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00:00Bonjour Mathieu Mabin, vous êtes en direct de Washington.
00:03Steve Witkoff sera donc reçu dans quelques minutes, on l'imagine, à domicile au Kremlin par le maître des lieux, Poutine.
00:11Tout est fait pour que les meilleures conditions soient réunies.
00:16Oui, mais j'ai envie de dire qu'après la débauche de tapis rouge à laquelle on a assisté en Alaska l'été dernier,
00:22c'était la moindre des choses d'ouvrir le Kremlin.
00:24Mais la question qui taraude ici, c'est de savoir si la visite de Steve Witkoff à Moscou marque le début de la fin de la guerre, en réalité.
00:33Et en réalité, non. Mais oui, c'est un pas, effectivement, modeste, mais dans la direction d'une possible désescalade.
00:41C'est la seule concession que nous fait ici le département d'État.
00:44Pas un tournant stratégique, pas encore, mais un mouvement qui compte néanmoins.
00:49D'abord, il faut rappeler la nature de cette visite.
00:52Witkoff n'est pas un diplomate, pas plus que Jared Kouchner, qui l'accompagne.
00:56Witkoff ne porte aucun mandat officiel.
00:59Son seul titre est d'évoluer dans l'entourage direct du président,
01:04dans ses canaux exploratoires, conductifs, quand la diplomatie classique tourne un peu en rond.
01:11Ce type de mission ne scelle généralement rien de concret, rien de signé.
01:16Le but ne peut donc qu'être de vérifier si Moscou est prêt à infléchir un peu sa position,
01:23puisque, à ce stade, rien n'a bougé côté russe, il faut le rappeler.
01:27Pas de concessions sur les frontières, pas de gestes sur les territoires occupés,
01:31pas de signal de rupture stratégique non plus.
01:34Mais le simple fait que le Kremlin accepte de recevoir deux proches du président
01:39montre quand même une volonté tactique d'évaluer l'intention américaine, au moins.
01:44Et c'est dans cette brèche étroite, vous me l'accorderez, que certains voient une forme de frémissement.
01:51À Washington, la lecture est largement nuancée selon les administrations.
01:57Pour les diplomates de métier, qui ont assez peu la parole en ce moment, on l'aura remarqué,
02:02ce contact ouvre un espace qu'il qualifie de minuscule pour réintroduire de la politique
02:09dans un conflit militairement verrouillé, même si, effectivement, on constate quelques avancées russes.
02:17Pour l'opposition, il brouille, en réalité, les rôles entre diplomatie officielle et canaux parallèles.
02:23Et c'est vrai que les élus du Congrès démocrate ont horreur de ça, avec les risques que cela implique, évidemment.
02:29Et puis, il y a ce qui fragilise l'ensemble de la négociation, les fuites.
02:34Les documents qui ont révélé les échanges préparatoires de Wittkopf ont créé un vrai malaise ici, et qui demeure.
02:41Un malaise pour lui, d'abord, dont la crédibilité est quand même abîmée.
02:44Un malaise pour l'administration, qui voit ses méthodes peu orthodoxes, exposées, en pleine lumière,
02:50ce qui n'est jamais bon pour une nation.
02:52Et puis, malaise pour Moscou aussi, qui observe désormais que ce canal est finalement assez peu sécurisé.
03:01Attention, les fuites ne ferment pas la porte, ce n'est pas ce que je suis en train de dire,
03:04mais elles compliquent quand même immédiatement un processus qui est déjà fragile.
03:08Maintenant, l'administration Trump en a vu d'autres.
03:12L'important, c'est le résultat, après tout.
03:14Et sur ce déplacement, c'est justement ce qui risque de pêcher.
03:18La phase 4, après Genève, après Abu Dhabi, après la Floride il y a 48 heures,
03:23on sent une accélération, mais si cela devait, par exemple, se traduire par une reconnaissance américaine de la Crimée russe,
03:30pour ne prendre qu'un seul exemple parmi une foultitude,
03:34ce ne serait plus simplement une capitulation ukrainienne, mais américaine.
03:38Tellement une génération de diplomates du département d'État a juré qu'une telle perspective ne serait jamais vue.
03:47Pour revenir sur les fuites, Mathieu, c'est intéressant parce que ce n'est pas la seule fois
03:50que des infos potentiellement embarrassantes sortent dans la presse.
03:53Ça veut dire quoi ? Ça veut dire qu'il y a des dissensions au sein de l'administration américaine ?
04:00Oui, c'est le moins qu'on puisse dire.
04:01Ça commence à être un vrai sujet ici.
04:04Que nous disent ces fuites dans le fond ?
04:06Ces fuites venues de l'intérieur même de l'administration, vous avez tout à fait raison de le souligner.
04:13Qu'est-ce qu'elles nous disent sur la réaction de l'appareil d'État à la politique étrangère de Donald Trump ?
04:18Parce que c'est ça la question, dans le fond.
04:20Eh bien, elles révèlent une chose relativement essentielle.
04:23L'administration n'est pas entièrement alignée,
04:26malgré les purges commises par l'administration Trump,
04:30par le fameux Dodge et par le cabinet du président lui-même.
04:35Elle n'est pas non plus en opposition frontale, cette administration,
04:39mais elle est traversée par des tensions réelles autour de la méthode présidentielle.
04:44Deux séries de fuites l'illustrent parfaitement.
04:47Celle autour de Wittkov, qu'on a évoquée,
04:49et celle issue cette fois du Pentagone,
04:52ce qui est encore plus préoccupant,
04:53et qui révèle les frappes contre les narcobateaux au large du Venezuela.
04:57On en a beaucoup parlé ces dernières heures.
04:58Deux affaires distinctes, mais finalement, une logique commune.
05:03Des segments de l'appareil d'État utilisent la presse
05:06pour signaler leur inquiétude face à des procédés
05:10qu'ils jugent au moins trop centralisés,
05:12sinon tout simplement dangereux,
05:14pour la place de l'Amérique dans le monde, tout simplement.
05:18Et c'est ce qui est d'ailleurs relayé par plusieurs parlementaires républicains,
05:21en ce moment également.
05:22La critique interne porte d'abord sur la méthode.
05:26Sur l'Ukraine, la Maison-Blanche s'appuie sur des émissaires parallèles,
05:30on vient d'en parler,
05:31et court-circuitent les diplomates de métier qui ont horreur de ça,
05:34et également les agences qui ont également horreur de ça.
05:38Sur le Venezuela, le Pentagone a été engagé dans une opération
05:41dont la logique politique semble n'être connue
05:45que de Trump et de son gendre, tout au plus.
05:47Dans les deux cas, les institutions réagissent
05:51pour rappeler les limites de ce genre de fonctionnement.
05:54Dans le fond, ces fuites traduisent aussi une volonté
05:57de protéger la cohérence des institutions,
06:00des institutions qui se défendent.
06:02Le département d'État veut maîtriser la diplomatie.
06:05Comment lui reprocher ?
06:06Le Pentagone veut cadrer l'usage de la force
06:09et ne pas recevoir d'ordres illégaux.
06:11Comment leur reprocher ?
06:12Les deux s'inquiètent lorsqu'ils ont le sentiment
06:14que la chaîne de décision glisse vers un exercice
06:17trop personnel du pouvoir.
06:19Merci infiniment, Mathieu Mabin,
06:21pour ce décryptage depuis Washington.
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