- il y a 2 jours
Tous les jours, les informés débattent de l'actualité autour de Hadrien Bect et Renaud Dély.
Catégorie
🗞
NewsTranscription
00:00Générique
00:00...
00:01Et ravi de vous retrouver comme chaque matin pour les informer,
00:09et comme chaque matin surtout avec Renaud Delis, bonjour.
00:12Bonjour Adrien.
00:12Pour décrypter avec vous l'actualité politique et avec nos deux informés,
00:18bonjour Stéphanie Despierre.
00:20Bonjour.
00:20Vous êtes journaliste politique à LCP, bonjour Paul Quignot.
00:23Bonjour.
00:23Directeur délégué de la rédaction de Libération,
00:26de l'actualité politique et pas que l'actualité climatique aussi, on va en parler,
00:30ce sera notre deuxième sujet.
00:31D'abord, donc, la politique avec cette question ce matin, Renaud.
00:35Trump, Bardella, même combat ?
00:37Le président américain en tout cas redouble ces derniers jours encore d'attaque
00:41contre l'Europe et la France, et il ne se cache pas, Donald Trump,
00:43de vouloir aider à la victoire des partis d'extrême droite en Europe
00:47lors des prochaines échéances électorales.
00:49Justement, Jordan Bardella, le président du Rassemblement National,
00:51s'est rendu à Londres où il a rencontré le leader brexiteur Nigel Farage
00:55qui est donné en tête d'ailleurs dans les sondages au Royaume-Uni.
00:58À cette occasion, Jordan Bardella a accordé une interview à la BBC.
01:03Le problème du Premier ministre britannique comme de M. Macron,
01:06c'est qu'il considère qu'il faut traiter les conséquences
01:09et ne pas traiter les causes.
01:10Or, moi, je considère que la véritable frontière
01:13qui permettrait au Royaume-Uni de diminuer la quantité de personnes
01:19qui tentent l'aventure en quittant Calais pour rejoindre votre pays
01:22se règle à Lampedusa ou se règle entre la Grèce et la Turquie.
01:26Et Jordan Bardella se dit dans ce même entretien d'ailleurs
01:30« d'accord dans l'ensemble » dit-il avec Donald Trump
01:32quand celui-ci annonce, je le cite,
01:34« l'effacement civilisationnel de l'Europe submergée par l'immigration massive ».
01:39Une rhétorique qui ressemble à celle du grand remplacement.
01:42Donald Trump qui considère aussi que Paris et Londres sont aujourd'hui défigurés,
01:46je le cite, par des immigrés qui viennent du monde entier
01:49ou encore que les dirigeants européens stupides censurent la liberté d'expression.
01:53Alors pourquoi Jordan Bardella approuve-t-il les propos du président américain ?
01:58Est-ce que finalement c'est si surprenant que ça ou pas ?
02:01Et puis est-ce que c'est politiquement une stratégie qui peut être payante
02:05pour le président du Rassemblement National ou au contraire risquée ?
02:08Stéphanie Despierre, on sait que le Rassemblement National a toujours fait preuve
02:12en tout cas d'une grande prudence vis-à-vis de Donald Trump.
02:16Là, Jordan Bardella semble rompre avec cette prudence.
02:20Comment on l'explique ?
02:21Alors, il essaye de se donner une stature, ça c'est clair.
02:25Après, Jordan Bardella marche quand même un peu sur des jeux.
02:28Je vous rappelle qu'en février, il était allé à une réunion aux Etats-Unis
02:30pour une réunion des ultra-conservateurs américains.
02:34Et il devait faire un discours et face au comportement de Steve Bannon
02:39qui avait fait un salut de l'Asie, il a fait marche arrière.
02:41Et cet épisode-là explique assez bien en fait la difficulté du Rassemblement National
02:44et une certaine méfiance. Ils ont envie de pouvoir bénéficier de l'attrait de Trump
02:49et du fait que Trump est toujours en train d'essayer de pousser les extrêmes droites en Europe.
02:54Et en même temps, ils s'en méfient un peu parce qu'ils connaissent le caractère sulfureux du personnage.
02:59Et par exemple, les liens entre les Trumpistes et le RN ne sont pas très importants à l'investiture de Trump.
03:06Il y avait Sarah Knafo, Éric Zemmour et Marion Maréchal pour Reconquête.
03:11Le RN n'était pas formellement invité.
03:13Il y avait eu des invitations via le groupe parlementaire européen, Louis Alliot, maire de Perpignan.
03:17On se souvient que Marine Le Pen n'était pas parvenue à rencontrer Donald Trump il y a quelques années à la Trump Tower.
03:22Voilà, et donc il y a une relation à la fois du côté américain qui est un peu un entre-deux
03:26et du côté du RN. Il y en a aussi qui sont encore très méfiants.
03:29Ils se disent qu'ils peuvent aussi avoir beaucoup à perdre à s'afficher à une proximité trop forte avec Trump.
03:36Et puis il y a quand même un fond au RN qui n'est pas très atlantiste mais qui est très souverainiste.
03:41Et voilà, même si Jordan Bardella salue les propos de Trump, il précise quand même qu'il n'est pas question
03:47que l'Europe se soumette à une puissance étrangère.
03:50Paul Quignot, ça peut lui servir à quoi, Jordan Bardella ?
03:53À approuver au fond ce que dit Donald Trump ?
03:56Ou est-ce qu'à l'inverse, ça peut le desservir d'ailleurs ?
03:59Ça, c'est pas noir ou blanc.
04:03Évidemment que ça le sert.
04:04Parce qu'en ce moment, les thèses trumpistes, le nationalisme, le discours anti-immigré,
04:11on le vend en poupe sur beaucoup de continents en fait.
04:16Donc il y a évidemment un avantage pour Bardella à coller à ce discours nationaliste,
04:25de repli dans les frontières que porte Donald Trump.
04:29Et Bardella, d'une certaine manière, est poussé par ces vents compliqués et difficiles,
04:36de la même manière que d'autres leaders et que Trump l'a été lui-même dans son pays.
04:40Donc oui, il y a une proximité.
04:42Alors c'est pas exactement la même chose.
04:44Mais il faut quand même rappeler dès le départ qu'il y a une proximité idéologique
04:48entre Trump et le Rassemblement national.
04:52Est-ce que ça va lui servir ?
04:55C'est que c'est pas sûr, parce qu'effectivement, ça a été dit à l'instant.
05:00Le Rassemblement national n'est pas un parti atlantiste.
05:04Mais comment vont peser les résultats de Trump sur le plan économique et social aux États-Unis ?
05:10Comment ça va peser dans un an et demi dans la campagne présidentielle ?
05:14C'est encore un peu trop tôt pour le dire.
05:16Mais surtout...
05:17C'est un pari sur l'avenir, en fait, qu'il fait ?
05:20C'est un pari, mais qui est compliqué.
05:21Parce qu'il y a aussi une vraie différence, c'est que Trump est un ultra-libéral.
05:25Oui.
05:26Et ça va compliquer le discours du Rassemblement national sur l'économique et le social en France.
05:31Donc on n'est pas parfaitement au clair sur le discours, d'ailleurs.
05:34Absolument, vous avez raison.
05:35On n'est déjà pas complètement au clair sur quel message économique et social
05:39porte le Rassemblement national et avant lui, le Front national.
05:43Est-ce que c'est un parti qui...
05:45Enfin, il essaye de convaincre la population qu'il est là pour défendre les classes populaires.
05:52Sauf que c'est pas...
05:53Voilà, ça, ça va être compliqué à tenir.
05:56En collant au discours de Donald Trump, qui est un discours ultra-libéral.
06:00Renaud ?
06:00Le vrai problème de fond qui se pose à Jordan Bardella, comme à l'extrême droite,
06:04souvent d'ailleurs dans l'histoire, c'est de savoir jusqu'où on est solidaire de quelqu'un
06:10avec lequel on partage en gros la même vision du monde, le même discours idéologique,
06:13ou solidaire avec son propre pays, c'est-à-dire on défend les intérêts nationaux.
06:18Dès lors que ce dirigeant étranger qui porte la même vision idéologique que vous,
06:22ça s'en prend à votre pays.
06:24Donc là, on est à la croisée des chemins entre...
06:27Il y a un choix crucial à faire.
06:28Est-ce que je défends d'abord la même vision du monde commune que j'ai
06:31avec ce leader nationaliste, identitaire qu'est Donald Trump ?
06:34Ou est-ce que je défends les intérêts de mon pays et de mon continent
06:36dès lors que Donald Trump a choisi de déclarer une guerre idéologique,
06:40commerciale, stratégique à l'Union européenne et à la France ?
06:43Et c'est pour ça, effectivement, comme le disait Stéphanie Despierre tout à l'heure,
06:45qu'il marche sur des jeux.
06:47Il y a toujours un double langage ou une double stratégie au RN
06:50et c'est flagrant avec ce déplacement et cette interview de Jordan Bardella
06:53qui, effectivement, dit pas question, bien sûr, que l'Europe se soumette
06:58à une puissance étrangère, sauf qu'il valide la vision du monde de Donald Trump.
07:03Il partage les mêmes analyses.
07:05Et c'est en permanence, le risque qu'il prend, c'est que, de fait,
07:08il se met dans la main de Donald Trump.
07:09C'est-à-dire que c'est Donald Trump qui va décider jusqu'où il va aller.
07:12Donc, il est dépendant des foucas, des outrances de Donald Trump.
07:16Souvenez-vous, vous rappeliez l'aller-retour à Washington
07:20où il était ravi, Jordan Bardella, de parader à la grande messe MAGA
07:24jusqu'au moment où Steve Bannon a fait un salut nazi à la tribune.
07:27Et là, évidemment, il a annulé son discours.
07:28Il est rentré d'ardard à Paris parce qu'il ne voulait pas ce type d'image
07:32sur son compte TikTok, qui est un de ses moyennes communications favoris.
07:35Et plus loin que ça, et que ça renvoie justement à cette dualité,
07:38Steve Bannon, le même Steve Bannon, ancien conseiller spécial,
07:41très spécial même, de Donald Trump,
07:43est-elle invité d'honneur au congrès du Rassemblement National en 2018 ?
07:46Marine Le Pen l'avait invité comme invité d'honneur.
07:49Et à la tribune, il a fait un grand discours pour expliquer aux dirigeants du RN,
07:54Marine Le Pen, Jordan Bardella et les autres,
07:57laissez-vous traiter de raciste.
07:59porter cette accusation comme une médaille.
08:02C'est-à-dire que c'était l'inverse, justement, de la stratégie dite de la cravate,
08:05de la respectabilité, que revendique le Rassemblement National.
08:08Donc on voit là toute l'ambiguïté, toute la difficulté,
08:12pour Jordan Bardella et pour le RN,
08:13de se revendiquer jusqu'à un certain point de ce grand vent trumpiste.
08:17Mais à partir d'un moment, il y a un risque,
08:19à un moment que ça se transforme en boomerang et que ça les desserve.
08:21D'autant plus que là, on le voit, Stéphanie Despierre, aussi sur les sujets commerciaux,
08:26sur les sujets de défense.
08:28Donald Trump, je vais dire chez les Européens, mais singulièrement chez les Français,
08:32puisque là, c'est le sujet qui nous intéresse, il inquiète.
08:35Il inquiète les électeurs, il inquiète les citoyens,
08:38même si évidemment, c'est surtout des sondages dont on parle,
08:40et on est toujours prudent ici à France Info avec les sondages.
08:43Mais néanmoins, les Français ne sont pas des fans absolus de Donald Trump.
08:46Non, ils s'en méfient.
08:48Ils s'en méfient, les coups des classes sont assez mal perçus ici.
08:51C'est pour ça que le Rassemblement National fait très attention dans sa stratégie.
08:55On l'a vu, il y a une guerre commerciale avec l'Europe et la France,
08:57et où là, le RN ne peut pas, évidemment, prendre clairement le parti des États-Unis.
09:01On voit aussi que la stratégie économique de Trump,
09:04qui était de fermer le marché américain,
09:08ce que défend encore, même si la ligne économique n'est pas très claire,
09:13l'RN pour la France, en fait, cette stratégie, elle ne marche pas très bien,
09:17parce qu'il y a une inflation énorme aux États-Unis
09:20qui pèse sur les classes les plus populaires et les classes moyennes.
09:23Et on en parlait ce matin, les États-Unis ont amélioré leur balance commerciale ces derniers temps.
09:26Voilà, économiquement, ça se passe plutôt bien,
09:28mais pour les classes populaires et les classes moyennes, il y a de l'inflation.
09:30Et donc, c'est vrai qu'à ce niveau-là,
09:32Trump n'est pas forcément le modèle à suivre pour le Rassemblement National
09:35si ce parti continue de vouloir parler aux classes populaires et aux classes moyennes.
09:38Est-ce que Paul Quignot, on peut imaginer, comme on a pu le voir en Allemagne avec l'AFD
09:44et je crois que c'était Elon Musk qui s'était exprimé dans un des meetings de l'AFD
09:48alors qu'il était conseiller de Donald Trump,
09:49est-ce qu'on peut imaginer une forme d'ingérence ou en tout cas de campagne américaine
09:54dans la campagne française ?
09:57Oui, je pense que oui, parce que ça s'est déjà fait, ça s'est déjà vu.
10:03Et qu'il y a un autre aspect déjà, c'est que je pense que Bardella va aussi s'inspirer
10:10des techniques de campagne électorale de Donald Trump,
10:14avec l'utilisation des réseaux sociaux.
10:16On voit déjà aussi que le rapport à la vérité,
10:20qui est quand même très distendu pour le président américain,
10:23je pense qu'on est aussi face au même type de phénomène en France
10:26et à cette distance avec les faits.
10:30Donc on va avoir une campagne, je pense,
10:34et là ce n'est pas que le Rassemblement national qui est en cause,
10:37mais je pense qu'il l'est sans doute un peu plus que d'autres.
10:39Donc on va avoir une campagne qui va ressembler un tout petit peu plus
10:43à ce qui se passe aux Etats-Unis,
10:45même s'il n'y a évidemment une question d'échelle, d'argent, tout ça,
10:49mais les partis et le Rassemblement national comme les autres
10:53ont aussi appris de l'utilisation des réseaux sociaux dans les campagnes électorales,
10:57donc ça va beaucoup peser.
10:58Alors pardon, il peut y avoir un mimétisme de ce point de vue-là.
11:01La violence aussi qui peut exister, je parle pas tant,
11:04enfin il y a la violence politique aux Etats-Unis,
11:06mais qui est un autre sujet,
11:06je parle plutôt de la violence verbale d'un Donald Trump.
11:09Est-ce que ce serait forcément utilisable en France ?
11:13Non, je ne pense pas pour le coup,
11:14parce que les Français n'ont pas le même rapport à la politique que les Américains,
11:19et ça va aussi être un des critères qui va peser dans ce qui va se passer,
11:25dans ce dont on parle sur est-ce que Donald Trump va servir ou pas Jordan Bardella.
11:30Les Français sont un vrai peuple politique,
11:32ils vont regarder d'abord, c'est dans ce qui a été dit par Renaud tout à l'heure,
11:37je pense que les...
11:38et notamment les électeurs du Rassemblement national,
11:41ils vont raisonner dans leur intérêt.
11:43Donc voilà, ça, ça va peser,
11:45mais comment ça va peser face à l'imprégnation déjà très profonde
11:50du vote du Rassemblement national,
11:52qui est très haut aujourd'hui dans les sondages ?
11:54Moi j'ai plutôt l'impression que le vent mauvais,
11:57populiste, nationaliste, qui souffle,
12:00j'ai l'impression que c'est ça qui va peser le plus lourd.
12:02Un dernier mot, Renaud.
12:03Juste un mot sur toute la difficulté de la stratégie du RN et de Jordan Bardella
12:06qu'on évoquait à l'instant,
12:07comment être patriote, se prétendre patriote,
12:10défendre les intérêts nationaux quand on partage
12:12et qu'on approuve la ligne idéologique de quelqu'un
12:14qui s'en prend justement aux intérêts nationaux,
12:16en l'occurrence Donald Trump.
12:17Il faut remarquer qu'il y a un paradoxe,
12:19Jordan Bardella va à Londres,
12:21il fait un déplacement à l'étranger
12:23pour légitimer un peu plus sa stature de présidentiable,
12:26il accorde une interview, une longue interview à la BBC
12:28et lui-même n'en fait pas du tout la publicité,
12:31ni lui, ni le Rassemblement national,
12:33ne revendique cette interview,
12:36ce qui montre qu'il y a un risque politique
12:38dont il a conscience,
12:39et c'est un paradoxe qui est assez étonnant,
12:40et juste un dernier point,
12:41sur ce pas de deux,
12:43Marine Le Pen a fait aventir à l'Assemblée nationale
12:45à peu près le même grand écart
12:48à l'occasion de l'examen du budget de la défense.
12:51Marine Le Pen, au nom du Rassemblement national,
12:53et les députés du RN se sont exécutés,
12:55ont voté, ils ont voté le principe
12:57de l'augmentation du budget de la défense,
12:59très clairement, elle l'a dit qu'elle ne pouvait pas faire autrement,
13:01mais dans tout son discours, elle n'a jamais parlé
13:04de la menace russe, à laquelle elle ne croit guère,
13:06mais en revanche, elle a chargé
13:07l'Union Européenne, la menace de fédéralisme
13:10ou de mutualisation des moyens de la défense européenne.
13:12Et on voit là le même grand écart,
13:14c'est-à-dire que d'un côté,
13:14pour des raisons politiques évidentes
13:16et de prudence électorale,
13:17il faut être solidaire de l'effort de défense nationale,
13:19mais de l'autre côté, on n'a pas vraiment
13:21la même perception de la menace étrangère
13:24qui justifie justement cet effort de défense
13:26aux yeux du gouvernement.
13:27Nous allons passer, mon cher Renaud,
13:29à notre deuxième débat dans quelques secondes.
13:32On va revenir sur les dix ans de l'accord de Paris
13:35sur le climat.
13:36D'abord, l'info en une minute,
13:37il est 9h20, et voici Sarah Ders.
13:39Les négociations sur l'avenir de l'Ukraine
13:44et des avancées, la paix est à portée de main,
13:46estime ce matin Jean-Noël Barraud,
13:48ministre des Affaires étrangères.
13:50L'Ukraine désormais prête à accepter
13:52une zone démilitarisée dans le Donbass.
13:55Si la Russie fait de même,
13:57c'est une concession majeure de la part de Kiev
13:59pour mettre fin à la guerre.
14:01La dermatose nodulaire bovine
14:03et le monde agricole très en colère
14:05dans l'ariège des affrontements.
14:07Hier soir, entre éleveurs et forces de l'ordre,
14:09quatre personnes interpellées.
14:11Ce matin, les tracteurs bloquent toujours
14:13l'A75 dans les deux sens,
14:15entre la Lauser et l'Aveyron.
14:17Les agriculteurs protestent
14:18contre l'abattage préventif des troupeaux.
14:21Nouveau rebondissement dans le Gard.
14:23La production de l'usine Perrier
14:25se retrouve à l'arrêt depuis une semaine,
14:27visée cette fois par une procédure
14:29de mise en demeure de la préfecture.
14:31L'usine du groupe Nestlé
14:32accusée d'avoir rejeté dans la rivière
14:34à côté des polluants dangereux pour la santé.
14:37Et puis c'est une grande première
14:39pour une production française.
14:40Le jeu vidéo Claire Obscure Expédition 33
14:43remporte neuf trophées
14:45au Game Awards à Los Angeles,
14:47dont le jeu de l'année.
14:48Et c'est un record de trophées.
14:50France Info
14:54Les informés, Adrien Beck, Renaud Delis.
15:00Et toujours avec Stéphanie Despierre,
15:02journaliste politique à LCP,
15:04Paul Quignot, directeur délégué de la rédaction
15:06de Libération.
15:07Et nous accueillons Guillaume Fariol.
15:09Bonjour Guillaume.
15:09Bonjour.
15:09Vous êtes spécialiste environnement à France Info
15:12parce que nous allons parler
15:14de l'environnement, du climat.
15:15Renaud, nous sommes jour pour jour,
15:17dix ans après les accords de Paris
15:20pour le climat.
15:21Et on peut se demander
15:22ce qu'il en reste de ces accords.
15:24Il y a dix ans, jour pour jour,
15:25vous vous en souvenez,
15:26Laurent Fabius qui présidait la COP
15:27s'emparait de son petit marteau vert
15:29et tapait sur le pupitre
15:31pour valider donc cet accord,
15:34ce vaste accord inédit
15:35et donc d'une grande ampleur internationale
15:38qui voulait limiter sous les deux degrés
15:41le réchauffement climatique
15:42d'ici la fin du siècle
15:43par rapport à la période pré-industrielle
15:45et même avait l'objectif encore plus ambitieux
15:47d'un degré et demi.
15:49Dix ans plus tard, où en sommes-nous ?
15:51Qu'est-ce qui a changé ?
15:52Est-ce que cet accord a été utile ou pas ?
15:54Voici ce qu'on disait il y a quelques minutes
15:55sur ce plateau,
15:56celle qui était votre invitée,
15:58Laurence Tubiana,
15:59présidente de la Fondation européenne
16:00pour le climat
16:00et qui fut à l'époque
16:02la principale architecte
16:03de la négociation
16:04de l'accord de Paris de 2015.
16:07On voit que, au fond,
16:08l'accord de Paris,
16:09ça a tracé une ligne dans le sable.
16:11Il n'y a aucun accord international
16:12qui a ce qu'on appelle...
16:14On aimerait qu'il soit contraignant
16:15mais on ne va jamais envoyer
16:16des chars ou de la police
16:19dans un pays
16:20parce qu'ils ne respectent pas
16:21ses engagements.
16:22Ça, ça n'existe pas.
16:22Il faut aussi se rappeler,
16:24malheureusement d'ailleurs,
16:25qu'on a fait cet accord en 2015
16:28et qu'on ne réoriente pas
16:30une économie mondiale
16:31qui est fondée sur les fossiles
16:34depuis deux siècles,
16:35en dix ans.
16:36Guillaume Fariol,
16:36on a l'impression
16:37qu'il y a un petit peu
16:37deux niveaux de lecture.
16:38Il y a à la fois
16:39le niveau de l'accord en lui-même,
16:41ce qu'il a permis.
16:42On va y revenir.
16:44Mais si vous voulez bien,
16:44d'abord,
16:45sur les données
16:46dont on dispose aujourd'hui,
16:48la réalité,
16:49c'est quoi ?
16:49C'est que le changement climatique,
16:51le réchauffement,
16:52les événements climatiques
16:53plus intenses,
16:55en dix ans,
16:56ça,
16:56on a pu vraiment
16:57les toucher du doigt.
16:58Oui,
16:58c'est des choses
16:58qui maintenant
16:59sont devenues très concrètes.
17:00Il y a une formule
17:01que Météo France,
17:02pour parler de la France,
17:03répète très souvent.
17:04Ce qui était exceptionnel avant
17:05est en train,
17:06petit à petit,
17:06de devenir la norme.
17:07Pourquoi ?
17:08Parce que la planète,
17:09elle se réchauffe,
17:09ça ne fait aucun doute.
17:112024,
17:11ça a été la première année
17:13au-dessus de 1,5 degré de réchauffement
17:15par rapport à l'ère pré-industrielle.
17:17C'était l'objectif sain
17:18de l'accord de Paris à la base ?
17:19C'était l'objectif
17:20le plus ambitieux.
17:22On sait que cet objectif,
17:23il ne sera pas tenu.
17:24Les Nations Unies le disent,
17:25de nombreux groupes
17:26de scientifiques le disent.
17:27On a trop émis
17:28dans l'atmosphère
17:29et on continue
17:30à émettre trop
17:30de gaz à effet de serre
17:33dans l'atmosphère
17:34pour que cet objectif
17:35des 1,5 degré de réchauffement
17:36soit tenu.
17:37Aujourd'hui,
17:37on se dirige plutôt,
17:38et ça,
17:39c'est de nouveau
17:39un chiffre de l'ONU,
17:41vers 2,8 degrés de réchauffement
17:43ou vers 2,3 à 2,5 degrés
17:45de réchauffement
17:46si les engagements
17:47des États sont tenus,
17:49ce qui n'est pas toujours le cas.
17:50Je vous pose la question
17:51un peu comme elle me vient.
17:52La catastrophe,
17:54c'est à partir
17:54de quel réchauffement ?
17:56Parce que si on avait fixé
17:572 degrés
17:57et qu'on est à 2,8,
18:00ça fait une grosse différence,
18:01je suppose.
18:02Alors,
18:03la catastrophe,
18:03parfois,
18:04on en voit déjà.
18:04Aujourd'hui,
18:06peut-être que ce qu'on peut dire,
18:08c'est qu'entre 1,5 degré
18:10et 2,5 degrés
18:12il y a de grosses différences.
18:14Nous sommes arrivés
18:14à un point
18:14où chaque dixième de degré
18:16compte.
18:17Ce qui se passe
18:18dans les tout prochains
18:18dixièmes de degré
18:19de réchauffement,
18:20c'est,
18:20pour donner un exemple
18:21emblématique,
18:22la survie des coraux.
18:23La survie des coraux
18:24qui sont menacés d'extinction
18:25si la planète
18:26se réchauffe un peu trop.
18:27Et ce n'est pas juste
18:27un réservoir de biodiversité
18:29énorme qui disparaît,
18:30c'est aussi
18:31un demi-milliard de personnes
18:32qui dépendent
18:33de ces coraux dans le monde,
18:34notamment parce qu'il y a
18:35beaucoup de poissons là-bas
18:36et il y a des gens
18:36qui vivent de la pêche,
18:38des poissons
18:39qui sont dans ces récifs.
18:40Voilà le genre de bascule
18:41auquel on risque...
18:42Et c'est extrêmement concret.
18:43Voilà le genre de bascule
18:44auquel on risque d'assister
18:46dans les tout prochains
18:47dixièmes de degré
18:48de réchauffement.
18:48Alors, si on regarde
18:49maintenant l'accord de Paris,
18:51on avait effectivement
18:52Laurence Tubiana
18:52qui nous disait finalement
18:53cet accord de Paris,
18:56il n'est pas si mal,
18:57il a quand même permis
18:58beaucoup de choses
18:59dans beaucoup de pays
19:00qu'il y ait
19:02cette base juridique
19:03qui existe.
19:04Donc finalement,
19:05rétrospectivement,
19:06Guillaume Fariol,
19:07il en reste quoi
19:08de cet accord ?
19:09Cet accord,
19:09c'est indéniable,
19:10il a permis de limiter
19:12les dégâts.
19:13Je pense qu'on peut
19:13le dire comme ça.
19:14Avant 2015,
19:15avant l'accord de Paris,
19:16on se dirigeait
19:16vers un réchauffement
19:17climatique de 4 degrés
19:19plus 4 degrés.
19:20Aujourd'hui,
19:20on le disait,
19:21c'est soit 2,8,
19:22soit on va dire
19:222,5 degrés environ.
19:24Et vous aurez compris
19:24qu'entre 2,5 degrés
19:25et 4 degrés,
19:26ça fait une énorme différence
19:27puisque chaque dixième
19:28de degré compte.
19:29C'est en fait
19:29toute une économie
19:30qui a commencé
19:31à se transformer
19:31même si évidemment
19:32tout ça prend beaucoup de temps.
19:33Stéphanie Despierre,
19:34la question aussi
19:34qu'on peut se poser,
19:35c'est la place
19:35de l'écologie
19:36dans le discours politique
19:39actuel.
19:40Vous qui connaissez
19:40parfaitement
19:41l'Assemblée nationale,
19:42on a l'impression
19:42que c'est quelque chose
19:43qui s'éloigne
19:44de plus en plus.
19:45Clairement,
19:46et au premier chef
19:47chez Emmanuel Macron
19:47qui je vous rappelle
19:48avait dit
19:48« Make our planet great again ».
19:50Là, c'est les dix ans
19:51de l'accord de Paris.
19:52Il n'y a pas de célébration
19:53en grande pompe
19:54de la part de l'Elysée.
19:55Il y a une cérémonie
19:58cet après-midi
19:59au ministère de l'Écologie
20:00mais il n'y a pas d'affichage,
20:01il n'y a pas de volonté
20:02semble-t-il politique
20:02de remettre le sujet
20:03sur la table.
20:04La France est en retard,
20:05on attend une stratégie nationale
20:07pour la transition écologique,
20:08on attend une programmation
20:10pluriannuelle de l'énergie
20:11pour savoir comment on produit
20:13et comment on réduit
20:15les gaz à effet de serre
20:16et c'est vrai qu'on sent
20:17que l'écologie,
20:20ça commence à bien faire
20:21comme le disait Nicolas Sarkozy.
20:23Mais ça peut commencer
20:24à bien faire
20:25pour reprendre cette expression.
20:26Paul Quignot aussi,
20:27on a le sentiment
20:27peut-être dans la population
20:29quand on voit
20:29les élections municipales
20:31qui approchent,
20:32des mairies écologistes
20:33et des maires
20:34qui sont menacées
20:35et pourtant on est
20:36chez des urbains.
20:38C'est un des paradoxes
20:39c'est que effectivement
20:40je pense que les villes,
20:42vous parliez là
20:42des villes écolos,
20:44les maires écolos,
20:45Strasbourg, Bordeaux, Annecy,
20:47Bordeaux je pense
20:48qu'il n'a pas trop
20:49de soucis à se faire
20:49mais c'est vrai
20:50que les autres
20:51sont dans des situations
20:53compliquées,
20:53il y a un reflux
20:54y compris dans une ville
20:54comme Strasbourg
20:55qui est sans doute
20:56la ville la plus écolos
20:57de France
20:57depuis longtemps
20:58donc oui
20:59en France
21:01comme ailleurs
21:03il y a
21:03ce qu'on appelle
21:05un backlash écolo
21:06parce que
21:07c'est vrai
21:07que c'est des mesures
21:08qui sont compliquées
21:09à mettre en place
21:10et qui prennent du temps
21:11à convaincre
21:11que c'est positif
21:12pour la population
21:14donc on est
21:15dans ce moment
21:15j'ai déjà utilisé
21:17l'expression tout à l'heure
21:18de vent contraire
21:19on est dans ce moment là
21:20ça vient aussi
21:21des Etats-Unis
21:22parce que
21:23Donald Trump
21:24a un discours
21:25clairement anti-écolo
21:26écolo
21:26il n'en a absolument
21:27rien à faire
21:28il a quitté
21:29l'accord de Paris
21:29donc tout ça
21:31ça va être
21:32encore plus compliqué
21:33on voit bien
21:34que les accords de Paris
21:35ont servi à quelque chose
21:36ça c'est indéniable
21:37mais ce qui est important
21:38c'est qu'est-ce qui va se passer
21:39dans les dix ans qui viennent
21:39et là je ne suis pas
21:41très optimiste
21:42effectivement
21:42l'accord de Paris
21:43n'aurait peut-être pas pu
21:44être forcément signé
21:45ça aurait été plus difficile
21:46c'est ce que nous disait
21:46Jean-Noël Baron
21:47ce matin sur France Info
21:49merci Paul Quignot
21:49directeur délégué
21:50de la rédaction de Libération
21:52Stéphanie Despierre
21:53journaliste politique
21:53à LCP
21:54Guillaume Fariol
21:54merci beaucoup
21:55spécialiste environnement
21:56de France Info
21:57et bien sûr
21:58je remercie quand même
21:59Renaud Delis
22:00je peux vous remercier
22:01merci Adrien
22:01peut-être la prochaine fois
22:03plus que douze dodos
22:05et c'est Noël
22:05on se quitte là-dessus
22:08restez avec nous
22:09sur France Info
Écris le tout premier commentaire