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  • il y a 2 jours
DB - 13-11-2025

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TV
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00:00Musique
00:30Noir sur blanc, c'est un titre, c'est tout.
00:49Noir sur blanc.
00:50Je ne certifierai rien, je ne suis pas là pour blanchir quelqu'un
00:53et je ne noircirai personne.
00:55Il y a des spécialistes pour ça.
00:57Vous voyez, je ne veux me passer avec personne, il n'y a pas d'histoire.
01:00Et Francis Blanche, vous avez...
01:02On m'a souvent dit qu'ils avaient tendance à dire du mal des gens,
01:04alors maintenant je ne dirai que du bien.
01:06Tiens, Francis Blanche, il arrive trop tôt.
01:09Monsieur le réalisateur, Jacques Albert, qu'est-ce qui se passe ?
01:13Je ne sais pas, il a voulu placer son mot.
01:15Déjà ?
01:18Francis Blanche est un des invités de l'émission,
01:20c'est le spécialiste de l'humour, noir naturellement.
01:23Nous avons aussi des spécialistes du football,
01:25le copa, qui va vous dire si la carrière de footballeur est un bon métier.
01:30Vous savez, il est bien certain que notre carrière ne dure pas longtemps,
01:33et bien sûr, comme vous avez le cas, comme des joueurs comme Fontaine...
01:37Fontaine, nous le verrons,
01:39il est maintenant président de l'Union des footballeurs professionnels français.
01:45Il est préoccupé par de graves problèmes.
01:47Il s'y est attelé avec passion,
01:50la même passion que nous mettons à faire de la télévision en province.
01:55Mais oui, pourquoi pas ? Il n'y a pas que son métier ?
01:58Non. Non, Francis Blanche, ne parlez pas de ce que vous ne connaissez pas.
02:02Mais est-ce que vous savez ce que c'est que la province ?
02:05Eh bien...
02:06Attention.
02:07La province, c'est tout ce qui n'est pas Paris.
02:09Eh bien, vous ne vous mouillez pas.
02:10Je m'en suis bien tiré, là. Vous savez, je crois que je ne me suis pas mouillé tellement.
02:16Je ne vous avais pas posé la question.
02:17C'est à Louis Ducreux que je voulais demander pourquoi il s'intéressait maintenant à l'opéra.
02:24Je m'y intéresse depuis toujours, cela allait l'opéra avec mes activités d'auteur dramatique ou d'acteur.
02:30Et si je ne suis pas acteur lyrique, c'est simplement parce que je n'ai pas une assez belle voix.
02:34Nous parlerons donc d'opéra avec Louis Ducreux de Marseille, Marcel Lamy de Genève,
02:40M. Huysmans de Bruxelles, M. Arlène de Londres et M. Raculia de Palerme.
02:48Il nous faudrait un charmant sourire et de beaux yeux au milieu de tout cela.
02:55Les voilà, ces beaux yeux.
02:57Bonjour, mademoiselle.
02:59Vous avez les rémus.
03:02Qu'est-ce que j'entends ?
03:03C'est mon cœur, monsieur.
03:06Ça passera, mademoiselle.
03:08Vous verrez tout à l'heure, Danny Robin et Georges Marshall sont si gentils.
03:13Bonjour, vous.
03:15À tout de suite.
03:16Qui aurons-nous encore ?
03:18Henri Germain, président du stade de Reims, Raymond Kelbel, Lucien Wendling et naturellement Francis Blanche.
03:24C'est d'ailleurs par lui que nous allons commencer.
03:26Merci.
03:33Alors ?
03:40C'est pas fameux, vous, hein ?
03:42Oh, ben, vous, c'est encore moins fameux, dites-moi.
03:45Parce qu'il y a beaucoup de zéros, mais quand même, 5 millions 7.
03:485 millions 7.
03:50Ah oui, c'est pas terrible, vous, hein ?
03:51Vous comptez en ancien point.
03:53Ben oui, pourquoi pas.
03:54Oui, ça se voit.
03:55Dites-moi, Francis Blanche, où êtes-vous né ?
03:58Euh, attendez.
03:59Oh, c'est trop bête.
04:00La capitale, la capitale, vite.
04:03La capitale de la France.
04:04De la France, oui.
04:05Paris.
04:06Paris, voilà, à Paris.
04:07Paris.
04:07Je suis venu à Paris.
04:08Il y a longtemps ?
04:09Dans le...
04:10Attendez, c'est pas le 10e, c'est pas le 12e, c'est le 11e.
04:13Le 11e.
04:13Oui, c'est pas 1920, c'est pas 1922, c'est 1921.
04:17C'est pas juin, c'est pas août, c'est juillet, c'est pas le 19, c'est pas le 21, c'est le 20.
04:21Très bien.
04:21Et qu'est-ce que vous faites dans le coin ?
04:23J'ai le compte à rendre à personne, je ne parlerai qu'en présence de mon avoc.
04:25Vous faites la musique de vos chansons ?
04:41J'essaye, j'essaye, oui.
04:42J'essaye.
04:43Vous n'êtes pas tenté par l'opéra comme Gilbert Bécot ?
04:46Je suis tenté par son opéra, mais pas par celui que je pourrais faire.
04:49Pourquoi ?
04:50Parce que je préfère aller voir celui de mes camarades plutôt que d'en écrire à moi-même.
04:53Quel théâtre dirigez-vous ?
04:55Un des plus vieux théâtres d'Europe, il date de 1700, le Théâtre Royal de la Monnaie à Bruxelles.
05:00Eh bien, à l'encontre de mon ami Huysmans, qui lui dirige le plus vieux théâtre d'Europe,
05:05moi je dirige le premier-né, le dernier-né plutôt, le dernier-né, celui du Grand Théâtre de Genève,
05:11qui va ouvrir ses portes le 10 décembre.
05:14À Saint-Bas-Bas-Bas, à Londres.
05:17Le Théâtre Massimo des Palaires, non ?
05:19Opéra municipale de Marseille.
05:21Beaucoup prétendent que l'opéra est un art périmé qui n'a plus la faveur du public.
05:26Qu'en pensez-vous ?
05:27Foutaise, excusez-moi, mais c'est une foutaise.
05:29Le mauvais opéra, le mauvais ballet n'ont plus la faveur du public et c'est bien.
05:32Oui, certains en effet le disent démodé.
05:35Le fait d'exprimer ses sentiments en chantant paraît conventionnel à certains spectateurs.
05:46Mais ceux qui disent cela pourtant n'ont pas assez de louanges lorsqu'ils vont voir une comédie musicale
05:53dans le style de My Fair Lady or The West Side Story,
05:58ce qui semblerait prouver que ce n'est pas tellement le genre qui est démodé,
06:02mais l'interprétation qu'on en donne.
06:05Vous croyez donc que le public peut s'intéresser au théâtre lyrique ?
06:10Ah, le public s'y intéresse certainement.
06:12Il y a un merveilleux public pour le théâtre.
06:14Comment trouvez-vous le public de province ?
06:17Je le trouve assis au lever du rideau.
06:18Et je vais même plus loin, voyez-vous.
06:20Il y a un problème qui est extrêmement intéressant,
06:22c'est le problème de la nouvelle clientèle, celle de demain, celle des jeunes.
06:25Les jeunes actuellement sont ceux qui achètent le plus de disques de lyrique.
06:30Les maisons de disques vivent avec le théâtre lyrique
06:33et des distributions particulièrement exceptionnelles.
06:37Alors, il s'agit de présenter aux jeunes des spectacles
06:40avec des distributions qui correspondent à ce qu'ils ont entendu,
06:44mais aussi avec ce qu'ils se sont imaginés en entendant ces distributions.
06:49Il ne faut pas trahir leurs rêves, il faut aller au-devant de leurs rêves.
07:11Et ça, on ne peut y arriver que par le moyen de la mise en scène.
07:13C'est la mise en scène originale, c'est la mise en scène intelligente.
07:16Depuis plus d'un demi-siècle, l'art dramatique n'a cessé d'évoluer.
07:23De jeunes auteurs se sont formés, les comédiens ont modernisé leurs jeux,
07:29les metteurs en scène ont suivi les progrès des techniques nouvelles,
07:33le public s'est élargi.
07:35Pourquoi l'opéra n'a-t-il pas suivi ce mouvement ?
07:38Pour plusieurs raisons.
07:41D'abord, le manque de répertoire,
07:46qui est dû principalement à ce schisme qui a entre la musique ancienne et la musique moderne,
07:50les œuvres nouvelles n'étant pas acceptées ou comprises du public.
07:54Et j'estime d'abord que l'opéra n'est pas resté en arrière du tout.
07:57Du moins, sur le plan musical, les compositeurs ne manquent pas d'audace.
08:02Ceux qui manquent d'audace, ce sont les librettistes.
08:05Pourquoi n'essayez-vous pas d'en faire ?
08:08Le temps me manque d'abord, le courage, et le courage surtout.
08:13C'est toujours une entreprise assez délicate que de se lancer dans quelque chose de nouveau.
08:19On essuie les plâtres, on prend les échelles et les peaux de peinture sur la figure,
08:23et ce sont d'autres qui viennent loger après, quand tout est sec et quand tout est bien en place.
08:29Et vous ne voulez pas être l'essuieur de plâtres ?
08:32Je n'ai plus une âme de pionnier, j'ai passé l'âge.
08:35J'ai eu lieu !
08:38Quelles sont les principales difficultés qui s'opposent à l'évolution de l'opéra ?
08:44La routine.
08:45La routine.
08:47Ce sont toujours les mêmes, ce sont les énormes mises de fonds qu'il nécessite.
08:54Autrement, il n'y en aurait pas.
08:55Il est très difficile de faire une expérience dans un opéra, on en a pour 40 millions, très facilement.
09:01Il y a le manque de chanteurs, les chanteurs sont très rares, les bons chanteurs ayant un bon physique sont encore plus rares.
09:07Il faut dire qu'un chanteur de grande qualité, chaque fois qu'il chante, sort pratiquement de la scène avec une 4 chevaux sous le bras.
09:13Combien de personnes employez-vous dans votre théâtre ?
09:20Environ 300 personnes.
09:22300 personnes et combien y a-t-il de place ?
09:2411 en place, je vous donne la proportion. 300 personnes sur le plateau, 11 en personne dans la salle.
09:29Il est donc impossible à un opéra de couvrir ses dépenses ?
09:33C'est comme ça depuis Louis XIV qu'il a créé l'Académie Nationale Royale de Musique.
09:41Il n'y a pas de raison que ça ne continue pas.
09:43L'opéra existe depuis des siècles et n'a jamais couvert ses frais.
09:46Oh non, ça c'est impossible comme tous les autres théâtres.
09:50Vous y avez renoncé, même en Angleterre ?
09:53Même en Angleterre.
09:54Si la publique aime l'opéra, il faut payer.
09:57Oui, mais c'est l'ensemble de la population qui paye.
10:00Oui, c'est l'ensemble, c'est l'État aussi.
10:03Vous êtes au fond, M. Harlen, le premier Anglais à adhérer à un marché commun européen, celui de l'opéra.
10:11Oui, je suis en avance.
10:14En quoi pensez-vous que l'association internationale des directeurs d'opéra d'Europe puisse être utile ?
10:22Si nous pouvons créer une entente entre directeurs d'opéra qui faciliterait l'échange de ces spectacles,
10:31du même coup, nous trouvons leur amortissement.
10:35Eh bien, là, alors justement, l'association peut être très utile,
10:39parce qu'elle permettra de coproduire des ouvrages,
10:43alors que nous n'avons pas tellement d'argent les uns et les autres à notre disposition.
10:47Alors, pour nous, ce n'est pas comme les autres, par les échanges des coproductions et tout ça,
10:56parce que dans notre théâtre, il faut que nous employés seulement les artistes britanniques.
11:04Oui, mais maintenant que vous allez entrer dans le marché commun...
11:06Oui, je ne sais pas, c'est ça, mais pour le moment, c'est comme ça.
11:09Je crois que l'opéra est un art européen qui a ses racines profondément dans toute l'Europe,
11:13un art international aussi, qui est influencé aussi bien les chanteurs allemands, les chanteurs italiens,
11:17les chanteurs français, par tous les styles.
11:19Et je crois que l'association des directeurs d'opéra peut permettre, par des échanges, par des coproductions,
11:24d'amortir un capital travail, un capital artistique aussi,
11:28sur un plus grand nombre de représentations et par conséquent rendre service à la communauté.
11:31J'ai quand même écrit pour l'opéra, l'opéra de Paris.
11:35J'ai été joué à l'opéra en 1951, exactement.
11:39Un ballet que j'avais écrit qui s'appelait Septuor.
11:45Vous l'entendez ? C'est mon cœur qui bat quand je songe à ce qui m'attend.
11:53Il doit être doux, être au blanc, l'instant du premier.
12:01Devinez avec qui j'ai mon premier rendez-vous ?
12:12Avec lui, parfaitement.
12:21J'ai rendez-vous avec George Marshall.
12:25Et partout le marché, il n'est pas seul.
12:26C'est drôle, il ne semble pas l'intimider, elle.
12:34Ah, bonjour, ça n'est pas bien.
12:47Ah, vous m'avez fait marcher une nuit, comme vous êtes bien.
12:50Ah, ben voilà.
12:50Comme ça, j'en ai dit.
12:52Et du chapeau, du chapeau.
12:53Ah, voilà, voilà.
12:55Oh, c'est beaucoup plus joli.
12:57C'est beaucoup plus joli parce que je connais sa valette.
13:00Bon, attendez, on va aller voir le plateau avec vos copains qui s'en sortent à l'enjeu.
13:03Merci.
13:04Ça fait du monde, papa.
13:05Oui, j'espère.
13:06Ah, jeanette, n'oubliez pas ma robe de chambre de petit poche.
13:09J'ai une de ces peurs bleues.
13:16Est-ce qu'on peut avoir le rideau, si vous voulez, à puer le rideau ?
13:18Oui.
13:19Allez-y, je vais venir voir, là, quand on le goûte, là.
13:22Je vais mettre ça dans la tueur, là.
13:23Oh, c'est que je le cale, mais regarde.
13:26Tu vois rien.
13:27Tu vois rien.
13:28Oh, écoute.
13:29Oh, oui, c'est la salle où on va dire bonjour aux spectateurs.
13:33Ah, ah, oui, oui, ah.
13:39Allez-nous, chalet le guêpe.
13:56Quelle idée aussi de faire un métier pareil.
13:57Je ne parle pas d'eux, bien sûr.
13:59Et moi ?
14:00Qu'est-ce que vous faites là, mademoiselle ?
14:06C'est-à-dire que c'est la télévision qui me voit pour interviewer Dany Robin et Georges Marshall.
14:10Oui ? Eh bien, allez-y, nous mangerons pas.
14:13Tiens, c'est la petite jeune fille que j'ai vue deux fois dans le couloir.
14:16Mademoiselle.
14:16Bonjour.
14:19Je viens pour une interview.
14:20Oh, venez, essayez-vous.
14:27Si j'aurais su, j'aurais pas venu.
14:30Alors, mademoiselle, qu'est-ce que vous désirez savoir ?
14:34Vous avez l'air bien intimidée.
14:35Allez, ne le soyez pas.
14:36Vous avez déjà fait du théâtre ?
14:39Déjà ?
14:41Oh, c'est trop gentil.
14:43Ah, c'est trop mignon.
14:45Eh bien, oui, mademoiselle, je crois que nous avons déjà fait du théâtre.
14:49Tu as fait du théâtre ?
14:50Oui, mademoiselle.
14:51Depuis de longues années, si vous n'étiez pas si jeune, vous sauriez déjà que nous sommes venus à Strasbourg, souvent, enfin en général, dans l'Est même,
14:57et que moi, pour mon compte, sans avoir passé par le conservatoire, j'ai été deux années de suite au théâtre français, à la comédie française.
15:04Et moi, j'ai été à l'opéra.
15:06S'il vous plaît, j'ai été à l'opéra pendant trois ans, après avoir d'abord passé par le conservatoire, avoir eu un premier prix de danse,
15:12et la danse, qui est une dure école et qui, je crois, m'a aidé beaucoup pour mon métier, a fait que je me suis ennuyée un petit peu à l'opéra,
15:19et après, j'ai pris les cours de comédie, très longtemps, au conservatoire aussi, j'ai même été reçue en même temps que Gérard Philippe,
15:26et de là, j'ai joué au théâtre.
15:29Vous avez été mariés combien de fois chacun ?
15:31Combien de fois vous avez été mariés, M. Marshall ?
15:36Aussi étrange que cela paraisse, mademoiselle, nous avons été mariés une fois.
15:40C'était tous les deux, bien entendu, il y a quelques 14 ans, pour le meilleur et pour le pire.
15:46Mais chose étrange aussi, c'est que ça a été beaucoup plus souvent pour le meilleur que pour le pire.
15:52Oui, évidemment, de temps en temps, ça te fait un tout petit peu défaut pour la carrière,
15:57car on m'a reproché très souvent en disant, Dany Robin aurait fait une autre carrière,
16:01si elle n'avait pas été mariée, si elle n'avait pas eu des enfants.
16:03Vous avez des enfants ?
16:04Oh oui ! Vous ne le savez pas ?
16:07Vous voulez que je vous les présente ?
16:08Oh oui, je vais vous montrer.
16:09Ah oui, ça marche à l'horreur !
16:12Un numéro de photographie, les vacances, les animaux, la maison, tout va y passer.
16:18Vous allez voir, ils ressemblent tellement à leur père.
16:21Tenez.
16:22Ah ben non, la voyée sont mes chiens alors.
16:23Non, ce n'est pas grave.
16:25Voilà mes chiens, voilà mon fils, regardez, c'est le vrai petit prince.
16:28Ça, c'est un voyage merveilleux qu'on a fait en Afrique.
16:36Les vacances, à cheval, parce qu'ils montent à cheval, parce que les deux, ils sont merveilleux.
16:41Alors, tu peux revenir, oh oui.
16:43Comment t'appelles-tu ?
16:44Alors, le numéro des photos, ça y est ?
16:45Eh bien, il y a Frédéric, et puis il y a Robin, parce que Georges a eu cette ravissante idée d'appeler mon fils Robin, comme sa maman.
16:52Alors, si bien qu'ils ont, et le nom de leur maman, et le nom de leur papa, qui est très charmant, je trouve.
16:56Madame, mademoiselle, vous savez presque tout.
17:00Je vous remercie, vous êtes vraiment très gentille, vous avez répondu à toutes mes questions qui étaient, je crois, assez indiscrètes.
17:04Vous trouvez ?
17:05Bonjour, ce soir, je vais vous laisser, je vous remercie.
17:08Au revoir, mademoiselle.
17:09Au revoir, mademoiselle.
17:16J'aime le sport.
17:18Oui, vous êtes sportif.
17:19Vous êtes sportif, franchement.
17:20Ah, ça nous le sent, ça nous détend, le sport.
17:23Qu'est-ce que vous faites comme ça ?
17:25Je fais ça, je fais ça, et puis ta télévision aussi.
17:32Vous avez déjà vu jouer l'équipe de Reims ?
17:34L'équipe de Reims ?
17:35Le billard.
17:36Non, de football.
17:37De football.
17:38Oui, mais je vais jouer au billard.
17:40En bille.
17:42Ils s'en vont au billard.
17:43Oh là là, extraordinaire.
17:45Comme au football.
17:46Le football.
17:51Que de passion déchaînée autour de cette petite boule en cuir de 22 centimètres de diamètre.
17:57À quoi songe ce balayeur mélancolique du Prater de Vienne ?
18:01À cette petite boule, certainement.
18:03Comme les 50 000 Viennois qui, l'autre mercredi, hurlaient leurs encouragements.
18:14Leurs encouragements aux joueurs de l'Austria, qui pour battre le stade de Reims en Coupe d'Europe, jouaient des pieds, de la tête et même des poids.
18:21De nos jours, les virages des stades remplacent les arcades des arènes.
18:37À l'intérieur, on n'y met plus à mort un gladiateur, mais une équipe.
18:41La Coupe d'Europe est un pitoyard.
18:44Celui qui perd disparaît.
18:45Aussi, chacun se bâtit la mort pour la conquérir.
18:48Une simple coup.
18:51Mais une coupe qui rapporte.
18:56La gloire plus 100 millions.
18:59Les millions pour le club.
19:01Benfica-Lisbonne, Real Madrid.
19:03La gloire pour les joueurs.
19:05Di Stefano, Pusca, Santa Maria, Rento, Coppa.
19:09Le football lui a tout donné, mais il lui a tout sacrifié.
19:14Si c'était à refaire, Coppa.
19:16Mais écoutez, moi, il me serait difficile de désapprouver le football.
19:20J'ai eu beaucoup de satisfaction et je peux dire que j'ai eu beaucoup de chance au cours de ma carrière.
19:25Je fais vraiment...
19:26Jamais je n'aurais espéré de faire une carrière aussi brillante et je ne peux que conseiller, bien sûr.
19:31Si vraiment le joueur est doué, au contraire, de faire le maximum pour essayer de sortir.
19:40Coppa, c'est la réussite intégrale.
19:43Mais les autres...
19:43Il est bien certain qu'il y a un problème actuellement de reclassement.
19:47Les joueurs sont libres à 35 ans et beaucoup trop de joueurs, bien sûr, n'ont pas de métier.
19:52Et c'est ce qui arrive actuellement, ce problème.
19:55Mais on a suffisamment de temps, nous, en tant que footballeur, de pouvoir faire en dehors ce que l'on aime.
20:00C'est-à-dire éventuellement faire un métier, comme moi-même, je m'occupe de la commerce.
20:04Et c'est ça...
20:06Car vous arrivez à concilier et le football et une autre activité, sans nuire à votre condition physique.
20:13Absolument pas.
20:14Vous pouvez faire deux métiers en même temps.
20:17Deux métiers, mais attention, pas les métiers manuels, mais physiquement, c'est très difficile, bien sûr.
20:23Enfin, je pense que beaucoup peuvent s'orienter dans des métiers qui sont assez...
20:28Enfin, je veux dire, au point de vue physique, pas trop fatigants.
20:31Raymond Coppa est un sage.
20:34Mais combien sont-ils dans son cas parmi les footballeurs ?
20:37Juste Fontaine, qui est une des gloires du football français, doit le savoir,
20:42puisqu'il s'occupe maintenant de leurs intérêts.
20:45Le joueur professionnel, après un mauvais match,
20:47s'entend souvent dire par les spectateurs qu'il fait mal son métier.
20:51Est-ce vrai, Fontaine ?
20:53Non, je ne pense pas.
20:54Mais comme c'est un être humain, il est amené à faire de moins bons matchs,
21:00certaines fois, que...
21:01Ce n'est pas parce qu'un être humain est payé qu'il doit faire que des bons matchs.
21:07Ce n'est pas possible.
21:08Sinon, alors, il y aurait toujours des matchs nuls si les équipes étaient aussi bonnes les unes que les autres.
21:13Il faut tenir compte des défaillances humaines qui ont lieu dans tous les sports et dans toutes les professions.
21:19Vous estimez donc que la majeure partie des joueurs professionnels français font bien leur métier ?
21:27Je ne dis pas que la majorité fait bien son métier,
21:31mais je pense qu'ils ont tous une chose en commun, c'est l'amour du football,
21:35et qu'ils font leur métier du mieux qu'ils le peuvent.
21:38Vous vous occupez des intérêts des footballeurs professionnels.
21:41Quel est le travail que vous effectuez ?
21:47Eh bien, le but de l'Union Nationale des footballeurs, c'est d'abord de grouper tous ces footballeurs,
21:53ensuite d'essayer d'élever leurs conditions,
21:57parce que si le public, en général, pense que le joueur de football gagne beaucoup d'argent,
22:02il le gagne pendant une période très courte de sa vie,
22:05et qu'il n'y a pas de retraite, il n'y a rien de tout ça prévu.
22:08Vous considérez donc que lorsqu'un joueur de football a terminé sa carrière de footballeur,
22:15il devient pour la plupart du temps un aigri,
22:17et qu'il n'a plus de place dans la vie sociale ?
22:22Oui, parce que, d'abord, des garçons qui ont joué au football professionnel
22:28et qui se retirent avec des économies suffisantes pour une reconversion sociale,
22:33il n'en existe pas beaucoup.
22:34Je peux vous donner une proportion de 30 sur 500 footballeurs.
22:38Que deviennent les autres footballeurs ?
22:39Donc, les 470 autres sont aigris,
22:42parce que, d'abord, ils n'ont pas un contrat bilatéral,
22:47c'est un contrat qui a été fait par les dirigeants et pour les dirigeants.
22:51Il n'existe donc pas de liberté de travail dans le métier de footballeur ?
22:54C'est-à-dire, il existe une certaine liberté de travail,
22:58à condition qu'un transfert, par exemple, convienne aux dirigeants, d'abord.
23:03À ce moment-là, on fait appel au joueur pour lui demander s'il veut bien aller là-bas.
23:08Comme le joueur sait très bien que s'il veut rester dans son club,
23:11on fera de telle sorte qu'il ne jouera plus, qu'il sera moins payé,
23:14il a toujours intérêt à accepter un transfert, d'autant plus qu'il touche,
23:19ou qu'il touchait, si vous voulez, une certaine part de ce transfert,
23:23que le public croyait très importante, mais qui, en fait, était de 5%.
23:28Donc, en tant que président de l'Union nationale, pourquoi ne vous appelez-vous pas syndicat, au fond ?
23:34Eh bien, disons qu'au départ, comme nous avons besoin des dirigeants,
23:40de la même manière qu'ils ont besoin des joueurs,
23:42nous n'avons pas voulu heurter, si vous voulez, ces dirigeants,
23:46par ce mot syndicat.
23:47Mais en fait, c'est un syndicat, les statuts ont été déposés à la préfecture, etc.
23:52Tout a été fait en règle, ils le savent très bien.
23:54Mais, au fond, les dirigeants ne sont pas des hommes d'affaires, en tant que dirigeants de club.
23:59Non, ce sont des amateurs, c'est ce qui est grave.
24:02Vous prêtez à arriver à avoir des dirigeants professionnels ?
24:05Oui, mais enfin, il y a déjà assez de déficit comme ça, sans payer les dirigeants.
24:10Il faut arriver à un accord bilatéral,
24:13c'est-à-dire, d'un côté, 40 dirigeants, la Ligue nationale,
24:18et de l'autre côté, 500 footballeurs.
24:20À ce moment-là, chaque parti fera respecter à ses administrés les accords qu'ils auront pris.
24:26Mais croyez-vous qu'il existe 500 joueurs dignes d'être professionnels en France ?
24:31Là, c'est un autre problème, même si je ne pensais pas ça, je ne pourrais pas vous le dire.
24:35D'abord, parce qu'ils sont syndiqués.
24:37Qu'est-ce que ça peut faire, puisque vous reconnaissez vous-même que vous n'êtes pas un véritable syndicat ?
24:43Non, mais ce que je pense, c'est qu'il y a beaucoup de joueurs amateurs en CFA
24:49qui valent les pros de deuxième division, mais surtout, ils sont mieux payés.
24:54Seulement, la différence, c'est qu'ils ne payent pas d'impôts.
24:56C'est le règne de l'hypocrisie, au fond.
24:58Ah oui, c'est ce que je dis toujours, l'amateurisme marrant, marron,
25:03ou le professionnalisme marrant.
25:05Ah bon ?
25:06C'est pareil, je crois.
25:08Eh bien, vous espérez, malgré tout, arriver à un résultat dans cette union des footballeurs français.
25:16Nous, on veut justement arriver à un accord entre tous les dirigeants et tous les footballeurs,
25:20ce qui n'existait pas jusqu'à présent.
25:22S'il y avait des bons dirigeants et des bons clubs,
25:24des joueurs qui étaient contents de leur sort, il y en avait beaucoup qui n'y étaient pas.
25:27Mais il n'existe pas de bons dirigeants ?
25:28Ah si !
25:29De bons clubs ?
25:30Si, il existe de très bons dirigeants comme il existe de mauvais joueurs.
25:33Nous savons faire la part des choses et, par exemple, si, prenons le cas de Reims,
25:40s'il n'y avait que des clubs comme Reims et des joueurs comme ceux qui sont à Reims,
25:44il n'y aurait pas de problème, il n'y aurait pas d'union, il n'y aurait pas de syndicat de créer,
25:48puisqu'il n'y a pas de problème à Reims.
25:50Ce serait le paradis du footballeur.
25:52Eh bien...
25:52C'est pour ça, c'est-à-dire que ce que j'ai vécu, moi, à Reims,
25:56je voudrais que les 500 footballeurs les vivent.
25:59Quel est donc ce paradis du footballeur et du dirigeant ?
26:02Qui préside à sa destinée ?
26:05Une sorte de dieu Bacchus qui aimerait le football.
26:09Henri Germain, président du stade de Reims.
26:12C'est du raisin de champagne.
26:14C'est du raisin de champagne, oui, un raisin qui est merveilleux cette année,
26:17avec un pain comme nous en avons là,
26:18et on peut dire que c'est tout à fait exceptionnel,
26:20ce qui nous permet, on peut dire, d'avoir une livraison, une qualité tout à fait exceptionnelle également.
26:24En effet.
26:24Vous voyez, c'est tout à fait magnifique, vous voyez, des grappes, pas un grain de verre, pas un grain de pourri.
26:28Dites-moi, monsieur Germain, depuis quand dirigez-vous la section de football du stade de Reims ?
26:33Eh bien, en principe, depuis le 1938, où j'ai pris vraiment la direction d'équipe professionnelle.
26:40Oui, et pensez-vous à cette époque que le stade de Reims deviendrait ce qu'il est maintenant,
26:45c'est-à-dire un des plus grands clubs du monde ?
26:47J'avoue sincèrement qu'au démarrage, je ne pensais pas qu'un jour,
26:50le stade de Reims sera à plage, vu les tout premiers rôles du football français.
26:52Dites-moi, monsieur Germain, quand même, un président de club professionnel
26:56doit être non seulement un connaisseur en football,
27:00mais doit être également un homme d'affaires.
27:04Oui, parce que, c'est certain, parce que ça a pris tellement de proportions sur le sens,
27:08comme vous dites, presque commercial,
27:10que pour gérer un club de football, il y a une question financière très importante,
27:14et il faut être très prudent, et il faut avoir certainement l'habitude
27:17d'avoir le sens commercial pour digériger cette affaire de football.
27:20Vous avez la réputation de vendre très cher,
27:23c'est ce que prétendent les autres dirigeants de clubs français.
27:27Oh, oui ! Vous savez, on a toujours l'impression qu'on achète toujours cher
27:30et qu'on vend toujours trop bon marché.
27:31C'est dans tout, il n'y a pas que dans le sport.
27:33Quand vous avez commencé à vous occuper du stade de Reims,
27:38était-ce par amour du sport, ou aussi un peu par amour de la publicité, maintenant ?
27:43Oh, non, oh, non, non, j'ai toujours fait ça sur un plan uniquement sportif.
27:46J'ai toujours beaucoup aimé le sport,
27:48même avant de m'en occuper, je l'ai pratiqué moi-même de nombreuses années,
27:51je peux dire depuis l'âge de 18 ans, puisque j'ai joué d'abord au rugby,
27:54je suis venu au football après,
27:56et j'avais, comment dire, excusez le père, mais j'avais vraiment ça dans la peau.
27:59J'ai toujours beaucoup aimé le sport, même pas uniquement le football,
28:02tout ce qui est sport m'intéressait énormément.
28:04Donc à l'époque, c'était vraiment par amour du sport ?
28:05Absolument, absolument.
28:06Et maintenant ?
28:07Toujours pareil, parce que...
28:08Toujours pareil ?
28:09Ah oui, les résultats m'importent beaucoup plus que tout ce qu'on peut croire à côté.
28:13Dites-moi, M. Germain, quand vous recrutez les joueurs,
28:16à quoi vous attachez-vous d'abord ?
28:18À la qualité même du joueur, je pense,
28:20mais est-ce que vous attachez également une importance à sa valeur sociale ?
28:25Ah oui, surtout.
28:26À son origine ?
28:27Surtout, on tient toujours à avoir de très bons renseignements,
28:30et là-dessus, je me documente particulièrement sur la mentalité du joueur,
28:34et je ne veux pas dire que je suis le seul dans ce cas-là,
28:37mais enfin, je peux tout de même citer mon club en exemple,
28:39en disant qu'au stade de Reims,
28:41nous avons toujours eu la réputation d'avoir des jeunes gens très corrects,
28:44et ça joue, croyez-le, l'un des tout premiers rôles,
28:47sans avoir de bons résultats,
28:49c'est absolument indispensable d'avoir au départ des joueurs qui ont une bonne mentalité.
28:53C'est une chose à vérifier.
28:54Posons la question à Kelbel, qui a joué à Strasbourg, à Monaco, au Havre,
28:59et maintenant à Reims.
29:01Kelbel, est-ce que vous considérez que d'être à Reims est une belle fin de carrière ?
29:05Ben oui, je crois bien, surtout à 30 ans,
29:07parce que c'était toujours un peu mon rêve de venir jouer à Reims,
29:10et puis il fallait vraiment que j'attende l'âge de 30 ans pour venir à Reims.
29:13Est-ce qu'en allant à un autre club, vous jouerez toujours avec le même cœur ?
29:19Certainement, oui.
29:20Même si un jour je quitterai Reims,
29:22et que je vais jouer dans un club amateur,
29:24je jouerai toujours avec le même cœur, parce que...
29:26Mais pour l'amour du football.
29:27Voilà, c'est ça, oui.
29:28Un autre international, Lucien Wendling.
29:32Quand le spectateur vous critique, qu'en pensez-vous ?
29:36Vous savez, le spectateur, lui, il a son avis,
29:38mais moi, personnellement, je pense que le métier de joueur professionnel
29:42demande beaucoup l'application et le sérieux,
29:44et si quelqu'un voudrait essayer, il pourrait toujours voir.
29:47Oui, vous avez la chance, je crois, d'appartenir à une très grande équipe,
29:51et je pense qu'il est plus facile de jouer dans une grande équipe que dans d'autres équipes.
29:55Vous en avez fait l'expérience.
29:57J'en suis heureux.
29:57Est-ce que vous croyez que la condition de tous les joueurs professionnels de France
30:01est la même que celle des joueurs de Reims ?
30:03Ah non, ça je ne pense pas.
30:04Reims est la meilleure équipe professionnelle que j'ai connue,
30:07et je suis d'ailleurs très fier d'en faire partie.
30:10Oui.
30:11Est-ce que vous êtes content d'avoir choisi le métier de footballeur ?
30:13Ah, très content. Il m'a donné beaucoup de satisfaction, tant sur le plan pécunier que moral.
30:19Voilà sans doute tout le secret de la réussite du stade de Reims.
30:22Monsieur Germain, pour conclure.
30:25Votre opinion sur les chances de votre équipe en Coupe d'Europe ?
30:28Bien, vous savez ce que c'est qu'une coupe.
30:30Le mot veut bien le dire, n'est-ce pas ?
30:32C'est tout de même des résultats qui se jouent presque sur des coups de dés.
30:36Il y a tout de même un esprit spécial.
30:38Il faut avoir l'équipe en forme au bon moment.
30:41Il faut se présenter, c'est le cas de dire, avec tous les atouts.
30:43Si nous avons tous nos éléments, nous espérons pour ce tour aussi,
30:46tout au moins faire encore figure honorable
30:48et répandre à ce que attendent de nous tous les sportifs français.
30:55On finit la partie.
30:56Mais alors, je ne veux plus qu'ils nous regardent.
30:58Ne nous regardez plus.
30:59Ne nous regardez plus.
31:00Bon, à vous de jouer.
31:00...
31:47...
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