- il y a 17 heures
Lundi 24 novembre 2025, retrouvez Julien Nebenzhal (Président, eToro Patrimoine), Xavier Chapon (Directeur de la gestion cotée et de la dette privée, Arkéa Asset Management) et Xavier Chapard (Stratégiste, LBP-AM) dans SMART BOURSE, une émission présentée par Grégoire Favet.
Catégorie
🗞
NewsTranscription
00:003 invités avec nous chaque soir pour décrypter les mouvements de la planète marché.
00:13Xavier Chapon est avec nous, le directeur de la gestion cotée et de la dette privée chez Arkea Asset Management.
00:18Bonsoir Xavier.
00:19Bonsoir Grévoire.
00:20Xavier Chappard nous accompagne également, stratégiste chez LBP Asset Management.
00:24Bonsoir Xavier.
00:25Bonsoir Grévoire.
00:25Et Julien Nebenzal est également à nos côtés, le président d'Itoropatrimoine.
00:29Bonsoir Julien.
00:30Bonsoir Grévoire.
00:30Merci d'être là messieurs pour nous éclairer sur cette situation de marché.
00:34Julien je veux bien commencer avec vous.
00:36Alors je ne sais pas jusqu'où on reprend la séquence mais septembre et octobre ont été des mois très positifs encore pour la prise de risque.
00:42On rebondit depuis le point bas d'avril et de Libération Day.
00:46C'est vrai que les premières semaines et le mois de novembre est quasiment terminé au moment où on se parle.
00:50Les semaines de novembre ont été beaucoup plus agitées, beaucoup plus volatiles, beaucoup plus bruitées peut-être également.
00:58La question étant derrière le bruit du mois de novembre, est-ce qu'il y a quand même des signaux de tendances plus profondes qui seraient en train de se développer et qui justifieraient peut-être une approche plus prudente des marchés d'actifs ?
01:13Oui alors sur le comportement des prix au mois de novembre, il y a des choses effectivement qui se sont passées mais si je prends une casquette d'analyse technique, à mon sens rien de grave.
01:21Donc on ne peut pas parler d'un signal en provenance de cette observation.
01:25Après, comme je travaille sur les cycles économiques, il y en a plusieurs évidemment, on a dû l'occasion d'en parler dans cette émission, mais celui qu'on regarde souvent c'est le plus court, celui qui dure environ trois ans et demi, le cycle de Kitchin.
01:39On sait qu'on a eu un creux sur l'activité économique américaine en 2023, on va dire sur le premier semestre, les cycles se mesurant de creux à creux, le prochain creux se situera en 2027.
01:50On est donc fin 2025, ce qui veut dire que nous avons devant nous un prochain creux et nous sommes plutôt hauts en termes d'activité économique.
01:58Donc entre maintenant et dans un an et un peu plus d'un an, un an et demi, il y aura un ralentissement aux Etats-Unis au niveau de l'activité économique.
02:05Voilà, ça c'est la première chose.
02:07Ça n'arrive pas, ce sommet de la cloche en quelque sorte n'arrive pas au début, arrive soit au milieu, soit vers la fin, ça dépend du type de cible dont on parle.
02:16Là aujourd'hui, on est dans la zone dans laquelle ça peut arriver.
02:19La question c'est comment on croit ça avec le sentiment de marché, c'est le deuxième bloc.
02:24Alors la bourse a tendance quand même bien à refléter ces cycles, on les voit bien en tout cas en bourse.
02:29Ça se superpose pas mal.
02:30Si on est attentif, on les trouve.
02:32D'accord.
02:32Ce n'est pas mystérieux.
02:33Mais il y a toujours environ six mois de décalage, ce qui est normal puisque le marché se compte toujours énormément d'informations avant qu'elle ne soit diffusée dans l'économie.
02:41Quand je parle de point bas d'activité aux Etats-Unis en 2023, c'est l'activité du réel.
02:46L'anticipation, elle est faite avant.
02:48D'ailleurs, le point bas de marché est en octobre 2022 ou quelque chose comme ça.
02:51Oui.
02:52Alors, un cycle haussier, pour qu'il soit complet, la logique veut qu'il y ait dans le cycle deux moments de correction.
03:01Ce qui veut dire que j'ai trois vagues de hausse qui sont séparées par deux vagues de correction.
03:06La première a eu lieu en 2023, à l'été.
03:08C'était les taux.
03:09C'était les problèmes des banques régionales.
03:12Ça a généré quelque chose de significatif qui n'a pas non plus déclenché des peurs paniques.
03:18Et la deuxième correction, c'est le Liberation Day.
03:20Ça, c'est quelque chose de beaucoup plus significatif.
03:23Et qui est assez symptomatique des deuxièmes corrections dans un cycle.
03:26Elles sont en général brusques, très violentes, rapides.
03:30Et elles sont tellement rapides que la construction derrière, la reprise, est en général tout aussi féroce.
03:36Là, elle était peut-être encore plus que d'habitude.
03:38Oui, elle a été historiquement féroce, cette reprise post-Libération Day.
03:42En quelques semaines, on a effacé le choc de Liberation Day.
03:45Voilà, mais vous avez en 1998 un phénomène avec LTCM similaire qui s'est passé.
03:49Ceux qui étaient sur le marché à ce moment-là ont pu le voir aussi.
03:52À chaque fois, les raisons changent, mais les formes restent les mêmes.
03:57La troisième partie, le troisième bloc de hausse, après une hausse, une baisse, une hausse, une baisse.
04:02La dernière partie, elle doit être qualifiée.
04:04Pour qu'elle soit la dernière partie, il faut qu'elle ait des éléments spéculatifs.
04:07Ah !
04:08Ce qu'on voit aujourd'hui, ce sont une série d'éléments spéculatifs.
04:13D'accord.
04:14Tous les gens qui savent, ce qui n'est pas moi, mon cas, en tout cas, ce n'est pas mon domaine d'intervention,
04:19tous ceux qui parlent de valorisation disent que les valorisations qu'on a aujourd'hui ne font pas particulièrement ce sens.
04:25Nous sommes donc dans quelque chose qui est spéculatif.
04:28Si on regarde le raisonnement qui a été tenu sur les crypto-monnaies au cours des, ne serait-ce que des derniers mois,
04:32on est, et je fais référence à la décision américaine de créer des stable coins,
04:37avec, pour origine, des entreprises privées.
04:40On est sur quelque chose qui est plus que spéculatif,
04:42qui, en fait, pour certains dont je fais partie, n'a pas de sens.
04:46C'est un projet qui n'a pas de sens.
04:49Mais je m'étonne que tout le monde ne le constate pas, et notamment les Américains.
04:53Mais c'est spéculatif.
04:54Et des éléments comme ça, je pourrais en ajouter d'autres.
04:57D'accord.
04:57Sur l'importance qu'on attribue au retail.
05:01On dit, le retail fait le marché.
05:02Oui, oui, le retail est important.
05:04En France, c'est 5% du volume.
05:06Au St-Unis, c'est beaucoup plus.
05:08Mais certes, c'est important.
05:10Mais quand vous comparez ça avec la puissance,
05:13les masses financières qui sont capables d'exécuter des algorithmes sur les marchés,
05:16le retail, il a un impact.
05:18Mais on ne va pas non plus en faire une sorte de nouvel être avec un pouvoir exceptionnel.
05:24Donc, tous ces éléments sont nature spéculative.
05:28Donc, pour moi, les conditions sont réunies pour changer d'allocation
05:32et dérisquer très sensiblement les allocations,
05:37à l'opposé de 2022, qui était une opportunité de reprendre.
05:41Oui, je comprends.
05:42On reviendra précisément sur ce que ça veut dire, changer les allocations,
05:46mais tour de table quand même sur ces considérations.
05:48Alors, avec vos outils d'analyse, l'expertise que chacun d'entre vous a autour de la table,
05:53Xavier Chapard, est-ce qu'il y a quelque chose qui est en train de se passer ?
05:57Est-ce que le cycle ou la phase de marché dans laquelle on a vécu ces derniers mois,
06:01est-ce que c'est une phase de marché qui est en train de s'éteindre pour passer à autre chose ?
06:05Oui, enfin, pour moi, l'analyse, c'est de dire qu'il y a eu le rebond post-Libération Day qui était très fort.
06:12On est arrivé au bout de ça avec même un peu trop d'optimisme en septembre-octobre.
06:15On l'a vu avec des performances très très fortes.
06:17Donc, pour moi, novembre, c'est plutôt une respiration nécessaire.
06:21Et on le voit sur les indicateurs d'appétit pour le risque de positionnement.
06:24On revient vers les moyennes, en fait, vers des situations moyennes,
06:28alors qu'on était très optimiste mi-octobre.
06:31Mais je ne vois pas de signe de retournement du cycle, que ça soit économique.
06:36On voit les PMI restent très bons.
06:38Et pour l'instant, la croissance mondiale tient toujours.
06:41Et sur le monétaire, il y a toujours des questions sur la Fed, tout ça.
06:44Mais au final, l'image globale, c'est quand même une Fed qui baisse ses taux légèrement, graduellement, mais qui les baisse.
06:53Donc, j'allais dire, la toile de fond macro, elle reste positive pour moi, au moins jusqu'au deuxième trimestre de l'année prochaine.
07:01Donc, on reste, nous, plutôt sur des allocations risquées.
07:06Trop risques, je comprends.
07:07Voilà. On sait qu'il y a pas mal de nuages qui vont arriver, probablement, au cours de l'année 2026.
07:13Mais pour nous, il est un peu trop tôt pour se protéger.
07:15Est-ce que ce sera quand même, 2026, une année de ralentissement de l'économie américaine ?
07:20Il y a un vrai débat. Moi, je discute avec des économistes.
07:23Certains d'entre eux estiment que le point bas a déjà été passé, peut-être, là, au cours du deuxième trimestre de cette année, aux États-Unis.
07:32Et puis, on voit Julien, qui, lui, avec le travail sur les cycles qu'il caractérise, qui estime que, non, le vrai point bas, il sera plutôt 2027, si je ne dis pas de bêtises.
07:43C'est ça.
07:43Alors, 2027, je ne prévois pas jusque-là, surtout dans la situation actuelle.
07:47Mais 2026, pour moi, c'est plutôt une réaccélération légère après un trou qui serait en fin d'année aux États-Unis.
07:55Donc, on va avoir des données probablement un peu moins bonnes sur l'activité réelle, mais on voit que les indicateurs de confiance, notamment la confiance des entreprises, commencent à se reprendre, ce qu'on n'avait pas vu depuis le début de la guerre commerciale.
08:05Donc, ça suggère qu'en 2026, ça devrait tenir.
08:09Pour moi, le plus gros risque de 2026, c'est une réaccélération de l'inflation américaine et, du coup, un changement de discours de la Fed.
08:16Ce n'est pas une prévision, c'est un risque.
08:18Mais c'est le risque principal du scénario.
08:21Oui, exactement.
08:22Du scénario macro, après, il y a des risques sur les annonces politiques, ça, on sait tous et on le voit tous les jours.
08:29Et un risque sur les marchés, voilà, une déception sur l'IA, mais pour moi, je ne la vois pas avant la deuxième partie de l'année prochaine.
08:37Et pour maîtriser ce risque, si on se place du point de vue de la Fed, il est urgent qu'elle stoppe ses baisses de taux dès le prochain meeting ?
08:46Ou est-ce qu'il y a quand même la place pour, je vais dire, être cohérent aussi avec l'analyse qui était faite par la Fed et Jérôme Powell, ne serait-ce que quelques semaines ou quelques mois en arrière ?
08:56C'est-à-dire que s'arrêter au bout de deux baisses de taux, quand on a quand même imaginé qu'on pouvait neutraliser la politique monétaire, ça peut aussi montrer une forme d'incohérence dans le discours à un moment ?
09:05Alors moi, je pense qu'ils n'iront pas jusqu'à neutraliser, donc jusqu'à des taux à 3%, ils s'arrêteront avant. Maintenant, il y a encore un peu de marge, on est encore presque à 4%, il y a encore au moins de baisse de taux que la Fed peut faire pour garantir dans sa vision de risk management.
09:20Donc, je desserre un petit peu, mais il n'y a pas de raison pour nous, tant que l'activité ne chute pas vraiment plus, d'avoir une Fed très accommodante.
09:29C'est peut-être ça, en novembre, ce qui a choqué un peu les marchés, c'est qu'ils sont passés une vision avec la Fed qui allait vraiment soutenir.
09:35Le vrai cycle de baisse.
09:36Voilà, à un truc plus raisonnable qui est la Fed ajuste, mais n'assouplit pas fortement.
09:41On appelait ça un ajustement de mid-cycle.
09:44Exactement.
09:44De milieu de cycle.
09:46Xavier Chapon, puisqu'on est sur la Fed, le cycle américain, qu'est-ce qui va fonder la décision de la Fed les 9 et 10 décembre prochains ?
09:54Sur quoi est-ce que la Fed va se fonder pour prendre une décision ? Parce qu'il faudra bien décider quelque chose.
09:58Comme d'habitude, la Fed s'appuie sur deux éléments, l'emploi et la croissance d'un côté et l'inflation de l'autre.
10:07C'est vrai qu'aujourd'hui, on a quand même une certaine faiblesse sur l'emploi.
10:10On le voit, les derniers chiffres le prouvent.
10:13En ce qui concerne l'inflation, on ne voit pas de traduction véritable de l'impact des droits de douane sur l'inflation américaine.
10:22Maintenant, c'est aussi parce que les entreprises prennent en compte ces droits de douane et donc le coût des intrants reste dans les entreprises.
10:30Donc, ça a quand même un deuxième impact.
10:32C'est évidemment la situation financière des entreprises in fine et leur capacité derrière à pouvoir traduire le coût des intrants dans les prix finaux.
10:41Et ça, c'est une vraie problématique parce qu'aujourd'hui, compte tenu de la situation de l'emploi, les entreprises ne peuvent pas particulièrement se le permettre.
10:48Donc, ça, c'est un premier point. Donc, ça signifie qu'aujourd'hui, la Banque centrale se doit de continuer de baisser ses taux.
10:56Je suis assez d'accord, je la vois mal aller jusqu'à 3%.
10:59En revanche, le processus de baisse des taux, il est enclenché et il ne va pas se faire sur deux baisses.
11:05Ça ne fonctionne pas comme ça. La Banque centrale, quand elle entame un mouvement de baisse des taux, elle y va.
11:10D'autant plus que nous avons des taux courts qui sont à 4%, des taux longs qui sont à 4,05.
11:15Donc, on a une quantification de la courbe qui n'existe pas.
11:18Donc, il y a quand même un besoin de reconstitution de la prime de terme.
11:23Ça, c'est un deuxième élément.
11:24Et puis, on a aussi la situation de la dette de l'État américain.
11:29Vous parliez des stable coins.
11:32L'une des composantes de la décision, c'était aussi d'avoir en contrepartie des achats de dettes d'État américain courts.
11:41En dollars, bien sûr, pour soutenir le dollar et aussi pour soutenir la dette américaine.
11:45Créer de nouveaux acheteurs marginaux pour du T-bills américain.
11:50Tout à fait.
11:51Et donc, ça signifie bien qu'il y a un vrai besoin pour ça.
11:53Il y a un vrai besoin pour l'État américain de soutenir sa dette et de soutenir son économie.
11:59Et compte tenu du pouvoir politique du moment, on a quand même une banque centrale qui a un petit peu poussé à baisser ses taux.
12:08Et on voit bien, on est, c'est vrai, c'est 4-4 autour.
12:13On est, voilà, on est, c'est très très limite pour savoir qui va décider.
12:17Maintenant, on a quand même Jérôme Powell qui va dans ce sens-là.
12:20Donc, il y a quand même de fortes chances.
12:21J'ai l'impression qu'il y a plus, moins de choses dans le bord d'aujourd'hui et peut-être volontairement d'ailleurs.
12:27C'est assez sûr.
12:28Il n'y a plus que quelques mois en tant que président.
12:30Donc, il est dans cette configuration-là.
12:33Mais il entend les messages.
12:34Et puis surtout, c'est vrai qu'aujourd'hui, on n'a pas ces chiffres d'inflation qui puissent faire peur pour baisser les taux.
12:41Après, en termes de risque de marché, oui, je pense qu'il va y avoir de la volatilité.
12:45Et comme je le disais tout à l'heure, les entreprises, s'ils ne retraduisent pas la hausse des coûts des intrants dans leur prix, à un moment ou à un autre, ce sont les marges qui prennent.
12:57Et sur l'inflation, d'accord avec ce que nous disait Xavier Chapin juste avant, le risque inflationniste reste un risque fort aujourd'hui par la réserve fédérale américaine.
13:08Bien sûr.
13:08Et donc, la capacité à baisser ces taux significativement se réduit.
13:13Sur la question qui fait lien avec les stable coins, c'est-à-dire absorber les émissions du trésor américain l'an prochain, que ce soit sur le cours ou sur le plus long,
13:22le fait que la politique de bilan redevienne un outil actif de gestion de la politique monétaire, il y a un lien direct avec cette situation d'émission du trésor l'an prochain, Xavier ?
13:33Oui, oui, c'est clair.
13:34Et ça permet, dans quelle mesure, est-ce que ça permet de rendre le trésor confortable avec son programme d'émission l'an prochain ?
13:40Alors, ça va le rendre confortable au moins sur un élément qui va lui permettre en fait de rallonger sa dette.
13:46Aujourd'hui, il a surtout massivement émis sur la dette courte.
13:49Il va pouvoir donc revoir les maturités sur des maturités bien plus longues.
13:53Donc, ça va lui donner un petit peu de confort sur ses emprunts.
13:57Parce que quoi ? Parce que la Fed achètera la partie courte ?
13:59Non, justement, la Fed achètera la partie longue.
14:02D'accord.
14:02Donc, en fait, il n'y aura pas d'impact trop significatif à la hausse des taux longs américains, enfin, normalement, voilà.
14:09Tout dépendra aussi de l'action des autres acteurs.
14:12C'est vrai qu'aujourd'hui, la dette américaine est détenue majoritairement par des Américains, globalement, tout investisseur confondu.
14:20Mais là où on a de la volatilité, c'est évidemment sur les acteurs étrangers, comme les Japonais et les Chinois,
14:25qui sont toujours des acteurs présents significativement sur la dette américaine.
14:29Et eux seraient plus amenés à sortir.
14:31Et donc, la Banque centrale pourra se mettre en face.
14:33Donc, pour moi, pas de remontée très significative des taux longs, mais néanmoins une repontification de la courbe.
14:39Oui. Sur le bilan de la Fed et les émissions du Trésor l'an prochain ?
14:42Alors, moi, ce que j'ai regardé, a priori, la Fed devrait surtout racheter du cours pour réaugmenter son bilan.
14:50Alors, on va voir. Elle n'a pas été très précise.
14:53On sait que tous les...
14:54Il y a un flou.
14:54Il y a un flou entretenu.
14:56Tous les titres de dette liés au mortgage, au crédit hypothécaire qui arrive à échéance,
15:02elle a dit qu'elle réinvestirait en T-bill, donc en très court.
15:06Sur la partie des trésuries, donc des bons du Trésor qui vont arriver à échéance, elle est plus floue.
15:11Mais moi, je pense qu'elle va rester sur le cours pour essayer de ne pas trop être politique.
15:15Et ça a l'air d'être accepté par le Trésor américain,
15:17qui tiltent... Enfin, en gros, on risque d'avoir 800 milliards d'émissions nettes d'obligations de courte l'année prochaine.
15:25Et si la Fed rachète tout en cours, elle achète un tiers de ça.
15:29D'accord.
15:30Donc ça fait déjà...
15:31C'est un bon soulagement quand même.
15:32C'est un bon soulagement, notamment pour la partie courte, oui, de la courbe que la Fed veut contrôler.
15:36Mais il y a une vraie question politique de comment le Trésor va piloter ce programme.
15:41Et puis aujourd'hui, on a le TGA, qui est assez significatif.
15:45C'est le compte du Trésor à la Fed, ça.
15:47Exactement. Il a reconstitué son compte de façon assez significative.
15:51Et là, l'objectif, c'est de l'utiliser.
15:54À mon sens, l'objectif sera d'aller sur des maturités plus longues.
16:00Je ne dirais pas symbiose, mais on sent en tout cas une volonté d'aligner la politique monétaire,
16:05y compris quantitatif, sur la politique du Trésor américain l'an prochain.
16:10Qu'est-ce que ça donne sur le front de l'inflation, Julien ?
16:12Je reviens vers vous, mais je comprends cette histoire, effectivement, de ralentissement américain
16:17dans les 24 prochains mois.
16:21Est-ce que ralentissement de l'activité réelle aux États-Unis,
16:24est-ce que ça veut dire que l'inflation ne devient plus un problème
16:29et permet à la Fed d'accompagner ce cycle de ralentissement de l'économie américaine en baissant ses taux ?
16:35Alors, sur la politique monétaire de la Banque centrale américaine,
16:41après la phase de hausse de taux, sur les différentes hypothèses de baisse de taux,
16:46j'ai toujours tenu le discours que la seule possibilité était une forme de normalisation.
16:52Et je crois que depuis le sommet, on a dû perdre 100 points de base, à peu près, peut-être je me trompe.
16:56Sur quoi ? Sur le 10 ans américain ?
16:57Non, non, sur la politique monétaire, sur les faits...
16:59Ah oui, 125, 125, voilà.
17:01La normalisation, je ne savais pas la quantifier.
17:05Maintenant, ces 125 points de base, pour moi, sont du domaine de la normalisation.
17:10C'est-à-dire, les taux ont été normalisés d'abord, par rapport aux conditions antérieures qui étaient aberrantes.
17:16Et comme on ne connaissait pas le bon niveau, on a atterri 125 points de base plus bas.
17:21Maintenant, compte tenu de ce que j'anticipe sur la croissance,
17:25alors vous me relancez d'ailleurs sur 2027, et je réponds bien volontiers,
17:28mais je n'ai pas de boule de cristal.
17:30Je constate juste que les cycles se répètent,
17:33et qu'utilisant cette répétition, ça me donne une fenêtre de temps.
17:36Ça pointe 2027, j'entends.
17:38Mais je ne sais pas ni ce qui va se passer, ni pourquoi ça se passera.
17:41La Banque centrale américaine, donc, je pense, va être maintenant en condition de baisser ses taux.
17:47Mais face à ça, elle va rencontrer un problème que vous venez de mentionner,
17:50c'est l'inflation.
17:51Donc je pense que l'inflation ne peut pas baisser.
17:54Et alors là, je sors un tout petit peu de ma partie analyse comportementale.
18:00Je vais un petit peu dans mes origines de politique monétaire,
18:04sans être ni keynésien, ni friedmanien, on va dire.
18:10Mais comment peut-on imaginer qu'avec des déficits publics aux Etats-Unis gigantesques,
18:17financés tantôt par des émissions de nouvelles monnaies numériques
18:20ou par la Banque centrale, on puisse aboutir à une inflation
18:25qui reprend un chemin de type déflationniste,
18:29c'est-à-dire aller à 2% en dessous ?
18:31Comment peut-on penser ? Je ne le sais pas.
18:33Je veux dire que tout se construit, déficit énorme, recherche de financement des bills,
18:38tout se construit pour que l'offre de monnaie soit colossale.
18:41Est-ce qu'on a réussi à observer quand même des périodes de forte croissance aux Etats-Unis
18:44ces dernières années, avec un grand mouvement des inflationnistes en parallèle ?
18:48Oui, mais je rajoute, l'offre de monnaie qui croit et qui croit et qui croit,
18:54dans l'histoire, dans l'histoire, c'est toujours symptomatique de décadence du système.
18:59Toujours, toujours, toujours.
19:00Ça arrive toujours dans ces mêmes types de moments.
19:02Et je ne vais pas faire un grand débat là-dessus,
19:07mais qu'est-ce que Trump, qui est le président des Américains ?
19:12Quel meilleur symbole que la décadence du mouvement ?
19:15C'est pour ça que je ne vois pas comment la Banque fédérale va baisser ses taux,
19:21mais elle va devoir le faire.
19:23Et je termine juste un point, et je l'ai évoqué tout à l'heure en offre,
19:27l'expérience des grands moments d'inflation,
19:31c'est ce qui a été détecté par Kondratieff en 1927.
19:35Les pics d'inflation, il y en a maintenant 6 qu'on a répertoriés,
19:38ils sont séparés de 55 ans,
19:39et ils arrivent toujours par paire,
19:41il y a toujours entre 4 et 7 ans entre les deux,
19:43comme on en a eu un en 2022.
19:45Je ne sais pas ni pourquoi ni quand,
19:47mais il y en aura un autre.
19:49Et le contexte que je viens de décrire...
19:51Fermez ça, fermez ça.
19:53C'est un terreau.
19:54Votre position n'a pas varié sur ce sujet,
19:56depuis qu'on se parle, depuis que je vous connais Julien,
19:58et depuis qu'on a connu cette première crise inflationniste en 2022.
20:02Non mais par contre, comme à chaque fois je vous pose la question,
20:04vous n'avez pas l'ampleur de la deuxième vague inflationniste
20:07qui viendrait après celle qui nous a quasiment amené
20:09à 10% d'inflation aux Etats-Unis.
20:11Je ne sais ni quand ni combien,
20:13et je termine en 30 secondes,
20:15c'est la même analogique d'avoir des taux à zéro
20:17ou en dessous de zéro pendant des années,
20:19ça ne peut pas produire de la déflation.
20:22Par construction, c'est un terreau pour l'inflation.
20:25C'est exactement ce qu'on a vu.
20:26C'est-à-dire qu'il y a des quantités d'argent
20:28qui avaient été empruntées à zéro pour cent
20:29qui sont parties dans la supply chain.
20:31Et alors là, évidemment,
20:31on ne pouvait absolument pas contenir les prix
20:33dès qu'il y a eu l'étincelle de type Ukraine,
20:36de type réouverture post-Covid, etc.
20:39D'accord avec...
20:40Est-ce que vous partagez quand même cette idée-là,
20:43Xavier Chapon,
20:43et qu'est-ce que ça implique aussi pour des portefeuilles ?
20:45Je veux bien qu'on en discute là aussi.
20:47Oui, moi je suis...
20:49Puisque le risque inflationniste,
20:50les deux Xavier nous disent là aussi
20:51que le risque inflationniste est le risque principal
20:53pour la Fed encore aujourd'hui.
20:54Ça reste le risque principal pour la Fed,
20:56ce qui n'est pas le cas obligatoirement pour la zone euro.
20:59Mais oui, je pense que c'est vraiment le risque.
21:01Et c'est vrai qu'on est dans une situation pré-crise.
21:04On ne sait pas quand elle va arriver,
21:06mais elle est là.
21:07Et on le voit aussi dans la situation
21:09des niveaux de défauts
21:11que l'on peut commencer à avoir
21:12sur les petites et moyennes entreprises américaines.
21:14Et je pense que c'est là aussi,
21:16parce que justement,
21:18cette inflation a s'est traduite
21:19dans ces entreprises
21:20qui n'ont pas été capables
21:21de le retraduire in fine.
21:24Et à un moment ou à un autre,
21:26ça va aussi se retraduire
21:27sur les entreprises de plus grande ampleur.
21:30Voilà.
21:30Donc oui, c'est un véritable risque.
21:32Quand ?
21:33Difficile à dire.
21:34L'ampleur aussi.
21:36J'espère pas,
21:37on le disait tout à l'heure,
21:37je n'espère pas voir le même mouvement
21:40qu'en 2022,
21:40parce que ça veut dire
21:41« krach obligataire » aussi.
21:42Donc, situation quand même assez difficile.
21:46Et on n'a pas l'habitude
21:46d'avoir des krach obligataires
21:48aussi fréquents
21:50sur peu de périodes.
21:52Bon, moi, je me souviens de 1994,
21:53un peu compliqué.
21:55Mais néanmoins,
21:56ça ne s'est pas retrouvé,
21:57ça s'est retrouvé 5 ans après,
21:58un peu en 1999.
22:00Bon, c'est vrai que là,
22:02bon, 22, 27,
22:03c'est quelque chose de possible.
22:04J'ai du mal à quand même traduire
22:06le même mouvement d'inflation
22:09que ce qu'on a connu en 2022,
22:10parce qu'il y avait vraiment
22:11des éléments exogènes
22:12qui étaient très très forts.
22:13Je ne pense pas
22:14qu'on va les retrouver
22:15d'ici deux ans.
22:17Ce n'est pas la même magnificence,
22:19effectivement.
22:20Mais il y a ce risque-là.
22:21Sur les défauts,
22:22Xavier, ça m'intéresse beaucoup
22:25d'avoir votre lecture
22:26des marchés de dette privés,
22:28puisque c'est aussi
22:29une des fonctions
22:29qui vous a attribuées
22:30chez Arkele Asset Management,
22:32Xavier,
22:33notamment aux États-Unis.
22:35Quand vous parlez
22:35d'accumulation de défauts
22:37du côté des PME américaines,
22:38est-ce que c'est bien
22:39dans cet univers de non-coté,
22:41de dette privée notamment,
22:42qu'il faut regarder aujourd'hui
22:43pour comprendre cette situation ?
22:45Tout à fait.
22:45Ça commence à se retrouver.
22:47Donc, c'est quelque chose
22:47d'assez important.
22:48Après, il y a eu des histoires
22:49aussi de malversations.
22:51Il y a des fraudes.
22:51Il y a des fraudes.
22:53Mais c'est aussi un marché
22:54qui a énormément joué de levier.
22:58Et je vous parlais tout à l'heure,
23:00en off, des BDC,
23:03donc des Business Development Company,
23:06qui sont des fonds cotés,
23:08comme des actions,
23:09et qui ont fortement baissé
23:10depuis quelques mois.
23:12Et il faut savoir
23:14que ces sociétés-là
23:15doivent redistribuer
23:17à minima 90%.
23:18Qui investissent en dette privée.
23:19Qui sont des créanciers.
23:19Voilà.
23:20Ils investissent en dette privée.
23:22Et ils doivent rendre en dividendes
23:2490% de ces investissements.
23:26Donc, ça signifie, évidemment,
23:27qu'ils doivent avoir
23:28un revenu assez significatif.
23:30Et à partir du moment
23:30où on commence à avoir des faillites,
23:32eh bien, les revenus sous-jacents
23:34sont plus faibles.
23:36Et la difficulté est beaucoup plus importante
23:38pour payer ces dividendes.
23:40Et on est dans cette configuration-là.
23:42Et c'est pour ça que ces fonds cotés
23:44ont fortement baissé depuis cet été.
23:46Donc, on a ce risque-là
23:47qui est en train de se mettre en place.
23:49Avec un marché
23:51qui est quand même très profond
23:52avec une dette privée
23:53qui est quelque chose
23:54de très ancien aux Etats-Unis.
23:56La désintermédiaion bancaire
23:58date du 19e siècle.
23:59Donc, c'est quelque chose
24:00de très bien connu.
24:02Mais avec une diffusion
24:03qui est totale.
24:04Qui va justement jusqu'à l'investisseur privé
24:06qui y investit.
24:08Donc, il y a des effets
24:09assez néfastes,
24:11in fine,
24:11sur le pouvoir d'achat
24:13des consommateurs américains.
24:15Ce qui n'est pas le cas aujourd'hui
24:16de la situation européenne.
24:19Même si, là aussi,
24:20on a des défauts.
24:20On peut le voir en France.
24:22On a une augmentation
24:23assez significative
24:24des défauts
24:25pour les toutes petites entreprises.
24:27Mais on n'est pas
24:28dans cette configuration-là.
24:29Et aujourd'hui,
24:30le risque est rémunéré.
24:33Et on va dire
24:35qu'on évalue,
24:36en fait,
24:36pour les fonds de dette,
24:37entre 1,4 et 1,6 %
24:39de défauts annuels.
24:42Et ceci,
24:43aujourd'hui,
24:43est rémunéré
24:44par le taux qui est servi
24:44qui est supérieur
24:45à 6 % en moyenne.
24:46Et ça paraît être
24:47une hypothèse,
24:49oui,
24:50confortable.
24:51Confortable.
24:52Conforme avec l'historique.
24:53On sait qu'il y a du risque.
24:54On ne va pas dire le contraire.
24:56Mais c'est un risque,
24:57aujourd'hui,
24:57qui est rémunéré.
24:58Ce qui est beaucoup moins le cas
24:59aujourd'hui aux Etats-Unis.
25:00Et en plus,
25:01on a
25:01la situation,
25:04en fait,
25:04aux Etats-Unis,
25:05les entreprises
25:07mettent en place
25:08des systèmes
25:09de PIC,
25:09Payne-Kind,
25:11et qui,
25:11en fait,
25:12les met en situation de risque
25:13dès qu'ils commencent
25:14à avoir un peu moins
25:15de cashflow.
25:16Et c'est ce qui est
25:17en train de se passer
25:17aujourd'hui.
25:18Et c'est vrai que,
25:20sur la dette européenne,
25:21on a aussi du Payne-Kind.
25:22Quel niveau de contagion,
25:24comment on évalue ?
25:25Parce qu'encore une fois,
25:26même si le marché américain
25:27est beaucoup plus mature,
25:28ces marchés de dette privée,
25:29il y a 15-20 ans,
25:30c'était quelques centaines
25:31de milliards.
25:32Aujourd'hui,
25:32ça se compte en trillions,
25:33peut-être 2,
25:342,5 trillions,
25:343 trillions,
25:35je ne sais pas quelle évaluation
25:39donc c'est potentiellement systémique.
25:41Quels sont les canaux
25:44de diffusion potentiels
25:45de ces marchés privés
25:46vers des marchés publics ?
25:48Est-ce que les choses
25:49sont compartimentées
25:50ou est-ce que non ?
25:51Ce sont des marchés
25:52qui appartiennent
25:52au même monde.
25:54Alors évidemment,
25:54ça appartient au même monde.
25:56Je ne vais pas dire le contraire.
25:57Maintenant,
25:58ça se cantonne néanmoins
26:00sur des ETI et PME.
26:04Donc,
26:04on peut vraiment
26:06les suivre de près.
26:07Il y a quand même
26:07un travail qui est fait
26:09par les investisseurs
26:10assez significatif.
26:11Les dossiers sont regardés
26:12de près,
26:12contrairement à First Brand,
26:14par exemple.
26:14Oui, oui, oui.
26:15Voilà.
26:16Qui était une fraude,
26:17on le rappelle.
26:18Qui était une fraude.
26:18Mais en train d'apparaître
26:20comme une fraude patente,
26:22ça c'est sûr.
26:22Ce qui n'en avait rien
26:23au fait que certains investisseurs
26:24n'ont peut-être pas fait
26:25le travail suffisant
26:26pour ne pas investir
26:27dans un dossier
26:28qui pouvait être perçu
26:29comme une fraude.
26:29C'est toujours la même histoire.
26:31Je vous parlais tout à l'heure,
26:33encore en off,
26:34d'Aben Goa.
26:35D'Aben Goa,
26:36en 2015,
26:37on était exactement
26:37dans la même configuration
26:39où, en fait,
26:40une entreprise
26:41qui était soutenue
26:42par un marché européen
26:44qui soutenait le solaire
26:45et en particulier
26:47donc en Espagne,
26:49si on regardait de près
26:50les comptes de la société,
26:51c'était une société
26:52qui se faisait
26:53des prêts intragroupes
26:54mais qui, en même temps,
26:55empruntait sur le marché
26:56en milliards.
26:58Si on regardait ça de près,
26:59on pouvait quand même
27:00se poser la question
27:01de la raison
27:02pour laquelle il faisait ça.
27:03Donc, voilà,
27:04je pense que si on fait
27:05le travail
27:06et si on est proche
27:08des entreprises
27:09qui émettent,
27:09et c'est le cas
27:10des investisseurs
27:11de dettes privées,
27:12on peut véritablement
27:13accompagner ces entreprises
27:14mais c'est vrai
27:15que ce qu'il faut regarder,
27:16c'est à partir du moment
27:17où ces entreprises
27:18commencent à avoir
27:19des problématiques
27:20de restructuration,
27:21c'est-à-dire qu'il y a
27:22un certain nombre
27:22de covenants
27:23qui sont revus.
27:25Par exemple,
27:26l'un des exemples classiques,
27:28c'est DebtNet
27:29sur EBITDA.
27:29à partir du moment
27:30où ces britchés
27:31ont renégocié
27:34en général le taux.
27:36Si on commence
27:37à avoir de plus en plus
27:38d'entreprises
27:38dans cette situation-là,
27:39ça signifie
27:40qu'il y a vraiment
27:41transmission
27:41et que le risque
27:42est là.
27:43Mais ce qu'il faut quand même
27:44voir en zone euro
27:45aujourd'hui,
27:46c'est que les sociétés
27:48qui ont des problèmes
27:48aujourd'hui,
27:49ce sont les sociétés
27:49qui, il y a deux ans,
27:50trois ans,
27:51étaient dans cette situation-là
27:52de restructuration
27:53et de renégociation
27:55de leurs covenants.
27:56Donc, elles sont bien identifiées.
27:57Elles sont bien identifiées.
27:58Vous avez échappé
28:00sur cette transmission
28:01du risque
28:02entre les marchés privés,
28:03les marchés cotés.
28:04Je ne sais pas
28:05ce qu'on peut dire
28:05mais j'ai l'impression
28:06que c'est quand même
28:07un sujet qui existait
28:08moins avant
28:08et qui existe
28:09de plus en plus aujourd'hui.
28:10Et puis, je ne sais pas
28:11est-ce qu'on peut faire
28:12aussi une petite parenthèse
28:13sur le thème de l'IA
28:14parce que là aussi,
28:15il y a la question
28:16des valorisations
28:16pour les entreprises publiques
28:18cotées dans l'IA
28:19mais il y a toutes celles
28:20qui ne sont pas cotées
28:21justement.
28:22Et on voit un niveau
28:23de dette IA
28:24qui est en train de monter.
28:26Les GAFAM s'endettent
28:27pour financer les CAPEX
28:28privés aussi.
28:29On s'endettent
28:29pour financer le CAPEX ?
28:31Oui, dans l'IA,
28:32la question,
28:32ça va être
28:33principalement
28:34sur la dette privée
28:36qui a été levée
28:37et en dehors
28:38des grosses entreprises.
28:40Des GAFAM.
28:41Des GAFAM.
28:41De celles qui ont du cash flow
28:42disponible.
28:43Et ça,
28:44il y en a aux Etats-Unis.
28:45On s'attend
28:46à ce qu'il y ait
28:47des défauts
28:47l'année prochaine
28:48sur certaines
28:49de ces entreprises-là.
28:51Plus globalement,
28:52nous, ce qu'on regarde
28:52beaucoup,
28:53c'est évidemment
28:53la risque de diffusion
28:54via le système financier.
28:56via les banques
28:59et via les assureurs.
29:00Parce que je rappelle
29:01que les subprimes
29:03aux Etats-Unis,
29:04c'était un trilliard.
29:05Et là,
29:05on parle d'être privé.
29:07Tout petit marché.
29:07Par rapport au marché immobilier,
29:08il faut se dire,
29:09ça ne pesait rien.
29:10Donc, on sait que ça peut...
29:12Ce qui est très dangereux,
29:13c'est quand c'est très
29:14lévergé
29:14et que ça touche
29:15le système financier.
29:17Nous, notre analyse
29:18pour l'instant,
29:19avec nos analyses bancaires,
29:20c'est de dire qu'en Europe,
29:21il n'y a pas beaucoup
29:22de risques encore
29:23parce qu'il n'y a pas
29:23de ré-leverage
29:24sur ces fonds-là.
29:26Aux Etats-Unis,
29:27il y a des assureurs
29:28qui sont très exposés
29:29aux crédits privés.
29:31Et il y a
29:32certaines banques régionales
29:33qui sont moins régulées.
29:35Et donc là,
29:36il pourrait y avoir
29:37un peu plus de risques
29:38et de volatilité là-dessus.
29:40Donc, c'est quand même
29:42encore moins dangereux
29:43en Europe,
29:44j'allais dire.
29:45Le marché est plus sain
29:46en Europe.
29:46Exactement.
29:47Aussi, parce qu'on est
29:48moins développé
29:48et que la hausse
29:50des expositions des banques
29:51à ces fonds-là
29:52a été beaucoup moins rapide.
29:54C'est vraiment aux Etats-Unis
29:55où il y a une très forte hausse.
29:56Alors, ça ne touche pas
29:57les très grosses banques américaines
29:58où ça reste assez marginal
30:00dans leur business.
30:01Mais par contre,
30:02sur des plus petites banques
30:03et des assureurs,
30:04ça peut causer
30:05un peu de pression.
30:06Bon, parlons
30:07stratégie de marché,
30:08stratégie d'investissement.
30:09Xavier, gardez la parole.
30:11Comment on peut...
30:13Comment vous imaginez
30:14la fin d'année,
30:15les dynamiques de fin d'année
30:16sur les marchés ?
30:18Et encore une fois,
30:19est-ce qu'il y a
30:19des changements importants
30:20à apporter
30:21dans les portefeuilles,
30:22dans les stratégies
30:22pour gérer cette fin d'année
30:24et le début 2026 ?
30:26Oui, donc sur la fin de l'année,
30:27comme je disais,
30:27nous, on voit plutôt
30:28le dernier mois
30:29comme une consolidation saine.
30:31On reste positif
30:31sur la fin de l'année
30:32avec une rotation probablement
30:35avec des secteurs
30:36qui ont été en retard.
30:38Voilà, je ne pense pas
30:39qu'on aura une réduction
30:41de l'appétit pour le risque
30:42très forte en fin d'année
30:43malgré les bonnes performances
30:46jusque-là.
30:46Mais par contre,
30:47oui, ça sera plutôt
30:48les secteurs qui étaient en retard
30:49qui peuvent rattraper un peu.
30:51Et nous,
30:53on reste assez positionnés
30:54sur les actions
30:54pour le début de l'année prochaine encore.
30:56Avec quelque type
30:57de hiérarchie en tête,
30:58sachant que
30:59si on regarde les choses en dollars,
31:01les actions américaines
31:02n'ont pas démérité,
31:03mais on a beaucoup
31:04d'autres zones géographiques
31:05qui font aussi bien
31:07voire mieux
31:07que les indices
31:09d'actions américaines.
31:09Que les actions américaines.
31:10Je crois que l'optimisme,
31:11enfin l'exceptionnalisme américain
31:13est un peu passé.
31:14En même temps,
31:15ne pas être exposé à l'IA,
31:17c'est très compliqué
31:18et c'est un peu trop tôt
31:19à mon avis.
31:19Donc on reste exposé
31:21aux Etats-Unis.
31:22On est surpondéré
31:23sur l'Europe
31:24où là,
31:25il y a un potentiel
31:26de reprise
31:26un peu plus net
31:28et des attentes
31:29qui sont aussi
31:30assez raisonnables.
31:33Sur l'Asie,
31:34on est un peu plus prudent,
31:35notamment sur le Japon
31:37qui a été très très acheté.
31:38C'est cher.
31:39Voilà.
31:40Côté japonais,
31:41ça devient cher.
31:42Côté émergent asiatique,
31:44c'est plus pas cher.
31:46Et donc,
31:46on réduit un petit peu
31:48la voilure là-dessus
31:49au profit de l'Europe.
31:50C'est plutôt là
31:51qu'on arbitre
31:52que sur les US
31:53où on reste exposé
31:54moyennement.
31:56Julien,
31:57qu'est-ce que votre analyse
31:58que vous nous avez livrée
31:58en début d'émission
31:59implique justement
32:00dans la gestion
32:02d'un portefeuille,
32:03d'une stratégie
32:03d'investissement ?
32:05Je décrivais en parlant
32:06de la partie politique
32:09budgétaire et monétaire
32:10américaine
32:11le cas d'une décadence.
32:13Je faisais des références
32:15historiques.
32:15Alors, je précise juste,
32:16ce n'est pas des Romains
32:17allongés sur le côté
32:18qui boivent du vin.
32:19C'est simplement
32:20qu'il y a un changement
32:21profond social et économique
32:22et ça se passe
32:23avec régularité.
32:24C'est parce que
32:24l'ancien système
32:25ne produit plus
32:26ce qui est attendu.
32:27Et donc,
32:27on remet plus d'argent
32:28dans l'idée
32:29que ça marchera mieux.
32:30Et petit à petit,
32:30ça marche de moins en moins.
32:31C'est juste ça.
32:33Donc, ce qui veut dire
32:34que la forme,
32:36évidemment,
32:37tout le monde a vu
32:37que c'est l'intelligence
32:38artificielle
32:39et potentiellement
32:40toujours,
32:41même si ça pose
32:41d'autres questions,
32:43l'énergie renouvelable,
32:45ce sont les sujets
32:45qui sont devant nous
32:46qui sont essentiels.
32:49Là,
32:51on croise
32:52cette modification
32:54de structure
32:55avec les conflits
32:56géopolitiques
32:57qui, eux,
32:58appartiennent
32:58à un autre cycle
32:59mais je ne le développe pas
33:00parce que je ne vais pas
33:01parler que de ça
33:01tout le temps
33:01mais qui font que
33:02le conflit
33:03qui a commencé
33:04il y a une petite
33:04dizaine d'années,
33:05il n'est pas prêt
33:06de se terminer.
33:07Donc, en fait,
33:08les enjeux,
33:08ça va être les produits
33:09de base,
33:09ça va être les ressources
33:10naturelles
33:10parce que c'est quasiment
33:11toujours le sujet.
33:13Quoi qu'on regarde
33:14à la fin,
33:14c'est ce qui manque
33:15spécialement quand on a
33:16des populations
33:17qui veulent de plus en plus
33:17de choses
33:18et en gros,
33:18tout le monde veut
33:18un petit peu plus de choses
33:19chaque journée qui passe.
33:21Donc,
33:22en termes d'allocations,
33:23nous,
33:23on avait quitté la tech
33:24il y a un an.
33:25Alors,
33:26je ne dis pas quitter la tech,
33:27c'est surpondération
33:27par rapport à un belge.
33:28Oui, d'accord,
33:29vous étiez neutre sur la tech.
33:30On s'était surpondéré tech
33:31en 2022.
33:33Début 2024,
33:34on est revenu
33:34à une pondération en ligne
33:35mais on a pris
33:35des banques européennes.
33:37Très bien.
33:37Donc là,
33:37maintenant,
33:38je ne suis pas sûr.
33:40Non, avant ?
33:41Peu importe.
33:42On avait des raisons à ça.
33:43La première,
33:43c'était justement
33:44tout ce qui était autour
33:44de la technologie américaine
33:45et la seconde,
33:46c'était la pontification
33:46et le fait que les taux longs
33:47ne baisserait pas.
33:49Et là,
33:50les taux longs,
33:50je ne vois pas non plus
33:51comment ils vont trop baisser.
33:52Ceci étant,
33:53il y a quand même
33:55beaucoup de relations
33:56au marché financier
33:56dans la valeur des banques
33:57en dehors de la partie taux
33:59et compte tenu de la performance,
34:01ce serait quand même étonnant
34:02en tant que bon gestionnaire
34:03de ne pas faire quelque chose.
34:04La question,
34:05c'est sur quoi
34:05se repositionner
34:06si on retire
34:07cette surpondération.
34:09Donc,
34:09la décision n'est pas prise
34:10mais il y a de fortes chances
34:11pour qu'on combine
34:12du produit obligataire
34:13et des produits de base.
34:14C'est-à-dire
34:14un truc quand même
34:15très, très, très défensif.
34:17Je ne vois pas
34:20comment
34:20c'est la philosophie
34:21de ce qui vous
34:23fait réfléchir aujourd'hui.
34:25Je ne vois pas
34:25comment on peut passer
34:25les deux années qui viennent
34:27avec des choses
34:29en se disant
34:29ça peut passer.
34:30En tout cas,
34:31je ne sais pas les trouver.
34:32Donc,
34:32la combinaison,
34:33c'est un peu plus d'obligations,
34:34ce qui change par rapport
34:35et probablement
34:37des choses très dures,
34:38des hard assets.
34:38Et sur le thème de l'IA,
34:41quel est le niveau de risque,
34:43le degré de risque
34:44que vous percevez
34:46ou que vous évaluez ?
34:46Je crois que j'ai le droit
34:47à un joker par émission.
34:48Oh !
34:49Non, non, franchement,
34:51c'est très difficile
34:53pour moi.
34:53Mais ça veut dire
34:53qu'il n'y a pas de réponse
34:54pour vous ?
34:55C'est un sujet
34:55vraiment de spécialiste.
34:57D'accord.
34:58Je n'en fais pas partie.
34:58Donc, c'est du boîte par boîte,
34:59du stock spécifique,
35:00ce n'est pas...
35:01Je peux vous restituer
35:02tout ce que j'ai lu là-dessus,
35:03mais je ne serai qu'un autre
35:04commentateur qui n'en sait pas
35:05plus que la moyenne.
35:06Au moins,
35:06ici, tu travailles sur quelque chose
35:07que j'ai l'impression
35:08de connaître
35:09et je travaille depuis longtemps
35:10dessus.
35:10le point est juste à rappeler
35:12par rapport à la croissance américaine
35:14que j'ai lu à plusieurs reprises,
35:15que les investissements
35:16dans l'intelligence artificielle
35:18étaient une composante importante
35:19du niveau de la croissance
35:21des États-Unis
35:21depuis quelques trimestres.
35:23Et ça,
35:23dans un environnement spéculatif,
35:25ça va plutôt dans mon sens
35:26qu'il y a une illusion
35:28de niveau de croissance
35:29des États-Unis.
35:29pas une illusion,
35:30que si ça change un peu
35:32dans le niveau d'investissement,
35:34on va trouver une économie américaine
35:36moins robuste qu'on ne pense.
35:37C'est sûr.
35:38Donc,
35:38ça va plutôt dans ce qui devrait
35:40se passer sur l'économie américaine.
35:42C'est ce que je peux dire.
35:44Bon,
35:44comment on gère la situation
35:45qu'on vient de décrire,
35:48Xavier,
35:49dans des portefeuilles,
35:50dans des stratégies d'investissement,
35:51la chère KAM ?
35:52Déjà,
35:53la première chose,
35:54je rejoins ces messieurs
35:55au moins sur la partie américaine.
35:59Et en particulier
36:00sur les actions américaines,
36:01je pense que là-dessus,
36:02il y a un risque potentiel.
36:04Et je vous rejoins complètement
36:06sur le fait que,
36:07à partir du moment
36:07où les investissements
36:08commencent à diminuer sur l'IA,
36:10on commencera à voir
36:11les autres secteurs
36:12qui ne font pas
36:13de performance aujourd'hui.
36:15Donc ça,
36:15c'est un vrai sujet
36:16et c'est à suivre de près.
36:18C'est un risque
36:19pour les États-Unis.
36:20En ce qui concerne
36:21la zone euro,
36:21je suis plutôt favorable
36:22au fait de surpondérer
36:23la zone euro.
36:24On a des entreprises
36:25qui sont dans un mouvement
36:28qui est plutôt positif
36:30et où elles gèrent
36:31plutôt bien leurs marges.
36:33On a toujours la question
36:34du budget allemand,
36:36enfin,
36:36il a été voté,
36:37de leur capacité d'investissement
36:39et de la traduction
36:41en fait de ces investissements
36:42à la fois dans les secteurs
36:43des infrastructures
36:44mais également
36:45dans le domaine
36:45de la défense.
36:46Quand on regarde
36:47la répartition
36:48du budget de la défense,
36:51il n'est pas significativement important,
36:53mais il est là,
36:54néanmoins.
36:54Et même si on arrive
36:57à signer un plan de paix
36:59sur l'Ukraine,
37:00j'espère qu'on n'est pas
37:01en 1938,
37:02j'espère qu'il n'y a pas
37:03des Chamberlain
37:03et des Daladiers ici,
37:05la question se pose
37:06véritablement.
37:07Donc, de toute façon,
37:08l'investissement
37:09dans la souveraineté
37:11au sens large,
37:12dans la défense
37:13particulièrement,
37:15oui,
37:15il faut continuer
37:16de le faire.
37:16Ça reste solide.
37:17Ça reste solide.
37:18Les besoins
37:19sont très importants.
37:20Il y a un vrai besoin
37:22de réarmement global
37:24de l'économie européenne.
37:27Donc, je pense que ça,
37:28c'est un facteur de soutien.
37:29Et justement,
37:29les baisses
37:30de ces dernières périodes
37:31sont peut-être
37:33intéressantes
37:34pour revenir.
37:35Les banques restent
37:36évidemment
37:37un secteur intéressant aussi
37:38pour la zone euro.
37:40Et puis,
37:40pour parler de l'Asie,
37:41je n'irai pas
37:42sur les actions asiatiques.
37:43En revanche,
37:44la dette émergente
37:45m'intéresse.
37:46Asie,
37:47Amérique du Sud,
37:48je pense qu'il y a
37:49encore des choses à faire.
37:50Il y a des taux de rendement
37:51qui sont intéressants
37:52avec des processus
37:53de baisse de taux
37:54qui commencent
37:54à se mettre en place
37:56dans un certain nombre
37:56de pays,
37:57ce qui est plutôt
37:57favori pour ces économies.
37:59Après,
38:00à voir si on doit le faire
38:01en monnaie locale
38:02ou pas.
38:03Mais il y a encore
38:05de la valeur.
38:06Oui, c'est vrai
38:06qu'avec la baisse du dollar
38:07cette année,
38:08même en monnaie locale,
38:09ça a bien payé.
38:11Mais est-ce que ce sera
38:11le cas encore demain ?
38:12C'est une question
38:12qu'on peut se poser.
38:13Merci à vous trois
38:14en tout cas d'avoir été
38:15les invités de Planète Marché
38:16ce soir.
38:16Xavier Chapon,
38:17directeur de la gestion cotée
38:19et de la dette privée
38:20chez Arkea Asset Management,
38:21Xavier Chapard,
38:22stratégiste chez LBP Asset Management
38:24et Julien Nebenzal,
38:25président d'Itoro Patrimoine
38:26étaient les invités
38:27de Planète Marché ce soir.
Écris le tout premier commentaire