Au lendemain des obsèques de Mehdi Kessaci, frère d'un militant écologiste qui lutte contre le narcotrafic, le maire de Marseille, Benoit Payan a dénoncé sur RTL, "un relâchement sur la question du narcotrafic", alors que "l'accent a été mis autour de la poursuite permanente des personnes en situation irrégulière". Face aux "narcoterroristes", il demande "à rétablir une préfecture de police". "Il nous faut des moyens de police judiciaire, scientifique et financière". Écoutez le sentiment de Sabrina Agresti-Roubache, ancienne députée des Bouches-du-Rhône et ancienne secrétaire d'Etat chargée de la Citoyenneté et de la Ville. Regardez L'invité d'Anne-Sophie Lapix du 19 novembre 2025.
00:07Vous êtes conseillère régionale de la région PACA, mais vous avez fait partie du gouvernement et vous êtes ancienne députée des Bouches-du-Rhône.
00:14Vous êtes également proche de la famille d'Amine Kessassi et vous venez de passer du temps avec eux.
00:20On imagine la douleur qu'ils ressentent, mais on entend aussi leur colère.
00:24Mais alors, la chose c'est que leur douleur, vous savez Anne-Sophie Lapix, je n'ai pas encore trouvé les mots et on n'est pas capable, ni vous ni moi, de mettre de vrais mots tellement il est impossible d'imaginer ce qu'ils sont en train de vivre.
00:40Ils ont déjà perdu un enfant en 2020, mais jeudi dernier, ça c'est pour la douleur de la famille.
00:48Et la colère, vous savez, moi je fais partie de ces gens, puisque moi on vient des mêmes endroits, à peu près à Marseille, je ne suis pas du tout de la même génération, j'ai 49 ans.
00:57Je disais encore ce matin, vous savez, on a tellement enterré de morts, c'est-à-dire on a tellement pleuré, des amis d'enfance, et quel que soit X, vous voyez, quel que soit X.
01:06Là, je ne trie pas les assassinats, d'accord ?
01:10De l'autre côté, c'est ce qui a été le moteur de mon engagement politique.
01:13Et je n'ai jamais vécu de la politique, moi, l'engagement, c'est l'engagement du cœur, avec les familles, auprès des familles, pour que, un, on puisse travailler sur l'éducation,
01:23qu'on puisse travailler sur les raisons du basculement de nos jeunes, de cette jeunesse, parce que je pense que si on oublie dans tout ce que l'on doit faire,
01:33c'est-à-dire ce qui est notre mission, quand j'étais au ministère, vous savez, donc j'étais ministre de la ville et de la citoyenneté,
01:38j'ai eu à gérer, donc tout le bas du spectre du ministère de l'Intérieur, avec Gérald Darmanin.
01:42Et là où Gérald Darmanin, sur les opérations Placnet XXL, j'étais évidemment à ses côtés sur le fait de supprimer,
01:50de taper très fort sur les intérêts économiques de ces assassins, c'est-à-dire de ces criminels.
01:56Je parle des opérations Placnet XXL qui nous permettaient en réalité déjà de supprimer des points de deal.
02:02Mais je disais de l'autre côté, si on ne travaille pas sur la prévention de la délinquance, la lutte contre les conduites addictives,
02:07rappelez-vous, j'ai été la première à dire, pas de consommateur, pas de dealer, rappelez-vous le procès qu'on m'avait fait,
02:13rappelez-vous de tout ce qui avait été dit.
02:14Donc les moyens ont été mis et celui, le seul qui s'est penché, et ça a été la raison de mon engagement,
02:20le seul qui s'est penché sur le berceau de Marseille, c'est le président de la République.
02:24On peut lui faire tous les procès de la terre.
02:26Les moyens ont été mis et on doit continuer, c'est-à-dire que, je dis aux Marseillais, n'ayez pas peur, l'État est là et l'État est fort.
02:32Justement, dans sa tribune, Amine, il a signé une tribune au Monde, Amine Kessassi dénonce l'absence de protection des membres de sa famille.
02:42Est-ce qu'ils auraient dû aussi bénéficier de la protection policière qui a été accordée à Amine Kessassi ?
02:48Alors, vous savez, sur les protections policières, et j'en sais quelque chose, personnellement,
02:54vous comprendrez bien l'allusion,
02:56c'est qu'il y a des évaluations UCLAT,
02:59donc ce qu'on appelle l'UCLAT.
03:00Amine, évidemment, a été UCLATÉ, ce qu'on dit dans le jargon UCLATÉ,
03:04et bien sûr mis sous protection policière.
03:06Sa famille est en train de l'être,
03:08tous ceux qui étaient aux obsèques hier avec nous l'ont vu.
03:13La chose, c'est qu'on ne met pas des gens sous protection sur un sentiment,
03:18on le met vraiment sur des faits.
03:20Mais la réalité, c'est que là où ça nous alerte,
03:22là où justement, nous, on a peut-être,
03:25que Mehdi soit mort, on a échoué.
03:28Vous comprenez ?
03:29C'est un échec.
03:30Donc, je pense qu'on ne peut pas,
03:32on n'a pas le droit de se dire que c'est comme ça,
03:37et puis ça va continuer, et puis on va continuer à procéder comme avant.
03:39Non, maintenant, ça, c'est un avertissement,
03:42pour que plus aucune menace, plus aucune menace,
03:45qu'elle soit verbale, une intimidation,
03:47qu'elle soit verbale, écrite sur les réseaux sociaux,
03:51par ces criminels du crime organisé,
03:53qui, du narcotrafic, soient prises,
03:56non pas à la légère, mais qu'on dise,
03:58oui, bon, alors c'est sur les réseaux sociaux,
03:59on ne va pas trop faire attention.
04:01Je comprends la douleur et la colère d'Amine,
04:03je suis tout le temps avec lui, j'étais encore avec lui hier.
04:05Oui, le ministre de l'Intérieur,
04:07comme le procureur de Marseille,
04:09ont parlé d'un point de bascule,
04:11vous parliez d'un avertissement,
04:11ils ont parlé de crime d'avertissement.
04:14Est-ce que vous ne craignez pas qu'à présent,
04:16les narcotrafiquants ne s'en prennent aux magistrats,
04:19aux élus ?
04:19J'imagine que vous-même, vous subissez des intimidations.
04:23Mais c'est encore pas plus tard qu'hier.
04:25On va dire que c'est le quotidien,
04:27et vous savez, j'ai été ministre,
04:28donc c'est pour vous dire que ces gens-là n'ont plus...
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