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  • il y a 2 jours
Chaque week-end, Emilie Broussouloux vous accompagne de 22h à 00h dans BFM Grand Soir.

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00:00On va poursuivre justement sur ce sujet-là et notamment sur le thème de la sécurité, puisqu'il va être au cœur de la campagne des municipales.
00:08Regardez ce sondage exclusif IFOP pour la tribune dimanche.
00:11La sécurité, c'est le sujet qui préoccupe le plus les Français en vue des élections municipales.
00:16Pour 76% des personnes interrogées, la sécurité, c'est devenu la priorité numéro un.
00:22Est-ce que ça vous choque ? Parce que c'est la première fois que l'on voit la sécurité en thème numéro un.
00:29C'est la première fois ?
00:30Oui.
00:31C'est normal que les gens soient inquiets.
00:37La prise de conscience sur le trafic de drogue, elle date très précisément de la commission d'enquête du Sénat,
00:44qui tout d'un coup, en direct à la télévision, a entendu...
00:48Moi, je me souviens très bien de cette journée, c'était la journée d'audition des magistrats marseillais.
00:52Il y avait le procureur, le président du tribunal, les juges d'instruction en charge de ces dossiers.
00:56Ils sont arrivés en disant, attention, attention, on est...
01:01Ils avaient flairé déjà des phénomènes, parce qu'on n'est pas non plus à une situation mexicaine, il ne faut pas exagérer.
01:06Au Mexique, ils attaquent les commissariats avec alarmes lourdes.
01:08Donc, on n'est pas tout à fait là, même si, effectivement, ça rapporte 7 milliards d'euros depuis des dizaines d'années, monsieur Lohse.
01:18Depuis des dizaines d'années.
01:19C'est-à-dire, c'est un phénomène qui monte, c'est de l'eau qui monte depuis longtemps.
01:23Vous alertez, tout le monde alerte.
01:25Sur ce plateau, tout le monde alerte depuis des dizaines d'années sur ce phénomène.
01:29On est les premiers consommateurs.
01:31On est les premiers consommateurs de l'Europe de cannabis.
01:35Donc, oui, il y a du trafic de cannabis.
01:37On ne sait pas endiguer et on ne sait pas du tout s'occuper ni de blanchiment.
01:42Il y a de nuit certains quartiers, il y a des zones entières, on parle de police municipale,
01:46mais il y a des zones entières de régions parisiennes où il y a une voiture de police la nuit.
01:51Donc, en réalité, non, on n'est pas du tout armés.
01:54On ne s'intéresse au narcotrafic que depuis 2023 et la guerre des aides mafrières à Yoda.
02:00Vous voudriez juste attirer votre attention sur le fait que la lutte contre le trafic de drogue arrive en cinquième position.
02:06On différencie bien ça de la sécurité des personnes et des biens qui arrivent en première position.
02:12Abel Boyi, c'est...
02:13En réalité, c'est lié.
02:14C'est vrai que quand vous discutez avec monsieur et madame Tout-le-Monde,
02:17il n'est pas rare d'entendre, si quelqu'un me fait une queue de poisson,
02:19je ne réponds pas parce que j'ai peur de me prendre un coup de couteau parce qu'il y a une tension.
02:22Mais c'est vrai que par rapport à tout ce qui est le trafic de drogue, il ne faut pas le minorer.
02:26D'autant plus qu'on est face à une diversification de la délinquance.
02:29Vous avez le trafic de drogue qui est lié au trafic d'armes
02:32et il y a le fléau de la prostitution des mineurs qui est encore un sujet tabou
02:35parce que vous avez une demande criminelle et pédocriminelle
02:38qui est de plus en plus importante en France
02:40avec, pareil, des enfants victimes d'exploitation sexuelle
02:43que vous trouvez dès l'âge de 10, 11, 12 ans.
02:46Moi, j'ai eu à accompagner des cas.
02:47Vraiment, ça vous fait froid dans le dos.
02:49Et quand les jeunes vous racontent ce qu'ils vivent, vous avez l'impression que vous sortez d'un film hollywoodien.
02:54Donc aujourd'hui, il n'y a plus de limites.
02:56Et il ne faut pas minorer comme ça a été dit ce qui est en train de monter en puissance
02:58parce que lorsque vous allez notamment sur Snapchat, sur TikTok
03:01et lorsque vous allez sur les messageries cryptées, on parle beaucoup de Telegram.
03:05Mais vous avez des messageries encore mieux cryptées que Telegram.
03:08Vous avez Delta Chat, par exemple, qui est très peu connue,
03:10sur lesquelles les narcotrafiquants, les pédocriminels
03:13et aussi les proxénètes, des proxénètes qui, des fois, n'ont que 15, 16 ans, sont dessus
03:17et passent sous les radars de tout le monde
03:19et sont en train d'orchestrer cette économie parallèle
03:22de la manière la plus effroyable qui soit.
03:24Pardon, mais je pense que dans le sondage, ça fait référence
03:27puisqu'il y a quand même un item de trafic de drogue.
03:29Ces 76%, c'est aussi de la violence banale du quotidien.
03:35Oui, bien sûr.
03:35Qu'est-ce que ça inclut, en gros, là ?
03:36Quand on voit sécurité des personnes et des biens dans...
03:39Est-ce qu'il y a des filles dans l'espace public
03:41qui passent une certaine heure dans certains endroits ?
03:43Est-ce que c'est compliqué d'être une fille dans certains endroits
03:46à certains moments de la journée ?
03:47Est-ce qu'on peut s'habiller comme on veut dans ce pays
03:50ou est-ce que vous avez lu, comme moi, des dizaines d'articles
03:53de femmes qui expliquent, d'étudiantes qui expliquent
03:55qu'elles mettent un jogging large, etc.,
03:57avant d'aller en soirée, qu'elles ont dans un sac ?
03:59Ils le faisaient déjà il y a 30 ans.
04:00Bah, écoutez...
04:01Bah, oui, je peux vous le confirmer.
04:03Oui, mais c'était déjà grave il y a 30 ans.
04:05Le problème, c'est que ça s'accélère.
04:06On voit bien dans les statistiques officielles, par exemple,
04:08les combriolages, ça baisse,
04:10mais les atteintes physiques aux personnes, ça augmente.
04:12Donc c'est ça qui nourrit cette impression
04:15qui n'est pas qu'un sentiment.
04:16Les combriolages baissent ?
04:17Dans la sécurité, oui, les violences...
04:19Ça augmente un peu.
04:20Non, mais les violences...
04:21Ça augmente le plus, le plus, le plus, le plus.
04:22Dans les violences, c'est les violences intrafamiliales.
04:25Tout ce qui est violences sexuelles et violences intrafamiliales,
04:28ça, ça augmente le plus, c'est-à-dire plus de 10%.
04:31Les violences aux personnes physiques, ça a beaucoup augmenté,
04:34ça augmente encore.
04:36Mais ça n'augmente pas de 10% comme les dernières années,
04:38ça augmente de 3% l'année dernière.
04:40Mais ce qui augmente, qui flambe,
04:42c'est les violences sexuelles
04:43et les violences sur les mineurs dans le cadre familial.
04:47Alors c'est vrai que dans le cadre familial,
04:49on n'est pas dans la rue.
04:50Mais ça, c'est les statistiques.
04:52Oui, oui, monsieur Loz.
04:54Oui, sachant que l'outil statistique a été changé
04:56trois fois en dix ans.
04:57Oui, mais si on n'a pas de bon thermomètre...
04:59C'est un gros problème.
05:00Oui, ça c'est vrai.
05:01Si on n'a pas de bon thermomètre,
05:02il n'y a qu'à tirer l'échelle.
05:03Eh bien sûr.
05:04Et puis, moi, je pense effectivement que la violence augmente.
05:07Alors on a eu en 2023 des émeutes urbaines sans précédent,
05:11d'une gravité sans précédent.
05:13On a eu énormément de chance de ne pas avoir beaucoup plus de morts.
05:17Énormément de chance dans ces émeutes de 2023.
05:20Après, les atteintes sur le temps court,
05:22bien sûr, on peut avoir des baisses, des hausses, etc.
05:25Vous avez raison, sur les violences intrafamiliales
05:27qui sont souvent révélées, parce qu'elles existaient parfois avant,
05:30sont révélées par l'action des services,
05:32parce que les femmes osent déposer plainte plus facilement,
05:36parce qu'elles y sont encouragées dans les commissariats,
05:38dans les brigades de gendarmerie,
05:39par les associations qui font un travail remarquable.
05:42Mais sinon, la violence en général,
05:45sur ce qui est intéressant, c'est le temps long en France,
05:48a fortement augmenté et elle affecte la qualité de vie des Français.
05:53D'ailleurs, les dépenses de sécurité privée,
05:55les dépenses d'alarme, les dépenses d'assurance sont explosives.
05:59Et dans ce pays, par exemple, on ne connaît pas le coût de la délinquance.
06:04C'est-à-dire, ni la Cour des comptes, ni l'INSEE n'évaluent le coût de la délinquance.
06:08Ce serait quand même intéressant d'évaluer le coût de la délinquance.
06:10Mais ni la police, M. Lowe, ni la police,
06:12qui vit sur une carte administrative qui date quasiment de la Révolution française.
06:16Vous savez que le découpage police et gendarmerie,
06:19et puis en plus, à défaut d'outils statistiques sur sa zone,
06:23les commissariats, il y a une inégalité.
06:25Les Français sont dans une situation d'inégalité absolue
06:28sur le nombre de gendarmes ou de policiers qui travaillent à leur proximité.
06:32Et de policiers municipaux.
06:33Et de policiers municipaux.
06:34C'est dans des rapports de 1 à 20.
06:36Il y a des endroits en France où la nuit, il n'y a aucun policier, aucun gendarme.
06:41Bien sûr qu'il y a un manque de moyens que nous avons dénoncé,
06:44mais ce n'est pas qu'un problème de moyens, c'est aussi un problème de pilotage,
06:48de coordination entre la politique pénale des parquets,
06:52la politique de sécurité du ministère de l'Intérieur.
06:53Et ça, ça concourt à un sentiment d'insécurité.
06:55Et le travail que font les maires de leur côté.
06:58On a archipélisé des moyens, on ne les pilote pas,
07:01on ne les coordonne pas, et c'est effectivement du toujours plus.
07:05Bien sûr qu'on a besoin de...
07:06On rajoute, on rajoute, on empile,
07:08et on n'a pas, d'ailleurs, chaque ministre de l'Intérieur depuis 20 ans,
07:12on sait qu'il faudrait s'attaquer à la carte administrative,
07:15c'est-à-dire où est-ce qu'on met des commissariats,
07:17comment on réimplante les commissariats, les gendarmeries.
07:20Toulouse, par exemple, il y a ces zones police au milieu,
07:22et puis tout autour, c'est encore des gendarmeries,
07:25c'était des villages, il y a 30 ou 40 ans.
07:27– Oui, donc pour vous, c'est complètement dédié.
07:28– C'est une discussion un peu administrative.
07:30– Non, mais ça a évolué.
07:31– C'est le phénomène culturel aussi.
07:31– Non, mais ça, c'est le sentiment d'insécurité.
07:33– Le sentiment d'insécurité, il est très corrélé,
07:37il est très corrélé à ce qu'on voit autour de nous,
07:41des policiers, des gendarmes.
07:42– Non, mais il est aussi corrélé au fait qu'on voit des gamins de 12 ans
07:44mettre des pénaltys dans la tête d'autres gamins de 12 ans,
07:46et qu'il y a un rapport à la violence.
07:48– On ne le voit pas, on ne le voit pas.
07:50– On en entend parler à la télé.
07:51– Oui, c'est pas qu'à la télé, c'est sur les réseaux sociaux aussi.
07:54– On ne le voit pas, ça ne se passe pas près de chez vous.
07:56– Moi, j'ai déjà vu des bastons énormes dans la rue depuis que je suis né, évidemment.
08:00On n'habite peut-être pas dans les mêmes quartiers.
08:03En fait, il y a un phénomène d'acculturation à la violence
08:07et de... en fait, la définition de l'ensauvagement,
08:10parce que c'est vrai, c'est un terme qui fait très débat,
08:12mais ça a été inventé par une sociologue qui s'appelle Thérèse Delpech,
08:15qui, je précise, a notamment bossé dans des cabinets ministériaux de gauche.
08:19Et en fait, la définition qu'elle en donne, c'est une sauvage indifférence à la mort.
08:22C'est-à-dire que la notion même de vie humaine est aujourd'hui différente d'il y a quelques années,
08:29parce que, pour plein de raisons, je veux dire, les écrans, les familles monoparentales,
08:36voilà, l'éducation nationale, effectivement, extrêmement démunie face à tout ça.
08:41– L'absence de sanctions pénales.
08:42– L'absence de sanctions pénales, l'absence de sanctions aussi familiales, je veux dire, à l'école.
08:46– Il n'y en a jamais eu autant ? Les prisons n'ont jamais été aussi pleines ?
08:49– Non, je voudrais continuer à vous faire débattre, notamment sur la déclaration de Laurent Nunez.
08:55Vous l'avez sans doute vue.
08:57Vous allez nous le dire, si vous êtes d'accord avec la dernière déclaration de Laurent Nunez,
09:01le ministre de l'Intérieur, qui s'est exprimé dans la tribune dimanche,
09:05et qui dit qu'il est très favorable à l'armement des policiers municipaux,
09:08car ça donnerait un caractère dissuasif plus fort.
09:10Il dit que les policiers doivent pouvoir se défendre lors d'attaques terroristes.
09:16Les maires, on le rappelle, sont libres de le faire ou pas.
09:19Aurore Malval, comment est-ce qu'on explique aujourd'hui qu'il y a encore beaucoup de grandes villes
09:23qui refusent d'armer les policiers municipaux ?
09:27– Alors, qui refusent catégoriquement, je trouve qu'il y en a quand même de moins en moins.
09:30C'est-à-dire, ce qui était, il y a 10-15 ans, un clivage idéologique très clair
09:34entre justement les mairies de gauche.
09:36Ils refusaient, d'ailleurs, souvent, ça allait de pair avec la vidéosurveillance.
09:39Aujourd'hui, on a quand même dépassé ce clivage-là.
09:45– On l'a vu à Lyon et Bordeaux, notamment.
09:46– On l'a vu à Lyon, Bordeaux, mais par exemple, Dijon, François Rebsamen,
09:49le maire, enfin, longtemps PS de Dijon, a fini par armer ses policiers municipaux.
09:54Ça a été effectivement le cas avec le maire écologiste de Bordeaux.
09:57Pourquoi ? En fait, principalement pour répondre, non pas à une demande d'ailleurs des habitants,
10:01en premier lieu, mais des policiers municipaux eux-mêmes,
10:03qui disaient, écoutez, si vous ne nous garantissez pas la sécurité avec le port d'armes
10:09et le fait d'être suffisamment dissuasif, nous allons partir dans une autre ville,
10:12dans une autre grande ville, qui nous offrira l'armement
10:16et du coup aussi la protection qu'il sentait avoir.
10:20Alors évidemment, quand je dis que ce n'était pas une demande des habitants,
10:22évidemment que, je rejoins tout à l'heure ce qui était dit dans le sondage,
10:25les habitants veulent de la tranquillité publique.
10:27D'ailleurs, c'est longtemps comme ça que se sont appelés les adjoints à la sécurité
10:30dans les municipalités.
10:31C'était des élus à la tranquillité publique.
10:33C'est aussi de par l'augmentation, en tout cas, de ces frictions violentes du quotidien,
10:38j'appellerais ça, qu'aujourd'hui on parle vraiment de sécurité
10:40et non plus de cet aspect, en fait, de la tranquillité publique.
10:44Et finalement, les maires se sont trouvés un petit peu obligés aussi
10:47d'armer leur police municipale, même si le nombre de policiers municipaux
10:50qui sortent leur arme est extrêmement réduit.
10:53Enfin, il ne faut pas oublier aussi que ce n'est pas tout le temps
10:55qu'ils ont à, effectivement, affronter un terroriste,
10:59comme ça a pu être d'ailleurs le cas à Nice, par exemple,
11:01sur la promenade des Anglais, où il a été utile à ce moment-là
11:04que les policiers municipaux soient armés.
11:06Mais ce n'est pas non plus cette violence du quotidien.
11:09Et je pense qu'il est d'ailleurs plutôt souhaitable
11:10que les policiers municipaux n'aient pas à faire régulièrement usage de leur arme.
11:14Et d'ailleurs, on voit bien que par rapport au caractère dissuasif,
11:19une patrouille à pied, effectivement, est beaucoup plus dissuasive
11:21qu'une voiture qui passe.
11:22Et donc, si, pour avoir des patrouilles à pied, il faut les armer,
11:25eh bien, les maires ont fait preuve de pragmatisme aussi.
11:28Alors, qu'est-ce qui freine encore aujourd'hui,
11:30certains maires à armer les policiers municipaux ?
11:32C'est tout à fait idéologique.
11:34Je suis complètement d'accord avec vous.
11:35Aujourd'hui, en 2025, tous les policiers municipaux devraient être armés.
11:40Sinon, on met leur vie en danger.
11:42Je ne peux pas être plus clair.
11:43On a eu Aurélie Fouquet qui a été tuée en 2010 par des braqueurs.
11:49Clarissa Jean-Philippe en 2015 par un terroriste.
11:53On a des policiers municipaux qui sont de plus en plus menacés.
11:58Le problème, c'est qu'on fait converger de plus en plus les moyens des policiers municipaux,
12:03l'armement, et de plus en plus, on va augmenter leur mission.
12:07Le projet de loi va accroître les pouvoirs judiciaires des policiers municipaux.
12:11Bien sûr, c'est indispensable.
12:14On est d'ailleurs passé de 5 000 dans les années 80 à 28 000 policiers municipaux,
12:19une augmentation de 400 %.
12:20Mais quand on regarde le tout, ça, ça reprend votre réflexion,
12:23il faut quand même piloter le tout.
12:25Les élus font ce qu'ils veulent dans leur coin.
12:27Article 72 de la Constitution.
12:28Et puis l'État a des pouvoirs régaliens.
12:31Il faut parfois de la proximité et puis il faut parfois du recul par rapport à la délinquance.
12:35On a un problème de pilotage sur le terrain, d'inégalité sur le territoire,
12:41parce que vous avez des maires qui vont vouloir mettre en place une police municipale,
12:46d'autres très peu, d'autres les armées, d'autres pas.
12:48Aujourd'hui, de toute façon, face au danger, face à la violence des délinquants, des narcotrafiquants,
12:55on ne peut plus, comme il y a 40 ans, ne pas armer des policiers municipaux.
13:00Mais ça illustre aussi le fait que la violence est tellement montée
13:03que la notion de police municipale égale police de la salubrité et de la tranquillité publique,
13:08c'est fini.
13:09C'est fini parce que notre niveau de sécurité a baissé, notre qualité de vie a baissé,
13:14c'est ce que j'explique dans mon livre.
13:16Si demain, l'espérance de vie baissait de 20 ans, personne ne dirait
13:19« c'est normal, c'est comme ça, il faut toujours plus de moyens »,
13:21on serait scandalisé.
13:23Aujourd'hui, la délinquance a augmenté sur le temps long,
13:26l'insécurité a augmenté et on peut changer les choses.
13:29Ça ne dépend pas de l'Union Européenne, de la mobilisation.
13:31Dans les villes où les policiers municipaux sont déjà armés,
13:34est-ce qu'on connaît le retour d'expérience ?
13:36On a 54% des 4500 policiers municipales qui sont armés.
13:41Le retour d'expérience, c'est que ce n'est pas du tout…
13:43Ils n'ont pas la même mission, la police municipale, que la police ou la gendarmerie.
13:47Ce n'est pas dissuasif du tout.
13:47Ce n'est pas du tout la même mission.
13:49Vous trouvez que ce n'est pas dissuasif du tout ?
13:51Les narcotrafiquants, déjà…
13:53La police municipale, ce n'est pas son rôle de faire ça.
13:55Le gros boulot de la police municipale, c'est de contrôler les marchés,
13:59c'est de voir s'il n'y a pas de décharge illégale.
14:02Ça, ça leur empoisonne la vie aux policiers municipales.
14:04En revanche, il n'y a pas du tout de coordination avec la police nationale.
14:08Il y a des conventions de coordination qui existent malitées.
14:10Mais elles sont trop théoriques.
14:11Chacun, ils ont son point.
14:12Pour revenir à l'exemple, la police municipale, ils sont très bons, par exemple,
14:16pour savoir dans quel endroit il y a des caches de motos pour les rodéos nocturnes,
14:22en particulier en été.
14:24Mais comme il n'y a pas de coordination, globalement, avec la police nationale,
14:27chacun empile ses petits dossiers dans son coin.
14:29En revanche, la police municipale, c'est pour ça que d'où l'intérêt de mieux coordonner les choses
14:34et de faire en sorte qu'ils travaillent de façon plus concertée,
14:39elle a un atout énorme que n'a pas la police, en particulier en banlieue, sauf Paris,
14:44c'est la vidéo, la vidéosurveillance.
14:46Parce qu'en général, les communes, surtout les communes de banlieue,
14:50ou encore une fois, dans une commune de banlieue, y compris de milliers d'habitants,
14:55il y a une présence policière, en particulier à l'année, voisine de zéro.
14:59voisine de zéro.
15:01C'est le grand secret de la police nationale.
15:02– Donc c'est là que la vidéosurveillance est primordiale.
15:03– Donc la vidéosurveillance de ces communes,
15:06elle donne beaucoup de choses à la police municipale,
15:09et petit à petit, c'est comme ça, par maillage,
15:11que la police nationale va à la police municipale
15:14pour obtenir des vidéos et essayer de travailler un peu ensemble.
15:17Mais en réalité, leur sujet, c'est plus ça que l'armement,
15:21en sachant que la police municipale n'a pas à démanteler les points de vie.
15:26– Pourquoi est-ce que vous dites que ce n'est pas dissuasif ?
15:28– Vous savez, avec toutes les dissensions qui viennent d'être évoquées,
15:30qui sont réalistes, il faut savoir que les narcotrafiquants,
15:33ils ont une cartographie de ce qui ne fonctionne pas.
15:35Donc les problèmes de communication entre la nationale et la municipale,
15:39ils sont au courant.
15:40Ils ont une cartographie des commissariats, des gendarmeries,
15:42où ça fonctionne bien, où ça ne fonctionne pas bien.
15:44Ils ont une cartographie des tribunaux.
15:46Par exemple, qu'est-ce qui se dit sur le terrain ?
15:48Ce n'est pas moi qui le dis, ce n'est pas pour insulter le personnel.
15:50On vous dit que le tribunal de Bobigny, c'est la cour de récréation.
15:54On vous dit qu'en Ile-de-France, là où ça tape fort,
15:56c'est plus vers Versailles, Sergibault.
15:58Donc ils ont toute cette cartographie.
16:00Ils ont une cartographie des magistrats, des juges, des avocats.
16:02Ils ont pris une longueur d'avance.
16:04Maintenant, moi, j'aimerais dire un mot à travers le prisme
16:06de mon métier d'éducateur, en fait, qui intervient auprès des jeunes.
16:10Dans la prévention, on n'est pas bon aussi.
16:11Parce qu'aujourd'hui, dans un certain nombre de territoires,
16:14le collège peut être synonyme de décrochage social, scolaire,
16:18professionnel, culturel, psychologique, voire psychiatrique.
16:21J'aimerais rappeler des chiffres quand même effroyables
16:24dont on peut croire que c'est hors sujet, mais pas du tout.
16:27Je parlais de la prostitution des mineurs tout à l'heure.
16:29La France, c'est un pays où toutes les trois minutes,
16:31on a un enfant qui est agressé sexuellement ou violé.
16:35Dans toutes les classes de France, on a potentiellement
16:37deux à trois enfants qui sont victimes d'inceste
16:40ou de pédocriminalité intrafamiliale.
16:43Vous rajoutez à cela la ghettoïsation,
16:46la paupérisation sur certains territoires,
16:48les discriminations qui existent.
16:50Et ce n'est pas pour excuser la délinquance.
16:52Mais la réalité, c'est que ce qui m'agace,
16:53c'est que je ne vois pas de politique avec un véritable projet de société
16:56qui prend en compte la prévention,
16:59redonner du sens à la sanction
17:01et effectivement de la répression envers les personnes
17:03qui s'entêtent dans les chemins fallacieux.
17:05Donc on est dans des discours de cow-boy.
17:07Et ce qui est terrible, c'est que l'exaspération
17:09est en train de monter au sein de la population.
17:11Mais peu importe qui va gagner la prochaine présidentielle
17:14ou les prochaines municipales.
17:16Si on ne repart pas dans un projet de société globale,
17:18rien ne changera malheureusement.
17:19Vous trouvez que c'est contre-productif finalement
17:21de déclarer ça de la part de Laurent Nunez ?
17:24Ce n'est pas une question d'être contre-productif,
17:26mais c'est comme dire que le feu, ça brûle
17:28et que l'eau, ça mouille.
17:29On sait que les Français, ils en en marrent depuis longtemps.
17:31On le sait que les Français veulent la sécurité.
17:33Et à chaque fois, on a des rapports, des sondages
17:35qui nous confirment ce que l'on sait déjà.
17:37Donc ce que l'on attend, c'est un véritable projet de société
17:40et comment on repart aussi sur un récit commun.
17:42Si je peux défendre un petit peu Laurent Nunez sur ce sujet-là,
17:46la particularité de Laurent Nunez,
17:50c'est que c'est un ministre pas politique.
17:51C'est vraiment, il a été préfet, sous-préfet.
17:54Il est très apprécié des policiers
17:56parce qu'il a une technicité sur le métier de policier
17:59qui est indiscutable.
18:01Et ce n'est pas quelqu'un...
18:03Et moi, je ne dis pas...
18:04Vous voulez dire que c'est un homme de terrain ?
18:05Voilà, je n'ai rien contre la politique en tant que telle.
18:07Mais en tout cas, quand il fait une déclaration comme ça,
18:10ce n'est pas comme quand un ministre très politique la ferait.
18:13C'est-à-dire que lui, je pense, je me mets dans sa tête,
18:16c'est que s'il dit ça, c'est par rapport à toutes les discussions
18:18avec des policiers, les situations effectivement nouvelles
18:21auxquelles sont confrontées la police municipale aujourd'hui,
18:23ce qui fait qu'il faut bien s'adapter
18:25aux changements très pragmatiques, très concrets,
18:29que connaissent les policiers municipaux aujourd'hui.
18:33Et je n'y vois pas d'effet de manche, si vous voulez.
18:35Est-ce qu'on ne peut pas s'adapter autrement que par les armes ?
18:39Monsieur Loz, investir sur les caméras,
18:41les équipes de médiation avec des agents visibles,
18:45mais qui seraient non armés, est-ce que c'est la seule solution ?
18:47C'est ce qui a été dit parfois autour de la table,
18:49et moi je ne veux pas être diplomate pour réunir tout le monde,
18:53mais en matière de sécurité, il n'y a pas de stratégie.
18:57En matière de défense nationale, il y a une stratégie,
19:00il y a un cap et on s'adapte.
19:02En matière de sécurité, il y a de la communication,
19:05la politique des Rustines, du toujours plus.
19:08Et effectivement, on a des moyens archipélisés
19:10entre la police municipale, la police, police gendarmerie,
19:13et une justice qui travaille en silo dans son coin.
19:17Et ça, ce n'est pas normal.
19:19Est-ce qu'on peut faire différemment ?
19:20La réponse est oui.
19:22Et ce n'est pas... Tous les leviers doivent être utilisés.
19:24Ce qu'a dit mon voisin sur la prévention,
19:26mais il a raison.
19:27On est nul dans la prévention en France.
19:28On est nul, mais il y a des endroits où ça se passe bien,
19:30mais ce n'est jamais évalué.
19:32Il n'y a pas d'étude d'impact, il n'y a pas d'évaluation.
19:34On devrait pouvoir le faire.
19:34Il y a beaucoup de gens qui disent que la prévention, ça ne sert à rien
19:36et qu'ils préfèrent rester dans une communication de cow-boy aussi.
19:39Je suis tout à fait d'accord.
19:40On a besoin de prévention, comme moi j'ai besoin de marcher sur des mains de jambes.
19:43On a besoin d'une répression assurée, assumée.
19:46Et le compte n'est pas.
19:47Non, le parc pénitentiaire est sous-dimensionné
19:50par rapport aux 68 millions d'habitants depuis des années.
19:53On ne sait pas en traver.
19:55Il en faudrait 30 000 de plus.
19:58Et c'est la politique pénale depuis 40 ans
20:00qui a flingué la dissuasion judiciaire
20:04qui est à l'origine de cette situation.
20:06Tout le monde s'accorde à dire qu'on manque de place,
20:09que le système d'application des peines est illisible.
20:12Il faudra ajouter un chiffre, M. Lowe,
20:15c'est que pour le coup on a un gros retour de ça.
20:18Les taux de récidive des petites peines, c'est les plus dramatiques.
20:21C'est-à-dire que quand vous envoyez quelqu'un en prison
20:23pour la première fois un an,
20:26vous êtes à plus de 70% de récidive.
20:28Alors c'est un...
20:29Juste, je voulais finir.
20:31C'est un autre débat.
20:33Vous avez aujourd'hui près de 3 millions de procédures
20:36dans les commissariats.
20:37C'est-à-dire qu'on a mis en place une procédure pénale
20:40qui est une horreur.
20:41Les législateurs de droite et de gauche,
20:44vous dites qu'il n'y a pas assez de présence policière
20:47sur la voie publique, on ne dissuade pas.
20:49Mais forcément, la forme l'emporte sur le fond.
20:51On a tué l'investigation.
20:52On est en train de tuer, vous regardez tous,
20:54des polars, des films policiers.
20:56Il fut un temps où les policiers avaient
20:58l'autonomie, de l'initiative, un peu de confiance.
21:00Et on arrivait aujourd'hui depuis 30 ans,
21:03au fil des lois qui ont été faites,
21:05on a flingué l'investigation.
21:06Tous les taux d'élucidation de la police presque baissent.
21:09Mais pourquoi ?
21:10– Non mais oui, mais je me rends compte.
21:12– C'est-à-dire 10 ans, 7 homicides sont dit,
21:14c'était résolu, on est passé à 6.
21:16– Non mais le problème n'est pas que les homicides.
21:18– Et sans parler des taux d'élucidation de tout ce qui contribue à la petite délinquance.
21:22– Alors ok, ayez le courage de dire qu'est-ce qui a été fait sur la procédure pénale.
21:27C'est une horreur absolue.
21:28La forme l'emporte sur le fond.
21:30On a multiplié le nombre de nullités pour flinguer les procédures.
21:36Et on a cassé la dissuasion.
21:38– Allez, merci beaucoup.
21:39– Merci beaucoup.
21:40– Ce n'est pas seulement à dire, il faut mettre tout le monde en prison.
21:42– Je vais devoir vous couper et vous remercier d'avoir été avec nous.
21:45– Non mais il faut assumer la prison comme une sanction indispensable.
21:47– Je vais devoir hausser le ton.
21:49Merci beaucoup d'avoir été avec nous.
21:51– Merci beaucoup.
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