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00:00Vous avez vu l'image il y a quelques instants, la voilà donc arrivée à Moscou.
00:03La délégation américaine dépêchée dans la capitale russe est en route pour le Kremlin.
00:09Vous voyez ici ce convoi important, un convoi entre l'aéroport et le siège du pouvoir.
00:15Le Kremlin où aura donc lieu s'est confirmé la rencontre tant attendue avec Vladimir Poutine.
00:20Rencontre prévue aux alentours de 15h, heure française.
00:24Le moment donc annoncé de Steve Witkoff et Jared Kushner, l'envoyé spécial de la Maison Blanche qui a donc fait le voyage avec le gendre de Donald Trump que l'on connaît désormais bien.
00:35Rendez-vous est donc donné avec le président russe Vladimir Poutine pour cet échange.
00:40Tant d'espoir porté par cette séquence.
00:43On va évidemment décrypter les enjeux, quelle chance de convaincre les Russes, d'accepter le plan de paix américain.
00:49Quel plan de paix d'ailleurs sera présenté cet après-midi avec les requêtes européennes ou pas ?
00:55Bonjour Muriel Domenac et merci d'avoir accepté notre invitation.
00:58Vous êtes l'invité de l'info du jour.
01:00Vous êtes ancienne ambassadrice de France auprès de l'OTAN entre 2019 et 2024.
01:05Et actuellement donc intervenante au sein des lycées pour haut contact citoyen et citoyenne.
01:11J'aimerais d'abord avoir votre avis Ă  vous.
01:13On est évidemment, nous, chaîne d'information en continu, en train de commenter chaque faits et gestes.
01:18Quel balai diplomatique en ce moment sommes-nous en train de commenter et de suivre avec beaucoup d'intérêt ?
01:24Forcément, on a les images de ces véhicules qui sont en train de prendre la route du Kremlin.
01:28Le fait de savoir que ça va se passer au Kremlin, à domicile, chez Poutine, c'est important ou pas ?
01:35Oui, c'est important.
01:36Alors, vous disiez que j'étais intervenante en lycée pour une plateforme qui s'appelle haut contact citoyen-citoyenne.
01:43Je réponds aux questions des jeunes qui sont un peu celles que vous posez.
01:47Un, pourquoi on en parle tout le temps ?
01:50Deux, qu'est-ce qui se passe ?
01:52Et trois, pourquoi c'est important ?
01:54Pourquoi on en parle tout le temps ?
01:56Parce qu'il y a un tournant Ă  la fois politique, surtout politique d'ailleurs, plus que militaire,
02:04c'est-à-dire l'implication des États-Unis dans une tentative de règlement de la situation en Ukraine,
02:12dans la foulée de ce qu'ils ont, il faut le dire, réussi sur Gaza.
02:17Donc, il y a un tournant politique.
02:21Militairement, on voit bien que l'Ukraine a des difficultés.
02:25Alors, moins que ne le disent les Russes, mais plus qu'il faudrait pour que l'Ukraine puisse,
02:30disons, tenir dans des conditions satisfaisantes.
02:34Donc, pourquoi on en parle ?
02:37Parce qu'il y a un tournant plus politique que militaire.
02:40Pourquoi c'est important ?
02:43Eh bien, parce que pour nous, Européens, c'est notre sécurité qui est en jeu.
02:48L'Ukraine, il s'y joue une bonne partie de notre sécurité face à une Russie dont il faut bien reconnaître qu'elle est de plus en plus mal.
02:58On va revenir à ces enjeux, pardonnez-moi, mais ma question, parce qu'on est en train de commenter, évidemment, ce qui se passe là tout de suite,
03:05le fait que Vladimir Poutine, et ça n'a pas été le cas forcément à chaque fois,
03:10accepte de recevoir les Américains comme ça à domicile, puisqu'on est dans une séquence très politique.
03:16Ça nous dit quoi de la séquence qui se prépare ?
03:19Ce que ça nous dit, c'est que Poutine cherche à flatter l'administration Trump, c'est-à-dire l'envoyé spécial de Trump,
03:28Vitkov, et donc à travers lui, le président américain.
03:32Et en les flattant, il cherche à obtenir davantage que ce plan qui, déjà, est largement inspiré par les Russes,
03:43comme l'ont montré les échanges révédés par la presse américaine.
03:45On a beaucoup dit ces derniers jours que c'était les Américains qui étaient en train d'essayer de flatter les Russes
03:50pour essayer de les convaincre de signer rapidement un accord de paix.
03:54Chacun essaie de se flatter un petit peu.
03:55Là, vous me posez la question sur la raison pour laquelle Poutine reçoit quelqu'un qui n'est objectivement pas de son niveau,
04:00qui est l'envoyé spécial, Vitkov, du président américain.
04:04Moi, je vous dis, il cherche à le traiter pour, en réalité, obtenir davantage.
04:10Il y a fort à parier que Poutine ne va pas accepter le plan américain tel que révisé sous pression européenne.
04:19Donc, il est probable qu'on reparte pour une navette.
04:22Vous savez, les Russes, quand vous négociez avec eux, ce qui est à eux est à eux et ce qui est à vous est à eux.
04:27Donc, il demandera plus.
04:29D'autant que Poutine se croit poussé par des gains militaires qui, encore une fois, sont moins importants que ce qu'il dit,
04:39mais plus importants que ce qu'il faudrait Ă  l'Ukraine pour tenir correctement.
04:43Vous avez vu qu'hier, le chef d'état-major des armées russes, Gerasimov, a annoncé la prise de Pokrovsk.
04:50Et d'ailleurs, cette ville du Donbass, qui est un nœud logistique.
04:54Et évidemment, ce qui est intéressant, c'est qu'ils ont cité Pokrovsk par son nom, non pas russe, mais soviétique,
05:03qui est Krasno-Armetsk, ce qui veut dire la ville de l'armée rouge.
05:07Donc, le ton est donné en utilisant cette terminologie.
05:12Gerasimov et les autorités russes parlent à une société russe qu'ils galvanisent
05:18en assimilant la guerre d'aujourd'hui en Ukraine, la guerre d'invasion en Ukraine,
05:24à la guerre défensive pendant la Seconde Guerre mondiale.
05:28Ce n'est pas un hasard ces revendications, d'ailleurs, qui ont été démenties ce matin par les troupes ukrainiennes
05:32qui assurent que les combats se poursuivent Ă  Pokrovsk, notamment aujourd'hui.
05:36Ce n'est pas un hasard de calendrier si les Russes revendiquent la victoire
05:39dans ce moment si crucial de négociations et d'intenses activités diplomatiques.
05:43Oui, ils cherchent deux choses.
05:45Un, ils cherchent à montrer que l'Ukraine est acculée militairement et au bord de l'effondrement.
05:51Et deux, ils cherchent à montrer aux négociateurs américains
05:54qu'ils ont raison de demander plus politiquement
05:58puisqu'ils ont encore des gains militaires Ă  accomplir.
06:02Donc, c'est une double entreprise de relations publiques pour parler sobrement.
06:09Alors, on va regarder de quoi ils retournent, justement, sur le terrain,
06:13sachant qu'il est effectivement très compliqué de définir le vrai du faux.
06:19Chacun vantant ses succès.
06:22Les Russes qui revendiquent de nouvelles prises ces dernières semaines, une certitude, effectivement.
06:28Les forces russes maintiennent la pression sur l'armée ukrainienne.
06:32Elles peuvent se targuer quand même d'avoir réalisé, à ce mois de novembre,
06:35leur plus grande progression en une année.
06:37On voit cela en image tout de suite avec Olivier Fessol.
06:40Regardez.
06:47Des soldats russisent leur drapeau, comme la revendication d'une victoire.
06:52Ces images diffusées par le ministère de la Défense
06:54auraient été tournées sur la place centrale de Pokrovsk.
06:58Elles illustreraient la prise de cette ville de l'est de l'Ukraine,
07:02dans la région de Donetsk.
07:03Ce n'est logistique important et le théâtre d'intenses combats depuis des mois.
07:07La date de tournage n'a pas pu être vérifiée.
07:10Le Kremlin se félicite de ce qui serait pour lui une nouvelle avancée.
07:15Je tiens d'ores et déjà à vous remercier pour les résultats du travail accompli.
07:20Vous remerciez, vous, l'ensemble de l'état-major, le personnel du groupe
07:23et bien sûr les combattants Noga, qui mènent ces missions de combat.
07:30Moscou affirme aussi avoir pris le contrĂ´le de la ville de Vovchansk,
07:33dans la région de Kharkiv, au nord-est du pays.
07:37Ces revendications territoriales accentuent la pression sur Kiev,
07:40en pleine négociation pour mettre fin à la guerre.
07:43Côté ukrainien, on affirme que les combats continuent.
07:46Mais selon un décompte de l'agence France Presse, l'armée ne cesse de reculer.
07:50Sur le seul mois de novembre, 701 km² ont été conquis par les Russes,
07:56l'une des avancées les plus importantes depuis le début de la guerre.
07:59Et depuis le début de l'année, Moscou a gagné en tout près de 5400 km²,
08:042000 km² de plus qu'en 2024.
08:08Il est évidemment important ce rapport de force sur le terrain dans ce contexte de négociation.
08:12On va évidemment, côté russe, mettre en avant ces avancées annoncées.
08:16Oui, encore une fois, les Russes cherchent à amplifier leur progrès militaire
08:25pour renforcer leurs mains politiques.
08:27Le plan de Vítkov, il est largement inspiré par les Russes,
08:34mais les Russes veulent plus.
08:36Pourquoi ils veulent plus ?
08:37Parce que les Européens, et heureusement que les Européens sont parvenus à le faire,
08:42ont en fait amendé ce plan, et avec l'aide du secrétaire d'État américain,
08:50Marco Rubio, aux affaires étrangères,
08:52ils ont rouvert le jeu, gagné du temps.
08:56On se souvient que le plan qui avait fuité dans la presse
09:00avait été présenté comme, un, à prendre à l'essai pour les Ukrainiens,
09:05et deux, d'ici Thanksgiving, bon, Thanksgiving était la semaine dernière.
09:09Le 27 novembre, la date est largement dépassée.
09:13Et les Européens se sont parvenus à faire bloc autour du président Zelensky
09:18pour faire valoir non seulement les intérêts de l'Ukraine,
09:21mais tout simplement nos intérêts à nous, Européens.
09:24Pourquoi ? Parce que nous savons qu'une mauvaise paix en Ukraine
09:28exciterait la Russie, une Russie menaçante envers nous,
09:32et donc nous avons intérêt à ce que l'Ukraine ne soit pas affaiblie,
09:39ce qui exciterait la Russie envers nous.
09:42La première ligne de défense qui, semble-t-il, a été retirée du plan,
09:47c'est l'armée, c'était l'affaiblissement de l'armée ukrainienne
09:50qui était prévue dans la version initiale.
09:53Et pour nous, Européens, c'est essentiel que l'Ukraine garde les moyens
09:56de se défendre dans tout accord de paix.
10:00Il y a d'autres éléments qui sont des cartes des Européens
10:04et dont les Américains ne peuvent pas disposer.
10:07Ce sont, un, la levée des sanctions,
10:10deux, la mobilisation des avoirs russes gelés,
10:15trois, les garanties de sécurité qui seraient apportées par les Européens.
10:23Et puis, j'ajouterais qu'il y a aussi la question de l'immunité.
10:27Personne ne peut imposer aux Européens d'accorder l'immunité
10:31aux criminels de guerre russes.
10:34Donc, vous vous rappelez les revendications des Européens
10:37qu'on a beaucoup rappelées, notamment hier,
10:40après cette séquence entre Volodymyr Zelensky et Emmanuel Macron à l'Elysée.
10:43Mais est-ce qu'on est certain, au moment oĂą on se parle,
10:44que c'est ce plan-lĂ  qui va ĂŞtre soumis aux Russes aujourd'hui ?
10:49Non, on n'est certain de rien.
10:52Et c'est le caractère assez baroque de la situation.
10:55C'est-à-dire qu'on a un plan américain fortement inspiré par les Russes
10:59dont on découvre qu'il a été spiné auprès du président américain
11:05par Vitkov, en lien avec l'ancien ambassadeur russe Ă  Washington,
11:11ou Chakoff.
11:13Donc, déjà, l'inspiration du plan est un peu baroque.
11:16Le casting est baroque, puisque actuellement se trouve Ă  Moscou
11:19comme chef de délégation Vitkov
11:23et pas le ministre des Affaires étrangères américain, tout simplement.
11:27D'ailleurs, c'est une vraie question.
11:28Pourquoi est-ce que l'Amérique compte sur lui alors qu'il est discrédité ?
11:31Et là, il a été discrédité ces derniers jours.
11:32C'est une question.
11:33Il est donc renforcé par Jared Kushner,
11:37mais qui n'a pas de fonction officielle dans l'administration.
11:41Le genre de Donald Trump, on va le rappeler.
11:43Ça aussi, c'est un peu baroque.
11:45On sait que Vitkov a des relations d'affaires, semble-t-il, avec les Russes.
11:51Le Wall Street Journal a révélé le sous-bassement économique
11:57dans le plan de paix américain.
12:02Enfin bref, tout ceci est quand même assez baroque sur la méthode.
12:07On ne sait pas exactement ce qui est en train d'être négocié,
12:11mais ce qu'on sait, et c'est ça qui est important pour les gens qui nous regardent.
12:15Un, c'est que le plan américain a été amendé par les Européens
12:21et que sans les Européens qui ont joué collectif en soutien de l'Ukraine,
12:26ce serait probablement une copie beaucoup plus acceptable pour les Russes
12:31qui leur serait soumise.
12:34Donc ça, on sait qu'il a évolué.
12:36Encore une fois, parce que les Européens ont des cartes.
12:38Sanctions, avoir garantie de sécurité, tout ça, personne ne peut en décider pour nous.
12:46Mais il faut s'attendre Ă  ce que ce ne soit pas la fin de l'histoire.
12:49Vous savez, c'est dans une grande mesure une espèce de théâtre
12:51dans lequel il y a un parrain, il faut le dire, c'est Trump.
12:56Personne ne veut contrarier Trump.
13:00Vous avez vu que Zelensky se montre ouvert à la négociation.
13:04Les Européens aussi ne prétendent pas prendre l'administration américaine de front,
13:09mais amender le plan.
13:10Ils ont raison d'ailleurs.
13:12Mais Poutine aussi ne doit pas prendre les Américains de front.
13:16On a vu que cet été à Anchorage, il n'avait tellement rien lâché
13:20lors de sa rencontre avec Trump, que finalement,
13:23Trump avait fini par voir ce qui est quand même la réalité,
13:28c'est-Ă -dire que les Russes ne bougent pas.
13:29Donc là, la complexité, si je me mets à la place du président russe,
13:33c'est de chercher Ă  amender de nouveau ce plan dans son sens,
13:40mais sans paraître, disons, je dirais, humilier l'administration américaine.
13:47VoilĂ .
13:47Donc probablement, ça n'est pas la fin de l'histoire.
13:51Il va y avoir encore une navette.
13:53Et ce qui est intéressant, évidemment, de savoir,
13:56c'est quel point les Russes lâcheront-ils ou pas ?
13:59Sont-ils seulement prĂŞts Ă  signer un accord de paix dans le contexte que l'on vient de rappeler ?
14:06Que veulent les Russes exactement ?
14:08C'est Julien Dubois qui va nous l'expliquer tout de suite et on en reparle juste après.
14:13Quelles exigences Vladimir Poutine va-t-il mettre sur la table
14:16lors de sa rencontre avec Steve Whitkoff ?
14:19Sur le front, la Russie est en position de force,
14:22avec une avancée significative.
14:24Elle a revendiqué hier la prise de Pokrovsk,
14:27une ville clé pour l'armée ukrainienne.
14:29Kiev affirme que les combats se poursuivent dans la ville.
14:32En un mois, les Russes ont pris 701 km² de territoire aux Ukrainiens,
14:37une des conquĂŞtes les plus importantes en plus de trois ans de guerre.
14:40La semaine dernière, Vladimir Poutine a fermé une de ses conditions pour parvenir à la paix.
14:46Si les troupes ukrainiennes quittent les territoires occupés, nous cesserons les hostilités.
14:52Si elles ne partent pas, nous les chasserons par la force militaire.
14:56Le président russe n'a pas précisé s'il parlait uniquement des territoires de Donetsk ou Luhansk
15:01ou s'il incluait Kherson et Zaporizhia dans cet ultimatum,
15:05deux régions où les forces ukrainiennes résistent encore.
15:09Vladimir Poutine souhaiterait aussi que la Crimée, annexée en 2014,
15:12soit reconnue comme russe, y compris par les Etats-Unis.
15:16C'est en tout cas ce qui figurait dans la première version d'accord en 28 points,
15:19présentée il y a plus d'une semaine.
15:22Un premier projet d'accord jugé très favorable à la Russie,
15:25qui a depuis été amendé, notamment lors de négociations à Genève.
15:28Sur le plan militaire, Moscou refuse depuis plusieurs mois Ă  cesser le feu
15:32et aimerait une réduction des effectifs de l'armée ukrainienne
15:35et également une non-intégration de son ennemi à l'OTAN.
15:39Alors que les discussions américano-ukrainiennes ont été jugées productives
15:43par les deux parties ces derniers jours,
15:45reste Ă  savoir si la rencontre entre Steve Witkoff et Vladimir Poutine
15:48n'entraînera pas une nouvelle volte-face de la diplomatie américaine
15:51concernant la question ukrainienne.
15:54J'aimerais qu'on revienne quand mĂŞme au profil de Witkoff
15:57parce que c'est quand même lui qui va directement négocier
16:00avec Vladimir Poutine, avec Jared Kushner aussi.
16:04Deux hommes castés par la Maison-Blanche.
16:08On n'en a aucun en train de se demander pourquoi.
16:11Sur quel levier peut-il jouer Witkoff auprès du chef du Kremlin ?
16:16Parce qu'on vient de le voir, la concession des territoires
16:18qui est cruciale pour la Russie, l'est aussi pour l'Ukraine.
16:22Zelensky l'a rappelé hier, ça va être un point extrêmement compliqué.
16:25Et là-dessus, s'entendre, ça va être très difficile.
16:27Oui.
16:28Les Américains ont beaucoup de leviers en réalité.
16:32Et d'ailleurs, la genèse de ce plan de paix
16:36et finalement de l'acceptation des Russes d'entrer dans une discussion
16:40dont ils ne voulaient pas,
16:42même dans des termes qui leur soient très favorables,
16:44jusqu'Ă  octobre,
16:45c'est que l'administration américaine a mis des sanctions
16:50sur Lukoil et Rosneft, les entreprises pétrolières russes
16:55et sur les acheteurs secondaires des hydrocarbures russes.
17:01Et donc c'est même la pression américaine
17:03qui a fait un tout petit peu bouger les Russes
17:06et les amener dans une négociation,
17:08mĂŞme suivant leurs termes, dont ils ne voulaient pas auparavant.
17:10Bon, donc les Américains ont ce levier.
17:13Premièrement, ce sont leurs propres sanctions.
17:16Deuxièmement, ils ont un levier considérable
17:21qui est celui de la reconnaissance,
17:24ou pas, des territoires actuellement occupés par la Russie en Ukraine
17:30et mĂŞme plus encore,
17:31puisque la Russie revendique des territoires des régions ukrainiennes
17:35qu'elle ne contrĂ´le pas.
17:36Mais ils ont ce levier sans l'accord de l'Ukraine et de l'Europe ?
17:39Parce qu'ils ont bien rappelé, les Ukrainiens ne sont pas d'accord.
17:42C'est-à-dire qu'ils peuvent le reconnaître, le concéder d'emblée
17:45ou ne pas le concéder.
17:46Dans la version initiale,
17:49les Américains semblaient accepter
17:52non seulement la levier des sanctions,
17:56mais aussi une reconnaissance de facto
17:58d'un certain nombre de territoires,
17:59y compris pas contrôlés militairement par les Russes.
18:05Ils semblaient concéder l'absence d'adhésion à l'OTAN,
18:08ils semblaient concéder une coopération économique bilatérale.
18:13Bon, c'est aussi à leur bénéfice.
18:15Ils semblaient concéder un retour de la Russie dans le G8.
18:19Ce faisant, ils préjugaient de beaucoup de décisions
18:23qui revenaient aux Européens,
18:25s'agissant des sanctions,
18:27de la mobilisation des avoirs russes gelés,
18:30s'agissant même de cette affaire de réengagement de la Russie dans le G8,
18:34dont je rappelle que le G8,
18:35sa prochaine édition, c'est juste en France.
18:38Donc les Américains ne peuvent évidemment pas préjuger
18:40d'une invitation de la Russie Ă  un G8 en France.
18:43Enfin bon, bref.
18:45Alors, tout ceci, en fait,
18:48ce sont des leviers
18:49qu'il ne revient Ă  VĂ­tkov
18:54que de ne pas concéder aux Russes en première instance.
18:59Moi, mon sentiment, c'est que dans ce que les Russes,
19:07il faut toujours se mettre à la place, évidemment, de l'autre parti,
19:10dans ce que les Russes veulent pour proclamer victoire,
19:15il y a cette reconnaissance américaine,
19:17non seulement de la Crimée,
19:19mais de la totalité du Donbass.
19:22Donc garder ce levier pour les Américains,
19:25c'est vraiment peser dans la négociation.
19:28Ce que les Russes veulent pouvoir brandir également,
19:30c'est une promesse de non-adhésion
19:31de l'Ukraine Ă  l'OTAN.
19:35Là aussi, c'est un énorme levier pour les Américains
19:38que de le concéder ou pas.
19:42Parmi les leviers dont disposent les Américains,
19:46il y a évidemment la question de la levée graduelle,
19:49conditionnée des sanctions,
19:51comme on sait le faire dans d'autres situations.
19:55Donc, en réalité, l'administration américaine
19:57a énormément de leviers sur la Russie.
20:02Nous-mêmes, Européens, nous avons des cartes.
20:04Il ne faut pas se battre...
20:05Bien sûr, on les a rappelés ces derniers jours.
20:07Les Européens, évidemment, comptent notamment sur ces questions
20:10le levier des voix russes pour se faire entendre.
20:14Wittkopf, qui va se retrouver en tĂŞte Ă  tĂŞte
20:17avec Vladimir Poutine.
20:19Tout Ă  l'heure, on sait que la Maison Blanche,
20:20il est perçu comme un atout pour faire bouger
20:23les acteurs réticents.
20:24Est-ce qu'il a les épaules suffisantes
20:26pour faire bouger les lignes de Vladimir Poutine ?
20:29Ça, c'est moins sûr, non ?
20:31Il y a la question de ce qu'il peut,
20:32mais il y a surtout la question de ce qu'il veut.
20:34Et évidemment, les épisodes précédents
20:40ont suscité un certain nombre d'interrogations.
20:45Les conversations qui ont été rendues...
20:49Les révélations de Blomberg, effectivement,
20:51sur ces échanges avec la partie russe.
20:52Mais aussi un certain nombre de pratiques
20:54assez amateurs.
20:56Par exemple, ce qui a filtré,
20:59c'est qu'il s'était entretenu à plusieurs reprises
21:02avec les Russes, avec un interprète russe.
21:06Bon, ça, c'est vraiment la base.
21:08Quand vous parlez aux Russes,
21:10vous parlez avec votre propre interprète.
21:13Vous ne prenez pas le leur.
21:15Bon.
21:16Donc, il y a la question de ce qu'il peut.
21:18Et évidemment, il peut beaucoup.
21:20Les Américains peuvent beaucoup.
21:22Ils ont énormément de poids envers la Russie.
21:27Encore une fois, il n'y a qu'Ă  voir.
21:28Ce sont les sanctions américaines
21:30qui ont fait entrer la Russie dans la discussion.
21:34Mais il y a surtout ce qu'il veut.
21:36Après, il y a un troisième temps de la valse
21:39qui est ce que peut VĂ­tkoff
21:42sur la scène nationale américaine.
21:45Parce qu'on s'est aperçu quand même
21:48la semaine dernière
21:50que pour corriger le plan américain,
21:53les Européens ont bénéficié
21:55de facto
21:56d'une forme de
21:58réengagement
22:00de Marco Rubio
22:01qui est...
22:03Qui est plus favorable aux Européens
22:04aujourd'hui, mais...
22:06Qui n'est pas vraiment entendu par Donald Trump.
22:07Qui est plus favorable Ă  l'Ukraine
22:08et qui est surtout
22:08plus sur la ligne traditionnelle
22:11du parti républicain,
22:13c'est-Ă -dire assez ferme
22:14vis-Ă -vis de la Russie
22:16qui d'ailleurs avait beaucoup
22:17critiqué Donald Trump
22:18lors des primaires,
22:21on s'en souvient,
22:22pour sa complaisance
22:23envers Poutine.
22:25Et lĂ , il faut faire un petit peu
22:27de criminologie,
22:29comme on le disait,
22:30mais appliquer Ă  la Maison-Blanche
22:32pour comprendre plus finement
22:34les dynamiques.
22:35On voit bien qu'un certain nombre
22:36de sénateurs américains
22:38ont quand mĂŞme
22:39pas mal contesté
22:41l'inspiration du plan
22:43de l'administration Trump.
22:46Et encore une fois,
22:47on voit que Rubio
22:49a corrigé le tir.
22:52Donc sur Vitkov,
22:53il y a ce que lui veut
22:54Ă  titre personnel.
22:57Et lĂ ,
22:57moi j'ai quand mĂŞme
22:58un certain nombre
22:58d'interrogations
22:59comme la plupart des commentateurs.
23:01Il y a ce qu'il peut
23:02qui sur le papier est beaucoup.
23:04Et après,
23:05en concédant beaucoup
23:07cette fois-ci aux Russes,
23:09je pense qu'il est quand même limité.
23:12Et en revenant
23:14Ă  la Maison-Blanche,
23:15il faudra quand mĂŞme
23:18qu'il explique
23:18qu'il a un peu résisté.
23:20Bref,
23:20il faut s'attendre
23:21Ă  une navette
23:22au cours de laquelle
23:24les Russes demandent
23:25davantage
23:26et un Vitkov
23:28qui revienne,
23:30j'imagine,
23:30sans tout lâcher,
23:31mais probablement
23:32en cherchant Ă  aller
23:34encore un peu
23:35dans le sens des Russes.
23:37Et le prochain temps
23:38de cette navette,
23:40ce sera évidemment
23:40la mobilisation des Européens
23:42qui ne vont pas lâcher
23:43parce que ce sont
23:44nos intérêts de sécurité
23:46en soutien des Ukrainiens.
23:48Dans un contexte
23:49très particulier
23:49parce que l'OTAN,
23:51ça c'est la nouvelle
23:51petite musique
23:52qu'on entend
23:53Ă  nos oreilles,
23:54l'OTAN envisage
23:55de réagir de manière
23:56plus agressive
23:57face Ă  la Russie.
23:58Ce n'est pas moi
23:58qui le dis,
23:59c'est l'amiral italien
24:00Giuseppe Cavodragon
24:01qui est le plus haut gradé
24:02de l'Alliance
24:03qui s'est exprimé
24:04dans une interview
24:04accordée au journal
24:05économique britannique
24:06The Financial Times.
24:08Ça aussi,
24:09ce contexte,
24:10il peut aider ?
24:12Tout ce qui concourt
24:17Ă  expliquer
24:19ce que font les Russes
24:20et qu'on ne doit pas
24:22rester statique
24:24en attendant
24:26que les Russes
24:29multiplient
24:29les attaques hybrides
24:30envers nous,
24:32car c'est envers nous
24:33qu'ils multiplient
24:33ces attaques,
24:34nous européens bien sûr,
24:35aider.
24:38Et il faut qu'on comprenne,
24:39oui, quand je dis
24:39nous, c'est européen
24:40parce que,
24:42encore une fois,
24:43j'y reviens,
24:44moi, les jeunes,
24:45quand j'interviens
24:46dans les lycées
24:46et qu'ils demandent
24:47mais madame,
24:47est-ce qu'il va y avoir
24:48la guerre ?
24:49Qu'est-ce qui se passe ?
24:50J'explique,
24:51ce qui se passe en Ukraine,
24:53c'est notre sécurité
24:54directement.
24:56La Russie,
24:57c'est comme un carnivore,
24:58plus on lui donne
24:59de viande,
25:00plus ça l'enhardit.
25:03Et donc,
25:04oui,
25:05ces attaques hybrides,
25:07c'est tout ce que la Russie
25:08peut nous faire
25:09pour le moment
25:09parce que,
25:11conventionnellement,
25:11donc avec des moyens
25:12classiques,
25:13elle n'a pas les moyens
25:14de s'attaquer Ă  l'Europe.
25:16Pire serait la paix
25:17en Ukraine,
25:18plus la Russie
25:20aurait de moyens
25:21pour faire pression
25:22sur nos alliés
25:24et donc sur nous
25:27parce que,
25:27vous savez,
25:28notre sécurité,
25:30elle serait lourdement affectée
25:32en cas d'attaque
25:33face à nos alliés.
25:34Donc,
25:34tout ça n'est pas théorique.
25:38Et donc,
25:39la question pour nous
25:39est de savoir
25:40si on attend
25:41de façon statique
25:42ou si on cherche
25:43Ă  multiplier
25:44les dilemmes
25:45envers la Russie.
25:46Et c'est évidemment
25:47ça qui se joue
25:48en ce moment,
25:49d'où les Européens
25:49qui jouent les coups
25:50de ces multiplications
25:51de rendez-vous,
25:52notamment ici en France,
25:54pour ne pas rester Ă  quai.
25:55Merci beaucoup,
25:55Muriel Domenac.
25:56Merci d'avoir été
25:56l'invité de l'Info du jour.
25:58On est...
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