- il y a 18 heures
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00:00Vous écoutez Les Dossiers d'Interpol, un podcast européen.
00:11Assassins ou trafiquants, victimes ou coupables, égarés dans le grand labyrinthe des frontières et des lois, ce sont les acteurs inattendus des Dossiers d'Interpol.
00:23Ce jour-là, vers 16h, l'année de la fameuse vague de chaleur, le conditionnement d'air est en panne à l'hôtel Concordia de Paris.
00:34Les douze chambres du sixième étage sont presque toutes vides.
00:39Une femme de ménage poussant son chariot se rend à la chambre de Myrna Loïc, chanteuse, 24 ans.
00:46Elle voit Herbert Clive qui revient du bout du couloir où il est allé chercher de la glace dans le distributeur.
00:55Herbert Clive, musicien, 36 ans, est discrètement l'amant de la chanteuse.
01:00La femme de ménage, devant la porte de Myrna Loïc, reste pendant trois ou quatre secondes complètement statufiée.
01:10Elle voit assise la jeune femme écroulée sur sa coiffeuse.
01:15Dans la glace, la femme de ménage voit au milieu d'une cascade de cheveux blonds une énorme blessure, un magma d'os et de chair d'où coule un flot de sang.
01:25La femme de ménage ne crie pas, ne dit pas un mot.
01:30Elle ressort comme si de rien n'était, abandonne son chariot dans le couloir pour se rendre à l'ascenseur,
01:37croise Herbert Clive qui, avec un seau plein de glaçons, entre dans sa chambre,
01:42puis la femme de ménage ressort aussitôt de l'ascenseur qui ne fonctionne pas et court vers l'escalier.
01:47Une chanteuse de 24 ans, Myrna Loïc, vient d'être assassinée dans sa chambre au sixième étage de l'hôtel Concordia.
01:56La seule personne que la femme de ménage ait remarquée dans les parages est son amant, l'anglais Herbert Clive,
02:03un musicien de 36 ans qui allait chercher des glaçons dans un distributeur au fond du couloir.
02:0916h40
02:10Le commissaire divisionnaire Léon Rappin, la cravate desserrée, le col de chemise entr'ouvert sur une poitrine de jeune homme,
02:17interroge Herbert Clive.
02:20Autant Léon Rappin, le commissaire divisionnaire, fait incroyablement jeune pour son âge,
02:24avec ses yeux bleus, ses cheveux blonds, ses gestes vifs, un peu nerveux,
02:27autant Herbert Clive a l'air d'un bon orang-outan,
02:32avec ses cheveux drus plantés jusqu'au ras des sourcils
02:35et ses énormes joues qui s'élargissent au bas du visage comme deux assiettes.
02:40Bon, donc vous n'étiez pas seul dans votre chambre ?
02:43Non, répond Laurent Houtan, avec un très fort accent anglais et des larmes dans la voix,
02:48non, je n'étais pas seul.
02:50Je vous dis que j'étais avec mon ami John Granby.
02:53On avait déjà bu un verre, on voulait en boire un autre,
02:56c'est pour ça que je suis allé chercher des glaçons.
03:00Le commissaire divisionnaire reste pensif.
03:03Il y a quelque chose d'étrange dans cette affaire.
03:05La femme de ménage n'a remarqué personne d'autre à l'étage que la victime est Herbert Clive.
03:12Ensuite, l'ascenseur étant en panne, elle a utilisé l'escalier dans lequel elle n'a vu personne.
03:17Mais il y a encore deux verres avec des traces de lèvres
03:20et des mégots de cigarettes de deux marques différentes dans la chambre d'Herbert Clive.
03:27Les chambres de l'hôtel ont toutes été visitées sans qu'on y découvre le dénommé John Granby.
03:31Mais cela aussi ne prouve pas son absence.
03:35Il pouvait être là à l'insu de la femme de ménage.
03:38Il a pu s'enfuir avant elle par l'escalier jusqu'à un étage inférieur
03:42quitte à se dissimuler quelques instants avant de disparaître
03:45en profitant de l'affolement qui a suivi la découverte de l'assassinat.
03:49Le porte-manteau de porcelaine arraché au mur de la salle de bain
03:54et qui a servi d'arme du crime
03:57est découvert sur le tapis dans la chambre de Myrna Loïc.
04:02Il ne porte aucune trace.
04:05Par contre, la porte de communication entre la chambre d'Herbert Clive
04:09et de Myrna Loïc n'est pas fermée à clé.
04:12La poignée est couverte d'empreintes digitales qu'il faudra, si possible, identifier.
04:16Le plus bizarre, c'est la déclaration que fait Herbert Clive, Laurent Houtan.
04:25« Non, je n'ai pas tué Myrna et je n'avais aucune raison de le faire, » répond-il effondré
04:29au commissaire des visionnaires Léon Rappin qui lui pose brutalement la question.
04:33Mais il ajoute aussitôt, « Ne me bousculez pas trop
04:35parce que je suis mal fichu et je l'ai été tout l'après-midi.
04:39Je ne sais pas si c'est la chaleur ou si c'est l'alcool, peut-être les deux.
04:43À tel point qu'à un moment, je me suis retrouvé dans la salle de bain.
04:45Mon ami John Granby était en train de se mouiller le visage.
04:49Il me demandait si ça allait mieux.
04:51J'avais eu, paraît-il, un étourdissement.
04:54Lorsque je suis revenu vers ma chambre,
04:57voilà que John Granby n'était plus là.
04:59Je ne savais plus très bien ce que je faisais avec mon seau à glace dans la main.
05:02Alors je me suis assis et c'est à ce moment-là que je me suis souvenu
05:06que John Granby voulait boire un deuxième verre.
05:08« Mais alors, pourquoi n'était-il plus là ? »
05:12La suite, ça a été la cavalcade dans le couloir, l'arrivée du concierge,
05:16la police et puis tout le reste.
05:20Les yeux bleus de Léon Rappin se plissent légèrement et deviennent perçants.
05:24« Par contre, il prend un ton bonhomme. »
05:29Écoutez, M. Clive,
05:30« L'assassinat peut avoir été commis par n'importe qui,
05:33mais surtout par deux personnes, vous ou votre ami Granby. »
05:38« Or, votre ami Granby, personne ne l'a vu.
05:42Vous seul affirmez qu'il était là.
05:45Comprenez bien qu'il est important que vous nous aie dit à le retrouver. »
05:48« Qui est-ce ? Comment le connaissez-vous ?
05:51Pourquoi était-il dans votre chambre ? »
05:56Écoutez, John est un vieil ami.
05:59Nous sommes tous deux de Glasgow
06:00et nous nous rencontrons assez souvent
06:02parce qu'il est artiste de Music Hall et moi musicien
06:05et nous avons le même apprisario.
06:08Est-ce qu'il connaissait Myrna Loïc ?
06:11Mais bien sûr !
06:12Myrna et moi, nous ne nous quittons plus depuis six mois,
06:15alors évidemment, il la connaît.
06:16Mais enfin, avant, est-ce qu'il la connaissait ?
06:20Laurent Houtan semble hésiter quelques instants.
06:24« Ben oui, il la connaissait.
06:26Il la connaissait même très bien.
06:29C'est pour ça que nous avons été un peu en froid pendant quelques temps. »
06:34« Bon, donc votre ami John Granby aurait pu tuer par jalousie. »
06:38« Oh, Laurent Houtan, c'est idiot ! »
06:40« Non, ce n'est pas du tout son caractère. »
06:43« D'accord, mais reconnaissez qu'à première vue, c'est possible. »
06:46« Vu de loin, oui. »
06:48« Mais il est tout aussi possible que ce soit vous
06:50qui ayez tué votre maîtresse par jalousie. »
06:52« Ben oui, évidemment. »
06:55« Merlin, ne me trompez pas, nous nous entendions très bien,
06:57mais du point de vue de la police, oui, oui, c'est possible. »
07:02« Avant que vous alliez chercher les glaçons au bout du couloir,
07:05qu'est-ce que faisait votre ami Granby ? »
07:08« Attendez. »
07:09« Il cherchait un crayon. »
07:12« Oui, on avait décidé de jouer au tiercé. »
07:15« Et c'est tout. »
07:17« Il ne vous a rien dit. »
07:19« Et lorsque vous êtes revenu, il n'était plus là. »
07:21« Ben oui. »
07:23« J'avoue que c'est incompréhensible. »
07:26« Ah, en effet, M. Clive. »
07:29« Bon. »
07:30« Où pouvons-nous joindre John Granby ? »
07:34Il logeait, attendez, à l'hôtel Bellman,
07:36c'est rue François 1er.
07:38« Mais dépêchez-vous, parce qu'il prend l'avion pour Londres
07:41à 20h. »
07:42« Rassurez-vous, nous allons nous dépêcher, M. Clive. »
07:46« Mais je vous demande de rester pour le moment à notre disposition. »
07:52Malheureusement, le dénommé John Granby a quitté sa chambre
07:54et remis sa clé au concierge de l'hôtel Bellman à midi.
07:57Il avait laissé sa valise au portier
07:59qui la lui a rendue vers 6h30 alors qu'un taxi l'attendait.
08:03Lorsque la police d'Orly est prévenue, il est trop tard.
08:05L'avion de Londres vient de décoller.
08:07La police d'Orly prévient donc la police de l'aéroport de Israou, à Londres.
08:12À Israou, le dénommé John Granby
08:15paraît éberlué lorsqu'à la descente d'avion,
08:17deux policiers se précipitent vers lui pour l'interroger.
08:20John Granby, malgré des rides profondes,
08:23est une sorte de playboy bronzé, élégant,
08:26le geste théâtral, la pochette agressive.
08:28« Oui, reconnaît-il ? J'ai vu mon ami Herbert Clive à l'hôtel Concordia. »
08:35« Dans sa chambre. »
08:36« Ah oui ! »
08:37« Vous avez vu aussi Myrna Loïc ? »
08:40« Ah oui, puisqu'elle était dans la chambre à côté. »
08:43« Vous avez été l'amant de Myrna Loïc ? »
08:48« Oui, oui. Enfin, c'est une vieille histoire. »
08:53« Vous n'avez pas tué Myrna Loïc ? »
08:58« Mais, enfin, qu'est-ce que vous me sentez là ? »
09:00« Vous n'avez pas tué Myrna Loïc ? »
09:03« Mais non ! Enfin, pourquoi ? »
09:06« Elle a été assassinée. »
09:09« À quelle heure avez-vous quitté l'hôtel Concordia ? »
09:12« Je ne sais pas. Vers cinq heures et demie. »
09:17« Dites-moi, vous en avez mis du temps pour aller de l'hôtel Concordia à l'hôtel Bellman. »
09:21« Mais non, j'y suis allé à pied. J'ai fait quelques courses. »
09:26« Bien. Nous vous demandons, monsieur, de rester à notre disposition. »
09:34À Paris, le lendemain, Herbert Clive est convoqué pour un nouvel interrogatoire.
09:39Il apparaît flanqué d'un petit homme rondouillard et binoclard,
09:43avocat spécialisé dans la défense des gens du Music Hall,
09:47venu tout exprès de Londres pour veiller sur lui.
09:50L'avocat attaque d'emblée.
09:51« Avez-vous trouvé sur l'objet qui a servi à tuer des empreintes de mon client ? »
09:57« Non. Aucune empreinte. »
10:00« La patère a dû être soigneusement essuyée après usage. »
10:03« Avez-vous trouvé d'autres empreintes que les siennes sur la poignée de la porte ? »
10:06« Oui. Notamment celle de John Granby. »
10:09« Et sur les verres ? »
10:10« Sur les verres, il y a les empreintes des deux hommes. »
10:13« Et les cigarettes ? »
10:14« Eh bien, ce sont deux marques différentes,
10:16celles que fume votre client et celles que fume John Granby. »
10:20« John Granby a-t-il reconnu avoir passé une partie de l'après-midi dans la chambre de mon client ? »
10:24« Oui. »
10:26« Dans ces conditions, il est tout aussi suspect que mon client. »
10:30« Que comptez-vous faire ? »
10:34Le commissaire divisionnaire Léon Rappin, quoi qu'il lui en coûte,
10:37est bien obligé de convenir qu'Herbert Clive ne peut être considéré que comme témoin.
10:42Il peut l'interroger à tout moment, mais doit le laisser en liberté.
10:44Mais deux heures plus tard, dans un café près de l'hôtel Concordia,
10:52va se dérouler une scène étrange.
10:57Un client vient de glisser une pièce dans un jukebox
11:00pour entendre la chanson « Don't go breaking my heart ».
11:04Une sorte d'or en houtan s'écarte du comptoir
11:07et commence à danser avec une femme imaginaire au milieu des consommateurs stupéfaits.
11:11Après deux minutes de silence,
11:16une voix s'élève au milieu des rires de la clientèle.
11:19« Bah, dites, ne la serrez pas si fort, vous allez l'étouffer ! »
11:23Laurent Houtan écarte les bras.
11:25« Elle est chouette, hein ? Vous devriez l'embrasser ! »
11:30Laurent Houtan embrasse la femme imaginaire.
11:33Puis la musique s'arrête quelques instants.
11:36Un autre disque démarre
11:38et Laurent Houtan, regardant autour de lui d'un air quelque peu étonné,
11:42regagne le comptoir.
11:45Le barman, d'après les quelques mots qu'il échange avec lui,
11:48comprend qu'il ne se souvient plus de rien.
11:51Coup d'œil complice du barman à l'un des clients
11:53qui remet une pièce dans la machine.
11:55Aussitôt, Laurent Houtan recommence à danser
11:59sur « Don't go breaking my heart ».
12:02Non seulement il danse,
12:04mais il accomplit tous les gestes qu'on lui demande d'accomplir.
12:08Un client lui ordonne « Commandez un café ! »
12:11Il commande un café.
12:12« Donnez-moi 100 francs ! »
12:13Il donne 100 francs.
12:14« Prenez le plateau du garçon ! »
12:15Il prend le plateau du garçon.
12:17« Et maintenant danser ! »
12:18Et il danse avec le plateau du garçon.
12:20Et dès que la musique s'arrête,
12:22Laurent Houtan paraît ne plus se souvenir de rien.
12:25Le soir même, le barman du café raconte l'anecdote
12:30au portier de l'hôtel Concordia.
12:33« Dis, il est bien chez toi cet Anglais
12:35qui a l'air d'un or en Houtan ? »
12:37« Ben oui, il est même mêlé au crime
12:39de la chanteuse Myrna Loïc. »
12:41« Eh bien, c'est un type bizarre. »
12:44« Écoute, chaque fois qu'on joue
12:46« Don't go breaking my heart »,
12:48il entre dans un état second.
12:50Il danse, il fait tout ce qu'on lui demande.
12:53Et dès que la chanson s'arrête,
12:54même si on en met une autre,
12:56il redevient normal
12:57et ne se souvient plus de rien. »
13:00Inutile de vous dire, chers amis,
13:01que du portier au concierge,
13:03du concierge à la police
13:04et de la police à l'avocat,
13:05l'étrange nouvelle a vite fait de se répandre.
13:09Le lendemain,
13:10Interpol, qui vient d'enquêter
13:12sur le passé ancien et récent
13:14de John Granby et Herbert Clive,
13:17adresse un premier rapport
13:18transmis au commissaire divisionnaire Léon Rappin.
13:19Imaginez la surprise de celui-ci
13:22lorsqu'il découvre que John Granby,
13:24artiste de Music Hall,
13:26est hypnotiseur.
13:30Là-dessus,
13:31le rondouilleur et binoclard avocat
13:33d'Herbert Clive,
13:34lui téléphone.
13:35« Vous connaissez la nouvelle ? »
13:37« Mais oui, je sais,
13:38l'ami de votre client est hypnotiseur. »
13:40« Mais ce n'est pas tout. »
13:42« Je me suis renseigné. »
13:44« Dans son numéro,
13:45il hypnotise des gens choisis dans le public
13:48ou des musiciens de l'orchestre. »
13:49« Et à Paris, à Bobineau,
13:51il a ainsi plusieurs fois hypnotisé mon client. »
13:56Le spécialiste
13:57qui interroge le commissaire divisionnaire déclare,
14:00« Oui, bien sûr,
14:02on pourrait imaginer
14:03qu'un hypnotiseur parvienne
14:04chez un sujet particulièrement apte
14:06et préparait à commander
14:08un état de suggestion hypnotique
14:11chaque fois qu'il entendrait
14:12une certaine musique.
14:13Mais ça paraît bien difficile.
14:17Et pour tout dire,
14:19c'est tiré par les cheveux. »
14:21Pour Léon Rapin,
14:22commissaire divisionnaire,
14:23policier moderne,
14:24habitué aux affaires délicates,
14:26ce cas paraît plus que bizarre.
14:29Néanmoins, c'est une piste
14:30qu'il n'a pas le droit de négliger,
14:31d'autant qu'il découvre
14:32en fouillant la chambre d'Herbert Clive
14:34à l'Hôtel Concordia,
14:36une radiocassette.
14:38Une cassette est engagée.
14:40Il appuie sur le bouton
14:41et entend les premières mesures
14:43d'une chanson inconnue.
14:46Il revient alors
14:46de quelques secondes en arrière,
14:48appuie de nouveau
14:49pour entendre cette fois
14:51les dernières mesures
14:53de Don't Go Breaking My Heart.
14:56Herbert Clive a-t-il, oui ou non,
15:01tué sous l'empire
15:03d'une suggestion hypnotique.
15:07Les dossiers d'Interpol
15:09Un podcast européen
15:11Herbert Clive a-t-il, oui ou non,
15:15tué sous l'empire
15:16d'une suggestion hypnotique.
15:18« Non ! » hurle John Granby
15:20interrogé par la police londonienne.
15:22« Si c'est lui
15:23qui a tué Myrna Loïc,
15:24ce n'est pas sur mon ordre
15:26et cette histoire de chanson
15:27ne tient pas debout.
15:28Non seulement je ne suis pas capable
15:29de réussir ce tour de force,
15:30mais je crois
15:31qu'il est réellement irréalisable.
15:33Donc il joue la comédie
15:34et s'il joue la comédie,
15:35c'est qu'il l'a tué. »
15:37« C'est vrai, » déclare un spécialiste
15:39qui vient d'examiner Herbert Clive.
15:41« Je suis convaincu
15:42que l'ordre de tuer
15:43n'aurait pas franchi
15:44la barrière des interdits moraux
15:46chez cet homme.
15:47Je veux bien admettre
15:48que cet individu
15:50est un excellent sujet
15:51pour un hypnotiseur.
15:53Je veux bien admettre
15:54la suggestion hypnotique.
15:56Je veux bien admettre
15:56qu'on puisse lui commander
15:58certains gestes,
15:59mais pas un acte
16:00qui irait aussi sévèrement
16:02à l'encontre
16:02de tous les principes
16:03qui lui ont été inculqués
16:05par son éducation. »
16:06« Pardon, pardon, »
16:07explique l'avocat
16:08de Laurent Houtan.
16:10« Mon client n'a pas tué
16:11Mernaloïc,
16:12mais il a néanmoins
16:13été manipulé par l'assassin
16:14et voici comment. »
16:17Une première fois,
16:19l'assassin a fait entendre
16:21« Don't go breaking my heart »
16:23à mon client
16:23pour ensuite lui commander
16:25de se rendre
16:25dans sa salle de bain.
16:28Pendant ce temps,
16:30il est entré
16:30dans la salle de bain
16:31de Mernaloïc
16:32à tuer celle-ci
16:33avec le porte-manteau
16:33de porcelaine
16:34qu'il a ensuite essuyé
16:35et il a rejoint
16:37mon client
16:37dans sa salle de bain
16:39au moment
16:39où il reprenait
16:40ses esprits.
16:42La deuxième fois
16:43où il a fait entendre
16:44la cassette,
16:45c'est pour lui ordonner
16:46d'aller chercher
16:46des glaçons
16:47au bout du couloir
16:47afin qu'il soit vu
16:48par la femme de ménage
16:49tandis que lui
16:50disparaissait
16:51par la porte
16:52de l'autre chambre.
16:56Commissaire divisionnaire
16:57se tourne
16:58vers le spécialiste.
17:00« Ça vous paraît
17:01tenir la route ? »
17:03Le spécialiste
17:05fait l'amour.
17:07Techniquement,
17:08je ne peux pas
17:08réfuter cette thèse
17:10mais sur le plan policier
17:12elle me paraît
17:13assez peu plausible.
17:15Je ne suis pas policier,
17:16c'est à vous
17:17d'en juger.
17:19Pour le commissaire
17:20des visionnaires,
17:21l'hypothèse est en effet
17:22tirée par les cheveux.
17:23Mais il y a eu déjà
17:24plusieurs procès
17:25ou des accusés
17:26ont réussi
17:27à bénéficier
17:28de l'indulgence
17:29du tribunal
17:30en arrivant
17:30de sugestion
17:31hypnotique.
17:33Si Herbert Clive
17:35s'en tient
17:35à la version
17:36échafaudée
17:36par son avocat
17:37et si la police française
17:39ou les avocats
17:40de l'hypnotiseur
17:40John Granby
17:41ne parviennent pas
17:42à prouver
17:42qu'il ment,
17:44les jurés
17:44à son procès
17:45risquent de se déclarer
17:46incompétents
17:47ce qui pourrait conduire
17:48à un non-lieu.
17:50Donc,
17:51il faut prouver
17:51qu'il ment
17:52et,
17:53ainsi que l'affirme
17:54son ex-ami
17:55John Granby,
17:56qu'il simule
17:57l'état hypnotique
17:58dans lequel le plongerait
17:59la chanson
18:00« Don't go breaking my heart »
18:01car cette hypothèse-là,
18:02par contre,
18:03est tout à fait plausible.
18:05C'est d'ailleurs celle
18:06que développent
18:07les avocats
18:07de John Granby.
18:09Herbert Clive,
18:10ayant appris
18:11que Myrna Loïc
18:12le trompait
18:12ou s'apprêtait
18:13à le tromper,
18:14l'aurait tué
18:15dans un accès
18:16de colère
18:16en utilisant
18:17ce qui lui tombait
18:18sous la main,
18:18c'est-à-dire
18:19le porte-manteau
18:20de porcelaire.
18:21Ce n'est qu'après
18:21qu'il aurait imaginé
18:23ce système de défense
18:24à la fois grossier
18:25et finalement efficace
18:27par son absurdité.
18:28même,
18:29il se serait souvenu
18:30de procès
18:30où la suggestion
18:32hypnotique
18:33avait été admise
18:34par le tribunal
18:34et que son ami,
18:36qui venait de sortir
18:36de sa chambre,
18:37était hypnotisé.
18:40C'est alors
18:41que l'affaire
18:42va se conclure
18:42d'une façon
18:43presque comique.
18:45Patiemment,
18:46le commissaire
18:46divisionnaire
18:46réunit un certain
18:47nombre d'informations
18:48ayant été publiées
18:49par la presse britannique
18:50en même temps
18:51que les comptes rendus
18:53consacrés au procès
18:54où l'hypnotisme
18:55a joué un rôle.
18:56Patiemment,
19:00sans avoir l'air de rien
19:01au long des jours,
19:02il interroge
19:03le suspect.
19:04Oh !
19:06Herbert Clive
19:07n'a jamais entendu parler
19:09de l'affaire
19:10Nielsen-Hardrup
19:11ou un hypnotiseur
19:13aurait suggéré
19:13un hold-up
19:14à son médium.
19:15Non,
19:16il ne connaît pas
19:16l'affaire Podolat
19:18ni l'affaire Hermann
19:19ni le procès
19:20du docteur Fuchs.
19:22Et pourtant,
19:23il connaît
19:23plusieurs faits divers
19:24de tous ordres
19:25qui ont été publiés
19:27dans les mêmes journaux
19:28et à la même époque.
19:30Donc,
19:30il ment.
19:32Le commissaire
19:33divisionnaire
19:34en est de plus en plus
19:35convaincu.
19:36Mais comment
19:36le confondre ?
19:39C'est tout bête
19:39comme vous allez le voir.
19:41En procédant
19:44à un essai
19:45de reconstitution
19:46dans la chambre
19:46de l'hôtel Concordia
19:47jusqu'alors placé
19:48sous scellé,
19:50le commissaire
19:51divisionnaire
19:51grelotte.
19:53C'est l'air
19:54conditionné,
19:54explique un des assistants.
19:58Le commissaire
19:58divisionnaire
19:59se souvient que
19:59lors du premier
20:01interrogatoire
20:01d'Herbert Clive
20:02au même endroit,
20:03il y a un mois,
20:04il est tout fait de chaleur.
20:06Mais l'air
20:07conditionné
20:07ne marchait pas
20:08ce jour-là ?
20:09Non,
20:10monsieur le divisionnaire,
20:11rappelez-vous,
20:12il y a eu une panne
20:13d'électricité
20:13tout l'après-midi.
20:16Le commissaire
20:17divisionnaire
20:17Léon Rappin
20:18se jette
20:18sur la radiocassette.
20:21Elle est restée
20:21reliée par un fil
20:22au secteur.
20:24Fébrilement,
20:25il ouvre le boîtier.
20:26Il n'y a pas
20:27de pile.
20:27Ni Herbert Clive
20:31ni Herbert Clive
20:31ni son avocat
20:33décontenancé
20:34ne pourront trouver
20:35une explication plausible
20:37à ce détail
20:38par lequel
20:39leur belle hypothèse
20:40s'effondre.
20:41Vous venez d'écouter
20:45les dossiers
20:45d'Interpol,
20:47un podcast
20:47issu des archives
20:48d'Europe 1.
20:49Réalisation
20:50Julien Tarot
20:51Production
20:53Estelle Laffont
20:54Patrimoine sonore
20:55Sylvaine Denis
20:56Laetitia Casanova
20:58Antoine Reclue
20:59Laetitia Casanova
20:59Antoine Reclue
20:59Laetitia Casanova
21:01Antoine Reclue
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