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00:00Sous-titrage Société Radio-Canada
00:30Comment raconter une mÚre absente, une enfance abßmée, des souvenirs qui se dérobent ?
00:37Romane Boringet le fait avec beaucoup de justesse et de lumiĂšre dans Dites-lui que je l'aime.
00:42Elle est l'invité de ce nouveau numéro 2 à l'affiche.
00:44Bienvenue Ă  tous et bonjour Romane.
00:46Bonjour.
00:46Merci beaucoup d'ĂȘtre avec nous.
00:49Alors Dites-lui que je l'aime est l'adaptation du livre de Clémentine Autain sorti en 2019.
00:54La députée y racontait son enfance aux cÎtés de sa mÚre.
00:58La comédienne Dominique Laffin qui était assez absente et qui est décédée alors que Clémentine Autain était encore trÚs jeune.
01:06Et je crois que dÚs le départ en fait vous vouliez en faire surtout une fiction alors que pour votre précédent long métrage L'amour flou,
01:11vous aviez réussi avec brio à faire de votre propre vie un objet de cinéma.
01:15Qu'est-ce qui va un peu changer la donne ?
01:18En fait quand j'ai découvert le livre de Clémentine, je me suis tellement reconnue dans sa description de ces enfants que nous avons été,
01:25de ces mĂšres que nous avons eues.
01:27Il y avait tellement de choses en commun, jumelles, que oui je me suis jetée dans l'idée que ça serait vraiment la matiÚre de ce film absolument nécessaire pour moi.
01:40C'est le livre qui m'a fait me rendre compte que c'était le sujet que je devais absolument traiter.
01:46Et j'ai pensé au début que le livre suffirait à me raconter, à nous raconter.
01:51Et puis en vrai mon désir de vérité aussi s'est imposé.
01:58L'image de ma mĂšre Ă  moi est revenue.
02:00Et le récit de Clémentine quelque part m'a été comme un pionnier, comme un éclaireur.
02:07Il ne quitte jamais mon film, c'était pas juste un tremplin.
02:10J'ai pensé qu'à plusieurs on serait une multitude d'histoires.
02:16Et du coup mon histoire est venue percuter la sienne.
02:19Et le film était un tissage de nos quatre voix, c'est-à-dire nous deux, enfants, femmes et nos deux mamans.
02:26Et donc j'avais envie de quelque chose comme d'un cƓur, un cƓur de ces histoires.
02:33Et c'est pour ça que le film navigue sans arrĂȘt entre mon amour de l'histoire de ClĂ©mentine
02:40et de la filmer d'un point de vue extérieur, mais aussi la vérité de mon histoire à moi qui s'impose,
02:46la voix de ma mĂšre qui revient.
02:48Et tout ça se mélange.
02:49Oui, je dirais que j'avais envie d'une chose chorale.
02:53Et ça donne donc un film hybride entre deux histoires, entre fiction et réalité aussi.
02:59On regarde ce que ça donne en images.
03:02Il est une heure du matin, je suis seule dans la maison.
03:06Les assiettes débordent de l'évier.
03:08C'est marrant parce que c'est exactement comme ça que je pourrais décrire l'appartement de ma mÚre.
03:14C'est quoi ma mĂšre ?
03:15Je lis des trucs que ma maman a écrits.
03:17Dans ses cahiers, elle écrit
03:19« Je suis née à Saigon, d'une mÚre vietnamienne et d'un pÚre corse.
03:25Je ne l'ai jamais connue. »
03:26Et vous n'avez pas envie de l'interroger lĂ -dessus ?
03:29On ne parle pas trop de ça avec mon pÚre.
03:31Pourtant, j'en aurais des questions Ă  lui poser.
03:34Quand je partais avec elle, il avait l'air tellement inquiet.
03:36Quand il parlait de ta mÚre, il évoquait sa grande beauté et une fin tragique.
03:44Alors Clémentine Autain joue son propre rÎle dans le film.
03:47Ça a Ă©tĂ© facile de la convaincre de faire ce projet ?
03:49ClĂ©mentine Autain a Ă©tĂ© merveilleuse de l'instant oĂč elle a dĂ©cidĂ© de me cĂ©der les droits du livre.
03:55Elle m'a dit « fais-en ce que tu en veux ».
03:58Elle m'a dit qu'elle avait confiance en ma justesse parce qu'on avait la mĂȘme histoire.
04:03Donc elle pensait que je ne trahirais pas nos sensations d'enfant.
04:07Et du coup, j'ai cheminé en toute liberté.
04:10Ce qui m'a donné la possibilité de créer de nos histoires communes un objet tout à fait libre.
04:16Enfin, tout Ă  fait...
04:17Qui est la rencontre et la fusion de nos deux parcours.
04:22Pour en rejoindre d'autres une fois encore.
04:24J'avais l'impression qu'en étant pluriel, on était universel.
04:30Et puis aprĂšs, comme je l'ai convoquĂ© Ă  ĂȘtre dans le film, la narratrice quelque part.
04:35Vous savez, comme dans les contes oĂč on tourne les pages d'un livre.
04:38C'est vraiment en suivant...
04:41Elle m'a éclairé la route.
04:43Je ne pense pas que j'aurais su comment rentrer dans ma propre histoire si elle n'avait pas dressé le chemin devant moi.
04:49Elle m'a dit oĂč aller chercher, quelle rĂ©ponse trouver et oĂč trouver l'apaisement.
04:55On va en parler dans quelques instants.
04:57On l'a vu dans les images.
04:58Il y a aussi votre pĂšre, Richard Bourringer.
05:00C'est vraiment une courte apparition dans le film.
05:02C'est trĂšs pudique, trĂšs discret.
05:05Quel regard il porte sur ce projet qui le concerne, forcément ?
05:11Il a été trÚs encourageant.
05:15Sans parler, justement, des choses qui le concernaient.
05:17Quelque part, sans parler de la matiÚre, il m'a encouragée.
05:26Il était trÚs enthousiaste devant la singularité, la pluralité des récits.
05:32Il m'a beaucoup encouragée en tant que réalisatrice.
05:35Il était tellement enthousiaste de la particularité de ce récit que ça a mis du vent dans mes voiles.
05:43Il y a quelque chose qui fonctionne trĂšs bien.
05:45C'est cette façon dont vous réussissez, je ne sais pas si c'est vraiment le terme,
05:47parce que je ne suis pas sûre que c'était conscient tout de suite,
05:49mais abrouiller les pistes dans les scĂšnes qui reconstituent votre enfant.
05:54C'est celle de Clémentine avec sa mÚre.
05:56Celle de Clémentine avec sa mÚre, surtout.
05:58MĂȘme moi, je m'en mĂȘle un peu les pinceaux, parce que vous racontez ces souvenirs Ă  elle,
06:01mais vous parvenez à influer des éléments de votre propre vécu.
06:06Ce qui fait qu'en tant que spectateur, on finit presque par vous confondre.
06:09Est-ce que c'était une volonté ?
06:12Ça passe aussi par le choix des interprùtes.
06:13La petite fille, par exemple, a les yeux marrons et pas bleus.
06:16En vrai, il faut plein de miracles pour faire un film.
06:18On a plein de choses que j'ai décidées, il y a plein de choses que j'ai écrites,
06:21avec mon co-scénariste Gabor Rassoff.
06:24On pense plein de choses sur son propre film.
06:26Et puis, il y a des miracles qui arrivent, comme par exemple,
06:28Eva Yelmani, qui est l'actrice qui interprĂšte Dominique Laffin jeune,
06:32qui est, que j'ai rencontrée dans la rue,
06:33et qui est quelque part la réincarnation, en tout cas physique,
06:37de l'image que j'avais de ma mĂšre.
06:39Et qui a aussi quelque chose de Dominique Laffin,
06:41sa sauvagerie, sa singularité,
06:44quelque chose de tellement unique.
06:49Et elle s'est mise à incarner nos deux mÚres mélangées.
06:52Du coup, ça a un peu influé sur le choix de l'enfant.
06:56Qu'au début, j'imaginais blonde.
06:58Et puis, tout d'un coup, la bouille de Liliane,
06:59qui joue dans le film, est apparue.
07:01Et elle avait cette telle beauté,
07:04je ne sais pas dire, comme cette telle incarnation.
07:07Et donc, elles sont devenues ce couple de mĂšres et d'enfants.
07:12Et c'est vrai que je m'aperçois dans les yeux des spectateurs
07:14qu'ils ne savent plus tout Ă  fait si je parle,
07:17si ce sont tout d'un coup les souvenirs de Clémentine ou les miens.
07:19Et quelque part, je ne peux pas dire que je l'ai décidée intellectuellement.
07:22Mais dans le film, c'est ce qui s'est tissé comme un miracle.
07:26Tout d'un coup, il y a Clémentine et il y a moi.
07:28Et puis, il y a ce couple qui sont tout d'un coup la mĂšre et l'enfant.
07:31Comme dans un tableau de Klimt.
07:34Et ça, je l'ai appelé de toutes mes forces.
07:38Mais c'est aussi le miracle des interprÚtes que j'ai trouvé.
07:41En tout cas, le projet vous oblige, Ă  vous le raconter aussi,
07:44à vous confronter à votre passé, à votre propre mÚre,
07:48qui est partie du domicile familial quand vous aviez 9 mois
07:50et qui est décédée elle aussi quand vous étiez adolescente.
07:54Vous dites, sans le film, je n'aurais jamais fouillé, je ne serais jamais allée au bout.
07:57Et vous ajoutez, le film m'a protégé.
07:59Il m'a servi d'écran.
08:00En quoi il vous a protégé ?
08:02En fait, moi, j'ai avancé comme ça jusqu'à maintenant en enfouissant.
08:07C'est le mĂȘme tempĂ©rament que ClĂ©mentine Ă©crit dans son livre.
08:09Donc, mes souvenirs sont éparpillés dans des coins, des bouts, des bribes.
08:16Et je pense que sans, encore une fois, le guide, le cÎté éclaireur du livre,
08:20je n'aurais pas su comment rentrer dans cette histoire.
08:22Bien que je sache depuis toujours que c'est un sujet qui me traverse complĂštement comme spectatrice.
08:29Je le sais quand je vais au cinéma et que je vois des films sur des mÚres, sur des enfants.
08:34Toujours, ça m'a tellement brassée.
08:35Donc, il était en moi, ce sujet.
08:37C'est le film, quelque part, comme un vampire qui, tout d'un coup, trouve la force d'aller...
08:41D'aller oĂč je n'avais pas eu la force.
08:44Je n'ai jamais eu la force d'aller interroger les gens, de me replonger lĂ -dedans.
08:50Et parce que j'Ă©tais Ă  la tĂȘte d'un objet de crĂ©ation, lĂ , j'ai trouvĂ© tous les courages, tous les...
08:59C'est ça qui est trÚs, trÚs beau et qui est notre chance, à nous, artistes, peintres, écrivains,
09:03d'arriver à trouver un canal ou transcender vraiment ce qu'on a vécu pour fabriquer quelque chose de beau.
09:15C'est quelque chose de beau, un film qui va en salle et tout ça.
09:18Donc, ça, c'était la grande joie.
09:20Et puis, la beauté, elle se trouve aussi dans le fait que vous racontez quelque chose d'éminemment douloureux,
09:24évidemment, de trÚs intime, mais qui va aussi vers la joie, vers la lumiÚre.
09:29Il y a presque une bascule qui s'opĂšre dans le film.
09:32Je voulais faire un film sur la réparation, sur la consolation, sur la compréhension.
09:39Je voulais faire un film qui dise, ça a été accidenté, mais regardez-nous.
09:44Clémentine est une femme vibrante, puissante.
09:49Moi, je fais depuis 30 ans un métier de passion.
09:54J'ai fait mes enfants, j'aime la vie.
09:56Et ces femmes, elles nous ont laissé ça, malgré le chagrin originel de leur perte.
10:03Et ces femmes, je peux en témoigner par la toute, sans doute à tous, des histoires trÚs intimes et personnelles,
10:09mais qui vraiment touchent Ă  l'universel, qui parleront, en tout cas, je pense, Ă  toutes les femmes,
10:14qu'elles soient filles ou mĂšres et mĂȘme au-delĂ .
10:17Beaucoup d'hommes trÚs émus.
10:17VoilĂ , c'est ce que vous me disiez.
10:19Beaucoup d'hommes émus aussi par ce...
10:20Des fils qui sont fils ou pĂšres ou...
10:23Ça parle à tout le monde.
10:24Un mot, peut-ĂȘtre, avant de se quitter, Romane, sur votre autre actualitĂ© du moment.
10:28Mais oui, vous m'enchantez de parler.
10:29VoilĂ , vous mettez en scĂšne Rose Royale, le livre de Nicolas Mathieu.
10:33C'est un thriller implacable sur les mécanismes de l'emprise.
10:36Qu'est-ce qui vous a touché, vous, dans cette histoire ?
10:38M'ont touché le talent magnifique de Anne Charrier, qui voulait jouer ce texte et qui me l'a proposé.
10:43Voilà, elle se déploie dans un texte qu'elle voulait jouer.
10:46Donc, il y a une espĂšce de rencontre aussi entre elle et Rose.
10:49Ce trÚs beau personnage écrit par Nicolas Mathieu, d'une femme ordinaire,
10:54dans une vie ordinaire, avec ses hauts et ses bas,
10:57et qui va croire une derniÚre fois à l'amour, alors qu'elle lui avait tourné le dos,
11:02pour le meilleur ou pour le pire.
11:04Le texte de Nicolas Mathieu est palpitant.
11:06Ce sujet, forcément, est tellement essentiel,
11:11mais dans une écriture nouvelle, différente.
11:15Et puis, la beauté de Anne Charrier, qui est une grande comédienne
11:18et que je vous invite à découvrir jusqu'à la fin du mois de décembre.
11:22Exactement. Merci beaucoup, Romane Bourringer,
11:24d'ĂȘtre venue sur le plateau de À l'affiche.
11:28Dites-lui que je l'aime, est en salle le 3 décembre.
11:31Merci, évidemment, à vous de nous avoir suivis.
11:33N'oubliez pas de nous retrouver sur france24.com,
11:35ainsi que sur tous nos réseaux sociaux.
11:36On va donc se quitter sur des images de Rose Royale,
11:39à voir au studio des Champs-Elysées,
11:40jusqu'au 28 décembre prochain.
11:42Je vous laisse découvrir et vous dis à trÚs vite.
11:44On devrait peut-ĂȘtre parler, mais de quoi tu veux qu'on parle ?
11:49Il me faisait peur, maintenant c'est pire.
11:51Il veut me faire sentir que je ne tiens qu'Ă  un fil.
11:55Je sens, je reconnais le goût du sang dans ma bouche.
12:01Tire-toi aussi loin que possible.
12:05Qu'est-ce que tu dis ? Tu m'aimes ? Tu regrettes ?
12:08Sous-titrage Société Radio-Canada
12:09Sous-titrage Société Radio-Canada
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