01:56J'ai bien conscience que certains ont une parole syndicale.
01:58Moi, ma réponse, c'est qu'on peut se féliciter que dans les 48 dernières heures,
02:02que ce soit le chef de l'État, dont c'est le rôle au terme de la Constitution,
02:05de garantir l'indépendance de la justice, le garde des Sceaux,
02:09mais aussi un certain nombre de hauts magistrats, le Conseil supérieur de la magistrature,
02:12le premier président de la Cour d'appel de Paris.
02:14L'ensemble des acteurs institutionnels, si je puis dire, font bloc derrière les collègues,
02:19pas tant sur le fond de la décision, parce que ça, ce n'est pas ni mon rôle ni leur rôle,
02:23mais par contre, sur le fait qu'il est normal que la justice puisse se rendre de façon indépendante
02:28et de façon sereine, et que menacer ou voire vouloir attenter à des magistrats,
02:34c'est contraire à tout fondement démocratique le plus élémentaire.
02:38Sur ce silence, Laurent Valdiguet, est-ce qu'on pouvait penser qu'il y avait peut-être
02:41un petit malaise du côté de l'Élysée après cette condamnation ?
02:45Peut-être.
02:47C'est vrai que ça a été un tel coup de canon.
02:50Mais avant d'aller à la polémique, est-ce que vous avez des échos de ces trois,
02:53vous les appelez des collègues, de ces trois juges,
02:55sur la façon dont ils vivent ces menaces de mort ?
02:58Et puis au-delà des menaces de mort aussi peut-être,
03:00tout le monde fait parler ce fameux jugement, un peu à tort et à travers,
03:06on manque un peu de pédagogie, parce que dans ce procédisme,
03:09vous savez, il nous manque la voie judiciaire,
03:12vous êtes là ce soir, mais on aimerait bien qu'il y ait quelqu'un de l'autorité judiciaire
03:16qui vienne nous expliquer ce que vos collègues entendent,
03:20comment ils ont construit leur jugement, comment ils arrivent à ces cinq ans,
03:24pourquoi l'exécution provisoire ?
03:25On aimerait bien, ça manque un peu,
03:27vous vous souvenez de François Molins, les jours d'attentats terroristes,
03:30il venait faire un peu de pédagogie judiciaire, là ça manque.
03:33Comment ils le vivent, vos trois collègues, ces attaques et ces déformations
03:36qui sont faites depuis 48 heures ?
03:37Je pense qu'il y a deux choses, il y a le fait qu'il y a une décision qui a été rendue,
03:41ça il ne m'appartient pas à moi de la commenter,
03:43par contre, une chose est sûre, c'est qu'une décision de justice par nature
03:46peut nourrir un débat démocratique,
03:49et ça pour le coup, ça me paraît plutôt sain,
03:51c'est-à-dire que, par exemple, quand il y a un certain nombre d'acteurs politiques,
03:54quels qu'ils soient, qui s'interrogent sur la législation en vigueur,
03:58par définition, c'est leur rôle, par exemple, comme législateurs,
04:01de s'interroger sur la viabilité,
04:03ou est-ce qu'une loi est toujours adaptée,
04:05et ça, pour le coup, c'est la vie démocratique.
04:07Il y a un deuxième sujet dans votre question,
04:09c'est les menaces à l'intégrité des magistrats.
04:12Concrètement, je ne suis pas sûr que ça soit lieu aujourd'hui
04:15pour dire comment vont les collègues en question,
04:18une chose est sûre, c'est que, de fait, on n'est pas préparé,
04:21et on ne souhaite pas, quand on est magistrat, être menacé de mort,
04:23comme, une fois de plus, quand on est policier, quand on est gendarme.
04:27Et vivre protégé, parce qu'ils sont protégés par des policiers, aujourd'hui.
04:29Effectivement.
04:30Et la deuxième chose, enfin, la troisième chose,
04:32c'est que le ministère de la Justice, depuis plusieurs mois,
04:36malheureusement, contraint, face à ces situations,
04:39a mis en place un certain nombre de protocoles,
04:40en lien avec le ministère de l'Intérieur,
04:42pour offrir une double protection aux magistrats qui en ont besoin,
04:46une protection fonctionnelle, c'est-à-dire juridique,
04:48un accompagnement juridique,
04:49et une protection, éventuellement, effectivement, au sens physique du terme,
04:53c'est-à-dire une protection policière.
04:55Alors, vous dites que de nombreuses personnalités politiques,
04:57de premier plan, se sont interrogées sur cette condamnation.
05:01En revanche, il y en a aussi beaucoup qui se sont insurgés,
05:03qui ont parlé d'injustice, de complot.
05:06Est-ce que c'est inquiétant pour notre État de droit
05:07qu'elle se permette des attaques aussi virulentes contre la justice ?
05:10Une fois de plus, mon rôle, à moi,
05:12n'est pas de commenter les commentaires des politiques.
05:16Moi, ce que...
05:16Ça pourrait vous inquiéter, malgré tout ?
05:18Parce qu'il y a eu des mots très forts qui ont été employés ces derniers jours.
05:21Je l'entends, et une fois de plus, mon rôle n'est pas de commenter.
05:25Moi, ce que je souhaite redire, c'est qu'il y a plusieurs aspects.
05:28Un, effectivement, une décision de justice a été rendue.
05:31Le droit de faire appel est un droit absolu, constitutionnel,
05:35même conventionnel,
05:37et que la Cour d'appel est saisie, sera saisie,
05:40et rendra une décision,
05:41et il y aura lieu, à ce moment-là, d'en tirer les conclusions juridiques.
05:44Ensuite, il y a l'aspect débat public.
05:47Une fois de plus, moi, je prends le débat public comme il est,
05:49je n'ai pas vocation à le réformer.
05:51Je pense que, dans une certaine mesure, c'est sain,
05:53dans une démocratie, qu'une décision de justice
05:55nourrisse un certain débat, et notamment...
05:57Vous trouvez que le débat est sain, actuellement ?
05:59Justement, c'est pour ça que je vous dis que ce n'est pas à moi
06:01de commenter ce débat.
06:02Je vous dis juste que, pour le coup, c'est normal,
06:04et je trouve ça sain, que dans un certain cadre,
06:06il y ait un débat autour d'un certain nombre
06:08de dispositions législatives.
06:11Par exemple, le législateur, c'est son rôle,
06:13il dit la loi, et éventuellement, la loi a même vocation
06:15à changer. Je n'ai pas d'avis sur le fait
06:16qu'elles doivent changer ou pas. Je dis juste que c'est le rôle
06:19du législateur, à un moment, de dire
06:20« je souhaite que la loi change parce que je ne la trouve plus
06:23adaptée ». Donc, ce débat-là,
06:24il n'y a pas de difficulté, à mon sens, c'est même
06:27le propre d'une démocratie.
06:29Après, effectivement, certains mots des uns
06:31et des autres peuvent
06:32porter une dimension un peu plus
06:35problématique, ou en tout cas, porter
06:37un certain nombre d'autres sujets, mais une fois de plus,
06:39ce n'est pas mon rôle à moi de les commenter.
06:40Est-ce qu'il n'y a pas un peu de pédagogie, quand même, à faire ?
06:42Est-ce que l'institution judiciaire n'aurait pas un peu
06:44de pédagogie à faire pour expliquer
06:46un jugement, en l'occurrence,
06:50contre un ancien président ?
06:51Alors, je pense que là aussi,
06:52il y a un peu deux niveaux de réponse. Je pense qu'il y a
06:54une très forte mise à niveau qui a été
06:56opérée ces dernières années. Je pense que
06:58les collègues, peu importe ce qu'on pense du fond de la décision,
07:01ont motivé leur décision. Il y a
07:02une feuille de motivation qui est à disposition
07:05et que tout un chacun peut éventuellement
07:07lire. Ensuite, de façon plus générale,
07:09pour s'extraire un peu
07:10du cas
07:13qui nous occupe ce soir,
07:15je pense que dire que l'institution
07:17judiciaire communique bien, ça serait
07:19mentir. Évidemment qu'il y a un problème de
07:20communication au sein de l'institution judiciaire.
07:23Évidemment que l'institution judiciaire
07:25ne communique pas ou communique
07:27mal très souvent et que c'est de nature
07:28à renforcer la rupture de lien avec
07:31nos concitoyens. Ça, c'est un constat objectif.
07:33Alors, il y a un petit effort. Les procureurs, au début d'une
07:35affaire, d'un fait divers, on voit souvent des conférences
07:37de presse des procureurs qui sont, qui mettent
07:39un peu à plein les choses. Mais là,
07:41est-ce qu'il manque pas, justement,
07:43un peu de pédagogie pour expliquer
07:45le jugement, pour donner les concepts ?
07:47Pourquoi l'exécution provisoire ?
07:49Pourquoi 5 ans ? Pourquoi tout de suite ?
07:51Qu'est-ce qui va se passer maintenant ?
07:52Quelles sont les prochaines étapes ? Dans quel délai
07:55vont s'organiser la paix ?
07:57Vous voyez, tout ça, c'est abandonné au fond
07:59aux journalistes qui ont suivi l'audience,
08:00qui ne sont pas très nombreux. C'est abandonné aussi
08:03aux avocats du dossier qui sont partis.
08:05C'est vrai que vous êtes beaucoup allé au front, Laurent Maligny.
08:07En réalité,
08:09il manque une voie.
08:11Il manque une voie judiciaire
08:13exactement comme François Molin
08:15s'avait occupé ce terrain-là
08:16pendant les attentats. Parce que pendant les attentats,
08:19c'était un tel choc pour nous tous
08:20qu'on avait besoin d'entendre quelqu'un nous dire
08:23et nous expliquer ce qui allait se passer.
08:25Et bien là, c'est un peu le même cas.
08:26Regardez, c'était quand même un coup de tonnerre depuis 3 jours.
08:29Ça va durer, puisque Nicolas Sarkozy
08:31va aller en prison. On va vivre
08:32au rythme de sa détention, du parloir de ses proches.
08:36On aurait besoin
08:36d'une voie judiciaire pour nous expliquer,
08:40pour nous donner les clés pour comprendre.
08:42Mais je vous rejoins là-dessus.
08:44Et je pense qu'il y a plein de choses
08:45sur lesquelles l'institution, dans son ensemble,
08:48peut s'interroger
08:49sur la façon dont elle communique aujourd'hui.
08:52Notamment, par exemple, le seul fait
08:53qu'on alloue souvent
08:55l'idée de la communication
08:56dans le monde judiciaire au seul ministère public.
08:59Je crois savoir qu'il y a notamment
09:01un certain nombre de hauts magistrats du siège
09:04qui, demain, sont invités
09:05dans un certain nombre de médias,
09:07demain matin, et qui auront une parole.
09:08Et je trouve que c'est intéressant,
09:10parce que c'est aussi le rôle
09:11des magistrats du siège,
09:12donc concrètement des juges,
09:13et pas seulement des procureurs,
09:15de porter à un moment
09:16une parole pédagogique,
09:17comme vous le dites.
09:18Et je pense que c'est un travail
09:19que toute l'institution doit mener, effectivement.
09:21Alors justement, vous allez nous dire
09:22si ce que dit François Bayrou est intéressant.
09:25L'ancien Premier ministre
09:26s'est exprimé aujourd'hui
09:27au sujet de l'exécution provisoire.
09:30Je ne crois pas qu'il y ait
09:31dans la vie politique française
09:32de responsable qui ait affronté
09:35Nicolas Sarkozy face à face
09:37et avec autant de vigueur
09:41que j'ai été amené à le faire.
09:43Il faut protéger les juges,
09:46et Marc l'a dit,
09:47je trouve qu'il faut respecter
09:49les décisions,
09:50mais qu'on a le droit
09:51de se poser des questions
09:52sur une disposition,
09:54qui est l'exécution provisoire.
09:55Si on adopte
09:57la généralisation
09:58du principe
09:59de l'exécution provisoire,
10:01ça veut dire
10:01qu'il n'y a plus
10:02d'appel possible.
10:04Il y a un appel théorique,
10:06mais il n'y a pas
10:06d'appel réel.
10:08Monsieur Stroopkane,
10:09est-ce qu'on a des statistiques
10:11sur le pourcentage
10:12de condamnations
10:12pour associations
10:13de malfaiteurs
10:14qui sont assorties
10:15de l'exécution provisoire ?
10:16Les statistiques
10:17en la matière,
10:18ce n'est pas
10:19que je ne veux pas vous les donner,
10:20c'est qu'honnêtement,
10:20c'est compliqué.
10:22Je ne suis pas sûr
10:22que comparaison soit raison.
10:24Maintenant,
10:24ce que je vous disais avant
10:25pour faire le lien
10:27avec ce qui vient d'être dit
10:28par l'ancien Premier ministre,
10:29c'est que,
10:30pour le coup,
10:31un homme politique
10:31est dans son rôle
10:33s'il souhaite,
10:34à un moment,
10:35modifier éventuellement
10:36la législation.
10:37Je rappelle juste
10:37qu'à date,
10:39pour le coup,
10:39si l'exécution provisoire
10:40existe dans ces décisions,
10:42c'est parce que le législateur
10:43a porté un certain nombre
10:44de textes
10:44où il a choisi
10:45de les mettre en vigueur.
10:46est libre à lui,
10:48pour le coup,
10:49de modifier la législation
10:50et ça peut être tout à fait
10:51un débat sain
10:52et démocratique
10:53au sein du Parlement,
10:55un débat politique
10:56et là,
10:56pour le coup,
10:57les magistrats
10:57s'adapteront
10:58à cette nouvelle législation.
10:59C'est un débat
10:59qu'on pourrait avoir.
11:00Mais Laurent Valdigui,
11:01on a le sentiment
11:02que tant que ça ne concernait
11:03pas des personnalités politiques
11:04de premier plan,
11:05l'exécution provisoire,
11:06elle ne gênait personne,
11:07finalement.
11:08Je crois que le chiffre,
11:09c'est 85%
11:10des condamnations
11:11en première instance
11:11qui sont assorties
11:12d'une mesure
11:13d'exécution provisoire.
11:15Il a dit qu'il ne voulait pas
11:16donner le chiffre.
11:17Non, il a dit
11:18que la question
11:20était plus précise,
11:21c'était d'association
11:22de malfaiteurs.
11:23C'est un sujet complexe.
11:24Je crois que la justice civile,
11:26c'est 100%
11:26des décisions civiles
11:27qui sont tout de suite exécutées.
11:29En fait,
11:29l'exécution provisoire,
11:31c'est d'une immense banalité
11:34au quotidien.
11:36Il n'y a pas de débat.
11:38C'est pour ça que
11:39cette voie la manque
11:41pour expliquer les choses
11:43de façon...
11:43C'est toujours un peu plus complexe
11:46qu'on le résume à chaud.
11:50Et c'est vrai que dire aujourd'hui
11:51qu'il faudrait supprimer
11:52l'exécution provisoire,
11:53quand on en discute
11:54avec des magistrats,
11:55en général,
11:56les bras leur en tombent.
11:58Tellement cette suppression
11:59n'aurait aujourd'hui
12:00aucun sens.
12:01Tous les jours,
12:02en correctionnel,
12:03il y a des gens
12:04qui sont envoyés en prison.
12:06Et c'est vrai que c'est une entorse
12:07en première instance.
12:08Et c'est vrai que c'est une entorse
12:09de papier
12:10à leur présomption d'innocence
12:12et au deuxième degré
12:13de juridiction.
12:14Alors,
12:15c'est vrai que la neutralité
12:16de la justice,
12:17elle est beaucoup remise
12:17en cause.
12:18En ce moment,
12:19je voudrais qu'on écoute
12:19Éric Dupond-Moretti,
12:21l'ancien garde des Sceaux.
12:21C'est pas parce qu'un magistrat
12:25a des opinions politiques
12:26qu'il est un pourri.
12:28Et le grand magistrat,
12:30c'est celui qui sait faire
12:31la part des choses.
12:31Et moi,
12:31j'affirme que
12:32la grande majorité
12:34des magistrats
12:35savent faire la part des choses.
12:36Et puis,
12:37encore un mot,
12:38la mauvaise foi
12:39ne se présume pas.
12:40C'est pas parce que
12:41la décision ne vous convient pas
12:42qu'il faut dire
12:43que le juge est un pourri.
12:45Et c'est à la mode
12:47cette contestation
12:48de tout ce qui est
12:49état de droit.
12:51Sauf que ce n'est pas
12:52l'avis de Marion Maréchal.
12:54Elle a une idée
12:54pour rendre la justice
12:55totalement neutre.
12:56Écoutez.
12:58Je suis pour l'interdiction
13:00de la syndicalisation
13:00des magistrats.
13:01L'interdiction ?
13:02Oui, absolument.
13:02Je pense que
13:03quand on a la responsabilité
13:05de la vie
13:06d'individus,
13:07on doit faire apparaître
13:09une neutralité
13:10personnelle,
13:11politique, totale.
13:12Il y a une dérive,
13:13me semble-t-il,
13:14de ce qui est censé être
13:15simplement une défense
13:16professionnelle
13:17vers une politisation.
13:18Je pense qu'il faut
13:19interdire cela.
13:19Je pense que le statut
13:20aujourd'hui de la magistrature
13:21devrait induire
13:23de par l'importance
13:25qu'elle a dans la société
13:26et l'attribut de ses fonctions
13:27de ne pas pouvoir
13:28se syndiquer.
13:29Sacha Stropkan,
13:30est-ce que l'appartenance
13:31syndicale des magistrats
13:32est susceptible
13:33d'influencer leur opinion ?
13:35Alors, non.
13:36Évidemment que les magistrats
13:38ne sont pas...
13:38Leur décision,
13:39je voulais dire.
13:39Oui, bien sûr.
13:40D'ailleurs,
13:41c'est assez étonnant,
13:42je trouve,
13:42cette façon de voir les choses
13:44puisque souvent,
13:44on reproche aux magistrats
13:45d'être hors sol,
13:46d'être dans leur tour d'ivoire
13:47et en même temps,
13:48quand on leur reproche
13:50leur appartenance
13:50éventuellement syndicale
13:52ou politique,
13:52on leur reproche justement
13:53d'être trop empêtrés
13:54dans leurs opinions.
13:55Donc, évidemment que,
13:57pour le coup,
13:58les magistrats sont
13:59comme tout le monde,
13:59ils ont éventuellement
14:00des opinions.
14:01toute l'art de ce métier,
14:03entre guillemets,
14:04c'est d'essayer
14:04de s'en départir
14:05au moment où
14:06on rend une décision
14:07et où on juge le droit.
14:10Alors, évidemment,
14:10ce n'est pas une science exacte,
14:11vous dire le contraire
14:12serait mentir,
14:14mais par contre,
14:14c'est effectivement
14:15ce qu'on apprend
14:16quand on est magistrat,
14:17c'est ne pas laisser interférer
14:18des opinions personnelles
14:19dans une décision de justice.
14:21Donc, voilà,
14:22Marion Maréchal-Le Pen
14:23a l'opinion qu'elle a,
14:24mais je ne suis pas sûr
14:25que le nœud du problème
14:26soit ici.
14:27– C'est vrai que ça revient
14:28assez régulièrement,
14:29Laurent Valdigui.
14:29– Oui, mais là,
14:30je me fais le porte-parole
14:31du porte-parole.
14:32C'est le métier de magistrat
14:34de s'abstraire justement
14:35de ses convictions personnelles
14:37et de juger.
14:38D'abord,
14:38il n'est jamais tout seul,
14:39le magistrat,
14:40ils sont trois
14:41et puis ils savent
14:42que derrière eux,
14:43il y en aura trois autres.
14:44C'est de juger
14:45indépendamment
14:46de ses convictions.
14:47On ne peut pas laisser
14:48sous-entendre
14:49que la justice au quotidien
14:50se fait en fonction
14:51des convictions
14:52des uns et des autres.
14:53Sinon,
14:53ça serait une justice
14:54bananière,
14:55ce qui fait l'honneur
14:57de notre magistrature,
14:58c'est qu'on a des magistrats
14:59d'une grande honnêteté,
15:01il faut le dire,
15:02il y en a assez peu.
15:02Pour le coup,
15:03les statistiques,
15:04elles sont,
15:05je ne les ai pas en tête,
15:06mais il y a quand même
15:07assez peu.
15:07– On fait une que vous n'avez pas.
15:08– Non, mais parce qu'ils sont
15:10menacés.
15:12Il y a des délits
15:13qui sont prévus
15:14de récusation,
15:15de suspicion légitime.
15:17S'il y a de moindres soupçons
15:18de collusion familiale
15:20ou autre,
15:20les magistrats,
15:22ils se déportent.
15:23Et s'ils ne se déportent pas,
15:24ils seront déportés.
15:26Ce n'est pas la petite semaine.
15:28– Tout à fait.
15:29Et pour rebondir
15:29sur ce que vous dites,
15:30je pense qu'il faut aussi
15:32que tout un chacun
15:33puisse entendre
15:34qu'effectivement,
15:35le système judiciaire
15:36est bien fait,
15:37qu'il est rempli
15:38de garde-fous
15:39pour éviter
15:40ces dérives éventuelles.
15:42Et c'est justement
15:43pour éviter ces dérives
15:45et pour garantir
15:46l'état de droit
15:47qu'est conçu ce système
15:49avec notamment
15:50la collégialité,
15:51mais aussi le fait
15:51que, comme vous le disiez,
15:52on peut éventuellement
15:53récuser son juge
15:54si on considère
15:55qu'il y a une difficulté.
15:57Et donc,
15:57c'est d'autant plus pour ça,
15:58pour revenir au sujet initial,
15:59qu'en vérité,
16:01c'est inacceptable,
16:02c'est déjà inacceptable de base,
16:03mais c'est inacceptable
16:04de s'en prendre
16:05soit physiquement,
16:06soit intellectuellement
16:07à travers des menaces
16:08à des magistrats
16:09puisque le système
16:10tout entier
16:10est conçu
16:11pour éviter justement
16:12d'en arriver là,
16:13éviter d'arriver
16:15à cette forme d'arbitraire
16:16et éviter en vérité
16:17qu'on en soit
16:18dans une relation
16:19quasi personnelle
16:20à son juge.
16:21Alors moi,
16:21j'ai un petit regret
16:22et une petite question.
16:23Mon petit regret,
16:24c'est que ce procès libyen,
16:25ces 38 audiences,
16:26n'aient pas été filmées,
16:28que ça ne soit pas,
16:29c'était des pages d'histoire
16:30à chaque audience.
16:31On aurait dû filmer ça.
16:33D'ailleurs,
16:33Éric Dupond-Moretti
16:34avait un projet
16:34pour rendre publiques
16:36ces audiences
16:37en les filmant,
16:38alors pas en les diffusant
16:39forcément en direct.
16:40Là, ma question,
16:41ça c'est mon regret,
16:42ma question,
16:42c'est est-ce que vous,
16:43à titre personnel,
16:45est-ce qu'on peut imaginer
16:47que le procès en appel,
16:48parce qu'il y aura
16:49un procès en appel,
16:50il soit filmé ?
16:51Ce que peut vous dire
16:52le porte-parole
16:53du ministère de la Justice,
16:54c'est qu'il y a
16:55un cadre légal précis
16:56qui a été allégé,
16:57effectivement,
16:58par l'ancien garde des Sceaux,
17:00Éric Dupond-Moretti,
17:01et que soit ça doit être
17:02un procès historique,
17:03auquel cas,
17:04c'est effectivement
17:05la question qui peut se poser,
17:07soit qu'on soit
17:08dans le cadre
17:09d'une audience
17:09dite pédagogique,
17:10c'est-à-dire que soit autorisé,
17:12mais la condition pour ça,
17:13c'est que les parties,
17:14notamment,
17:15ne soient pas reconnaissables.
17:16Je ne suis pas sûr
17:16que là,
17:16en l'espace,
17:17on remplisse les conditions.
17:19Donc, je ne suis pas sûr
17:20que le cadre légal
17:21le permette.
17:22Ensuite,
17:22il y a une question
17:22d'opportunité en la matière,
17:24mais effectivement,
17:25pourquoi pas ?
17:26En tout cas,
17:26c'est une question
17:27que vous posez
17:28et je vous la laisse.
17:31Mais effectivement,
17:32les audiences filmées
17:34sont aujourd'hui
17:34un peu allégées,
17:35mais ça reste un cadre
17:36très restrictif
17:37parce que,
17:38tout simplement,
17:39je suppose que personne
17:40ne souhaite qu'on arrive
17:41dans une espèce
17:41de justice à l'américaine
17:43où, depuis son salon,
17:44on puisse suivre en direct
17:45une procédure judiciaire.
17:46Merci beaucoup,
17:47M. Stroopkan,
17:48d'avoir accepté
17:49notre invitation
17:49sur ce plateau.
17:50Merci à vous.
17:51Merci.
17:52Merci.
17:53Merci.
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