00:00Annalisa Capellini, le ministre allemand des Finances, Lars Klingbeil, est en Chine pour un sommet.
00:05C'est le premier membre du gouvernement Merz à faire le déplacement.
00:07Il a un but précis, relancer le dialogue économique avec Pékin.
00:11Il faut dire que Berlin a le couteau sous la gorge.
00:13La vérité c'est que l'Allemagne ne peut plus se passer de la Chine.
00:16Et non seulement parce que la Chine désormais est le premier partenaire commercial de Berlin.
00:21Ils ont dépassé les Etats-Unis sur cette première partie de l'année,
00:24avec un déséquilibre évidemment toujours très très net en faveur de Pékin.
00:27Mais aussi du côté des entreprises.
00:30Les entreprises allemandes sont de plus en plus impliquées en Chine,
00:33au point d'en être totalement dépendantes.
00:35En fait, toutes les grandes entreprises allemandes investissent des milliards à Pékin.
00:40On parle de presque 6 milliards d'euros l'année dernière.
00:43Et ce n'est pas près de s'arrêter.
00:44Surtout sur les deux piliers de l'industrie allemande, donc l'auto et la chimie.
00:48Juste deux exemples pour vous donner la mesure de l'ampleur de ces investissements.
00:52BMW qui depuis des années produit en Chine,
00:54va investir 3,8 milliards dans une nouvelle usine de batterie à Shenyang.
00:58Et BASF, donc le géant de la chimie, l'autre pilier de l'économie allemande,
01:02vient d'ouvrir une usine qui a coûté près de 9 milliards d'euros.
01:05Donc on parle d'une vraie vulnérabilité stratégique pour les entreprises allemandes.
01:09En fait, quitter la Chine coûterait tout simplement trop cher.
01:12Et ça serait même impossible parce que les écosystèmes sont trop trop liés.
01:16Et ça, la Chine aime bien le rappeler à l'Allemagne.
01:17Absolument, elle ne perd pas une occasion de le rappeler à l'Allemagne
01:21en disant que le dialogue entre la deuxième et la troisième puissance mondiale
01:24est essentiel.
01:26Non seulement pour les intérêts de Berlin et de Pékin,
01:28mais aussi pour les intérêts du monde entier,
01:30pour la chaîne d'approvisionnement mondiale.
01:33Ça, c'est le Global Times qui nous le dit.
01:34C'est la voix du gouvernement chinois dans le monde
01:37qui donne aussi un petit avertissement déguisé en conseil.
01:40Il faut que Berlin arrête de tout politiser.
01:43Il faut que Berlin arrête de politiser les questions économiques et commerciales.
01:47Avec la Chine, en fait, il vaut mieux adopter une démarche pragmatique.
01:50Faire du business en laissant de côté toutes les inquiétudes politiques et géopolitiques.
01:54Alors, laisser de côté toutes les inquiétudes géopolitiques,
01:56c'est ce qu'inquiète l'Allemagne.
01:57Absolument.
01:58C'est pour ça aussi que les Allemands avaient repoussé un premier voyage en Chine
02:01il y a quelques semaines.
02:03Il y a plusieurs questions.
02:04Il y a la question du soutien de la Chine à la Russie dans la guerre en Ukraine.
02:08On a de l'amitié sans limite qui les lie.
02:10Il y a la question de Taïwan, sur laquelle la Chine est de plus en plus agressive.
02:14Et puis, il y a la question de la surcapacité chinoise.
02:16C'est aussi ce que dénonce le ministre des Finances allemand.
02:20Les Chinois surproduisent dans certains secteurs clés.
02:23Et en fait, les Allemands le vivent comme une concurrence déloyale.
02:26Et puis, il y a la question des terres rares.
02:29Pékin avait fermé le robinet des terres rares il y a quelques mois.
02:31Ça a évidemment énormément inquiété l'Allemagne.
02:34Mais est-ce qu'il y a une prise de conscience allemande de la dépendance ?
02:37En tout cas, c'est peut-être la fin d'une période de naïveté en Allemagne.
02:42Berlin a créé il y a seulement quelques jours une commission d'experts
02:44qui est chargée de repenser toute la politique économique vis-à-vis de la Chine.
02:49Les Allemands commencent à se dire qu'il faut plus de prudence,
02:52qu'il faut essayer de ne pas tomber dans la dépendance.
02:55Évidemment, il est trop tard, mais c'est peut-être le moment de commencer à y repenser.
02:59Et en même temps, au moment où Donald Trump bouscule toute la terre avec ses droits de douane,
03:04Berlin peut de moins en moins se passer de Pékin.
03:07Merci Anna-Lisa Capellini.