- il y a 2 jours
Tous les jours, les informés débattent de l'actualité autour d'Agathe Lambret et Renaud Dély.
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00:01Bienvenue dans Les Informés, une demi-heure de décryptage de l'actualité sur France Info Radio et France Info Télé.
00:13Bonjour Renaud Delis.
00:13Bonjour Anguette.
00:14Dix ans après les attentats du 13 novembre 2015, où en est la société française face à la menace du terrorisme islamiste ?
00:22Le pays est-il fracturé ? Et puis Boualem s'en salle enfin libre.
00:26Merci l'Allemagne. Est-ce un désaveu pour Bruno Retailleau ?
00:30Pour nous éclairer ce matin autour de cette table, Myriam Ancawa, présentatrice de l'émission Tout est politique de 18h à 20h, vendredi, samedi, dimanche sur France Info Télé.
00:39Bonjour Myriam.
00:40Bonjour Agathe et bonjour à tous.
00:42Et Sylvain Courage, directeur adjoint de la rédaction du Nouvelle Obs. Bonjour Sylvain.
00:45Bonjour.
00:46On commence avec notre premier débat, donc Renaud, les fractures de la société française face à l'islamisme.
00:52À l'occasion de cette journée de commémoration, donc dix ans après cette série d'attentats qu'il 13 novembre 2015 avait fait au Stade de France, sur les terrasses, au Bataclan, 132 morts et plus de 400 blessés.
01:01Un bilan inédit dans l'histoire du terrorisme en France, avec des attaques massives à l'époque, coordonnées, initiées depuis l'étranger, opérées par des commandos infiltrés en France,
01:11qui visaient ces attaques à fracturer la société française.
01:15À l'époque, le pays a fait bloc.
01:18Qu'en est-il dix ans plus tard aujourd'hui de la situation de l'État de la société française,
01:23quand on mesure parfois d'ailleurs que dans le débat public, il y a parfois une certaine gêne à qualifier précisément ce terrorisme et cette menace,
01:31et à recourir d'ailleurs aux termes d'islamiste et d'islamisme pour désigner cette menace.
01:36Voici ce qu'on disait il y a quelques minutes sur ce plateau, votre invité Bernard Cazeneuve,
01:40qui était ministre de l'Intérieur au moment des attentats de 2015 et qui fut ensuite Premier ministre.
01:45L'islamisme, c'est une idéologie totalitaire qui, comme beaucoup d'idéologies totalitaires,
01:51est prête à utiliser de la plus grande violence à l'encontre de ceux qui ne la partagent pas.
01:55Les premières victimes de cette idéologie totalitaire qu'est l'islamisme, ce sont les musulmans eux-mêmes.
02:00Donc lutter contre l'islamisme, ce n'est pas une manifestation d'islamophobie,
02:04contrairement à ce que certains esprits cyniques considèrent,
02:08c'est lutter contre les effets de ce totalitarisme sur les musulmans eux-mêmes,
02:15qui pour une immense majorité d'entre eux entendent pratiquer leur religion
02:19dans le respect des principes universels, des droits humains, des droits des femmes.
02:26Et d'ailleurs un certain nombre d'intellectuels, d'écrivains, d'artistes originaires de pays de culture musulmane,
02:32on peut penser à Kamel Daoud ou à Boalem Sansa dont on parlera tout à l'heure,
02:35qui a été enfin libéré hier, eux-mêmes mettent l'accent juste sur la nécessité de désigner l'islamisme,
02:39justement pour éviter et combattre l'amalgame que certains pratiquent ou veulent pratiquer avec les musulmans,
02:45et puis défendre évidemment la laïcité.
02:47Alors qu'en est-il aujourd'hui de ce débat en France, justement des fractures de la société française,
02:52quand on voit un certain nombre de responsables politiques justement se déchirer sur ce terme,
02:57et au-delà d'ailleurs sur l'ampleur de cette menace,
03:00et puis certains l'instrumentaliser à des fins partisanes ?
03:04La France a été frappée par plusieurs attentats islamistes.
03:09Yann Mankawa, des années plus tard, est-ce que vous avez le sentiment que la société,
03:13que la classe politique a avancé, ou que c'est l'inverse par rapport à cette menace ?
03:17J'ai le sentiment que dix ans après, la société est plus fracturée et plus polarisée que jamais.
03:22Je pense que la parole de Bernard Cazeneuve, elle est importante.
03:25Les mots qu'il prononce sont très importants.
03:27Il y a peu de responsables politiques qui parlent de totalitarisme,
03:31et qui répètent que les premières victimes des attentats terroristes islamistes dans le monde,
03:38les chiffres sont implacables, sont les musulmans.
03:42Afghanistan, Irak, Syrie, tout le Sahel, ce sont les musulmans.
03:45Et c'est important, d'autant plus qu'elle vient de la gauche.
03:48Et ça, il y a un vrai sujet sur la capacité de nommer les choses et de réussir à rester unis.
03:57Il n'y a pas eu vraiment de grand moment d'unité nationale après cette nuit du 13 novembre.
04:04Il y a eu les Invalides, on s'en souvient tous.
04:07Il faisait très très froid, il y a eu les noms qui ont été cités.
04:12Mais j'ai le sentiment que la sidération n'a pas permis ce moment d'unité.
04:17Ça, ça va être le cas, je pense, aujourd'hui.
04:20Un véritable moment d'unité.
04:21Mais ce moment d'unité, il doit être aussi l'occasion de tenter ensemble,
04:26de répondre à ce qu'on n'a pas compris véritablement encore.
04:30C'est comment on bascule.
04:31Qu'est-ce qui fait qu'on bascule ?
04:33Est-ce que c'est le djihadisme d'atmosphère dont certains intellectuels parlent,
04:38comme Gilles Kepel ?
04:39Est-ce que j'avais Marc Trévidi, l'ancien juge anti-terroriste récemment,
04:43qui disait qu'aujourd'hui, la menace est endogène, donc de l'intérieur,
04:47et il suffit de dire à la Ouagbar pour faire le buzz et aller au journal de 20h, être repris.
04:53Est-ce qu'au contraire, le terreau idéologique est puissant ?
04:58Et je pense qu'il est temps que la société, dans son ensemble,
05:02peut-être même à côté des politiques,
05:05mette des mots et trouve une réponse,
05:07même si la déradicalisation est un vaste défi.
05:09On va y revenir, mais mettre des mots, trouver des réponses,
05:13Sylvain Courage, c'est vrai que dans la classe politique,
05:15il y a une partie de la classe politique qui a pu instrumentaliser ces attentats
05:19pour stigmatiser l'islam en général et les musulmans,
05:22mais il y a aussi une partie de la classe politique qui ne veut rien entendre
05:25et il y a la peur d'être accusé d'islamophobie,
05:29comme le pointait Bernard Cazeneuve, quand on parle de cela.
05:33Est-ce que c'est ça le problème ?
05:34Finalement, c'est la classe politique qui traduit ces fractures-là ?
05:39C'est un peu une simplification de ce qui s'est produit cette année-là,
05:41cette année 2015, il y avait quand même un contexte géopolitique
05:44qui explique aussi la vague d'attentats qu'a subi la France.
05:47Il y avait un État terroriste, Daesh, qui a piloté les attaques,
05:53et donc il y a des causes endogènes, il y a des causes internes à la société française,
05:56mais il y avait aussi des causes extérieures, géopolitiques,
05:58qu'il ne faut jamais oublier parce qu'on a tendance à réduire ça à un débat franco-français,
06:02mais comme l'a rappelé Bernard Cazeneuve, c'est un fléau mondial, l'islamisme,
06:06c'est effectivement un projet totalitaire politique
06:10qui veut vraiment asseoir son pouvoir sur un fanatisme religieux.
06:14Le fanatisme religieux, on connaît, ça a existé dans toutes les confessions,
06:19et donc l'islam n'est pas à l'abri du fanatisme,
06:21ça ne veut pas dire que tous les islamistes, tous les musulmans sont des fanatiques,
06:25et c'est ça qui est important à comprendre.
06:27Évidemment, en France, il y a une instrumentalisation par les extrêmes,
06:30par l'extrême droite, qui voit derrière chaque coin de rue un terroriste en puissance,
06:35et puis il y a une partie de la gauche qui, par crainte d'une stigmatisation des opprimés,
06:45des minorités en France, considère qu'il ne faut absolument pas faire le distinguo entre islam et islamisme.
06:52Mais je pense que ce sont deux erreurs qui doivent être conjurées l'une et l'autre.
06:58qui se nourrissent l'une l'autre, effectivement.
07:01Et je pense que la mémoire et l'analyse de ces attentats du 13 novembre 2015
07:05permet justement, encore mieux que tous les autres attentats qu'on a connus,
07:10si j'ose dire, de définir la nature de ce totalitarisme islamiste et de cette menace.
07:14Pourquoi ? Parce que, et on le voit très bien à travers une vaste étude,
07:18une vaste enquête qui s'intitule le programme 13 novembre,
07:21qui a été pilotée par l'historien Denis Peschonsky,
07:23qui s'appuie sur de multiples enquêtes conduites par le CREDOC depuis 10 ans,
07:28on voit que les attentats du 13 novembre 2015, ils ont une place à part,
07:32ils ont de très loin la première place dans la mémoire nationale
07:35lorsqu'on interroge les Français sur le souvenir qu'ils ont des attentats terroristes.
07:38Bien sûr, il y a l'ampleur, il y a le nombre des victimes,
07:42mais au-delà de ça, je crois qu'il y a une spécificité,
07:44quand on interroge les Français, il y a deux attentats dans l'histoire du terrorisme mondial qui reviennent,
07:48c'est les attentats du 13 novembre 2015 à Paris et au Stade de France,
07:53et puis l'attentat du 11 septembre 2001 à New York.
07:56Pourquoi ? Il y a une esquisse d'explication qui est que les autres attentats,
08:00tout aussi terribles bien sûr, ont parfois pas suscité la même unanimité,
08:06le même unanimisme, la même émotion nationale,
08:08parce qu'ils visaient entre guillemets des catégories.
08:11Exactement.
08:11Les journalistes de Charlie, les juifs victimes de Mohamed Merah ou de l'hyper-cacher,
08:18des policiers, des enseignants assassinés comme Samuel Paty ou Dominique Bernard,
08:23à chaque fois l'émotion a été vaste, considérable bien sûr,
08:25mais le 13 novembre 2015, on a bien compris que la nature même du totalitarisme islamique,
08:30c'était de tuer tout le monde indifféremment,
08:33des musulmans, des juifs, des chrétiens, des athées,
08:36aux terrasses, des cafés, dans les salles de concert,
08:40en France, en Europe, ailleurs,
08:42et d'abord effectivement numériquement dans les pays de culture musulmane
08:45qui ont été les premiers en souffrir, il faut s'y souvenir évidemment des ravages
08:48de la décennie dite noire en Algérie dans les années 90.
08:51Donc c'est justement cet événement-là qui permet de comprendre la vraie nature
08:55de ce totalitarisme islamiste et de récuser ces deux erreurs,
08:59l'instrumentalisation évidemment par l'extrême droite,
09:01mais ça c'est propre à sa nature,
09:03qui fait de tous les étrangers potentiellement une menace
09:05pour une certaine idée de la « pureté » de l'identité française,
09:09mais aussi l'erreur funeste, le contresens de ceux qui disent
09:12« non, non, il ne faut pas dire islamiste parce que ce serait justement amalgamé ».
09:15C'est l'inverse, c'est protéger les musulmans, c'est distinguer, c'est séparer ces deux réalités,
09:20c'est-à-dire ce noyau de fanatiques islamistes qui veulent nous tuer
09:23et l'immense majorité des musulmans qui veulent vivre de façon parfaitement pacifique
09:28leur foi en adéquation avec les lois de la République.
09:32Et je pense que le 13e en 2015 permet justement de comprendre ça.
09:36Et ce mot d'islamophobie piégeux aussi, j'entendais dans la bouche de Bernard Cazeneuve,
09:41il s'est installé, donc quand un mot finit par s'installer, très difficile de le combattre,
09:45mais dans le mot « islamophobie », il y a le mot « islam »,
09:47et donc l'islam c'est une religion.
09:50Les musulmans, c'est un groupe de personnes qui n'est pas forcément dans une religion.
09:56Donc il faut réussir à rester vigilant sur la capacité qu'on a dans notre pays
10:01de critiquer les religions, c'est la liberté,
10:05on a un blasphème qui n'est pas un délit dans notre droit,
10:09et combattre, et la loi est là pour ça, toute forme de racisme anti-musulman.
10:14Et la frontière est extrêmement ténue, et on voit bien que, dix ans après,
10:18quand ce mot d'islamophobie est même repris dans la bouche de Bernard Cazeneuve,
10:21c'est que c'est un grand défi,
10:23et que n'a pas toujours les responsables politiques à la hauteur de ce défi.
10:28Et je pense que c'est le bon moment pour que, collectivement,
10:31on se pose ces questions, j'entendais même les protagonistes au procès dire,
10:35mais au fond, on a beaucoup répondu à ce qui nous est arrivé avec la justice,
10:40avec le renseignement, avec la lutte anti-terroriste,
10:43mais on ne s'est pas posé collectivement la question de l'islamisme radical au niveau de la société.
10:49Sachant que c'est le sujet de demain, à l'époque, ces attentats, ils étaient prévisibles,
10:54Bernard Cazeneuve le disait, on savait qu'on allait être frappé,
10:57on l'avait déjà été, mais on s'attendait à une attaque de masse, d'ampleur.
11:00Aujourd'hui, ce que l'on sait, Sylvain Courage, c'est que la menace, elle vient de l'intérieur,
11:04ce n'est plus une menace projetée depuis la Syrie,
11:05ce sont des individus isolés, qui passent à l'acte,
11:09qui se radicalisent sur les réseaux sociaux,
11:10qui parfois, à la base, ne sont même pas particulièrement religieux,
11:14mais qu'ils le deviennent. Est-ce qu'il y a un déni face à ce phénomène ?
11:20Est-ce que la classe politique prend ses responsabilités ?
11:23Ou on va attendre de se réveiller un jour avec une multiplication d'attentats,
11:28un peu de ce sentiment qu'on n'avait pas été préparé ?
11:30C'est quand même une vigilance qui est exercée d'abord par les services spécialisés.
11:34Je crois que, de ce point de vue-là, il y a eu d'ailleurs des interviews récentes,
11:39le risque, il est considéré.
11:40Et effectivement, la difficulté, c'est l'autoradicalisation,
11:45c'est-à-dire un individu isolé qui, soudain, se sent appelé par ce combat improbable,
11:51qui profère des paroles, des menaces,
11:55et c'est très difficile d'établir le lien avec une organisation politique.
11:58C'est pour ça qu'on a du mal, parfois, à qualifier ça de terrorisme,
12:01surtout qu'un certain nombre de ces individus
12:03peuvent apparaître notoirement déséquilibrés dans des phases de crise.
12:07– Donc c'est aussi une question d'éducation, une question de moyens pour la psychiatrie ?
12:10– Voilà, donc c'est aussi un problème de police jusqu'à un problème de psychiatrie, effectivement.
12:15Donc on voit bien qu'on ne peut pas s'en tirer avec des réponses simplistes.
12:19Il faut vraiment que tous les maillons de la chaîne,
12:22toute la vigilance soit exercée,
12:24aussi bien, effectivement, les services de renseignement, de police,
12:28les politiques qui les dirigent,
12:30et puis aussi la société en général,
12:32qui doit exercer une auto-vigilance sur ce point.
12:35Et je pense que là, la conscience a progressé en France.
12:37– Dans un instant, la libération de Boualem sans salle, merci à l'Allemagne.
12:43Mais tout de suite, il est 9h18,
12:44et c'est l'Info en une minute avec Théo Méton-Réjimbault.
12:48– Les cérémonies débutent à 11h30 au Stade de France,
12:52avant les terrasses de Paris et le Bataclan.
12:55La France commémore les 10 ans des attentats du 13 novembre
12:58qui ont fait en 2015 130 de morts,
13:01attaques revendiquées par l'organisation État islamique.
13:04Le président de la République sera présent sur tous les sites visés aujourd'hui,
13:08avant l'inauguration ce soir d'un jardin mémoriel.
13:11Les cloches de Notre-Dame résonneront en hommage.
13:15Les canaux de communication entre Paris et Alger
13:17sont en cours de rétablissement,
13:19selon l'ambassadeur de France en Algérie.
13:21Alors que la crise était très grave,
13:23et que même les discussions sécuritaires étaient interrompues,
13:26le diplomate s'exprime sur France Info
13:29au lendemain de la libération de Boilem-Sensal,
13:31gracié par l'Algérie, sans contrepartie dit-il.
13:35Le taux de chômage augmente légèrement au troisième trimestre,
13:38plus 0,1 point, il atteint 7,7%.
13:42Selon l'INSEE, 2,4 millions de personnes recherchent un emploi.
13:47L'organisateur du festival de la BD d'Angoulême,
13:499e art, sera écarté à partir de 2028.
13:53Annonce de l'association propriétaire,
13:55décision après les nombreux appels
13:57aux boycotts d'auteurs et d'éditeurs
13:59à cause de l'opacité de la société organisatrice.
14:02France Info
14:06Les informés, Renaud Delis, Agathe Lambret.
14:14Les informés avec Miriam Ancawa,
14:16présentatrice de l'émission Toutes les politiques sur France Info TV,
14:19Sylvain Courage, directeur adjoint de la rédaction du Nouvelle Ops.
14:21On passe à notre deuxième sujet, Renaud,
14:24Boilem-Sensal, enfin libéré.
14:26Est-ce que c'est le signe d'un appasement des relations entre la France et l'Algérie ?
14:29L'écrivain franco-algérien Boilem-Sensal était en effet gracié hier par le président algérien Téboune.
14:36Rappelons qu'il avait été arrêté il y a près d'un an,
14:39c'était le 16 novembre 2024,
14:41qu'il avait même été condamné à 5 ans de réclusion
14:44pour une prétendue atteinte à l'unité nationale.
14:48Il a donc été finalement gracié hier.
14:51Il est arrivé d'ailleurs hier soir en Allemagne.
14:54Rappelons qu'il est âgé de 81 ans, qu'il est malade
14:56et qu'actuellement il bénéficie de soins en Allemagne.
15:00C'est le président allemand, Frank-Walter Steinmeier,
15:02qui avait proposé il y a quelques jours à Alger justement d'accueillir Boilem-Sensal
15:05pour qu'il soit soigné.
15:06Emmanuel Macron a remercié le président algérien Téboune,
15:09mais aussi tout particulièrement l'Allemagne pour son rôle de médiation,
15:14tout en ajoutant que cette grâce était, selon le chef de l'État,
15:17le fruit des efforts constants de la France
15:18et d'une méthode faite de respect, de calme et d'exigence.
15:20Alors pourquoi cette médiation allemande ?
15:22Voici ce qu'en disait ce matin sur l'antenne de France Info Stéphane Romanet,
15:26qui est l'ambassadeur de France en Algérie,
15:28mais qui depuis plusieurs mois a été rappelé à Paris
15:31à cause de la crise justement des relations entre la France et l'Algérie,
15:34rappelée pour consultation selon le langage diplomatique en vigueur.
15:39Cette crise a eu comme conséquence de casser le dialogue
15:43entre la France et l'Algérie,
15:45de rompre la plupart des canaux de communication.
15:48Et donc effectivement, depuis le début,
15:50nous savions qu'une issue heureuse pour la détention de Boilem-Sensal
15:55passait par en quelque sorte un tiers de confiance
15:57et la solution allemande s'est rapidement imposée.
16:00C'est grâce à l'Allemagne, Sylvain Courage,
16:01que Boilem-Sensal a été libéré ?
16:04Ben oui, quand la situation est bloquée,
16:06quand finalement les deux parties se radicalisent,
16:13montent dans le rejet de Mutuel,
16:17il faut que quelqu'un intervienne.
16:18C'est un classique pour résoudre les crises
16:20et l'intervention allemande a été à la fois discrète et très efficace.
16:23C'est aussi quand même assez habile de la part du pouvoir algérien
16:28parce qu'ils ne cèdent pas à la pression française,
16:30ils ouvrent le jeu avec l'Allemagne, le reste de l'Europe.
16:34Le président Tebboune a été soigné en Allemagne.
16:36C'est intéressant parce que finalement,
16:37la question médicale dans cette affaire est centrale à bien des égards.
16:44Et donc on voit un jeu qui s'est un petit peu ouvert.
16:47Je pense que c'est bon pour les deux parties,
16:48c'est bon pour la France et c'est bon pour l'Algérie.
16:50La France s'est coordonnée avec l'Allemagne ?
16:52Bien sûr, ils ont encouragé cette initiative.
16:55Je crois même qu'ils l'ont presque sollicité.
16:57Ils ont cherché à faire intervenir un tiers.
17:00Je crois que c'est naturel dans ce genre de situation.
17:03Et ça a bien fonctionné, même si ça a été très compliqué
17:05et qu'il a fallu beaucoup d'habilité à la diplomatie allemande.
17:08Miriam Mankawa, hier l'Elysée a mis en avant le succès de la méthode Macron en creux.
17:14On comprenait que c'était un tacle à la méthode de fermeté de Bruno Retailleau.
17:18Est-ce qu'on peut dire que c'est une victoire pour le chef de l'État,
17:21la victoire diplomatique et la reconnaissance de sa méthode ?
17:24Oui, c'est une forme de victoire.
17:28Elle est discrète, on sent qu'elle tient un fil.
17:30Ce n'est pas évident quand même de voir recourir à un tiers de confiance.
17:35C'est-à-dire que c'est aussi l'état de fait que la France
17:38ne peut pas directement obtenir la libération d'un de ses ressortissants.
17:42Et on pense aussi à Christophe Glez et à sa famille.
17:45Vous en avez toujours emprisonné.
17:47Il fallait un tiers.
17:48Pourquoi l'Allemagne ? Parce qu'il y a aussi une histoire entre l'Allemagne et l'Algérie.
17:53Giorgia Meloni avait été sollicitée.
17:54L'Italie, dans un premier temps, la France avait pris contact.
17:58Et puis finalement, elle a renoncé.
17:59C'était un dossier sensible.
18:00Elle ne voulait pas prendre de risques.
18:01Et il y a des réfugiés du FLN qui ont été accueillis pendant la guerre d'Algérie
18:07dans les années 50 en Allemagne.
18:09Il y a toute une histoire.
18:10Il y a aussi un passé commun.
18:12Voilà, il y a le Covid soigné en Allemagne du président Tebboune
18:16qui est même retourné là-bas.
18:18Mais ce n'est pas si évident.
18:20Ce n'est pas une victoire éclatante dans la mesure où, effectivement,
18:24en arrivée à ce point de dégradation des relations,
18:28qu'aucune libération entre deux États,
18:30c'est quand même la France, un État qui est parti au Conseil de sécurité,
18:34qui a la boue atomique.
18:35Enfin, voilà.
18:36Il faut aussi mesurer.
18:38C'est une victoire diplomatique.
18:40On est au niveau diplomatique.
18:41Mais ce n'est pas ce que souhaitait au départ la France.
18:44Donc, il a fallu en passer par un tiers de confiance.
18:47Et pourquoi maintenant ?
18:49C'est parce que l'Algérie était très isolée.
18:51Il faut le rappeler, ça, sur la scène internationale.
18:53Une relance, Renaud Delis.
18:55Pourquoi, finalement, le président Tebboune a fini par relâcher ?
18:58Ce qui est vrai, c'est que,
18:59justement, parce qu'il y a cet isolement sur la scène internationale
19:02qui évoque un raison et un mot carré,
19:05notamment sur la question du Sahara occidental,
19:07dont la France a reconnu, avec d'autres,
19:09avec quasiment tout le monde maintenant, la marocanité.
19:12Il est alors disputé par l'Algérie.
19:14Disputé par l'Algérie,
19:16qui soutient de longues dates, sur place, le front polisario.
19:19Et puis, je trouve que cette médiation allemande,
19:22elle en dit plus sur la nature du régime algérien,
19:25en découvrant rien,
19:25que sur la prétendue faiblesse de la France.
19:28C'est-à-dire que la France et l'Allemagne
19:30se sont parfaitement coordonnées,
19:32il ne faut pas se leurrer.
19:33C'est assez habile de la part de la France
19:34de constater que le régime algérien
19:36est tellement obtus, j'allais dire susceptible,
19:39mais ce n'est pas le mot.
19:39C'est-à-dire qu'il faut habiller la grâce
19:42accordée à Boilem Sansal
19:44pour que ça n'apparaisse pas comme un désaveu
19:45du régime algérien et du président Tebboune.
19:47D'où cette médiation allemande.
19:49Donc, heureusement que la France a accepté
19:51et probablement même suscité, en tout cas,
19:53accompagné cette médiation,
19:55parce que le but, c'était évidemment
19:57de faire libérer Boilem Sansal,
19:58comme ça demeure absolument
20:00de faire libérer Christophe Gleize.
20:01Et c'est vrai que ce journaliste sportif
20:03emprisonné depuis plus d'un an,
20:05il ne faut pas justement...
20:06Il faut trouver là aussi un moyen
20:07de contourner en quelque sorte
20:08l'espèce de surdité de ce régime
20:12qui utilise tous les moyens, justement,
20:14pour essayer de conforter son autoritarisme
20:17auprès de sa population.
20:19Et donc, c'est vrai que l'affaiblissement
20:21en même temps sur la scène internationale
20:23et l'isolement de l'Algérie,
20:24y compris d'ailleurs sur le plan économique,
20:26les difficultés qui traversent le pays,
20:28a conduit le président Tebboune
20:29à finalement choisir cette voie.
20:33Entre guillemets, ça l'arrangé aussi.
20:34Et puis, il y a aussi la question
20:35de la santé de Boilem Sansal.
20:37Je pense que le régime,
20:38et la santé, on le sait,
20:39de Boilem Sansal se dégrade.
20:40Il est atteint d'un cancer.
20:41Il est âgé.
20:42Le régime ressentait quand même
20:46le besoin de le gracier
20:47à un moment ou à un autre,
20:47de le libérer avant que sa santé
20:49ne se détériore davantage.
20:50Très vite, Sylvain Courage,
20:51est-ce que c'est un désaveu
20:52pour Bruno Retailleau ?
20:53Bruno Retailleau, il voulait créer
20:55un rapport de force
20:55qui n'a pas produit d'effet.
20:58Son successeur, Laurent Nunez,
20:59au contraire, a changé de ton.
21:01Et on voit que ça facilite
21:02une reprise des discussions.
21:04On a de toute façon besoin
21:05de discuter avec l'Algérie.
21:07Il y a évidemment les 2 millions,
21:082 millions et demi de Français
21:09qui sont d'origine algérienne,
21:11les 900 000 Algériens
21:12qui vivent en France.
21:13Mais il y a tous les dossiers
21:14de sécurité,
21:16de lutte contre le terrorisme,
21:17d'OQTF, etc.
21:18Donc bref,
21:19il vaut mieux que les affaires reprennent.
21:21Merci beaucoup,
21:21les informés.
21:22Sylvain Courage,
21:23vous avez la parole.
21:24Vous la gardez la une de l'Obs.
21:25Les témoignages des victimes
21:28du 13 novembre,
21:30vivre avec.
21:31Merci Sylvain Courage,
21:31merci Miriam Ancavo,
21:32présentatrice de l'émission
21:33Tout est politique
21:34de 18h à 20h,
21:35vendredi, samedi, dimanche
21:36sur France Info TV.
21:38Merci beaucoup, Laurent.
21:40Vous restez avec nous
21:41et ce soir,
21:42vous retrouvez Les Informés
21:43à 20h avec Victor Maté.
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