00:00Au Mali, la situation se dégrade au point que le Quai d'Orsay a recommandé aux ressortissants français de quitter le pays au plus vite.
00:06La ville de Bamako est étranglée par un blocus sur l'essence.
00:09En effet, la capitale est au bord de l'asphyxie. On parle d'une guerre du carburant.
00:13C'est vrai que l'essence est devenue presque impossible à trouver, presque un bien de luxe à Bamako.
00:19La cause, en effet, c'est ce blocus sur l'essence qui a été mis en place par le JINIM.
00:23C'est un groupe djihadiste affilié à Al-Qaïda au Sahel et qui impose à Bamako un embargo sur les importations de carburant.
00:30On parle d'embargo, on utilise ce terme, mais évidemment, ça n'a rien d'officiel, rien de légal.
00:35Comment ça se passe concrètement ?
00:37Le Mali est un État complètement enclavé, donc il dépend fortement des importations des pays voisins,
00:42du Sénégal, de la Guinée, de la Côte d'Ivoire, qui lui envoient le carburant qu'ils reçoivent dans leur port.
00:48Et bien là, tout simplement, les djihadistes s'attaquent au convoi en provenance de ces trois capitales.
00:53Les bloquent, les attaquent, les brûlent.
00:55Et donc, il n'y a aucun convoi d'essence qui arrive à atteindre le Mali.
00:58Et s'ils se concentrent en priorité sur Bamako, c'est parce que c'est depuis la capitale
01:02qu'ensuite les convois sont dispatchés dans tout le pays.
01:05Donc effectivement, c'est tout le pays qui est touché par cet embargo.
01:08Avec des répercussions directes sur l'économie ?
01:10Effectivement, le gouvernement a essayé de résister pendant un moment,
01:13de continuer les activités comme d'habitude.
01:15Mais au final, ils ont dû se résoudre à fermer toutes les écoles,
01:19à demander à tous les citoyens de réduire les déplacements inutiles.
01:22Effectivement, tout est bloqué, tout tourne au ralenti.
01:25Les hôpitaux sont sans électricité.
01:26Il n'y a plus une goutte d'essence dans les stations-service.
01:30Et c'est la preuve que quelques combattants seulement peuvent bloquer un pays immense.
01:34Un pays qui fait trois fois la France.
01:35Et bien, avec quelques attaques ciblées, ils arrivent finalement à se fixer tout un pays.
01:39Le risque est un effondrement total de l'État malien.
01:41Oui, et c'est le but des djihadistes, c'est à se fixer Bamako pour provoquer la chute du régime
01:46avec donc cette arme économique.
01:48Alors, le JNIM n'a pas du tout la puissance militaire suffisante pour arriver à prendre Bamako.
01:52On parle de 5000 miliciens, 6000 tout au plus.
01:56Donc, ce n'est vraiment pas possible à ce stade de faire tomber la capitale.
01:59Ce qu'ils espèrent, c'est faire tomber le gouvernement et d'en installer un autre à la place.
02:03Peut-être avec des personnalités maliennes, on va dire, politiquement acceptées,
02:07mais qui seraient prêtes à parler avec les djihadistes et donc prêtes à prendre un virage sécuritaire.
02:12C'est aussi la preuve d'un véritable échec pour le régime malien.
02:16Le Mali est dirigé par des militaires qui avaient eu le pouvoir avec un coup d'État
02:20et qui avaient promis à l'époque de mettre un terme à la violence djihadiste
02:23qui déjà frappait le pays.
02:25Et bien, cinq ans après, le constat est sans appel.
02:28C'est un échec.
02:28Merci beaucoup, Annalisa Kappény.
02:30Le Monde qui bouge, ça retrouve un replay et un podcast sur l'application BFM Business.