BFM BUSINESS PARTENAIRE - Ce samedi 20 décembre, Céline Duroc, directrice générale d'AGPM-MAIZ'EUROP', et Sylvain Bedel, directeur général France de Corteva Agriscience, se sont penchés sur le climat et les urgences pour la filière maïs, les innovations de Corteva Agriscience pour garantir les rendements agricoles, la création des semences de demain avec l'IA, la question sur l'accélération de l'Europe sur la NGT, le rôle du maïs dans la décarbonation, ainsi que la recherche de l'équilibre entre innovation et durabilité, dans l'émission Hors-Série Les Dossiers BFM Business présentée par Frédéric Simottel. Hors-Série Les Dossiers BFM Business est à voir ou écouter le samedi sur BFM Business. Cette émission a été réalisée en partenariat avec Corteva.
00:02Hors série, les dossiers BFM Business, innover pour répondre aux défis agricoles européens avec Frédéric Simotel.
00:12Bonjour et bienvenue dans ce hors série BFM Business.
00:14On va parler de changement climatique, de pression sur les revenus, d'exigence de durabilité, de souveraineté alimentaire.
00:20Ce sont les principaux défis auxquels sont confrontés les agriculteurs français et européens.
00:25Il s'agit de produire davantage mais dans un environnement de plus en plus contraint.
00:28Et c'est dans ce contexte, vous allez voir, on va vous parler de beaucoup de sujets, notamment des NGT, ces nouvelles techniques génomiques.
00:36Vous allez comprendre tout ça dans les sements, c'est particulièrement passionnant.
00:40On va en parler avec nos deux experts qui sont avec nous aujourd'hui.
00:42Céline Duroc, bonjour.
00:43Bonjour.
00:43Vous êtes directrice générale de l'AGPM Maïs Europe, c'est l'association des producteurs de maïs.
00:48Et on va voir avec vous, on est en France et en Europe, de gros producteurs de maïs.
00:52Et avec nous, Sylvain Bedel. Bonjour Sylvain.
00:54Bonjour M. Duroc.
00:54Merci d'être avec nous.
00:55Vous êtes directrice générale de Corteva Agri-Science, c'est un industriel, on va en reparler, produits phyto-pharmaceutiques et semences agricoles.
01:02Alors justement, Céline, je vais démarrer avec vous, dresser un peu le contexte aujourd'hui.
01:07J'en ai dit quelques mots, mais c'est pour cette filière maïs.
01:10Très concrètement, le dérèglement climatique, la pression économique transforme aujourd'hui le quotidien des producteurs.
01:17Elles sont où les urgences ?
01:18C'est une bonne question.
01:21Par où commencer ?
01:21Merci de me la reposer.
01:23D'abord, la GPM représente l'ensemble des producteurs de maïs français.
01:27Et ce que l'on sait assez peu, c'est que la France est un producteur important.
01:32C'est le premier producteur en Europe, mais dans un marché qui est déficitaire.
01:36L'Europe est un importateur de maïs.
01:39On emporte un quart de nos besoins, et c'est plutôt en croissance, alors qu'on perd des surfaces de maïs.
01:47Alors qu'on va voir dans un instant toutes les vertus du maïs.
01:50Exactement.
01:50Le maïs a beaucoup de qualités, apporte beaucoup de solutions.
01:52Mais les producteurs de maïs, comme tous les autres agriculteurs, sont soumis à beaucoup de défis.
01:57Les deux principaux, le défi économique, parce qu'il faut vivre de son métier.
02:01Et que la réalité pour les producteurs de maïs, c'est qu'on est sur des marchés mondiaux.
02:05Et que dans les marchés mondiaux, on ne décide pas des prix auxquels on vend sa marchandise.
02:10Et par contre, on est en concurrence directe avec d'autres acteurs qui n'ont pas les mêmes règles que nous.
02:15D'où notre mobilisation autour d'un sujet comme le Mercosur, qui est très actuel.
02:18Et puis l'autre défi, c'est le changement climatique et toutes ses conséquences.
02:22Il faut que nos producteurs puissent protéger leur culture.
02:25L'irrigation, par exemple, pour la sécheresse, ou alors les insectes, les maladies, etc.
02:30On a besoin d'avoir accès à l'innovation.
02:33Elle a du mal à arriver jusqu'à nous.
02:34Alors justement, on va parler d'innovation avec vous, Sylvain Bedel, de Corteva Agri-Science.
02:38Parce que Corteva travaille sur une nouvelle génération de semences plus résilientes.
02:42Donc il faut faire face, encore une fois, à l'intensification des aléas climatiques.
02:47Alors, vous mettez en place des innovations génétiques ou technologiques qui sont décisives.
02:52Et puis pour garantir des rendements au meilleur coût.
02:55Alors, avant toute chose, je voulais juste vous présenter qui nous sommes.
02:57Corteva, c'est un leader mondial de l'innovation agricole qui développe des solutions pour les agriculteurs dans le domaine des semences et des produits de protection des cultures.
03:07Donc en France, on représente environ 1500 employés.
03:10On a trois sites de production, huit centres de recherche et développement, qui sont répartis dans toute la France.
03:16Et puis un centre spécifique dédié à la technologie des traitements de semences.
03:20Donc chez Corteva, on innove pour accompagner durablement justement les agriculteurs dans leur transformation,
03:25pour répondre aux défis dont a parlé Madame Duroc.
03:29On est convaincus que l'innovation, c'est la clé justement pour produire plus avec moins.
03:34Et quelque part, c'est ce qui va nous permettre de concilier la productivité, la durabilité dans les pratiques et la rentabilité, ce qui est clé pour les agriculteurs.
03:43Donc on investit de l'ordre de 4 millions d'euros par jour dans l'innovation agricole par jour.
03:49Ça fait 1,5 milliard d'euros par an.
03:52On a quatre axes d'innovation majeurs.
03:53Le premier, c'est l'amélioration des produits de protection des cultures avec une empreinte environnementale réduite.
03:59Le deuxième, c'est les biosolutions, avec notamment tout ce qui est produits d'origine naturelle.
04:04Troisième, c'est des semences pour la production de biocarburants aériens.
04:08Et le quatrième, vous l'avez cité, c'est des nouvelles générations de semences,
04:11issues des nouvelles techniques génétiques, dites NGT.
04:15Alors les NGT, qu'est-ce que c'est en un mot ?
04:17C'est une technique qui permet de modifier le matériel génétique des plantes sans ajouter d'ADN externe.
04:23Dès qu'on dit modification génétique, on se dit « Oula, ça y est ».
04:27On n'ajoute pas d'ADN externe, ça c'est le point clé.
04:31Et Corteva est à la pointe dans ces technologies parce qu'elle est à l'origine des travaux
04:34qui ont permis la découverte de la technique des ciseaux moléculaires
04:38qui en gros permettent de sélectionner plus rapidement des variétés d'intérêts.
04:42Donc en fait, cette technologie, elle permet d'accélérer ce qui se passerait naturellement,
04:47mais sur une période beaucoup plus courte effectivement.
04:51Donc quelques exemples concrets, et pour faire écho à la filière maïs,
04:55Corteva développe par exemple des maïs à taille plus courte, 40% plus courte,
04:59ce qui permet d'avoir des maïs qui seront plus résistants aux tempêtes.
05:01D'accord.
05:02Des maïs plus résistants aux maladies, donc moins d'utilisation de produits phytosanitaires,
05:05des maïs plus économes en eau.
05:07On développe aussi en partenariat avec l'INRAE, Recherche Publique,
05:10des sojas qui seront adaptés à nos latitudes, donc pour réduire nos importations de soja.
05:15Et puis peut-être des exemples qui parleront plus aux consommateurs,
05:18des variétés de bananes qui vont se conserver plus facilement,
05:21donc pour éviter le gaspillage alimentaire.
05:23Et sur le côté bénéfice santé, il y a aussi le développement de...
05:26Donc on voit un peu toutes ces innovations.
05:29Alors concrètement, ces technologies transforment votre façon de créer les semences de demain.
05:34Vous avez donné plusieurs exemples.
05:35Qu'est-ce que ça change aussi pour l'agriculteur sur le terrain ?
05:38Il y a beaucoup de choses qui changent.
05:39Ça change au niveau de l'agriculteur sur le terrain, mais aussi au niveau de nos laboratoires.
05:43Donc l'IA au niveau des labos notamment, pour Corteva,
05:47c'est un investissement massif pour créer les semences de demain.
05:49Et justement, on se base sur l'histoire la plus longue en termes de sélection de maïs
05:54et de développement de semences.
05:55Notre marque de semences pionnières fête ses 100 ans l'an prochain.
05:58Donc on a 100 années de données qu'on va pouvoir exploiter encore plus avec l'IA.
06:03Tout le potentiel va être exploité.
06:04Au niveau des agriculteurs, qu'est-ce que ça change ?
06:06Globalement, ça change que l'IA permet d'optimiser chaque intervention au champ.
06:10Parce qu'on aura une cartographie très précise des parcelles.
06:13On aura un état physiologique de la culture.
06:16Et derrière, l'agriculteur, il peut piloter sa fertilisation, son irrigation,
06:21ses interventions de produits de protection des cultures en fonction des risques.
06:24Donc ça, c'est vraiment de l'agriculture de précision.
06:27Et tout ça fait qu'on optimise les ressources.
06:29Donc derrière, on aura une meilleure productivité, une meilleure durabilité
06:32et derrière, une meilleure compétitivité pour nos agriculteurs.
06:35Oui, et puis tout ça, ça rassure en plus les agriculteurs d'avoir accès à ces technologies.
06:39Céline Duroc, si vous pouviez dresser la liste justement des priorités d'innovation
06:43pour sécuriser les rendements, maintenir les revenus.
06:46On a quelques pistes.
06:47Là, on l'a vu, la génétique, les biosolutions, la NGT justement,
06:51et puis les outils numériques ?
06:53La difficulté des agriculteurs, c'est de faire face à tous les défis en même temps.
06:59Être agriculteur, c'est de plus en plus complexe.
07:01Donc en réalité, que les solutions arrivent de la chimie, des NGT, des biosolutions,
07:07peu importe, il nous faut des solutions qui soient efficaces,
07:11si possible pas trop chères, parce que les agriculteurs...
07:14Oui, n'oublions pas.
07:15L'objectif derrière, c'est d'avoir effectivement un bon rendement
07:18et le moins cher possible pour gagner le mieux possible leur vie.
07:20Donc c'est vrai que le sujet des NGT, pour nous, il est absolument stratégique,
07:24parce que ce que l'on entrevoit, c'est une accélération,
07:26c'est ce que disait M. Bedel, une accélération de la sélection,
07:30et donc d'avoir demain, plus rapidement, des variétés qui répondent plus précisément
07:34aux problèmes que les agriculteurs...
07:36NGT, je rappelle, la nouvelle technique génomique.
07:37Pardon, oui, bien sûr.
07:38Donc c'est effectivement la capacité pour nous d'avoir vraiment les bonnes variétés
07:42pour les agriculteurs, dans les conditions dans lesquelles ils sont.
07:46Ils sont répartis sur l'ensemble du territoire,
07:48avec des problématiques qui sont différentes.
07:49Le changement climatique va encore changer les choses.
07:52Donc pour nous, c'est très important d'avoir toutes ces solutions.
07:54Et l'enjeu pour nous, c'est de les avoir, en réalité,
07:56parce que quand on parle de ces nouvelles technologies,
07:59l'ensemble du monde y a accès.
08:01Nos producteurs, en France et en Europe, pour le moment,
08:03parce qu'il n'y a pas de cadre réglementaire fixé,
08:05n'y ont pas accès.
08:06Donc pour nous, c'est vraiment l'enjeu,
08:07c'est d'avoir accès à toutes ces solutions
08:09qui vont nous apporter la capacité à répondre à tous les défis
08:14et donc d'être compétitif, parce que c'est ça l'enjeu pour les agriculteurs,
08:18d'être compétitif en étant à la fois bon du point de vue économique
08:22et bon du point de vue de l'écologie.
08:23C'est un peu ce que disait M. Bedel.
08:25On pourra avoir de meilleurs rendements, plus sécurisés,
08:28mais tout en ayant des solutions qui sont meilleures pour l'environnement.
08:30M. Bedel, justement, sur les NGT,
08:36vous attendez quoi du cadre réglementaire européen ?
08:38En fait, les NGT sont débattus à Bruxelles depuis plusieurs années
08:42et ça avance très lentement.
08:43Pendant ce temps-là, on a des pays comme le Brésil,
08:45les États-Unis, le Japon, la Chine,
08:47qui ont déjà autorisé ces technologies.
08:50Donc en fait, le débat, il est vraiment légitime,
08:53mais quelque part, l'enlisement qu'on a en Europe,
08:55ça pénalise les agriculteurs parce qu'il y a une concurrence déloyale
08:58dans ces pays où c'est déjà autorisé cela.
08:58Oui, les autres avancent, les autres ne nous attendent pas.
09:00C'est une vraie question de compétitivité, comme vous l'avez dit.
09:02Et donc, on a besoin, nous, d'un cadre réglementaire qui soit clair.
09:05Il y a eu un accord qui vient de se signer au niveau européen le 3 décembre,
09:10qui est très encourageant,
09:11mais on n'est vraiment qu'au début du chemin
09:12parce qu'il faudra après plusieurs années
09:15pour que ces technologies arrivent dans les cours de ferme.
09:17Donc finalement, il faut qu'il y ait un accord qui se signe.
09:19Il faut aller vite, il faut accélérer vraiment.
09:21Il faut vraiment accélérer.
09:22Et surtout, il faut que la recherche se passe en Europe
09:25pour justement qu'on développe des variétés
09:27qui soient adaptées à nos problématiques européennes,
09:29françaises.
09:30Donc l'enjeu, il est double.
09:31Donc accélérer pour équiper nos agriculteurs
09:33ces technologies
09:34et puis préserver notre souveraineté technologique et alimentaire.
09:38Et puis, on parle de maïs.
09:39Et moi, ce qui est intéressant, Céline de Roch,
09:42c'est qu'on parle souvent du maïs comme d'une pompe à carbone
09:44capable de capter deux fois plus qu'une forêt.
09:46Et ça aussi, on ne le dit pas assez, on ne le sait pas assez.
09:49C'est assez important.
09:50Oui, le maïs est un champion de la décarbonation
09:53parce que c'est une plante formidable
09:55qui est capable, comme toutes les plantes,
09:57mais avec une efficacité meilleure
09:59que la plupart des autres plantes,
10:01de faire de l'énergie
10:02en partant du CO2 de l'atmosphère et du soleil.
10:05Et l'énergie, c'est sous forme de calories
10:07dans l'alimentation humaine ou animale
10:09ou c'est sous forme de bioéthanol, par exemple.
10:13Les gens qui nous écoutent
10:14et qui font le plein avec du E85,
10:16ils savent que c'est un carburant
10:17qui est meilleur pour l'environnement
10:18et en plus moins cher à la pompe.
10:19Donc, c'est quand même intéressant.
10:22Et tout ça, c'est une forme de décarbonation
10:24de notre économie.
10:26Avec du maïs, on peut faire aussi du biogaz,
10:29donc du gaz renouvelable en réalité.
10:31On peut être une alternative à la pétrochimie.
10:34On a sur la base des composés carbonés des plantes.
10:38On peut faire toute une industrie verte,
10:41une chimie verte.
10:42Un exemple, on est à quelques jours de Noël.
10:44Le sac à sapins, c'est fait à base d'amidon,
10:46de plantes comme le maïs,
10:48plutôt qu'un sac plastique.
10:49C'est meilleur pour la planète.
10:51Donc, finalement, le maïs est une plante
10:53qui apporte des solutions.
10:54Et pour pouvoir apporter ces solutions,
10:56il faut pouvoir produire ce maïs chez nous
10:58et dans de bonnes conditions
10:59en termes de compétitivité pour nos agriculteurs,
11:01pour qu'ils continuent à le faire.
11:03Et sur cet aspect de biocarburant.
11:04Je voudrais juste ajouter un petit point.
11:06C'est qu'à ce propos-là,
11:07nous, on développe aussi des variétés de tournesols
11:08qui sont justement destinées
11:10à la production de biocarburants aériens.
11:13Et c'est des cultures qui ne vont pas remplacer
11:14une culture principale destinée à l'alimentation,
11:16mais qui va venir en plus,
11:18en termes de culture intermédiaire,
11:19pour produire ces biocarburants.
11:21C'est passionnant, parce que quand on déroule tout ça,
11:23on se rend compte de toutes les vertus du maïs.
11:26Mais voilà, donc, plantes nourrissantes,
11:27mais à la fois pour l'homme et pour les animaux.
11:30Vous l'avez dit, c'est une pompe à carbone
11:32qui demande moins d'eau.
11:34On peut réussir à avoir ces technologies
11:36plus précises, qui permettent,
11:38selon qu'on est un agriculteur dans le nord de l'Europe
11:40ou dans le sud de l'Europe,
11:41de mieux qu'utiliser.
11:42Et derrière, on a tout cet aspect biocarburant.
11:44C'est très intéressant.
11:45Merci d'être venu nous parler de tout ça.
11:47On concilie innovation, durabilité,
11:51réduction des intrants, rémunération.
11:53L'équilibre, il faut le placer où ?
11:54L'équilibre, il nous faut tout.
11:56Pour être durable, il faut qu'on puisse produire
11:59et vivre du métier pour un agriculteur.
12:01Et Cézanne, pour conclure ?
12:02L'équilibre ne se trouve pas en opposant ses objectifs,
12:05mais en les réconciliant grâce à la technologie.
12:07Donc on parle de souveraineté alimentaire,
12:08de transition énergétique,
12:10de sécurité environnementale.
12:12Aucun de ses objectifs ne sera atteint
12:13si on n'a pas une agriculture compétitive
12:15et innovante.
12:17Et le mot de la fin, je voudrais dire
12:18qu'il faut faire de l'innovation en agriculture,
12:21je dirais, une condition sine qua non en France et en Europe
12:24pour le futur agricole.
12:25Eh bien, merci à tous les deux.
12:26Sylvain Meudel, directeur général France de Corteva Agriscience
12:29et Céline Duroc, directrice générale
12:30de l'association des producteurs de maïs,
12:34pardon, AGPM, Maïs Europe.
12:36Merci à tous les deux.
12:36Merci.
12:37A très bientôt pour un nouveau hors-série BFM Business.
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