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00:00On va reprendre la direction de Beyrouth, retrouver Joseph Baout, bonsoir, vous êtes professeur de sciences politiques,
00:04directeur de l'Institut Issam Fares de politique publique et d'affaires internationales à l'Université américaine de Beyrouth.
00:09Merci d'être avec nous ce soir sur cette question du désarmement du Hezbollah.
00:14Le cessez-le-feu prévoit qu'il ait lieu d'ici la fin de l'année, c'est-il isoire d'y croire ?
00:21D'abord, sur la date précise, l'accord du 24 novembre, il y a presque un an jour pour jour, ne prévoit pas de date précise.
00:31Il parle d'un plan en phase et ce plan en phase, en multiple phase, a été détaillé par l'armée libanaise il y a quelques mois,
00:40le 7 septembre de l'été passé devant le Conseil des ministres libanais.
00:44Un plan en cinq phases qui commencerait par le sud du Litani, c'est-à-dire en dessous de la rivière du Litani,
00:51donc la zone frontalière, ou même de l'avis de l'armée américaine, du SENTCOM américain.
00:58Je crois que votre correspondant à Beyrouth le disait, 80 à 85 % de progrès ont été réalisés par l'armée libanaise.
01:05Le problème reste au-dessus de la rivière Litani, c'est-à-dire dans l'intérieur du territoire libanais,
01:11avec le désarmement du Hezbollah qui là devient plus une affaire politique qu'une affaire militaire, je dirais, ou technique.
01:20Le problème, c'est que dans l'esprit américain et très fortement dans l'esprit israélien, il y a une date butoir.
01:28Vous en parliez tout à l'heure, l'un de vos correspondants en parlait tout à l'heure,
01:32mais elle n'est pas explicitement acceptée par la partie libanaise et c'est là un peu que se situe ce bras de fer qui est en train de se jouer aujourd'hui.
01:39Mais ce qui est dit ici et là, c'est qu'il y a une date butoir pour la fin du désarmement au sud du Litani,
01:47qui est la fin de l'année 2025, donc dans un mois.
01:50Et techniquement, je crois que cela ne sera pas achevé, c'est impossible.
01:53Et il y a une autre date butoir qui est celle de l'été 2026,
01:57date à laquelle, en principe, la totalité de l'arsenal du Hezbollah devrait être remise à l'État libanais
02:03et le parti, le Hezbollah, devrait à ce moment-là voir sa transformation en quelque chose d'autre.
02:10Personne ne sait exactement ce que c'est.
02:12Donc en fait, ce qui se passe aujourd'hui, et cette campagne d'escalade qui n'est pas nouvelle,
02:16comme vos deux correspondants l'ont dit, elle date depuis le jour 1 après le cessez-le-feu,
02:21elle vise aujourd'hui à dire à l'État libanais,
02:23si vous ne faites pas vous-même le boulot que vous avez décidé de faire
02:27et auquel vous vous êtes engagé le 24 novembre de l'année passée,
02:31Israël fera ce job avec l'appui américain qui est dit parfois explicitement.
02:37Précisément sur l'appui américain,
02:38dans quelle mesure les États-Unis peuvent faire pression des États-Unis
02:41qui n'ont pas, on le rappelle, obtenu d'Israël des garanties
02:44sur une fois que ce désarmement du Hezbollah aurait lieu ?
02:50Alors c'est justement l'argument de l'État libanais aujourd'hui
02:52et un tout petit peu celui du Hezbollah,
02:55c'est-à-dire de dire que le Liban, la partie Liban a déjà, je dirais,
03:00fait son devoir en démantelant les infrastructures du Hezbollah au Liban Sud,
03:05en cessant toute frappe puisqu'il n'y a pas une seule balle tirée par le Hezbollah
03:10sur Israël depuis le 24 novembre passé,
03:13alors qu'Israël qui devait durant cette première étape
03:15qui est déjà dépassée dans le temps s'être retirée des cinq points
03:19qu'elle occupe au sud Liban, libérer les 35 à 37 prisonniers du Hezbollah
03:24qu'elle détient toujours,
03:25et commencer sous l'égide d'une commission conjointe franco-américaine
03:30dans laquelle siège des militaires américains et israéliens
03:33la délimitation des frontières terrestres entre le Liban et Israël,
03:38qui sont en fait la pierre d'achoppement.
03:40Jusque-là, les Américains refusent explicitement,
03:44et ils le disent au Liban,
03:45de faire quelque pression que ce soit sur Israël
03:47pour obtenir cette contrepartie,
03:50en arguant du fait que le Liban est trop lent
03:53et fait preuve de procrastination
03:55dans le ramassage des armes au sud du Litanie.
03:58Donc on est en fait dans une sorte de cercle vicieux
04:01qui est aggravé, comme vous le dites très bien,
04:03par, je dirais, la passivité américaine, pour ne pas dire plus,
04:07qui est une sorte de feu vert israélien, en fait,
04:10à probablement, si on continue comme ça,
04:13la reprise des hostilités et d'une campagne beaucoup plus forte
04:16qui ressemblerait à celle de septembre d'il y a un an, un an et demi.
04:20Le Hezbollah qui sort très affaibli de ce conflit avec Israël.
04:25On est un peu plus d'un an maintenant après la mort de Hassan Nasrallah.
04:28Comment se porte la milice chiite ?
04:31Je crois que sur cette question, franchement, très modestement,
04:35très peu de gens sur cette planète pourraient vous répondre.
04:39Je crois que seuls, probablement, certains membres très éminents
04:42de services de renseignement ici et là ont des réponses précises à cette question.
04:47On ne sait pas.
04:48Le Hezbollah, depuis les frappes de septembre passées,
04:51est devenu une sorte de boîte noire dans laquelle il est très difficile
04:54de lire, non seulement militairement et techniquement,
04:57l'état de la force qui reste,
04:59mais politiquement aussi l'état d'esprit des dirigeants de la milice,
05:03leurs inclinaisons, leurs rapports avec l'Iran.
05:07Qu'est-ce que demande exactement l'Iran aujourd'hui au Hezbollah ?
05:09Tout cela est du domaine de l'hypothèse.
05:12Mais ce qu'on peut dire, en tout cas,
05:13c'est que la capacité du Hezbollah de riposter de façon stratégique
05:17et douloureuse sur Israël est aujourd'hui, à mon avis,
05:20très largement entamée, sinon complètement finie.
05:25Ce qui reste, justement, c'est l'autre partie du Hezbollah,
05:28c'est-à-dire un Hezbollah qui garde une capacité, je dirais,
05:32de nuisance à l'intérieur du territoire libanais,
05:35sur la scène politique libanaise.
05:37Et pour Benjamin Netanyahou, qui cherche à continuer, en fait,
05:41sa campagne guerrière ouverte après le 7 octobre,
05:44que ce soit au Liban, en Iran ou même en Syrie,
05:47le Hezbollah est un argument, je dirais, de choix
05:50pour qu'il continue à faire peser une tension dans l'ensemble de la région.
05:54Je vous remercie beaucoup, Joseph Baoud, d'être intervenu ce soir
05:57sur l'antenne de France 24.
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