- il y a 3 mois
Aujourd'hui, c'est au tour de Hubert Guérin, ancien collaborateur de Geneviève de Fontenay, auteur de "Miss France, du rêve à la réalité" aux éditions Vérone, de faire face aux GG. - L’émission de libre expression sans filtre et sans masque social… Dans les Grandes Gueules, les esprits s’ouvrent et les points de vue s’élargissent. 3h de talk, de débats de fond engagés où la liberté d’expression est reine et où l’on en ressort grandi.
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00:00R.M.C. Face aux grandes gueules
00:03Vous avez commencé à entendre parler de ce livre qui se vend très bien d'ailleurs.
00:10Oui tout à fait, il est en rupture de stock.
00:11Rupture de stock, c'est Miss France, du rêve à la réalité aux éditions Veyron.
00:15C'est Hubert Guérin qui est avec nous, ancien collaborateur de Geneviève de Fontenay.
00:19Et vous révélez un certain nombre de choses dans votre livre, c'est pas très rose.
00:24C'est le MeToo des Miss France ?
00:26Oui, c'est le MeToo des Miss France aujourd'hui, un MeToo nécessaire.
00:30J'ai souhaité avec l'accord de Geneviève de Fontenay en 2020 raconter la véritable histoire,
00:35l'histoire méconnue de cette institution qui fait rêver les Français depuis près de 40 ans.
00:41Et c'est une enquête de 5 ans, une enquête longue.
00:43Alors je ne suis pas journaliste, je ne suis pas procureur, je ne suis pas enquêteur,
00:46mais j'ai pris le temps véritablement de pénétrer les coulisses de cette institution
00:50dont j'ai moi-même d'une certaine manière fait partie.
00:53Vous avez été le collaborateur personnel pendant des années de Geneviève de Fontenay.
00:57Vous faisiez quoi précisément ?
00:58Oui, tout à fait. En fait, moi j'étais son collaborateur entre 2013 et 2023.
01:01J'ai d'abord été chargé de ses réseaux sociaux, donc je faisais des publications.
01:05Puis au fur et à mesure, j'ai pris en charge ses relations presse, je l'accompagnais en déplacement
01:09et j'ai notamment participé à sa dernière tournée de Miss avec le concours Miss Prestige Nationale.
01:15Et c'est à cette occasion-là, pardon, excusez-moi, justement,
01:18que j'ai pu pénétrer les coulisses de concours de beauté au global
01:21parce que mon enquête, et je tiens le souligner, ne concerne pas que Miss France.
01:24Évidemment, bien sûr, le but c'est de raconter une histoire de Miss France,
01:27mais ça concerne les concours de beauté au global,
01:30qui sont des institutions dans les régions, qui sont des institutions dans les départements,
01:35dans les villes, qui font partie du tissu associatif local et qui sont extrêmement importants.
01:40Vous recueillez le témoignage de 60 anciennes Miss ou candidates régionales, encore vivantes,
01:45qui racontent des expériences de harcèlement, d'agression sexuelle, de pression psychologique.
01:52Vous citez une Miss France élue, je suis violée quelques heures plus tard dans ma chambre,
01:58le lendemain de mon sacre, je suis forcé à faire une fellation,
02:02des attouchements, des mains sur les fesses, etc.
02:05Pourquoi tout ça, finalement, on ne l'a pas su ?
02:10On ne l'a pas su parce que Miss France est une industrie qui vend du rêve.
02:14Et l'objectif de Miss France, c'est de vendre ce rêve aux téléspectateurs
02:17et aux personnes qui sont présentes dans les élections locales et départementales.
02:21Dès la petite locale, la couronne de Miss France est en perspective.
02:24Et moi, je ne suis pas allé chercher ces témoignages pour faire du buzz de l'entend depuis plusieurs jours dans les médias.
02:29Non, en réalité, j'ai eu une démarche d'écoute.
02:31J'ai écouté les rênes de beauté qui sont venues me raconter leur vie
02:35et je me suis rendu compte au fil de ces 50 enquêtes
02:37qu'il y avait une véritable omerta sur les violences sexuelles dans les concours de beauté.
02:41Comment peut-on aujourd'hui faire croire qu'un concours de beauté
02:44où les candidats défient dans les plus petites scènes du pays en maillot de bain,
02:47il ne s'est rien passé en près de 60 ans ?
02:48Vous dites qu'on faisait pression sur les candidats pour les dissuader de témoigner,
02:53de porter plainte, parce qu'on allait nuire à la région,
02:56on allait nuire à l'institution, Miss France.
02:58Exactement, j'ai d'ailleurs eu des informations sur un comité qui est actuellement
03:02sous le coup de plusieurs enquêtes journalistiques
03:03où des Miss ont été contraintes de signer des documents
03:07selon lesquels, si elles parlaient, si elles dénigraient le comité,
03:10notamment sur les questions d'agression sexuelle,
03:12on déposerait plainte contre elles.
03:14Le concours Miss France est le seul concours où on vire les victimes
03:17et non pas les agresseurs, et c'est inadmissible.
03:20Aujourd'hui, on a 15 500 candidates qui, chaque année, se présentent
03:24à des concours de beauté, on ne peut pas envoyer chaque année 15 500 candidates
03:27dans la bouche de prédateurs sexuels.
03:29Le problème de votre livre, c'est que ce sont souvent des témoignages anonymes,
03:33donc ça c'est un peu la limite, et puis surtout, parfois vous mentionnez
03:36des Miss en donnant leur nom, comme Camille Cerf,
03:41qui elle a démenti, elle assure même n'avoir jamais été en contact avec vous.
03:46Oui, alors là, les Miss France répondent à des consignes de la société Miss France,
03:49je crois qu'il faut le révéler.
03:50Non, alors, elle ne ment pas, effectivement, je n'ai pas été en contact
03:54directement avec Camille Cerf, mais moi je suis historien,
03:56c'est-à-dire qu'en tant qu'historien, pour écrire un livre sur l'histoire
03:59de Miss France, il était important que les 60 Miss France aient leur place
04:02dans l'ouvrage, et donc j'ai utilisé deux types de sources,
04:04des sources que l'on dit de première main, des interviews,
04:07et des sources de seconde main, qui peuvent être notamment des reprises de presse.
04:10Les Miss qu'aujourd'hui critiquent l'ouvrage, notamment Sylvie Tellier,
04:12Camille Cerf et Laurie Tillemagne en un certain nombre,
04:15elles réagissent en protégeant la société Miss France
04:17au détriment des victimes, elles réagissent surtout sans avoir
04:20lu l'ouvrage, puisque si Camille Cerf avait lu l'ouvrage,
04:23elle aurait vu qu'effectivement, je ne parlais pas d'agression sexuelle
04:25durant le concours, mais je parlais bien du harcèlement de rue
04:27dont elles sont victimes après l'élection.
04:29Et ça leur raconte tout. Ce qui est quand même important de mentionner,
04:31c'est que toutes les Miss France que j'ai pu rencontrer,
04:34c'est-à-dire un certain nombre, notamment jusqu'en 2010,
04:36date d'arrêt du concours avec Madame de Fontenay,
04:40tout le monde décrit des mains aux fesses,
04:42des réflexions graveuses, du harcèlement sexuel.
04:45Simplement, à cette époque-là,
04:46il y a 20, 30 ou 40 ans,
04:48la société ne portait pas le même regard
04:51sur ces faits-là, et aujourd'hui,
04:52je ne comprends pas comment la société Miss France
04:55a pu passer à ce point-là,
04:57à côté du MeToo,
04:58dans le monde du cinéma, dans le monde du sport,
05:00dans l'église, dans l'éducation,
05:02comment est-ce qu'un concours de beauté,
05:04aussi important que Miss France, peut continuer
05:06à agir de la sorte en région,
05:08et ne pas contrôler les délégations ?
05:10Le problème, en fait, ne se situe pas au niveau de Miss France.
05:12Effectivement, depuis 15 ans,
05:13les Miss France sont protégées,
05:15et j'ai envie de vous dire, encore heureux,
05:16heureusement que Miss France 2025 n'est pas violée dans la rue.
05:18Heureusement.
05:19Mais ce sont les comités régionaux.
05:21Tout à fait, c'est-à-dire que les comités régionaux
05:23sont des associations loi 1901,
05:25qui n'ont pas de lien de subordination
05:26avec la société Miss France,
05:28et donc très peu de contrôle.
05:30On va rentrer dans la dernière phase
05:31des élections régionales pour Miss France 2026.
05:34Il est impératif aujourd'hui
05:35que la société Miss France
05:37contrôle la sécurité des candidats.
05:39Quand on demande à des associations locales
05:41de verser 3 000 euros,
05:42à une société qui fait plusieurs millions d'euros
05:44de bénéfices sur un concours,
05:46est-ce que ces 3 000 euros,
05:47on ne peut pas les utiliser
05:48pour mettre de la sécurité
05:49au service des candidats ?
05:51Moi, c'est ça, aujourd'hui, que je dénonce.
05:52Et oui, c'est un MeToo Miss France.
05:53Mais effectivement, je termine juste.
05:55Effectivement, c'est important de le dire,
05:57ce MeToo Miss France,
05:58parce que...
05:58Mais pourquoi les Miss ne parlent pas directement ?
06:00Les Miss ne parlent pas directement ?
06:02Parce que le MeToo, par définition,
06:03c'est la victime qui prend la parole
06:05et qui dit, voilà, j'ai été victime,
06:07moi aussi, et je raconte.
06:09Pourquoi elles ne parlent pas ?
06:10Parce qu'il y a une omerta.
06:12Parce qu'elles ont des pressions.
06:13Il y a encore une omerta là-dessus ?
06:14Il y a une omerta.
06:16Il y a des pressions.
06:17Elles ne peuvent pas parler.
06:18Mais pourquoi ?
06:18Parce qu'une ancienne Miss France,
06:19quelle est la pression exercée ?
06:22Tu vois, une ancienne Miss France...
06:22Parce qu'elles ont besoin
06:23de leur image Miss France, tout simplement,
06:25parce qu'elles sont encore contactées,
06:26aujourd'hui, par les comités,
06:28pour aller présider un jury,
06:29pour aller faire un défilé de mode,
06:30pour avoir un contrat avec une marque
06:32pour faire de l'influence sur Instagram.
06:34Donc, il fallait quelqu'un
06:35qui brise cette omerta.
06:37Je suis cette personne,
06:38parce que j'ai rencontré
06:38trop de candidates
06:39qui m'ont décrit des violences sexuelles.
06:41Je n'en parle pas pour faire du boeuf.
06:43J'en parle parce que c'est un problème
06:44qui est réel au sein des concours.
06:46Par contre, il y a un point important.
06:47Je ne dénonce pas des violences systémiques.
06:50C'est-à-dire que je n'accuse pas,
06:52aujourd'hui, le concours Miss France
06:53d'organiser les violences sexuelles.
06:54Qu'on soit très clair.
06:55Mais qui commette ces violences ?
06:57Ce sont les faits de prédateurs sexuels,
06:59identifiables et identifiés.
07:01Qui sont où ?
07:01Qui font partie de l'aéropage Miss France.
07:03Qui sont dans l'organisation ?
07:05Tout à fait.
07:05Alors, pas forcément membres de l'organisation,
07:07mais ils ont leur carte d'adhésion
07:08au comité associatif local.
07:10Ils sont encore en place ?
07:11Pour certains, ils sont encore en place.
07:12Parfois même, certains sont incarcérés.
07:14Aujourd'hui, je peux vous donner une information.
07:16Il y a un agresseur de Miss
07:17qui est aujourd'hui incarcéré
07:18parce qu'une Miss a déposé plainte.
07:20Donc effectivement, ce sont des faits graves
07:21et ce sont des gens qui sont utiles
07:23à ces comités locaux
07:25parce qu'en échange de quelques photos,
07:27ils vont mettre en valeur les candidats.
07:29Et puis surtout, les Miss,
07:30quand elles sont agressées,
07:31elles ont 17, 18, 19, 20 ans.
07:33Elles rêvent de la couronne de Miss France
07:35et le piège se reforme sur elles.
07:37Et je voudrais quand même dire un mot
07:38sur la mécanique du silence
07:39dans les concours de beauté
07:40parce qu'il y a quand même
07:41des éléments qui sont propres.
07:43Qu'on ait une couronne ou pas,
07:44qu'on soit Miss ou pas,
07:45on a la peur, la peur de parler,
07:47la peur de ne pas être cru.
07:48Mais quand on est Miss,
07:50on a aussi la peur de perdre la compétition.
07:52C'est-à-dire que toutes se disent
07:53si moi je dis que j'étais agressée,
07:55alors je ne remporterais pas la couronne.
07:58Également, il y a un autre élément,
08:00on va trouver la peur de la pression.
08:02C'est-à-dire que cette pression-là,
08:04elle est réelle sur les candidats.
08:05Et puis on a peur également
08:07de la médiatisation.
08:09À partir du moment où une Miss
08:10est capable de garder le silence
08:11pendant un an,
08:12alors on peut le garder toute une vie.
08:14Et c'est ce silence-là
08:15qu'il faut briser.
08:16Je ne vais pas faire ma wokiste,
08:18mais tout ça est quand même
08:19grandement sexiste,
08:21sans rentrer dans le détail
08:22de qui dit vrai,
08:24pourquoi on n'a pas porté plainte,
08:26où sont les noms, etc.
08:28Je ne rentrerai pas dans ce détail
08:30puisque c'est un autre domaine.
08:32Mais ce que ça m'inspire
08:34en tant que femme,
08:35déjà, c'est que ce concours
08:37est diablement sexiste
08:39et insupportable,
08:40déjà, pour commencer.
08:42C'est un autre temps,
08:43c'est un autre âge.
08:44La beauté des femmes,
08:45c'est autre chose aujourd'hui.
08:47Aujourd'hui, on cherche une liberté,
08:49une liberté du corps,
08:50une liberté de la manière
08:52dont on est
08:53et on est comme on est.
08:54Et c'est ça qu'on essaye
08:55d'inculquer aux petites filles
08:56aujourd'hui,
08:57c'est de ne pas ressembler
08:58à quelque chose,
08:59à une norme ou un stéréotype
09:00qui plairait éventuellement
09:02à toute une société
09:03et à des prédateurs.
09:05Une fois qu'on a dit ça,
09:06je trouve très intéressant,
09:09en dehors de la véracité des faits,
09:12de soulever la problématique
09:14du harcèlement sexuel,
09:15y compris dans cette institution
09:17qui a été portée
09:18par une grande dame
09:19qui était, dans son temps,
09:22attachée à la beauté des femmes.
09:24C'était son temps,
09:24je n'ai pas à le juger.
09:26Donc, ce n'est pas grave
09:28que vous disiez vrai,
09:29que ce soit anonyme ou pas,
09:31vous posez une problématique
09:33et peut-être qu'elle va protéger
09:34les futurs candidates.
09:37Moi, mon espoir,
09:38c'est que ce concours disparaisse.
09:40Toi, tu n'aimes pas ce concours.
09:41Qu'il disparaisse.
09:43C'est quoi ce truc
09:45de prendre cinq gamines
09:46et de dire laquelle est la plus belle ?
09:49C'est quoi la beauté d'un individu ?
09:51Est-ce que vous défendez encore
09:52le principe des Miss ?
09:53Vous qui avez collaboré
09:54avec Geneviève pendant des années.
09:56Tout à fait, ce livre-là,
09:57et vous le dis très bien,
09:58je ne suis pas là
09:58pour me faire le procureur
09:59d'une institution
10:00que je vais continuer à défendre.
10:02Je pense au contraire
10:02que les concours de Miss
10:03permettent aujourd'hui
10:04aux jeunes filles
10:05d'apprendre à se maquiller,
10:07d'apprendre à s'habiller,
10:10d'apprendre à parler en public,
10:11etc.
10:11Ce sont des instances
10:12de socialisation secondaire
10:14qui sont extrêmement importantes,
10:15notamment dans les campagnes.
10:17Après, effectivement,
10:17j'entends le fait
10:19qu'aujourd'hui,
10:19Miss France peut être accusée
10:20de sexisme, effectivement.
10:22Mais depuis le temps
10:23le concours a évolué.
10:24Oui, mais le concours a évolué
10:26tout de même.
10:26Mais aujourd'hui,
10:27il n'y a pas toujours
10:27des records d'audience.
10:28Il y a encore des records d'audience,
10:30mais on voit aussi
10:30des jeunes filles
10:31qui retirent des éléments positifs
10:32de ces concours.
10:33Donc, je ne pense pas
10:33qu'il faille que le concours
10:34soit appelé à disparaître.
10:35En tout cas, moi,
10:36ce n'est pas mon objectif.
10:37Ce que je veux simplement,
10:38c'est que le concours
10:38entame une nouvelle ère
10:39et que les jeunes femmes
10:41soient protégées.
10:42Exactement, c'est-à-dire
10:42que Madame de Fontenay,
10:43c'était une femme de son temps
10:44qui a porté le concours très haut.
10:53puisse rimer avec l'évolution
10:55de la société.
10:56C'est très bien de moderniser
10:57à l'écran,
10:58c'est très bien de moderniser
10:58les musiques,
10:59de mettre des paillettes,
11:00de faire des communiqués de presse,
11:01d'accord.
11:01Mais au-delà des mots
11:02et des images,
11:03il faut des actes.
11:03Et là, il faut que le concours
11:04rentre dans une nouvelle dimension.
11:06Abel ?
11:06Alors, moi, je fais partie
11:07de ces personnes
11:08qui n'aiment pas les concours
11:09de beauté aussi
11:10pour les mêmes raisons.
11:11Cette espèce d'étalage
11:13de femmes-objets
11:14à qui...
11:14Il a été candidat
11:14à Mister France.
11:17Il a été candidat
11:17à Mister France
11:18C'est comme il n'a pas été sélectionné
11:19depuis, il est contre.
11:20Mais cette espèce d'étalage
11:22de femmes-objets
11:22à qui on demande
11:23de dire pendant une minute
11:25qu'elles détestent la guerre
11:26et qu'elles aiment l'amour,
11:27moi, ça m'horripile.
11:28Et pourtant,
11:29à chaque année,
11:31je suis ostracisé chez moi
11:32parce que c'est une sorte
11:33de grande messe.
11:34J'ai lu le bouquin,
11:35je tiens à le dire pourquoi.
11:37Moi, j'ai aimé
11:38l'amour que vous avez
11:39pour Geneviève de Fontenay
11:40qui vraiment transpire dedans.
11:42Et puis l'aspect
11:43de l'évolution sociologique,
11:45c'est-à-dire 1920,
11:46qu'est-ce que ça a apporté
11:47après la Première Guerre mondiale ?
11:49Après la Deuxième Guerre mondiale,
11:50l'arrivée à la télévision
11:52France 3, puis TF1,
11:53la révolution Sophie Talman
11:54qui a été la première mise
11:55à demander
11:56à être rémunérée
11:57par un salaire
11:58et pas juste
11:59par des cadeaux ou autre.
12:01L'arrivée dans des molles,
12:03les tensions
12:03avec Xavier de Fontenay
12:05et Sylvie Tellier.
12:06Il y a une chose
12:07qui m'a gêné
12:07parce que j'ai lu le livre
12:09et je le répète,
12:10c'est un excellent livre
12:11que je recommande.
12:12Je suis un acteur de terrain,
12:13je travaille beaucoup
12:14sur la question
12:15des agressions sexuelles,
12:16des viols et compagnie,
12:17avec Zora,
12:17on travaille beaucoup dessus.
12:19Je vois que
12:20la communication
12:21qui a été faite dessus
12:22dans les médias,
12:23en réalité,
12:23et vous le savez très bien,
12:25c'est un paragraphe
12:26de 11 lignes et demie,
12:27page 234.
12:28– Exactement.
12:29– Ce n'est que ça.
12:30– C'est-à-dire que moi,
12:31quand j'ai lu le bouquin,
12:32j'ai même été déçu
12:33de ce côté-là.
12:34Par contre,
12:34il est vrai qu'après,
12:35vous prenez une page et demie
12:36pour parler notamment
12:37de l'amnésie traumatique
12:39avec notamment
12:40un cas qui m'a bouleversé
12:41d'une mise
12:42qui a été agressée sexuellement.
12:44Son cerveau l'avait occulté.
12:45C'est quand elle regarde
12:46la cérémonie de Miss France
12:47avec sa fille
12:48que tout rejaillit
12:49et qu'elle fait une crise.
12:50La chose qui me gêne,
12:51et je vais vous poser
12:52mes deux questions
12:53très rapidement,
12:53et promis,
12:54je ne vous couperai pas
12:54la parole dans vos réponses,
12:56c'est pourquoi utiliser
12:57de façon putaclique
12:59le viol,
13:00qui pour moi
13:00est une arme de guerre
13:01qui humilie,
13:02qui détruit et qui tue
13:03pour faire la promo du bouquin,
13:05parce que le bouquin,
13:05il est très riche,
13:06il ne parle pas que de ça,
13:07très honnêtement.
13:08Et deuxième chose,
13:09il y a le cas Valérie Beg,
13:10où vous en parlez dedans,
13:12si dans le livre,
13:13où il est écrit
13:15que Entrevue est au courant
13:16deux jours avant
13:17qu'elle sera nommée Miss France,
13:19qui est un journaliste
13:20qui les appelle
13:20par rapport aux photos sexy.
13:22Est-ce qu'on peut dire
13:23que sur certaines années,
13:25le comité Miss France
13:26a trahi les Français
13:27parce que les dés
13:28étaient pipés en avance ?
13:29Donc voilà.
13:30Alors deux questions.
13:31– Alors je vais répondre
13:32d'abord à la première question.
13:35Moi je n'ai pas cherché
13:36à faire un livre putaclic,
13:38à mettre en valeur
13:39certaines citations.
13:39– Non, moi je parle
13:40de la communication
13:41sur la promotion
13:42parce qu'en réalité
13:43les agressions sexuelles
13:44on en parle très très peu,
13:45même quand on parle
13:46du Me Too Miss France.
13:47– Ce n'est pas l'essentiel
13:48du livre alors.
13:48– Oui, exactement.
13:49C'est important de le rappeler,
13:50je vous remercie,
13:51le livre fait 500 pages,
13:52les agressions sexuelles
13:53c'est 11 lignes.
13:54Simplement,
13:55effectivement bien sûr
13:55les médias se sont engouffrés
13:57sur le sujet.
13:57– Parce que c'est la première fois
13:58qu'on en parle publiquement
14:00et parce que j'ai aussi
14:02été le collaborateur
14:03de Geneviève de Fontenay
14:04et que j'ai aussi
14:04d'une certaine manière
14:05fait partie de cette institution.
14:07Et si aujourd'hui
14:07les médias en parlent longtemps
14:08c'est parce que ça permet
14:09aussi de libérer la parole.
14:11Depuis notamment
14:12l'émission TBT9
14:14sur une chaîne concurrente
14:15je reçois
14:16et d'autres Miss
14:17reçoivent également
14:17de très nombreux témoignages
14:19de Miss
14:19qui ont été agressées
14:20sexuellement dans le cadre
14:21des concours.
14:22Pas plus tard qu'hier
14:23à la gare
14:24en prenant le train
14:24j'ai été interpellé
14:25par une dame
14:25qui m'a dit
14:26mais grâce à votre livre
14:27ma fille m'a avoué
14:28qu'elle avait été embêtée
14:29par un membre de comité.
14:30Embêtée c'est le terme
14:31qui est utilisé
14:32diplomatique
14:34pour exprimer des souffrances.
14:36Donc effectivement
14:37l'objectif n'était pas
14:38de faire la promotion
14:38uniquement sur ces faits-là
14:40mais forcément
14:41de fait les médias
14:42sont choqués.
14:42Vous en parliez plus
14:43parce que vraiment
14:43il y a des cas
14:44qui sont très forts.
14:45Alors pourquoi
14:45j'en ai pas parlé plus ?
14:46Parce que je ne voulais
14:47absolument pas
14:48que le livre soit réduit à ça.
14:49Le livre c'est
14:50100 ans d'histoire
14:50100 ans d'une institution
14:52populaire, culturelle,
14:53télévisuelle, patrimoniale
14:54Mais vous voulez rien cacher en fait.
14:57On réduise le concours
14:58aux agressions sexuelles
14:59parce que l'histoire de Miss France
15:00c'est aussi une très belle histoire.
15:02Une couronne qui continue
15:03de faire rêver
15:03et qui doit continuer
15:04à faire rêver.
15:05Je réponds quand même
15:06sur la question
15:06de l'anonymat des victimes.
15:07Je pense que c'est
15:08extrêmement important.
15:09Moi je ne suis pas allé
15:10chercher ces informations.
15:11Je ne les ai pas interviewées
15:12sur les agressions sexuelles.
15:14C'est venu au fil
15:14de nos entretiens
15:15qui étaient en général
15:16relativement longs
15:17et elles m'ont demandé
15:18de protéger leur anonymat.
15:19Je l'ai fait pour deux raisons.
15:20La première parce que je pense
15:21que livrer leur nom
15:22en pâture dans un livre
15:23les aoutés ce n'est pas mon rôle
15:25ce n'est pas à moi de le faire.
15:26Et deuxièmement aussi
15:27parce qu'il n'y avait pas de plainte.
15:29C'est-à-dire que
15:29l'absence de plainte
15:30a été tout de même
15:32dans le cadre de l'écriture
15:33une limite
15:33dans le sens où
15:34je ne pouvais pas dénoncer
15:35des faits précis
15:36je ne pouvais pas dénoncer
15:36des agresseurs
15:37parce que je n'avais pas
15:38suffisamment d'éléments
15:39notamment judiciaires
15:40me permettant de le faire.
15:41Ce que je souhaite aujourd'hui
15:42c'est que des plaintes soient déposées.
15:44C'est que les Miss
15:44les Reines de Bouté
15:45trouvent le courage
15:45d'aller déposer plainte.
15:46Surtout si les agresseurs
15:47sont toujours en place
15:48et en poste.
15:49Tout à fait.
15:50Il y avait aussi le volet
15:52est-ce que c'est l'idée
15:52d'être pas pipé ?
15:53Est-ce que le comité Miss France
15:54a sur certaines années
15:55trahi les Français ?
15:57Non.
15:57Parce que le cas Valérie Bec
15:58vous écrivez très bien
15:59que deux jours avant
16:00on sait qu'elle va être élue
16:02donc on organise déjà
16:04avec le magazine Entrevues
16:05la campagne de photos
16:06qui a tant d'effrayer la chronique.
16:09Non alors
16:09le comité Miss France
16:10ne pipait pas l'idée
16:11absolument pas
16:12surtout en 2007-2008
16:13puisque l'élection
16:14est diffusée en direct
16:15sur TF1
16:15contrôlée par l'IC de justice.
16:17Vous dites qu'il y a
16:17des anciennes Miss
16:18qui essaient un petit peu
16:19d'influencer des jurés.
16:20Oui, Valérie Bec
16:21faisait partie des candidats.
16:22En revanche,
16:22ce qu'on peut dire
16:23et ce qui est important
16:24c'est qu'avant la télévision
16:25et l'explosion
16:26de la médiatisation
16:27avec Andemol
16:28effectivement
16:29Madame de Fontenay
16:30parfois pouvait être amenée
16:31à envoyer quelques Miss
16:32pour influer
16:33sur le jury etc.
16:35Ça je le dis
16:35parce que c'est une réalité
16:36ce sont des anciennes Miss
16:37elles-mêmes membres du jury
16:38qui m'ont dit
16:38effectivement
16:39Madame de Fontenay
16:40envoyait parfois des émissaires
16:41pour donner son avis
16:42sur une candidate.
16:45Les Fontenay
16:47ont été les premiers
16:48à imposer des huissiers de justice
16:50dans les concours de beauté
16:51au niveau mondial
16:52permettant de faire
16:53de Miss France
16:54une référence
16:54en termes de fiabilité
16:56et donc de fait
16:57les Miss qui étaient élus
16:58étaient des Miss
16:58qui étaient réellement élus
16:59par les Français.
17:00Et ça je pense que c'est important.
17:01C'est un excellent livre
17:02et bravo.
17:03Merci à vous.
17:04Merci Hubert Guérin
17:05merci d'être passé
17:06par les grandes gueules
17:07auteur de Miss France
17:09du rêve à la réalité
17:10aux éditions Véron
17:10merci d'avoir été avec nous.
17:12Dans un instant
17:13Merci à vous.
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