00:00Il est 7h49 sur France Inter et Benjamin Duhamel, votre invité, est ministre des armées et des anciens combattants.
00:07Bonjour Catherine Vautrin.
00:08Bonjour Benjamin Duhamel.
00:09Merci d'être avec nous ce matin sur France Inter, au lendemain du déplacement du président ukrainien Volodymyr Zelensky en France
00:15et de l'annonce d'un accord présenté comme historique, c'est 100 avions Rafale vendus à l'Ukraine.
00:21Sauf que dans le détail, ce n'est pas un contrat signé mais seulement une lettre d'intention.
00:26Est-ce que c'est concret ou est-ce que c'est seulement un effet d'annonce Catherine Vautrin ?
00:30Alors déjà je crois qu'il faut qu'on se rappelle que nous sommes le 18 novembre, c'est le 1364ème jour de guerre pour l'Ukraine.
00:37C'est dire déjà l'importance à la fois pour les populations civiles mais aussi pour l'équipement de ce pays.
00:43Maintenant ce qui s'est passé hier avec la venue du président Zelensky à Paris, c'est incontestablement la volonté du président de la République, du président Zelensky,
00:53non seulement de répondre aux besoins d'aujourd'hui mais de prévoir le demain.
00:56Parce que l'objectif c'est très concrètement d'arriver à un cessez-le-feu, à un accord de paix évidemment et derrière d'équiper l'Ukraine et de régénérer son armée.
01:05A partir de là, la question c'est comment on équipe en matériel et cet accord qui est signé comporte différents éléments.
01:12Vous parlez des Rafales et effectivement des Rafales...
01:15Il y a aussi des systèmes de défense aérienne, un certain nombre de munitions mais simplement Catherine Vautrin pour rester sur l'aspect concret.
01:22En réalité quand on regarde les cadences des usines d'assaut où on est sur 3 ou 4 Rafales produits par mois, il y en a encore 200 à livrer.
01:31Quand est-ce que l'Ukraine verra le début de la couleur d'un Rafale ?
01:35La première question Benjamin Duhamel c'est déjà qu'il y ait négociation entre l'Ukraine et le constructeur qui est d'assaut.
01:42Puisque là nous sommes sur une déclaration d'attention et il est bien écrit que nous sommes dans un espace-temps qui est un espace-temps de 10 ans.
01:49Donc vous le voyez bien, le sujet c'est l'Ukraine dit je suis intéressée pour acquérir des Rafales.
01:55A partir de là je vais travailler sur des discussions.
01:58Ces discussions génèrent des signatures de contrats.
02:01Donc on est encore loin Catherine Vautrin de l'arrivée d'un Rafale en Ukraine ?
02:05Alors on est sur un temps qui a été clairement annoncé qui est un temps de 10 années.
02:10Mais en revanche dans ce contrat il n'y a pas que ça.
02:13Il y a par exemple des choses extrêmement immédiates comme les drones, comme des bombes qui sont là des équipements que l'Ukraine va acheter à très court terme.
02:23parce qu'elle en a besoin dans le contexte actuel.
02:25Vous avez raison de citer ces équipements mais simplement une question.
02:28Vous citez il y a quelques instants le nombre de jours de guerre en Ukraine, la difficulté des soldats ukrainiens sur le front.
02:36S'il y a une telle urgence, pourquoi ne pas aller piocher dans les stocks de l'armée française et aller donner des Rafales tout de suite à une armée ukrainienne qui en a besoin ?
02:42Aujourd'hui vous le savez, la France a donné à l'Ukraine des matériels depuis maintenant plusieurs années.
02:49Nous continuons et là nous sommes.
02:50Et je crois que c'est important de rappeler la philosophie de cet accord.
02:54Cet accord c'est un accord qui est à la fois court terme et long terme.
02:57Pardon mais vous ne répondez pas tout à fait à ma question.
02:59Il y a urgence, il y a effectivement des mirages qui avaient été donnés, des avions mirages.
03:02Les Ukrainiens disent avoir besoin d'avions Rafale.
03:04Pourquoi est-ce que la France ne pioche pas dans ses propres stocks pour donner aux Ukrainiens ?
03:08Aujourd'hui le stock français il est utilisé par la France, vous le savez.
03:12Nous avons 107 avions pour être extrêmement précises aujourd'hui en France dont la France a besoin.
03:17Et donc on n'a pas les moyens d'en donner à l'armée ukrainienne.
03:20Mais ce n'est pas la question.
03:21La question n'a pas été de donner des Rafales à l'armée ukrainienne.
03:25La question elle a été d'accompagner l'armée ukrainienne au fur et à mesure de ses besoins
03:28avec un élément que vous n'évoquez pas qui est extrêmement important.
03:32Qui est aussi, et c'est ça pour la première fois un des éléments,
03:35c'est le financement par l'Ukraine de sa commande.
03:38Donc c'est l'Ukraine qui elle-même finance notamment avec les intérêts des avoirs jugés.
03:46C'est vraiment l'Ukraine qui va financer cette commande ?
03:48Parce que là encore pour ceux qui nous écoutent ce matin,
03:50sans Rafale ça coûte au minimum 10 milliards d'euros.
03:52Et encore si on ajoute les équipements c'est sans doute plus.
03:55L'Ukraine n'a pas les moyens de payer cette...
03:57Mais je vous rappelle que nous sommes...
03:58Qui va payer véritablement ces Rafales ?
04:01Nous sommes sur deux sujets.
04:02Le premier c'était la discussion du contrat.
04:04Le deuxième c'est évidemment le financement.
04:07Le financement, l'Europe a ouvert, vous le savez, le programme CEF
04:11qui est un programme qui permet aux pays de bénéficier d'accompagnement financier.
04:16L'Ukraine bénéficie du programme CEF.
04:19Donc il y a là une réponse très concrète pour l'Ukraine.
04:21Donc il y a des réponses en matière de financement.
04:23Deuxièmement sur le Rafale, on est sur le long terme.
04:26Et c'est ça l'objectif.
04:27Et en même temps, parce qu'il y a une notion d'en même temps,
04:30il y a un besoin immédiat sur des munitions des drones.
04:33Et ça, ça se fait tout de suite.
04:34Sur la question plus générale de l'aide des pays européens à l'Ukraine
04:38dans un moment délicat, où la Russie frappe les sites énergétiques,
04:41où on voit les difficultés sur le front,
04:44il y a un certain nombre de distorsions qui interrogent.
04:46Est-ce que vous savez, Catherine Vautrin,
04:48combien l'Allemagne prévoit de dépenser en 2026
04:50pour l'aide à l'Ukraine dans son budget ?
04:51Alors, je n'ai pas le chiffre exact ce matin,
04:54mais ce que je sais, c'est que...
04:55Je peux vous le donner, c'est 11 milliards et demi d'euros.
04:58Non, alors ça bouge toutes les semaines.
04:59Et ça, c'est le chiffre le plus récent, c'est 11 milliards et demi.
05:01Et je vais vous dire pourquoi je ne vous ai pas donné le chiffre.
05:04Parce que pas plus tard que vendredi,
05:05j'étais à Berlin avec mon homologue
05:07et la réunion des cinq ministres de ce qu'on appelle l'IFI,
05:10c'est-à-dire l'Italie, la Pologne,
05:14la France, l'Allemagne et les Anglais.
05:17Et que, là encore,
05:19les Allemands s'engageaient sur un accompagnement.
05:2111 milliards et demi, là où, dans le budget français en 2026,
05:25on est aux alentours de 120 millions d'euros.
05:28Mais la différence, Benjamin Duhamel...
05:29La France est à la traîne dans l'aide à l'Ukraine ?
05:32Non, parce que la France a fait une autre démarche.
05:33La démarche française, ça a été d'accompagner avec des dons de matériel,
05:38ça a été de la formation.
05:39Je vous rappelle, l'année dernière, à cette époque de l'année,
05:41nous étions avec la brigade Anne de Kiev
05:43et nous avons formé les soldats ukrainiens.
05:46Ce qui veut dire que ce qu'il faut regarder à l'échelle européenne,
05:49c'est la complémentarité de chacun des pays.
05:51Mais donc que l'Allemagne dépense près de 100 fois plus pour l'Ukraine ?
05:56Mais l'Allemagne, aujourd'hui,
05:58fait le choix d'accompagner sur des acquisitions de matériel.
06:02D'autres font le choix, qui sont des choix, de donner du matériel.
06:06Il y a une complémentarité.
06:07Et je crois que ce qui est important,
06:08et c'est ça qu'il faut qu'on retienne ce matin,
06:10c'est comment l'ensemble des pays européens sont engagés pour accompagner l'Ukraine.
06:13Catherine Vautrin, les propos du chef d'état-major des armées
06:15ont été très commentés sur la possibilité d'un choc avec la Russie
06:18à horizon 3 ou 4 ans.
06:20Est-ce que cet accord conclu sur les rafales,
06:23c'est aussi une façon de dire à Vladimir Poutine,
06:24on est prêt à cette confrontation ?
06:26Mais vous savez, les propos du SEMA ne sont pas les seuls.
06:28Prenez une note de l'Institut Montaigne,
06:31sortie il y a deux jours,
06:32qui est une note sur l'OTAN et la Russie.
06:35Quelle est la question ?
06:36La question, elle est effectivement que la Russie se réarme de manière extrêmement importante.
06:40Vous me parliez d'armement.
06:42La Russie, au moment où nous nous parlons, consacre 7% de son produit intérieur brut à son réarmement.
06:47Donc ça veut dire que vous aussi, Catherine Vautrin,
06:49vous travaillez sur une hypothèse d'un conflit direct entre la France, les pays de l'OTAN et la Russie ?
06:53Je vais déjà finir ma phrase, si vous le voulez bien,
06:55en vous disant que dans le même temps,
06:56on a un deuxième élément européen qui est important,
06:58qui est que l'OTAN a évidemment des Européens,
07:02nous sommes la branche européenne de l'OTAN,
07:04et les Américains ont clairement dit aux Européens,
07:06« Vous devez assumer en grande partie la défense du continent européen ».
07:11Et donc, oui, nous devons nous organiser et nous structurer,
07:15parce que pour être respecté, il faut être...
07:17Et donc la France serait prête à un tel conflit ?
07:20La France s'équipe, la France s'entraîne,
07:23et c'est un élément absolument majeur.
07:24Catherine Vautrin, je voudrais qu'on dise un mot d'un sujet
07:26qui ne relève pas à proprement parler de votre portefeuille,
07:29et pourtant, ce matin, Emmanuel Macron réunira à l'Élysée une réunion sur le narcotrafic,
07:33alors sans aller jusqu'à l'exemple américain qui mobilise un porte-avions
07:36pour lutter contre le narcotrafic en Amérique du Sud,
07:39puisque les pouvoirs publics parlent de guerre contre la drogue,
07:43est-ce que les armées ont un rôle à jouer ?
07:45Vous connaissez la mission régalienne qui est celle des armées,
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