- il y a 6 jours
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00:00Bienvenue dans les informés, votre rendez-vous de décryptage de l'actualité.
00:05Bonjour Renaud Dettel.
00:06Bonjour Gat.
00:07Deux questions à la une ce matin.
00:08Emmanuel Macron peut-il faire plier l'Union Européenne sur le Mercosur ?
00:12Et puis quand un chef d'État africain s'inquiète d'un coup d'État en France,
00:17comment lutter contre la désinformation sur les réseaux ?
00:21Pour tout comprendre, pour nous éclairer ce matin,
00:23nos informés Myriam Inkawa, présentatrice de l'émission Tout est politique,
00:27vendredi, samedi, dimanche, 18h-20h sur France Info TV.
00:30Bonjour Myriam.
00:31Bonjour.
00:32Et Adrien Brachet, journaliste politique au Point.
00:34Bonjour Adrien.
00:35Bonjour.
00:36On commence donc Renaud avec notre premier débat,
00:38accord avec le Mercosur.
00:40Emmanuel Macron va-t-il gagner son bras de fer ?
00:42Alors que des milliers d'agriculteurs manifestent aujourd'hui à Bruxelles,
00:45justement à l'occasion de ce sommet des chefs d'État européens,
00:48invités à valider notamment l'accord commercial signé entre l'Union Européenne
00:51et les quatre pays sud-américains du Mercosur, Brésil, Argentine, Uruguay, Paraguay.
00:55Un accord commercial qui permettrait aux Européens d'exporter davantage d'industrie
01:00ou de services vers l'Amérique du Sud, mais qui en revanche menacerait
01:03un certain nombre de filières agricoles que la France veut protéger.
01:06Emmanuel Macron s'oppose de très longue date à cet accord.
01:10Et d'ailleurs, il l'a répété hier en Conseil des ministres,
01:14si jamais la Commission européenne veut faire voter les États membres,
01:19la France s'opposera de manière très ferme à cet accord,
01:23une position réitérée hier par le Premier ministre Sébastien Lecornu devant le Sénat.
01:28Si la Commission européenne souhaite passer en force en cette fin de semaine et aller au vote,
01:33la France votera contre le traité du Mercosur.
01:37Sauf que la France a reçu hier l'appui de Giorgia Meloni et donc de l'Italie,
01:42qui elle aussi s'oppose à ce traité en l'État.
01:46On sait que c'est aussi le cas de la Pologne et de l'Amérique.
01:48Est-ce qu'il y a là une minorité de blocage qui doit être normalement constituée de quatre pays
01:52et 35% de la population pour éviter l'adoption, la validation de ce traité ?
01:58Est-ce que la Commission finalement va passer ou non au vote ?
02:00Et est-ce que Ursula von der Leyen, qui est attendue par le président brésilien Lula samedi,
02:04ira ou pas au Brésil justement pour valider ce traité ?
02:09Emmanuel Macron apparaissait bien seul ces derniers jours,
02:11mais le soutien de l'Italie, Miriam Minkawa, est-ce que ça change tout dans le rapport de force ?
02:16C'est un soutien de poids.
02:17Le secours de Giorgia Meloni arrive à point nommé.
02:21C'est vrai qu'il était isolé.
02:23Cette minorité de blocage, il faut réussir à avoir au moins quatre pays
02:28avec des critères de nombre d'habitants par rapport à l'ensemble de l'Union Européenne n'étaient pas réunis.
02:34Il y a un enjeu énorme pour la France et pour Emmanuel Macron dans cette affaire
02:38parce que pour une fois, et c'est très très rare, ces derniers mois, ces dernières années,
02:43vous avez l'ensemble de la classe politique et une population qui soutient la lutte contre ce traité.
02:49Du rassemblement national à la France insoumise en passant par les macronistes,
02:54tout le monde est contre ce traité, en tout cas pour le secteur agricole et particulièrement les bovins.
03:00La question de l'Italie est importante.
03:03En même temps, ce n'est pas complètement scellé du côté de Giorgia Meloni.
03:07Il faut rester extrêmement prudent.
03:08D'abord parce qu'il faut bien voir que le rapport de force n'est pas favorable aux anti-mercoso,
03:13puisqu'on n'est plus du tout sur la question de l'abandon du traité, on est sur le simple report.
03:17Donc ça n'est pas du tout du tout la même chose.
03:19Sans doute que samedi il n'y aura pas de signature en grande pompe d'Ursula von der Leyen
03:26parce qu'effectivement cette minorité de blocage commence à être constituée.
03:29Mais il faut bien mettre l'enjeu dans une perspective plus large.
03:33Aujourd'hui, pour l'Europe, si on fait la somme, la balance entre les aspects positifs et les aspects négatifs,
03:41considérant le contexte actuel, vous avez une guerre commerciale féroce du côté de Donald Trump
03:46et l'arrivée massive maintenant des importations chinoises,
03:51il faut bien que l'Europe ait des nouveaux marchés.
03:54Et là, je pense que le rapport de force sur cet enjeu global nous est défavorable.
03:58Donc c'est peut-être une petite victoire de très court terme,
04:01mais il va falloir, à mon avis, encore batailler si, sur le secteur agricole, la France veut obtenir des gains.
04:10La question c'est les sauvegardes.
04:12Juste pour que Adrien rebondisse sur ce que vous dites, pardon.
04:15Adrien, cet accord de libre-échange avec le Mercosur, il est inéluctable, on va y arriver de toute façon ?
04:20En tout cas, je rejoins Myriam sur le fait qu'Emmanuel Macron ne peut pas crier victoire,
04:25c'est-à-dire qu'il faut être extrêmement prudent sur la position italienne,
04:28à la fois dans les prochaines heures.
04:30On sait notamment que l'Allemagne, via son chancelier Frédéric Mertz,
04:34a déjà dit qu'elle allait mettre la pression jusqu'au bout sur la position italienne.
04:38On sait qu'Allemagne en a absolument besoin pour son industrie automobile,
04:42pour son industrie de la mécanique lourde.
04:44Et puis, comme le disait Myriam, Georgia Meloni elle-même,
04:48quand elle a annoncé qu'elle était pour un report,
04:51elle a tout de suite précisé qu'il ne s'agissait pas de remettre en cause l'accord dans son ensemble,
04:56mais d'essayer d'obtenir dans les prochains jours des garanties suffisantes pour son secteur agricole.
05:01Donc, il est possible qu'en effet, pour Emmanuel Macron, ce ne soit qu'une victoire de très court terme,
05:07d'autant qu'en Italie, vous avez aussi une industrie, une industrie italienne,
05:11qui pousse pour ce traité.
05:14Donc, c'est vrai que les équilibres sont loin d'être favorables,
05:18ou en tout cas, très installés en faveur d'Emmanuel Macron, ça c'est certain.
05:23En fait, cette discussion-là, elle survient dans un ensemble global,
05:26c'est-à-dire qu'il y a un vaste troc en cours au niveau de l'Union Européenne,
05:29et c'est d'ailleurs l'objet de ce sommet, de la réunion de ce sommet.
05:33Il y a plusieurs sujets en même temps.
05:34Donc, est-ce qu'on va assister à une forme de compromis entre différents États
05:37qui ont des intérêts divergents ?
05:39Friedrich Merz, le chancelier allemand,
05:41vient d'obtenir un succès sur la fin de l'interdiction
05:44de la vente de tous les véhicules thermiques au sein de l'Union Européenne en 2035.
05:49Ça, c'est un succès que le chancelier allemand, qui était en pointe sur ce dossier, peut revendiquer.
05:53Il y a la question du Mercosur, du traité signé avec le Mercosur,
05:57où, avec toutes les prudences que vous évoquiez à l'instant,
06:00Emmanuel Macron peut se satisfaire de voir peu à peu, en tout cas, d'autres pays le rallier.
06:04Est-ce que ça suffira à reporter, en tout cas, la signature ?
06:07Rappelons que les demandes du chef de l'État, c'est une clause de sauvegarde,
06:11ce sont des mesures en miroir pour protéger un certain nombre de filières,
06:14et puis ce sont des contrôles sanitaires accrus, des moyens de contrôle sanitaire accrus,
06:18pour s'assurer qu'un certain nombre de produits agricoles venant d'Amérique latine,
06:23notamment d'ailleurs, et on y revient, l'importation de viande bovine,
06:27respectent des critères environnementaux qui sont ceux de l'Union Européenne.
06:30Et puis, il y a d'autres dossiers.
06:31Il y a la question de la saisie des avoirs russes gelés.
06:35On sait que, notamment, par exemple, la Belgique s'y oppose,
06:37que différents pays ont des craintes d'un point de vue législatif,
06:40que ce précédent, ensuite, ait des conséquences.
06:42Mais il y a beaucoup de pays qui réclament, eux, la possibilité d'utiliser ces avoirs russes gelés,
06:48notamment pour financer l'aide à l'Ukraine et ensuite la reconstruction d'Ukraine.
06:51Puis, il y a un quatrième dossier qui est plus budgétaire.
06:53Est-ce que, Georges Améloni, met aussi la pression pour obtenir davantage sur le futur cadre budgétaire européen ?
06:57Donc, on va assister dans les heures qui viennent, peut-être, à un grand troc qui peut échouer, d'ailleurs.
07:01On peut aussi être à l'aube d'une nouvelle crise de l'Union Européenne
07:05ou, à l'inverse, une forme d'échange, justement.
07:08Je te lâche les voitures thermiques.
07:10Tu me donnes un coup de main sur l'accord conclu avec les Mercosur,
07:14sans parler donc des deux autres dossiers que j'ai en évoqués.
07:17Potentielle crise de l'Union Européenne et crise des agriculteurs, surtout, Myriam,
07:21si cet accord va au bout, ce sera un affront.
07:25Pour eux, ça risque d'accentuer la colère ?
07:27Ça pourrait dégénérer ?
07:28Là, c'est vraiment le cœur de la colère.
07:30Il faut bien voir que, au fond, vous avez un noyau dur du mécontentement.
07:35Ça fait des années que le monde agricole, et d'ailleurs des grandes exploitations,
07:39aux plus petites, de la FNSEA à la coordination rurale,
07:42en passant par la Confédération paysanne, ne veut pas de se traiter.
07:46Et quand vous les écoutez, ils ne croient absolument pas
07:48en la capacité de l'Union Européenne à mettre en place ce qu'on appelle des clauses de sauvegarde.
07:52Autrement dit, si le prix, on va dire, de la viande argentine augmentait de 5%,
07:57alors elle ne pourrait plus arriver sur les marchés européens.
07:59Ils disent qu'il n'y a pas les moyens de les mettre en œuvre,
08:01que les différents pays ne sont pas très très unis sur la définition de ces clauses,
08:06et qu'en matière de contrôle, il n'y a pas de clause miroir possible,
08:11parce qu'il n'y a pas de moyen de contrôler exactement...
08:13Les clauses miroir, c'est-à-dire qu'ils respectent les mêmes règles que nous ?
08:15Les mêmes normes des deux côtés.
08:17Ils n'y croient pas.
08:18Et je pense qu'il y a des arguments pour alimenter véritablement ce doute
08:22sur les capacités réelles de mettre en œuvre ces clauses,
08:25même si elles sont noires sur blanc dans les traités aujourd'hui.
08:28Et c'est que, pour ces raisons de clauses,
08:30que les 4 pays qui ne veulent pas du Mercosur sur le secteur agricole disent
08:34« c'est trop tôt, le Parlement européen vient de voter ces clauses,
08:37il faut le temps de les mettre en œuvre, etc. »
08:39Sur Giordia Méloni, attention, elle est très proche aussi d'un certain Javier Milei,
08:43c'est très intéressant de voir que le président de l'Argentine,
08:46elle est toujours assez habile à être entre deux,
08:50et elle ne peut pas non plus se fâcher complètement avec l'Argentine sur le Mercosur.
08:54Elle a des intérêts du sujet très importants.
08:57Il va y avoir énormément de monde dans le monde agricole,
09:00les tracteurs sont en route vers Bruxelles, on parle de 10 000 tracteurs,
09:03c'est un peu le point culminant de cette colère,
09:06et des tracteurs de toute l'Europe.
09:09C'est un peu, au fond, que pèse l'agriculture,
09:12il y a la PAC qui est aussi en négociation,
09:14dans un ensemble plus vaste, dans une guerre commerciale plus vaste,
09:17où encore une fois, je le répète, c'est important,
09:19l'Europe a besoin d'autres marchés face à la guerre commerciale qui nous est menée.
09:23Adrien Brachet.
09:24Oui, je rejoins ce qu'a dit Myriam,
09:26c'est-à-dire qu'il y a une inquiétude en effet assez générale du monde agricole
09:29qui a peur, notamment à travers ce traité,
09:31d'être sacrifiée pour le bien de l'industrie européenne.
09:34Il y a cette crainte-là.
09:35Mais il ne faut pas non plus, comme l'a écrit Emmanuel Beretta,
09:38mon confrère spécialiste des questions européennes au point,
09:41il ne faut pas non plus que la question du Mercosur
09:43soit l'arbre qui cache la forêt de toutes les difficultés du monde agricole français.
09:47C'est-à-dire que la crise agricole française, elle est bien plus systémique et bien plus large que la simple question du Mercosur.
09:54La ministre de l'Agriculture, Annie Gennevar, était auditionnée la semaine dernière à l'Assemblée nationale.
09:58Et en avant-propos de son intervention, elle listait, elle faisait une énumération de toutes les difficultés auxquelles est confrontée la filière agricole française.
10:05Il y a le défi sanitaire, le défi climatique, le millefeuille administratif, les difficultés sociales.
10:11Et quand vous faites cette liste-là, il y a un côté un peu apocalyptique aussi.
10:14Donc il ne faut pas aussi que le débat se polarise sur une seule question et qu'on oublie le reste qui est quand même très large.
10:21Pour la première fois en 50 ans, la France pourrait être en déficit commercial agricole cette année.
10:27Donc il y a quand même une crise profonde et systémique au-delà même du Mercosur.
10:31Et ce résultat effectivement illustre cet affaiblissement, on va dire, de cette crainte d'agriculture,
10:36le fait que la balance commercial agricole soit sur le point d'être déficitaire.
10:40C'est un vrai tremblement de terre par rapport au commerce extérieur français depuis maintenant des décennies comme vous le disiez.
10:47Et c'est vrai que ça s'ajoute évidemment à la crise en cours qui est la crise sanitaire et la dermatose.
10:51Donc on voit bien que quand on voit les réactions des éleveurs et ce mouvement qui s'enracine aussi sur cette nouvelle crise sanitaire
10:59qui s'ajoute à ce contexte donc de ratification, de validation plutôt de l'accord du Mercosur.
11:05On voit que ce greffe s'ajoute, s'additionne, s'entremêle un certain nombre d'angoisse et d'inquiétudes.
11:10Et on voit aussi que la France, le gouvernement français, le chef de l'État sont extrêmement attachés à l'agriculture française,
11:19bien au-delà d'ailleurs de son poids électoral ou de son poids économique.
11:21Ça participe d'une forme de mythologie française, l'agriculture aujourd'hui.
11:24Alors que, on le disait au tout début, alors le gouvernement et le chef de l'État sont aussi très prudents pour des raisons politiques,
11:30évidentes, liées à cette crise et à ce mécontentement qui se manifeste.
11:35Mais alors qu'encore une fois, sur le plan économique global, cet accord conclu avec le Mercosur, a priori,
11:40il est plutôt favorable à l'économie européenne.
11:42Donc on voit non seulement d'autres pays, l'Allemagne, l'Espagne, des pays scandinaves,
11:46qui réclament que cet accord entre en vigueur au plus vite,
11:49mais il y a aussi des filières, y compris des filières françaises, pharmaceutiques par exemple,
11:53les produits pharmaceutiques qui souhaiteraient bien que cet accord entre en vigueur.
11:56Quand une fake news sur les réseaux sociaux conduit un chef d'État africain à imaginer un coup d'État en France,
12:03c'est notre prochain débat, mais tout de suite il est 9h18 et c'est Maureen Signard à l'Info en une minute.
12:09Les 27 ne quitteront pas le sommet européen sans solution financière pour l'Ukraine,
12:14promesse de la présidente de la Commission européenne.
12:17Un Conseil européen se tient aujourd'hui à Bruxelles à l'ordre du jour,
12:20la question des avoirs gelés russes et de leur possible mobilisation pour financer une aide à l'Ukraine.
12:26Un autre dossier brûlant est sur la table de ce Conseil européen
12:29qui réunit les chefs d'État et de gouvernement de l'UE,
12:32celui dit traité de libre-échange entre l'Union européenne et les pays sud-américains du Mercosur.
12:37La France s'oppose en l'État à cet accord.
12:40Les syndicats agricoles affirment que 5000 agriculteurs vont manifester aujourd'hui contre ce texte à Bruxelles.
12:46Des policiers ont tiré sur un véhicule après un refus d'obtempérer à Toulon.
12:50Hier soir, la passagère a été gravement blessée.
12:52Le procureur de Toulon indique que le conducteur de la voiture était alcoolisé.
12:56Il a été interpellé et placé en garde à vue.
12:59Et puis un savoir-faire français connu et reconnu dans le monde entier,
13:02la musique électronique française vient d'être inscrite au patrimoine culturel immatériel français,
13:08décision du ministère de la Culture.
13:10Il s'agit d'une première étape indispensable en vue d'une inscription au patrimoine mondial de l'UNESCO.
13:16Les informés avec Myriam Ancawa, présentatrice de l'émission Tout est politique sur France Info TV.
13:32Adrien Brachet, journaliste politique au point.
13:34Renaud, on passe à notre deuxième sujet.
13:37quand une vidéo, une fake news absurde, pose la question de la toute puissance de Facebook et de notre impuissance à nous.
13:45Une vidéo générée par l'intelligence artificielle qui a été vue plus de 13 millions de fois,
13:49qui s'est propagée donc à grande vitesse,
13:51qui a suscité d'ailleurs des craintes à l'étranger,
13:53et puis la colère d'Emmanuel Macron.
13:55Cette vidéo qui avait été mise en ligne sur Facebook se présentait comme le reportage d'une chaîne d'information en continu.
14:02une journaliste dans les rues de Paris annonçant un coup d'État en France dirigé par un colonel.
14:07Et la chute du président Emmanuel Macron, c'était évidemment totalement faux,
14:12on pouvait le confirmer à l'heure qu'il est.
14:15Et le chef de l'État a été très mécontent de la diffusion de cette vidéo bien sûr,
14:20et encore plus de son incapacité à débrancher cette fake news.
14:25On m'envoie depuis l'étranger, un de mes collègues africains pour tout vous dire,
14:31un message Facebook.
14:33Il me dit, cher président, qu'est-ce qui se passe chez vous ? Je suis très inquiet.
14:36Je demande à mon équipe, quand même ce truc-là c'est pas possible, en plus dans cette période,
14:40demander tout de suite à la plateforme de le retirer.
14:44Réponse de Facebook, ça ne contrevient pas à nos règles d'utilisation.
14:49Refus de retrait.
14:51Mais ces gens-là se moquent de nous.
14:53Ils se foutent de la sérénité des débats publics, et donc ils nous mettent en danger.
14:58Alors, est-ce que cet épisode illustre une fois de plus la toute-puissance des GAFAM ?
15:03Nos confrères du monde ont retrouvé l'auteur de cette vidéo.
15:06Il s'agit d'ailleurs d'un jeune homme, d'un jeune Burkinabé de 17 ans,
15:09qui a été lui-même visiblement dépassé par l'ampleur qu'a prise ce poste,
15:13cette vidéo qu'il a fini par retirer hier,
15:16qu'il fait comme ça des vidéos avec de l'intelligence artificielle pour percer, dit-il.
15:20De ce point de vue-là, c'était assez réussi.
15:22Et puis, dans le même temps, on a appris aussi que la place Beauvau, le mystère de l'intérieur,
15:27avait été hackée, qu'un individu s'était introduit dans le système,
15:32dans des failles de cybersécurité pour dérober un certain nombre de documents secrets.
15:37Il s'avère que ce jeune hacker de 22 ans a été arrêté à Limoges hier, justement,
15:43et qu'il aurait déjà commis ce type d'actes.
15:45Donc, qu'est-ce que ça dit, d'une part, de notre vulnérabilité par rapport à ces systèmes
15:50et par rapport à soit ces fake news, soit ces hackers ?
15:53Et puis, qu'est-ce que ça dit de la toute puissance des GAFAM, en l'occurrence ?
15:56Même quand un chef de l'État téléphone pour courtir une vidéo,
15:59Facebook refuse. Meta, en l'occurrence, refuse.
16:02Qu'est-ce que cela dit, Adrien Brachet ?
16:05Il y a plus puissant que les États ?
16:07En tout cas, que tout ce qui se passe sur les réseaux sociaux,
16:10tout ce qu'on appelle la guerre informationnelle,
16:13est un élément potentiel de déstabilisation de nos démocraties extrêmement important.
16:18On est aujourd'hui, en Europe notamment,
16:20dans des démocraties très fracturées, très polarisées
16:23et où donc la moindre étincelle, si vous voulez,
16:26peut avoir des répercussions absolument énormes.
16:29Donc, bien évidemment, ça peut être un outil de déstabilisation.
16:32L'Europe a essayé, a commencé à essayer de réguler les GAFAM,
16:35mais on voit bien qu'au-delà des déclarations martiales,
16:38c'est extrêmement compliqué.
16:40L'exemple d'Emmanuel Macron le montre.
16:42Et puis, je pense que ce qui inquiète beaucoup...
16:45Alors là, a priori, c'est en effet un jeune qui dit
16:47j'étais là pour percer, voilà, pour faire des vidéos.
16:50Il faudra voir ce qu'il en est réellement.
16:51Mais plus généralement, je pense qu'il y a une crainte
16:53sur les prochaines échéances électorales,
16:55notamment la présidentielle 2027.
16:57Il y a un rapport parlementaire, début juillet,
17:00qui a alerté sur la menace de guerre informationnelle.
17:04Vous avez un risque d'ingérence étrangère via les réseaux sociaux,
17:08via l'espace numérique.
17:10Et un risque qui, en plus, est décuplé, bien évidemment,
17:13avec l'usage de l'intelligence artificielle
17:16auquel nous ne sommes pas du tout encore sensibilisés.
17:19C'est-à-dire que les opinions publiques européennes
17:23et les citoyens ne sont pas encore du tout formés
17:25à faire face à tous les contenus d'intelligence artificielle
17:29qui peuvent déferler sur les réseaux sociaux.
17:31Alors justement, Facebook a refusé de retirer cette vidéo,
17:35mais elle explique qu'elle avait appliqué un label indiquant, c'est ça ?
17:40Voilà, que cette vidéo avait été générée
17:43par l'intelligence artificielle.
17:44Dès lors que Meta, propriétaire de Facebook,
17:48met ce petit label pour dire « c'est généré par l'IA »,
17:50il n'y aurait plus de problème.
17:51Visiblement, ça n'a pas empêché un chef d'État africain
17:54d'être, en tout cas, troublé, on va dire, pour le moins, par cette vidéo.
17:58On ne peut pas lutter contre Meta, Myriam Akawa ?
18:02Ça fait depuis des années qu'on s'est lancé dans un bras de fer
18:05avec les grandes plateformes.
18:06Oui, il est immense, c'est très compliqué
18:08parce que déjà, on a l'impression d'être assez impuissant face à l'IA lui-même.
18:12Et ensuite, il y a les plateformes qui diffusent.
18:16Ce que dit Meta dans cette affaire de pseudo coup d'État,
18:22c'est « vous m'avez donné des lois, j'applique la loi ».
18:25C'est-à-dire qu'il n'y a pas d'infraction commise,
18:28pas d'incitation à la haine, pas d'escroquerie,
18:32pas d'hommage physique à une personne directe.
18:35Donc, je suis dans un cadre légal.
18:38Même si vous me demandiez, au fond, de retirer toutes les vidéos générées
18:41par l'intelligence artificielle.
18:42Et il y en a.
18:43Il suffit d'aller sur n'importe quelle plateforme pour s'en rendre compte.
18:46Donc, le défi, ce n'est pas forcément les plateformes.
18:49On s'est armés d'un gros arsenal maintenant législatif au niveau européen.
18:54Le Digital Service Act, dès qu'il y a de l'incitation à la haine,
18:57dès qu'il y a des contenus en ligne qui sont illégaux,
19:00à ce moment-là, normalement, il y a retrait.
19:02Là, en fait, c'est une société complète qui est désarmée
19:05face à ces ingérences et ces fausses images.
19:09En fait, c'est très intéressant.
19:10Il y a une fracture générationnelle.
19:11Quand vous parlez à des jeunes adolescents, 14, 15, 16 ans,
19:15ils ont déjà réussi à avoir une sorte de sixième sens
19:20pour repérer ce qui est vrai et ce qui est faux,
19:22beaucoup plus que leurs aînés,
19:24parce qu'il y a une éducation à l'image,
19:27il y a une éducation à faire à l'école dès le plus jeune âge
19:31pour réussir sans tomber dans un conspirationnisme complet,
19:35bien évidemment, garder la valeur de la vérité
19:38comme vertu cardinale de la démocratie,
19:40mais en même temps repérer ce qui pourrait être susceptible
19:44d'être du fake, etc.
19:45Dans une campagne, mais c'est vertigineux.
19:48Si vous avez un deepfake, un candidat à qui on fait parler,
19:52on prête d'un discours,
19:54si vous avez par exemple de fausses émeutes,
19:56il faut imaginer ce qui pourrait se passer.
19:58Donc, on n'est pas armés et il est temps,
20:00c'est vraiment quasi moral, là,
20:02de monter en puissance et très vite pour pouvoir répondre.
20:06C'est même pas moral, c'est une question de protéger la démocratie.
20:09On voit bien que ces pratiques-là menacent la démocratie.
20:12On a vu des ingérences étrangères
20:13dans des élections récentes ailleurs.
20:15Et le risque, c'est que des ingérences étrangères,
20:17ou pas forcément d'ailleurs,
20:19utilisent ce type de procédés
20:21pour nuire à nos processus démocratiques.
20:23Mais juste un tout dernier point,
20:25il y a des législations en cours,
20:27on peut encore les renforcer,
20:28les États ont peu à peu ouvert les yeux.
20:30Ils ont mis un peu de temps,
20:32ils ont pris un peu de retard,
20:33ils ont eu du retard à l'image, me semble-t-il,
20:34parce que, et on pourrait presque remercier Elon Musk d'ailleurs,
20:37tant que les GAFAM, on va dire,
20:41roulaient plus ou moins directement pour le camp progressiste,
20:44et notamment pour Barack Obama,
20:46c'était le cas de Facebook pendant des années aux États-Unis,
20:48personne ne s'interrogeait sur l'éventuelle utilisation maléfique,
20:52malfaisante qu'on pouvait faire des GAFAM.
20:54Or, ce sont simplement des outils qu'on pouvait faire des réseaux.
20:58Or, ce sont simplement des outils,
20:59et ça dépend dans quelle main il tombe.
21:01Dès lors qu'Elon Musk a transformé Twitter
21:04en ce qui est devenu X aujourd'hui,
21:06ou que Mark Zuckerberg a tout changé dans la gestion de Facebook,
21:09on s'aperçoit que ces outils peuvent être extrêmement dangereux,
21:12et extrêmement dangereux pour la démocratie.
21:14Et la présidentielle, c'est demain.
21:16Donc comme vous dites Myriam et Renaud, il y a urgence.
21:18Merci beaucoup les informés, merci.
21:20Adrien Brachet, journaliste politique au point, la une du point cette semaine.
21:24Numéro spécial sur la Chine, l'empire qui sidère le monde
21:27avec des enquêtes et des reportages de nos envoyés spéciaux.
21:30Précipitez-vous dans les kiosques.
21:33Merci Myriam Mankawa, présentatrice de Tout est politique.
21:37Vendredi, samedi, dimanche, 18h20h en direct.
21:40Sur France Info TV, merci.
21:42Merci Renaud.
21:43Merci Agathe.
21:44Vous retrouvez les informés ce soir à 20h avec Victor Mettel.
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