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  • il y a 2 jours
Thomas Veyrenc, DG de pôles en charge de l'Économie, de la Stratégie et des Finances de RTE, était l'invité de Laure Closier dans Good Morning Business, ce mercredi 10 décembre. Il est revenu sur le bilan prévisionnel pour 2035 publié par le Réseau de transport d'électricité et la baisse de la consommation électrique, sur BFM Business. Retrouvez l'émission du lundi au vendredi et réécoutez la en podcast.

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Transcription
00:007h46 sur BFM Business et sur AMC Live. Trop d'offres ou pas assez de demandes, c'est une équation économique classique.
00:05Focus ce matin sur le marché de l'électricité avec Thomas Vérin.
00:07Bonjour, vous êtes le directeur général de Pôle en charge de l'économie, de la stratégie et des finances de RTE,
00:12le réseau de transport d'électricité, qui a publié son bilan prévisionnel pour 2035.
00:18Le premier constat, c'est que la consommation électrique est au plus bas depuis 20 ans.
00:22Est-ce que c'est bravo aux Français, les efforts de sobriété payent ?
00:25Ou est-ce qu'on a échoué à électrifier nos usages ?
00:28Et dans ces cas-là, ça n'est pas une bonne nouvelle.
00:31Bonjour. Alors, la bonne nouvelle, c'est effectivement que la situation dans laquelle on était au moment de la crise,
00:362022-2023, on en est sorti.
00:39Et là, on peut dire merci sur les questions de sobriété, parce que ça a aidé à sortir de la crise.
00:45Donc ça, c'est une bonne nouvelle.
00:46Après, le fait que, tendanciellement, notre consommation d'électricité n'augmente pas,
00:52ça, c'est un constat, le constat qu'on n'arrive pas aujourd'hui à électrifier.
00:56Et donc, on n'est pas sur la trajectoire de décarbonation rapide.
01:00Or, cette trajectoire de décarbonation rapide, ce n'est pas uniquement un enjeu de climat.
01:04C'est aussi un enjeu de souveraineté.
01:05Il faut se rappeler toujours ces grands chiffres.
01:07La France, un pays qui importe 60% de son énergie, c'est de l'énergie fossile.
01:11L'énergie fossile, elle nous a coûté 64 milliards d'euros.
01:16C'est plus que le budget des armées.
01:18C'est plus que le budget de l'éducation nationale l'année dernière.
01:21Et puis, si je remonte à la crise de 2022, c'était entre 110 et 120 milliards d'euros.
01:26Et donc, nous, on a intérêt à sortir de cette dépendance.
01:29Les pays qui nous vendent du pétrole et du gaz, ils n'ont pas forcément cet intérêt-là.
01:32Mais nous, on a intérêt.
01:33Et aujourd'hui, on voit dans la consommation d'électricité que cette bascule vers l'électricité, c'est une intention.
01:39Il y a des projets, mais elle n'est pas concrétisée encore dans les chiffres.
01:43Mais ce qu'il faut dire, c'est qu'électrifier les usages, c'est faire des économies au niveau macroéconomique, au niveau de l'État et au niveau individuel.
01:51Oui, en fait, il y a de tout.
01:53L'objectif, ce n'est pas d'augmenter en tant que tel la consommation d'électricité.
01:57L'objectif, c'est d'augmenter la part de l'électricité dans le mix énergétique global.
02:01Et ça, ça se traduira, même si on est économe, ça se traduira à terme par une augmentation de la consommation d'électricité.
02:09Alors, à côté, c'est ce que vous avez dit, il y a quand même une bonne nouvelle.
02:12C'est que l'offre de production, elle est là.
02:15Le nucléaire, il retrouve son niveau d'avant-crise.
02:18Les renouvelables se développent au rythme qui était souhaité par les pouvoirs publics.
02:22Donc, elles, elles sont sur le bon rythme.
02:23On a réussi à les lancer.
02:25L'hydraulique 2022, c'était la pire année hydraulique depuis 1976.
02:29L'hydraulique est revenue à un niveau normal.
02:32Donc, on a une électricité qui est abondante, bas carbone.
02:35En réalité, il y a beaucoup de pays qui nous envient ça.
02:38Il y a eu des inquiétudes pour les particuliers en 2022-2023, mais aussi pour les entreprises.
02:43On avait plein d'entreprises qui venaient, qui nous disaient, nous, on n'aura pas assez d'électricité pour décarboner.
02:47Aujourd'hui, tout ça, c'est levé.
02:48Mais du coup, est-ce qu'il y a trop d'offres ?
02:50Ça paraît fou de vous demander ça trois ans plus tard.
02:52Mais est-ce qu'on a trop d'offres d'électricité ?
02:54Non, aujourd'hui, on ne peut pas dire qu'on a trop d'offres.
02:56Le fait d'avoir une électricité abondante, qu'on exporte à des prix qui sont tout à fait significatifs.
03:03Ça rapporte plusieurs milliards d'euros par an.
03:05C'est le seul poste énergétique sur lequel on est en excédent.
03:09On a une balance commerciale positive sur ce poste-là.
03:11Donc, ça, c'est une force.
03:13On ne peut pas dire qu'on a trop d'offres aujourd'hui.
03:16Et encore une fois, on aurait vraiment tous signé pour être dans cette situation.
03:20Ça aussi, l'année dernière, on a battu le record d'export.
03:24Cette année, on sera très, très proche.
03:26Je ne sais pas si on sera un tout petit peu en dessous ou un tout petit peu au-dessous, mais on sera au même niveau.
03:29Ça veut aussi dire qu'on a des prix de marché en France qui sont maintenant beaucoup plus bas que ceux des autres pays européens.
03:37Et là encore, vous mentionniez, il y a 2-3 ans, on avait des prix de marché qui étaient élevés.
03:41Tout le monde se demandait comment c'était possible.
03:43Le fameux spread franco-allemand en matière d'électricité, tout le monde le scrute.
03:47Il était en faveur de l'Allemagne depuis 10 ans.
03:49Depuis 18 mois, il s'est inversé.
03:50Maintenant, on est même plus bas que l'Espagne.
03:52Les prix d'électricité ont énormément baissé.
03:55Il faut le redire.
03:56Ce n'est pas toujours dans la tête de nos concitoyens et de nos industriels.
03:59Un mot quand même sur le développement de notre puissance électrique.
04:03Sur les ENR et sur l'éolien, ça a coûté cette année 7 milliards d'euros.
04:07On prévoit de construire 6 prochains réacteurs EPR dans les prochaines années.
04:11Est-ce que c'est trop ?
04:12Parce que je vous parlais d'aujourd'hui, est-ce qu'on a trop d'offres ?
04:13Mais on va en avoir encore plus dans les prochaines années.
04:17La question sur l'offre, elle peut se poser.
04:18Dans le bilan prévisionnel que nous avons remis hier, on voit bien que le levier qui est le plus efficace pour non seulement nos objectifs stratégiques,
04:26mais aussi pour équilibrer notre système électrique et ne pas avoir de surcoût, c'est de réussir l'électrification.
04:32Et ça, ça nécessite des décisions dans les prochains trimestres.
04:35Il y a quand même une bonne nouvelle par rapport à ça.
04:36C'est que des projets d'électrification, des projets de réindustrialisation, il y a 5 ans,
04:42lorsque l'on travaillait sur notre grande étude, les futurs énergétiques 2050, ces projets, ils n'existaient pas.
04:48Il y a 3 ans, ils étaient au stade plutôt de la déclaration d'intention.
04:51Là, vous les voyez, dans le réseau, clairement...
04:53170 projets, juste sur le grand réseau, donc de l'industrie lourde, de la mobilité lourde, des data centers,
05:01qui ont réservé des droits d'accès au réseau pour être connectés d'ici 2030.
05:06Ces projets, donc, c'est un énorme potentiel.
05:09Si jamais ils se concrétisent, même à moitié, même s'il y a la moitié d'entre eux qui se concrétisent,
05:13on a une augmentation de la consommation d'électricité très importante et on a atteint tous nos objectifs.
05:18Donc, ils sont là.
05:19L'enjeu, c'est est-ce qu'au cours des prochains trimestres, ils prennent une décision d'investissement formelle,
05:25auquel cas, la consommation d'électricité, elle augmente et notre système, il se rééquilibre.
05:29Et donc, ça se joue...
05:30Mais ça se joue maintenant, dans un contexte budgétaire extrêmement tendu,
05:34avec des décisions importantes à prendre, il ne va rien se passer, Thomas Vérinck.
05:39Ça se joue maintenant, mais le contexte budgétaire, c'est une chose.
05:41Le prix de l'électricité, vous l'avez mentionné, c'est une autre.
05:44Quand on a un prix de l'électricité en France qui est en train de passer en dessous de 50 euros du mégawatt-heure sur les marchés,
05:49qui est quand même l'indicateur que scrutent les industriels,
05:52on est dans une position pour faire une bascule qui est quand même plus importante.
05:56Des projets de data centers qui veulent se connecter au réseau.
05:59Bien sûr, il y a des difficultés budgétaires que je ne méconnais pas du tout au niveau français.
06:06Mais ces projets-là, ils cherchent à aller en Europe.
06:10On a un réseau qui est très robuste.
06:12On a une stratégie réseau dans laquelle on développe, avant 2030,
06:16les capacités d'accueil dans les grandes zones industrielles,
06:19à Dunkerque ou à Vrafos.
06:20On a une stratégie de type fast track pour attirer des data centers.
06:25Donc, on a les outils pour y parvenir.
06:27Bien évidemment, si jamais on réussit cette bascule, notre système s'équilibre.
06:31Ensuite, régler transitoirement les rythmes de déploiement des énergies renouvelables.
06:36Ça fait partie des leviers.
06:38Aujourd'hui, on parle des renouvelables parce que c'est celles qui se déploient le plus rapidement.
06:42On pourra parler de tout après.
06:44Mais l'important, ça reste de réussir notre bascule.
06:49Et ça, ça se joue vraiment dans les prochains trimestres.
06:51Merci beaucoup Thomas Veringue d'être venu ce matin dans la matinale de l'économie.
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