Skip to playerSkip to main content
  • 13 hours ago

Category

🗞
News
Transcript
00:00Le Sénégal a commémoré les 81e anniversaires du massacre de Tiaroï en 1944.
00:06La cérémonie solennelle a été présidée par le chef de l'État sénégalais, Bassiro Diomaïfaï,
00:11en présence de son homologue gambien, Dama Barro.
00:1317 représentants des pays africains d'où sont originaires les tirailleurs ont également fait le déplacement.
00:20La correspondance à Dakar, Delimandao.
00:21La commémoration de ce 81e anniversaire du massacre de Tiaroï en 1944 s'est déroulée sous le sceau de l'Africanité
00:30avec les présences notamment du président gambien, Dama Barro, mais aussi du vice-président ivoirien,
00:36mais aussi la prestation de nationalité venue des 17 pays d'où sont originaires les tirailleurs qui ont pris part à la Deuxième Guerre mondiale.
00:44Lorsqu'il a pris la parole, le président sénégalais, Bassiro Diomaïfaï,
00:48s'est félicité du travail mémoriel engagé sur le sujet depuis maintenant un an avec des fouilles archéologiques
00:55engagées sur le cimetière de Tiaroï.
00:59A cet effet, le président sénégalais a d'ailleurs informé de la main tendue de la France
01:03qui a proposé son expertise, l'expertise de ses archéologues pour aider le Sénégal pour réaliser ses fouilles.
01:11Le président sénégalais s'est également félicité de la production mi-octobre d'un livre blanc,
01:16un livre blanc qui, selon Bassiro Diomaïfaï, est désormais une référence incontournable pour comprendre Tiaroï.
01:23Je vous propose de l'écouter.
01:24Le combat pour la mémoire de Tiaroï est un combat pour l'âme du Sénégal et pour l'âme de l'Afrique.
01:31Je ne ménagerai aucun effort dans ce sens,
01:35afin que la mémoire de nos martyrs continue de vivre dans notre mémoire collective.
01:40Le président sénégalais a également annoncé la construction d'une stèle entre le cimetière et le camp militaire de Tiaroï
01:47pour rendre hommage à ces terrailleurs massacrés le 1er décembre 1944, alors qu'ils réclamaient juste leur pension.
01:56Et avec nous pour en parler, Carfa Diallo, fondateur et président de l'association Mémoire et Partage.
02:01Bonsoir, merci beaucoup d'être avec nous.
02:04Tout d'abord, est-ce que cette cérémonie était différente de celle de l'année dernière et pourquoi ?
02:09Disons que c'est un approfondissement véritablement de cette souveraineté mémorielle sénégalaise nouvelle, c'est vrai.
02:19Ce qui est nouveau véritablement dans cette commémoration, c'est bien sûr l'affirmation du Sénégal
02:25dans la nécessité et sa volonté de faire lui-même, en tant que pays, nation souveraine,
02:32la lumière de cette histoire-là, de cette histoire effectivement d'une occultation, d'une dissimulation,
02:39qui a été celle du massacre de Carole.
02:41Donc ce qu'il y a aujourd'hui, c'est vrai, c'est à la fois l'affirmation du Sénégal dans sa volonté souveraine
02:47d'aller le plus loin possible pour faire la lumière sur cette histoire,
02:51mais aussi pour revendiquer que la justice soit faite,
02:54mais aussi, c'est vrai, il y a ce panafricanisme renouvelé,
02:58renouvelé puisque, vous le savez, il y a encore quelques semaines,
03:01le Premier ministre sénégalais lui-même disait qu'il fallait qu'au niveau de la sémantique, du langage,
03:05nous sortions des tirailleurs sénégalais pour aller vers les tirailleurs africains.
03:09C'est un changement fondamental, puisque pendant très longtemps,
03:12mes compatriotes sénégalais étaient très jaloux de cette appellation
03:16et cela causait beaucoup de frustration de la part d'autres nationalités.
03:19Aujourd'hui, par le Sénégal, l'Afrique se réapproprie cette mémoire
03:22pour en faire un enjeu de souveraineté,
03:24mais un enjeu de relations diplomatiques apaisées et vigilantes.
03:29Et d'ailleurs, je rappelle qu'on les appelle tirailleurs sénégalais
03:31parce qu'ils partaient du Sénégal, petite parenthèse.
03:35Vous le disiez tout à l'heure, le président Diomaïfaï a beaucoup évoqué cette question,
03:41y compris le Premier ministre Ousmane Sonko.
03:43Et il avait émis des doutes la mi-octobre sur la volonté du président Macron
03:47d'ouvrir toutes les archives.
03:50Est-ce justifié, à votre avis ?
03:52Pensez-vous que ces archives vont être entièrement ouvertes ?
03:56Je crois que tout ce qu'on peut faire aujourd'hui pour faire en sorte
04:00que la France puisse répondre à cette demande de vérité et de justice est nécessaire.
04:05Je pense que les autorités sénégalaises sont dans leur rôle,
04:08mais il ne faut pas oublier une chose qui est essentielle,
04:10c'est qu'elle ne reste pas les bras croisés.
04:12Il y a aujourd'hui des fouilles archéologiques qui sont menées par le Sénégal
04:16de façon tout à fait autonome.
04:18Et ces fouilles archéologiques nous permettent aujourd'hui,
04:21à partir de la terre, à partir des tombes,
04:23de pouvoir accéder à une certaine vérité.
04:25Et puis, il faut aussi reconnaître qu'il y a le livre blanc
04:27qui a été remis il y a quelques semaines de ça au président sénégalais.
04:31Mais c'est vrai, il faut admettre que l'État français est vraiment en deçà
04:35de cette question de justice et de vérité,
04:38puisqu'il faut quand même admettre que jusqu'à aujourd'hui,
04:40si la France a, par un courrier d'Emmanuel Macron l'année dernière,
04:45reconnu le massacre, des excuses n'ont pas encore été formellement adressées
04:50au Sénégal, mais aussi à tous les Africains
04:52qui se sont sentis opprimés par ce silence historique pendant aussi longtemps.
04:57Et puis aussi, il y a effectivement la question des archives,
05:00mais aussi la question de la réparation.
05:02Il y a encore des familles de descendants des tirailleurs de Tiaroué
05:05qui demandent justice.
05:06Il y a encore beaucoup de descendants,
05:10notamment de ceux qui ont été condamnés après le massacre,
05:13c'est-à-dire en mars 1945, qui demandent justice.
05:16Donc oui, il y a aujourd'hui une volonté sénégalaise,
05:18une volonté panafricaniste de se réapproprier cette histoire-là.
05:22Et la France doit être à la hauteur,
05:24ce qui, c'est vrai, pour aujourd'hui n'est pas encore le cas.
05:26Alors la France, vous l'avez dit, a reconnu sa responsabilité
05:29dans la répression sanglante de Tiaroué.
05:32Qu'est-ce qui change au fait de ne pas livrer toutes les archives ?
05:36On reconnaît la responsabilité, mais pourquoi ne pas aller plus loin ?
05:39Est-ce que ça a un lien justement avec les réparations,
05:41avec les dédommagements aux victimes ?
05:44Absolument, mais aussi avec une pensée,
05:47avec une culture néocolonialiste,
05:49avec un rapport à l'Afrique, au noir,
05:51et qui est effectivement un rapport de personnes,
05:54de sujets qu'on a construits avec des vies,
05:57effectivement, qui valaient moins que celles des autres.
06:01Et je pense que c'est cette mentalité-là
06:02qui fait qu'aujourd'hui encore,
06:04même dans le fait de reconnaître,
06:06on reconnaît à demi-mot.
06:07C'est-à-dire que la France, en juillet dernier,
06:09a effectivement, on ne sait par quel miracle,
06:13décidé que six parmi ces tirailleurs-là
06:15seraient morts pour la France,
06:16alors que les chiffres officiels,
06:18même de la France, partent de 35,
06:21donc il y a quelques années, à 70 aujourd'hui,
06:23et que les historiens disent qu'il y en a plus de 300.
06:26Donc il y a encore une sorte de mesquinerie,
06:28effectivement, politique, administrative française,
06:31qui est totalement indigne, il faut le dire,
06:34et qui n'est pas à la hauteur, véritablement,
06:36de l'enjeu que cela pose aujourd'hui,
06:38de pouvoir, enfin, sortir du silence historique,
06:41sortir de cette amnésie dans laquelle
06:43la France s'est trouvée pendant trop longtemps.
06:45Et c'est clair que l'affirmation sénégalaise
06:48que nous sommes en train de vivre ces dernières années,
06:50elle va participer, effectivement,
06:52à ce que cette exigence de vérité soit absolue,
06:55et c'est ce que nous attendons de la France.
06:57Alors, quelle serait la prochaine étape
06:59pour vraiment avancer en ce sens ?
07:02Écoutez, je pense que le travail de transmission,
07:05il est essentiel, et nous sommes nombreux à le faire,
07:08mais je crois fondamentalement
07:10que tant que les archives ne seront pas
07:12totalement mises à disposition des chercheurs,
07:15nous n'avancerons pas,
07:16tant que le président Emmanuel Macron lui-même
07:18n'aura pas excusé la France,
07:21l'état-major français.
07:22Il faut savoir qu'avec cette histoire du massacre de Tiaroy,
07:25c'est la première fois dans l'histoire de la France
07:28qu'on a une exécution extrajudiciaire,
07:30c'est-à-dire des soldats qui sont tués
07:33en dehors du code de justice militaire,
07:35uniquement parce qu'ils sont noirs
07:36et parce qu'ils sont indigènes.
07:38Donc oui, il y a une volonté de le faire,
07:41je pense que la France a une responsabilité là-dessus,
07:44il faut présenter des excuses,
07:46il faut engager un travail de réparation.
07:49Nous-mêmes avons lancé en France l'année dernière,
07:51et nous peinons encore à le faire voir le jour,
07:54nous avons lancé une commission d'enquête parlementaire,
07:57il y a aujourd'hui près de 130 députés français
07:59qui s'engage à ce que la lumière soit faite
08:02avec les moyens de l'Assemblée nationale française.
08:05La situation politique confuse que notre pays vit
08:08fait que cette affaire n'est pas encore aboutie,
08:11mais ça permettrait véritablement de sortir cette question-là,
08:14on va dire, du périmètre présidentiel,
08:16pour permettre à la société française de s'y appuyer.
08:20Et c'est fondamental, vous savez,
08:21aujourd'hui même, ici à Bordeaux,
08:23sous la présidence de l'ambassadeur du Sénégal en France,
08:26nous avons tenu une cérémonie commémorative,
08:28c'est la deuxième.
08:29Et ça montre bien que la population française,
08:32la société française, elle est prête à ce travail de vérité et de justice.
08:36C'est véritablement les élutes,
08:38effectivement, pour un certain nombre de contraintes,
08:40à la fois psychologiques,
08:41mais aussi, je crois, liées à la situation économique,
08:44qui rechinent à aller vers une véritable réparation.
08:48Mais c'est clair que notre vigilance saura y répondre.
08:51Et nous suivrons ça, bien évidemment, dans le Journal de l'Afrique.
08:54Merci beaucoup, Carfa Diallo, fondateur et président de l'association Mémoire et Partage.
08:58Merci d'avoir été avec nous pour commenter cette actualité.
09:01Merci.
Be the first to comment
Add your comment

Recommended