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À l’heure où les IA génératives s’entraînent sur l’ensemble des contenus du Web, journalistes, auteurs et éditeurs se retrouvent privés de rémunération juste. David Lacombled, président de La Villa Numeris, nous alerte sur les risques pour la création humaine et plaide pour des solutions innovantes, comme la certification et la traçabilité des œuvres, afin de protéger les créateurs dans ce nouvel écosystème numérique.

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Transcription
00:00On termine cette édition avec David Lacomblette, président de la Villa Numérisme.
00:10Bonjour David.
00:10Bonjour Delphine.
00:11Aujourd'hui on va aborder cette question délicate de la rémunération des journalistes, des auteurs, des éditeurs, des producteurs,
00:18dont les oeuvres et tous les contenus alimentent ces solutions d'intelligence artificielle générative.
00:23Alors on les entend aujourd'hui, mais on va peut-être déjà revenir sur cette question du droit d'auteur à l'ère du numérique,
00:30parce que c'est quand même pas un sujet tout nouveau.
00:33On l'a découvert déjà avec le web.
00:35Oui, vous remontez un peu à la préhistoire là.
00:37Alors c'est vrai que c'était peut-être un peu plus simple avant que les intelligences artificielles génératives n'émergent.
00:43Souvenez-vous les grands portails du début des années 2000, Yahoo, AOL, c'était assez simple.
00:49Ils fabriquaient leurs contenus ou ils les achetaient. Il y avait un contrat, ils payaient.
00:53Tout le monde, il était content.
00:55Ensuite sont venus les moteurs de recherche avec des questions déjà un peu plus épineuses.
00:59Est-ce qu'il faut payer pour indexer ou est-ce que l'indexation dans les moteurs de recherche valait rétribution pour envoyer de l'audience ?
01:10Et on a vu que ce sont des discussions qui ont pris plusieurs années.
01:14Il y a eu un accord en début d'année même entre Google et les éditeurs français.
01:17Ce qui n'a pas empêché d'ailleurs Google d'écoper d'une amende de 250 millions de l'autorité de la concurrence
01:23qui estimait qu'elle ne remplissait pas assez ses devoirs l'année dernière.
01:28Et ça s'est compliqué forcément avec l'émission des systèmes d'intelligence artificielle
01:33puisque le patrimoine de l'humanité était disponible.
01:37Il suffisait de se servir pour faire de deux données une troisième.
01:41Vous mettez tout ça dans un mixeur et c'est bien compliqué pour des ayants droit, des auteurs, des journalistes
01:47d'aller pointer ce qui leur revient et de revendiquer finalement un droit d'auteur là-dessus
01:53parce que ces données ne servent pas telles qu'elles.
01:57Elles servent à des données d'entraînement dans de vastes langages, de vastes modèles de langages.
02:03Que ce soit le chat chez Mistral, le chat de GPT chez OpenAI, vous les connaissez tous.
02:10Alors donc on parle vraiment d'un nouveau bouleversement finalement pour cet écosystème culturel.
02:15Oui et d'ailleurs je vous renverrai vers deux excellents rapports qui n'en font qu'un du CSPLA.
02:22Je vous le donne en mille Delphine.
02:23Oui c'est sur la production audiovisuelle à peu près, si je n'ai pas tout la chronique.
02:28Exactement, qui est donc la commission de protection littéraire et artistique.
02:34Deux rapports, un juridique, un économique qui montre que si les contenus sont protégés,
02:40ils sont exploités sans autorisation des grands opérateurs
02:44et qu'ils génèrent une concurrence directe finalement de ces contenus.
02:49Je m'explique. D'un point de vue juridique, il est bien compliqué pour des artistes ou des journalistes
02:56d'aller revendiquer un droit et de demander finalement ce qui leur revient
03:02parce que c'est difficile d'aller mettre un droit sur des pixels,
03:06en tout cas plus difficile qu'un droit moral ou sur des œuvres.
03:10Et d'un point de vue économique, les IA génèrent des quasi-œuvres,
03:14pour reprendre le mot de Valérie Laure Benabou qui est cité dans un de ses rapports
03:20et qui finalement font que le modèle s'effondre.
03:24On peut générer un tableau selon le style de Picasso ou de Claude Monet
03:29ou d'ailleurs mixer les deux est bien malin celui qui peut venir en demander une rétribution
03:35et au risque de faire s'effondrer le modèle lui-même puisque la qualité va baisser.
03:40On parle là de dégénérescence technologique et je ne parle pas des conséquences sur les individus
03:45puisqu'elle se traduirait clairement par une perte d'emploi.
03:49Cette dégénérescence de la qualité, on en parle d'ailleurs dans l'interview avec Luc Julia
03:52qui est juste avant votre rendez-vous.
03:55Mais comment on fait justement pour maintenir un niveau de qualité
03:58et puis une rémunération des auteurs, des artistes ?
04:01Alors il y a trois solutions. On ne fait rien, on bloque les accès pour se protéger.
04:08J'aimerais mieux dire qu'il est un peu trop tard puisque la culture est en libre service
04:12et qu'on n'a plus que ses yeux pour pleurer.
04:15Et avec un fait que si un pan de la culture vient à disparaître, sa place sera prise par d'autres.
04:22Donc s'il n'y a plus de culture européenne, c'est une culture américaine ou autre qui prendra le dessus.
04:28Soit vous avez des discussions de gré à gré entre opérateurs et médias,
04:33comme ça s'est fait entre le monde et Perplexity.
04:36Mais il n'y aura que de la place que pour les premiers et les plus gros
04:39parce que mieux vaut avoir une robustesse technique et un service juridique pour négocier.
04:44Ou soit vous montrez un peu innovant, imaginatif pour explorer de nouvelles pistes.
04:49Nouvelles pistes avec peut-être des modèles ouverts.
04:51Oui, qui vont permettre de marquer l'origine.
04:56Pour marquer l'origine, j'allais dire quasiment au carbone 14,
04:59il vous faut des registres pour mettre dedans si vous avez ou non les droits d'exploitation,
05:05quelle est sa valeur et donc le prix.
05:07Et je vous en renverrai vers des expérimentations,
05:09notamment je pense à celle de l'AFP avec Nikon et Imatag,
05:13qui montrent que la France peut être en avance sur de telles technologies.
05:16Merci beaucoup David Lacombe.
05:18Je rappelle que vous êtes le président de la Villa Numéris.
05:20Merci encore pour vos éclairages.
05:22Merci à tous de nous suivre.
05:23C'était Smartech que vous regardez sur la chaîne Bsmart4Chain.
05:26Vous pouvez aussi nous suivre en podcast.
05:28A très bientôt, bonne journée.

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