- il y a 2 semaines
La France peut-elle redevenir une puissance industrielle ? Et comment ? Trois experts et acteurs du secteur en débattent dans le CERCLE RH, au micro d’Arnaud Ardoin.
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00:00Générique
00:00Le cercle RH pour débattre de l'industrie, de la réindustrialisation,
00:17qui est un sujet qui depuis des années et dans l'actualité, il faut réindustrialiser.
00:21Alors on a beaucoup parlé du made in France, du fait de fabriquer nos produits ici sur le territoire.
00:26Est-ce que c'est possible ? On va en parler avec mes invités.
00:29Est-ce que c'est souhaitable ? On a vu des débats de citoyens qui veulent réindustrialiser,
00:34mais qui ne veulent pas installer l'usine à côté de chez eux.
00:36Donc c'est un vrai sujet sur les enjeux de réindustrialisation.
00:39Puis il y a eu des questions de compétitivité, de coût du travail.
00:41On en parle avec des experts, ils travaillent sur ce sujet.
00:45Olivier Luanzi, merci d'avoir répondu.
00:47Bonjour, ravi de vous accueillir.
00:49Professeur au CNAM, et vous portez à travers votre réflexion la chaire de l'industrie décarbonée.
00:56Et ça, c'est très intéressant, parce qu'est-ce qu'on peut faire une industrie décarbonée ?
01:00Vous allez nous répondre dans quelques instants.
01:02À vos côtés, Sébastien Henry.
01:04Bonjour Sébastien.
01:04Bonjour.
01:05Vous êtes le président d'Aveva, vice-président de l'EMEA.
01:09Et votre boulot, vous, c'est d'aller apporter de la technologie, de l'innovation dans l'industrie.
01:13On parlera peut-être d'IA et d'innovation, et c'est ce que vous portez.
01:17Et vous êtes dans combien de... vous irradiez combien d'entreprises ?
01:21En France, on est présent dans environ 5000 sites industriels.
01:26Et dans le monde entier, environ 100 000 sites industriels qui utilisent nos logiciels.
01:31Incroyable.
01:32Donc on est présent dans un certain nombre de pays et un certain nombre d'endroits.
01:36Et je pense que c'est vice-président de la commission d'industrie de Numéum.
01:39Numéum.
01:40Qui est le syndicat professionnel des éditeurs logiciels.
01:44Donc vous parlez avec deux casquettes.
01:45Tout à fait.
01:46Il y a deux casquettes, Aveva et Numéum.
01:49Et puis Stéphane Gorz, vous n'êtes pas dépaysé, parce que vous avez signé une tribune.
01:53Cher Stéphane, vous êtes avec Olivier Luanzi.
01:55Vous êtes président de la Société des ingénieurs arts et métiers.
01:57Vous les avez sondés, interrogés.
01:59Voilà, des ingénieurs prestigieux.
02:01J'ai trois ingénieurs autour de la table.
02:02Donc je vais essayer d'être le plus sérieux possible.
02:05D'abord, un mot quand même sur vos ingénieurs arts et métiers.
02:07Parce que vous avez sondé les cœurs.
02:09C'est la relève.
02:11C'est ceux qui vont occuper les postes dans les entreprises.
02:14Globalement, ils ont un peu le moral dans les chaussettes.
02:16Ils disent globalement, on n'y croit plus trop, à cette espèce d'ancienne de la réindustrialisation
02:21dont on nous rabat les oreilles depuis une dizaine d'années.
02:24Est-ce que c'est ça l'état d'esprit des ingénieurs aujourd'hui ?
02:26Alors, quand on interroge, d'abord le sondage qu'on a fait, donc on l'a fait avec l'IFOP.
02:31D'un côté, effectivement, on a interrogé 2000 de nos camarades.
02:34Et d'autre part, l'IFOP, avec Jérôme Fourquet, ont interrogé 1000 Français.
02:38Et quand on sonde les cœurs et les reins des ingénieurs, qu'est-ce qu'ils disent au fond ?
02:42Ils disent, nous sommes, on est heureux dans l'industrie.
02:44Ce qu'on fait est bien, ce qu'on fait a du sens.
02:46Ce qu'on fait est utile pour la souveraineté.
02:48En revanche, aujourd'hui, quand on regarde ce qui se passe en termes de réglementation,
02:53en termes de fiscalité, en termes de coût du travail,
02:56aujourd'hui, on ne se donne pas suffisamment les moyens d'être compétitif.
03:01On met des boulets au pied de l'industrie.
03:03C'est ça qu'ils disent, en fait.
03:04On est d'accord ?
03:05Et c'est pour ça qu'en fait, quand on regarde les chiffres,
03:08aujourd'hui, ils sont 16% à nous dire,
03:11oui, la réindustrialisation est en marche.
03:13Autrement dit, 84% considèrent que la réindustrialisation est en panne.
03:1884% des ingénieurs interrogés ne croient plus en la réindustrialisation de la France.
03:24C'est-à-dire qu'en fait, ce message ne passe plus, même chez eux.
03:27Chez des gens qui sont censés...
03:29Non, pas d'accord, Olivier Luanzi ?
03:30Oui, avec des nuances.
03:32Le constat qu'on fait aujourd'hui,
03:33c'est que le diagnostic sur notre industrie,
03:36il est posé, il est consensuel.
03:38Alors, il a évolué depuis les années 2010,
03:41depuis le rapport gallois,
03:42où on était tous sur la compétitivité.
03:45Aujourd'hui, il y a le potentiel des territoires.
03:47Tous ces PMI et des ETI ancrés dans les territoires,
03:50c'est les deux tiers de notre potentiel de réindustrialisation.
03:53Il y a le sujet qui a été mentionné,
03:54de la souveraineté qui nous a explosé au visage
03:57avec le Covid et puis avec l'Ukraine.
03:59On a fait venir des usines de médicaments, vous vous rappelez ?
04:01Non, non, non, attendez, on a voulu le faire.
04:04On a voulu le faire.
04:05Il y a 12 dossiers de relocalisation sur 150 molécules.
04:08Et c'est bien ça, le constat.
04:09Pourquoi ?
04:09Ça fait 15 ans qu'on dit qu'on veut faire la réindustrialisation.
04:13Le diagnostic est fait.
04:14Les solutions sont relativement partagées.
04:16Regardez les publications.
04:18J'en ai commis quelques-unes avec un bouquin
04:20qui s'appelle « Réindustrialiser le défi d'une génération ».
04:23Mais regardez ce qui a été publié par le METI,
04:25Mouvement des entreprises de taille intermédiaire,
04:27par la CPME il y a trois semaines,
04:29Confédération des petites et moyennes entreprises,
04:31même par le MEDEF, ça vient de sortir.
04:33Si vous regardez ça,
04:35vous avez une dizaine de leviers à mettre en œuvre
04:38dont la moitié peuvent être faits
04:40sans budget supplémentaire,
04:42sans demander l'accord à Bruxelles.
04:44Et moi, ce que je constate,
04:45c'est que ce qui « désespèrent » les ingénieurs,
04:48ceux qui travaillent dans l'industrie,
04:50c'est cet immobilisme.
04:51Alors, tout n'est pas faisable.
04:53Demain, on ne va pas refaire une politique commerciale européenne
04:55en claquant entre les doigts.
04:57mais sur le foncier, sur la formation,
05:00sur la mobilisation de l'épargne des Français,
05:02il y a plein de choses qui peuvent être faites
05:03et on est devant une sorte d'immobilisme incompréhensible
05:06vu les enjeux.
05:08Pour compléter ce que dit Olivier,
05:11le message, pour le résumer d'une phrase,
05:15c'est « halte à la magie du verbe ».
05:17« halte à la magie du verbe ».
05:18C'est-à-dire qu'on parle beaucoup.
05:19Et on agit peu.
05:21Pour compléter peut-être ce que dit
05:23avec beaucoup de pertinence Olivier,
05:25c'est que typiquement,
05:26on voit que les ingénieurs disent
05:28« on est en surréglementation,
05:31on est systématiquement en surtransposition
05:33des normes européennes ».
05:35Et nous, ce qu'on dit,
05:35mais est-ce qu'il ne faudrait pas,
05:37sur la base de ce que fait
05:38le Conseil national de l'industrie,
05:40demander à chacun des secteurs
05:41quels sont les 5 ou 10 règlements ?
05:43C'est un peu.
05:43Exactement.
05:44Mais c'est marrant parce que
05:45quand je vous entends parler
05:46et vous représentez des ingénieurs
05:48à travers votre organisation
05:50des arts et métiers,
05:51j'y crois entendre les agriculteurs
05:53qui sont dans la rue
05:54et qui nous disent
05:54exactement la même chose.
05:56Tout l'outil productif est concerné.
05:57Tous les outils de production
05:59sont impactés par la norme.
06:00Et vous dites la même chose.
06:01Moi, vous dites strictement la même chose.
06:02Vous, la norme,
06:03elle est un peu différente
06:03parce que vous allez apporter de la tech.
06:05Nous, la norme, en fait,
06:06elle est un peu différente
06:08et je dirais que sur la partie
06:09technologique et industrielle,
06:11finalement, il y a une relative flexibilité.
06:14Ce qu'on va voir en priorité,
06:16c'est en fait,
06:17notre problématique aujourd'hui
06:19ou la problématique que l'on voit,
06:21c'est essentiellement que
06:21toute la partie industrie 4.0
06:24est prise en compte
06:26et déployée dans les grands groupes.
06:28Là où le vrai challenge,
06:31c'est le déploiement dans les territoires,
06:32c'est le déploiement au niveau des ETI, des PME.
06:34Il y a des très belles ETI
06:35qui adaptent et qui s'engagent.
06:37Ce ne sont pas des marques connues,
06:38vous ne connaissez pas,
06:39mais qui cartonnent.
06:41Oui, nous, en tant que KV20,
06:44on travaille avec des ETI
06:45qui utilisent les logiciels
06:51pour vraiment améliorer leur production.
06:53Je prends un cas comme Saveur Glace
06:54et d'ailleurs,
06:56un certain nombre de verriers français
06:57qui sont assez engagés sur ces sujets-là
07:01et qui ont des gains.
07:02On parle de gains,
07:03quand on parle du numérique,
07:04de manière générale,
07:05du digital,
07:06on a des gains qui arrivent aisément
07:08à du 15%
07:10de réduction de l'empreinte carbone
07:15ou de réduction des coûts de maintenance.
07:17On est sur des éléments importants.
07:18Avec l'IA,
07:20on va sûrement arriver
07:22à des aspects de convectivité
07:26encore plus importants.
07:29Le vrai défi,
07:30pour nous,
07:31de notre point de vue technologique,
07:32c'est l'acculturation et la formation.
07:34Juste un mot dans votre sondage.
07:36Moins d'un Français sur deux.
07:37C'est d'un Français sur deux.
07:38On n'est plus sur les ingénieurs,
07:39on est sur le grand public.
07:4047% estiment que la France
07:41reste une grande nation industrielle,
07:44sauf qu'ils étaient encore 56%.
07:46On est passé en dessous
07:47de la barre des 50%.
07:48En un an,
07:48on perd 10 points.
07:49Et pourtant,
07:50on n'a jamais fait au sein
07:51de Salon Made in France.
07:52On n'a jamais autant parlé
07:53de sauver l'industrie.
07:54Je vois l'usine Brandt.
07:55Tiens, ça, c'est un bon cas.
07:58385 salariés
07:58qui fabriquent des fours.
07:59C'est de l'industrie.
08:00Ça, c'est typiquement l'industrie.
08:01C'est des chaînes.
08:02On a du métal.
08:03On a de la technologie.
08:04On a de l'assemblage.
08:05384 salariés.
08:06Qu'est-ce qui fait
08:07que Brandt met la clé sous la porte ?
08:09Alors, vous n'avez pas
08:09la réponse technique,
08:10mais est-ce que c'est
08:11un problème de coût du travail ?
08:12Est-ce que c'est une concurrence,
08:13je dirais, chinoise
08:14qui fait que le four
08:15sort deux fois moins cher ?
08:17Vous qui observez l'industrie,
08:18c'est quoi le problème ?
08:19Alors, d'abord,
08:20je vais remontre ce sondage
08:22sur moins de 50% des Français.
08:24En fait, il faut donner acte
08:25à ce sondage.
08:26Il dit la vérité.
08:27C'est-à-dire que la perception
08:27des Français est juste.
08:29Nous sommes revenus
08:30dans une phase
08:31de désindustrialisation.
08:32On avait été,
08:33pendant quelques années
08:34après le Covid,
08:35sur une phase
08:35de réindustrialisation
08:36que j'ai appelée
08:37le printemps
08:37notre réindustrialisation.
08:39On créait à peu près
08:4030 000 emplois industriels
08:42manufacturiers par an.
08:43On créait à peu près
08:44une centaine d'usines nettes
08:45entre la différence
08:46entre la fermeture
08:47et l'ouverture par an également.
08:49Aujourd'hui,
08:50la tendance,
08:50c'est plutôt
08:51moins 20 000 emplois
08:52manufacturiers par an
08:53et moins 60 à moins 80 usines
08:56sur le sol français par an.
08:58Donc, ce qu'il reflète,
08:59c'est ça,
08:59c'est-à-dire les grands discours,
09:01les grandes déclarations,
09:02les incantations,
09:03les grands salons,
09:04c'est super,
09:04mais sur le terrain,
09:05on voit le contraire
09:07de ce qui se passe.
09:07Avec des restrictions
09:08de construction,
09:08il faut préciser
09:09qu'il y a des règles aujourd'hui
09:10qui limitent la possibilité
09:11de construire in extenso
09:13une usine.
09:14On est d'accord ?
09:14Tout à fait.
09:15Il y a un peu limité
09:16les ambitions de chacun.
09:17On se dit,
09:17tiens, je vais mettre
09:17ma belle usine.
09:18Bon, on vous dit,
09:19non, ce n'est pas possible.
09:20Il y a plusieurs facteurs.
09:21Vous en avez évoqué
09:22un troisième.
09:23Il y a effectivement
09:23le coût du travail,
09:24une concurrence déloyale,
09:26le foncier qui n'est pas disponible,
09:28la formation qui est une impasse
09:30aujourd'hui sur un certain
09:32nombre de métiers industriels
09:33qui sont en tension
09:34depuis 10 ans.
09:35Alors, si on prend par exemple
09:37le cas de l'électroménager,
09:39Brandt, donc c'est ça.
09:42Là, les facteurs sont assez connus.
09:44Il y a une partie du coût du travail.
09:46On a un modèle social en Europe
09:48et en France en particulier.
09:50Il n'y a pas le même modèle social
09:51en Asie et en Chine.
09:53Vous avez donc des écarts
09:54qui font qu'il y a une compétition
09:55qui est déloyale.
09:57Tant que vous ne la réglerez pas
09:58avec une politique commerciale
10:00qui soit adaptée,
10:02on n'y arrivera pas.
10:03le rêve des années 90
10:04où on allait.
10:06Ça, c'est la partie compétitivité.
10:08Mais les Chinois le font aussi.
10:10Mais les Chinois le font aussi,
10:12même plus vite que nous.
10:13Donc, oui, il y a une partie compétitivité
10:15qui est naturelle,
10:16mais oui, il faudra aussi
10:16une partie protection.
10:18Celle-là, on n'en parle pas beaucoup
10:19parce qu'elle est un peu taboue
10:20et pourtant, elle est indontournable.
10:22Protéger nos bijoux industriels,
10:24donc c'est ça aussi la souveraineté,
10:26faire en sorte qu'on ne soit pas attaqué,
10:27qu'on protège nos brevets aussi.
10:28C'est exactement ça,
10:29ce sont des bijoux.
10:30Et je rebondis sur ce que tu disais tout à l'heure.
10:33On a de la compétence en France.
10:36Quand on parle des ingénieurs,
10:37on a des gens de haute compétence.
10:42Aujourd'hui, notre enjeu, c'est de grâce.
10:44Ne gâchons pas ce savoir-faire,
10:46ne gâchons pas ces compétences.
10:48Elles sont capables de produire des choses,
10:50d'inventer des produits.
10:51Simplement, si effectivement,
10:53ils ont des, comme on dirait en hippisme,
10:56des handicaps trop importants,
10:58ça vient juste un peu compliqué d'être...
10:59D'ailleurs, ce sujet en termes de compétences industrielles.
11:03Et si on regarde un petit peu sur les aspects
11:04de technologie et de logiciel industriel,
11:08c'est intéressant de voir que
11:09quasiment les trois plus gros leaders
11:12du monde du logiciel industriel
11:13sont européens, dont deux Français.
11:16Aveva,
11:17Concobix britannique,
11:18et Edasso System.
11:20Donc, pourquoi ?
11:21Parce qu'en fait,
11:21il y a cette compétence.
11:23Et aujourd'hui,
11:24on voit aussi que
11:26la France devient,
11:27sur la partie industrielle,
11:29un centre important,
11:30avec l'Allemagne,
11:31qui est présent aussi,
11:32mais globalement,
11:33un centre de compétences important
11:34qui peut aider le monde industriel.
11:36Nous, l'un des sujets
11:38qu'on a chez Aveva,
11:39c'est d'essayer,
11:40et avec Numéum,
11:41c'est d'essayer aussi
11:42de développer un écosystème
11:43de partenaires vraiment compétents,
11:45parce que la question de l'écosystème
11:46d'un point de vue technologique
11:48pour aider dans les territoires
11:49est aussi importante.
11:50C'était un peu aussi l'idée pour nous
11:51pour rejoindre Numéum,
11:52c'était d'avoir la capacité
11:55de travailler avec les territoires,
11:56les régions,
11:57pour accélérer cette transformation-là.
11:59Juste un mot,
12:00parce qu'il y a les règles
12:01de compétitivité,
12:03ce que vous avez cité
12:03parfaitement bien,
12:04puis dans votre analyse
12:06et de votre recherche,
12:07vous parlez de décarboner.
12:08Et on a l'impression
12:09que c'est presque un non-sens
12:10de parler d'industrie décarbonée.
12:12Possible ou pas ?
12:13Est-ce que c'est ça
12:14l'avenir de l'industrie ?
12:15Vous n'avez pas le choix,
12:16tout simplement.
12:17Non, non, mais je vois tout
12:17pour regarder,
12:18vous allez me dire
12:18qu'est-ce qui pose la question ?
12:19Vous avez juste 10 ans
12:22de retard, c'est tout.
12:23C'est ça.
12:24Mais l'opposition
12:25entre l'industrie
12:26et l'environnement,
12:27elle a vécu.
12:28Elle est encore présente.
12:30Quand vous allez interroger,
12:31faire un micro-trottoir,
12:33vous aurez encore
12:33ce type de réponse.
12:34Pour les gens
12:35qui ouvrent un peu le dossier,
12:36on se rend compte
12:37qu'on ne répondra pas
12:38aux défis environnementaux
12:40si on ne refait pas
12:41de l'industrie.
12:42Si vous voulez faire...
12:43Attractif pour les jeunes
12:43ingénieurs aussi, d'ailleurs.
12:45Mais face à une question
12:46de matière,
12:47si vous voulez faire
12:47de l'économie circulaire,
12:49il faut inventer
12:50de nouveaux produits,
12:50il faut du génie industriel.
12:52Si vous voulez décarboner
12:53parce qu'on est
12:54en plein réchauffement climatique,
12:55il faut des nouveaux processus,
12:56des nouvelles sources d'énergie,
12:58il faut du génie industriel.
12:59Le génie industriel
13:00qui a fait
13:01l'outil de production de masse
13:02pour répondre
13:03à une société
13:03de consommation de masse,
13:05on en a besoin
13:06pour faire un autre projet
13:07de société.
13:07Le génie industriel,
13:08il est au service
13:09d'un projet de société.
13:11Demain, ce sera la décarbonation,
13:12c'est évident.
13:13Et puis même,
13:14vous allez demander
13:15aux Français de faire,
13:16on en a à peu près
13:16pour 15 ans d'efforts
13:17si on s'y met vraiment
13:18pour réindustrialiser le pays.
13:20Ce n'est pas en claquant des doigts.
13:22Comment voulez-vous
13:22conserver le consensus
13:23qu'il y a aujourd'hui
13:24pour faire industrie en France ?
13:2680% des Français
13:28le soutiennent.
13:29On perd 10%
13:29quand c'est dans la même commune.
13:31Mais que 10% ?
13:32Que 10% ?
13:34Mais ça fait
13:34une large majorité.
13:35Essayez de trouver
13:36un autre sujet en France
13:37sur lequel il y a
13:3880 à 90% des Français
13:40qui sont d'accord.
13:41Pour conserver ce consensus,
13:42vous ne pouvez pas dire
13:43j'en ai rien à faire
13:44de la décarbonation,
13:46j'en ai rien à faire
13:46de la biodiversité.
13:47Ça s'inscrit dans le monde
13:48du 21ème.
13:49Il faut l'inscrire
13:50dans le monde du 21ème.
13:51Ma question vous a fait sourire,
13:53mais on se dit quand même,
13:54on voit Stellantis,
13:55on voit les chaînes
13:56de montage automobile,
13:56ça c'est la grosse industrie.
13:58Excusez-moi,
13:59mais est-ce que ça passe
13:59par ces grands sites industriels,
14:01des clichés
14:01fordistes
14:03du début du 20ème,
14:04ou est-ce que l'industrie
14:05aujourd'hui,
14:06ce sont des petites unités,
14:08c'est des ETI
14:09à taille modeste ?
14:10Comment vous la voyez
14:10évoluer même en termes
14:11de bâti,
14:12cette industrie ?
14:13L'industrie du futur
14:15pourra effectivement
14:16avoir des grands sites
14:18et des sites plus petits.
14:20D'abord,
14:21je voudrais peut-être
14:21pour compléter
14:22ce qui vient d'être dit,
14:23il faut bien avoir en tête
14:24qu'aujourd'hui,
14:25les jeunes ingénieurs
14:26sont formés
14:27à la décarbonation.
14:29Ils sont demandeurs
14:30parce qu'ils savent
14:31que ça sera
14:32leur responsabilité
14:34de décarboner.
14:35Et donc,
14:35ils ont le mindset
14:36qui va bien
14:37pour faire ça.
14:38Et la formation
14:38comme vous le disiez.
14:39Et la formation
14:39qui va avec.
14:40Et souvent,
14:41parfois,
14:42c'est au corps enseignant
14:43de les rattraper,
14:45de répondre à cette demande.
14:47De les retenir même,
14:48parfois.
14:48Oui, oui.
14:48Mais alors,
14:49en termes de taille,
14:50ce qu'il faut savoir aussi,
14:51c'est que certaines technologies,
14:53je pense,
14:54par exemple,
14:55à l'imprimante 3D,
14:57à l'imprimante 3D,
14:58fait qu'il y a
14:58de vraies évolutions conceptuelles,
15:01de vraies évolutions technologiques
15:04sur les outils de production.
15:06Juste un mot,
15:07on parle de décarboner,
15:08vous êtes,
15:09j'imagine,
15:09totalement en phase.
15:10Dans vos outils,
15:11vous avez ces outils
15:11de décarbonation
15:12ou c'est surtout des outils
15:14pour accélérer
15:15la compétitivité,
15:16c'est-à-dire que la chaîne
15:16de montage continue à tourner,
15:18qu'il y a une détection
15:19plus rapide d'une panne
15:20sur une maintenance ?
15:21Donc, effectivement,
15:22il y a cette partie-là,
15:22on va dire,
15:22de compétitivité,
15:23entre guillemets,
15:24classique,
15:24sur la partie process,
15:25maintenance, etc.
15:26Mais on a un certain nombre
15:28d'offres
15:29et de cas d'application
15:32qui sont liés
15:34sur plusieurs choses.
15:36Encore une fois,
15:38dès que l'on mesure
15:39et qu'on visualise
15:41la performance énergétique
15:43d'une usine
15:43et qu'on a un plan d'action
15:45derrière,
15:46c'est 10 à 15 %
15:47de réduction de l'impact.
15:48Premier point.
15:49Deuxième point,
15:50il y a une transformation
15:50de tous les process
15:51qui sont, on va dire,
15:53intensifs en termes
15:54d'émissions de carbone
15:55qui sont dans une réflexion
15:57pour aller vers des substituts,
15:59soit des substituts
16:00moins carbonés,
16:02différents types de gaz,
16:03hydrogène,
16:04en particulier dans le monde
16:05de l'industrie lourde,
16:06l'hydrogène prend place
16:08et deuxièmement,
16:09c'est la mise en place
16:10de, c'est dans le monde
16:11du verre,
16:11du four électrique,
16:12donc une décarbonation aussi.
16:13Donc en fait,
16:14les solutions technologiques,
16:15je rejoins complètement
16:15vous l'avez dit,
16:16elles existent
16:17et avoir une industrie,
16:19une industrie propre,
16:20c'est quelque chose
16:20que l'on sait faire,
16:21c'est une question de financement
16:22et c'est une question,
16:23on s'est d'accord,
16:24de protection en fait
16:26par rapport
16:27à l'entrée
16:29de produits
16:29qui ne sont pas
16:30sur les mêmes standards.
16:31Donc ça,
16:32c'est un élément important.
16:32L'industrie doit se battre
16:33avec des armes
16:33et doit avoir les armes
16:34et vous nous dites
16:35depuis le début de l'émission,
16:36elle n'a pas les armes
16:36pour se battre,
16:37armes égales en tout cas
16:38avec des produits
16:39devant l'extérieur
16:39et n'ayant pas les mêmes normes
16:41comme les produits agricoles.
16:43Juste le dernier point,
16:44c'est que je pense
16:44que c'est important
16:45pour aller dans ce sens-là
16:46pour justement aussi
16:47être attractif
16:48par rapport
16:48aux jeunes générations,
16:50c'est-à-dire qu'à la fois
16:51une approche décarbonée
16:53et à la fois
16:54une approche,
16:55on va dire digitale
16:56qui soit attractive,
16:57ces investissements
16:58sont nécessaires aussi
16:58par rapport
16:59à l'attractivité
17:00de l'industrie.
17:00C'est l'industrie 4.0,
17:01c'est-à-dire qui est toute propre,
17:02c'est plus l'industrie
17:03avec de la graisse,
17:04des gens tout noirs
17:05qui sortent des ateliers.
17:06Il en reste encore un petit peu.
17:07Mais je rappelle souvent,
17:09Duralex par exemple,
17:09dans la moitié des usines
17:11en France,
17:12vous pouvez pique-niquer
17:13par terre,
17:14c'est tellement propre.
17:15On a tous connu
17:16des exercices opérationnels
17:17du style E5S
17:19dont un des S
17:20est lié à la propreté.
17:21Et ça,
17:22c'est une image
17:23que les Français
17:23n'ont pas de la réalité
17:25de leur propre outil productif.
17:27Donc encore une fois,
17:27une invitation,
17:29c'est une des initiatives
17:30qui a été prise
17:30par les arts et métiers
17:31d'ouvrir les usines,
17:33puis une invitation aux Français
17:34d'avoir la curiosité
17:36d'aller voir ça.
17:37Et vous découvrez autre chose
17:39en faisant écho
17:39à votre question,
17:40c'est qu'on a l'image
17:41de l'usine,
17:42vous savez avec les chèdes,
17:43c'est le nom,
17:44et la grande cheminée
17:46qui fume.
17:46Aujourd'hui,
17:47ce qui est impressionnant,
17:49notamment grâce
17:49aux technologiques
17:50et aux digitales,
17:52la taille d'une usine
17:53est en train
17:54de varier énormément.
17:55C'est-à-dire
17:55la typologie des usines.
17:56Vous allez à la fois
17:58des gigafactories
17:58qui reviennent
17:59ou vous allez chercher
18:00les gains de productivité.
18:02Je produis beaucoup
18:03au même endroit
18:05parce que je vais chercher
18:05jusqu'à des tout petits sites,
18:08voire même
18:08le retour de l'industrie
18:09en centre urbain
18:10parce que vous avez besoin
18:12d'ingénieurs.
18:13Et aujourd'hui,
18:15le spectre des usines
18:19s'étire
18:19alors qu'on n'avait
18:20plus vu de gigafactories
18:21en Europe
18:22depuis quelques décennies,
18:23en France en tous les cas.
18:24Et la batterie électrique
18:25la ramène.
18:25Jusqu'à, voilà.
18:26Donc aujourd'hui,
18:27l'image qu'on a encore une fois
18:28et des conditions de travail
18:29et de l'usine
18:30telle qu'on se l'imagine,
18:31elle est complètement décalée.
18:33Une mesure chacun
18:34qu'on doit prendre en urgence,
18:35il nous reste une minute quarante.
18:36Si on doit prendre une mesure,
18:38chacun votre tour.
18:38favoriser la découverte
18:41par les Français
18:42de cet outil de production.
18:44Nous avons organisé
18:45au début avril 2025
18:47la première édition
18:48des journées usines ouvertes.
18:50Le principe,
18:51c'est qu'à l'instar
18:52des journées du patrimoine,
18:53les Français puissent aller découvrir
18:55ce qu'il y a.
18:55Vous étiez venu en parler,
18:56pas vous,
18:56mais sur le plateau de SmartJob,
18:58vous le savez.
18:58Oui, oui, absolument.
18:59Et je pense que c'est...
18:59On ouvre les portes.
19:00Et bien sûr,
19:01on n'a rien à cacher.
19:02Au contraire,
19:03les Français vont être surpris,
19:04vont découvrir un outil moderne.
19:06On ouvre les portes.
19:07Sébastien.
19:07Travailler sur la formation,
19:09sur les métiers
19:11et les nouvelles technologies
19:13qui vont permettre
19:13d'avoir une industrie compétitive.
19:16Créer la relève.
19:17Créer la relève
19:18et avoir cette jeunesse.
19:19Olivier.
19:20C'est difficile
19:20parce qu'on aime bien simplifier
19:21quand on est sur un plateau.
19:22Donc, il vous faut une mesure.
19:23Et vous êtes ingénieur.
19:24Pour refaire de l'industrie,
19:25il faut cinq ou six mesures.
19:26Si je dois quand même en choisir une...
19:27Allez, deux !
19:28Non, non, mais une,
19:29ce sera la question
19:30de la concurrence déloyale.
19:32Ce n'est pas possible
19:33de continuer
19:33avec des ambitions environnementales
19:35et un modèle social
19:36en étant en concurrence ouverte
19:38par rapport
19:38que ce soit aux Etats-Unis
19:39où ils n'ont pas
19:40les mêmes ambitions environnementales,
19:41que ce soit l'Asie
19:42où ils n'ont pas le modèle social.
19:44Le rêve des années 90
19:45que tout cela allait converger
19:46est terminé.
19:47Il faut en prendre acte
19:48et prendre un certain nombre
19:49de décisions.
19:50de protéger le marché.
19:50De protéger.
19:52Au niveau européen,
19:53si j'entends bien votre discours.
19:54Ça doit se faire au niveau européen.
19:56On est d'accord.
19:57Merci à vous, messieurs,
19:57de m'avoir éclairé.
19:58C'est un débat passionnant
19:59qui est ouvert.
20:00On n'est pas fermé, ce débat.
20:01À découvrir l'IFOP,
20:03Arts et Métiers Alumni,
20:05avec des choses très intéressantes
20:06sur notre rapport,
20:07les ingénieurs,
20:07mais aussi les Français.
20:09Merci à vous, Sébastien Henry,
20:10parce que vous êtes
20:11l'un des leaders français et européens
20:13du logiciel
20:14qui accompagne l'industrie,
20:15Aveva.
20:16Et vous êtes venu aussi
20:17avec votre casquette de...
20:18Numéum, évidemment.
20:20Merci à vous, Stéphane Gorce,
20:21d'être venu nous rendre visite
20:22président des sociétés
20:23des ingénieurs, arts et métiers.
20:24Il ouvre grand les portes des usines.
20:25Et merci à vous, Olivier Luanzi.
20:27Vous écrivez beaucoup
20:28et délivre notamment
20:29Le défi d'une génération
20:31réindustrialisée aux éditions
20:32Les Déviations.
20:33Et vous êtes prof au CNAM.
20:35Merci, messieurs.
20:36Merci à vous trois.
20:36Merci à l'équipe
20:37qui m'a accompagné derrière
20:38en régie.
20:39Merci évidemment à Nicolas Juchat.
20:40Merci à Paul Hausson
20:41et merci à Charles
20:42à la réalisation aujourd'hui.
20:44Je vous dis à très bientôt.
20:46Merci pour votre fidélité.
20:46Bye, bye.
20:47Merci.
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