00:00Qui évidemment résonne dans le contexte que l'on connaît et que l'on vient de rappeler. Merci beaucoup.
00:05Florence, on va se déplacer, on va faire une tournée nous aussi du continent africain qui va durer 5 jours.
00:13C'est celle du président français Emmanuel Macron qui s'est donc envolé ce matin avec un objectif très clair affiché par l'Elysée.
00:20Renforcer les liens déjà très forts, nous dit le communiqué Emmanuel Macron qui va passer par l'Afrique du Sud, le Gabon, l'Angola.
00:27Mais il est pour le moment, vous l'avez peut-être reconnu, en direct à Port-Louis sur l'île Maurice, le chef de l'État qui va faire escale pendant quelques heures, pendant cette étape.
00:40Bonjour à l'île Haïti, on va décrypter ensemble cette tournée africaine.
00:46Au début, entre Emmanuel Macron et l'Afrique, il faut le rappeler, la relation était quand même plutôt prometteuse.
00:52Ben oui, il se présentait, souvenez-vous, en 2017, comme le président qui était né après les indépendances.
00:58Sous-entendu, je ne suis absolument pas concerné par tout ce qui s'est passé, en particulier par la colonisation.
01:05Et donc, ça signifiait tout simplement qu'il disait adieu à ce fameux concept de la France-Afrique.
01:11Il a un petit discours en novembre 2017, je vous ai juste cité l'un des morceaux de ce discours, il dit
01:19« Il n'y a plus de politique africaine de la France, je suis d'une génération où l'on ne vient pas dire à l'Afrique ce qu'elle doit faire ».
01:29C'était en 2017, devant les étudiants burkinabés.
01:32Donc, il annonçait tout simplement une nouvelle phase des relations entre la France et l'Afrique.
01:36Et pour ça, il a fait près de 40 déplacements dans 26 pays d'Afrique.
01:41C'est quasiment un record pour un président français.
01:44Et il a insisté, là encore, sur l'histoire, en particulier sur la colonisation, la responsabilité de la France dans la colonisation au Cameroun, en Algérie.
01:56Le fameux rapport de Benjamin Stora, lui-même, va reconnaître que l'armée française a bien assassiné le professeur, l'instituteur Odin, communiste, etc.
02:05Il va aussi poser la responsabilité de la France au Rwanda dans les massacres du milieu des années 90.
02:14Donc, il va faire un vrai travail de mémoire vis-à-vis de l'Afrique.
02:18Et puis, il va faire aussi un travail culturel très important, puisque suite au rapport Sars-Savoie,
02:25il va décider de remettre un certain nombre d'œuvres d'art qui ont été piquées à l'Afrique
02:31et qui se trouvent aujourd'hui, depuis un certain temps, dans nos musées.
02:35Donc, il va vraiment, pour le coup, tendre le bras, tendre la main à l'Afrique.
02:40Ça partait bien, mais aujourd'hui, il y a beaucoup d'amertume.
02:42Ah ben oui, forcément, quand on regarde pratiquement...
02:45Dix ans plus tard.
02:45Dix ou neuf ans plus tard.
02:47Eh ben, on a quoi ? On a eu des coups d'État à partir de 2021 sur le soi-disant précaré français au Mali, au Burkina Faso, au Niger.
02:56On a eu des demandes aussi explicites d'un certain nombre de pays africains, le Sénégal, le Tchède, la Côte d'Ivoire, etc.
03:04Demandes claires de faire en sorte que l'armée française quitte tout simplement le territoire de leur nation.
03:12Donc, tout ça va aboutir aussi à des mots peut-être pas très fins de la part du président.
03:19Le président, le 6 janvier 2025, il va dire « Je crois que l'on a oublié de nous dire merci.
03:26C'est pas grave, ça viendra avec le temps », dit-il.
03:29Je le dis à tous les chefs d'État africains qui n'ont pas eu le courage de le porter.
03:34Aucun d'entre eux ne serait aujourd'hui avec un pays souverain si l'armée française ne s'était pas déployée dans cette région.
03:41Le président fait référence à toutes les opérations mises en place par l'armée française, notamment l'opération Serval, l'opération Barkhane.
03:51Tout ça a quand même abouté à une soixantaine de morts de soldats français.
03:55Mais ça a été mal interprété par un certain nombre de chefs d'État.
03:59Ça a été interprété comme de l'arrogance, comme de la condescendance.
04:03Ça a été très vite dénoncé par le président du Tchad et du Sénégal.
04:07En fait, le départ de l'armée française de ces pays était annoncé.
04:12Ce qu'on peut reprocher à l'Élysée, c'est de ne pas avoir justement préparé ces deux parts
04:17et pas avoir justement fait une victoire de l'armée française dans le sens où on reconnaît en effet la totale indépendance,
04:25la totale souveraineté de ces pays et on retire de l'Afrique.
04:29C'est du moins ce que dit un rapport qui est assez récent du Sénat du 29 janvier 2025.
04:34Ce rapport s'appelle « Voir l'Afrique dans tous ses États, États, évidemment, en cap. »
04:39Il parle de l'échec de l'agenda transformationnel du président
04:44et il parle d'une approche trop verticale de la part de l'Élysée
04:47et souhaite au contraire que d'autres acteurs que le président de la République puissent parler de l'Afrique.
04:53Notamment le MAE, le ministère des Affaires étrangères,
04:55mais aussi la culture, le sport, Bercy, l'économie, etc.
04:59puissent aussi avoir un discours sur l'Afrique.
05:01Du coup, le président a modifié son approche ?
05:04Oui, et dès le début, je pense qu'il le sentait dès 2017,
05:07il s'est dit qu'il ne fallait pas avoir un focus uniquement sur l'Afrique francophone,
05:12qu'il fallait aussi regarder de l'autre côté l'Afrique anglophone.
05:16C'est pour ça qu'il a multiplié les visites dans ces pays anglophones,
05:19en Afrique du Sud, en Nogola, au Nigeria, au Ghana.
05:24Bon, il se trouve que le pays le plus important pour l'économie française,
05:29ça reste quand même le Nigeria, évidemment, à cause du pétrole,
05:32même si l'Afrique du Nord reste évidemment un partenaire très important de la France.
05:38Donc, le président a souhaité réorienter, rééquilibrer cette relation avec l'Afrique,
05:43avec des pays qui n'avaient pas de passé colonial avec la France.
05:47Là encore, le Sénat, dans son approche, dit que c'est une très bonne idée,
05:52mais pour autant, il ne faudrait pas oublier l'Afrique francophone.
05:56Il faut continuer, dit le Sénat.
05:58Il parle même d'une patience stratégique vis-à-vis de ces pays-là,
06:02ne pas laisser le Mali aux mains uniquement des Russes,
06:06ne pas laisser les autres pays uniquement aux mains des Chinois, des Turcs et des Émiratis.
06:10Le Sénat insiste pour que la France reste présente dans ces pays-là
06:15et le prochain sommet Afrique-France aura lieu au Kenya en 2026.
06:22On fera peut-être le point à ce moment-là.
06:24Et surtout, on ne peut pas liquider des dizaines,
06:29voire des centaines d'années de partenariats, de coopération.
06:32Enfin, on vise l'Afrique anglophone pour des raisons économiques,
06:36mais on ne peut pas brocarder l'Afrique francophone en quelques années.
06:39Enfin, on ne peut pas oublier tout un passé, certes colonial,
06:42mais pas seulement colonial.
06:44Enfin, il y a énormément de liens culturels entre la France et l'Afrique.
06:48Donc, c'est bien de regarder vers les ressources et l'économie.
06:55Mais enfin, on n'enlève pas 100 ou 150 années d'histoire.
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