Passer au playerPasser au contenu principal
  • il y a 1 jour
Tous les matins, les informés débattent de l'actualité autour d'Agathe Lambret et Renaud Dély

Catégorie

🗞
News
Transcription
00:00Bonjour et bienvenue dans Les Informés, à vous qui nous écoutez sur France Info Radio,
00:12à vous qui nous regardez sur France Info TV, Canal 16.
00:16Vous êtes de plus en plus nombreux, alors merci.
00:19Bonjour Renaud Deliaux.
00:20Bonjour Agathe.
00:20C'est parti pour une demi-heure de décryptage avec ces deux questions aujourd'hui et elles sont liées.
00:26L'Europe peut-elle contrer les desseins de Donald Trump sur l'Ukraine ?
00:30Et puis face à la menace russe notamment, faut-il rétablir le service militaire ?
00:35Pour nous éclairer ce matin, nos informés Isabelle Lasserre, correspondante diplomatique au Figaro,
00:40vous publiez les fantômes de Munich, l'Europe face aux défis du monde contemporain aux éditions de l'Observatoire.
00:46Vous signez aussi aujourd'hui dans le Figaro un grand article sur les coulisses des négociations autour du plan Trump
00:51à Genève, européen et ukrainien face au plan de Donald Trump.
00:55Merci d'être avec nous.
00:57Sébastien Le Génie aussi, journaliste à rédaction internationale de Radio France.
01:01Bonjour.
01:02Et Paul Barcelone, journaliste au service politique de France Info.
01:05Bonjour Paul.
01:06Bonjour à tous.
01:07On commence donc Renaud.
01:08Est-ce que l'Europe peut résister au chantage de Donald Trump ?
01:11Alors en tout cas, les responsables des responsables américains, ukrainiens et européens
01:16se sont retrouvés, c'était hier en Suisse, pour discuter de ce plan de paix, ce plan de paix en 28 points
01:21présenté par Donald Trump qui semble s'aligner, s'aligne même pour l'essentiel sur les revendications de Moscou.
01:30Rappelez-vous, il y a quelques jours, le président américain affichait son objectif d'imposer ce plan au président Zelensky
01:34d'ici Thanksgiving, c'est-à-dire que ça c'est jeudi, la fête de Thanksgiving, rappelons-le, aux Etats-Unis on mange de la dinde à cette occasion
01:41et on avait bien l'impression qu'au menu là, il y avait précisément l'Ukraine et le président Zelensky en guise de dinde
01:46mais hier, les Etats-Unis ont semblé lâcher du lest.
01:49Les Etats-Unis et l'Ukraine ont évoqué des pourparlers positifs
01:54et affirmé qu'un futur accord de paix devra pleinement respecter la souveraineté de Kiev.
01:59Voici ce que disait hier en fin de journée, à l'issue de cette journée de discussion,
02:03le secrétaire d'Etat américain, Marco Rubio.
02:07En fin de compte, le point important aujourd'hui est que nous avons fait des progrès substantiels.
02:11Nous avons vraiment avancé.
02:13Notre objectif est de mettre fin à cette guerre le plus rapidement possible
02:17mais nous avons besoin d'un peu plus de temps.
02:20Alors est-ce que Donald Trump peut amender, modifier ce plan qui donc semblait quasiment dicté par le Kremlin ?
02:26Est-ce que les Européens peuvent peser en ce sens ?
02:29Rappelons que Donald Trump a annoncé, dévoilé ce plan sans aucune concertation
02:33et encore moins sans discuter avec les Européens.
02:36Est-ce que le président Zelensky risque d'être contraint à ce choix crucial
02:40qu'il évoquait ce week-end dans un message vidéo,
02:43celui de perdre sa dignité pour l'Ukraine
02:46ou de perdre un allié essentiel des Etats-Unis ?
02:48Isabelle Lasserre, vous qui avez suivi ces négociations,
02:51comment est-on passé d'un plan insupportable pour l'Ukraine
02:54qui signait sa capitulation à Volodymyr Zelensky
02:58qui dit que ça va dans le bon sens et les Américains aussi ?
03:02C'est assez simple.
03:04Les Européens, après deux jours de panique,
03:06se sont vraiment réveillés et ont imposé un contre-plan
03:10qu'ils auraient peut-être dû imposer avant le plan russo-Trump
03:15et ils ont fait rebasculer la balance au milieu.
03:19C'est-à-dire que maintenant il y a deux plans,
03:21un plan pro-russe qui avait été poussé par les Américains
03:24et un plan favorable qui est quasiment le contraire
03:28de la plupart des propositions soutenues par l'Ukraine et par les Européens.
03:33A l'arrivée, le problème, ça va être seulement Vladimir Poutine.
03:37C'est-à-dire que Vladimir Poutine normalement ne devrait pas accepter
03:41le plan qui est proposé par l'Ukraine et les Européens, le contre-plan.
03:47Donc il peut se passer plusieurs choses.
03:49Soit tout capote et dans quatre jours on n'entend plus parler d'aucun plan
03:53jusqu'à la prochaine fois, soit il y a une espèce de compromis
03:56et Vladimir Poutine accepte et fait des compromis
04:02en échange d'une concession territoriale des Ukrainiens.
04:06Mais là le problème, ça va être Vladimir Poutine.
04:08Il n'a jamais accepté aucun plan de paix
04:11et surtout il n'acceptera pas ce qui est proposé par les Européens
04:14et les Ukrainiens, c'est-à-dire un cessez-le-feu
04:17avant toute négociation sérieuse.
04:20C'est plutôt bien joué de la part des Européens et des Ukrainiens.
04:23Raphaël Gluckman disait tout à l'heure
04:24qu'il faut instaurer un rapport de force avec Donald Trump
04:27parce que le problème c'est les Russes, vous le dites Isabelle Lasserre,
04:29mais c'est aussi Donald Trump, Sébastien Logény.
04:32Est-ce que les Européens se sont vraiment réveillés ?
04:35Est-ce qu'ils peuvent vraiment peser face aux incertitudes de Donald Trump ?
04:41Ce qui est clair, c'est qu'ils ont remporté une petite victoire
04:45vraiment très mince ce week-end.
04:47Comme le disait Isabelle, on a l'impression qu'ils ont réussi
04:49à acheter un petit peu de temps, à gagner un petit peu de temps
04:51parce qu'effectivement, comme on le disait la semaine dernière,
04:54les choses étaient imposées.
04:55Trump avait décidé d'imposer son plan à Zelensky.
05:00Et là, Rubio, qui est sans doute celui qui a l'oreille le plus,
05:03en tout cas qui est le plus attentif, on va dire, aux Ukrainiens et aux Européens,
05:08est reparti de cette première journée très optimiste
05:12en disant effectivement, on a beaucoup travaillé,
05:14c'est un work in progress.
05:15Et en fait, ça c'est très nouveau
05:16parce que jusqu'à présent, c'était un document qui était censé être définitif.
05:19Là, c'est un document sur lequel on peut travailler,
05:22c'est un document sur lequel on peut négocier
05:24Il y a effectivement cette date du 27 novembre
05:28qui est un ultimatum, mais qu'il n'est plus vraiment non plus.
05:31C'est-à-dire que Marco Rubio a envisagé que ce soit éventuellement quelques jours,
05:35que ce ne soit pas tout de suite, dans quatre jours,
05:37mais que ce soit le plus tôt possible.
05:39Et puis, il y a ce communiqué de la Maison Blanche
05:41qui dit effectivement, on va prendre en considération
05:42la souveraineté de l'Ukraine.
05:43Donc, il y a quelque chose d'assez positif qui se fait.
05:46Maintenant, effectivement, la question, ça va être de savoir
05:47comment Marco Rubio, qui revient de Genève,
05:50va expliquer, va transposer ce qui s'est passé ce week-end à Genève.
05:54à Donald Trump qui, lui, n'aime pas les détails.
05:58C'est ça le problème.
05:58C'est qu'aujourd'hui, tout ça est très compliqué.
06:00Il va falloir rentrer dans des détails de cartes.
06:02Et aujourd'hui, Trump n'aime pas du tout ça.
06:04Il ne l'a pas regardé les cartes.
06:05Il ne veut pas les regarder.
06:06Et est-ce que Donald Trump pourrait lâcher les Ukrainiens,
06:09Isabelle Lasserre, arrêter de leur fournir du renseignement,
06:12arrêter de leur livrer des armes ?
06:13Tout à fait.
06:14Il a un levier vis-à-vis des Européens et vis-à-vis des Ukrainiens énormes
06:18qui est celui-là.
06:19C'est-à-dire que du jour au lendemain, il peut tout arrêter,
06:22stopper toute aide, stopper le renseignement.
06:25Et c'est la raison pour laquelle c'est très compliqué.
06:27Parce qu'aujourd'hui, les Européens n'ont pas les moyens militaires.
06:32Et jusque-là, ils n'avaient pas non plus la volonté politique
06:35de remplacer entièrement les Américains.
06:38Donc c'est là la principale faiblesse de l'Europe.
06:41Et tout va s'articuler autour de ça.
06:44En fait, Paul Barcelone, la France n'a pas les moyens
06:49de faire ce qu'elle veut face à Donald Trump.
06:50Parce qu'il y a ce rapport de force qui est déséquilibré.
06:53Oui, à l'image de l'Europe et de l'Union Européenne.
06:55D'ailleurs, Trump déteste les Européens viscéralement.
06:59Et depuis toujours, ce qui place l'Union Européenne
07:02dans une situation de difficulté.
07:03et Emmanuel Macron le disait ce week-end.
07:07Ce plan, aujourd'hui, il est trop favorable aux Russes.
07:10Il n'y a pas assez de dissuasion.
07:11La taille de l'armée ukrainienne, si j'ai bien compris,
07:14serait limitée à 600 000 hommes.
07:15Ce qui ne convient pas aux chefs de l'État.
07:17Il y a aussi, en même temps, la volonté pour Emmanuel Macron
07:20de ne pas trop froisser Donald Trump.
07:22Spécifiquement parce qu'il garde des leviers.
07:24Et on voit bien qu'il pratique ce chantage.
07:26Renaud Léry ?
07:27Oui, il y a la dimension psychologique toujours de Donald Trump
07:30qui pèse sur l'ensemble des discussions.
07:32C'est frappant encore de voir qu'hier,
07:36Donald Trump republie des messages sur son réseau social
07:39pour reprocher aux Ukrainiens de ne faire preuve d'aucune gratitude
07:43à l'endroit des États-Unis
07:44ou pour reprocher aux Européens de continuer d'acheter du pétrole à la Russie.
07:47ce qui a conduit Volodymyr Zelensky à publier à son tour des messages
07:51pour expliquer dans un an qu'il était extrêmement reconnaissant
07:54à Donald Trump, à l'ensemble du peuple américain
07:57comme d'ailleurs à l'ensemble des Européens qui soutiennent l'Ukraine.
08:00Donc il y a toujours ce climat psychologisant assez incertain, on va dire,
08:08qui pollue les discussions et qui conduit même parfois un certain nombre de commentateurs
08:11ces derniers mois à regarder chacun des messages sur les réseaux sociaux de Donald Trump
08:17en disant, regardez, regardez, il change quand il tweet contre Vladimir Poutine
08:21en disant, non, Vladimir, arrête de bombarder Kiev ou c'est pas bien.
08:24Vous voulez dire que tout le monde est suspendu au moindre mot de Donald Trump ?
08:27Alors que le problème stratégique, il demeure.
08:30C'est-à-dire que Donald Trump, au mieux, a une vraie indifférence pour le front ukrainien.
08:36Il ne le considère pas en termes de, justement, véritablement d'enjeux géopolitiques
08:40mais plutôt éventuellement d'enjeux commerciaux et financiers.
08:43Donc il préférait se débarrasser de l'Ukraine
08:45plutôt que ça lui coûte de l'argent et éventuellement que ça lui en rapporte d'ailleurs.
08:50Et puis, comme le disait très bien Paul Barcelone à l'instant,
08:53il n'aime pas du tout les Européens et aussi il aimerait bien s'en débarrasser.
08:56Donc ce problème stratégique demeure.
08:59Et c'est d'ailleurs ce que vous racontez Isabelle Lasserre dans votre livre
09:01Les fantômes numiques.
09:02C'est que ce qui est paradoxal, ce qui est tragique,
09:06c'est que l'Europe aurait dû prendre conscience peut-être de son dénuement
09:09et de la nécessité, on va dire, de s'organiser
09:11et d'organiser sa propre défense au moins depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine,
09:16donc en février 2022 et même bien avant,
09:18puisque la défense européenne est un serpent de mer.
09:20Et en fait, c'est l'attitude de Donald Trump qui finit par un peu déciller les yeux des Européens
09:25et par leur faire comprendre qu'il faut qu'ils se débrouillent tout seuls,
09:27en quelque sorte, parce que les Etats-Unis et le parapet américain ne sera plus là.
09:30Avant qu'on change de sujet, Sébastien Le Génie,
09:33comment Vladimir Poutine observe-t-il ces relations complexes entre Européens et Américains ?
09:39Il en joue aussi ?
09:39Bien sûr, il en joue, il est pour l'instant effectivement très satisfait de la façon dont les choses se sont passées,
09:46puisqu'on a l'impression qu'en fait, ce texte, au départ,
09:49il a été quand même fait presque avec Poutine sur l'épaule,
09:54en tout cas pas loin de l'épaule des Américains.
09:56Il y a quelques articles de presse qui sont sortis ce week-end
09:59et qui expliquent bien qu'il y a par exemple des formulations dans ce premier texte,
10:03en tout cas, qui étaient extrêmement étranges.
10:05Comme la dénazification de l'Ukraine, par exemple.
10:07Exactement, ça, ça n'est absolument pas effectivement des éléments de langage américain.
10:11Donc c'est clairement des éléments de langage de Moscou qui sont arrivés tels quels dans le texte.
10:16Il y a même des formulations un peu plus, voilà, qui rappellent, on va dire,
10:19plus la façon d'écrire en russe plutôt qu'en américain.
10:24Et donc on a l'impression que ce premier texte, c'est vraiment Poutine qui l'a fait avancer
10:30et qui a piégé littéralement les Européens.
10:33Dans un instant, vers le retour du service militaire en France,
10:37c'est la question que l'on se pose avec vous, nos informés.
10:40Mais tout de suite, il est 9h16 et c'est l'Info en une minute avec Diane Ferschit.
10:43Les responsables américains et ukrainiens évoquent une nouvelle version du projet d'accord de paix en Ukraine.
10:50Les Etats-Unis semblent avoir revu le plan imposé par Donald Trump lors des pourparlers.
10:54Hier à Genève, Washington et Kiev affirment qu'un futur accord devra pleinement respecter la souveraineté de l'Ukraine.
11:01Un pas en avant significatif selon le secrétaire d'Etat américain Marco Rubio.
11:05Les chefs de groupe parlementaire réunis à Matignon aujourd'hui autour de Sébastien Lecornu.
11:10Le Premier ministre va mener de nouvelles négociations sur le budget alors que l'Assemblée nationale a rejeté ce week-end
11:16à la quasi-unanimité la partie recette du projet de loi de finances pour 2026.
11:20Le texte part donc dans sa version initiale au Sénat.
11:24Cette révélation ce matin du député Emmanuel Grégoire, candidat socialiste à la mairie de Paris.
11:30Il dévoile sur France Inter avoir été victime de violences sexuelles lorsqu'il était enfant.
11:34Violences qui ont duré plusieurs mois lors d'activités périscolaires.
11:38Des révélations après des soupçons de fait à caractère sexuel qui pèsent sur des animateurs du périscolaire
11:43et des enseignants d'école maternelle à Paris.
11:46L'épidémie de grippe et 8 millions de Français se sont déjà fait vacciner depuis le lancement de la campagne de vaccination.
11:52Selon les statistiques des pharmaciens, c'est 20% de plus que l'an dernier au même stade.
12:00France Info
12:01Les informés, Renaud Delis, Agathe Lambret
12:06Les informés continuent avec Isabelle Lasserre, correspondante diplomatique au Figaro,
12:13Sébastien Lougeni, journaliste de la rédaction internationale de Radio France
12:16et Paul Barcelone, journaliste au service politique de France Info.
12:20On passe à notre deuxième sujet, Renaud.
12:23Est-ce qu'on est en train d'assister au retour du service militaire en France ?
12:26Dans le droit fil de notre premier débat il y a quelques minutes,
12:28c'est-à-dire que dans ce nouveau contexte géopolitique fait d'incertitude,
12:31l'expression est d'Emmanuel Macron,
12:33le chef de l'État pourrait annoncer dans les tout prochains jours, peut-être dès jeudi,
12:36l'instauration d'une forme de service militaire.
12:40Rappelons qu'il a été supprimé par Jacques Chirac en 1996.
12:44Le service militaire auquel songe l'Élysée, d'ailleurs Emmanuel Macron en avait parlé dès l'été dernier,
12:50ne serait pas un service militaire obligatoire, mais basé sur le volontariat.
12:56Tous les arbitrages ne sont pas encore rendus,
12:58il pourrait durer une dizaine de mois, être rémunéré à quelques centaines d'euros.
13:03Est-ce que c'est une bonne idée d'instaurer ce service militaire dans le contexte qu'on vient d'évoquer ?
13:09Voici la réponse il y a quelques minutes sur ce plateau de l'eurodéputé Raphaël Glucksmann.
13:13Le président de la République semble proposer un service militaire volontaire.
13:17Je suis pour.
13:18Mais moi je dis qu'il faut aller plus loin et proposer un service universel et obligatoire,
13:21mais qui ne sera pas nécessairement militaire, qui peut être aussi civique.
13:24On peut vouloir s'engager dans la transition écologique, dans la solidarité sociale,
13:28mais donner de son temps à la collectivité.
13:31Alors la transition écologique, pourquoi pas ?
13:32Mais dans un premier temps, ce qui semble motiver cette annonce présidentielle,
13:36c'est plutôt la menace russe et le contexte géopolitique qu'on évoquait.
13:40Donc est-ce que c'est une bonne idée ?
13:42Est-ce que ça peut être, et est-ce que d'ailleurs ce n'est pas quelque chose qui est aussi partagé
13:45par un certain nombre de pays européens aujourd'hui,
13:47de retourner vers une forme de conscription sur la base du volontariat ?
13:51Et rappelons évidemment que tout cela s'inscrit aussi quelques jours après les propos du chef d'état-major des armées,
13:55le général Fabien Mandon, qui a publiquement demandé
13:58si la nation était prête à perdre ses enfants au front, le cas échéant.
14:04Quel pourrait être le format de ce nouveau service militaire, Paul ?
14:07Vous qui suivez le président, expliquez-nous ce qui va se passer.
14:10Alors d'abord, sur le retour du service militaire,
14:12l'information a fuité effectivement dans la presse hier, la tribune dimanche,
14:15et elle n'a pas été confirmée par l'Elysée, ni d'ailleurs pour l'annonce de jeudi,
14:19eu égard notamment à notre premier débat sur l'Ukraine,
14:22puisque on voit bien que l'agenda diplomatique est mouvant,
14:24et qu'Emmanuel Macron veut se garder de la marge de manœuvre,
14:27lui qui boucle en ce moment une tournée en Afrique.
14:30Ensuite, oui, il y a une réflexion...
14:30Mais elle n'a pas été démentie, il faut juste bien préciser.
14:32C'est vrai.
14:32Oui, elle n'est pas du tout démentie.
14:35Oui, il y a une réflexion de toute façon qui est menée depuis quelques temps.
14:39Le chef de l'État veut avancer là-dessus.
14:41Pourquoi ? Aussi parce qu'il cherche un objet politique,
14:44dans un moment politique difficile pour lui.
14:47On voit qu'il a essayé, ou qu'il essaye,
14:50de travailler sur la question des réseaux sociaux,
14:52en multipliant en ce moment ces grands débats,
14:55en partenariat avec la presse quotidienne régionale,
14:57qu'il essaye de trouver des objets politiques qui puissent faire du consensus,
15:00qui veut se poser en garant du long terme, d'une forme d'indépendance,
15:04qui veut questionner la place des armées dans l'opinion publique.
15:08Donc il y a besoin de faire cette réflexion aujourd'hui.
15:11Et ces éléments-là font effectivement leur chemin et pourraient aboutir dans la semaine.
15:15C'est pertinent dans ce contexte, Isabelle Lasserre,
15:18après les propos de Fabien Mondon, le chef d'état-major des armées,
15:21le spectre de la menace russe, d'un conflit en Europe.
15:25Moi, je trouve que tout ce qui contribue à développer l'esprit de défense en France,
15:31et tout ce qui contribue à ouvrir les yeux des citoyens sur la réalité de la menace,
15:37que ce soit la menace russe ou que ce soit la menace terroriste,
15:40est bon à prendre.
15:41Et effectivement, je pense, moi c'est mon opinion personnelle,
15:45qu'on a un problème en France,
15:46parce que ce qui m'a étonnée dans les propos du général Mondon,
15:48ce n'est pas ce qu'il a dit,
15:51qui moi me paraissait complètement sous une question des propos de bon sens.
15:57C'est la manière dont ça a été perçu par une partie de la population
16:01et par les deux parties extrêmes sur le champ politique.
16:05Il me paraît tout à fait normal qu'un chef d'état-major
16:08rappelle l'état de la menace en France
16:13et rappelle que le rôle de l'armée,
16:15en cas de conflit, en cas d'opération extérieure,
16:19comme ça a été le cas en Afghanistan ou en Libye ou au Sahel,
16:24soit prête à assumer le prix du sang.
16:28C'est quand même comme ça.
16:30Mais en France, cri d'orfraie après ses propos,
16:32alors que Renaud, d'autres pays européens,
16:34n'ont pas du tout le même regard sur cette menace russe.
16:37Je ne sais pas si on peut parler de lucidité,
16:38mais en tout cas, eux, le service militaire et le réarmement,
16:40ce n'est même pas une question.
16:42Il y a deux aspects.
16:43Autant la menace est réelle,
16:43autant peut-être que le cadre dans lequel le chef d'état-major des armées s'est exprimé,
16:48c'est-à-dire devant des élus,
16:49dans le cadre du Congrès de l'Association des maires de France,
16:51en tenant un propos quasi-politique,
16:53c'est aussi ça qui a choqué une partie, en tout cas,
16:55de ceux qui ont reçu ce discours.
16:56Mais sur le fond, je rejoins ce que vient de dire Isabelle Lasserre,
16:58il n'y a pas de prise de conscience aujourd'hui en France
17:00de la menace en tant que telle, justement,
17:02parce que la guerre est sortie en quelque sorte
17:04de nos cadres de pensée depuis maintenant,
17:06des décennies, depuis 80 ans.
17:08En revanche, les pays voisins de la Russie,
17:10d'abord, évidemment,
17:12les pays d'Europe du Nord ou d'Europe de l'Est,
17:13sont les premiers à avoir, en quelque sorte,
17:15devancé l'appel et renforcé leur effort militaire,
17:18leur effort de défense,
17:18parfois avec, justement, une conscription élargie.
17:22Et puis, on a un modèle qui revient très fréquemment,
17:24c'est celui de la Finlande,
17:25qui est un des pays,
17:27si ce n'est le pays européen,
17:28qui consacre le plus à sa défense
17:30parce qu'il a plus de 1500 kilomètres
17:33de frontières communes avec la Russie
17:35et qu'il a aussi une longue histoire
17:36de conflits avec la Russie.
17:38Et puis, on voit d'autres pays européens,
17:39comme l'Allemagne, comme la Belgique,
17:42s'apprêter, eux aussi,
17:43à renforcer leurs efforts en la matière.
17:45Et c'est vrai que la France
17:46semble avoir du mal à prendre conscience
17:48de ce nouveau monde,
17:50pour plusieurs raisons, sûrement.
17:51Peut-être l'éloignement géographique, déjà,
17:53parce qu'il ne s'agit pas, évidemment,
17:54de fantasmer sur l'hypothétique
17:55arrivée des charrues sur place de la Concorde.
17:57Ça, ça nous rajeunit, si j'ose dire.
17:58C'était en 1981
18:01que cette menace était affichée par certains.
18:03Là, il s'agit plutôt d'un éventuel
18:05enchaînement lié à ce que
18:08les experts militaires évoquent,
18:10et notamment le général Fabien Mandon,
18:12c'est-à-dire l'hypothèse que la Russie
18:14s'en prenne à un pays membre de l'OTAN
18:16à l'horizon de 2030.
18:17Et là, évidemment, ça pourrait conduire,
18:18par exemple, si un pays balte était attaqué,
18:20la France à se retrouver
18:22dans un engagement militaire.
18:23C'est la suppression du service militaire,
18:26c'était par Jacques Chirac en 1996.
18:28Elle a été regrettée par beaucoup de politiques.
18:30Vous en parliez dans votre édito ce matin,
18:32Renaud Delis.
18:33Vous citiez notamment Ségolène Royal
18:35qui avait déploré une erreur,
18:37Marine Le Pen qui avait proposé
18:38de le rétablir.
18:39Paul Barcelone,
18:41si jamais Emmanuel Macron le rétablit,
18:42la volonté, c'est quoi ?
18:43C'est aussi d'avoir ça à son bilan,
18:46lui qui a acquis,
18:46on reproche de ne plus avoir grand-chose
18:48à mettre en avant ?
18:48Vous m'interrogez tout à l'heure
18:49sur la question du format.
18:50On est aussi de l'ordre du volontariat
18:52avec une forme de montée en charge
18:55entre maintenant et 2035
18:58pour former aussi des réservistes, etc.
19:00C'est plutôt ça le format,
19:02rémunéré entre 900 et 1000 euros
19:03pour un service qui pourrait durer 10 mois
19:04et qui viendrait en quelque sorte
19:06aussi remplacer ce qu'on avait appelé
19:07le SNU,
19:08le service national universel
19:09qui n'a jamais vraiment marché,
19:11qu'Emmanuel Macron avait essayé
19:12de transformer en objet de cohésion,
19:14de cohésion nationale
19:15pour embarquer la jeunesse.
19:16Ce n'est pas vraiment le grand soir,
19:18vous voulez dire ?
19:19Je ne sais pas si c'est...
19:20Je ne crois pas que ce soit le grand soir,
19:22mais je peux me tromper.
19:23Évidemment, je parlais tout à l'heure
19:24de la quête d'une forme d'objet
19:25à trouver pour le président.
19:27Il y a aussi la volonté probablement
19:28de passer l'éponge sur l'échec
19:30qui a été le SNU,
19:31dont il avait fait un objet à un moment,
19:33son service national universel,
19:35et qui n'a jamais vraiment pris
19:36ni suscité l'adhésion dans l'opinion.
19:38Et juste d'un mot,
19:39on parle beaucoup du général Fabien Mandon
19:41en ce moment,
19:42qui est donc le chef d'état-major des armées.
19:44Juste en deux mots,
19:45c'est quelqu'un qui est proche
19:46du chef de l'état,
19:47puisqu'il était son chef d'état-major particulier.
19:49Donc, je ne pense pas
19:50que sa déclaration des derniers jours
19:52sans refaire le match
19:52sorte de nulle part.
19:54Et d'ailleurs, Emmanuel Macron
19:55ne l'a absolument pas désavoué,
19:57même redit sa confiance
19:58ce week-end lors d'un point presse.
20:01Ils sont proches,
20:02son propos est certes politique,
20:04mais je pense que tout ça
20:05est contrôlé, cadré,
20:06et qu'il savait très bien ce qu'il faisait.
20:07Un petit mot, Sébastien Le Génie,
20:09qu'est-ce que vous pensez
20:10des propos du chef d'état-major des armées
20:13et de ceux d'Emmanuel Macron
20:14sur le service militaire ?
20:15Est-ce que vous considérez
20:16que c'est trop alarmiste ?
20:18Je ne sais pas
20:20si c'est trop alarmiste.
20:21En tout cas, ce qui est clair,
20:21c'est comme le disait Renaud,
20:23la France est moins sensibilisée
20:25que d'autres opinions publiques
20:26à cette question, effectivement,
20:27d'une possible attaque russe.
20:31Et alors, je ne sais pas
20:32si, effectivement, politiquement,
20:33les choses ont été anticipées,
20:35si c'est délibéré
20:36de la part du pouvoir
20:38de sensibiliser davantage
20:40l'opinion française.
20:41Mais ce qui est clair,
20:42c'est qu'elle l'est ailleurs.
20:43Et que le discours
20:44que tient Fabien Mandon,
20:45il est tenu
20:46par d'autres chefs d'état-major ailleurs,
20:48effectivement,
20:49dans les pays baltes,
20:50les pays scandinaves,
20:51en Allemagne,
20:52et ça ne gêne personne, effectivement.
20:53Juste un mot
20:53sur le service militaire,
20:55c'est quand même l'argent.
20:56C'est que financièrement,
20:56c'est que c'est de l'argent.
20:56Oui, alors ça nous convient
20:57de rétablir un service militaire
20:59comme ce que veut Emmanuel Macron.
21:01Pour l'instant,
21:01les hypothèses sont extrêmement partielles.
21:03Sur la base du volontariat,
21:04si on était à 50 000
21:05jeunes concernés
21:07à l'horizon 2035,
21:08donc ça, c'est dans 10 ans,
21:09c'est pour l'instant
21:10chiffre autour de 2 milliards.
21:11Mais tout ça
21:12est extrêmement hypothétique.
21:13Mais il faut juste rappeler
21:13qu'à priori,
21:14on n'a plus de sous.
21:15Donc, c'est d'ailleurs
21:16une des raisons
21:16pour lesquelles le SNU
21:17a capoté.
21:18Le SNU a capoté,
21:19faute de financement.
21:20Donc là aussi,
21:20les financements,
21:21on les trouve
21:21quand il y a une vraie volonté politique,
21:22bien sûr.
21:23Merci beaucoup,
21:24nos informés.
21:25Merci Isabelle Lasser,
21:26correspondante diplomatique
21:27au Figaro.
21:27Je rappelle que vous venez
21:28de publier
21:28les fantômes de Munich,
21:30l'Europe face aux défis
21:31du monde contemporain
21:32aux éditions
21:32de l'Observatoire.
21:34Vous nous donnez
21:34la une du Figaro
21:35aujourd'hui ?
21:37C'est Boilem sans salle.
21:39C'est Boilem sans salle.
21:40Oui, Boilem sans salle,
21:41le récit de ma détention.
21:42C'est vrai.
21:43Merci Paul Barcelone
21:44du service politique
21:45du Figaro
21:45et merci Sébastien Le Génie,
21:46journaliste
21:47et la rédaction internationale
21:48de Radio France.
21:49Merci Renaud,
21:50on se retrouve demain.
21:51Merci à vous,
21:51à demain.
21:52Et les informés
21:52ce soir.
Écris le tout premier commentaire
Ajoute ton commentaire

Recommandations