00:00Annalisa Capellini, la Chine continue ses opérations d'espionnage industriel.
00:03Elle s'intéresse surtout aux entreprises françaises de la Défense.
00:06Oui, avec des méthodes discrètes et pas vraiment une entrave directe,
00:10mais c'est un espionnage qui existe et qui s'intensifie.
00:13C'est le général Aymeric Bonnemaison, le patron de la DRSD, qui le confirme.
00:17La DRSD, qui est donc le service de renseignement des armées,
00:20qui s'occupe de tout ce qui est contre-ingérence dans ce domaine hypersensible de la Défense.
00:25Ce qu'il explique, c'est que son domaine s'est toujours concentré en général sur les menaces extérieures,
00:30mais que le danger s'est déplacé à l'intérieur de nos frontières
00:32et surtout qu'il est désormais dans nos entreprises.
00:35Alors, quand on pense espionnage, on pense cyberattaque, on pense à des trucs hyper sophistiqués,
00:39mais il y a des méthodes assez simples.
00:40Oui, il y a des méthodes à l'ancienne finalement, parce que la faille passe toujours par l'humain.
00:44Il y a notamment des espions chinois qui se font passer pour des recruteurs
00:48avec des véritables offres d'embauche sur les réseaux sociaux.
00:51Évidemment, c'est une excuse pour rencontrer des salariés des entreprises
00:55qu'ils sont en train de cibler et donc leur soutirer des informations comme ça,
00:59l'air de rien pendant l'entretien.
01:01Ça peut même aller plus loin avec la stratégie appelée du pot de miel.
01:04Donc, ce sont des femmes chinoises, jeunes, attirantes,
01:08qui essayent de séduire des employés français et des entreprises
01:11ciblées par le gouvernement de Pékin
01:13et qui vont jusqu'à se marier avec eux, jusqu'à faire des enfants avec eux
01:17pour avoir accès à des informations sensibles.
01:20On dirait un film d'espionnage comme ça,
01:21mais c'est une véritable inquiétude pour les services de renseignement.
01:23Ça concerne notamment la ville de Brest et le port de Brest.
01:26Évidemment, c'est stratégique parce que c'est là que stationnent les sous-marins nucléaires.
01:30On a remarqué qu'à Brest, il y a un nombre absolument suspect de mariages
01:34entre des étudiantes chinoises et des marins qui travaillent dans ces bases navales.
01:38La Chine n'est pas le seul pays qui espionne notre industrie de défense ?
01:42Non, nos fleurons de la défense sont la cible aussi des Russes et des Iraniens.
01:46Pour Emmerick Bonnemaison, c'est une conséquence de la montée en puissance des empires.
01:50En gros, ce sont des pays autocratiques qui ont une agressivité économique assumée
01:54et que donc ne se posent aucune limite pour essayer d'avoir des infos
01:57sur les technologies de pointe qu'on développe dans nos entreprises
02:00et en même temps pour anticiper, pour contrer toutes nos armes du futur.
02:04Alors, on parle de la France parce qu'évidemment, il y a le nucléaire.
02:06Avec Brest, vous venez d'en parler, mais ça concerne toute l'Europe.
02:09Oui, le patron du renseignement de la défense aux Pays-Bas
02:12a dénoncé déjà il y a quelques mois l'intensification
02:15des activités d'espionnage chinoises dans son pays.
02:18Pourquoi ça nous intéresse ?
02:19Eh bien parce que les Pays-Bas sont très avancés dans l'industrie des sémiconducteurs
02:23qui intéresse aussi beaucoup Pékin.
02:25Et puis, pour aller un peu plus loin aux États-Unis,
02:28il y a quelques mois, un espion chinois s'est fait embaucher
02:30par une société de défense californienne.
02:32Il n'y restait que quelques mois, mais ça a été suffisant
02:35pour voler une technologie destinée aux missiles américains.
02:39Bref, la menace chinoise change.
02:41Donc, les entreprises françaises, européennes, occidentales
02:43doivent s'armer parce que dans ce monde concurrentiel
02:46saturé d'informations, seule la lucidité et l'anticipation
02:49nous donneront l'avantage.
02:50Merci beaucoup Annalise et Akepigny.
02:52On va revenir sur les questions de défense.