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  • il y a 4 semaines
Thierry Cotillard, président du groupement Les Mousquetaires, qui détient notamment les magasins Intermarché, en appelle à la responsabilité des politiques face à la fragilité de la situation économique.

Retrouvez « L'invité de 7h50 » de Benjamin Duhamel sur France Inter et sur : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-7h50

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Transcription
00:007h48, Benjamin Duhamel, votre invité, est le président du groupement Les Mousquetaires.
00:05Bonjour Thierry Cotillard.
00:06Bonjour.
00:07Merci d'être avec nous ce matin sur France Inter en cette semaine de rentrée des classes.
00:10Et alors que ceux qui nous écoutent s'inquiètent pour leur pouvoir d'achat,
00:13sont peut-être anxieux quant aux conséquences de l'instabilité politique sur la vie économique du pays.
00:18Comme patron d'une entreprise de grande distribution, Les Mousquetaires,
00:21plus de 3000 points de vente, 160 000 collaborateurs,
00:23vous êtes comme un baromètre de l'état d'esprit des Français.
00:26Qu'est-ce que vous constatez en cette rentrée ? Que voyez-vous chez les Français ?
00:31Alors on sort d'une saison qui s'est plutôt bien portée,
00:34c'est-à-dire que la consommation alimentaire a été au rendez-vous.
00:38On est même en progression, on fait des croissances de 2 à 3%.
00:41C'est aussi l'effet canicule.
00:44Très clairement, on a vendu plus de glace, on a explosé les ventes de brumisateurs.
00:48Mais là on sent, depuis 15 jours, effectivement, depuis ce contexte politique qui est anxiogène,
00:53on sent une consommation qui va être à l'arrêt.
00:54Et les Français réagissent avec deux choses.
00:57Une baisse de la consommation plaisir, c'est pour ça qu'il y a eu moins de gens à aller dans les restaurants cette saison.
01:01Consommation plaisir, ça veut dire les petits achats en plus qu'on s'offre pour les enfants, pour gagner le quotidien.
01:08Exactement, et puis des segments qui sont valorisés, c'est-à-dire le bio ou des achats plaisir.
01:12Et puis, vous le savez, le Français qui épargne parce qu'inquiétude de demain,
01:15quelle sauce je vais te manger, quelle nouvelle taxe, quel nouvel impôt.
01:18Et donc on est à 19% d'épargne, c'est énorme, c'est 5 fois de plus que tous nos voisins européens.
01:22C'est important ce que vous nous dites ce matin, Thierry Cotillard.
01:24Depuis 15 jours, vous sentez que la consommation marque le pas.
01:28Ça veut dire que ce climat anxiogène, l'instabilité politique, elle crée de l'instabilité économique
01:34et elle a un impact sur la consommation des Français.
01:36Très clairement, et on sent une situation économique qui est fragile.
01:39Elle est encore portée par la consommation, notamment alimentaire.
01:43Mais on sent la prudence.
01:44Vous avez eu le rendez-vous du MEDEF, donc on a senti des chefs d'entreprise qui le disent.
01:48Prudence à investir, prudence à embaucher.
01:50Et puis, je viens de vous le dire ce matin, prudence des consommateurs à consommer.
01:55Parce que, bien évidemment, ce climat, il n'est pas bon.
01:57Nous, ce qu'on a besoin, les chefs d'entreprise, c'est de stabilité, de confiance, d'un budget.
02:03C'est bien l'inquiétude qu'on a, est-ce qu'on va en avoir un ?
02:05Et puis, on appelle à la responsabilité des politiques.
02:09C'est-à-dire que la France n'a pas cette culture du compromis politique.
02:12Il faudrait en avoir une parce que, nous, les mousquetaires, on est au Portugal, on est en Belgique, on est ailleurs.
02:17Il y a eu les mêmes crises.
02:18Et bien, la consommation, elle repart et l'économie se porte beaucoup mieux.
02:21Donc, ce que vous voulez dire ce matin, Thierry Cotillard, au responsable politique, c'est
02:23mettez-vous d'accord, ne jouez pas au D la stabilité politique du pays.
02:29Sinon, vous en paierez les conséquences sur les chiffres de la croissance.
02:33Mais on est tous en train de le payer.
02:34La note de la France est dégradée, donc la dette de la France coûte plus cher.
02:38Par ricochet, les entreprises qui enlèvent de la dette, c'est plus cher.
02:41Et les ménages paieront plus cher leurs emprunts.
02:43Donc, c'est catastrophique.
02:44J'entendais votre collègue Michel-Éloire Leclerc sur France 2 qui dénonçait la dramaturgie
02:49de la dette qui inquiète les consommateurs.
02:51Est-ce que vous trouvez que les responsables politiques, ils en font trop au risque d'inquiéter
02:54les Français ?
02:55Bien sûr, on en fait des tonnes.
02:57On ne parle que de mauvaises nouvelles.
03:00On ne parle pas de confiance.
03:00Nous, ce qu'on a besoin, c'est par exemple de dire que cette rentrée, elle coûte moins cher.
03:04En même temps, les chiffres sont là.
03:06Les chiffres de la dette et du déficit, ils ne sont pas inventés.
03:08J'entends, mais sur la consommation, par exemple, on ferait mieux de dire qu'en ce moment,
03:12on a une rentrée qui coûte beaucoup moins cher que l'année dernière parce qu'on a acheté
03:15moins cher le papier, tout a baissé.
03:17Et on a un sujet de précarité sur les étudiants.
03:20Et donc, c'est des sujets qu'il faut absolument adresser pour que la France se porte mieux.
03:24Au cœur des débats, Thierry Cotillère, il y a la question de la contribution des plus aisés
03:28à l'effort national, les particuliers, les entreprises.
03:30Comme chef d'entreprise dans la grande distribution d'une ancienne bien connue des Français,
03:33je le rappelle, les mousquetaires.
03:35Est-ce que vous dites qu'on est prêt à un effort aussi pour précisément arriver
03:39à ce consensus, au fait d'avoir un budget et de ne pas avoir un effet sur la conjoncture ?
03:45La vérité, c'est qu'on est tous prêts à faire des efforts.
03:48Mais franchement, il y en a marre.
03:50Il y en a marre de penser que la solution, c'est soit un impôt, soit une taxe,
03:54parce qu'on fait partie des pays qui sont les plus taxés.
03:56Et puis ça suffit, ce concours, l'épine de la nouvelle taxe.
04:00Parce que nous, quand on gère nos boîtes, nos entreprises, vous savez ce qu'on fait ?
04:02On regarde la ligne du haut.
04:04C'est-à-dire, c'est quoi le plan de croissance de la France ?
04:06Quel secteur on relance ? Est-ce qu'il n'y a pas un sujet ?
04:08Pardon, Thierry Cotillère, mais vous êtes contradictoire.
04:10Vous commencez la phrase en disant qu'on est prêt à des efforts,
04:12mais par contre, il y en a marre des impôts.
04:13C'est quoi un effort dans ce cas-là ?
04:14L'effort, si vous voulez, c'est pour ça qu'il y a un ras-le-bol
04:16et que le 10 septembre, ça va s'exprimer,
04:18c'est qu'on s'attaque à la France qui bosse.
04:20C'est-à-dire qu'on aurait aimé que le gouvernement propose lui-même de faire des économies.
04:25On sait qu'il y a des surréglementations,
04:27on sait qu'il y a des surcouches administratives
04:28et on pense qu'il y a des économies à aller chercher.
04:30Bercy a dit, le besoin est de 45 milliards,
04:32il y a 90 milliards à aller chercher sur ces sujets.
04:35Donc oui, on est prêt, évidemment, à participer à l'effort national,
04:39mais on aimerait bien que la dette publique baisse, pour montrer l'exemple,
04:42mais Thierry Cotillard, participer à l'effort national,
04:45cela peut vouloir dire accepter une contribution,
04:48faire en sorte que les entreprises qui marchent,
04:50eh bien, pendant peut-être une durée donnée,
04:53acceptent de payer un peu plus d'impôts.
04:55Ça, on est prêt à l'accepter
04:56et à mon avis, ce sera à mon avis dans les propositions
04:59qui arriveront dans les semaines qui viennent, vous verrez.
05:01Thierry Cotillard, un mot sur l'évolution des prix dans les mois qui viennent.
05:04Les Français sont encore traumatisés par l'hyperinflation d'il y a deux ans.
05:08Est-ce qu'avec les tensions internationales sur l'énergie,
05:11les consommateurs doivent s'attendre à ce que les prix continuent d'augmenter ?
05:14C'est toujours difficile, on prend parfois les patrons de la grande distribution
05:17comme des sortes de Madame Irma qui regarde la boule de cristal,
05:19mais ceux qui nous écoutent ce matin,
05:21veulent savoir comment ça va évoluer dans les mois qui viennent.
05:25Alors, déjà, il faut savoir qu'on négocie une fois par an les prix de l'alimentaire.
05:30Cette année, on est sur une légère inflation, une stabilité autour d'un pour cent.
05:34Beaucoup de produits ont baissé, les pâtes, les champignons, on l'a dit.
05:36Mais vous avez des produits pénuriques comme le jus d'orange, le café, le chocolat.
05:40Donc, tout ça, ça a pris 10%.
05:41On a pris aussi la taxe soda qui a augmenté tous ces produits-là.
05:45Donc, stabilité et la lecture qu'on a pour l'année prochaine.
05:48Donc, les prix, j'ai envie de vous dire, jusque février de l'année prochaine ne devraient pas bouger.
05:52Eh bien, c'est l'espoir d'une stabilité ou une légère inflation avec un point qui est quand même très positif.
06:00C'est un prix de l'essence qui a quand même baissé.
06:02On retrouve les niveaux d'avant-conflits ukrainiens.
06:04Et ça, c'est une excellente nouvelle pour la consommation.
06:06Donc, ce matin, pas trop d'inquiétudes sur les chiffres de l'inflation qui sont, d'ailleurs, en cette rentrée, plutôt méprisées.
06:12Il ne se passera rien dans les six mois qui viennent.
06:13Thierry Cotillard, il y a un produit qui, en tout cas, n'est pas frappé par l'inflation dans certaines enseignes.
06:18C'est le moins qu'on puisse dire.
06:19Vos concurrents Aldi et Lidl ont proposé une baguette de pain à 29 centimes.
06:2529 centimes, c'est quoi ? C'est un geste pour le pouvoir d'achat ou est-ce que c'est une provocation vis-à-vis des agriculteurs,
06:33vis-à-vis des artisans boulangers qui ne peuvent pas se permettre de vendre une baguette à ce prix-là ?
06:39Je crois que c'est une stratégie commerciale de produits d'appel.
06:42C'est effectivement la volonté de créer du trafic sur un produit emblématique.
06:45La baguette en France, vous imaginez bien, tout le monde connaît son prix.
06:49D'autres enseignes l'ont fait.
06:51Leclerc l'avait fait en son temps, cela avait aussi créé la polémique.
06:54On a cette responsabilité à chaque fois de trouver l'équilibre entre le prix le plus accessible,
06:59mais le prix pas à tout prix parce que derrière vous avez un agriculteur, derrière vous avez un céréalier.
07:04Et donc c'est un problème ou pas la baguette à 29 centimes ?
07:06C'est une attente des Français et donc je comprends la proposition qui soit faite.
07:11Et chez les indépendants, vous avez des collègues chez moi qui sont à ce niveau-là
07:14et c'est tout à fait normal pour répondre à l'attente des plus démunis.
07:18Là encore Thierry Cotillère, comment est-ce qu'on peut expliquer que la grande distribution est soucieuse des marges des agriculteurs,
07:24du véritable prix de l'alimentation et proposer comme ça une baguette à 29 centimes ?
07:28Il y a quelqu'un qui y perd quand la baguette est à ce prix-là ?
07:31Il y a quelqu'un qui y perd, mais nous en fait on a aussi des volumes qui sont...
07:35On a la chance d'avoir nos propres moulins, donc des volumes d'achats qui sont conséquents
07:39et les économies d'échelle sont faites sur notre outil de production et ça permet d'atteindre ces niveaux de tarifs.
07:44Ça envoie vraiment le bon signal une baguette à ce prix-là ?
07:45Ce n'est pas le meilleur des signales, la réalité ce n'est pas le meilleur des signales.
07:49Moi j'ai la chance d'avoir aussi une petite activité en boulangerie artisanale
07:53et je trouve qu'en fait la bonne proposition c'est d'avoir un prix agressif
07:57et puis d'avoir la tradition à 89 centimes et de laisser le choix aux consommateurs
08:01de faire un acte citoyen en achetant la baguette un peu plus chère.
08:04Un dernier mot pour finir Thierry Cotière, alors que le gouvernement de François Bayrou
08:08va vraisemblablement chuter lundi prochain, certains parlent déjà de gouvernement technique.
08:12On ne devrait pas tarder à reposer la question à Michel-Éloire Leclerc de savoir s'il est prêt, oui ou non,
08:15à se lancer en politique, à aller à Matignon, pourquoi pas être candidat en 2027.
08:21Un patron à la tête de l'entreprise France, ce serait une bonne idée ?
08:26C'est un raccourci, c'est un raccourci.
08:28Ce qui serait bien, je ne sais pas si un patron est capable de ça parce qu'évidemment c'est un autre métier
08:32et tous ceux qui s'y sont exercés, employés, se sont en gros pris un échec.
08:38Mais ce qui ferait du bien c'est que tous les technos qui sont dans les bureaux de Bercy
08:44et dans les ministères connaissent la vraie vie et aillent en entreprise.
08:46Et ça c'est quelque chose qui est un vrai sujet et le sujet c'est évidemment de faire une passerelle
08:53certainement entre l'administration et la fameuse ENA et l'entreprise et ça ça n'existe pas
08:56et ça faudra faire à mon avis bouger les choses pour évoluer dans un monde meilleur.
09:01Merci beaucoup Thierry Cotillard qui appelle donc ce matin les politiques à trouver un compromis
09:04pour qu'il y ait un budget.
09:05Merci Benjamin Duhamel 7h57
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