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Derrière l'image : opération meurtrière contre les "bébé noirs" au Congo-Brazzaville
France 24
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12 hours ago
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00:00
Il est 14h30 à Paris, bienvenue dans votre rendez-vous derrière l'image.
00:04
On prend le temps comme chaque jour de décrypter l'info à partir de photos qui font sens.
00:08
On va se rendre aujourd'hui en République démocratique du Congo, Congo-Brazzaville, pays d'Afrique centrale
00:13
où depuis la fin septembre une opération de répression meurtrière est en cours.
00:17
Une opération contre les gangs qui sévissent notamment dans les deux principales villes de la capitale Brazzaville
00:23
et la ville littorale de De Pointe-Noire.
00:25
Bonjour Corentin Beignet, bonjour et merci d'être avec nous.
00:28
aux journalistes, aux observateurs de France 24.
00:30
C'est la tradition, vous êtes venu avec un cliché, une photo.
00:34
On la voit d'ailleurs à l'écran, un homme interpellé par une unité en tenue militaire.
00:38
De quoi parle-t-on exactement ? Qu'est-ce qui se passe sur ce cliché ?
00:41
Cette image est extraite d'une vidéo qui a été filmée le 26 octobre à Brazzaville,
00:46
la capitale du Congo, Brazzaville, la République du Congo.
00:49
Cet homme qui est interpellé, il se fait appeler surnommé Adam Akashina Rambo.
00:53
Il est présenté par des médias locaux mais aussi par des utilisateurs sur les réseaux sociaux
00:58
comme un des principaux chefs de gang de Brazzaville.
01:02
Ses membres de gang au Congo sont surnommés les Koulunas ou les bébés noirs,
01:05
les deux termes en cours.
01:08
Et donc cet homme, ce n'est pas le seul à avoir été ciblé par cette opération
01:10
de répression de ses gangs depuis fin septembre.
01:13
Et ça continue encore aujourd'hui.
01:15
La Direction Générale de la Sécurité Présidentielle, c'est une unité d'élite,
01:18
a été déployée à Brazzaville, aussi à Pointe-Noire ou à Dolizy pour traquer des membres présumés de gang.
01:25
On parle d'hommes en général jeunes qui sont accusés à la fois de raquettes, de viols envers la population
01:30
mais aussi de trafic de drogue, voire de proxénétisme.
01:33
Et cette opération, on le voit sur des vidéos qui sont diffusées sur les réseaux sociaux,
01:38
elle est assez souvent saluée par des foules qui sont manifestement soulagées
01:42
d'être débarrassées de personnes qui manifestement posent des problèmes dans la vie de leur quartier.
01:46
C'est une tendance qui est corroborée par pas mal de commentaires sur les réseaux sociaux.
01:50
Ça n'empêche pas cette opération de faire polémique.
01:52
Il y a une forme de mise en scène quand même, on croit deviner ça dans ces images.
01:56
Des arrestations de personnes qui sont suspectées, vous venez de le dire, de crimes.
02:00
Qu'est-ce qui pose problème là exactement ?
02:01
En fait, il y a plusieurs choses.
02:02
D'abord, toutes les personnes suspectées n'ont pas été forcément arrêtées.
02:05
Il se trouve que plusieurs d'entre elles ont été directement exécutées et abattues en pleine rue, en plein jour.
02:10
Sur les vidéos qui circulent, notamment sur TikTok, je le disais,
02:14
il y a des dizaines d'entre elles montent peu ou prou le même scénario.
02:17
Une personne est en train de filmer, il y a une foule, elle se fraye un chemin à travers cette foule.
02:21
Il se trouve que cette foule est regroupée devant, pardonnez-moi pour les détails,
02:25
mais devant un cadavre qui gît dans une mare de sang.
02:27
On ne vous montrera évidemment pas les passages de ces vidéos qui montrent ces cadavres.
02:32
Donc c'est complexe de localiser avec précision ces vidéos qui sont souvent filmées dans des quartiers périphériques
02:36
que ne répertorient pas forcément bien les logiciels de cartographie.
02:41
Mais ce qui est établi, parce qu'il y a des témoins, il y a des ONG et même les autorités en sous-main qui le reconnaissent,
02:46
c'est que plusieurs de ces personnes qui ont été abattues sont des personnes qui étaient suspectées d'être des bébés noirs,
02:51
d'être des kulunas et qui se retrouvent donc abattues en pleine rue.
02:54
Et leur cadavre est ensuite laissé dans l'espace public sous les yeux d'enfants.
02:59
Les veilleux mortuaires ont été interdites.
03:00
Tout ça participe quand même à la polémique.
03:04
Un de nos observateurs a été témoin d'une de ses exécutions.
03:07
Il a demandé de garder l'anonymat et je vous propose de lire quelques extraits de son témoignage.
03:12
Il dit « J'ai vu une patrouille de la DGSP débarquer.
03:15
Ils étaient une dizaine dans un pick-up, tous armés, certains avec des kalachnikovs, d'autres avaient d'autres mitraillettes.
03:21
Ils étaient tous cagoulés, ils se sont arrêtés devant une maison.
03:24
Ils ont interpellé un jeune, l'ont sorti dans la rue, l'ont allongé par terre et lui ont mis une balle dans la tête. »
03:30
C'est un témoignage évidemment glaçant.
03:33
Oui, pour le moins, et ce n'est pas le seul à témoigner de ce genre de pratiques.
03:38
Ces accusations d'exécution sommaire, ce ne sont pas les seules critiques par ailleurs qu'on peut entendre.
03:43
Des SMS ont été adressés directement à la population pour les inciter à dénoncer toute personne qu'elle pouvait soupçonner d'être kuluna.
03:52
signaler des lieux d'habitation des kuluna récompense 500 000 francs CFA pour un chef.
03:57
Ça fait plus de 760 euros, c'est une somme considérable.
04:00
100 000 pour un kuluna, soit environ 150 euros.
04:03
Donc ça aussi, cette invitation à la délation fait polémique.
04:08
Et par ailleurs, il y a plusieurs Congolais qui disent sur les réseaux sociaux,
04:11
et c'est également le cas de notre observateur,
04:12
que la DGSP, cette unité d'élite qui est en charge de cette opération,
04:17
a tendance à cibler des personnes qui portent des tatouages, des dreadlocks,
04:20
ce serait des signes distinctifs des membres de gangs.
04:23
Et donc les personnes qui sont tatouées ont des dreadlocks
04:25
disent clairement qu'elles ont peur d'être interpellées pour délit de faciès en quelque sorte.
04:29
Voilà, ce qui ne veut pas dire grand-chose, effectivement.
04:32
Et cette rémunération en contrepartie aussi floute le jeu.
04:36
Qu'est-ce qu'on sait de ces gangs de bébés noirs ou kuluna, comme on le dit ?
04:39
En fait, il y a en République du Congo un phénomène de criminalité juvénile
04:42
qui s'est développé à partir des années 2010.
04:45
Dans les quartiers périphériques des grandes villes,
04:47
on a commencé à voir s'agglutiner des exclus de la croissance économique de la manne pétrolière.
04:52
Et donc ces gangs sont apparus à ce moment-là.
04:55
C'est des jeunes qui ont entre 18 et 30 ans, qui sont marginalisés,
04:58
qui ont commencé à se livrer à des pillages, des machettes à la main,
05:01
souvent à la tombée de la nuit, le plus souvent en groupe, aux abords des marchés.
05:05
Il y a aussi des rivalités entre bandes.
05:07
En 2020, cette vidéo qu'on voit à l'écran avait circulé.
05:10
Elle montre deux bandes de bébés noirs s'affronter à coups de machette
05:13
dans la ville de Brasaville.
05:17
Ces gangs sont également accusés de consommer des drogues, du tramadol, du cannabis.
05:22
Et dans l'opération qui est en cours, il y a eu plusieurs destructions de maisons entières.
05:26
Les autorités nous disent que c'est des maisons qui appartenaient à des kulunas
05:30
ou qui étaient sans doute considérées comme des fumoirs.
05:32
Ce n'est pas forcément ce que disent les gens qui sont interrogés devant la maison détruite.
05:35
Des gens disent avoir perdu leur maison sur simple soupçon
05:37
qu'un kulunas aurait pu vivre là ou faire partie de la famille.
05:41
D'après eux, toute la famille entière a été punie.
05:44
Très difficile de vérifier évidemment ces informations.
05:47
Que disent les autorités aujourd'hui ?
05:48
Il faut noter que cette opération n'a pas été annoncée.
05:51
En fait, ça a commencé quelque part fin septembre.
05:53
Nous, sur notre numéro WhatsApp pour les observateurs,
05:54
on a commencé à ce moment-là à recevoir des alertes, des vidéos comme celles que j'ai pu vous montrer.
05:59
On a vu que sur les réseaux sociaux, ça apparaissait en même temps.
06:03
Et en fait, il a fallu attendre un mois pour que le président de la République parle de cette opération.
06:08
Denis Sassou Nguesso a réagi.
06:10
Il a confirmé avoir déployé la direction générale de la sécurité présidentielle.
06:15
Selon lui, les autres unités de police qui étaient en charge de la traque des kulunas
06:18
ne faisaient pas assez efficacement leur travail.
06:21
L'opération, je cite, patinait un peu.
06:23
Et donc, il a décidé d'employer la manière forte.
06:26
Voilà, c'est ce qu'il a dit à peu près un mois après le début de cette opération.
06:29
De notre côté, on a pu joindre une source proche des autorités
06:32
qui nous a affirmé que l'opération était motivée par le fait que les autorités
06:36
ne voulaient pas que le Congo-Brazzaville devienne, je cite, un nouvel Haïti.
06:40
C'est une référence qui est faite au fait que Port-au-Prince, la capitale d'Haïti,
06:43
est contrôlée en grande partie, ou en tout cas presque une moitié d'entre elles, par des gangs.
06:48
C'est une référence qui est peut-être un peu exagérée.
06:51
Il faut quand même rappeler qu'à Port-au-Prince, effectivement,
06:53
les gangs contrôlent les quartiers entiers.
06:54
Et ce n'est pas le cas à Brazzaville.
06:56
Et ces gangs sont très lourds de mort, mais avec des armes automatiques,
06:58
des armes à feu, ce qui, a priori, n'est pas le cas non plus au Congo-Brazzaville.
07:01
Concernant les exécutions sommaires, cette même source nous dit, je cite,
07:05
le terme exécution sommaire doit être documenté.
07:07
Au stade où on est, l'opération est proportionnée.
07:10
Ils ne sont pas par principe exécutés, mais ils sont interpellés.
07:13
C'est quand ils résistent que ça dérape.
07:14
Je veux quand même préciser que sur les réseaux sociaux,
07:17
nous, on a vu plusieurs fois des images de personnes abattues
07:20
avec les mains ligotées dans le dos,
07:22
ce qui laisse quand même à penser qu'elles n'avaient pas opposé de résistance,
07:24
qu'elles ont été maîtrisées au moment où elles ont été manifestement abattues.
07:28
Et les autorités, elles ont été interpellées, j'imagine,
07:31
sur ces soupçons d'exécution sommaire ?
07:33
Oui, il y a une partie de la société civile qui tente de lever un peu la voix
07:36
autant que faire ce peu au Congo-Brazzaville.
07:38
Nous avons pu joindre Trésor, Nzila, qui est le directeur du Centre d'action pour le développement.
07:43
Pour lui, il faut s'attaquer aux causes qui ont donné naissance à ces gangs.
07:46
Je vous propose d'écouter un extrait.
07:49
Il y a la question des chômages.
07:52
Il y a le décrochage d'un sous-scolaire.
07:57
Il y a la précarité au niveau des familles.
08:01
Il y a la faiblesse de l'appareil judiciaire.
08:05
La faiblesse au niveau des forces de défense et des sécurités.
08:10
C'est tout ça qu'il faut analyser pour apporter une réponse à ce problème.
08:16
Pour finir, Corentin, est-ce qu'on sait aujourd'hui si cette opération va durer ?
08:22
Est-ce qu'elle a un objectif chiffré surtout ?
08:25
On ne sait pas.
08:26
Les autorités communiquent peu dessus.
08:28
Et quand elles communiquent, elles ne donnent pas de chiffres, pas d'objectifs.
08:31
Donc on ne sait pas quand ça va s'arrêter.
08:32
Ça commence à Barzaville.
08:34
Ça s'est étendu à d'autres villes.
08:36
Donc on ne sait pas combien de personnes ont été interpellées.
08:37
On ne sait pas combien de personnes ont été tuées.
08:39
On ne sait pas ce que deviennent les personnes interpellées.
08:41
Ça fait partie aussi des critiques de cette opération.
08:43
D'autres critiques pointent du doigt le fait que cette opération a lieu à quelques mois de la prochaine élection présidentielle
08:48
qui est prévue au mois de mars 2026.
08:51
Et à laquelle, sauf surprise, le président Denis Sassou-Nguesso, 82 ans dans quelques jours,
08:55
devrait être candidat pour un cinquième mandat consécutif.
08:58
Merci beaucoup Corentin.
09:00
On peut retrouver votre article et tout le travail des observateurs sur le site de France24.
09:04
www.france24.com rubrique évidemment toujours les observateurs.
09:10
C'est la fin de derrière les...
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