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00:00Un demi-siècle après sa mort, sa mémoire divise toujours.
00:03Direction tout de suite l'Espagne, où le général Franco sera célébré aujourd'hui par les nostalgiques du franquisme.
00:09Dictature qui, pour appel, a débouché sur la restauration de la démocratie espagnole.
00:13Un dossier pris à bras-le-corps par Pedro Sanchez, le premier ministre espagnol,
00:18qui annonce qu'il publiera bientôt une liste des symboles liés à Franco à retirer de l'espace public.
00:23On vous retrouve à Madrid. Maude Petit-Jovet, bonjour.
00:26C'est peu de dire que c'est une journée sous tension en Espagne aujourd'hui,
00:31entre ceux qui commémorent et ceux qui refusent de le célébrer, évidemment.
00:34Qu'est-ce qui est prévu tout d'abord ?
00:38Alors, aucune célébration officielle n'est organisée aujourd'hui.
00:44Il n'y aura pas de cérémonie officielle le 20 novembre, car nous ne célébrons pas la mort de Franco,
00:49mais le début de la fin. Ce sont les mots de Victor Torres, le ministre de la Mémoire démocratique.
00:54Seules des célébrations seront organisées demain pour célébrer les 50 ans de la restauration de la monarchie en Espagne,
01:01au Palais-Royal et au Congrès des députés, en présence du roi, de la reine, de leur fille et du premier ministre Pedro Sanchez.
01:09Les seules commémorations organisées aujourd'hui sont celles organisées par la Fondation Nationale Francisco Franco,
01:16une fondation qui fait l'apologie du dictateur, pourtant en pleine procédure de dissolution depuis la loi sur la mémoire démocratique,
01:24entrée en vigueur en 2022.
01:26Des hommages aux dictateurs donc organisés par cette fondation, comme une messe ce soir, ici à Madrid, à 20h,
01:33et d'autres messes dans 13 autres villes espagnoles.
01:36Cette division sur la mémoire démocratique, eh bien, elle touche tout le pays.
01:40Aujourd'hui, avec Mathilde Lopinski et Victoria David, nous avons tendu le micro à ces deux visages de l'Espagne,
01:46et le sujet reste encore très tabou.
01:47Tous nos interlocuteurs baissaient un petit peu le ton lorsqu'ils parlaient du fascisme,
01:52ils parlaient un petit peu moins fort.
01:54Je vous laisse regarder le reportage.
01:58Des portraits de Franco, une centaine d'objets à la gloire du dictateur,
02:02au cœur du marché le plus connu de Madrid.
02:05Le vendeur n'a pas souhaité être filmé, mais il l'assure, son stand a beaucoup de succès.
02:10On vend beaucoup. En ce moment, avec le gouvernement actuel, les gens achètent beaucoup d'articles.
02:15Il y a de plus en plus de jeunes.
02:18Et les curieux sont nombreux ce matin-là. Parmi eux, certains nostalgiques, comme Antonio.
02:24C'est bien, c'est mon histoire. Avec l'âge que j'ai, c'est un bout de mon histoire, en fait.
02:29Les quelques symboles que j'ai, je les garde avec moi. Je ne les laisse pas à la maison,
02:34parce qu'il y a une sorte de police politique qui s'est créée,
02:37et qui présente tous ceux qui portent le drapeau comme des fascistes.
02:43Cela fait un demi-siècle que Franco est mort.
02:46Pourtant, partout dans le pays, les traces du régime franquiste sont encore bien visibles.
02:51Comme cette arche à l'entrée de Madrid, érigée par Franco à la gloire de ses troupes,
02:56qui fait polémique.
02:57C'est incroyable que ce monument soit toujours là,
03:01alors qu'il met à l'honneur des idées antidémocratiques.
03:06Cette conseillère municipale de gauche fait partie des nombreux élus
03:10à réclamer la disparition des symboles de cette terre.
03:14À l'intérieur, on voudrait installer des panneaux explicatifs
03:17qui parlent de paix et de démocratie.
03:20À l'extérieur, il reste encore quelques vestiges du franquisme
03:23que nous voulons supprimer.
03:25Comme ce blason, avec l'aigle, symbole du régime totalitaire.
03:29Le gouvernement espagnol s'apprête à publier d'ici quelques semaines
03:33une liste d'objets franquistes à retirer de l'espace public.
03:40Une mesure insuffisante pour ces Espagnols
03:43rassemblés en mémoire des disparus du franquisme.
03:46S'il n'y a pas de volonté politique,
03:49ils peuvent faire autant de listes qu'ils veulent.
03:51Par exemple, on a pu retirer des noms de rues franquistes,
03:54elles ont été supprimées, et après, on a pu les remettre.
03:57Quelles mesures réparatrices cela va apporter aux victimes ?
04:01Concrètement, ça va apporter quoi cette liste ?
04:03C'est très bien de le faire, mais après...
04:05Un demi-siècle après Franco, son héritage polarise toute l'Espagne,
04:10devenant même un enjeu politique.
04:12Aujourd'hui, 20% des Espagnols considèrent que la dictature
04:17a été bénéfique pour le pays.
04:20Et en toile de fond de ce cinquantenaire, Maud,
04:23la montée de Vox, c'est le premier mouvement d'extrême droite
04:26à émerger en Espagne après la fin du franquisme.
04:28Partie qui relativise ouvertement l'héritage du dictateur.
04:32Qu'est-ce que ça nous dit de l'état actuel de l'Espagne, Maud ?
04:38Eh bien, il existe une réelle fracture.
04:40Aujourd'hui, en Espagne, sur cette mémoire de la guerre civile
04:44et de la dictature franquiste.
04:46Nous le disions dans le reportage, aujourd'hui, un peu plus de 20% des Espagnols
04:50considèrent que la dictature franquiste a été bénéfique pour le pays.
04:54Il faut dire que cette partie de l'histoire est très peu enseignée à l'école.
04:58Et c'est même très hétérogène, puisque ce sont les régions elles-mêmes
05:01qui décident du programme.
05:02Et Vox joue là-dessus.
05:04Il mise, par exemple, sur les réseaux sociaux, sur les moins de 25 ans.
05:07Ce sont ses cibles privilégiées.
05:10Vox y affirme que la dictature franquiste a été une période de progrès et de réconciliation.
05:15Ces deux dernières années, Vox a réussi à faire supprimer la loi
05:18sur la mémoire démocratique en Aragon
05:22et a l'intention de faire la même chose en Cantabrie et à Valence.
05:26Vox rejette par ailleurs l'étiquette de franquiste.
05:29Il ne défend pas le franquisme explicitement,
05:31mais ne le condamne pas pour autant.
05:33Selon un récent sondage, Vox arrive en troisième position
05:37avec 17,7% des intentions de vote.
05:41Une montée des extrêmes qui est inquiétante dans ce contexte
05:44où la mémoire de la dictature franquiste reste encore très taboue.
05:49Merci beaucoup Maude pour cette correspondance
05:51et merci à vos équipes pour ce reportage.
05:53de tout à l'heure.
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