Ce lundi 29 décembre , l'annonce de la Chine d'une exercice militaire avec des tirs à munitions réelles a été abordée par Annalisa Cappellini dans sa chronique, dans l'émission Good Morning Business, présentée par Laure Closier, sur BFM Business. Retrouvez l'émission du lundi au vendredi et réécoutez la en podcast.
00:00L'info de la nuit, c'est la Chine qui a annoncé des exercices militaires majeurs autour de Taïwan avec des tirs à munitions réelles.
00:10Qu'est-ce qui change par rapport aux précédents exercices, Annalisa ?
00:14En fait, c'est surtout la vision de la Chine par rapport à ces exercices-là qui a changé.
00:19Il y a un expert de défense qui est cité par le Global Times, vous savez, ce journal qui est en fait la voix de Pékin dans le monde.
00:26Eh bien, il nous dit que cet exercice est radicalement différent par rapport à tous ceux qui l'ont précédé parce qu'on n'est pas ici dans un schéma d'escalade progressive.
00:35Qu'est-ce qu'il veut dire ? En fait, normalement, dans un exercice militaire, il y a d'abord un déploiement des troupes et puis il y a une escalade progressive jusqu'à arriver aux exercices de tirs réels.
00:44Là, c'est l'inverse. On commence tout de suite avec les tirs réels comme s'il s'agissait d'une véritable attaque.
00:50Donc, ce sont des exercices qui visent à bloquer le port en eau profonde de Quilong qui est au nord de Taïwan et celui de Kaohsiung qui est au sud et c'est la plus grande ville portuaire de l'île.
01:01Donc, il y a cinq zones tout autour de Taïwan qui sont soumises dès cette nuit à des restrictions militaires et aériennes qui vont durer jusqu'à 10 heures du matin, heure française.
01:11Donc, tout ça, on l'avait déjà vu. C'est une ampleur qu'on avait déjà connue.
01:15Mais l'autre chose aussi qui a changé, c'est que pour la première fois, la Chine déclare publiquement de manière très très claire que ses exercices autour de l'île visent en fait à dissuader toute intervention militaire extérieure.
01:28Pékin parle de force d'ingérence extérieure.
01:30En fait, tout simplement, c'est la première fois que Pékin reconnaît que le danger à Taïwan, ce n'est pas celui d'une petite île qui est censée appartenir à la Chine continentale et qui se défend.
01:41Le danger, ici, c'est un éventuel déploiement américain, une intervention des États-Unis, tout simplement.
01:47Oui, la Chine qui, effectivement, veut envoyer aussi un message à Washington.
01:51Bien sûr, en fait, ces exercices-là sont aussi et surtout une réaction aux décisions de Washington dans ce dossier taïwanais.
01:59Vous savez, il y a une dizaine de jours, on a énormément parlé de ce contrat d'armement massif avec les États-Unis qui ont vendu plus de 11 milliards de dollars d'armes à Taïwan.
02:10C'était historique et c'était bien sûr un message de Washington à Pékin.
02:14Non, on ne va pas pour l'instant se désengager de Taïwan.
02:17Message reçu visiblement à Pékin.
02:19On a eu une réponse économique il y a quelques jours avec des sanctions imposées par la Chine à des entreprises américaines, notamment des entreprises du secteur de la défense.
02:27Et donc, voici aujourd'hui, cette nuit, la réponse militaire de Pékin.
02:31Évidemment, ces exercices sont aussi une occasion pour la Chine, Annalisa, de réaffirmer clairement la position vis-à-vis de Taïwan.
02:37Absolument, une action légitime et nécessaire, ces exercices, pour préserver la souveraineté et surtout l'unité nationale de la Chine, selon Pékin,
02:47qui insiste. En fait, le but, c'est de vaincre les séparatistes, ceux qui sont considérés comme des séparatistes par Pékin,
02:53et donc de récréer une Chine unie avec la population taïwanaise pleinement intégrée, évidemment, toujours selon Pékin.
03:01Ce qui est étonnant ici, c'est que ces exercices-là ont été accompagnés d'une campagne médiatique très poussée, très développée,
03:08notamment des affiches qui ont été publiées par l'Armée populaire de libération.
03:12Une première affiche que vous voyez à l'écran si vous nous regardez à la télé.
03:16Sinon, je vous invite vraiment à aller la voir parce qu'elle est très parlante.
03:19Il y a donc deux boucliers qui représentent la Chine continentale, il y a la Grande Muraille,
03:24qui sont positionnés devant et derrière la silhouette de Taïwan, donc pour protéger l'île.
03:30Et puis, il y a des navires et des avions mobilisés, justement, tout autour de l'île.
03:34Et puis, il y a une deuxième affiche, elle aussi très parlante.
03:37Ce sont des flèches, en fait, des drones, des munitions enflammées, qui s'abattent sur Taïwan,
03:43et qui frappent notamment des petits insectes verts qui représentent, dans la narration de Pékin,
03:49les Taïwanais, les Pékinois, qualifient souvent le président taïwanais, Lai Xing Tei, de parasites.
03:55Donc voilà, les petits verts frappés par les missiles chinois.
03:59Ça prouve surtout que la Chine est très sensible au regard de tension de ces dernières semaines autour de Taïwan, Annalisa.
04:04Et oui, parce qu'on s'approche d'une date fatidique, c'est celle de 2027.
04:07Il faut toujours avoir cette date en tête quand on parle de Taïwan.
04:102027, pourquoi ? Parce que c'est le centenaire de la création, justement, de l'armée populaire de libération.
04:16Et donc, c'est la date que Pékin vise pour avoir une reconstitution territoriale complète de toute la Chine,
04:23avec donc, évidemment, une annexion de Taïwan.
04:26Donc, ayez bien en tête cette date, parce qu'au fur et à mesure qu'on s'approche de 2027,
04:31tous les exercices menés par Pékin vous ressemblez de plus en plus à des véritables attaques,
04:35et donc de moins en moins à des exercices de juste des entraînements.
04:40Pourquoi ? Eh bien, évidemment, pour donner le moindre préavis possible à Taïwan, aux États-Unis et à tous leurs alliés.
04:46On va voir ça en 2026.
04:47Merci beaucoup, Annalisa Capellini, pour ce monde qui bouge.
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