00:00Voilà arrivée à Moscou, la délégation américaine dépêchée dans la capitale russe est arrivée tout à l'heure.
00:05Elle fait route, vous allez le voir en image, direction le Kremlin.
00:10Important dispositif et convoi pour transporter Jared Kushner et Steve Witkoff,
00:17les deux hommes qui vont rencontrer tout à l'heure dans quelques heures Vladimir Poutine, le président russe,
00:23qui va les recevoir en personne, séquence annoncée aux alentours de 15-16 heures.
00:29Évidemment, il y a beaucoup d'attentes à côté américain.
00:33La Maison-Blanche s'est dite hier très optimiste.
00:36Mais au fait, que veulent les Russes exactement de ce moment ?
00:40Quelles sont leurs revendications ? Explication signée Julien Dubois, regardez.
00:46Quelles exigences Vladimir Poutine va-t-il mettre sur la table lors de sa rencontre avec Steve Witkoff ?
00:52Sur le front, la Russie est en position de force avec une avancée significative.
00:57Elle a revendiqué hier la prise de Pokrovsk, une ville clé pour l'armée ukrainienne.
01:03Kiev affirme que les combats se poursuivent dans la ville.
01:06En un mois, les Russes ont pris 701 km² de territoire aux Ukrainiens,
01:10une des conquêtes les plus importantes en plus de trois ans de guerre.
01:14La semaine dernière, Vladimir Poutine affirmait une de ses conditions pour parvenir à la paix.
01:19Si les troupes ukrainiennes quittent les territoires occupés, nous cesserons les hostilités.
01:25Si elles ne partent pas, nous les chasserons par la force militaire.
01:30Le président russe n'a pas précisé s'il parlait uniquement des territoires de Donetsk ou Luhansk
01:35ou s'il incluait Kherson et Zaporizhia dans cet ultimatum,
01:39deux régions où les forces ukrainiennes résistent encore.
01:41Vladimir Poutine souhaiterait aussi que la Crimée, annexée en 2014, soit reconnue comme russe,
01:47y compris par les Etats-Unis.
01:49C'est en tout cas ce qui figurait dans la première version d'accord en 28 points,
01:53présentée il y a plus d'une semaine.
01:55Un premier projet d'accord jugé très favorable à la Russie,
01:58qui a depuis été amendé, notamment lors de négociations à Genève.
02:02Sur le plan militaire, Moscou refuse depuis plusieurs mois à cesser le feu
02:06et aimerait une réduction des effectifs de l'armée ukrainienne
02:09et également une non-intégration de son ennemi à l'OTAN.
02:13Alors que les discussions américano-ukrainiennes ont été jugées productives par les deux parties ces derniers jours,
02:18reste à savoir si la rencontre entre Steve Whitkoff et Vladimir Poutine
02:21n'entraînera pas une nouvelle volte-face de la diplomatie américaine concernant la question ukrainienne.
02:28Voilà, on vient de rappeler les exigences russes.
02:31C'est bon de se rafraîchir la mémoire.
02:33Ça nous rappelle l'intransigeance finalement de Vladimir Poutine
02:36dans ce contexte quand même très optimiste que nous montrent les Américains.
02:40On a entendu Trump et la Maison-Blanche hier dire à quel point ils attendaient de cette séquence.
02:46Qu'est-ce qu'on va se dire concrètement ?
02:47On ne sait déjà pas, Anne Corpé, quelle version du texte du plan de paix américain on va présenter aux Russes aujourd'hui ?
02:53Alors effectivement, c'est la version amendée par Kiev et les Européens au cours d'intenses négociations la semaine dernière
03:00qui va être présentée à Vladimir Poutine.
03:03Mais d'abord, je crois qu'il faut revenir sur qui va en parler à Moscou.
03:08Steve Whitkoff, dont la proximité avec le Kremlin a été démontrée par les révélations de l'agence Bloomberg la semaine dernière,
03:16si on lit le script de ses conversations avec ses interlocuteurs russes, on est loin d'un médiateur impartial.
03:23C'est d'ailleurs la sixième fois qu'il se rend à Moscou.
03:27Steve Whitkoff, émissaire pour l'Ukraine, il n'a jamais mis les pieds à Kiev.
03:33Il est accompagné par Jared Kushner, donc le gendre de Donald Trump.
03:39Et comme Steve Whitkoff, Jared Kushner n'a pas du tout le profil d'un diplomate.
03:43Il a, comme Steve Whitkoff, le profil d'un homme d'affaires.
03:46En fait, l'objectif de ces deux hommes, c'est plutôt de négocier des opportunités de contrat pour les États-Unis,
03:54des opportunités économiques, tout simplement.
03:58Et il est significatif que Marco Rubio, le secrétaire d'État américain,
04:05qui a présidé à toutes les négociations la semaine dernière sur le plan de paix avec les Européens et les Ukrainiens,
04:11Marco Rubio, ne va pas à Moscou. Pourquoi ?
04:14Parce que lui, il est beaucoup plus méfiant à l'égard des Russes et il a une claire vision des enjeux géopolitiques.
04:22Lui, son objectif, ce n'est pas de soutirer des contrats commerciaux avantageux à Moscou.
04:27Alors, les deux émissaires américains vont donc montrer à Vladimir Poutine ce plan amendé dont on ne connaît pas le contenu.
04:37Hier, Emmanuel Macron, à l'issue de sa rencontre avec Volodymyr Zelensky, a dit qu'on n'était pas aujourd'hui à proprement parler dans un plan qui soit finalisé.
04:47Nous en sommes encore à une phase préalable, a dit le président français, qui s'est entretenu avec Donald Trump,
04:54notamment au sujet des garanties de sécurité nécessaires pour l'Ukraine.
04:59Voilà, personne à peu près, à part les Américains, finalement envisage une issue aujourd'hui.
05:05Oui, on est quand même en train de vivre depuis quelques jours, quelques semaines même, un intense balai diplomatique.
05:10Volodymyr Zelensky était à Paris, reçu à l'Elysée hier par Emmanuel Macron.
05:14Il est aujourd'hui d'ailleurs, on a les images en déplacement en Irlande,
05:18où il a d'ailleurs accusé la Russie d'utiliser cette séquence pour tenter de peser sur les sanctions américaines à l'égard de l'économie russe.
05:28Volodymyr Zelensky qui commente lui aussi à distance cette séquence.
05:34La pression, elle est forte pour que ça fonctionne, Anne Corpé.
05:38Il y a des pressions qui viennent à peu près de tous les côtés, européens, ukrainiens, américains évidemment d'abord.
05:43Est-ce qu'il y a une chance que cela fonctionne ?
05:45Bon, alors ça, je ne peux pas vous dire, je ne peux pas lire dans l'avenir.
05:49C'est vrai que la porte-parole de la Maison-Blanche s'est dit hier très optimiste sur la possibilité d'un accord,
05:57que la chef de la diplomatie européenne a dit que c'était une semaine cruciale sur le plan diplomatique.
06:04On peut constater que Volodymyr Zelensky cherche à mobiliser ses alliés européens.
06:10Mais enfin, de son côté, le porte-parole du Kremlin a dit ce matin que Moscou entendait utiliser ses négociations
06:18pour atteindre les objectifs de Vladimir Poutine.
06:22Et celui-ci maintient ses exigences maximalistes.
06:25Il veut non seulement annexer les trois régions, enfin, affirmer sa souveraineté sur les trois régions qu'il a officiellement annexées,
06:34mais il voudrait que les États-Unis et d'autres pays reconnaissent finalement que ces territoires sont bien russes,
06:41une manière de rendre leur conquête irréversible.
06:45Bon, en réalité, on a l'impression que Vladimir Poutine veut surtout acheter du temps
06:50parce qu'il est persuadé de pouvoir l'emporter à terme sur le terrain.
06:55Il est galvanisé par l'avancée de ses troupes au mois de novembre.
06:59C'était la plus forte progression mensuelle depuis un an avec la conquête de plus de 700 km² de territoire.
07:08Et puis, on le voit bien que Vladimir Poutine est dans une posture de combattant.
07:12Il a été visité à un avant-poste en uniforme.
07:16Il a en donné à sa hiérarchie militaire de faire en sorte que ses soldats soient le mieux équipés possible pour affronter l'hiver.
07:23Ça veut bien dire qu'il n'est pas dans l'idée d'un cessez-le-feu dans une échéance très proche.
07:29Et puis, l'annonce qu'il a faite hier de la prise de Pokrov, même si elle est contestée par les Ukrainiens,
07:36en fait, vise à convaincre cette délégation américaine que l'Ukraine approche d'une défaite inéluctable.
07:46Mais c'est vrai que Moscou, comme Kiev, est sous la pression des Américains qui veulent...
07:52Enfin, Donald Trump veut absolument aboutir à un accord.
07:55Donc, on peut imaginer que Vladimir Poutine va tergiverser et présenter sa propre version d'un nouveau plan dit de paix.
08:04Mais dans ses yeux, il faudrait que ce soit vraiment un plan de victoire.
08:08Il y a le chef de l'Ottawa à l'instant qui se dit convaincu que les efforts américains en Ukraine, je le cite,
08:13finiront par rétablir la paix en Europe.
08:16Et si ça ne fonctionne pas, que se passera-t-il ?
08:19Les Américains vont continuer de mettre la pression, en particulier sur l'Ukraine, pour aboutir à un accord.
08:26Le gros risque, c'est l'arrêt de la fourniture de renseignements américains à l'armée ukrainienne,
08:31qui serait très difficile pour Kiev.
08:33Ces renseignements sont essentiels pour assurer la défense de l'Ukraine.
08:37En attendant, les Écruniens continuent de se battre.
08:40Ils frappent les infrastructures pétrolières russes, les bateaux qui transportent du pétrole russe,
08:45avec une certaine efficacité.
08:47La semaine dernière, Rosneft a annoncé, c'est la plus grosse compagnie de pétrolières russes,
08:53à avoir baissé ses revenus de 70% au cours des neuf derniers mois de l'année,
08:59par rapport à la même période de l'année dernière.
09:01Elle a expliqué cette perte de revenus par les mesures de sécurité nécessaires du fait des attaques sur ces installations.
09:11Mais bon, pour continuer à se battre, l'Ukraine a besoin du soutien de ses alliés.
09:15Les Européens disent qu'ils se tiennent de manière infaillible aux côtés de Kiev,
09:20mais ils ne parviennent toujours pas à se mettre d'accord pour mobiliser, par exemple,
09:24les avoirs russes gelés sur le vieux continent.
09:28C'est aussi une des raisons pour lesquelles Volodymyr Zelensky fait cette tournée actuellement en Europe.
09:34Voilà, qui constituerait un levier évidemment important pour parler et convaincre dans le même temps la partie russe.
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