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  • il y a 12 minutes
La mort du jeune Mehdi Kessaci résonne en Belgique, un pays en proie au narcotrafic et aux mafias. Vincent Van Quickenborne, ancien ministre belge de la Justice, avait été visé par une tentative d'enlèvement par des narcotrafiquants alors qu'il luttait contre le trafic de drogue. Lui et sa famille avaient à ce moment-là dû être mis à l'isolement. Il est l'invité de RTL Matin.
Regardez Face à Fogiel du 01 décembre 2025.

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Transcription
00:00Il est 8h18 quand les narcotrafiquants repoussent toutes les limites.
00:09On l'a vu avec l'assassinat de Médic et Sassi il y a quelques jours à Marseille.
00:12En Belgique, il n'hésite pas à s'en prendre directement à ceux qui représentent le royaume.
00:16Votre invité, Marc-Olivier Fogiel, en a fait les frais, lui et sa famille.
00:20Lui qui a failli être enlevé quand il était ministre de la justice, il s'appelle Vincent van Quickenborn.
00:25Bonjour Vincent van Quickenborn.
00:28Bonjour.
00:28Médic et Sassi a donc été victime d'un crime d'intimidation pour faire peur à son frère Amine,
00:33militant qui lutte contre le narcotrafic.
00:35Vous qui avez fait de la lutte contre la drogue une priorité quand vous étiez ministre de la justice belge
00:40entre 2020 et 2023 et qui avait été visé par une tentative d'enlèvement par des narcotrafiquants.
00:45Ce crime donc d'intimidation, j'imagine qu'il ne vous étonne pas.
00:49Il n'étonne pas parce qu'on voit quand même une augmentation de la violence par les narcotrafiquants
00:54en Belgique, aux Pays-Bas et aussi en France.
00:57Récemment, il y a eu aussi des menaces contre le procureur de Bruxelles par une bande de mafias.
01:03Et donc partout, on voit qu'une sorte d'infiltration des narcotrafiquants qui est en cours,
01:09ingérence contre notamment le tissu économique, mais aussi le tissu décisionnel, les magistrats et d'autres.
01:15Donc on est très inquiets.
01:17Parce que quelle que soit notre position, si on est élu de la nation ou militant écologiste,
01:23on est sur leur territoire, le territoire des barons, et on est menacé en fait.
01:26Oui, tout à fait.
01:27On est menacé.
01:28Ils sont partout.
01:29Avant, ils étaient en Belgique, en Vers et à Bruxelles.
01:32Maintenant, ils sont partout.
01:33Dans toutes les villes, grandes et petites villes.
01:35On voit de l'infiltration, notamment dans l'économie légale.
01:39Ils investissent dans l'immobilier, dans des commerces sans activité réelle,
01:43mais qui servent au blanchiment.
01:44Donc on voit un problème, ingérence partout dans le pays.
01:47Et on voit cette exportation de cette violence marseillaise en Belgique.
01:50Un gang de Marseille a pris le contrôle des points d'île de certains quartiers de Bruxelles.
01:54Et dans Derlecht, il y a un baron de la drogue belge, incarcéré,
01:57qui s'est associé avec un homologue marseillais pour appliquer les mêmes méthodes qu'à Marseille
02:00et la même violence chez vous.
02:02Il y a un lien entre Marseille et Bruxelles.
02:04Ce lien, il n'est réel.
02:05C'est pourquoi il est nécessaire que la coopération entre Bruxelles et Marseille ait été renforcée.
02:11Il y a eu des visites, notamment de notre procureur de Bruxelles à Marseille.
02:14Et d'inverse, oui, il y a une bonne coopération.
02:17Vous, Vincent Van Koukenborn, quand vous étiez ministre de la Justice,
02:21vous avez été la cible d'un projet d'enlèvement qui a été déjoué.
02:25Quatre hommes soupçonnés d'être les auteurs avaient été interpellés aux Pays-Bas.
02:29Ils étaient impliqués dans le milieu de la drogue.
02:31Qu'est-ce qu'on sait de ces narcotrafiquants ?
02:33Ils voulaient vous faire taire ?
02:35En fait, c'était en septembre 2022.
02:37Au moment que nous avons reçu, pour la première fois, une menace grave et massive,
02:40il s'agissait d'une autre tentative d'enlèvement de ma famille,
02:44y compris de nos deux petits-enfants.
02:46Nous avons alors été passés dans ce qu'on appelle une safe house pendant une semaine.
02:50Mais en décembre de cette même année-là, de 2022,
02:53nous y avons été à nouveau herbergés pendant quatre semaines pour une autre menace.
02:58Pour nous, c'était une véritable montagne russe.
03:01Pour moi, je pouvais les encaisser comme ministre, mais pour ma femme et mes enfants, c'était du difficile.
03:06Ma fille, ma petite-fille Beau, avait alors six ans.
03:09Elle était en première primaire, sans examen.
03:12Et heureusement que nous avons eu confiance dans les services de sécurité et de police.
03:15Ce sont des gens extrêmement professionnels dans nos pays.
03:18Elle a pu reprendre une vie normale, votre famille ?
03:20Oui. À un certain moment, ma petite-fille a dû passer par un psychologue.
03:24Mais quand on en reparle maintenant avec eux, deux, trois ans plus tard,
03:27je vois quand même qu'il n'y a pas de traces effectives pour eux.
03:31Donc heureusement qu'ils ont bien passé ce qui s'est passé.
03:34Surveillez 24 heures sur 24 dans cette safe house, comme vous dites, avec votre famille, sous protection policière.
03:40Vous étiez dans une bulle parce que la mafia qui gère ces narcotrafiques en voulait à votre peau et à celle de votre famille.
03:47Oui, absolument.
03:48Moi, je pourrais encore faire le travail nécessaire, c'est-à-dire faire des déplacements au Parlement.
03:53Mais c'était toujours sous grande protection.
03:56Malheureusement, ce qui me s'est passé est passé aussi au procureur de Bruxelles, ici, M. Moinil.
04:02En juillet 2025, récemment, oui.
04:04Tout à fait, et aussi même des journalistes en Belgique ont dû être protégés dans une safe house
04:09parce qu'ils écrivaient des choses, notamment sur des narcotrafiquants.
04:13On en est là, vous, clairement.
04:14Ce qui vous a valu, donc, le fait d'être protégé à ce point,
04:18c'est que vous étiez en train de démanteler une messagerie cryptée,
04:22très prisée dans le milieu du trafic de la drogue.
04:24C'était ça, ce qui les a fait venir vous menacer.
04:27C'est difficile à dire, mais dans ce temps-là, notamment, j'avais conclu deux traités importants avec Dubaï, avec les Émirates.
04:34Et depuis lors, on a vu quand même les conséquences de ces traités,
04:37puisqu'il y a eu le retour massif, maintenant, des barons de la drogue depuis Dubaï en Belgique,
04:43pour leur montrer qu'il n'existe plus de réfuges possibles.
04:46Et donc, je pense qu'entre autres, cet élément-là a joué, notamment, dans la menace d'enlèvement.
04:52Et devant les menaces à votre rencontre, vous n'avez jamais voulu reculer,
04:56puisqu'on parle, donc, là, de crimes d'intimidation.
04:59Ils ont cherché à vous intimider. Est-ce qu'ils ont réussi ?
05:02Non, ils n'ont pas réussi, parce qu'il faut faire ce que l'Italie l'a fait,
05:05c'est-à-dire qu'il faut reprendre le contrôle sur la mafia.
05:08Et c'est possible, c'est difficile, mais c'est possible.
05:10Pour y arriver, il faut veiller au retour de ces barons de la drogue,
05:13qui opèrent notamment en dehors de la France, en dehors de la Belgique.
05:16Il faut des traités internationaux avec, entre autres, les Émirats, mais aussi avec le Maroc.
05:21Il faut la saisie, la confiscation des avoirs criminels.
05:24Il y a une coopération internationale.
05:26Il faut empêcher que ces barons continuent leurs activités depuis la prison.
05:30Vu que votre ministre de la Justice, que je connais très bien, M. Darmanin,
05:33fait des propositions dans ce sens-là aussi,
05:36il faut aussi, finalement, empêcher l'infiltration dans l'économie légale.
05:40Donc, c'est possible de lutter contre le narcotrafic.
05:42Il ne faut pas avoir peur. C'est ça, votre message, en fait.
05:44Vous n'avez pas eu peur ?
05:46Non, non, il ne faut pas avoir peur. Non, pas du tout.
05:48Il faut continuer la lutte. Il faut travailler les pays ensemble.
05:51Il faut éviter que, par exemple, la criminalité passe d'un port à l'autre port.
05:55Donc, il faut une très bonne coopération entre les ports.
05:59Il faut un travail coopératif, oui.
06:01Vous dites que pour lutter, il faut une coopération internationale,
06:05notamment dans les ports.
06:06Le port d'Anvers, ça reste une porte d'entrée pour l'Europe,
06:09pour tout ce qui est cocaïne, pour tout ce qui est drogue ?
06:12Oui, ça reste un port d'entrée, même si on voit que le volume est tombé un peu,
06:16donc a diminué, puisqu'on a mis sur place une centaine de forces de police
06:22pour faire plus de contrôles.
06:24On a aussi renforcé, notamment, des contrôles venant de l'Amérique du Sud.
06:29Mais bien évidemment, ces narcotrafiquants sont très créatifs.
06:32Ils entrent en Europe par d'autres biais,
06:34apparemment pas un stop en Afrique,
06:36après le passage ici en Europe.
06:38On voit que, notamment dans d'autres ports de l'Europe,
06:41en Bourg et d'autres ports en Espagne,
06:43une augmentation de saisie de drogue.
06:46Donc, ils sont très créatifs.
06:48Est-ce que vous diriez que le narcotrafique, aujourd'hui,
06:50est une menace aussi importante que le terrorisme ?
06:53Je ne parlerais pas que la Belgique est devenue un narco-État.
06:56Mais je pense qu'aujourd'hui, existe le narco-terrorisme,
07:00c'est-à-dire corruption, violence, menace.
07:03Et tant que nous disposons de combattants du crime déterminé et inflexible,
07:07nous ne sommes pas un narco-État.
07:09Un narco-État, c'est lorsque les criminels ont infiltré
07:11les plus hauts niveaux des trois pouvoirs.
07:13Et je pense que, notamment en Europe, on n'y est pas.
07:16On n'est pas dans des narco-États, mais on est face à du narco-terrorisme, aujourd'hui.
07:20Absolument. Le narco-terrorisme constitue bel et bien une menace pour notre État de droit.
07:24Il faut savoir qu'en Belgique, il y a 13 500 détenus.
07:285 000 sont des criminels liés à la drogue.
07:30C'est presque la moitié.
07:32En prison, chez vous comme chez nous maintenant,
07:34ces narcotrafiquants, ces bandits de la drogue,
07:37sont regroupés dans des prisons ultra sécurisées chez vous aussi,
07:40de façon à ce qu'ils puissent plus commanditer de la prison des crimes ?
07:43Oui, absolument. Il faut empêcher que les barons continuent leur activité depuis la prison.
07:48Donc, il faut du brouillage, il faut un isolement, il faut un contrôle très strict.
07:53Et je pense qu'il y a quelques prisons en Italie exemplaires,
07:57parce qu'il y a un régime de stricte isolation de 23 heures sur 24.
08:02Pour conclure, qu'est-ce qui nous manque aujourd'hui ?
08:06La loi, les moyens, le courage politique pour en finir ?
08:09Je pense surtout que ce qu'il faut, c'est de l'action sur le terrain.
08:12Le plus important, c'est de faire rentrer ces barons de la drogue
08:16qui se trouvent en dehors de la France, en dehors de la Belgique.
08:18Et deux, il faut notamment confisquer leurs avoirs criminels.
08:22Ça, c'est le plus important, parce que les jeunes ont l'idée
08:24qu'il y a une sorte de refuge possible dans le monde
08:27et qu'on peut gagner des milliers d'euros par mois sans me faire de travailler.
08:32Cette illusion-là, il faut la reprendre en combattant ces barons
08:36et en prévoyant la confiscation des avoirs criminels.
08:39Merci beaucoup de votre éclairage et du récit de ce que vous avez vécu,
08:43Vincent Van Koukenborn.
08:44Merci d'avoir été en ligne avec nous de Belgique.
08:46Avec plaisir. Au revoir, monsieur.
08:47Merci.
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