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Derrière l'image : au Congo-Brazzaville, l’État durcit sa riposte contre les gangs des "bébés noirs"
France 24
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12 hours ago
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00:00
Il est surnommé Adam Akashina Rambo, il est présenté par des médias locaux mais aussi par des utilisateurs sur les réseaux sociaux
00:06
comme un des principaux chefs de gang de Brazzaville.
00:10
Ses membres de gang au Congo sont surnommés les Kulunas ou les bébés noirs, les deux termes en cours.
00:16
Et donc cet homme c'est pas le seul à avoir été ciblé par cette opération de répression de ces gangs depuis fin septembre
00:21
et ça continue encore aujourd'hui.
00:23
La Direction Générale de la Sécurité Présidentielle, c'est une unité d'élite, a été déployée à Brazzaville, aussi à Pointe-Noire.
00:30
Ou à Dolizy pour traquer des membres présumés de gang.
00:33
On parle d'hommes en général jeunes qui sont accusés à la fois de raquettes, de viols envers la population
00:38
mais aussi de trafic de drogue, voire de proxénétisme.
00:41
Et cette opération, on le voit sur des vidéos qui sont diffusées sur les réseaux sociaux,
00:46
elle est assez souvent saluée par des foules qui sont manifestement soulagées d'être débarrassées de personnes
00:51
qui manifestement posent des problèmes dans la vie de leur quartier.
00:55
C'est une tendance qui est corroborée par pas mal de commentaires sur les réseaux sociaux.
00:58
Ça n'empêche pas cette opération de faire polémique.
01:00
Il y a une forme de mise en scène quand même, on croit deviner ça dans ces images.
01:04
Des arrestations de personnes qui sont suspectées, vous venez de le dire, de crimes.
01:08
Qu'est-ce qui pose problème là exactement ?
01:09
En fait, il y a plusieurs choses.
01:10
D'abord, toutes les personnes suspectées n'ont pas été forcément arrêtées.
01:13
Il se trouve que plusieurs d'entre elles ont été directement exécutées et abattues en pleine rue, en plein jour.
01:18
Sur les vidéos qui circulent, notamment sur TikTok, je disais, il y a des dizaines d'entre elles montent peu ou prou le même scénario.
01:25
Une personne est en train de filmer, il y a une foule, elle se fraye un chemin à travers cette foule.
01:29
Il se trouve que cette foule est regroupée devant, pardonnez-moi pour les détails,
01:33
mais devant un cadavre qui gît dans une marre de sang.
01:35
On ne vous montrera évidemment pas les passages de ces vidéos qui montrent ces cadavres.
01:40
Donc c'est complexe de localiser avec précision ces vidéos qui sont souvent filmées dans des quartiers périphériques
01:44
que ne répertorient pas forcément bien les logiciels de cartographie.
01:49
Mais ce qui est établi, parce qu'il y a des témoins, il y a des ONG et même les autorités en sous-main qui le reconnaissent,
01:54
c'est que plusieurs de ces personnes qui ont été abattues sont des personnes qui étaient suspectées d'être des bébés noirs,
01:59
d'être des coulounas et qui se retrouvent donc abattues en pleine rue.
02:02
Et leur cadavre est ensuite laissé dans l'espace public, sous les yeux d'enfants.
02:06
Les veillots mortuaires ont été interdites, tout ça participe quand même à la polémique.
02:12
Un de nos observateurs a été témoin d'une de ces exécutions.
02:15
Il a demandé de garder l'anonymat, mais je vous propose de lire quelques extraits de son témoignage.
02:20
Il dit « J'ai vu une patrouille de la DGSP débarquer.
02:23
Ils étaient une dizaine dans un pick-up, tous armés, certains avec des kalachnikovs, d'autres avaient d'autres mitraillettes.
02:29
Ils étaient tous cagoulés, ils se sont arrêtés devant une maison.
02:32
Ils ont interpellé un jeune, l'ont sorti dans la rue, l'ont allongé par terre
02:35
et lui ont mis une balle dans la tête. »
02:38
Un témoignage évidemment glaçant.
02:41
Oui, pour le moins, et ce n'est pas le seul à témoigner de ce genre de pratiques.
02:46
Ces accusations d'exécution sommaire, ce n'est pas les seules critiques, par ailleurs, qu'on peut entendre.
02:51
Des SMS ont été adressés directement à la population
02:54
pour les inciter à dénoncer toute personne qu'elle pouvait soupçonner d'être Koulouna.
03:00
Signaler des lieux d'habitation des Koulouna récompense 500 000 francs CFA pour un chef,
03:05
ça fait plus de 760 euros, c'est une somme considérable.
03:08
100 000 pour un Koulouna, soit environ 150 euros.
03:11
Donc ça aussi, cette invitation à la délation fait polémique.
03:16
Par ailleurs, il y a plusieurs Congolais qui disent sur les réseaux sociaux,
03:19
et c'est également le cas de notre observateur,
03:21
que la DGSP, cette unité d'élite qui est en charge de cette opération,
03:25
a tendance à cibler des personnes qui portent des tatouages, des dreadlocks,
03:28
ce serait des signes distinctifs des membres de gangs.
03:31
Et donc les personnes qui sont tatouées ont des dreadlocks
03:33
disent clairement qu'elles ont peur d'être interpellées pour délit de faciès.
03:37
Ce qui ne veut pas dire grand-chose, effectivement.
03:40
Et cette rémunération en contrepartie aussi floute le jeu.
03:44
Qu'est-ce qu'on sait de ces gangs de bébés noirs ou Koulouna, comme on dit ?
03:47
En fait, il y a en République du Congo un phénomène de criminalité juvénile
03:50
qui s'est développé à partir des années 2010.
03:53
Dans les quartiers périphériques des grandes villes,
03:55
on a commencé à voir s'agglutiner des exclus de la croissance économique de la manne pétrolière.
03:59
Et donc ces gangs sont apparus à ce moment-là.
04:03
C'est des jeunes qui ont entre 18 et 30 ans, qui sont marginalisés,
04:06
qui ont commencé à se livrer à des pillages, des machettes à la main,
04:10
souvent à la tombée de la nuit, le plus souvent en groupe, aux abords des marchés.
04:13
Il y a aussi des rivalités entre bandes.
04:15
En 2020, cette vidéo qu'on voit à l'écran avait circulé.
04:18
Elle montre de bandes de bébés noirs s'affronter à coups de machette dans la ville de Brasaville.
04:25
Ces gangs sont également accusés de consommer des drogues, du tramadol, du cannabis.
04:30
Et dans l'opération qui est en cours, il y a eu plusieurs destructions de maisons entières.
04:33
Les autorités nous disent que c'est des maisons qui appartenaient à des coulunas
04:38
ou qui étaient sans doute considérées comme des fumoirs.
04:40
Ce n'est pas forcément ce que disent les gens qui sont interrogés devant la maison détruite.
04:43
Des gens disent avoir perdu leur maison sur simple soupçon
04:45
qu'un couluna aurait pu vivre là ou faire partie de la famille.
04:49
D'après eux, toute la famille entière a été punie.
04:52
Très difficile de vérifier évidemment ces informations.
04:55
Que disent les autorités aujourd'hui ?
04:56
Il faut noter que cette opération n'a pas été annoncée.
04:59
En fait, ça a commencé quelque part fin septembre.
05:01
Nous, sur notre numéro WhatsApp pour les observateurs,
05:02
on a commencé à ce moment-là à recevoir des alertes,
05:05
des vidéos comme celles que j'ai pu vous montrer.
05:08
On a vu que sur les réseaux sociaux, ça apparaissait en même temps.
05:11
Et en fait, il a fallu attendre un mois pour que le président de la République
05:14
parle de cette opération.
05:16
Denis Sassou Nguesso a réagi.
05:18
Il a confirmé avoir déployé la direction générale de la sécurité présidentielle.
05:23
Selon lui, les autres unités de police qui étaient en charge de la traque des coulunas
05:26
ne faisaient pas assez efficacement leur travail.
05:29
L'opération, je cite, patinait un peu.
05:31
Et donc, il a décidé d'employer la manière forte.
05:34
Voilà, c'est ce qu'il a dit à peu près un mois après le début de cette opération.
05:37
De notre côté, on a pu joindre une source proche des autorités
05:40
qui nous a affirmé que l'opération était motivée par le fait que les autorités
05:44
ne voulaient pas que le Congo-Brazzaville devienne, je cite, un nouvel Haïti.
05:48
C'est une référence qui est faite au fait que Port-au-Prince,
05:50
la capitale d'Haïti, est contrôlée en grande partie,
05:52
en tout cas presque une moitié d'entre elles, par des gangs.
05:56
C'est une référence qui est peut-être un peu exagérée.
05:59
Il faut quand même rappeler qu'à Port-au-Prince, effectivement,
06:01
les gangs contrôlent les quartiers entiers.
06:03
Ce n'est pas le cas à Brazzaville.
06:04
Et ces gangs sont très lourds de mort à mec, des armes automatiques, des armes à feu,
06:06
ce qui, a priori, n'est pas le cas non plus au Congo-Brazzaville.
06:09
Concernant les exécutions sommaires, cette même source nous dit, je cite,
06:13
« Le terme exécution sommaire doit être documenté.
06:15
Au stade où on est, l'opération est proportionnée.
06:18
Ils ne sont pas par principe exécutés, mais sont interpellés.
06:20
C'est quand ils résistent que ça dérape. »
06:23
Comme préciser que sur les réseaux sociaux, nous, on a vu plusieurs fois des images
06:26
de personnes abattues avec les mains ligotées dans de l'eau,
06:30
ce qui laisse quand même à penser qu'elles n'avaient pas opposé de résistance,
06:32
en tout cas qu'elles étaient maîtrisées au moment où elles ont été manifestement abattues.
06:36
Et les autorités, elles ont été interpellées, j'imagine, sur ces soupçons d'exécution sommaire ?
06:41
Oui, il y a une partie de la société civile qui tente de lever un peu la voix
06:44
autant que faire se peut au Congo-Brazzaville.
06:46
Nous avons pu joindre Trésor, Nzila, qui est le directeur du Centre d'action pour le développement.
06:51
Pour lui, il faut s'attaquer aux causes qui ont donné naissance à ces gangs.
06:54
Je vous propose d'écouter un extrait.
06:56
Il y a la question des chômages, il y a le décrochage d'un sous-scolaire,
07:05
il y a la précarité au niveau des familles, il y a la faiblesse de l'appareil judiciaire,
07:13
la faiblesse au niveau des forces de défense et des sécurités.
07:17
C'est tout ça qu'il faut analyser pour apporter une réponse à ce problème.
07:24
Pour finir, Corentin, est-ce qu'on sait aujourd'hui si cette opération va durer ?
07:30
Est-ce qu'elle a un objectif chiffré, surtout ?
07:33
On ne sait pas.
07:34
Les autorités communiquent peu dessus et quand elles communiquent,
07:37
elles ne donnent pas de chiffres, pas d'objectifs.
07:39
On ne sait pas quand ça va s'arrêter.
07:40
Ça commence à Barzaville, ça s'est étendu à d'autres villes.
07:44
On ne sait pas combien de personnes ont été interpellées,
07:45
on ne sait pas combien de personnes ont été tuées,
07:47
on ne sait pas ce que deviennent les personnes interpellées.
07:49
Ça fait partie aussi des critiques de cette opération.
07:51
D'autres critiques pointent du doigt le fait que cette opération a lieu à quelques mois.
07:54
La prochaine élection présidentielle qui est prévue au mois de mars 2026
07:58
et à laquelle, sauf surprise, le président Denis Sassou-Nguesso,
08:02
82 ans dans quelques jours, devrait être candidat pour un cinquième mandat consécutif.
08:06
Merci beaucoup Corentin.
08:08
On peut retrouver votre article et tout le travail des observateurs
08:11
sur le site de France 24, www.france24.com.
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