Cyrille Kabbara, fondateur et directeur général de Shark Robotics, était l'invité de Laure Closier dans French Tech, ce mercredi 10 décembre. Il a présenté leurs robotiques industrielles, conçues pour la sécurité incendie et la sûreté nucléaire, dans Good Morning Business. Retrouvez l'émission du lundi au vendredi et réécoutez la en podcast.
00:00On va parler robots ce matin dans la French Shake avec une entreprise dont Anthony Morel nous dit qu'il est le premier à en avoir parlé.
00:05L'un des premiers, on les suit depuis longtemps.
00:08Confirmé par Cyril Cabara. Bonjour, vous êtes le fondateur et directeur général de Shark Robotics.
00:12C'est vrai qu'il est l'un des premiers à avoir parlé de vous.
00:13Tout à fait, Anthony est l'un des premiers à avoir couvert le sujet, notamment lorsque nous étions en partenariat avec Boston Dynamics à l'occasion du Covid.
00:19Absolument.
00:20Ça ne m'étonne pas parce qu'évidemment on parle de robotique industrielle.
00:23Vous faites briquer des robots destinés à la sécurité incendie, à la sûreté, au nucléaire, à l'espace afin d'améliorer évidemment sécurité et efficacité.
00:29Et c'est des robots qui bossent sur des terrains compliqués.
00:32C'est ça votre segment de marché ?
00:34Alors exactement, Shark Robotics est une deep tech française basée à la Rochelle de 80 collaborateurs qui conçoit et fabrique des robots dans la sécurité et la défense.
00:42L'un de nos événements majeurs est l'intervention de l'un de nos robots, le robot Colossus, dans le feu de la cathédrale Notre-Dame pendant 10 heures à 900 degrés.
00:53Et il a bien travaillé.
00:55Il a bien travaillé, il a fait le job effectivement.
00:56C'est ce qu'il a rendu célèbre, tous les Français qui ne connaissaient pas forcément Shark Robotics ont vu ce robot et on se dit mais qu'est-ce que c'est que ce truc ?
01:04Les pompiers utilisent des robots et pour moi c'est ça qui est intéressant et ça fait le pont avec ce qui se passe en Ukraine aussi.
01:10C'est que c'est l'illustration parfaite de la robotique qui ne remplace pas l'humain mais qui l'augmente.
01:15C'est-à-dire qu'on va envoyer des robots là où en fait on ne peut plus envoyer des humains parce que c'est trop dangereux, parce que c'est fastidieux, parce que c'est trop fatigant parfois et parce que là on peut risquer sa vie tout simplement.
01:25Et c'est à ça que servent vos robots en réalité.
01:27Tout à fait, c'est d'ailleurs la devise de la société, sauver des vies grâce à la technologie.
01:30Donc que ce soit dans la sécurité incendie ou la défense, on a des robots qui sont des systèmes, c'est-à-dire avec plein de modules mission, que ce soit pour évacuer des blessés, faire du renseignement, éteindre des feux.
01:40Et les opérateurs sur le terrain vont pouvoir changer les modules en 30 secondes sans outils.
01:4540 robots envoyés déjà en Ukraine, qu'est-ce qu'ils font là-bas ?
01:48Alors tout à fait, on a livré 40 robots en 7 mois cette année au profit des forces d'intervention du CESU, qui sont les pompiers ukrainiens, et qui leur permettent d'intervenir notamment après les bombardements russes.
01:59Donc Shark Robotik prend part à la résilience de la sécurité incendie en Ukraine et également à la lutte anti-drone.
02:05Puisque comme vous le savez, les russes malheureusement pratiquent ce qu'on appelle le double tap, c'est-à-dire ils frappent une première fois sur une coordonnée, que ce soit un bâtiment avec des civils dedans,
02:14attendent 20 à 30 minutes que les secours arrivent et retapent à nouveau.
02:17Donc dans ces conditions-là, aujourd'hui, les robots sont employés pour intervenir en premier, localiser les victimes, éteindre les feux, les évacuer, et en cas de deuxième frappe, effectivement, c'est le robot qui encaisse.
02:29Et alors, expliquez-nous un petit peu comment ils fonctionnent ces robots, on les voyait, donc c'est pas des humanoïdes, pour ceux qui imaginent les robots en mode Terminator,
02:36non, c'est des robots montés sur chenilles, c'est comme des petits tanks un petit peu, mais est-ce qu'ils sont autonomes ?
02:41Est-ce qu'il y a un pompier pilote humain qui doit quand même les superviser ? Comment ça marche concrètement ?
02:46Alors tout à fait, c'est un robot qui est assez compact, puisqu'il permet de passer, franchir les portes, c'est un robot à chenilles de 500 kilos,
02:51avec à peu près une douzaine de modules qui peuvent être changés sans outils sur le terrain,
02:54et qui va pouvoir passer dans tous les bâtiments, monter des escaliers et aller faire des missions.
02:59Donc aujourd'hui, c'est des robots qui sont téléopérés, dans lesquels on intègre des briques d'autonomie,
03:03comme du follow-me, c'est-à-dire la capacité à un robot de suivre, par exemple, un sapeur-pompier sur le terrain,
03:08de la navigation autonome.
03:10L'enjeu, si vous voulez, c'est de déporter le risque, donc c'est-à-dire avoir plus d'efficience et d'efficacité sur le terrain,
03:15de limiter la consommation en eau et d'aller faire une frappe chirurgicale, notamment pour éteindre un feu.
03:19Alors bien sûr, nos robots sont employés en Ukraine, mais on a quand même vendu plus de 300 robots dans 25 pays.
03:24Aujourd'hui, on fait 80% de nos revenus à l'export, puisque l'un des feux les plus courants est un feu d'entrepôt,
03:29avec un risque d'effondrement de la structure, et donc l'avantage du robot, c'est que les sapeurs-pompiers restent à l'extérieur,
03:35le robot rentre à l'intérieur, trouve le point chaud, fait une frappe chirurgicale, vous consommez 10 fois moins d'eau,
03:40et vous aussi, vous permettez de protéger les assets économiques à l'intérieur de l'entrepôt.
03:45Mais donc il y a un risque quand même énorme que le robot ne revienne pas ? C'est-à-dire qu'il y a de la perdition de robots, j'imagine ?
03:50Alors aujourd'hui, on n'a pas perdu de robots au feu, même celui qui est intervenu à Notre-Dame,
03:54et toujours en service avec la brigade de sapeurs-pompiers de Paris.
03:57Mais effectivement, l'enjeu, c'est de protéger l'homme, donc les hommes et les femmes de terrain qui sont déployés quotidiennement sur le terrain.
04:04On sait qu'aujourd'hui, depuis l'utilisation en Ukraine, on était très contents, on a fait une cérémonie de livraison des 40 robots,
04:09les premiers sont arrivés en avril de 2025, ils sortent quotidiennement,
04:14et on sait que les pertes humaines ont été divisées par trois depuis l'utilisation de nos robots sur le terrain.
04:18C'est énorme, effectivement.
04:19Et alors, l'étape d'après, c'est quoi ? J'ai lu que vous travaillez dans le cadre de France 2030 sur des robots
04:24qu'on pourrait intégrer directement dans les entreprises, notamment les entreprises sensibles, j'imagine, qui ont des entrepôts,
04:29et qui pourraient gérer tout seul un départ de feu.
04:31Donc là, il n'y aurait même plus besoin des pompiers, c'est le robot qui serait dans l'entreprise et qui se débrouillerait tout seul.
04:36Alors tout à fait, l'enjeu, c'est d'aller toujours plus loin vers de l'autonomie,
04:38à savoir des briques d'autonomie qui vont permettre aux robots, qui sont reliés à des dispositifs de capteurs,
04:43effectivement de recevoir l'information, de se déplacer en autonomie et d'aller neutraliser le feu pendant 40 minutes
04:48en envoyant les datas aux forces de l'ordre, que ce soit les pompiers, pour leur permettre de faciliter l'intervention.
04:54Donc on travaille sur ce genre de briques, et également des briques d'autonomie qui permettent aux robots d'être plus intelligents,
04:59non pas de remplacer l'homme encore une fois, mais de lui permettre d'intervenir en sécurité, de gagner du temps dans la manœuvre.
05:04Et là, il faut des pompiers télé-opérateurs, il faut des gens avec une double compétence de compréhension du feu,
05:09mais aussi de pilotage du robot.
05:11Alors c'est une bonne question, c'est des robots qui ont été développés avec les opérateurs.
05:15A chaque fois, on a mis autour de la table des ingénieurs et des femmes et des hommes de terrain,
05:19de manière à ce que ce soit intuitif.
05:21C'est-à-dire aujourd'hui, la durée de formation pour un robot, c'est une demi-journée.
05:24N'importe qui peut le piloter très rapidement, et c'est l'enjeu.
05:27On doit avoir une robotique qui soit simple d'accès, déployable rapidement sur le terrain.
05:31Et effectivement, l'étape d'après pour nous, puisque les besoins sont très importants en Ukraine,
05:35on a d'importantes demandes en termes de quantité pour couvrir les 23 régions en Ukraine,
05:40sont d'établir une présence locale via une jeune venture,
05:43pour pouvoir fournir effectivement la quantité demandée,
05:45que ce soit par les services de sécurité ou de défense en Ukraine.
05:48Et avec des débouchés au-delà, parce que là c'est vraiment spécifique sur robots pompiers,
05:53mais ça pourrait être des robots de déminage, en zone de guerre,
05:55on peut imaginer plein d'applications pour des robots autonomes montés sur chenilles.
05:59Alors tout à fait, on a au catalogue un robot de déminage développé avec les forces spéciales françaises,
06:04pour lequel on a des demandes effectivement en Ukraine et sur lesquelles on travaille,
06:08et également des robots mules, notamment pour la défense,
06:11qui vont permettre de soulager le travail des fantassins,
06:14que ce soit pour faire ce qu'on appelle des missions de type case évac,
06:16donc évacuation de blessés, apporter des munitions.
06:19Comme vous le savez par exemple en Ukraine, la zone effectivement d'interdiction,
06:23où il y a le plus de pertes, c'est entre la ligne de front et la ligne de ravitaillement à 5 km.
06:28Aujourd'hui, toutes les navettes, que ce soit pour les roulements d'hommes,
06:31c'est-à-dire apporter, effectivement faire des changements, des rotations, des munitions,
06:35ou évacuer des blessés, elle est sous le feu des drones en permanence.
06:39Donc aujourd'hui, cette ligne, et on l'a vu, j'ai moi-même été plusieurs fois en Ukraine,
06:42est totalement robotisée, avec du robot effectivement de petite taille,
06:46capable d'aller vite et d'évacuer les blessés.
06:49Merci beaucoup d'être venu ce matin pour nous parler de Shark Robotics,
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