00:00BFM Business et RLC Découverte présente
00:02Good Morning Business, la matinale de l'économie.
00:098h45, il est là, il est revenu.
00:11Marc Fiorentino a fait son entrée dans ce plateau.
00:13Bonjour, good morning le business, Marc Fiorentino.
00:16Alors comment se passe cette rentrée ?
00:18Une rentrée un petit peu désespérante pour nos chefs d'entreprise.
00:22Franchement c'est un désastre.
00:23J'ai rarement vu, on en parlait avant,
00:25mais j'ai rarement vu une ambiance aussi délétère en début, en entrée,
00:30à la fois de la part des investisseurs et à la fois de la part des chefs d'entreprise,
00:35où on sent vraiment, moi j'ai eu des premières réunions,
00:38on a commencé à faire des plans pour les investissements et autres,
00:41et on a vraiment l'impression que tout le monde a posé le crayon.
00:44Alors pour l'instant on dit jusqu'à 2026, parce qu'il faut bien donner une échéance,
00:48mais en fait dans l'esprit on se dit 2026, mais c'est déjà 2027.
00:52Mais l'année est finie là.
00:53Ça veut dire, l'année est totalement terminée en termes d'investissement,
00:57en termes même de consommation.
01:00Évidemment on a largement commenté ici les chiffres de l'épargne,
01:04mais enfin c'est très clair, si vous voulez, il y a trois séquences qui sont claires.
01:07C'est un, les consommateurs arrêtent de consommer et ils épargnent.
01:10Deux, les entreprises qui sont face à un climat d'incertitude totale,
01:14on ne peut pas les blâmer, ne vont pas investir.
01:17Est-ce que vous, si vous êtes chef d'entreprise aujourd'hui,
01:19compte tenu du contexte qui est en France,
01:21bon évidemment si vous avez du business à l'étranger c'est différent,
01:23mais si vous avez du business en France, est-ce que vous allez investir ?
01:25La réponse est non.
01:26Et d'autre part les investisseurs étrangers,
01:28bon ils rigolent parce qu'ils voient une situation qui est totalement délirante,
01:32et ils se disent que ce n'est vraiment pas la priorité,
01:35il y a quand même énormément de pays dans le monde
01:37qui ont des taux de croissance qui sont largement supérieurs,
01:40et aujourd'hui s'il y avait à faire un choix en Europe,
01:42évidemment soit on jouerait le retournement de l'Allemagne,
01:46soit on joue l'Italie, soit on joue l'Espagne,
01:48mais personne n'a envie de jouer la France.
01:51Donc on est dans une situation, je pense qu'il faut alerter sur la gravité de la situation,
01:56avec la combinaison de trois crises,
01:59la crise politique qui date de plus d'un an maintenant,
02:01avec la dissolution,
02:03la crise économique,
02:04voilà on en parle,
02:05et puis une crise financière.
02:08Une crise financière ?
02:09Oui, on est en crise...
02:10Une crise des taux ?
02:11Une crise...
02:11Alors, on ne va pas encore crier au loup une énième fois,
02:16mais une crise financière,
02:18qu'est-ce que c'est qu'une crise financière ?
02:19C'est une crise des finances de la France.
02:21Je ne dis pas que c'est une crise du financement,
02:23c'est déjà une crise des finances,
02:25c'est-à-dire qu'aujourd'hui on a très clairement un déficit public,
02:30bon, qu'on connaît et qui ne sera pas rattrapé,
02:32on a une dette qui est colossale,
02:35alors pour l'instant,
02:36il n'y a pas d'alerte réelle,
02:38même si on a eu très peur un peu la semaine dernière,
02:40avec des taux qui commençaient sur le 10 ans,
02:42remontés au-dessus des 3,5%,
02:44mais bon...
02:46Et tant qu'on peut se financer,
02:47il n'y a pas de crise des finances.
02:48Exactement,
02:48donc pour l'instant,
02:50on est dans une crise des finances publiques,
02:52vous avez raison,
02:53mais on n'est pas dans une crise de financement,
02:55parce que, je le répète,
02:57je le répète toujours,
02:58on a la garantie de l'Allemagne,
02:59et on a la garantie de la Banque Centrale Européenne.
03:03Mais ce n'est pas pour ça qu'on n'est pas dans une crise financière.
03:06À partir du moment où vous n'avez pas la capacité
03:08de réduire vos dépenses publiques
03:09et vous n'avez pas la capacité de contrôler votre dette,
03:12vous êtes en situation de crise financière potentielle.
03:15Mais comme on est des gens constructifs,
03:17Marc, qu'est-ce qu'on peut faire pour débloquer ?
03:19Je pense qu'aujourd'hui, très clairement,
03:21il va falloir qu'on ait une direction en matière de politique économique,
03:25ce qu'on n'a pas,
03:26et pour avoir une direction en matière de politique économique,
03:28il faut avoir une direction en matière de politique.
03:30Moi, ce qui m'effraie encore plus,
03:31c'est la séquence qui va se produire à partir de maintenant,
03:33parce qu'en fait, on dit qu'il y a une incertitude.
03:36En fait, il n'y a pas d'incertitude,
03:37il y a une certitude.
03:39C'est que tout va se terminer par des impôts.
03:41Mais non mais, on a beau le dire,
03:43et puis on se dit,
03:43bon, on est tellement habitués en fait,
03:45que finalement, on se dit,
03:46bon, c'est pas grave,
03:47ils ont encore augmenté les impôts.
03:49Mais en fait, on sait très bien
03:50qu'à partir du moment où il semble,
03:52moi, je ne suis pas commentateur politique,
03:54que la barre soit mise à gauche,
03:56à partir du moment où la barre soit mise à gauche,
03:58on va avoir,
03:59mais on n'avait même pas besoin d'avoir une barre à gauche,
04:01parce que de toute façon,
04:02quel que soit le gouvernement,
04:03on a une politique socialiste.
04:05On est un pays socialiste,
04:07quel que soit le gouvernement.
04:08Oui, mais de par notre niveau de dépense.
04:09Par notre niveau de dépense,
04:10par notre égalitarisme forcené,
04:13par cette redistribution maladive.
04:15Donc, on est dans la dérive socialiste
04:18depuis des dizaines d'années.
04:20Et là, on va encore accentuer,
04:22puisqu'on sait très bien qu'à partir du moment
04:24où on demande de faire des efforts,
04:25les gens disent non.
04:26Avec, en plus,
04:27ce que je trouve absolument détestable
04:29depuis quelques semaines,
04:31c'est qu'on cible,
04:32bon, les riches,
04:32on a l'habitude.
04:33Alors, il faut bien savoir
04:34que la notion de riche en France,
04:35elle est très aléatoire.
04:37On cible les boomers.
04:39Bon, alors ça,
04:39c'est devenu le nouveau truc
04:41qui est de dire,
04:42bon, c'est des salauds,
04:43ils ont pillé la planète,
04:45ils sont...
04:45On a vraiment l'impression
04:46qu'on imagine des boomers
04:48sur un tas d'or
04:49en train de se réjouir
04:50de la décroissance de la France.
04:53Et puis, on cible les entreprises.
04:54Les grosses, surtout.
04:55Oui, les grosses,
04:56enfin, on cible les entreprises
04:57qui font des profits.
04:58C'est-à-dire comme si le fait
05:00de faire des profits
05:01était vraiment quelque chose d'horrible.
05:03Donc, on est dans une sorte
05:04de rhétorique malsaine,
05:07malfaisante,
05:08nauséabonde
05:09qui nous mène pour l'instant
05:12au désastre.
05:13Autre dossier de la semaine
05:14sur lequel j'aimerais bien vous entendre,
05:15c'est la Fed.
05:16Ce combat pour l'indépendance
05:18de la Fed,
05:19est-ce qu'il est perdu ?
05:19Est-ce qu'il est fondamental ?
05:21Alors, un,
05:21il n'est pas fondamental.
05:22Deux, c'est un leurre.
05:24Les banques centrales
05:24ne sont pas indépendantes.
05:26Je crois qu'il faut le dire.
05:27Et on l'a vécu nous-mêmes
05:28depuis 2012
05:29avec la Banque centrale européenne,
05:31le « whatever it takes »
05:32de Mario Draghi.
05:33Quand on a des banques centrales
05:35qui rachètent la dette
05:36de leur propre pays,
05:38je veux dire,
05:38quand les gens me font marrer
05:39en ce moment
05:40en train de pousser
05:41des cris d'orfée
05:42en disant « oh là là,
05:43la Banque centrale américaine
05:44va perdre son indépendance »,
05:45j'ai envie de leur dire
05:46« regardez,
05:46la Banque centrale européenne,
05:47elle a perdu son indépendance
05:48depuis bien longtemps. »
05:50D'autre part,
05:50non seulement
05:51elles ont perdu leur indépendance
05:53vis-à-vis des politiques
05:53depuis bien longtemps,
05:54mais elles sont devenues
05:55elles-mêmes
05:56des forces politiques.
05:57C'est-à-dire
05:57quand Mario Draghi
05:58décide de sauver l'euro,
05:59de ne pas laisser sortir
06:00la Grèce,
06:01c'est une décision
06:02qui n'est pas une décision financière,
06:04c'est une décision
06:05qui est une décision politique.
06:06Donc aujourd'hui,
06:07ça me fait bien marrer.
06:08Et si c'était une décision
06:09purement financière,
06:10il aurait fallu laisser tomber la Grèce ?
06:11Je ne dis pas ça,
06:12je dis que c'était
06:13une décision politique.
06:14C'est-à-dire qu'aujourd'hui,
06:15quand on m'explique
06:16que la Banque centrale
06:18dans tous les pays,
06:19en fait,
06:19son seul job,
06:19c'est de limiter l'inflation
06:21et de combattre l'inflation,
06:22j'ai envie de dire
06:23« mais réveillez-vous,
06:24regardez ce qui se passe
06:24depuis 20 ans,
06:25ça n'existe pas ».
06:26Donc peu importe
06:27qui est au bord alors ?
06:28Mais oui,
06:28peu importe qui est au bord.
06:29De toute façon,
06:30on connaît la séquence
06:30aux États-Unis,
06:31c'est ça qui est important
06:32au lieu de se poser des questions
06:33pour savoir si la Banque centrale
06:34va perdre son indépendance ou pas.
06:36Ils vont baisser les taux
06:37de façon drastique.
06:38L'idée,
06:39c'est de redescendre vers 2%.
06:41Ils annoncent 1%,
06:42ils veulent 2% au taux court.
06:44De fait,
06:44c'est absurde
06:45d'avoir des taux
06:46au-dessus de 4% aujourd'hui.
06:48D'autre part,
06:48il y a une force de rappel
06:50et là,
06:50ce n'est plus une question
06:51d'indépendance
06:51qui sont les marchés
06:52et la force de rappel,
06:54c'est l'inflation.
06:55C'est-à-dire que
06:55s'ils baissent les taux d'intérêt
06:56de 2%,
06:57que l'inflation dérape
06:59et que les taux longs remontent,
07:00de toute façon,
07:00la Banque centrale
07:01américaine indépendante
07:03ou pas indépendante,
07:04elle ne pourra plus
07:05baisser ses taux d'intérêt
07:06parce que de toute façon,
07:07ça,
07:08c'est la force de rappel.
07:08Si les taux longs remontent,
07:10vous êtes cuit.
07:11Donc,
07:11de toute façon,
07:12tout ça,
07:13pour moi,
07:13c'est sympathique,
07:14ça fait des débats
07:14sans fin
07:16dans les journaux
07:17et dans les médias,
07:18mais franchement,
07:18ça n'a aucune importance.
07:19Très bien.
07:20Si vous voulez avoir
07:20des sujets
07:21qui ont leur importance,
07:22rendez-vous ce soir
07:23danser votre argent
07:24avec des invités
07:24qui seront exceptionnels
07:25cette année ou pas ?
07:26Oui, exceptionnels.
07:27On fera une spéciale crise
07:28au pluriel en France.
07:29Voilà,
07:30on ne va parler que de ça
07:31ce soir,
07:31c'est-à-dire de dire
07:32ce que j'ai dit,
07:33crise politique,
07:34crise économique,
07:34est-ce qu'on est dans
07:35une crise financière
07:36et surtout,
07:37expliquer aux gens
07:37qui nous écoutent
07:38comment piloter
07:39leur épargne
07:40dans cette période
07:41compliquée.
07:4220h sur BFM Business,
07:43en replay
07:47modération,
07:48merci.
07:48J'étais content
07:48de vous revoir.
07:49Ah, c'est vrai ?
07:50Moi aussi,
07:50j'étais contente.