- il y a 2 jours
DB - 13-11-2025
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TVTranscription
00:00:00Sous-titrage Société Radio-Canada
00:00:30Se faire engloutir par un monstre marin
00:00:31Il doit y en avoir d'énormes dans ces parages
00:00:34Avec des gueules capables d'avaler d'un seul coup nos cinq navires
00:00:36On risque de se empoisonner avec le seul corps de M. le cartagène
00:00:41Comment pense-t-il ?
00:00:43Si nous perdions réellement deux navires sur cinq
00:00:45Mieux vaudrais-je croire repousser chemin et retourner
00:00:47Avec nos cinq navires, déjà la recherche de ce passage me paraît à présent si hasardeuse
00:00:52À moins que les équipages de nos deux efferreurs n'étaient été retenus par de belles
00:00:58Enchantées sirènes
00:00:59Des sirènes du genre de dus
00:01:02Avec de beaux seins
00:01:05Tu rêves ?
00:01:08Oui, je rêve
00:01:10Que faire d'autre ?
00:01:12Que par ce froid ?
00:01:14La moelle de mes pauvres os doit être réduite en bâton de glace
00:01:16Et là, en face de nos trois bateaux qui attendent dans l'angoisse leurs deux camarades une côte sinistre
00:01:23Pas une âme qui vive, pas un arbre, pas un brin d'herbe, rien
00:01:27Un vrai désert
00:01:29Et ce ciel nous annonce une bonne chute de neige pour les jours prochains
00:01:33Ah, revoir un palmier, un seul palmier
00:01:36Je crois que je pleurerai le jour où je reverrai un
00:01:39Patiente
00:01:41Et si c'était là le passage vers les Molucs ?
00:01:46Pourquoi non ?
00:01:47Hier, l'amiral semblait l'espérer
00:01:50Tu as vraiment lu quelque chose sur le visage de l'amiral ?
00:02:02Hé, ne suis-je pas son neveu ?
00:02:05Au Brésil
00:02:05Quand les jeunes filles dansaient, vêtues de leur seule chevelure
00:02:10Je me souviens, leur sein brillait comme des fruits de paradis
00:02:15À cause de la sueur
00:02:17Nous aurions dû emmener avec nous les plus belles
00:02:20Pour qu'elles créent des bagarres, allons-donc
00:02:21L'amiral a bien fait de refuser
00:02:23Il ne l'a fait pas plus d'y bonderie
00:02:24Ne s'intéresse pas aux femmes, il reste chaste
00:02:28Et le plus fort, c'est que je ne peux pas lui en vouloir
00:02:34Puisqu'après tout, il a épousé ma sœur
00:02:36Ma sœur Barbara, si réservée, si raisonnable
00:02:41C'est follement amouraché d'un homme qui boite et qui ne sourit jamais
00:02:47Je ne suis pas conquis
00:02:50Oui ou non, est-ce que ces fiches bateaux vont revenir ?
00:02:52Cela fait une éternité qu'ils sont partis
00:02:54Ils reviennent !
00:02:56Tu les vois vraiment ?
00:02:58Tu n'as plus l'air d'eux que l'amiral, je pars bleu
00:03:00Un homme sans l'air, dis-lui que le bateau coule
00:03:02Il recevra la nouvelle comme si tu lui annonçais que son petit est déjà décédé
00:03:04Oui mais quoi que tu dises, l'amiral doit être aussi anxieux que nous-mêmes, peut-être davantage
00:03:07C'est le cacher, avoulez !
00:03:09C'est pendant que je me demande s'il est tout à fait sûr de sa route
00:03:13Il te pose trop de questions, ça te fait
00:03:15Je me demande si...
00:03:18Al, va où ?
00:03:20Dis-moi
00:03:20Va, va toujours
00:03:23Quelle est ta véritable pensée ?
00:03:28A quel sujet ?
00:03:30Es-tu aussi convaincu que tu le dis que l'amiral connaît ce passage ?
00:03:35Depuis des mois nous descendons plein sud en explorant chaque golfe, chaque baie, chaque estuaire, chaque faille
00:03:40Et jusqu'au moindre trou à foc et toujours en vain !
00:03:44Qu'est-ce que cela signifie ?
00:03:47Et s'il cherchait un chemin qui n'existe pas ?
00:03:50S'il s'était trompé
00:03:52Ne trompez pas à divaguer, je t'en prie
00:03:54Je dis de bonne fois
00:03:56Ils nous trompaient tous en assurant que ce chemin existe
00:04:00Qu'on peut faire le tour de la terre par l'ouest
00:04:03Qu'on peut atteindre les mollucs dans ces directions
00:04:05Après tout réfléchis bien, depuis plusieurs semaines nous longeons une barrière compacte
00:04:10Rien ne dit qu'elle ne s'étend pas toujours ainsi pour à la fin buter contre un énorme tampon de glace
00:04:14Tu les as déjà vus ces fantômes d'eau blanc avec leurs couronnes de brume ?
00:04:20Ces îles flottantes comme des avertissements sinistres ?
00:04:25Quand je les vois il me semble que mon courage gèle aussi
00:04:29Comme des avertissements sinistres ?
00:04:32Tu te dérobes ?
00:04:34C'est mieux à faire que d'écouter
00:04:36Tiens les voilà ils approchent
00:04:38Rien à leur main
00:04:42Rien
00:04:44Révenons l'amiral
00:04:49Je te laisse ce soin
00:04:51Monsieur
00:05:05Les navires sont de retour
00:05:07Ils sont de retour mais...
00:05:11Oui ils sont de retour mais...
00:05:14Te voilà déçu
00:05:17Ne l'êtes vous pas aussi monsieur ?
00:05:19Je pensais qu'il s'agissait d'un golf mais il convenait de vérifier
00:05:23Nous devons mener nos recherches rigoureusement, ne rien négliger
00:05:27Le refus de toute fantaisie est l'une des deux ou trois bonnes règles dans un voyage d'exploration
00:05:32Certes monsieur, d'autant plus que la fantaisie figure parfois trop abondamment déjà dans les cartes
00:05:37Parfois en effet
00:05:39Il veut dire dans les cartes hâtives de seconde main
00:05:42Je comprends bien
00:05:46Va signaler à tous les commandants de me rejoindre ici dès que le Conception et le Santiago seront à Londres
00:05:54Oui le révérend Sanchez serait là de venir également
00:05:57Les équipages vont être très déçus si peut-être serait-il bon de leur parler, de leur expliquer...
00:06:03Pardonnez-moi
00:06:07J'y pense
00:06:09Ce matin
00:06:11Les matelots punis se trouvaient sur le pont
00:06:13Pour leur demi-heure de grand air monsieur, selon le règlement ?
00:06:15Le règlement dit une demi-heure, or cette sortie a duré dix minutes de plus
00:06:18Je pourrais dire...
00:06:19Moi je peux, j'ai vérifié
00:06:20Vous avez sans doute raison
00:06:21Vous avez sans doute raison
00:06:22Pas sans doute, j'ai raison
00:06:23Comme il y avait ce matin un peu de soleil, j'ai cru bon de les laisser profiter
00:06:27Et puis l'air à fond de cale était irrespirable
00:06:29De bonne raison en effet
00:06:31Est-ce qu'on respecte le règlement ?
00:06:33Ces hommes feront dix heures de fer en supplément
00:06:36Dix heures, pas neuf ou huit
00:06:38Sinon tu descendras leur tenir compagnie
00:06:40J'y veillerai monsieur
00:06:41Moi aussi
00:06:43Mais...
00:06:45Comme ils vont être mécontents, peut-être serait-il bon que tu leur parles, que tu leur expliques
00:06:50Je comprends monsieur
00:06:52Encore ceci
00:06:53Demain, après la messe, je recevrai à ma table tous les officiers
00:06:57Veille au préparatif
00:06:58Veux-je inviter aussi monsieur de Cartagène qui fait les honneurs et que vous avez destitué ?
00:07:02Certainement
00:07:03Il est toujours aux arrêts ?
00:07:04Je lui ai retiré le commandement de son navire
00:07:05Non la charge de contrôleur général qu'il tient du roi et sur laquelle je ne peux rien
00:07:09A ce titre, je le recevrai
00:07:11Malgré l'offense ?
00:07:12C'est moi seul qui décide si j'ai été offensé ou non
00:07:14Mais dans ce cas précis, vous aviez opté pour l'offense
00:07:21Alors...
00:07:23La première fois que ce gaillard m'a refusé les honneurs, je n'ai rien dit parce que cela me convenait
00:07:27La seconde fois, je l'ai jeté à fond de cale pendant quinze jours
00:07:30Non parce que mon amour propre réagissait mieux cette fois
00:07:33Mais parce que j'avais intérêt à ce moment-là à me débarrasser de lui
00:07:36Je vais donc lui transmettre votre invitation
00:07:38C'est cela
00:07:39Dis lui qu'il sera mon invité en qualité de représentant de sa majesté
00:07:42N'oublie pas de lui donner à table une place de choix
00:07:45Mais après le banquet, tu le reconduiras dans sa cabine
00:07:48Et tu le boucleras de nouveau avec un matelot en armes devant sa porte
00:07:52Est-ce clair ?
00:07:53Monsieur, je vous demandais ces explications pour ne pas commettre d'impair
00:07:56A la bonne heure
00:08:00Continue dans ses bonnes dispositions
00:08:06Tu me préviendras quand tous les officiers seront là
00:08:08Qu'est-ce que c'est tout cela ?
00:08:14Cher Gonzalo, je suis curieux de voir comment ils vont faire leur entrée
00:08:19Qu'entendez-vous par là ?
00:08:20Je vais m'efforcer de découvrir leurs affinités, c'est amusant en général
00:08:23Ma parole vous avez pris auprès de l'amiral, le goût d'observer
00:08:25C'est un jeu qui est utile, surtout en cette occasion
00:08:27Belle occasion, pas de l'étroit en vue, une mauvaise tante proche
00:08:30Voyons un peu comment se comportent nous autres les dossiers
00:08:32Messieurs, je vous prie que nous verions mort que nous les avons aperçus
00:08:36Une centaine au moins
00:08:38Certains de ces beaux marins étaient énormes mon père
00:08:40De véritables éléphants
00:08:42Monsieur de Mendoza, le commandant du Victoria est très lié au Padre
00:08:45Vous en savez la raison ?
00:08:46Vous allez me la dire
00:08:47Mendoza est un grand marin mais aussi un grand buveur
00:08:49Le Padre par contre est sobre comme un cactus
00:08:52Il passe pour abandonner sa ration de vin au capitaine
00:08:54Cela s'y montre une amitié
00:08:56Voici l'élégant et insolent monsieur de Cartagène
00:08:58Qui accompagne le Durkwessad à le commandant du Concepcion
00:09:01Étrange panoplie, le fleuret et la masse d'armes
00:09:05Je me doutais bien que ce serait un nouvel échec
00:09:07J'aurais parié un diamant contre un caillou
00:09:09Il ne s'est pas caché sa satisfaction
00:09:10C'est inspontané
00:09:11Les arrêts de rigueur ne changeront rien à l'agréable impulsivité de sa nature
00:09:14Il a le charme inquiétant d'une panthère
00:09:16C'en est une, ne vous y trompez pas
00:09:17C'est la première fois que je le vois de si près
00:09:19Comment supporte-t-il les arrêts ?
00:09:21En affectant la plus complète désinvolture
00:09:23Il passe une grande partie de son temps à recevoir ses amis dans sa cabine
00:09:26Et à jouer aux échecs ou aux cartes avec eux
00:09:28Et ses journées au fer
00:09:29Il les a endurés crânement
00:09:30Cette petite épreuve l'a peut-être calmée
00:09:32Allons donc
00:09:33Tenez, voici pour vous
00:09:34Le capitaine du Santiago, ce bon Roman Serrao
00:09:37Tassiturne comme un roc, mais solide comme lui
00:09:40Il est laid, une véritable tête de chien
00:09:42Chien garde
00:09:43Qui ferme la marche, ce solennel imbécile de coca, le commandant de San Antonio
00:09:48Je le connais bien celui-là
00:09:50Il a toujours l'air d'avoir gardé l'hostie en travers du gosier
00:09:52Sans savoir s'il doit l'avaler ou l'accrocher
00:09:56Messieurs le capitaine général ne va pas tarder, je cours le prévenir de votre arrivée
00:10:00Le prévenir, comme si vous avez pas vu monter à bord, toujours c'est comédie
00:10:04Il s'emploie sans doute à confoser ce masque d'impassibilité qu'il affectionne
00:10:08Il y a en lui quelque chose de néronien
00:10:11Ne le chargez pas ainsi, il est tout naturellement secret
00:10:13Il boite de plus en plus depuis le coup de l'an ce qu'il a reçu au Maroc
00:10:15Mais vous remarquez avec l'obstination il dissémule la Géla
00:10:17Il boite aussi de l'arme et s'efforce de la même manière de donner le change
00:10:21J'ai hâte de savoir comment il a pris l'annonce de notre échec
00:10:24Savez-vous que j'ai ben et bien failli m'empaler sur un récif
00:10:28En allant examiner de trop près une coupure de la falaise
00:10:30Il n'aurait plus manqué que ça à perdre un bateau
00:10:32Ah mon cher, j'avais l'ordre de serrer la côte au plus près
00:10:35Nous verrons si les langues seront aussi déliées devant l'amiral
00:10:38Vous aurez des surprises, on voit que c'est la première fois que vous assistez à ce genre de réunion
00:10:41Alors qu'il ne doit pas être très à son aise, il sait que nous le soupçonnons
00:10:44Que nous ne sommes pas loin de pouvoir révéler son imposture
00:10:46C'est imposture que vous y allez
00:10:48Cher Serra, vous êtes son compatriote
00:10:51Vous tenez de lui votre commandement, vous l'admirez, je comprends donc votre fidélité
00:10:55Ma fidélité va d'abord au roi
00:10:57Au roi dont l'amiral a l'estime et la confiance
00:11:01Hélas
00:11:02En comptez les pleins pouvoirs
00:11:03Sous mon oeil vigilant de contrôleur général
00:11:05Permet en me gardant aux arrêts
00:11:07Mais de ma cabine, le rayon invincible de mon oeil traverse toutes les cloisons
00:11:12Et révèle tous les artifices
00:11:13Vous avez de l'esprit
00:11:15Mais vous savez bien que vos arrêts et le reste ont été motivés par une raison plus précise et plus simple
00:11:20Que vous refusiez les honneurs cela vous regarde
00:11:22Mais cela se paie au terme même du code maritime
00:11:24Mais cela me regarde en effet, cela ne regarde même que moi
00:11:26Mais cette estime et cette confiance dont vous parlez
00:11:29Je me demande comment l'amiral a pu la capter chez sa majesté
00:11:32Cela me paraît proprement relevé de la magie noire
00:11:34Vous évoquez votre fidélité, douteriez-vous de la nôtre monsieur ?
00:11:37Je doute seulement de votre patience
00:11:38Elle n'a que trop duré
00:11:40Mon cher camarade, vous pensez lentement mais parfois vous pensez juste
00:11:44Comment dites-vous ?
00:11:46Je dis que vous avez cette qualité de rumination propre au vieux marin
00:11:50Le secret de l'amiral, ses fameuses cartes, c'est peut-être une fable
00:11:54Le mystère que vous évoquiez demeure
00:11:56Comment sa majesté a-t-elle pu se laisser convaincre ?
00:12:00Elle doit avoir de bien médiocres conseillers
00:12:02Allons donc, au conseil de la couronne figure Mgr Fonseca, évêque de Burgos
00:12:07Mgr Adrien, cardinal d'Utrecht
00:12:10Des hommes de valeurs indiscutables
00:12:13Bref, à mon bord, les matelots commencent à s'agiter
00:12:15Les miens aussi, et nous aurons de plus en plus de mal à les tenir en main
00:12:18Et les punir à tout bout de champ n'est pas une solution
00:12:21On aggrave leur rancœur, rien de plus
00:12:23J'ai de nombreux malades, il m'a fallu un paillasse à coups de bottes pour compléter les corvées d'eau
00:12:27Il fallait énumérer tous nos ennuis
00:12:29Le beau près de mon bateau est fendu jusqu'à l'éperon
00:12:31Je l'ai fait cercler, mais tiendra-t-il par gros temps ?
00:12:33Lorsqu'on a mis le cap sur la Guinée au lieu de faire au sud-ouest vers le Brésil, j'ai flairé du louche
00:12:37Jusqu'à la Guinée, je me disais qu'il cherchait des vents favorables connus de lui seul
00:12:41Mais après, toujours ses secrets
00:12:43Après, vous vous souvenez du calme plat qui nous a tous accueillis
00:12:4615 jours !
00:12:47Sur le pont, personne ne pouvait toucher une plaque de métal sans se brûler
00:12:50A ne rien à vous cacher, mes doutes ont commencé dans cette période où les voiles toutes flasques nous guettions un souffle
00:12:55Jusque-là, pourquoi ne pas l'avouer, j'avais confiance
00:12:57Et s'il avait voulu éviter les navires portugais lancés à sa poursuite ?
00:13:00Allons, comment vos anciens compatriotes auraient-ils pu capturer l'amiral ?
00:13:03L'amiral de Portugal l'avait bien accusé d'avoir livré au roi d'Espagne des secrets de géographie et de navigation tirés des archives de Lisbonne
00:13:08Bon !
00:13:10Qu'il ne nous ait pas montré ses cartes jusqu'à l'escale des Canaries, je l'accepte
00:13:13Les espions sont habiles et les portugais veillés
00:13:15En principe, notre expédition est une menace pour leurs intérêts, mais que diable !
00:13:19Une fois en pleine Atlantique, loin de tous ces dangers bien réels, je l'admets
00:13:22Pourquoi l'amiral a-t-il refusé avec obstination et arrogance ?
00:13:25De me laisser consulter ses cartes avec lui ?
00:13:27Réfléchissez !
00:13:28Il a trahi son pays au profit d'une autre, qui a trahi une fois...
00:13:31Voilà des paroles...
00:13:32J'oubliais qu'au Maroc, on l'a fortement soupçonné d'un trafic avec les morts
00:13:35D'un trafic de chevaux et de bétail dont il avait la charge
00:13:38Il a été lavé de tout soupçon, vous le savez bien
00:13:40D'ailleurs, s'il avait voulu s'enrichir, il aurait eu de bien meilleures occasions pendant ses deux séjours aux Indes
00:13:45Et qu'en a-t-il rapporté ?
00:13:46Des blessures
00:13:48Vous certain que l'argent l'intéresse ?
00:13:50Vous le connaissez peu
00:13:51À qui la faute ? Il se veut inabordable !
00:13:54On ne peut jamais lui poser la moindre question !
00:13:56Il répète tout de suite qu'il n'a pas de compte à nous rendre
00:13:58Et toujours ce visage renfroigné, il refuse même de nous recevoir
00:14:01Dans ce cas, que faisons-nous ici ?
00:14:02Vous oubliez que nous sommes bénisseurs sans l'ordre
00:14:04La nouvelle échelle d'aujourd'hui l'a décidé, je pense, à prendre enfin notre avis
00:14:07Ce serait le commencement de la sagesse, et il n'est que temps !
00:14:09En effet, nous voici parvenus au bout du monde dans une contrée dangereuse, inconnue, par un hiver rigoureux
00:14:14Et qu'avons-nous trouvé ?
00:14:15D'une baie envahie de tortues, une autre peuplée de pingouins
00:14:18Et celle-ci habitée par des mables colonies de phoques
00:14:20Ce n'est plus un voyage de découverte, mais une tournée dans un parc d'acclimatation
00:14:25Mais de passage, pas la plus petite passe
00:14:27Nous allons voir enfin si nous pouvons l'interroger sans qu'il prenne cela pour une insolence
00:14:32C'est bien la première fois de ma carrière que je participe à une croisière
00:14:35Dont le capitaine général refuse à ses officiers de les traiter autrement qu'en simples exécutants
00:14:40Nous avons tous observé qu'il pensait trouver le passage après l'écoute du Brésil
00:14:43Et nous sommes bien au-delà
00:14:45Cette convocation me laisse penser qu'il va nous placer devant l'alternative
00:14:48Ou continuer encore un peu, ou retourner sans plus attendre en Espagne
00:14:52Non, non, non
00:14:53Il va nous proposer de remonter vers le nord et d'hiberner sur la côte du Brésil
00:14:57Il finira tôt ou tard par s'avouer vaincu et reconnaître la vanité de ces fameuses cartes
00:15:01Il y viendra un jour à cet aveu
00:15:03Espérons que ce sera avant que tous nos hommes aient payé de leur vie, cette folie
00:15:07Ils sont presque tous à bout de résistance
00:15:10Ne forcez pas trop la note mon frère
00:15:12Je dis bien de résistance physique et morale
00:15:15La sagesse ce soir serait non pas d'écouter tel ou tel projet de l'amiral, mais de lui impagnie
00:15:20Oh, comme vous y allez
00:15:22Mon père, comment lui imposer ce retour, sinon par la force ?
00:15:25Eh, c'est une incitation à la rébellion, y avez-vous réfléchi ?
00:15:30Je veux dire qu'il faudrait le convaincre
00:15:32Mais voilà précisément tout le problème
00:15:34Ah, mon père, on voit bien que vous croyez au miracle
00:15:36Mais attention, qu'il désire s'entretenir avec nous est déjà convenissant
00:15:41Une attitude nouvelle et prometteuse
00:15:43Si de son propre mouvement il reconnaît son erreur
00:15:46Tâchons, je vous en prie, de dissimuler notre satisfaction
00:15:49Sinon nous risquerions de le voir rentrer de nouveau dans sa coquille
00:15:52Il a raison
00:15:53Si l'amiral admet que ses cartes contiennent des erreurs et qu'il s'est perdu
00:15:56S'il demande notre avis, le mieux est de répondre loyalement à un appel loyal
00:16:00Nous devons surmonter nos rancunes et offrir de coopérer en toute sincérité
00:16:04Et dites-moi, dites-moi, vous avez mené à bout deux phrases extrêmement difficiles
00:16:07Cette situation vous donne de l'éloquence, compliment
00:16:09Coopérer, dites-vous
00:16:11Avons-nous jamais refusé de le faire ?
00:16:13Tout de même, quel bon jour ce sera que celui où nous verrons cet orgueilleux courber enfin la tête ?
00:16:19L'échec de cet après-midi a été décisif
00:16:21Il a brisé cette dure carapace qui l'aveugle
00:16:24Pas d'optimisme exagéré mon père, il l'a fêlé tout au plus
00:16:28Silence messieurs, on vient
00:16:32Le capitaine général, nous avons attendu autant que pour une audience royale
00:16:35Peut-être est-ce là de ses calculs ?
00:16:37Vous laissez nous entretenir entre nous
00:16:39Tout de suite de la disposer de grâce
00:16:40Prenez-vous messieurs, ceci ressemble à de la panique
00:16:43Messieurs !
00:16:48Bienvenue à mon bord
00:16:51Prenez place, s'il vous plaît
00:17:07Messieurs
00:17:08J'ai à vous présenter deux propositions
00:17:11L'une qui intéresse notre gloire et l'autre notre foi
00:17:16Nous venons de vérifier que nous sommes ici dans un golfe
00:17:18Aucun Européen ne l'a visité avant nous
00:17:20Nous sommes les premiers indiscutablement
00:17:22L'honneur, nous reviendrons de le nommer et de le porter sur les cartes
00:17:26Je propose
00:17:28Port Sam Juliam
00:17:30Pas d'objection ?
00:17:34Bien
00:17:35Ma seconde proposition sera la suivante
00:17:39Demain, jour de Pâques
00:17:41Une messe solennelle d'action de grâce sera célébrée à terre avec tous les équipages
00:17:45Sauf les groupes de sécurité
00:17:47Grand pavois bien entendu
00:17:48Mon père, le jeune Duarte restera à votre disposition pour les préparatifs
00:17:55Pas d'objection ?
00:17:57Aucune monsieur
00:17:58Du moins sur ces deux points dont l'importance ne nous a pas échappé
00:18:03Nous aimerions toutefois attirer respectueusement votre attention sur le fait que ce port
00:18:07Sainte Juliane où il vous a plu de le nommer est assez inhospitalier
00:18:11Exact monsieur et j'y ai longuement réfléchi
00:18:14Il convient en particulier d'ordonner aux matelots qui se rendront à l'intérieur des terres
00:18:19De se montrer amicaux envers les indigènes qu'il pourrait rencontrer
00:18:22En effet, nous allons avoir besoin de vivre pour l'hivernage
00:18:27Et mieux vaut se concilier les tribus que de les effaroucher ou de les rendre hostiles
00:18:31Et vernez ici monsieur, vous y songez sérieusement ?
00:18:34Je n'y songe pas, je l'ai décidé
00:18:36Je me préparais à vous en faire l'annonce
00:18:38Vous connaissez l'état du matériel ?
00:18:39Je laisse à votre initiative le soin de relever ou de maintenir le moral de nos matelots
00:18:42Ils emploieront utilement ces deux mois à réparer leurs navires et à récupérer leurs forces
00:18:47Votre intention est donc de repartir au beau jour vers le sud ?
00:18:50Jusqu'à quelle limite ?
00:18:51Jusqu'au passage qui mène vers l'autre océan
00:18:53Et si nous ne le trouvons pas ?
00:18:54Pourquoi ne le trouverions-nous pas ?
00:18:56Parce que pour le trouver il faut qu'il existe
00:18:58Il existe !
00:19:06Il existe !
00:19:08A ne vous rien cacher, monsieur, les hommes s'interrogent
00:19:12Ils voient bien que depuis notre départ du Brésil nous errons en vain
00:19:16Ils croient deviner que l'expédition s'engage dangereusement
00:19:20Et qu'elle ne paraît pas assurée de ses fins
00:19:22Ils s'interrogeraient moins, mon père, si quelques voix fusiles d'anime ou malveillantes
00:19:26N'entretenaient le doute dans leur esprit et n'alimentaient leur inquiétude
00:19:28Ce doute et cette inquiétude s'effacerait si tous ensemble nous examinions les cartes
00:19:32Pour découvrir et pour évaluer les erreurs qu'elles peuvent contenir
00:19:35Elles ne contiennent pas d'erreurs
00:19:37Et dans ce cas, pourquoi n'avons-nous pas mis tout de suite le cap sur ce passage, dès notre départ du Brésil ?
00:19:40Les cartes sont bonnes, elles comportent simplement une imprécision volontaire, précaution légitime
00:19:46Mais cette imprécision, ne pourrions-nous la réduire en réunissant nos expériences respectives ?
00:19:50Nous sommes ici des navigateurs dont vous avez bien voulu estimer la science
00:19:54Si vous daignez nous consulter
00:19:56Je ne daigne pas, monsieur
00:20:00Si ces cartes comptent, comme vous le dites, une imprécision
00:20:04Celle-ci ne peut-elle avoir des risques graves pour des vies et des biens de responsabilité devant sa majesté ?
00:20:10Ces risques, vous les avez reconnus et acceptés dès le départ ?
00:20:13Certes, monsieur
00:20:14Mais alors, on nous avait communiqué la conviction
00:20:17Que nous nous dirigerions sans couférir vers ce passage
00:20:20Et nous acceptions en effet, pour la gloire du roi et de l'Espagne, les misères et les fortunes de la mer
00:20:25Ainsi, au premier choc, vous pliez
00:20:31Lequel parmi vous préfère retourner dans son pays sans se battre jusqu'au bout ?
00:20:35Ceux qui n'ont pas assez de coeur pour persévérer
00:20:46N'avez qu'à prendre rang à la cour
00:20:49Et ambitionner un jour d'ouvrir la portière du roi ou de lui tenir la chandelle au petit coucher
00:20:53Notre ambition et notre honneur dans toutes les faces sont au niveau des vôtres
00:20:56Mais un signe de vous raffermirait notre foi dans cette entreprise
00:20:59Vous êtes là pour recevoir des ordres, non des marques d'encouragement
00:21:02J'entendais non pas des marques d'encouragement mais de confiance
00:21:04Un simple et loyal examen des cartes permette
00:21:06J'ai déjà dit non !
00:21:13Au point diable, ne mettez-vous dans l'obligation de vous rappeler qu'aux termes de mes personnes
00:21:17Vous entendez personne !
00:21:19Est-ce non seulement pour nous proposer de baptiser ce port et de célébrer demain les Pâques que vous nous avez réunis ?
00:21:25Nous consultez-t-il ?
00:21:27Pardon mon père
00:21:29N'est-ce pas en l'occurrence une sorte d'affront délibéré ?
00:21:31Tu n'as raison monsieur, nous avons des problèmes bien plus graves, bien plus urgents à affronter dès à présent
00:21:34Exact, mais je n'avais pas encore terminé
00:21:40Il me reste à vous livrer une décision importante
00:21:55L'annonce que nous hivernerons dans ce golfe va provoquer à coup sûr des remous parmi nos équipages
00:22:01Ces remous, je peux déjà en mesurer l'intensité à vos propres réactions
00:22:05Pour hiverner, en effet, l'endroit ne pouvait être plus mal choisi
00:22:08Mais je l'ai choisi et il vous appartient de respecter ce choix
00:22:12Il n'y a plus grave
00:22:17Cet hivernage nous oblige donc à diminuer nos rations de vin et de biscuits
00:22:21Voilà qui poussera dangereusement les rancœurs
00:22:22Nous allons passer dix ou douze semaines au mouillage
00:22:26Nous devons ménager nos réserves
00:22:28Un seul quart de vin et six biscuits au lieu de dix
00:22:33Quand doit commencer ce rationnement ?
00:22:35Dès ce soir
00:22:36N'est-ce pas prématuré ?
00:22:37Dès ce soir
00:22:38Et les hommes sont déjà suffisamment
00:22:40Prenez toute disposition pour frapper vite et fort les individus trop excités
00:22:44Je ne tolérerai aucune manifestation
00:22:47Aucun désordre
00:22:50Chacun de vous en répondra personnellement devant moi
00:22:53Ah messieurs, demain, faites-moi l'honneur, je vous prie, d'être mes hôtes à déjeuner
00:23:08Nous donnerons toutefois l'exemple de la tempérance et de la frugalité
00:23:23Il est visible qu'il ne vous aime guère
00:23:37Ce qui m'importe ce n'est pas qu'il m'aime mais qu'il me craigne
00:23:41Pensez-vous que l'on vous obéit mieux si l'on vous craint que si l'on vous aime ?
00:23:45Je pense que l'on m'obéit tout aussi bien mais plus vite
00:23:47Cependant, ceux qui vous connaissent savent que vous pouvez vous faire aimer
00:23:54Or, pour vous connaître, il faut pouvoir vous approcher, ce qui n'est guère facile
00:23:59Pas pour ceux en qui j'ai confiance, tu le sais
00:24:04Je sais, je sais
00:24:07Je sais bien d'autres choses
00:24:10Ah oui, et quoi, par exemple ?
00:24:13Je sais pourquoi vous refusez de montrer vos cartes aux espagnols
00:24:15Vraiment ?
00:24:18Eh bien, parlez-en
00:24:21C'est mon père qui vous a mis en garde
00:24:24Ton père m'a mis en garde ?
00:24:27Bon, à quel sujet ?
00:24:30Si vous montrez vos cartes, vous courez le risque que les plus ambitieux de ces espagnols ne se liguent contre vous
00:24:36Pour s'octroyer le prix de vos recherches, de vos démarches, de vos efforts
00:24:39Les démarches et les efforts, en effet, n'ont pas été le miel et le lait de cette entreprise
00:24:45Le roi du Portugal, qui d'abord refuse de m'écouter et m'éconduit avec dédain
00:24:49Celui d'Espagne, que je croyais inaccessible et qui me saute au pot
00:24:54Le premier veut alors me ramener à lui à tout prix, ou me perdre coûte que coûte
00:24:59Ensuite, les émeutes fomentées contre moi par le consul à la séville
00:25:04Les trahisons, les fournisseurs, les désertions, j'en passe
00:25:14Le jour du départ, je n'ai pas levé l'encre
00:25:20Je l'ai arraché à une vase épaisse et nauséabande d'intrigues et de promptos
00:25:26Vous voyez ?
00:25:30Ben oui, pas de quelle d'imagination. Au lieu de courir la mer, tu ferais mieux d'écrire
00:25:34Ne vous moquez pas de moi, monsieur
00:25:36Je comprends vos soupçons et j'admets votre méfiance
00:25:39Allons donc ! Le risque n'est pas qu'ils veuillent me voler mon projet
00:25:43Tu as bien observé là tout à l'heure que tous mes officiers sont inquiets et soucieux d'en finir avec une affaire qu'ils jugent compromise
00:25:49Ce qu'ils veulent, ce n'est pas m'évincer pour courir à la victoire, oh non
00:25:54C'est retourner en Espagne
00:26:00À cette réunion, j'enrageais assez de les voir douter ouvertement de vous
00:26:10La plupart d'entre eux ne veulent pas oublier que je ne suis pas de leur sang
00:26:17Et les plus dangereux sont ceux qui savent se taire et dissimuler leurs dessins
00:26:21C'est pas un art dans lequel vous-même vous excellez
00:26:23C'est pas un art, c'est une arme
00:26:26Une arme efficace à qui c'est en usée
00:26:29De toute façon, la grossièreté de ces gens va indigner
00:26:32Leur grossièreté est calculée
00:26:34Et dans ce domaine, j'apprécie les coups qu'on ajuste
00:26:39C'est l'improvisation qui me déçoit
00:26:41Je les crois en vieux, jaloux de votre autorité
00:26:44Ils guettent en moi une défaillance
00:26:47Ils ont tous ces têtes d'oiseaux de proie qui attendent la mort d'un fauve pour le dépecer
00:26:52Mais qui n'osent s'y aventurer tant qu'ils bougent et gardent encore ses griffes
00:26:57De quelle défaillance et de quelle mort parlez-vous ?
00:27:03C'est vrai que vous soupçonnez chez certains d'entre eux des desseins plus ou moins sombres
00:27:07Que craignez-vous au juste ?
00:27:10Je crains que ces messieurs ne se rendent pas demain à mon invitation
00:27:18J'ai voulu respecter la tradition de ce repas de Pâques
00:27:23Nous verrons bien
00:27:27Et s'ils ne viennent pas, comment prendrez-vous cela ?
00:27:31Je le prendrai pour une petite manifestation de mauvaise humeur
00:27:35Sans plus ?
00:27:36De la mauvaise humeur à la colère, il n'y a qu'un pas, j'espère qu'il sera vite franchi
00:27:40Vous espérez ?
00:27:42Je ne peux pas grand-chose contre une manifestation de mauvaise humeur
00:27:45Mais dans un excès de colère, on ne se surveille plus, on se surveille mal
00:27:49On se découvre enfin
00:27:53Et...
00:27:55Un ennemi reconnu est toujours moins redoutable
00:27:58Vous avez réellement des ennemis redoutables parmi nous ?
00:28:02Certes
00:28:03Mais...
00:28:06Il me reste encore à les repérer
00:28:09On est toujours moins vulnérables quand on sait d'où peuvent venir les coups
00:28:16Du moment que vous avez mis à la raison, Monsieur de Cartagène, celui-là hors de cause, je ne vois personne qui...
00:28:20Je ne vois personne qui...
00:28:28Rapporte-moi plutôt quelques souvenirs de ta sœur lorsqu'elle était enfant
00:28:33Ah, je vois
00:28:35Pour certaines choses, vous êtes comme tout le monde
00:28:37Au crépuscule, il vous vient des nostalgies
00:28:45Ah, je t'écoute
00:28:46C'est quoi ?
00:28:47C'est quoi ?
00:28:48C'est quoi ?
00:28:50C'est quoi ?
00:28:51C'est quoi ?
00:28:52C'est quoi ?
00:28:53C'est quoi ?
00:28:54C'est quoi ?
00:28:55C'est quoi ?
00:28:56C'est quoi ?
00:28:57C'est quoi ?
00:28:58C'est quoi ?
00:28:59La sœur Barbara, notre épouse
00:29:06Dans son jeune âge, j'ai l'avantage de vous dire qu'elle n'était qu'une chipie
00:29:12Affreusement gâtée par notre père, qui en revanche se montrait sévère pour ses trois garçons
00:29:19Elle, elle pouvait crier, chanter à tue-tête et même jouer avec les décorations de mon père, tout cela impunément
00:29:27A dix ans, elle rendait folle nos servantes
00:29:30Figurez-vous qu'elle nouait le linge mouillé que ses pauvres filles se préparaient à étendre
00:29:49Rien de plus difficile à défaire
00:29:51éteindre vient de plus difficile à défaire. Mais c'était une engeleuse qui savait sourire
00:30:01et désarmer ce qu'elle venait de fâcher ou d'irriter par ses malices. Il lui est resté
00:30:10beaucoup de ce pouvoir. Vous le savez. Est-ce que vous m'écoutez, monsieur? Et dois-je continuer?
00:30:25Merci, c'est bien. Barbara est en effet une femme charme.
00:30:40À présent, laisse-moi.
00:31:10Eh bien, ma belle, ma très belle Francesca de Ola, me voici de retour.
00:31:32Tu es toujours aussi jolie. Tu as la même peau de séraphin et ce flot de cheveux rouges
00:31:41que j'aime tant, tes rondes cascades sur tes reins nuls.
00:31:48Mais moi, n'est-ce pas? Est-ce que j'ai pu changer?
00:31:53Que veux-tu? J'ai couru le monde aux ordres d'un amiral peu enclin ou ménager.
00:32:01Oui, oui, j'ai vu beaucoup de choses.
00:32:05J'ai souffert le chaud et le froid, l'ouragan et le calme plat.
00:32:12T'oubliez puisque je te vois.
00:32:13Tu me dis que j'aurais mieux fait de rester comme tu m'en suppliais.
00:32:21Et la curiosité me dévorait de connaître cette terre où il nous faudra bien mourir.
00:32:27Parfois, en mer, lorsque le vent nous secouait,
00:32:35je rêvais d'une zone privilégiée où Dieu nous attendait, où il nous accueillait ton sourire.
00:32:38Voilà, mes fils, votre audace mérite récompense.
00:32:48Et quand mon tour venait, ma récompense, c'était toi.
00:33:04Présent que nous voici réunis, ma belle, il reste cependant éclaircir un point qui compte.
00:33:08Si loin de moi, mon adoré, comment as-tu rempli l'absence ?
00:33:15À m'attendre en brodant ?
00:33:19En priant pour moi, jour et nuit ?
00:33:22Pauvre être !
00:33:24Et tu voudrais que je te croie.
00:33:27La fidélité dit-tu, cela existe ?
00:33:29Oui, oui, mais tu m'as tellement reproché de partir.
00:33:31Tu as tellement pleuré en déchirant les draps, tellement hurlé en fracassant ce beau miroir que ton défunt mari t'avait rapporté de Venise,
00:33:38que je dois craindre une vengeance de ta façon.
00:33:43Bien sûr que l'on t'a courtisé.
00:33:47Bien sûr que tu as eu des amours.
00:33:48Tu as peur et tu prétends que tu restais chaste !
00:34:01Comme je voudrais te croire.
00:34:08Toi qui aimes tant le plaisir.
00:34:12Toi dont la gorge est si chaude.
00:34:17Toi dont les yeux brillent au moindre compliment.
00:34:19Tu serais resté sage à m'attendre.
00:34:27Comme je voudrais te tuer.
00:34:30Pour tuer le doute, la souffrance.
00:34:34Si je te tenais !
00:34:41Et si je te tenais ?
00:34:45Peut-être que rien ne contrait plus que tes rires et tes baisers.
00:34:50Que nos jeux amoureux, que la chute de nos deux corps à travers les étoiles.
00:35:08Tu parles tout seul ?
00:35:11Oh non, monsieur.
00:35:12C'est-à-dire que je faut donner un air connu, une sévillane.
00:35:16Dans ce cas, tu chantes faux.
00:35:19Et ce masque ?
00:35:19Tu joues au lieu de veiller.
00:35:21Il est vrai que j'ai tort de confier ma sécurité à un enfant.
00:35:24Je ne suis pas un enfant, monsieur.
00:35:27Et personne ne serait pénétré ici sans d'abord me tuer.
00:35:29Eh bien, on te tuerait d'abord par surprise.
00:35:31Et puis on viendrait s'encouferrir jusqu'à moi.
00:35:33La belle affaire.
00:35:35Pourquoi n'es-tu pas sur tes gardes ?
00:35:36Surtout par un matin comme celui-ci.
00:35:38Qu'y a-t-il de particulier ?
00:35:40Il est gris et froid comme d'habitude.
00:35:42Quelque chose peut se passer.
00:35:45Tout est calme, cependant.
00:35:46Oui, mais pas comme d'habitude.
00:35:48En effet, il n'y a personne sur le pont des bateaux, mais il s'inquiète.
00:35:51À quoi jouais-tu ?
00:35:53Ce masque me rappelait des souvenirs du Brésil et aussi des souvenirs d'Espagne.
00:36:04Quel genre de souvenirs ?
00:36:05J'ai laissé à Séville une maîtresse.
00:36:09Elle a des cheveux rouges, des yeux verts qui prennent parfois le regard dilaté des panthères.
00:36:18Mais dans l'amour, elle retrouve ce sourire lointain, ce même regard d'extase.
00:36:25C'est inquiet, je le vois.
00:36:31Qu'est-ce qui te le fait croire ?
00:36:33Vous ne m'écoutez pas.
00:36:35D'ordinaire, vous écoutez tout ce qu'on vous dit, même les propos les plus futiles et sans jamais scier.
00:36:40Vous avez alors un regard tendu qu'on supporte mal.
00:36:44Or, en ce moment, je peux très bien le supporter.
00:36:45Tu m'as parlé de ce masque et peut-être de son sourire.
00:36:55Vous voyez ?
00:36:56Bon, eh bien, en effet, je pensais à autre chose.
00:37:00Je pensais à ces officiers qui me détestent.
00:37:05Pourquoi penser tellement à eux ?
00:37:07C'est que je sens leur haine à distance.
00:37:10Elle vient jusqu'à moi comme un fluide maléfique.
00:37:12Je la perçois quand je suis près du pilote là-haut.
00:37:17Je la sens même quand je suis seul dans ma cabine.
00:37:20Elle colle à mon esprit comme une sueur fétile, colle à la peau.
00:37:24Pensez-vous sérieusement qu'ils veuillent vous tuer ?
00:37:25Ils me tuent, non.
00:37:26Par manque de courage ?
00:37:27Ils les connaissent mal.
00:37:29Ils sont haineux, envieux, vaniteux, mais très braves.
00:37:34Alors ils vous tueront ?
00:37:35Ils respectent trop l'autorité du roi pour aller jusqu'à cet extrême.
00:37:38Plus tard, ce scrupule pourrait fondre.
00:37:45La raison, monsieur, d'une attitude pareille.
00:37:47Il ne croit pas en moi.
00:37:49Pourquoi lui, pensait-il déjà avant même le départ ?
00:37:51Pourquoi lui, un mercenaire, un étranger ?
00:37:54Pourquoi toutes ces faveurs du roi et cette confiance totale ?
00:37:59Si nous avions atteint le passage, ses sentiments auraient changé.
00:38:01Ce monsieur de Cartagène, si fier d'appartenir à une grande famille
00:38:04et d'être le cousin de l'évêque de Burgos, ne désarmera jamais.
00:38:06Il a surtout le sang vicié depuis que vous l'avez mis aux arrêts pour insubordination.
00:38:12Il ira plus loin que l'insubordination.
00:38:17Plus loin ?
00:38:18Croyez-vous qu'il peut fomenter une mutinerie ?
00:38:23Décidément, tu n'es qu'un enfant.
00:38:25Je n'aime pas qu'on me traite d'enfant, monsieur.
00:38:28Parce que j'étais son cadet.
00:38:29Votre femme n'a jamais cessé de le faire jusqu'au jour où, devant elle,
00:38:32je me suis enfoncé une date dans la cuisse !
00:38:34Rien que pour lui prouver que j'avais l'âge d'être traité en fait en homme !
00:38:40Et ?
00:38:41Elle s'est amendée ?
00:38:44Elle s'est évanouie.
00:38:47Ensuite, elle m'a soigné.
00:38:49Puis tout est allé mieux.
00:38:52Si tu me jouais ce tour, je te ferais jeter un fond de cale
00:38:54et tu n'auras montré que ta blessure guérie.
00:38:56C'est peut-être qu'à l'époque, j'étais vraiment un enfant.
00:39:00Tu avais 14 ans.
00:39:02Ah, Pascal vous a raconté.
00:39:04Duarte !
00:39:07Je vais te proposer un jeu.
00:39:09Monsieur, ne vous moquez pas de moi.
00:39:12Sinon, je vais croire moi aussi que vous avez l'air de retourner contre vous,
00:39:14ceux qui vous aiment.
00:39:15Il s'agit d'une devinette.
00:39:16Je suppose que tu apprécies les devinettes.
00:39:18Monsieur !
00:39:18Alors, écoute.
00:39:20Ce canot qui sort de la brume, c'est le canot du San Antonio.
00:39:26Sans doute.
00:39:26Pourquoi ?
00:39:28Pour prendre vos ordres, comme chaque matin.
00:39:30Question.
00:39:31Ce canot présente une certaine anomalie.
00:39:34Laquelle ?
00:39:35Je ne vois rien d'alormal.
00:39:38Il y a quatre hommes qui râment.
00:39:40Ils râment vigoureusement, non ? Je ne devine rien.
00:39:42Je vais t'aider.
00:39:44Regarde mieux.
00:39:46Oui.
00:39:47Question.
00:39:49Vais-je confier mes ordres à de simples matelons ?
00:39:54Ah, en effet, il n'y a pas de fi...
00:39:56Gagnez.
00:39:58Ils vont t'aborder.
00:40:01Qu'est-ce que ça signifie ?
00:40:03Voulez-vous que j'aille en ouvert ?
00:40:03Interdit, on nous observe.
00:40:05Reste ici, près de moi, bien en vue, à bavarder tranquillement.
00:40:08Tranquillement ?
00:40:09Mais monsieur, c'est au-dessus de mes forces.
00:40:11Là, là, souris donc.
00:40:12On doit nous épier du San Antonio.
00:40:15Il faut qu'on nous voie sourire.
00:40:17J'y vais, monsieur.
00:40:17Surdonnez-moi d'y aller.
00:40:18On vient.
00:40:21Entrez.
00:40:21Monsieur.
00:40:23L'avance est donc.
00:40:24Des nouvelles terribles.
00:40:25On s'est emparés cette nuit du San Antonio, du Victoria et du Conception.
00:40:28On s'est battus sur le premier.
00:40:30Elioraga, votre meilleur pilote, est mort, poignardé.
00:40:32Votre neveu Alvaro est prisonnier.
00:40:34Je viens de vous apporter le canot du San Antonio.
00:40:36Les matelots que j'ai déjà rapidement questionnés attendent votre réponse.
00:40:38Eh bien, qu'ils attendent.
00:40:39Il y a temps pour tout.
00:40:42Voyez, Gonzalo.
00:40:44Ce message est signé par Quesada.
00:40:46Il écrit en son nom et au nom de ses amis parmi lesquels j'ai plaisir à ne pas voir figurer le fidèle ses armes.
00:40:55Que disent-ils ?
00:40:56Qu'ils n'accepteront plus mes armes.
00:40:58Mais à quoi ces fous veulent-ils pas venir ?
00:40:59Une action de ce genre est à la fois criminelle et insensée.
00:41:02Ils ont perdu l'esprit.
00:41:03Ils disent qu'ils ont pris cette décision à contre-cœur
00:41:06et qu'ils reconnaîtront de nouveau mon autorité pleine et entière à trois conditions.
00:41:10Un ultimatum.
00:41:11Vous refusez, j'en suis sûr.
00:41:12Je vous remercie d'examiner mes cartes.
00:41:14Deuxièmement, je dois les consulter à l'avenir en toutes circonstances et décisions.
00:41:19Et pour finir, je dois m'engager à n'exercer par la suite aucune représailles.
00:41:27Les traîtres.
00:41:28Qu'il ne faut pas perdre de temps.
00:41:31Il ne faut pas.
00:41:32Mais il ne faut pas non plus perdre la tête.
00:41:35Qu'allez-vous répondre à ces canailles ?
00:41:36Pensez-vous réduire le Saint-Antonio au canon ou tenter cette nuit à l'abordage ?
00:41:39Écoutez-moi bien, tous les deux.
00:41:42Ne croyez pas un instant que je veuille détruire mes propres bâtiments
00:41:45sous prétexte de ramener une poilée d'excité à la raison.
00:41:48Mais ils ont trois navires, nous deux.
00:41:50Ils sont les plus forts.
00:41:51Ils peuvent nous attaquer les premiers.
00:41:54Pourquoi ne pas payer d'audace et prendre l'initiative ?
00:41:56L'effet de surprise doit jouer en notre faveur.
00:41:58Je ne veux pas de bataille.
00:42:00Je veux mes navires intactes.
00:42:02Que comptez-vous faire ?
00:42:03Ce message est bel et bien un ultimatum,
00:42:06mais comme vous avez pu le noter,
00:42:07qu'il ne s'appuie sur aucune menace.
00:42:10Il est clair que mes adversaires ne sont pas décidés à aller jusqu'au bout.
00:42:14Moi, oui.
00:42:19Puisque tous les chefs de la rébellion, sauf Mendoza, sont réunis sur le San Antonio,
00:42:23c'est notre chance.
00:42:24Commandez-moi de mener l'assaut.
00:42:26Je n'ai dit pas de bataille.
00:42:28Tout le monde attend que je me jette contre le San Antonio,
00:42:31le mieux est de frapper là où l'on ne m'attend pas.
00:42:34Mais de tous vos navires, celui-là est le plus puissant et le mieux armé.
00:42:37Nous devons le réduire en premier.
00:42:38Il est invulnérable, folie que de l'affronter.
00:42:40Et puis, Gonzalo, même si je le réduisais,
00:42:42quel intérêt voyez-vous à rétablir mon autorité sur des épaves ?
00:42:47Je devine.
00:42:48Vous allez vous tourner contre le capitaine Mendoza.
00:42:51Je suis en progrès.
00:42:52Nous coulons son bateau et nous voilà à force égale avec les autres.
00:42:54Imbécile.
00:42:55Monsieur.
00:42:56Je vais me tourner contre Mendoza,
00:42:57mais non contre son bateau,
00:42:58que je tiens à récupérer sans une seule éraflue.
00:43:01Est-ce vraiment conçoable ?
00:43:02Parfaitement conçoable.
00:43:04La preuve ?
00:43:05Vous allez vous rendre tout de suite à bord du Victoria.
00:43:07Je ne comprends pas.
00:43:08Vous allez rejoindre tout de suite Mendoza.
00:43:10Vous lui donnent tour d'éclater ici et que ma vie est en danger.
00:43:13Il ne viendra pas.
00:43:14La manœuvre, pardonnez-moi, est trop grosse.
00:43:16Il viendra, je le connais.
00:43:17Et il le fera avec d'autant plus de scélérive,
00:43:19de l'éloquence, les périls que je couvre.
00:43:21Il n'est pas très intelligent, mais il a du cœur.
00:43:23Profitons-en.
00:43:24Mendoza n'est pas un homme très fin, je vous l'accorde.
00:43:26Mais de là, à se laisser jouer ainsi...
00:43:27Il viendra.
00:43:28Car refuser mes ordres est une chose
00:43:30et laisser attenter à ma vie en est une autre.
00:43:33Il est rusé, il se méfiera.
00:43:34Sans doute.
00:43:37Il n'y a qu'à plaisir de me venger
00:43:38et de m'obliger par là-même à la reconnaissance.
00:43:41Et surtout, qui négligerait l'avantage
00:43:44que cet exploit donnera à mon sauveur ?
00:43:46Quelle que soit la tournure des événements,
00:43:48chacun sait bien que de toute manière,
00:43:49il y aura des comptes à rendre en Espagne.
00:43:51Mendoza est pourtant des plus acharnés contre vous.
00:43:53Juste.
00:43:54Sa plus grande joie au monde serait de me voir plonger dans la mer,
00:43:57les pieds liés à une gueuse de cent livres.
00:43:59Mais il n'est pas fou.
00:44:01Et si à l'occasion de ce conflit,
00:44:02j'étais crapuleusement massacré par une poignée de furieux,
00:44:05il sait quel cadavre encombrant je ferai
00:44:08et en quel fantôme accusateur je me transformerai devant des juges.
00:44:12Il se méfiera.
00:44:14Peut-être viendra-t-il vous secourir comme vous le supposez,
00:44:16mais en arme et fortement escorté.
00:44:18Il viendra en arme et avec des hommes sûrs.
00:44:21Ceux-ci le protégeront en cas de ruse
00:44:23et feront d'heureux témoins si mon arrestation est vraie.
00:44:26Mais il voudra savoir pourquoi je m'adresse à lui et non aux autres.
00:44:29Parce que son navire est de beaucoup le plus proche
00:44:31et l'aide par conséquent plus rapide.
00:44:34De plus, c'est moi qui vous envoie vers lui.
00:44:37Certains que je suis de sa noblesse malgré ses positions à mon égard.
00:44:40Insistez sur ce point.
00:44:41Flatter son orgueil, c'est le rendre moins lucide.
00:44:43Il voudra savoir pourquoi je ne vais pas tenter moi-même de vous dégager.
00:44:46Trop difficile pour une simple poignée de fidèles.
00:44:48Le désordre règne ici.
00:44:50Seule l'autorité et le prestige d'un homme comme Mendoza
00:44:53peuvent ramener la discipline et éviter le pire.
00:44:55D'ailleurs, à ses yeux, la rébellion est l'affaire des officiers.
00:45:03Il refusera donc que le soulèvement de mon équipage
00:45:06échappe à tout contrôle.
00:45:10Il viendra.
00:45:12Vous m'avez à peu près convaincu.
00:45:14Il viendra pour vous sauver la vie
00:45:15ou pour vous épargner un sang indigne.
00:45:17Mais aussi pour vous capturer.
00:45:20Il vous arrachera en main des irresponsables.
00:45:22Il confitera de la circonstance pour vous tenir à sa merci.
00:45:24Où est alors l'avantage ?
00:45:28Avec des compagnons armés.
00:45:30Les risques pour vous ne seront-ils pas très réels
00:45:32malgré toutes les précautions auxquelles vous devez songer ?
00:45:35Ai-je laissé entendre que je voulais absolument m'épargner les risques ?
00:45:38Et si Mendoza, avant de venir, décidez d'abord de prendre l'avis de ses alliés.
00:45:41Aucun souci.
00:45:41Il est trop généreux, trop ardent.
00:45:43Vous lui aurez décrit mon état.
00:45:45Il cédera au premier mouvement et étouffera à moitié sa méfiance
00:45:48dès que mon sort dépend de sa promptitude.
00:45:50J'ai l'habitude de ce genre d'hommes.
00:45:51Un centre riche, c'est ce qu'il est fait.
00:45:53Avec Quesada, qui est de tempérament assez avare,
00:45:55la partie serait plus subtile et le jeu plus serré.
00:45:57A vos ordres, monsieur.
00:45:58Ne perdez plus une minute !
00:46:00Et moi ?
00:46:01Quel va être mon rôle ?
00:46:02Patience.
00:46:06Pour commencer, San Antonio.
00:46:08Charge-les de chaîne jusqu'au sourcil
00:46:10et jetez dans la cale.
00:46:12Ensuite, mets l'équipage en état d'alerte.
00:46:16Les hommes doivent comprendre clairement
00:46:20comment va fonctionner le piège.
00:46:24Est-ce tout ?
00:46:27Tu sais bien que non.
00:46:29Toi, Rodrigo, ici.
00:46:40Et toi, au front.
00:46:42Là, assis devant la table.
00:46:45Et tout est bien clair dans vos esprits.
00:46:47Aucune résistance.
00:46:49Jouez votre rôle avec conviction
00:46:50comme vont le faire vos camarades là-haut.
00:46:53Tout ira bien si vous suivez exactement mes consignes.
00:46:56Leur canot approche.
00:47:04Ils viennent six.
00:47:06Ils nous en retiennent devant la moitié sur le pont.
00:47:08Toutes nos précautions sont prises.
00:47:12Et surtout,
00:47:14aucune résistance.
00:47:19Grame-toi à l'échelle.
00:47:23Je vous laisse.
00:47:24Lorsqu'on vous aura commandé de sortir,
00:47:25vous m'en rejoindrez aussitôt sur le pont.
00:47:27Compris ?
00:47:43C'est tranquille, mes pieds.
00:47:45Nous sommes d'accord avec vous,
00:47:46mais pas de vilain geste.
00:47:48Toi, retire pas de là.
00:47:52Bien.
00:47:52À présent, nous allons nous occuper de l'amiral
00:47:55et terminez ce que vous avez si bien commencé.
00:47:57Mais pas d'histoire, n'est-ce pas ?
00:47:59Maintenant, grimpez sur le pont
00:48:00et allez prendre l'air.
00:48:02Tout se passera comme vous le souhaitez.
00:48:04Allez, allez.
00:48:06Et vous reverrez bientôt ses vies.
00:48:07C'est moi qui vous le jure.
00:48:09Bon, l'amiral,
00:48:09j'espère que vous avez bien tenu nos conseils.
00:48:11Il doit être traité avec tous les égards.
00:48:13Rappel superflu.
00:48:15Je ne le traiterai pas comme il nous traite.
00:48:17Il mériterait pourtant une leçon,
00:48:18mais le temps presse.
00:48:19Monsieur,
00:48:29le capitaine Mendoza est là
00:48:30qui veut vous parler.
00:48:36On n'a rien à craindre, monsieur.
00:48:37Vous êtes sous ma protection.
00:48:40Votre protection ?
00:48:42Comment dois-je l'encombre ?
00:48:43Je suis venu vous délivrer
00:48:44de quelques individus dangereux.
00:48:47J'ai calmé là-haut votre équipage.
00:48:48Vous n'avez plus rien à craindre
00:48:49de ces excités.
00:48:51Merci, Mendoza.
00:48:54Il convient de châtier tout de suite
00:48:56les responsables de ces désordres.
00:48:59Pour le reste,
00:49:01nous allons aviser ensemble.
00:49:03Ceci est hors de mes intentions, monsieur.
00:49:06Ah ?
00:49:06Peut-on connaître ces intentions ?
00:49:09Je dois vous prier de me suivre à mon bord
00:49:12et je le fais très respectueusement,
00:49:14je vous le jure.
00:49:16Et moi, je vous jure
00:49:17que je ne quitterai pas mon bateau.
00:49:21Mais puisque vous êtes là,
00:49:22tout vaillant et si soucieux de mes vies,
00:49:25je vous ordonne de m'aider
00:49:26à réduire cette mutinerie.
00:49:27Il ne s'agit pas de mutinerie.
00:49:29Vous défendez ces fous criminels ?
00:49:31Ces fous criminels
00:49:32veulent seulement mettre un terme
00:49:33à une entreprise sans espoir
00:49:34et retourner en Espagne.
00:49:35Là-bas, vous aurez à répondre
00:49:37de votre conduite ?
00:49:38Il nous suffira de témoigner
00:49:39que vous ignorez la route
00:49:40et que vos cartes sont des grimoires
00:49:42pleins de fantaisies.
00:49:44Il me semble que vos complices
00:49:45du Saint-Antonio
00:49:46n'ont pas de clé aussi ferme.
00:49:47Eux ne parlent pas de retour.
00:49:49Peu importe.
00:49:50Si j'avais la haute main
00:49:51sur l'opération actuelle,
00:49:53j'exigerais de vous une déclaration
00:49:55par laquelle vous reconnaîtriez
00:49:56votre erreur.
00:49:58Et cette déclaration,
00:50:00vous espérez l'obtenir
00:50:01de plein gré ?
00:50:02De plein gré, non.
00:50:03Vous avez la tête dure.
00:50:04Alors ?
00:50:05Vous l'extorquiez par la violence ?
00:50:07Non plus.
00:50:09La persuasion, peut-être.
00:50:11Laissez-en cela.
00:50:12Je me suis donné pour tâche immédiate
00:50:14de vous mettre à l'abri
00:50:15de quelques individus dangereux
00:50:16qui, sur votre propre bateau,
00:50:18vous veulent du mal.
00:50:20Leur attitude prouve contre vous.
00:50:22Si vous faisiez moins de mystères,
00:50:24si vous éclairiez un peu
00:50:25vos subordonnés...
00:50:27Je vous écoute.
00:50:30Comprenez,
00:50:32ce n'est pas parce que nous risquons
00:50:33nos vies que nous nous révoltons.
00:50:34les risquons pour rien.
00:50:36Qu'en savez-vous ?
00:50:37Pire encore,
00:50:38une chimère,
00:50:39tout aussi absurde
00:50:40qu'un projet de voyage
00:50:41dans la lune.
00:50:42Somme toute,
00:50:43vous voulez m'empêcher,
00:50:44vous prouvez la vérité.
00:50:47Mais comment empêcherez-vous
00:50:48que cette vérité existe
00:50:50malgré moi,
00:50:51malgré vous ?
00:50:52Nous mourrons tous
00:50:53qu'elle existera encore.
00:50:54D'autres la découvriront
00:50:57plus ferme,
00:50:59plus audacieux que nous.
00:51:00Montrez-moi les preuves
00:51:01et allez sur cette table
00:51:03des documents.
00:51:04Je ne suis pas aussi obtus
00:51:05que vous voulez le faire croire.
00:51:07Je ne demande qu'à être convaincu.
00:51:09Des preuves, là,
00:51:09sous mes yeux.
00:51:10Et je suis de nouveau à vous,
00:51:12sans réticence
00:51:13ni arrière-pensée,
00:51:13jusqu'au bout.
00:51:14Et les autres
00:51:15agiront de même.
00:51:16Non.
00:51:18Mais qu'espérez-vous donc ?
00:51:19Vous êtes à notre merci.
00:51:20Je n'espère pas,
00:51:21je suis certain du dénouement
00:51:23et je finirai par vous soumettre.
00:51:24Je veux vous vaincre,
00:51:25non vous convaincre.
00:51:26Vous voyez bien
00:51:27qu'on a raison
00:51:27de vous suspecter.
00:51:28Ceux qui me suspectent
00:51:29sont des gens sans honneur.
00:51:31Vous insultez trop facilement
00:51:32des hommes de mérite.
00:51:34Kessada,
00:51:35Cartagène,
00:51:35De Coca,
00:51:36le père Sanchez.
00:51:38Le père aussi ?
00:51:39Lui aussi.
00:51:40Et vous ne pouvez l'accuser
00:51:41de jalousie
00:51:41ou de bas calcul,
00:51:43comme vous avez les accoutumés
00:51:44de le faire pour nous,
00:51:45vos officiers.
00:51:46Je suis persuadé
00:51:47que le père n'a pu se tourner
00:51:48contre moi
00:51:48que par pure noblesse d'âme.
00:51:50L'être en presse,
00:51:51si vous ne me suivez pas
00:51:53fort,
00:51:54je vais vous confier ici même
00:51:55à la garde de mes hommes
00:51:56les plus sûrs.
00:51:57Vous serez traités
00:51:58avec respect
00:51:58et je punirai de mort
00:52:00tout individu
00:52:01qui s'introduirait ici
00:52:01pour attenter à votre vie
00:52:03ou à votre honneur.
00:52:04À mon honneur,
00:52:04vraiment.
00:52:05Monsieur,
00:52:07une dernière fois,
00:52:09considérez que trop de malheurs
00:52:10peuvent survenir
00:52:10si nous vous laissons
00:52:11à votre entêtement.
00:52:13Ceux qui ont permis
00:52:14cette entreprise
00:52:14n'ont pas assez contrôlé
00:52:16vos dires.
00:52:17Vous avez une fausse science
00:52:19mais de vraies ambitions.
00:52:21Nous refusons
00:52:21de nous sacrifier pour elles.
00:52:24Vous paierez cher
00:52:25ces propos,
00:52:26Mendoza.
00:52:28Je vous assure
00:52:29qu'ils ne passeront
00:52:30plus votre gorge.
00:52:31Vos menaces
00:52:32sont sans effet.
00:52:33Vous avez engagé
00:52:34tout cela
00:52:35dans une entreprise
00:52:36malsaine
00:52:37pour un dessin
00:52:39étrange
00:52:39que nous ne parvenons
00:52:40pas à percer.
00:52:41Mais nous aussi,
00:52:42nous sommes comptables
00:52:43des hommes
00:52:43et des bateaux
00:52:43qui nous ont été confiés.
00:52:44vous ricaner.
00:52:46Mais c'est le mot comptable
00:52:47qui m'amuse.
00:52:48Je voulais avoir avec moi
00:52:49des voleurs de feu
00:52:50et je ne trouve
00:52:51que des allumeurs
00:52:51de cierge
00:52:52de ceux qui rognent
00:52:52sur la cire
00:52:53dans les églises.
00:52:54Je n'aime pas
00:52:54votre ironie, monsieur.
00:52:55En un mot,
00:52:56je veux dire
00:52:56que vous devriez
00:52:56compter moins
00:52:57et risquer plus.
00:52:59Si vous n'étiez
00:52:59mon prigionnier,
00:53:00votre dernier mot,
00:53:01Mendoza,
00:53:02avec ou contre moi.
00:53:03Toujours vos grands aires.
00:53:05Répondez.
00:53:06Ne parlez pas si haut
00:53:07et je vous interdis
00:53:09de me poser
00:53:09une telle alternative.
00:53:11Elle m'offense bien plus
00:53:12que toutes vos inges
00:53:13habituelles.
00:53:14Vous êtes en mon pouvoir.
00:53:15Réfléchissez tout de même.
00:53:17Savez-vous que je vous hais ?
00:53:18Je le sais,
00:53:19mais là n'est pas le problème.
00:53:20Je vous hais
00:53:20pour ce que vous êtes,
00:53:22pour votre manque
00:53:22de scrupules,
00:53:24pour vos intrigues
00:53:24à la cour,
00:53:25pour votre morgue
00:53:26qui vous tient mieux
00:53:27de mérite.
00:53:27Que cette haine
00:53:28ne vous empêche pas
00:53:28de raisonner.
00:53:29avec ou contre moi ?
00:53:32Contre vous.
00:53:34De toutes mes forces.
00:53:36Contre vous,
00:53:37même si vous me le demandiez
00:53:38le couteau sur la gorge.
00:53:43Je regrette pour vous.
00:53:46Tout est dit.
00:53:48Regagnez votre cabine.
00:53:54Ne m'obligez pas
00:53:55à vous y faire
00:53:55retourner de force.
00:53:59et de l'enferme.
00:54:16Et de l'enferme.
01:08:46responsabilité de mon action qui était souhaitable et bonne dans son objet comme dans son dessin je regrette d'avoir échoué
01:08:51et de laisser en place un chef qui mène cette expédition à sa perte
01:08:54tribunal prend acte de vos déclarations
01:08:56j'espère que vous en avez mesuré toute la gravité avez-vous quelque chose à ajouter non au suivant
01:09:03à l'origine je n'avais approuvé qu'une simple démonstration de mécontentement pour convaincre l'amiral de nous ménager
01:09:10contre mon gré les choses ont pris une autre tournure
01:09:12ils sont allés trop loin alors vous en tirerez mais à plat vent au suivant
01:09:17notre responsabilité est grande et cependant très inférieure à celle de l'amiral
01:09:22si ces cartes sont justes qu'il nous les montre
01:09:25si ces cartes sont fausses alors il est coupable de persévérer comme il est coupable d'avoir trompé de bonne foi ou non sa majesté
01:09:31notre attitude et notre action ont été commandés par celle de l'amiral
01:09:35l'argument des cartes n'est pas en question il est toute la question
01:09:38si ce passage vers l'autre océan n'existe pas non de quoi nous jugez vous le code maritime est fait
01:09:42informel sur les cas de rébellion à la mer
01:09:44vous êtes jugé pour infraction au code maritime à vous mon père
01:09:50deux cent cinquante créatures sont réunies sous votre autorité absolue
01:09:55à quel rêve impossible vous obstinez vous à les sacrifier
01:09:58et puis c'est moi mais au tribunal j'ai levé de grâce épargne nous vos poutreries
01:10:02rien monsieur ne vous autorise à croire que si ce passage existe vous le trouverez dans un délai suffisant
01:10:08et avant que tous nos hommes soient morts de froid de privation et de désespoir
01:10:12j'ai agi pour eux
01:10:14et je recommencerai si cela était possible
01:10:17voilà qui est parlé si ces cartes sont bonnes et si le passage existe alors nous autres et la vie pourra s'appeler un acte de justice
01:10:25sinon il ne s'agira que d'un vulgaire assassinat
01:10:27en somme monsieur c'est nous qu'on juge et c'est vous qui devriez être jugé il y a là une ironie que peuvent savourer les connaisseurs
01:10:35vous ne masquerez pas vos responsabilités sous des impertibles
01:10:37cher neveu ait jamais pris de masque
01:10:39s'il faut en arracher un ce n'est certes pas sur mon visage
01:10:42votre conjuration est cependant pure traîtrise
01:10:44où est la traîtrise
01:10:46nous avons voulu sauver des vies et des biens qui appartiennent à sa majesté et dont nous sommes responsables
01:10:51c'est vous qui faites bon marché de ces vies et de ces biens en vue de je ne sais quel dessin fumeux ou mal avoué
01:10:56vous vouliez sauver des vies et des biens qui n'appartiennent qu'à sa majesté mais vous avez tué un de ces pilotes
01:11:00et vous vous prépariez à canonner et détruire un de ces navires
01:11:03beau sauvetage
01:11:04nous ne sommes pas des accusés mais des accusateurs
01:11:06du moins tant que l'amir a pas fourni la preuve de sa science et le gage de sa réussite
01:11:09vous nous avez toujours traité comme des valets avec arrogance et dédain
01:11:12jamais comme des officiers encore moins comme des compagnons d'armes
01:11:15après tout nos mérites valent
01:11:17mais devant les puissants peut-être avant nous les chines moins souples
01:11:20prenez garde
01:11:22les accusés sont priés de s'adresser uniquement au tribunal
01:11:25vous avez des cartes monsieur
01:11:27mais ces indications de passage qui donc les a porté
01:11:29d'après quels témoignages
01:11:31d'autres navigateurs seraient-ils venus dans ces régions avant nous
01:11:34et peut-on leur accorder quelques fois
01:11:37et si c'était l'estuaire de Montevideo que notre prédécesseur avait pris pour la route de l'ouest vers les îles
01:11:42comment ne pas remarquer en effet que cet estuaire se trouve non loin de ce littoral abrupt qui tant vous retenez
01:11:48que répondez-vous
01:11:52il ne répondra pas que voulez-vous qu'il réponde
01:11:54encore une fois je vous mets au défi de prouver que notre rébellion a été criminelle parce qu'elle était sans fondement
01:11:59votre rébellion a été criminelle parce qu'elle était une rébellion
01:12:02la vôtre est plus sourde et plus méprisable
01:12:04vous vous rebellez contre l'évidence
01:12:06vous avez engagé cette entreprise sur des indications qui se sont révélées sans valeur
01:12:09vous refusez de l'admettre
01:12:11vous préférez sacrifier à votre déception et à votre orgueil
01:12:13homme et navire
01:12:15nous avons voulu nous opposer à cette folie
01:12:17n'importe quel tribunal en Espagne nous féliciterait hautement de notre audace et de notre initiative
01:12:21depuis le début de cette audience vous nous mettez en cause avec plus ou moins de violence et de grossièreté
01:12:31plaise au tribunal que je réponde
01:12:38avant le départ pour cette expédition messieurs vous m'avez juré solennellement obéissance dans la cathédrale de Sainte Marie des Victoires à Séville
01:12:46personne que le roi ou moi ne peut vous relever de ce serment
01:12:52il vous engageait alors totalement
01:12:54et il continue d'engager tout le monde ici
01:12:57quelque opinion qu'on ait sur mon comportement ma conduite et mes actes
01:13:01vous deviez m'obéir aveuglément
01:13:04sans même croire en moi
01:13:06sans rien espérer de plus que mes ordres
01:13:10nous sommes monsieur une poignée de créatures isolées au bout du monde
01:13:16livrés au pire danger au milieu d'éléments hostiles
01:13:20et nous sommes là à nous entre déchirer
01:13:22alors que la sagesse serait de confronter honnêtement nos idées et nos réflexions
01:13:26ce serait la sagesse si j'avais à prendre votre avis
01:13:28vous faites le super mais tôt ou tard vous courberez la tête
01:13:30beaucoup d'hommes vont donc mourir victimes de votre orgueil
01:13:32le tribunal constate que loin de vous repentir de votre infamie
01:13:36vous vous obstinez au contraire à revendiquer vos crimes
01:13:39et à insulter la personne qui représente ici l'autorité suprême de sa majesté
01:13:44vous avez eu tout loisir de vous défendre
01:13:48avez-vous quelque chose à ajouter ?
01:13:51oui, cher neveu
01:13:53que tu frétillais moins quand tu étais en notre pouvoir
01:13:56la séance est levée
01:13:58le tribunal va se retirer pour délibérer
01:14:06ce que j'ai à vous dire est très grave
01:14:08je vous prie d'accueillir cette lecture avec le plus grand calme
01:14:12le plus grand sang-froid
01:14:14il vient de se prononcer
01:14:16et je suis chargé de vous communiquer les sentences
01:14:19voici
01:14:23pour rébellions
01:14:24pour rébellions
01:14:26rapes de navires et assassinats
01:14:28les commandants de quesada
01:14:30de cartagène et de coca
01:14:32ainsi que le révérend père
01:14:34leurs complices
01:14:36sont condamnés à mort
01:14:38et seront exécutés dans les deux jours qui viennent
01:14:40et en présence de tous les équipages
01:14:43ne sont prévues aucune poursuite
01:14:45et aucune peine contre ceux qui se sont laissés abuser par ces individus
01:14:48les recours en grâce
01:14:52seront examinés aujourd'hui même
01:14:54par le capitaine général et grand maître
01:14:57que Dieu protège et sauve
01:14:59êtes-vous satisfait monsieur ?
01:15:09quatre condamnations à mort
01:15:11t'es très bravement pas un acier
01:15:13quand leur coupons-nous la tête ?
01:15:16tu bondis toujours trop
01:15:18tu en oublies de redescendre
01:15:20il serait assez inhumain de les laisser longtemps au fer et de prolonger leur attente
01:15:25bon art
01:15:30demain
01:15:35tu rassembleras tout le monde sur la plage
01:15:37je veux un bon apparat
01:15:40estrade
01:15:42bannière
01:15:43tambour
01:15:45quesada aura la tête tranchée à l'épée
01:15:47selon la sentance
01:15:49et son cadavre sera écartelé ainsi que celui du capitaine Mendos
01:15:54si je tiens à cette cruauté supplémentaire
01:15:56c'est que la décapitation pure et sainte
01:15:58peut ne pas marquer suffisamment l'esprit des plus coriaces de nos gens
01:16:01et que décidez-vous pour les trois autres ?
01:16:03j'y viens
01:16:04Antonio de Coca est un excellent marin
01:16:06l'un des meilleurs parmi nous
01:16:08il s'est laissé abuser
01:16:09ah quand dois-je lui annoncer la nouvelle ?
01:16:10seulement demain
01:16:12il n'est pas très intelligent et l'angoisse de cette nuit lui sera profitable
01:16:15un peu d'angoisse c'est bien connu
01:16:17fertilisent les esprits les plus bons
01:16:18un homme gagné
01:16:19nous le surveillerons tout de même
01:16:21un homme qui vous doit la vie peut chercher à se venger
01:16:24une reconnaissance trop lourde ne se pardonne pas
01:16:27et vous prenez ce risque ?
01:16:28bien forcé
01:16:30si je lui laisse sa tête c'est parce qu'elle nous sera plus utile sur ses épaules
01:16:34et les deux derniers ?
01:16:37j'ai réfléchi à leur cas qui est plus difficile
01:16:40j'ai décidé lorsque nous ferons route vers le sud
01:16:43de les abandonner sur une côte déserte avec dix jours de vivre
01:16:50ils ne survivront pas longtemps et leur agonie sera effroyable
01:16:53je suis persuadé que si vous les laissiez choisir
01:16:56ils préfèreraient eux aussi mourir de la main du bourreau
01:16:58je ne les laisserai pas choisir et je tiens tout particulièrement à les soustraire aux bourreaux
01:17:03pour qu'on ne puisse jamais me reprocher d'avoir versé leur sang
01:17:07et songe-y donc
01:17:09le sang d'un homme du roi et le sang d'un homme de Dieu
01:17:14tant pis pour eux
01:17:15aussi pourquoi c'était-il mis dans l'esprit que vos cartes étaient fausses
01:17:19mais
01:17:21elles sont fausses
01:17:27hein ?
01:17:28puisque vous le dites, monsieur
01:17:38je le dis à toi seul, Alvar
01:17:42à toi seul
01:17:45mais le passage existe
01:17:47vous le savez, vous en êtes sûr ?
01:17:50il doit exister
01:17:54vous n'oubliez pas que vous m'avez incité à demander la tête de ces quatre hommes
01:17:59trois d'entre eux vont mourir
01:18:01seront-ils donc des victimes ?
01:18:03oui, Alvar, aux victimes de leur impatience
01:18:05l'impatience à forte dose est un poison dont on meurt, la preuve
01:18:09pourquoi ne pas leur avoir révélé à temps la vérité ?
01:18:11peut-être aurait-elle apaisé cette impatience ?
01:18:14la vérité, mais ils ne l'auraient pas supportée, ils me aissent trop
01:18:17et puis j'encourageais alors leur rébellion et leur livrer des armes
01:18:20ils étaient inquiets
01:18:23et vous venez de reconnaître là, tout de suite
01:18:25qu'ils avaient raison
01:18:27ils étaient inquiets, dis-tu ?
01:18:33et moi
01:18:35as-tu pensé à ce que j'éprouvais chaque jour et chaque nuit depuis ma découverte ?
01:18:41enfermé dans cette caisse
01:18:44seul, en tête à tête
01:18:45tête à tête
01:18:46que les cartes ne valaient rien et que je risquais le pire
01:18:51oui, je comprends
01:18:53bon
01:18:55toutefois, je t'interdis de comprendre que je te fais ces confidences par faiblesse
01:18:58ou parce que j'incline ce soir à mes penchers
01:19:00mais tu t'as pitoyé sur leur inquiétude
01:19:02et moi alors, qui pouvait me donner la paix ?
01:19:06je voulais dire que je comprends votre tournoi à imaginer ce que sera le retour en Espagne
01:19:10et surtout, est-ce que sera l'accueil du roi ?
01:19:14plus délire
01:19:16je ne peux jamais songer au retour
01:19:20ce que je redoutais, c'était cette révolte que je sentais couvée
01:19:25je la souhaitais proche
01:19:28j'aurais voulu la provoquer, tant me hanter la crainte d'être surpris
01:19:32d'être jeté comme toi à fond de cale
01:19:35et ramené dans les chaînes à Séville, sous le poids d'accusations infamantes
01:19:38non
01:19:41la révolte ne m'a pas surpris
01:19:44et c'est moi
01:19:47qui la tiens ce soir
01:19:49l'ennuque sous mon talon
01:19:51vous triomphez
01:19:53et rien n'est fait pourtant
01:19:56et pour avoir douté de vous, des hommes vont mourir
01:19:59ils ne devaient pas douter
01:20:01et pour cela, ils méritent de mourir
01:20:03que valent donc ces hommes, s'ils ne sont pas capables d'aller jusqu'à l'extrême pointe de leur courage et de leur volonté ?
01:20:10vivre, c'est défier !
01:20:13mais qu'allons-nous faire à présent ?
01:20:15Alvaro, tu le sais bien
01:20:18nous allons attendre le printemps ici
01:20:21puis nous descendrons davantage encore vers le sud et nous recommencerons à fouiller
01:20:27un à un, chaque recoin de la côte, sans repos
01:20:30tant qu'il flottera une planche sous nos pieds
01:20:34tant qu'il nous restera un carré de voile, un morceau de rame
01:20:39nous perdrons tout
01:20:41et jusqu'à notre âme
01:20:43nous ne renoncerons
01:20:46jamais
01:20:47et jusqu'à notre âme
01:20:50et jusqu'à notre âme
01:20:51nous ne renoncerons
01:21:05...
01:21:35Je vous en tirerai, mais à plat ventre.
01:21:54Au suivant.
01:21:55Notre responsabilité est grande, et cependant très inférieure à celle de l'amiral.
01:22:00Si ces cartes sont justes, qu'il nous les montre.
01:22:02Si ces cartes sont fausses, alors il est coupable de persévérer,
01:22:06comme il est coupable d'avoir trompé de bonne foi ou non sa majesté.
01:22:09Notre attitude et notre action ont été commandées par celle de l'amiral.
01:22:12L'argument des cartes n'est pas en question.
01:22:14Il est toute la question.
01:22:15S'il se plait vers l'autre océan n'existe pas.
01:22:17Alors au nom de quoi nous jugez-vous ?
01:22:18Le code maritime est formel sur les cas de rébellion à l'avion.
01:22:21Sous-titrage Société Radio-Canada
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