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DB - 11-11-2025
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00:00:00C'est parti !
00:00:30...
00:01:00Ainsi donc, je n'ai voulu plaider ni pour ni contre.
00:01:15Persuadé, messieurs les jurés, qu'un simple rappel objectif des fêtes
00:01:19suffirait à démontrer à quel point cet homme n'a aucune excuse,
00:01:23aucune échappatoire.
00:01:24Dans ce pays où la misère est grande encore,
00:01:28il était donné à l'accusé Manuel Paramo de gagner fort décemment sa vie et celle des siens.
00:01:32Gagner sa vie ?
00:01:34Voilà qui est admirable, monsieur le procureur.
00:01:36Avez-vous seulement la plus élémentaire motion de ce que peut être le creusement d'une route
00:01:40au milieu de toute une pourriture végétale ?
00:01:42Oui ou non, l'ingénieur a-t-il été prévenu que le tracé en ligne droite
00:01:50de la route menant au champ pétrolifère
00:01:52couperait fatalement au travers du cimetière indien de Piedras Calidas ?
00:01:57Mais vous savez bien que oui, maître.
00:01:59Au reste, ce détail a fait l'objet d'une note fort précise à l'instruction.
00:02:03En ce cas, la cause est entendue.
00:02:06Si monsieur l'ingénieur Sangot ne s'était pas obstiné à méconnaître le véritable sacrilège
00:02:11que ne manquerait pas de constituer la violation de sépultures indiennes,
00:02:15nous ne serions pas ici pour juger un être irresponsable.
00:02:20Je me permets de vous rappeler, maître, que le véritable objet de ce procès
00:02:23est le meurtre du sergent Hernando Valdez,
00:02:26assassiné dans l'exercice de ses fonctions par l'accusé Manuel Paramo.
00:02:29Votre honneur, me sera-t-il permis de poser une question à monsieur l'avocat de la défense ?
00:02:35Je vous en prie.
00:02:36Je vous remercie.
00:02:41Ainsi donc, si j'ai bien compris votre ingénieuse hypothèse,
00:02:44l'accusé Paramo n'aurait tué le sergent Valdez
00:02:46que devant la légitime horreur que lui inspirait la destruction d'un lieu sacré.
00:02:52Cette supposition vous paraît à tel point absurde ?
00:02:54N'a-t-on pas vu des hommes tués pour des superstitions ou pour des idées ?
00:02:58Certainement si.
00:02:59Mais j'ai d'en doute pour peur qu'un certain banchot qui souffre de Cuba
00:03:02y apporte sur ce pays d'assez méchantes fièles.
00:03:05Je proteste, votre honneur.
00:03:06C'est le droit de la défense que de refuser toute déviation du débat sur le terrain politique.
00:03:11Objection valable.
00:03:13Je souscris aux raisons de monsieur l'avocat de la défense.
00:03:17Restons donc sur le plan des réalités concrètes.
00:03:19Réalité qu'un avocat issu d'une université de droit américaine
00:03:25est fraîchement débarqué haut à cloquant et fort excusable d'ignorer.
00:03:30Mais que ne peut méconnaître celui qui, comme moi, est issu de ce peuple
00:03:33pétri de passions contradictoires ?
00:03:36Les gens d'ici n'ont pas besoin, comme les hommes du Nord,
00:03:39des signes visibles de la mort pour emporter la présence en eux.
00:03:44Je dis la présence,
00:03:46non les froids.
00:03:48Ils ne tueront pas pour des corps déjà confondus avec la terre.
00:03:51Ah, si la route des puits de pétrole avait menacé
00:03:55ne serait-ce qu'une parcelle de la terre cultivée
00:03:57et patiemment gagnée sur la forêt,
00:03:59alors peut-être...
00:04:00Ce sont des paroles.
00:04:02De belles paroles.
00:04:04Pourtant, vous ne nirez pas que le désordre soit venu de là.
00:04:07Même si ce n'était qu'un prétexte.
00:04:09Il ne fallait pas courir ce risque.
00:04:11Très bien.
00:04:13Il fallait donc en courir un autre.
00:04:15Le cimetière de Pietrascalidas est au flanc d'une colline calcaire
00:04:19qu'il a été nécessaire d'aplanir,
00:04:20de dynamité par endroits,
00:04:23mais qui offre du moins une surface résistante.
00:04:27À l'est et à l'ouest, il y a des marais
00:04:29dont l'assèchement aurait contribué à enrichir
00:04:31de quelques gisants supplémentaires
00:04:33cette terre sacrée qui vous est si chère.
00:04:36Si vous aviez pris la peine de jeter un seul regard
00:04:38sur le rapport des géologues,
00:04:40je n'aurais pas le déplaisir de vous le rappeler.
00:04:45Vous êtes un homme habile,
00:04:47monsieur le procureur Cardenas.
00:04:48Le salut abstrait de tout un peuple
00:04:51vous sert à arracher la condamnation bien réelle
00:04:53d'un seul pauvre type issu de ce peuple.
00:04:57Croyez-vous.
00:05:04Paramo, Manuel Paramo,
00:05:06m'entendez-vous ?
00:05:07Opposition, votre honneur.
00:05:08Monsieur l'avocat général a déjà eu l'occasion
00:05:10de procéder à l'interrogatoire de l'accusé.
00:05:12Toute manœuvre d'intimidation doit être tenue pour illégale.
00:05:14Monsieur le procureur, je vous demanderai
00:05:17de laisser l'audience s'achever dans toute la sérénité requise.
00:05:22Parle-leur, toi, Manuel.
00:05:24Dis-leur pourquoi tu as tué le sergent Valdès.
00:05:27Était-ce pour te défendre ?
00:05:28Ne répondez pas, Paramo !
00:05:29Vous n'avez pas à répondre !
00:05:32Écoute, t'avais-t-il frappé, menacé de son arme ?
00:05:39Alors, c'était pour protéger le cimetière ?
00:05:42C'était pour cela, dis-moi.
00:05:46Non.
00:05:47Non, seigneur.
00:05:50Alors, pourquoi ?
00:05:53Pourquoi, Manuel ?
00:05:53Dis-le.
00:05:54Dis-leur à tous.
00:05:55Attention, camarade.
00:06:01Tout peut dépendre de ta réponse.
00:06:04Prends garde.
00:06:06Sais-tu ce que signifie ton silence ?
00:06:08Sais-tu qu'il nous donne le droit de te condamner ?
00:06:13Si, seigneur.
00:06:15Et c'est cela que tu veux ?
00:06:17C'est cela que tu acceptes ? Réponds.
00:06:19Cardenas, je vous interdite.
00:06:20Réponds.
00:06:21Non, toi seul peux donner la réponse.
00:06:25C'est cela que tu veux ?
00:06:27Qu'il te condamne ?
00:06:30Si, seigneur.
00:06:42Pardon, seigneur.
00:06:53covering
00:06:55использowal
00:06:57muarais
00:06:59Sinkaramathibha
00:07:01on est seul écoute tu connais ça qu'est ce que c'est un champ funèbre de la
00:07:31province de vichy lobos à l'est de manau je l'ai enregistré la semaine dernière un champ de
00:07:37mort et d'espérance d'espérance et de négation inextricable tu peux traduire pas du tout
00:07:47c'est un direct très spécial il faut avoir la grâce de dénonçons ethniques aussi poussées que
00:07:53quand enfin nous nous éveillerons de la vie quand nous quitterons ce sommeil mouvant pour un songe
00:08:05immobile serons-nous ce dernier adieu du soleil à la cime de l'arbre assombri ou ne serons-nous rien
00:08:17qu'un souvenir déjà enseveli dans la mémoire de ceux qui n'ont aimé que notre ombre
00:08:25ron yes mon dieu je ne sais plus très bien s'il convient de t'appeler ron ou ja ta mère semble avoir une nette
00:08:51préférence pour cette dernière solution.
00:08:54Et ce cher John
00:08:55s'en moque. Quant à Juan,
00:08:57alors lui, il s'en fout et perd du monde.
00:09:02Je me demande parfois
00:09:03qu'est-ce que cela peut encore signifier pour un garçon
00:09:07de ton âge, de ta génération ?
00:09:10C'est quoi ?
00:09:12Tous ces chants,
00:09:14ces musiques d'un autre temps.
00:09:15Quelle question, tu le sais bien.
00:09:17Un diplôme d'ethnologie comparé ne s'improvise pas.
00:09:19D'autres enregistrent
00:09:22le chant des oiseaux ou le langage des dauphins.
00:09:24Mais moi, ce qui m'intéresse, c'est le cri
00:09:25élémentaire de l'animal humain.
00:09:37Ça te déçoit, hein ?
00:09:39Que veux-tu me faire avouer ?
00:09:42Que je cherche des racines ?
00:09:44Que la nostalgie des ancêtres me tient aux tripes ?
00:09:47Non, désolé, rien de tel.
00:09:50Je suis un pur produit aseptisé
00:09:52et conditionné sous vide
00:09:53du glorieux Occident de l'air atomique.
00:09:57Tu as pu avaler ça sans glace ?
00:10:00La bio !
00:10:03Mais le whisky est un symbole.
00:10:05Si tu veux le plaisir en plus.
00:10:08Toute la distance entre l'ignoble alcoolisme des indigènes
00:10:10et l'étilisme distingué de nos pères,
00:10:13nous l'avons franchi en moins de deux générations.
00:10:14Alors tu m'excuseras, mais ton cube de glace, hein ?
00:10:18Un raffinement de six barites.
00:10:20Oui, je t'en prie, Juan,
00:10:21fiche-moi la paix sur ce chapitre une fois pour toutes, hein ?
00:10:24Bon, on s'est entendu,
00:10:25tes arrières-grands-parents grattaient la terre et après.
00:10:28T'as-tu jamais caché que je le sache ?
00:10:30Du caché, toi ?
00:10:32Même fois glorifié, au contraire.
00:10:35Ah, tout de même, qu'est-ce que tu fabriquais ?
00:10:38Apporte-nous de la glace pour faire passer ce vomitif.
00:10:40C'est une agua, senor.
00:10:42C'est une agua en la maquina blanca.
00:10:46Et vous voulez-tu qu'elle vienne, ton agua ?
00:10:49De la fonte des neiges ?
00:10:52Allez, fiche-loquant.
00:10:53Dis-donc, ça voulait dire quoi, au juste, ta petite remarque ?
00:11:09Je me serais glorifié de quelque chose de très vilain.
00:11:13Non, glorifié n'est pas le mot.
00:11:16Je veux dire simplement que tu joues sur les deux tableaux.
00:11:19Américain par tes neurones et fils du peuple par tes chromosomes.
00:11:23C'est commode.
00:11:25Oh, pas tellement.
00:11:27En tout cas, par autant que tu sembles le croire.
00:11:31Mais si.
00:11:33Tout à l'heure encore.
00:11:35Avant tout à l'heure.
00:11:37Ah, tu étais à l'audience.
00:11:39Je vous avais pourtant défendu de venir.
00:11:41On se demande d'ailleurs pourquoi.
00:11:42Eh bien, disons que j'ai mes raisons.
00:11:45Et disons que ce ne sont pas les miennes.
00:11:48Écoute un peu l'hypnologue.
00:11:49Tu joues ma main sur la figure ?
00:11:51Eh bien, en attendant, tu les as seulement mis dans ta poche.
00:11:54Ce qui veut dire ?
00:11:55Eh bien, quoi ?
00:11:56Tu ne les as pas possédés en fin de compte ?
00:11:59Non.
00:12:00Non, je n'ai possédé personne.
00:12:02Tu parles de cette affaire comme d'une opération de bourse ou d'un match de baseball.
00:12:05Oui, parce que toi, tu vois sans doute une différence fondamentale.
00:12:10Oui, certainement.
00:12:12La peau d'un homme, c'est une différence que tu parlais avoir quelques difficultés à saisir.
00:12:17Crois-tu ?
00:12:18Il se pourrait tout simplement que nous ne parlions pas de la même peau.
00:12:26De la même nuit.
00:12:30Bon, écoute, mon petit, tu as bu.
00:12:32Sois gentil, hein.
00:12:32Laisse-moi penser que c'est ça.
00:12:34Non, mais quelle mise en scène, monsieur le procureur.
00:12:36Amener le pauvre bougre à s'accuser lui-même.
00:12:39À accepter.
00:12:40Non.
00:12:41À devancer le verdict.
00:12:42Et cet infortuniste, Timson, liquéfié, muselé, plus bactère.
00:12:47Tiens, j'avais presque tant pitié de lui que de l'autre.
00:12:49Coup de mot à mot de chasse.
00:12:59Pardon.
00:13:01De quoi ?
00:13:03Tu as bien fait.
00:13:06Oh, ferme ça.
00:13:08Je conviens que c'est ridicule de perdre son sang-froid.
00:13:10C'est moi, il y a des choses qu'il vaut mieux éviter de dire.
00:13:13Surtout dans un pays qui est au bord de l'anarchie.
00:13:16L'anarchie ?
00:13:17Vos petites révolutions d'Amérique centrale.
00:13:19Ne me fait pas rire.
00:13:21Des douleurs de croissance tout au plus.
00:13:23La bonne vieille tradition d'apérettes.
00:13:25Petit imbécile, va.
00:13:27J'ai connu ça, figure-toi.
00:13:30Ça ne te dit rien à toi, le prononciamento de Calaforte.
00:13:33Le jour où les mitrailleuses des miliciens ont pris en enfilade la Plaza Mayor en plein marché.
00:13:38C'était pourtant une apérette rudement bien jouée.
00:13:40T'as vu qu'accompagnement de musique concrète.
00:13:43Mais ben, laisse courir, va.
00:13:45Il y a un de ces quatre matins, tu verras ça de près.
00:13:47Il y a la puissance mille encore.
00:13:49Oh, ça va.
00:13:51Tu dois avoir raison.
00:13:53Tu as toujours raison.
00:13:56Mais pour l'heure, grâce aux gens de devoir, l'ordre règne.
00:13:59Et puis le pétrole et le sang, ça peut se confondre.
00:14:02Sauf en ce qui concerne la valeur économique.
00:14:04Bien sûr.
00:14:10À propos, tu savais que Fabio était plus ou moins un cousin, avec ce Manuel Paramo ?
00:14:17Qu'est-ce que c'est que cette histoire ?
00:14:19C'est lui qui t'a dit ça ?
00:14:21Non, penses-tu.
00:14:22C'est Marianne Delac qui a parlé à l'office.
00:14:23Remarque, ça ne veut pas dire grand-chose.
00:14:26En creusant un peu, ils sont tous vaguement parents dans le bled.
00:14:29Mais j'ai préféré t'avertir.
00:14:32À tout hasard.
00:14:34Merci.
00:14:36Tu sais, je ne pense pas du tout que ce soit par basse vengeance
00:14:39qu'il a saboté ton whisky.
00:14:41L'offre, t'aider une fois, ça suffit maintenant.
00:14:45Inutile de gaspiller ton humour avec moi, je suis mauvais public.
00:15:17Qu'est-ce que tu veux encore, toi ?
00:15:27La señora está aquí.
00:15:28Bon, et après ?
00:15:30Non la señora, otra señora.
00:15:36Elle t'a dit son nom ?
00:15:38Naturellement, tu lui as raconté que j'étais là.
00:15:42Oui, oui.
00:15:43Elle fait la rentrée.
00:15:45Ah, Fabio.
00:15:47On m'a dit que tu étais parent avec Manuel Parameau.
00:15:53Alors écoute-moi.
00:15:55Je ne veux pas savoir si c'est vrai.
00:15:58J'entends qu'il ne soit jamais question ici de cette histoire.
00:16:01Sous aucun prétexte.
00:16:03Compris ?
00:16:05Très bien, file.
00:16:06Hello, Renato Mio.
00:16:31Cynthia, que viens-tu faire ici ?
00:16:35Charmante accueille.
00:16:37Tu as l'air enthousiasmée d'Otello devant le spectre de Banco.
00:16:41Macbeth.
00:16:43Oui, le spectre de Banco, c'est...
00:16:45Non, Macbeth.
00:16:47De toute façon, le spectre avait un avantage sur toi.
00:16:49Il se dissolvait dans le paysage.
00:16:51Ah, tu ne m'as pas toujours souhaité des vertus aussi matérielles.
00:16:55Eh bien, que veux-tu ?
00:16:56Le poids des ans est lourd sur mes épaules.
00:16:59Et moi, Renato, tu me trouves tellement changé.
00:17:03Je te trouve éternelle.
00:17:06Oui, oui.
00:17:07Tu as pris ton petit galop d'essai pour l'éternité.
00:17:09Ah, j'aimerais être sûre que c'est un compliment.
00:17:14C'en est un.
00:17:15Enfin, d'une certaine manière.
00:17:19Bon, maintenant, dis ce que tu as dit, rêva-t-en.
00:17:20Florence va rentrer d'un instant à l'autre.
00:17:22Cette chère Flo des éternités que je l'ai vue,
00:17:24elle est toujours aussi invulnérable.
00:17:27Cynthia, nous n'avons pas de temps à perdre.
00:17:30Dans le temps, tu me disais ça aussi.
00:17:32Mais la phrase avait un tout autre sens.
00:17:34Eh bien, que veux-tu, nous ne sommes plus aux politesses.
00:17:37Quelle singerie sentimentale veux-tu donc m'entendre d'éviter ?
00:17:42Que je ne t'aime plus.
00:17:43D'accord, je ne t'aime plus.
00:17:45D'accord, je suis un monstre.
00:17:47Voilà, t'es satisfaite ?
00:17:49Pauvre Renato.
00:17:52Ah, j'étais sûr de te dédire ça.
00:17:54Oui, logiquement, tu aurais même dû ajouter, je te plains.
00:17:57Pauvre Renato, je te plains.
00:18:01Oui, off.
00:18:02Fais pas attention à ces idiots, s'il va.
00:18:05Je dis n'importe quoi quand je suis claqué.
00:18:08Renato, j'ai besoin de toi.
00:18:10Parfait.
00:18:12Toi, au moins, tu connais la valeur des mots.
00:18:15Combien ?
00:18:15C'est un vrai salaud, tu sais.
00:18:17Pas d'arabesque, allez. Combien ?
00:18:1910 000.
00:18:2110 000 pesos.
00:18:23Dollars.
00:18:26Tu sais que ton sens de l'humour est très hermétique ce soir.
00:18:29Je ne plaisante pas, Renato.
00:18:30Alors, ça devient grave.
00:18:31Non.
00:18:37Tiens, pour ta consultation chez le docteur Seabright, avec des compliments du signataire.
00:18:45J'ai dit 10 000 dollars, Renato.
00:18:47Écoute, comprenons-nous bien.
00:18:51J'ai une vraie adoration pour toi et tes complexes amusants.
00:18:53Seulement, ce soir, tu tombes plutôt mal.
00:18:55Au cas où tu ne serais pas informée, nous fais...
00:18:56Oui, oui, oui, j'en ai entendu parler.
00:18:58Vous fêtez ce soir les fiançailles de Jennifer.
00:19:02Elle épouse le fils Manning des pétroles, n'est-ce pas ?
00:19:04C'est fou comme les jeunes filles d'aujourd'hui sont sensibles à la poésie des choses.
00:19:09Cynthia, finissons-en avec tout.
00:19:10Mais c'est une idée fixe.
00:19:12Très bien.
00:19:13Tu me donnes ce que je viens de te demander
00:19:15et je te jure sur tout ce que tu voudras que tu n'entendras plus jamais parler de moi.
00:19:22Tu ne crois pas que tu exagères un peu ton pouvoir, non ?
00:19:25Tu sais, quand les femmes d'une certaine race commencent à devenir vieilles,
00:19:30enfin, quand on dit qu'elles sont encore jeunes, ce qui est pire,
00:19:33il leur reste toujours deux consolations possibles.
00:19:37Se détourner des glaces comme on s'écarte de gens mal élevés
00:19:40ou exploiter leur expérience en se lançant un corps perdu
00:19:44dans toutes sortes de métiers aussi peu féminins les uns que les autres.
00:19:47Brasser de l'argent, faire teindre leurs cheveux en mauve,
00:19:51porter des lunettes à monture d'écaille,
00:19:53apprendre à rejeter la fumée des cigarettes par le nez
00:19:56ou parler avec une voix asexuée dans des téléphones blancs.
00:19:59Créer un institut de beauté, par exemple.
00:20:05Un institut de beauté ici ?
00:20:07Mais enfin, tu es folle.
00:20:08Mais non, à New York, une amie a décidé à me donner le reste de la somme,
00:20:12c'est-à-dire les autres 10 000 dollars.
00:20:14Ah, parce que tu crois sérieusement que je vais...
00:20:17Mais enfin, c'est inimaginable.
00:20:20C'est de la pure démence au l'ordre du chantage
00:20:21et de la pire espèce de la mondicité affective.
00:20:26Bon, écoute, je viens de déplaner une dernière fois, mais...
00:20:28Mais pour ce que je viens de te demander, pas question,
00:20:30c'est bien ça que ça veut dire, n'est-ce pas ?
00:20:32Mais, naturellement, ne serait-ce que par principe.
00:20:35Ah, oui.
00:20:37Parce que tu es un homme à principe, mais j'oubliais...
00:20:41Ce qui veut dire ?
00:20:42Oh, pas grand-chose, c'est purement théorique.
00:20:46Mais j'aimerais savoir, pourtant...
00:20:48J'aimerais savoir ton jugement,
00:20:50ton jugement moral et ton réquisitoire
00:20:53contre un homme à principe
00:20:54qui laisse crever au bord de la route
00:20:56un pauvre type que sa voiture vient de culbuter.
00:20:59Et si l'homme à principe est ivre par-dessus le marché,
00:21:02ça s'appelle comment ça ?
00:21:04Circonstances atténuantes ou aggravantes ?
00:21:08Explique-moi ça, je m'y perds.
00:21:10Quel rapport ?
00:21:11Pourquoi m'as-tu raconté tout ça ?
00:21:13Pour rien.
00:21:14Je parle au hasard, tu le sais bien.
00:21:17Il est tard maintenant, Renato.
00:21:19Donne-moi cet argent.
00:21:21Je sais, ça peut paraître assez énorme.
00:21:22Mais pour toi, c'est encore très possible.
00:21:24Et pour moi, c'est tout.
00:21:26Ce pays aura ma peau, je n'en peux plus.
00:21:29Aide-moi !
00:21:30Il ne me demande rien.
00:21:33Non, non.
00:21:35Non, non, ce serait trop facile.
00:21:37Maintenant, tu vas t'expliquer.
00:21:39Crois-le bien.
00:21:39Tu le regretteras davantage que moi.
00:21:42Oh, Cynthia, ça ne te servira à rien de ruser, hein ?
00:21:44Parfait.
00:21:45C'est ce que tu veux.
00:21:46Tu en es sûre ?
00:21:47Cynthia ?
00:21:49Ah, mais quelle surprise.
00:21:51Quelle bonne surprise.
00:21:53Florence, très chère Florence.
00:21:55Tu sais que si ça n'avait pas été toi,
00:21:57j'aurais nourri les plus noirs soupçons.
00:21:59Mais montre-toi, tu es toujours belle.
00:22:01Tu as un secret ?
00:22:01Hum, c'est aussi le tien.
00:22:04Tu n'as rien à envier, chère Florence.
00:22:08Tu sais que je pars ?
00:22:09Oh, ben voyons, tout le monde le sait.
00:22:11Ça ne sent que des cris de désolation partout.
00:22:15Oui, Cynthia était venue me demander un service.
00:22:17Enfin, un assez important service.
00:22:20Ah oui ?
00:22:20Eh ben, mais voyons,
00:22:23il faut le lui rendre, une si vieille amie.
00:22:25Enfin, je veux dire une si vieille amitié.
00:22:28Enfin, Florence, tu n'y penses pas que ça.
00:22:31Donne-lui ce qu'elle est venue chercher.
00:22:34Je te le demande.
00:22:37Je t'en prie.
00:22:38Je t'en prie.
00:23:07Mais j'en suis certaine.
00:23:09Ce sont même des grecs qui ont leur prix.
00:23:12Bon, alors maintenant, je crois que nous ne sommes tout dit.
00:23:15En tout cas, l'essentiel.
00:23:18Hasta la vista, Renato.
00:23:28J'ignorais que tu la connaissais si bien.
00:23:31Oh, mais voyons très bien.
00:23:33Et même avant son mariage avec ton ami Roxley.
00:23:37Parce que c'était ton ami, n'est-ce pas ?
00:23:39Nous avions cessé de les voir.
00:23:41Pas toi, apparemment.
00:23:43Bon, alors maintenant, d'un commun accord,
00:23:45on va remettre toute discussion à plus tard.
00:23:46Non, désolé.
00:23:47Je n'ai pas choisi le moment et toi non plus,
00:23:49j'en conviens,
00:23:49mais il se trouve que j'ai le droit à une explication
00:23:51et je n'attendrai pas un jour de plus.
00:23:53Oh non, mais ma parole, non, mais...
00:23:54C'est à moi que tu demandes une explication.
00:23:57Mais pour un peu, c'est moi que tu accuses.
00:23:58Oh, oh, à quoi bon tergiverser, Florence, hein ?
00:24:01Tu as toujours su qu'elle était ma maîtresse.
00:24:08Il faut vraiment que je réponde à ce genre de questions ?
00:24:11Comme tu voudras.
00:24:12J'essaie de te comprendre.
00:24:14Oh, je salue cet événement.
00:24:16Oui, ça...
00:24:21Je le savais.
00:24:24Sinon, à quoi serviraient les bonnes armes ?
00:24:26Alors, pourquoi as-tu accepté de la revoir ?
00:24:28Ça ne te ressemble pas.
00:24:30Est-ce que tu sais seulement ce qui me ressemble
00:24:31et à quoi je ressemble ?
00:24:32Oh oui, allez, réponds.
00:24:34Tu l'as vue ?
00:24:35Oui.
00:24:37Plusieurs fois ?
00:24:38Un certain nombre de fois, je n'ai pas le compte exact.
00:24:41Et tout ça sans rien te dire ?
00:24:43Et depuis combien de temps ?
00:24:44Ah, alors là, je peux être précise.
00:24:46Six ans.
00:24:48Presque jour pour jour.
00:24:50Six ans ?
00:24:52Enfin, nous étions encore...
00:24:55Oui.
00:24:56Vous étiez encore...
00:25:03Alors, pourquoi bon...
00:25:06Mais demande-moi plutôt pourquoi elle a cherché à me revoir ?
00:25:10Tu tiens vraiment à ce que j'aille plus loin ?
00:25:12Bon.
00:25:15C'est en 64.
00:25:17En septembre 64.
00:25:19Elle a débarqué ici un matin sans crier gare assez tôt.
00:25:23J'ai tout de suite senti qu'elle allait s'incruster.
00:25:25Et que lui parler sera le seul moyen efficace pour m'en débarrasser.
00:25:29Elle était là devant moi.
00:25:30Elle avait passé un manteau sur une robe du soir plutôt fripée.
00:25:34Oui, elle s'était sans doute étendue toute habillée pour attendre le jour.
00:25:36Son maquillage avait coulé.
00:25:40Elle était pitoyable.
00:25:42Je comprends.
00:25:43Elle t'a fait l'historique de notre liaison.
00:25:44Mais non.
00:25:46C'était beaucoup plus simple.
00:25:50Le 6 septembre 64.
00:25:53Ça te dit quelque chose, Renato ?
00:25:54Bon, ben, je vais t'aider.
00:25:58Seulement, il faut que tu me crois si je te dis que je le fais sans colère et sans amertume.
00:26:04Cette nuit-là, tu l'as passée avec cette femme.
00:26:06Oh, me laisse-moi finir.
00:26:07Renato, je t'en prie.
00:26:07C'est ce que tu voulais, non ?
00:26:10Bon, alors cette nuit-là, vous reveniez ensemble de ce motel du Rio Medio.
00:26:14C'est toi qui conduisais.
00:26:15Et d'ailleurs, il semblerait qu'elle ait un petit peu insisté pour prendre le volant parce que toi...
00:26:20Oui, enfin, disons que tu n'étais pas tout à fait en état de contrôler tes réflexes.
00:26:25Mais que veux-tu que je sache ? Que veux-tu que je réponde ?
00:26:28Ah oui, évidemment.
00:26:29Pour toi, cette nuit parmi d'autres.
00:26:32Enfin, tout de même, il y a bien une chose que tu dois te rappeler, un détail précis.
00:26:37À la sortie du Pueblo de Cruz del Mar, la route devient atroce.
00:26:40Florence, tu conduisais très vite, paraît-il.
00:26:42Et tu n'aurais pas eu le temps matériel de freiner quand un homme est sorti de l'ombre derrière le rocher.
00:26:47Tu as juste eu le temps de donner un coup de frein au dernier moment pour essayer de l'éviter.
00:26:52Ah oui, je me souviens, oui.
00:26:55Oui, je me suis arrêté un instant.
00:26:57J'ai demandé à Cynthia d'aller voir si j'avais renversé le type.
00:27:00Il est revenu presque aussitôt en me disant que ce n'était rien.
00:27:06Hé.
00:27:07Florence, tu me crois, tu dois me croire.
00:27:10Oui.
00:27:12Oui, je te crois.
00:27:15J'imagine qu'elle a eu peur.
00:27:16Je devine tellement bien ce qu'elle a pu te dire.
00:27:19Parce qu'elle m'a menti.
00:27:27Ah oui.
00:27:29Oui, je vois.
00:27:31Non, mais tu n'y es pour rien.
00:27:34La voiture l'a certainement à peine effleurée, seulement...
00:27:36Sa tête a dû heurter une pierre quand il est tombé ou quelque chose dans ce genre-là.
00:27:41Un petit hasard imbécile qu'on appelle fatalité.
00:27:44Oui, ça doit être cela.
00:27:45Et le type, qui était-ce ?
00:27:54Oh, comment veux-tu que je sache ? Un paysan.
00:27:57Et puis d'ailleurs, ça n'a aucune importance.
00:27:59Non, ça n'a aucune importance.
00:28:00Et pourquoi a-t-elle voulu te voir, toi ?
00:28:06Ah, jusqu'à aujourd'hui.
00:28:07Ben, voyons.
00:28:11Il y avait vraiment que toi pour avaler sa petite histoire d'institut de beauté.
00:28:14Ah, ben, évidemment, tu n'es pas censé savoir quelle vie collée avec un gigolo à tête de coiffeur de charme.
00:28:19Dans un sinistre faubourg de Ciudacorales.
00:28:22C'est un peu blessant, ça, non ?
00:28:25Et c'est ta seule réaction.
00:28:29Non, mais remarque que c'est excellent que tu prennes les choses comme ça.
00:28:31Moi, je préfère.
00:28:33Alors, elle t'a fait chanter.
00:28:34Oh, chantonnez, tout au plus.
00:28:36Dans le premier jour, d'ailleurs, non ?
00:28:38Non, ce jour-là, elle était vraiment affolée.
00:28:40C'est seulement la semaine qui a suivi.
00:28:42Elle est revenue.
00:28:44Et alors là, elle était déjà moins affolée.
00:28:46Enfin, plus de la même manière.
00:28:50Enfin, tu n'as jamais eu la tentation de me parler.
00:28:53La tentation ?
00:28:55Oh, si.
00:28:58Seulement, c'était une des conditions de notre accord.
00:29:02Et puis, je ne voulais pas t'embêter avec cette histoire-là.
00:29:03C'était l'époque du procès Nichols.
00:29:04Ta situation était en jeu.
00:29:06Ma situation ?
00:29:09Notre situation.
00:29:13Bon, enfin, pas pour la première fois, mais...
00:29:16Et ensuite ?
00:29:18Pourquoi tu continuais à s'aider si facilement ?
00:29:20Tu n'as plus croire qu'elle allait parler, faire du scandale ?
00:29:22Mais enfin, qui l'aurait cru, cette pauvre folle ?
00:29:24On ne se pose pas ce genre de questions, figure-toi.
00:29:27L'important, c'était de ne pas prendre de risques.
00:29:28Non.
00:29:34Quoi non ?
00:29:36Non, il y a autre chose.
00:29:38Une autre raison.
00:29:41Et même une raison grave.
00:29:48Tu dois me la dire.
00:29:49Oui, et même en admettant à quoi bon c'est fini, maintenant ?
00:29:53Non, raison de plus.
00:29:57Bon, ben...
00:29:59Elle prétendait...
00:30:01Au remarque, moi, je n'y ai jamais tout à fait cru.
00:30:04Mais enfin, elle prétendait qu'il y aurait eu un témoin de l'accident.
00:30:06Et même qu'il aurait relevé le numéro de la voiture.
00:30:09Qui ça, quelqu'un du Pueblo ?
00:30:11Mais enfin, c'est grotesque, il n'y a que des illettrés dans ces bleds.
00:30:13Enfin, Florence, tu as pu te laisser prendre !
00:30:18C'est peut-être la preuve que je ne suis pas aussi forte que tu as l'air de le croire.
00:30:22Mais si, Florence.
00:30:24Fais une femme admirable.
00:30:27Tout le monde le sait.
00:30:33Bien, quand je pense que sans l'incident de ce soir,
00:30:36j'aurais continué à vivre avec la conscience immaculée d'un super honnête homme.
00:30:40Tu aurais préféré que je pleure, que je gémisse.
00:30:43Peut-être, oui.
00:30:45Mon pauvre ami.
00:30:47Et ça t'aurait avancé à quoi de patauger dans cette cuisine ?
00:30:51On ne gagne rien à être responsable.
00:30:54On gagne simplement le droit de vivre sans imposture.
00:30:58Même si personne ne sait.
00:31:02Mais dis-donc, j'y pense.
00:31:05Six ans.
00:31:07Il n'y a pas de prescription.
00:31:11Mais où tu veux me faire avouer que j'ai peur ?
00:31:13Ah oui, sois contente.
00:31:16J'ai peur.
00:31:19Mais non, elle la touche.
00:31:20Laisse, laisse.
00:31:24Laisse-moi un instant, Florence.
00:31:27Je finirai bien par comprendre ce qu'il peut y avoir de changé.
00:31:31Oh, peut-être n'y a-t-il de rien de changé.
00:31:33Il faut que je sache.
00:31:44Je dois savoir.
00:31:44Sans, c'est une petite petite petite petite petite petite petite petite petite petite petite petite petite petite petite petite petite petite petite petite petite petite petite petite petite petite petite petite petite petite petite petite petite petite petite petite petite petite petite petite petite petite petite petite petite petite petite petite petite petite petite petite petite petite petite petite petite petite petite petite petite petite petite petite petite petite petite petite petite petite petite petite petite petite petite petite petite petite petite petite petite petite petite petite petite petite petite petite petite petite petite petite petite petite petite petite petite petite petite petite petite petite petite petite petite petite petite petite petite petite petite petite petite petite petite petite petite petite petite petite petite petite petite petite petite petite petite petite petite petite petite petite petite petite petite petite petite petite petite petite petite petite petite petite petite petite petite petite petite petite petite petite petite petite petite petite petite petite petite petite petite petite petite petite petite petite petite petite petite petite petite petite petite petite petite petite petite petite petite petite petite petite petite petite petite petite petite petite petite petite petite petite petite petite petite petite petite petite petite petite petite petite petite petite petite petite petite petite petite petite petite petite petite petite petite
00:32:14Sous-titrage Société Radio-Canada
00:32:44Donnez un exemple. Je n'aurais jamais cru que vous accepteriez cette invitation après notre petite accrochage de ce matin.
00:32:52Quel rapport ? C'était de bonne guerre. Autant que possible, je m'efforce d'être beau joueur, voilà tout.
00:32:57Allons, Stimson, voyons. Je n'ai pas voulu vous blesser. Faut-il que je vous jure.
00:33:04Votre indignation, j'admets volontiers d'avoir mérité.
00:33:09Vous ne me comprenez pas, Cardenas. Ce n'est pas contre vous que je m'indigne. Vous, vous avez joué le jeu.
00:33:14Mais vous aussi que je sors.
00:33:14La tâche est dans une partie à peu près perdue d'avance. Je trouve ça très bien.
00:33:20Non, justement, moi pas. Je n'ai pas joué jusqu'à la dernière carte.
00:33:24Allons donc. Vous vous faites des illusions.
00:33:28Offense au dieu pétrole.
00:33:31Meurtre qualifié d'un représentant de l'ordre établi.
00:33:34C'est une pente qui se remonte assez mal.
00:33:36C'est bien possible, mais je n'en sais rien.
00:33:38Je vous le répète, je n'ai pas vraiment essayé.
00:33:42Ça concerne la personne de Paramo.
00:33:47Enfin, je veux dire, ses antécédents.
00:33:50Alors l'acte lui-même.
00:33:52Bon, c'est entendu, mon cher.
00:33:57Vous n'êtes pas tenu aux confidences.
00:34:00Sachez cependant que c'est sans la moindre curiosité que je cherche à savoir.
00:34:06Peut-être y a-t-il quelque chose à tenter.
00:34:08Après le verdict ?
00:34:12Non, c'est sans le moindre espoir, Cardenas.
00:34:15Vous savez bien.
00:34:16Sait-on jamais.
00:34:18Si le ministère public demande un sursis pour complément d'information...
00:34:23Mais cela équévaudrait pratiquement à vous désavouer vous-même.
00:34:28Vous feriez ça ?
00:34:29Pourquoi pas.
00:34:33Bien, résumons.
00:34:34L'essentiel de l'accusation repose sur l'idée a priori,
00:34:38et non affirmée par les circonstances,
00:34:40parce qu'on a bien voulu savoir des circonstances,
00:34:43que l'acte de Paramo avait été délibéré.
00:34:47En fait, on a trouvé sur lui une poignée de tracts importés de la Hava,
00:34:50non, rien de bien subversif.
00:34:52En réalité, le pauvre Bougre était travaillé par une propagande intensive,
00:34:55comme tous les autres.
00:34:57Oui, alors, en réalité,
00:34:59cela peut prouver tout ce que l'on veut.
00:35:02Tout aussi bien, cela ne prouve rien.
00:35:04Vous allez être déçus par ce que je vais vous dire.
00:35:08C'est un de ces témoignages soigneusement filtrés à l'instruction,
00:35:11reconnus sans intérêt.
00:35:13Histoire de simplifier les débats, bien entendu.
00:35:15Bien entendu, oui.
00:35:17Au début, d'après ce témoignage,
00:35:20personne n'a pris l'affaire du cimetière tellement tragique.
00:35:23Au contraire, ça devait avoir un petit air de kermesse
00:35:25avec tous ses ouvriers accoupis devant la murette.
00:35:28D'abord, les soldats se sont mis à taper dans le tas,
00:35:30coup de crosse, pas très fort,
00:35:32un peu au hasard, sans trop de conviction.
00:35:34Mais, pour la bonne cause, toujours.
00:35:38De temps à autre, un homme tombait à la renverse
00:35:39et restait là comme un paquet de chiffons.
00:35:41On le traînait au bord de la piste, et ainsi de suite.
00:35:43C'était un travail facile.
00:35:46Bientôt, il ne restait plus qu'un petit groupe de types
00:35:48dans l'axe du portail.
00:35:50Et puis, un seul,
00:35:52par amour,
00:35:53accroupi contre le mur.
00:35:54Et un courageux soldat faisait de louables efforts
00:35:57pour lui marteler la gueule avec un minimum d'efficacité.
00:36:00Mais ce n'était pas très commode,
00:36:01car le bonhomme semblait tout à fait indifférent.
00:36:04Les autres soldats s'étaient mis en groupe autour de lui,
00:36:06et ils ont commencé à prendre des paris
00:36:09sur la résistance presque incroyable du personnage.
00:36:12Alors,
00:36:14le sergent Valdez
00:36:15s'est approché.
00:36:17Il a écarté le soldat,
00:36:19tranquillement.
00:36:20Le sergent Valdez avait gardé son arme à la ceinture.
00:36:23Il n'a donc pas menacé l'homme.
00:36:24Les témoignages sont formels.
00:36:25Le sergent Valdez
00:36:28avait une cigarette à la main.
00:36:31Il s'est incliné vers Paramot,
00:36:34lui a posé la main
00:36:35sur son épaule,
00:36:36mais Paramot ne bougeait toujours pas.
00:36:39Peut-être croyait-il à une ruse.
00:36:41C'est sans doute pour ça que Valdez
00:36:42s'est mis à lui parler à mi-voix,
00:36:44presque à douceur.
00:36:47Paramot a relevé la tête,
00:36:49et Valdez n'a même pas eu à bouger
00:36:51pour que le bout de la cigarette
00:36:52vienne s'appliquer juste au bord de l'œil gauche.
00:36:55Et, sur le moment,
00:36:59personne n'a compris pourquoi Valdez
00:37:00reculait, pliant en deux les mains à son ventre,
00:37:04et Paramot lui-même
00:37:05regardait le couteau ouvert dans sa main,
00:37:08sans comprendre lui non plus.
00:37:11Pourquoi n'avez-vous rien dit pendant l'audience ?
00:37:14Ce sont les faits qui comptent.
00:37:16Et cette petite histoire
00:37:17n'aurait modifié en rien
00:37:18l'essentiel des faits.
00:37:19Vous l'avez dit vous-même,
00:37:21les raffinements de cet ordre
00:37:22ne sont pas de mise
00:37:22quand un pays est au bord du volcan.
00:37:25De plus,
00:37:26vous savez bien que le médecin expert
00:37:28a reconnu Paramot
00:37:30pleinement responsable.
00:37:33C'est excellent, docteur Sibaric.
00:37:35C'est ma foi vraie.
00:37:38Le pauvre type a dû voir des trucs
00:37:39pas très orthodoxes
00:37:40dans les tâches d'encre,
00:37:41et...
00:37:42le responsable à coupable.
00:37:43Décidément,
00:37:49vous n'avez rien à vous reprocher,
00:37:50Stimson.
00:37:51Si.
00:37:52D'avoir eu peur.
00:37:54Non.
00:37:55Ce n'est pas un reproche très sérieux,
00:37:56croyez-moi.
00:37:58Et puis,
00:37:58vous n'auriez rien changé à rien.
00:38:00Ou plutôt si,
00:38:01vous auriez davantage
00:38:02excité les fauves.
00:38:04On ne remet pas en cause
00:38:05si légèrement
00:38:06la glorieuse phalange
00:38:07contre un révolutionnaire.
00:38:08vous aurez cassé les reins,
00:38:10mon cher.
00:38:14Et dans quelques jours,
00:38:15on cassera d'autres vertèbres.
00:38:17Le bon vieux garrot
00:38:18importé de la péninsule.
00:38:21En matière d'appareils électriques,
00:38:23l'aide aux pays sous-développés
00:38:24n'a encore fourni
00:38:26que des réfrigérateurs
00:38:27et des flippers.
00:38:29Pas un certain modèle de chaise.
00:38:34Mon petit avocat Rosebonbon,
00:38:36vous êtes jeune.
00:38:38incroyablement jeune.
00:38:40Oui, oui,
00:38:41cela vous indigne
00:38:42que j'ai l'air de plaisanter.
00:38:44Mais c'est que, voyez-vous,
00:38:45passer un certain âge,
00:38:47il faut,
00:38:48ou bien,
00:38:49se foutre de tout,
00:38:51ou bien,
00:38:52prendre tout à cœur.
00:38:54Et j'ai comme l'impression
00:38:55que vous me poussez doucement,
00:38:57mais fermement,
00:38:59dans cette direction-là.
00:39:05J'ai tout de même
00:39:06un curieux personnage.
00:39:08Cardenas,
00:39:10j'essaie de vous définir.
00:39:14Non ?
00:39:15Décidément,
00:39:16j'y renonce.
00:39:18À propos,
00:39:18comment va Florence ?
00:39:19Je n'ai pas trouvé
00:39:20une excellente mine hier soir.
00:39:22Oh,
00:39:22c'est un effet d'optique.
00:39:23En fait,
00:39:23elle ne s'est jamais mieux portée.
00:39:25J'aime beaucoup Florence.
00:39:28Bon,
00:39:28il n'y a rien,
00:39:28là,
00:39:29d'ailleurs,
00:39:29qui puisse aiguiser
00:39:30votre jalousie.
00:39:31son père était
00:39:32un de mes partenaires
00:39:33au golf.
00:39:34Et sa mère était
00:39:35une bridgeuse forcenée.
00:39:39Quand j'ai connu Florence,
00:39:39elle n'était pas plus haute
00:39:40que ça.
00:39:41Et je crois bien
00:39:42que je lui ai offert
00:39:42une de ses premières poupées.
00:39:44Elle vous en a gardé
00:39:45une très vive gratitude,
00:39:47bien que les poupées
00:39:48mises par la suite
00:39:49à sa disposition
00:39:50se soient
00:39:50considérablement perfectionnées.
00:39:52Mais je ne suis pas venu
00:39:54pour parler de Florence.
00:39:56C'est tout à fait dommage.
00:39:58Et plus dommage encore
00:39:59de pouvoir plonger
00:40:00la tête en avant
00:40:01dans le ridicule.
00:40:02Cela dit,
00:40:03en toute amitié,
00:40:04naturellement.
00:40:06Parce que vous estimez
00:40:07ridicule que...
00:40:07Je me suis toujours imposé
00:40:08d'appeler les choses
00:40:09par leur nom.
00:40:11Je suis trop vieux
00:40:11pour changer
00:40:12quoi que ce soit
00:40:12à mes habitudes.
00:40:13C'est cependant
00:40:14que c'est par pure sympathie
00:40:16que j'ai supporté
00:40:18d'écouter jusqu'au bout
00:40:19votre histoire aberrante
00:40:20de cigarettes
00:40:21et de poignard.
00:40:26Mais enfin,
00:40:26Cardenas,
00:40:27que cherchez-vous ?
00:40:30Et qu'espérez-vous
00:40:30avec toute cette histoire
00:40:31de brigands ?
00:40:33Oui, c'est entendu.
00:40:34Nous avons tous eu
00:40:35nos crises de conscience
00:40:36et nos crises de foi.
00:40:38Ces dernières étant d'ailleurs
00:40:39autrement douloureuses.
00:40:41Mais enfin,
00:40:42est-ce une raison valable
00:40:43pour faire l'acquisition
00:40:45d'un masque
00:40:45de tragédie antique ?
00:40:48M. Bornet a porté
00:40:49à votre connaissance
00:40:49certains éléments nouveaux
00:40:50susceptibles
00:40:51de faire considérer
00:40:52le verdict ?
00:40:52Non, Cardenas,
00:40:53non précisément.
00:40:55Votre petite digression
00:40:56littéraire n'apporte rien,
00:40:58ne change rien.
00:41:00Je suis effaré
00:41:01qu'un homme tel que vous
00:41:02ne semble pas
00:41:02s'en rendre compte.
00:41:03Mais enfin,
00:41:04M. le Président,
00:41:04l'affaire Paramo...
00:41:05Mais il n'y a pas
00:41:06d'affaire Paramo.
00:41:08Il n'y a jamais eu
00:41:09et il n'y aura
00:41:09jamais d'affaire Paramo,
00:41:11sachez-le bien.
00:41:13Ou alors demain,
00:41:14il y aura cent,
00:41:15mille affaires Paramo.
00:41:17Une pour chaque
00:41:17attentat terroriste.
00:41:18Tenez,
00:41:22imaginez seulement
00:41:23que les soldats
00:41:23aient abattu
00:41:24votre bonhomme
00:41:24sur place.
00:41:26Quelle simplification,
00:41:27n'est-ce pas ?
00:41:28Ah non !
00:41:29Non, ne me faites pas
00:41:29dire ce que je ne pense pas.
00:41:31Quarante années
00:41:32de magistrature
00:41:33s'accordent plutôt mal
00:41:34avec l'apologie
00:41:34de toute forme
00:41:35de justice expéditive.
00:41:36Bon, bon, très bien.
00:41:38Ah, laissons cela.
00:41:40Et convenez que vous
00:41:41vous êtes laissé
00:41:41en tortillé
00:41:42par ce petit crétin
00:41:42idéaliste de Stimson.
00:41:46Oh, je ne vous le reproche
00:41:47pas, d'ailleurs.
00:41:50Et même d'un certain
00:41:51point de vue,
00:41:51cela ne me déplait pas.
00:41:53Ça vous rend plus
00:41:54vulnérable,
00:41:56plus humain,
00:41:57en quelque sorte.
00:42:00Oui, je ne vous cache pas
00:42:00qu'assez souvent,
00:42:01on vous a considéré
00:42:02comme un magistrat
00:42:03pas trop rigide,
00:42:04pas très accessible
00:42:05à certains aspects
00:42:07marginaux de nos actes.
00:42:09Vous savez que
00:42:10j'y suis enfoncé en plein
00:42:11dans les aspects
00:42:11marginaux de nos actes,
00:42:13comme vous dites si bien.
00:42:14Je vous comprends mal.
00:42:16Oh, c'est très simple,
00:42:17il y a six ans,
00:42:18sur une piste isolée,
00:42:20j'ai bousillé un type
00:42:20avec ma voiture.
00:42:26Des témoins ?
00:42:28Non, non.
00:42:30Enfin, si,
00:42:31mais c'est sans conséquence.
00:42:33pour tout vous dire,
00:42:35il y avait une dame
00:42:36avec moi.
00:42:38Non, ce n'est pas
00:42:38celle que vous avez
00:42:39connue autre comme ça.
00:42:42À la réflexion,
00:42:43vous n'êtes pas
00:42:43tellement drôle,
00:42:44Cardenas.
00:42:45Pas tellement, oui.
00:42:49Ça fait partie
00:42:50de mes innombrables
00:42:51réputations usurpées.
00:42:56Ah oui,
00:42:57vous n'avez pas cru
00:42:57un seul mot
00:42:58de ma petite confession.
00:42:59La question n'est pas là.
00:43:00Non, je voudrais bien
00:43:01savoir où elle peut être.
00:43:03Eh bien,
00:43:04je vais vous le dire.
00:43:06Quand on veut
00:43:06à tout prix
00:43:07se s'aborder,
00:43:09la moindre des choses
00:43:10est de s'assurer
00:43:10qu'on va être le seul
00:43:11à faire les frais
00:43:13du petit voyage
00:43:13par le fond.
00:43:18Priez le capitaine
00:43:18de Brugone de Brugone
00:43:19de Brugone de venir.
00:43:19Vous savez,
00:43:20pour enregistrer
00:43:20ma déposition
00:43:21et qu'il apporte
00:43:22le dossier
00:43:22par un mot.
00:43:23Vous m'avez fait
00:43:23perdre assez de temps,
00:43:24Cardenas.
00:43:24Il faut en finir
00:43:25avec cette affaire
00:43:26pour employer
00:43:26un mot qui vous est cher
00:43:27et en finir
00:43:29une fois pour toutes.
00:43:30Rentrez à Brugone.
00:43:33Bon, vous vous connaissez,
00:43:34il est inutile
00:43:34de faire les présentations.
00:43:36Alors voici.
00:43:36Monsieur le procureur,
00:43:38Cardenas souhaiterait
00:43:39pour, disons,
00:43:42pour son édification
00:43:43personnelle,
00:43:44un complément
00:43:45d'information
00:43:46sur la personne
00:43:47du condamné
00:43:47Manuel Paramo.
00:43:49Vous avez apporté
00:43:49le dossier ?
00:43:50Très bien,
00:43:51nous vous écoutons.
00:43:53Manuel,
00:43:54âgé d'environ 30 ans,
00:43:55domicilié
00:43:56au peuple
00:43:56de Cruz d'Elmar.
00:43:57Cruz d'Elmar.
00:43:59Non, non,
00:44:00je vous en prie,
00:44:01continuez.
00:44:02Domicilié
00:44:03à Cruz d'Elmar.
00:44:04Appréhendé
00:44:04une première fois
00:44:05en 1958
00:44:06pour vol de conserve
00:44:07dans un entrepôt.
00:44:09Relaxé par faveur spéciale
00:44:10étant donné son jeune âge.
00:44:12Seconde condamnation
00:44:13ferme cette fois
00:44:13en 1961
00:44:14pour vagabondage.
00:44:16Je passe
00:44:16sur les délimineurs.
00:44:19Il y a deux ans,
00:44:20condamné à six mois
00:44:21de prison
00:44:21pour proxénétisme
00:44:22sur la personne
00:44:23de sa propre sœur,
00:44:24la fille Maria
00:44:25Aparecilla Paramo.
00:44:26Sur la personne
00:44:27de sa propre sœur,
00:44:28Cardenas.
00:44:29Si après cela,
00:44:30votre théorie
00:44:30du vertueux sauvage
00:44:31n'a pas de plomb dans l'aile,
00:44:33c'est que vous êtes
00:44:33plutôt coriace.
00:44:34Je conviens
00:44:35que c'est très vilain.
00:44:37Le fait n'est pas
00:44:37mentionné avec précision
00:44:38dans le code
00:44:39des gens
00:44:39ne pas fréquenter,
00:44:40mais c'est sûrement
00:44:41un cas d'exclusion.
00:44:43Continue,
00:44:44Abregogne.
00:44:45Interpellé en juillet
00:44:46de l'année dernière,
00:44:47lors d'une rafle
00:44:48opérée au cours
00:44:48d'une manifestation
00:44:49d'extrême-gauche.
00:44:50Relâchez.
00:44:51C'est tout,
00:44:52M. le Président.
00:44:53Enfin,
00:44:53c'était tout.
00:44:55Merci, Abregogne.
00:44:56Le fait est que
00:44:57cette fois-ci,
00:44:57nul n'a songé
00:44:58à contester
00:44:59la matérialité
00:45:00de la preuve.
00:45:01Vous m'excuserez,
00:45:03mon cher,
00:45:03mais je dois filer.
00:45:05Cette sacrée existence
00:45:06nous mène par le bout
00:45:07du nez
00:45:07comme des ours
00:45:07de foire.
00:45:10Enfin,
00:45:11laissez-moi du moins
00:45:11espérer que notre
00:45:12petite conversation
00:45:13n'aura pas été
00:45:14tout à fait inutile.
00:45:15ne l'a pas été.
00:45:17À la bonne heure,
00:45:18je vous retrouve.
00:45:20Savez-vous bien
00:45:20que votre petite Jennifer
00:45:21était ravissante hier soir.
00:45:24Elle m'a rappelé
00:45:24sa mère au mûmage.
00:45:28Transmettez mon affection
00:45:29à Florence.
00:45:42Capitaine Abregogne,
00:45:44M. Cardenas.
00:45:46Puis-je compter
00:45:47sur votre aide?
00:45:49Mon aide?
00:45:51Oui,
00:45:51en quelque sorte,
00:45:51oui.
00:45:52Votre aide
00:45:53et votre discrétion.
00:45:54Considérez que l'une
00:45:54et l'autre
00:45:54vous sont acquises,
00:45:55M. Cardenas.
00:45:56Trop heureux
00:45:56de pouvoir vous être utile.
00:45:58Très bien.
00:45:59Ménagez-moi une rencontre
00:46:00avec Manuel Paramo.
00:46:02J'ai bien peur
00:46:03que ce ne soit difficile,
00:46:05M. Cardenas.
00:46:05Très difficile.
00:46:07Tant pis,
00:46:07je n'ai rien dit.
00:46:08Si vous le permettez,
00:46:09je n'ai pas dit impossible.
00:46:10À strictement parler,
00:46:11la chose n'est pas
00:46:12très régulière.
00:46:13Voilà tout.
00:46:14Il saura.
00:46:16Disons,
00:46:16ma conscience.
00:46:18Justement,
00:46:18vous n'avez rien
00:46:19à craindre d'elle.
00:46:21Laissez l'œil
00:46:22dans la tombe
00:46:22et fermez hermétiquement
00:46:23le couvercle.
00:46:25Ensuite.
00:46:26Il y a bien sûr
00:46:27le règlement
00:46:27qui interdit
00:46:28toute visite
00:46:28au condamné à mort,
00:46:29mais ce n'est pas
00:46:30là l'essentiel.
00:46:31L'essentiel,
00:46:32voyez-vous,
00:46:32c'est ce cercle rouge
00:46:33autour de Cruz Delmar.
00:46:34tout ce qui vient
00:46:36de ce Pueblo
00:46:36est pourri
00:46:37et pourrit
00:46:38tout ce qui l'approche.
00:46:39Des propos bien sévères
00:46:40pour un petit Pueblo
00:46:41comme il y en a mille.
00:46:42Vous connaissez Cruz Delmar ?
00:46:43Non,
00:46:44pas spécialement.
00:46:45Enfin,
00:46:45j'ai dû y passer.
00:46:46Tous ces petits trous
00:46:47se confondent.
00:46:48Pas pour nous.
00:46:52C'est dans ce point-là
00:46:53que depuis des mois,
00:46:55nous avons enregistré
00:46:55le plus grand nombre
00:46:56d'attentes individuelles
00:46:57contre nos hommes.
00:46:58C'est dans ce coin-là
00:46:59que l'agitation subversive
00:47:01s'étale impunément
00:47:01jusque dans les rues,
00:47:03jusque sur nos murs.
00:47:05Nous sommes nombreux
00:47:06à ne pas comprendre
00:47:06l'inertie du gouvernement
00:47:08devant cette gangrène.
00:47:09Mais maintenant,
00:47:10la coupe est pleine,
00:47:11je vous le dis.
00:47:12Un jour ou l'autre,
00:47:13la croix ne sera plus seulement
00:47:15dans le nom de ce Pueblo.
00:47:17C'est un village très typique.
00:47:18Vous allez avoir des ennuis
00:47:18avec l'office du tourisme.
00:47:23Veuillez oublier
00:47:24ce manque de sang-froid.
00:47:25Il y a quelque chose
00:47:26de plus important
00:47:27dans notre triste époque
00:47:28que le pittoresque
00:47:28d'un pays perdu.
00:47:30La décomposition
00:47:31des monstres marins
00:47:32millénaires
00:47:33au-dessous de la surface
00:47:34ensoleillée
00:47:34est autrement passionnante.
00:47:37On prétend
00:47:37que les forages d'essai
00:47:39dans la zone
00:47:39de Cruse d'Elmar
00:47:40ne s'en révélaient plus
00:47:41qu'encourageants
00:47:42pour les augures
00:47:43de la pétrolium.
00:47:45Eh bien,
00:47:45de quoi vous plaignez-vous ?
00:47:47La compagnie a pour principe
00:47:48d'accélérer à outrance
00:47:49l'option.
00:47:51Tous les espoirs
00:47:51sont donc permis
00:47:52à vos anges exterminateurs.
00:47:53Si vous voulez bien me suivre,
00:47:59vous conduirez moi-même
00:48:00auprès du condamné
00:48:01Palame.
00:48:10Visite pour toi,
00:48:11Palame.
00:48:11Pas très longtemps,
00:48:17M. Gardena,
00:48:18s'il vous plaît.
00:48:19D'ailleurs,
00:48:19vous n'en tirerez rien.
00:48:31Palame.
00:48:32Manuel Palame,
00:48:33vous me reconnaissez ?
00:48:39Ne faites pas semblant
00:48:40de ne pas m'entendre.
00:48:41je suis sûr
00:48:41que vous m'avez reconnu.
00:48:44Je suis venu pour vous dire
00:48:45que j'ai fait
00:48:46tout ce que j'ai pu pour vous,
00:48:48tout ce qui était
00:48:48en mon pouvoir
00:48:49et même au-delà.
00:48:51À l'instant,
00:48:52je suis allé voir
00:48:52le président
00:48:53et je lui ai parlé.
00:48:57Vous pouvez bien
00:48:58continuer à vous taire.
00:48:59Je suis certain
00:49:00que vous comprenez
00:49:00chacune de mes paroles.
00:49:11tu le sais
00:49:12qu'ils veulent te tuer.
00:49:17Que me veux-tu ?
00:49:19Je ne suis pas responsable
00:49:22par amour.
00:49:23ce serait trop facile.
00:49:26Ce n'est pas moi
00:49:26qui ai saigné
00:49:27le sergent Valdez,
00:49:27ni moi non plus
00:49:28qui ai fait
00:49:28ta sœur une putain.
00:49:29Ça, au moins,
00:49:29tu dois le comprendre.
00:49:33Personne ne peut
00:49:34payer pour personne.
00:49:34Pourtant,
00:49:39je suis de ceux
00:49:39qui t'ont jugé
00:49:40et moi qui suis de ta race.
00:49:42Alors,
00:49:42je peux très bien imaginer
00:49:43ce qui s'est passé
00:49:44dans ta tête.
00:49:46Et si tu le veux,
00:49:49je pourrais peut-être
00:49:50arriver à t'aider.
00:49:52Mais pas tout seul.
00:49:54Pas contre ce bloc
00:49:55de silence imbécile.
00:50:00D'accord.
00:50:02Qu'est-ce que tu dis
00:50:03par le plus fort ?
00:50:04Aguardiente.
00:50:11Oui.
00:50:13Aguardiente.
00:50:15Bien sûr,
00:50:16c'est une solution.
00:50:24Tiens,
00:50:24connière,
00:50:25que ça te va.
00:50:26De toute façon,
00:50:27il me faudra bien
00:50:27je n'ai que ça, alors.
00:50:34c'est une solution.
00:50:53Vous voyez,
00:50:53ma visite n'aurait pas été
00:50:54tout à fait aussi inutile
00:50:56que vous le pensiez.
00:50:57M. Cardenas,
00:51:00voici une autre chose
00:51:01pas très régulière.
00:51:03mais ce que nous lui préparons
00:51:05avec notre bonne conscience
00:51:07n'est pas non plus
00:51:09une chose très régulière.
00:51:10n'est pas très régulière.
00:51:12C'est tout ce que j'ai pu lui donner
00:51:17d'un peu positif.
00:51:18Il faut songer à vous, Florence.
00:51:26À vous et à vos enfants.
00:51:29Dites-vous bien que votre mari
00:51:30traverse une simple phase dépressive.
00:51:32Rien de plus.
00:51:33Je vois chaque jour
00:51:34une dizaine de cas analogues.
00:51:36L'homme moderne vit perpétuellement
00:51:37en état d'hérétisme nerveux.
00:51:39Rien d'étonnant
00:51:39est-ce que tout finisse
00:51:40par craquer un jour ou l'autre.
00:51:41Oui, oui, oui.
00:51:42Le système nerveux, oui.
00:51:43C'est une explication commode.
00:51:46Mais il y a tout de même
00:51:46des choses plus importantes.
00:51:48Ce sont les choses
00:51:49qui se passent dans la tête
00:51:49et dans le cœur d'un homme.
00:51:51Et le jour où vous les aurez découvertes,
00:51:52vous n'aurez plus de clients
00:51:53que vous ne pouvez en souhaiter.
00:51:54Florence, vous s'équilibrez.
00:51:56Monsieur, vous m'ennuyez un peu,
00:51:57Edwin,
00:51:57avec vos histoires
00:51:58d'hérétisme nerveux.
00:52:00J'ai la prétention
00:52:01de connaître Renato
00:52:01au moins aussi bien que vous.
00:52:03Oui, alors pas d'une façon
00:52:04aussi scientifique, d'accord.
00:52:05Mais enfin, on ne vit pas
00:52:06pendant plus de 20 ans
00:52:07une existence plutôt intime
00:52:08avec un monsieur
00:52:09sans en arriver à...
00:52:11Voyons,
00:52:12vous faites dire des bêtises,
00:52:13tenez, c'est votre faute.
00:52:14Bien involontaire en ce cas.
00:52:16Un instant.
00:52:22Monsieur Renato,
00:52:23je vous laisse seul
00:52:23quelques instants.
00:52:24Voyez ce que vous pouvez faire.
00:52:34Docteur Seabright.
00:52:37Quelle surprise.
00:52:39Bonjour, Cardenas.
00:52:45Mais on vous a mis en pénitence.
00:52:47Ah, Florence manque
00:52:48à tous ces devoirs.
00:52:50Je vais la chercher.
00:52:51C'est inutile, Cardenas.
00:52:52J'ai vu Florence.
00:52:53Ah, en médecin ou en ami?
00:52:56Les deux sont-ils inconciliables?
00:52:58Ma foi, je vous dirais ça
00:52:59lors des honoraires.
00:53:00Ah, ah, ah.
00:53:04Je n'ai pas
00:53:09tout le monde en bonne forme.
00:53:13Pour tout vous dire,
00:53:14elle m'a même paru
00:53:15fatiguée,
00:53:17inquiète,
00:53:19déprimée.
00:53:22Elle a 11 sectes de tension.
00:53:25Tu ne vois qu'une explication?
00:53:28Quelque chose la tourmente.
00:53:30On ne vous casse pas la tête, allez.
00:53:32Je suis ce quelque chose.
00:53:35Disons simplement
00:53:36que vous y êtes pour quelque chose.
00:53:38Pour parler d'une façon
00:53:39plus exacte encore,
00:53:40vous n'y êtes pour rien
00:53:41si l'on se place
00:53:42du seul point de vue moral.
00:53:43Oh, merci.
00:53:44Je ne cherche pas d'alibi.
00:53:45Je ne vous en propose pas.
00:53:47Je n'ai rien d'un policier
00:53:48que je sache.
00:53:48Je ne suis pas fou non plus
00:53:49si c'est ça que vous voulez insinuer.
00:53:50Je n'insinue rien.
00:53:52Cet épithète n'a d'ailleurs
00:53:53aucune valeur scientifique.
00:53:55Il s'agit d'un simple surmenage.
00:53:57Rien de plus.
00:53:59Ah oui, du...
00:54:00du surmenage, bien sûr.
00:54:02Le titre même
00:54:03de la motivation distinguée
00:54:04est
00:54:05qui sauve la face.
00:54:08Vous serez-t-elle couramment
00:54:10lors de vos expertises judiciaires,
00:54:11Seabright ?
00:54:12Qu'en avez-vous par là ?
00:54:15Eh bien, peut-il y avoir
00:54:15meurtre par excès
00:54:16de surmenage
00:54:17d'un individu
00:54:18aussi peu différencié
00:54:19qu'un ouvrier de chantier,
00:54:20par exemple ?
00:54:23Ah, comment faites-vous, Seabright ?
00:54:28Dites.
00:54:30Comment faites-vous
00:54:30pour être sûr
00:54:31que quelqu'un
00:54:31est vraiment responsable,
00:54:33vraiment coupable ?
00:54:35Attention, Cardenas.
00:54:37Il y a un peu de présomption
00:54:39et beaucoup de ridicule
00:54:41à se prendre pour un personnage
00:54:42de Dostoïevski.
00:54:45Ne vous méprenez pas.
00:54:47Je vous tends la perche,
00:54:47c'est vrai.
00:54:49Mais je n'ai aucune sympathie
00:54:50pour vous.
00:54:51Aucune.
00:54:52Une telle révélation
00:54:53va mettre un coup terrible, Seabright.
00:54:55C'est uniquement pour Florence
00:54:57que j'ai accepté
00:54:58de vous aider.
00:54:59Dans son seul intérêt.
00:55:02Je la connais depuis longtemps
00:55:03et certainement
00:55:04bien mieux que vous.
00:55:06Tiens, vous aussi.
00:55:08Pardon ?
00:55:09Oh, non, ne faites pas attention,
00:55:10c'est un rapprochement
00:55:11saugrenu.
00:55:15Je conviens m'être laissé
00:55:16emporter de façon excessive.
00:55:17Excusez-moi.
00:55:19Je vous en prie, mon cher.
00:55:21D'ailleurs, c'est...
00:55:22si vous voulez mon sentiment,
00:55:23c'est vous que Florence
00:55:24aurait dû épouser.
00:55:25Je le lui ai dit
00:55:26plus d'une fois.
00:55:29De deux choses l'une,
00:55:30Cardenas.
00:55:32Vous êtes un pauvre type
00:55:33où vous avez bu.
00:55:36Les deux hypothèses
00:55:37sont également envisageables.
00:55:39Je ne vous en vis pas.
00:55:42La première séance
00:55:43de psychothérapie est terminée.
00:55:44Tu peux entrer, Florence.
00:55:48J'ai quelque chose que j'ai pu, Florence.
00:55:50Je suis désolé.
00:55:55Qu'est-ce que tu lui as dit ?
00:56:00Moi, non, rien de spécial.
00:56:03Je lui ai ouvert
00:56:04le tréfonds de mon âme
00:56:05et tout aussitôt,
00:56:07le vertige l'a pris.
00:56:09C'est amusant, Renato.
00:56:11Oh, pas tant que ça,
00:56:12je le crois.
00:56:14Non, en fin de compte,
00:56:16pas tant que ça.
00:56:17Mouligan m'a téléphoné
00:56:22tout à l'heure.
00:56:24Non, ça ne me surprend pas.
00:56:26Je l'ai trouvé
00:56:26extrêmement inquiet
00:56:27au sujet d'une certaine poupée
00:56:28que je t'avais offerte
00:56:29il y a une trentaine d'années.
00:56:30Mais enfin, je l'ai rassuré.
00:56:32Tu es...
00:56:33Tu es une personne
00:56:34qui conserve
00:56:35convenablement embaumée
00:56:37dans son petit cercueil
00:56:38de carton.
00:56:39Ah, arrête, Renato,
00:56:40j'en peux plus.
00:56:41Il m'a raconté
00:56:46toute votre conversation.
00:56:48Lui, c'est un ami,
00:56:49il ne dira rien.
00:56:50Mais...
00:56:50Tu n'as parlé
00:56:52à personne d'autre?
00:56:53Non, non, bien sûr, non.
00:56:54Enfin, juste deux mots
00:56:56à Brigade,
00:56:57mais enfin,
00:56:57ça, ça ne compte pas.
00:56:59Non, mais c'est pas vrai.
00:57:02Tu as été tout raconter
00:57:03à ce type ignoble?
00:57:04Oh, pas si ignoble.
00:57:06Extérieurement,
00:57:06il est impeccable.
00:57:08Il y a même quelque chose
00:57:09de chirurgical
00:57:09dans la blancheur
00:57:10de son uniforme.
00:57:12Mais enfin,
00:57:12pourquoi tu fais ça?
00:57:13Moi, je ne sais pas.
00:57:15Enfin, si, je sais.
00:57:17Qui d'autre
00:57:17que le capitaine Obregon
00:57:18m'aurait ouvert
00:57:18la cellule de Paramore?
00:57:20Mais enfin,
00:57:20je ne m'ai donné
00:57:21que le minimum
00:57:21d'explication
00:57:22si ça peut te satisfaire.
00:57:23Enfin, Renato,
00:57:24c'est...
00:57:25Tu es inconscient!
00:57:26Oh, non.
00:57:27Mauvais diagnostic.
00:57:29Je voudrais l'être.
00:57:32Ah, il y a encore
00:57:32une troisième personne
00:57:33à qui j'ai plus ou moins parlé.
00:57:36Mais alors, avec lui,
00:57:37c'est sans la moindre
00:57:37suite possible.
00:57:39Il a dépassé
00:57:39le stade
00:57:39des complications
00:57:40psychologiques.
00:57:42Je ne réussis
00:57:42à lui donner
00:57:43qu'un peu de tranquillisance
00:57:43sous forme liquide.
00:57:45La seule sans ordonnance.
00:57:49Oui, oh, je sais.
00:57:50Va, je te dégoûte.
00:57:53Mettre ses péchés
00:57:54dans un sac de cellophane
00:57:55et puis...
00:57:56l'acheter au vide d'ordure
00:57:57sans se salir les mains,
00:57:58c'était ça la bonne formule.
00:57:59Ce moment-là,
00:58:00je suis resté un peu primitif.
00:58:01Je n'ai pas réussi
00:58:02entièrement
00:58:02à me civiliser, Florence.
00:58:03Oui, oui,
00:58:04toutes ces belles paroles
00:58:05pour chercher des excuses.
00:58:07Comment il n'y a pas d'excuses
00:58:08à ne pas se comporter en homme?
00:58:09Oh, non,
00:58:09mais je ne cherche pas d'excuses.
00:58:10J'essaie de t'expliquer.
00:58:13Nous avons...
00:58:14nous avons tous besoin
00:58:15de parler à quelqu'un,
00:58:16à quelque chose, non?
00:58:18À un ivrogne,
00:58:19à une idole de bois,
00:58:20au psychiatre de service.
00:58:21C'est une allusion
00:58:22à mon amitié
00:58:22pour le docteur Seabright,
00:58:23ça, tiens.
00:58:24Oh, non.
00:58:26Non, je ne te fais pas de saine,
00:58:27Florence Grandieu, non.
00:58:29Non, mais...
00:58:31le meilleur, c'est vrai,
00:58:31ce ne sont pas des excuses
00:58:32que tu cherches.
00:58:34Ce serait l'indice
00:58:34d'une conscience saine,
00:58:35pas la tienne.
00:58:37Non, ce que tu cherches,
00:58:38c'est...
00:58:39c'est tout simplement
00:58:40à te détruire
00:58:41et à tout détruire
00:58:43autour de toi.
00:58:44Seulement ça.
00:58:49John!
00:58:49Jennifer!
00:58:51Ah, je vois,
00:58:52c'est peut-être
00:58:52une méthode d'hygiène morale
00:58:53très en vogue
00:58:54dans l'état de New York.
00:58:55Ce n'est pas un peu
00:58:55trop révolutionnaire, non,
00:58:56pour le vieillard
00:58:57sclérosé rétrograde
00:58:58que je suis.
00:58:59Je leur ai déjà tout raconté,
00:59:00même l'histoire
00:59:01de Grosse Delmar.
00:59:02Ah, tu ne m'as pas
00:59:03laissé le choix.
00:59:05Et puis, enfin,
00:59:05ils sont en âge
00:59:06d'affronter certaines réalités
00:59:07qui les concernent directement
00:59:08et qui peuvent même
00:59:09transformer leur avenir.
00:59:11Oh, ça te choque.
00:59:12Oui, tu trouves plus normal
00:59:14d'ouvrir ton cœur
00:59:15à des étrangers.
00:59:16Moi, de toute façon,
00:59:18de bons amis
00:59:18n'auraient pas manqué
00:59:19de mettre au courant.
00:59:19Mais je t'en prie, maire.
00:59:21Bon, d'accord,
00:59:21tu estimes que nous sommes
00:59:22assez grands pour comprendre.
00:59:24Alors pardonne-moi,
00:59:24mais nous devons l'être
00:59:25également assez
00:59:25pour nous exprimer nous-mêmes.
00:59:28Écoute, papa,
00:59:29ce n'est pas parce
00:59:29qu'il y a cinq ou six ans
00:59:30que tu as plus ou moins
00:59:31fallé le crâne
00:59:31à un pauvre type
00:59:32au bord d'une piste
00:59:33qu'il faut te prendre
00:59:33pour qu'un en personne.
00:59:35Oui, j'ai évité
00:59:36les détails inutiles.
00:59:39Le réquisitoire est terminé ?
00:59:40Oui, enfin, pas entièrement.
00:59:43Je voudrais bien te comprendre,
00:59:44mais mille regrets,
00:59:45je ne peux pas.
00:59:46Tu dois être un produit
00:59:47de mutation,
00:59:49un michement entre
00:59:49le serpent à plumes
00:59:50et le cerveau électronique.
00:59:53Alors, tes petits scrupules
00:59:53à retardement...
00:59:54Je ne suis plus d'accord.
00:59:55Tu sors complètement
00:59:55de la question.
00:59:57Quelqu'un qui n'aurait
00:59:57aucun scrupule,
00:59:58aucun regret,
00:59:59mais rien de tout cela
00:59:59serait comme une bête.
01:00:01Ni plus ni moins
01:00:01qu'une bête.
01:00:02Je vois avec plaisir
01:00:03que le bon vieux
01:00:03chromosome puritain
01:00:04ne s'est pas cassé le nez
01:00:05durant le voyage.
01:00:06Continue, Jennifer,
01:00:07je ne te savais pas
01:00:08cette vocation prédicante.
01:00:09Je ne suis pas pour
01:00:10la virginité morale
01:00:11à tout prix.
01:00:11Ah, l'adjectif moral
01:00:12me rassure.
01:00:13Non, mais c'est vrai
01:00:14que tu es inconscient.
01:00:16Enfin, comment peux-tu imaginer
01:00:17que les Manning
01:00:17vont accepter ce mariage
01:00:18s'ils deviennent
01:00:19notoriété publique
01:00:20que tu défends
01:00:20un terroriste communisant ?
01:00:22Enfin, vous savez,
01:00:23c'est un crevé de rire, hein ?
01:00:26Quand tu peux rire,
01:00:27tu en as le droit
01:00:27après tout ce gâchis stupide.
01:00:32L'aide ne m'a pas téléphoné
01:00:33aujourd'hui
01:00:33pour la première fois
01:00:35depuis des mois.
01:00:37Et quand je me suis décidée
01:00:38à l'appeler,
01:00:39il a fait répondre
01:00:39par un domestique
01:00:40qu'il était sorti.
01:00:43Eh bien, tu ne ris pas ?
01:00:44Tu ne trouves pas ça comique, non ?
01:00:45Ça suffit, Jennifer, maintenant.
01:00:48Oui, je te comprends, Florence.
01:00:50T'as aussi, Jennifer.
01:00:51Le seul péché,
01:00:54enfin, le péché irréparable,
01:00:57ne peut être que la perte
01:00:58de cet optimisme fondamental.
01:01:02Aux portes de Suida de Corales,
01:01:05on a un enclos de barbelés
01:01:06et de cordons sanitaires,
01:01:07le quartier réservé.
01:01:10Oh, pas tellement par terreur
01:01:11des microbes, non,
01:01:11mais pour garder bonne conscience,
01:01:13pour ne pas mélanger
01:01:13le bien et le mal,
01:01:15l'ordre et le vice.
01:01:17La sagesse, quoi.
01:01:19Pour toi, Erwan,
01:01:20c'est encore plus simple.
01:01:20L'univers est un vaste musée
01:01:22folklorique.
01:01:23Somme en moi,
01:01:25j'ai 46 ans.
01:01:2746 ans qui comptent pour rien.
01:01:29Et pour la première fois,
01:01:30je vois le monde tel qu'il est.
01:01:35Allô, Teddy ?
01:01:37Très bien, je vais l'appeler.
01:01:40C'est pour toi.
01:01:47Allô, oui ?
01:01:49Oui, c'est moi.
01:01:50Manuel Paramo s'est suicidé
01:02:03dans sa cellule.
01:02:05Il s'est alladé.
01:02:06Les veignes avaient un morceau
01:02:07de verre,
01:02:10un fragment de bouteille
01:02:11qui traînait par là.
01:02:12Qui dira après ça
01:02:17qu'il n'y a pas de providence, hein ?
01:02:19Comme tout s'arrange, Seigneur.
01:02:23Comme tout s'arrange.
01:02:24Qu'est-ce qu'il se passe ici ?
01:02:44Il y a la peste dans ce bled ou quoi ?
01:02:47La peste rouge.
01:02:48Je vois que le Seigneur Cardenas
01:02:51ne craint pas la contagion.
01:02:53Comment vous me connaissez ?
01:02:55Un peu.
01:02:58Par personne interposée.
01:02:59D'habitude, vous traversez
01:03:02Croce d'Elmar
01:03:03à plus vive allure
01:03:04dans un vache de poussière.
01:03:07Et puis la poussière retombe
01:03:08sur les gens et les pierres
01:03:09au bord de la route.
01:03:13Une seule fois,
01:03:16la poussière est retombée
01:03:16sur un homme
01:03:17qui n'était pas là
01:03:18quelques secondes avant.
01:03:20Une chose morte
01:03:21qu'elle a recouvert
01:03:23sans hâte
01:03:23pour en prendre possession.
01:03:25C'était donc vrai.
01:03:30Quand vous avez parlé,
01:03:32vous allez montrer un peu
01:03:34ce que vous avez dans le ventre.
01:03:38À qui avez-vous pris ça ?
01:03:40Je n'ai pris à personne.
01:03:42Oh, vous n'êtes tout de même
01:03:43pas prétendant
01:03:43que vous êtes prêtre.
01:03:44Je ne sais pas
01:03:45ce que je suis.
01:03:47Moi, je vais vous renseigner.
01:03:50Un petit escroc.
01:03:52Un minable maître chanteur
01:03:53de seconde zone.
01:03:54Vous ne répondez pas.
01:03:59C'est facile, le silence.
01:04:01Et voyez comme ça rapporte
01:04:02à l'occasion.
01:04:04Pendant des années,
01:04:04vous avez réussi
01:04:05à me soutirer quelques pourbois
01:04:06rien que pour le prix
01:04:07de votre silence breveté.
01:04:10Le denier du culte, quoi.
01:04:12Pour vos bonnes œuvres.
01:04:15Vous pouvez être fier, padre.
01:04:18Cet argent n'a servi à rien.
01:04:20Des cailloux dans la mer.
01:04:21La misère est trop grande.
01:04:22Si grande
01:04:24qu'elle n'a même plus
01:04:25celle des corps.
01:04:26Qu'elle n'est plus ressentie.
01:04:27Qu'elle est une bienheureuse
01:04:28anesthésie.
01:04:31Église est vide.
01:04:33On avait cloué des planches
01:04:34au travers de la porte.
01:04:36Les gens d'ici
01:04:36les ont brisés.
01:04:38Ils ont volé
01:04:38tous les colifichés
01:04:39de métal doré.
01:04:41Il ne restait
01:04:42qu'une petite vierge
01:04:43polychrome
01:04:43au milieu des plâtres.
01:04:44j'ai fini par la vendre
01:04:46moi-même
01:04:46à un touriste.
01:04:49À peine le quart
01:04:49de sa valeur.
01:04:53Prend de nier.
01:04:56Un peu plus.
01:04:59Le cours du dollar
01:05:00est malgré tout favorable.
01:05:01Padré.
01:05:13Pouvez-vous me donner
01:05:14la paix?
01:05:17Que voulez-vous de moi?
01:05:20Qu'attendez-vous de moi?
01:05:20Qu'y a-t-il de changé?
01:05:26À quel signe
01:05:27serais-je
01:05:27si quelque chose
01:05:28a changé?
01:05:30Je n'éprouve rien.
01:05:33Rien de plus.
01:05:37Doit-on croire
01:05:37à ce qui est invisible?
01:05:40À ce qui est absent?
01:05:44Quelle preuve avez-vous?
01:05:50J'ai refusé
01:05:55mieux, Padré.
01:05:57J'ai refusé
01:05:58plus sûr.
01:06:01Prenez garde.
01:06:03Ils ont leurs prêtres
01:06:04aussi là-bas
01:06:04dans leur building
01:06:05climatisé.
01:06:07Leur confession
01:06:08s'appelle
01:06:08psychanalyse.
01:06:11Les tranquillisances
01:06:11ont leur hostie
01:06:12et le sommet
01:06:14artificiel
01:06:15leur absolution.
01:06:20Eh bien,
01:06:23je vais vous dire
01:06:23adieu, Padre.
01:06:27Et merci
01:06:27pour vos bons soins.
01:06:36Renato Cardenas.
01:06:39Il faut que je te dise.
01:06:42Ils veulent me tuer.
01:06:48Ils me tueront, Renato.
01:06:50Ils me l'ont dit.
01:06:53Ce sera peut-être
01:06:54une preuve.
01:06:56Peut-être
01:06:56cette preuve
01:06:57que tu me demandais,
01:06:58Renato.
01:07:00Peut-être.
01:07:03Je ne sais pas.
01:07:06Ah, décidément,
01:07:07tu es fou.
01:07:08Qu'as-tu à craindre?
01:07:10Personne n'est assez fou
01:07:11pour se venger
01:07:12sur le plus fou que lui.
01:07:20Sous-titrage
01:07:33Sous-titrage
01:07:38Continue. J'aime bien ce que tu chantais.
01:07:56Et pourquoi me regardes-tu ainsi si je te fais peur?
01:08:00Tu n'es pas très bavarde, hein?
01:08:04Tu crois à ces choses, toi?
01:08:06Je ne sais pas.
01:08:08Comment t'appelles-tu?
01:08:15Par amour, Maria Aparecida.
01:08:25Sais-tu que ton frère est mort, Maria Aparecida?
01:08:30Tu ne comprends pas?
01:08:32Il s'est tué dans sa prison.
01:08:36Ça t'est égal que ton frère soit mort?
01:08:38Une fois, quand j'étais petite, elle eut déjà grand et fort.
01:08:44Elle voulait sa bouteille de pulque.
01:08:47Je ne voulais pas, je l'avais cachée.
01:08:49Il cherchait partout et il criait, il criait.
01:08:53Je riais de le voir courir dans tous les coins.
01:08:55Alors il est venu, il m'a pris le bras.
01:08:57Il a serré longtemps.
01:08:58Je pleurais, je pleurais, il serré toujours.
01:09:02Après, je ne pouvais plus bouger mon bras.
01:09:05C'est une femme du village, Tia Perdita, qui me l'a soignée.
01:09:10Regarde, il n'est pas très droit depuis.
01:09:12Je le trouve très bien comme ça.
01:09:20Une autre fois.
01:09:22Je t'ennuie avec tout ça?
01:09:24Non, non.
01:09:26Une autre fois?
01:09:28Je n'étais pas beaucoup plus grande.
01:09:31Un soir, il est venu dans ma chambre.
01:09:33Il était ivre.
01:09:35Il parlait avec un vieux monsieur qui avait des dents en or.
01:09:39Ils ont vu que j'étais réveillée.
01:09:40Manuel s'est mis à me parler doucement.
01:09:42Il m'a dit que le monsieur avait perdu une petite fille de mon âge,
01:09:45qu'il ne pouvait pas s'en consoler,
01:09:46et que si je voulais bien, il m'emmènerait habiter avec lui,
01:09:49à l'autre bout du village.
01:09:51J'ai dit oui, bien sûr.
01:09:54Alors le monsieur m'a prise par la main,
01:09:56il m'a conduite jusqu'à sa maison.
01:09:59Il y avait de vrais vitres aux fenêtres.
01:10:02Tous les matins, il me peignait les cheveux avec un peigne d'écaille.
01:10:05Il disait que ça faisait comme des étincelles.
01:10:08Il m'appelait Pobrecita et soufflait très fort dans mon cou.
01:10:12Il avait les yeux rouges comme un lapin.
01:10:16Et après?
01:10:18Après?
01:10:20Oui, après le vieux type.
01:10:21Combien est-ce qu'il y en a eu?
01:10:25Ça n'a pas fait le total, hein?
01:10:27On ne t'a pas appris à compter jusque-là.
01:10:30Sale petite putain, va.
01:10:32Oh, arrête de jouer la comédie, veux-tu?
01:10:37J'ai pas voulu te faire de la peine.
01:10:40Regarde-moi.
01:10:44Regarde-moi.
01:10:46Tu es belle, tu sais.
01:10:49Tiens.
01:10:51Essuie-toi un peu.
01:10:51Qu'est-ce qu'il t'a donné, ça?
01:10:57Un monsieur des pétroles.
01:10:59Il n'avait pas d'argent, il m'a laissé la bague.
01:11:02Elle est toute en or.
01:11:03Oh, petite idiote, va.
01:11:04Mais t'as roulé.
01:11:05Ça vaut pas un sou.
01:11:06C'est pas vrai.
01:11:08Non, non.
01:11:09Ça vaut des millions.
01:11:15Un temps, on te donne quelques pesos, un morceau de fer blanc, et tu te déshabilles.
01:11:21Pas de complications.
01:11:22Pas de complications, pas de complications de l'âme.
01:11:29Je me sens bien près de toi.
01:11:32Comme si je n'existais pas.
01:11:33Tu reviendras?
01:11:58Non.
01:12:01T'aurais aimé que je revienne?
01:12:03Réponds.
01:12:05Oui.
01:12:08Quoi de me raconter des histoires?
01:12:11Tu n'aimes rien.
01:12:12Tu t'en fous.
01:12:17Regarde-moi.
01:12:22Tu auras d'autres hommes.
01:12:24Tu oublieras.
01:12:26Je ne t'aurais rien donné.
01:12:29Même pas un peu de dégoût.
01:12:32Tu vieilliras.
01:12:33J'aurais été un parmi les autres.
01:12:38Et moi aussi, un jour, je t'oublierai.
01:12:41J'oublierai tout.
01:12:43Tes yeux.
01:12:45Il n'y a rien.
01:12:47Ces deux petites flaques.
01:12:49D'eau noire.
01:12:49Où je me vois très loin.
01:12:52Comme un enfant penché sur un puits.
01:12:54Tu es drôle.
01:12:55Tu es comme tous les autres.
01:12:58Comme si je pouvais savoir.
01:12:59Il ne veut pas.
01:13:08Il ne veut pas.
01:13:09Il ne veut pas.
01:13:09Tiens.
01:13:21Tiens.
01:13:21C'est tout ce que je suis capable de te laisser.
01:13:24Je regrette.
01:13:25Je n'ai pas la moindre bague dorée à t'offrir.
01:13:27Je n'ai pas la moindre contained.
01:13:39Sous-titrage Société Radio-Canada
01:14:09Dis donc, tu te souviens, il y a quelque temps, tu avais enregistré une chanson indienne.
01:14:14Cet idiot, je n'arrive pas à me la mettre en tête.
01:14:17Ah, ce truc. Oui, j'ai dû fourrer la bande quelque part, je ne sais trop où.
01:14:21Mais je te la chercherai si tu y tiens.
01:14:23Mais écoute ça plutôt.
01:14:25C'est de Jennifer et de Ted, englués jusqu'au cou dans leur lune de miel.
01:14:30Alors, on est priés d'apprécier cette littérature hautement ésotérique.
01:14:34Alors, ça commence comme un bulletin de la météo.
01:14:37Ciel criblé d'étoiles.
01:14:38Mer d'huile, en attendant l'océan de pétrole conjugal à perte de vue.
01:14:43Nous sommes heureux au-delà de tout.
01:14:47Là, je ne sais pas ce qu'elle a graffouillé.
01:14:50Il y a dû avoir un coup de roulis inattendu ou un spasme dans la libido de Ted.
01:14:54Je t'en prie, judge et horreur de ce genre de plaisanterie.
01:14:56Je lègue ce texte immortel à la postérité pour compenser la perte de la bibliothèque d'Alexandrie.
01:15:02Ce garçon m'étonne. Il réussit à être un peu plus idiot chaque jour.
01:15:05Ben, attends.
01:15:12Ah, pardon. Tu me parlais?
01:15:14Non.
01:15:16Rien d'important.
01:15:19Quelque chose te tourmente?
01:15:22Tu es fatigué?
01:15:23Ma foi, c'est bien possible, oui.
01:15:27Je n'ai pas allé toute la nuit sur ce foutu dossier d'expropriation.
01:15:31Oh, tu ne devrais pas.
01:15:33À quoi bon?
01:15:34C'est que nous allons être bientôt un vieux ménage, Renato.
01:15:41Tu y as pensé?
01:15:43Jennifer est mariée.
01:15:46John...
01:15:48Qu'est-ce que tu as, Renato?
01:15:53Mais qu'est-ce que tu vas imaginer?
01:15:56Je te l'ai dit.
01:15:56C'est tout de même plus cette histoire de l'été dernier?
01:16:03Non.
01:16:04Il n'y a tout de même plus cette histoire de l'été dernier.
01:16:09Je ne suis plus une jeune femme, Renato.
01:16:10Puis on peut vieillir davantage en une seule saison qu'en bien des années.
01:16:15J'ai réfléchi davantage, peut-être.
01:16:21Enfin, je...
01:16:23Je ne me sens plus tout à fait aussi sûre de moi, de mes bonnes raisons.
01:16:29Alors, si tu le veux encore...
01:16:34Qu'est-ce que c'est, Fabio?
01:16:35Le seigneur capitale, le seigneur...
01:16:37Ah oui.
01:16:40Bon, ben, je vais te laisser le recevoir.
01:16:43Mais je n'ai rien à lui dire, Florence.
01:16:45Et rien n'a tout dissimulé.
01:16:48Merci.
01:16:55Renato, je...
01:16:56Je sais pourquoi il est venu, alors j'attendrai qu'il s'en aille et je ne reviendrai que si tu m'appelles.
01:17:01Non, non, laisse.
01:17:05Fais ce que tu jugeras bon.
01:17:15Vous partez à la chasse, Capitaine Obregone?
01:17:18En quelque sorte, oui.
01:17:20Une chasse un peu particulière, toutefois.
01:17:23Du moins, en ce qui concerne le gibier.
01:17:27Vous ne me demandez pas où aura lieu la battue?
01:17:30Je suppose que vous êtes venu pour me le dire.
01:17:32Cruse Del Mar.
01:17:43Eh bien, voilà une excellente nouvelle.
01:17:45Le jour de gloire est arrivé.
01:17:48À quand le quatrième galop?
01:17:51Monsieur Cardenas,
01:17:53vous semblez exagérer l'importance de la chose.
01:17:56Nous sommes bien loin d'une véritable opération militaire,
01:17:59une simple mesure de salubrité publique tout au plus.
01:18:02Cependant, je l'avoue,
01:18:04j'attendais l'occasion de ce petit nettoyage
01:18:06avec quelque impatience.
01:18:09Seulement, pour le gouvernement,
01:18:10il fallait un prétexte, paraît-il.
01:18:13Eh bien, figurez-vous que le prétexte en question,
01:18:15ce sont ces salopards eux-mêmes
01:18:17qui nous l'ont fourni hier,
01:18:19bien gentiment,
01:18:20et sur un plateau encore.
01:18:22À ça, je vous jure qu'à partir de ce moment-là,
01:18:24les choses n'ont pas traîné.
01:18:27Vous parliez d'un prétexte.
01:18:29Oui, ces imbéciles ont cru devoir bousiller
01:18:31un inoffensif pauvre gougre
01:18:33qui traînait dans le Pueblo depuis des années.
01:18:36On l'appelait le Padre, je ne sais quoi.
01:18:40Ce qui est sûr,
01:18:42c'est que le malheureux type a été découvert hier matin
01:18:44par une patrouille,
01:18:45au beau milieu de la piste,
01:18:47les mains attachées derrière le dos,
01:18:50avec au sens propre dans la cervelle
01:18:52tout le plomb qui devait lui manquer au sens figuré.
01:18:58Eh bien, je vous remercie d'avoir pris la peine
01:18:59de m'informer de vos intéressants projets
01:19:01de la capitaine Obregone.
01:19:02Fabio.
01:19:20Tu as entendu ?
01:19:21Seigneur Candenas.
01:19:22Oui, je sais que tu as entendu, alors.
01:19:25Ne perdons pas de temps.
01:19:26Il doit y avoir des barrages sur les routes.
01:19:30Mais il doit exister d'autres pistes
01:19:31menant à Cruz del Mar.
01:19:33Qu'en penses-tu, Fabio ?
01:19:35C'est possible, Seigneur ?
01:19:36Non, c'est possible, c'est sûr.
01:19:39C'est sûr.
01:19:41Bon.
01:19:42Alors tu vas me conduire.
01:19:45Tu as peur ?
01:19:47Et avec ça, tu auras peur.
01:20:03Allez, prends, va.
01:20:05Prends.
01:20:06Villers요.
01:20:07Voilà.
01:20:08Venez.
01:20:19Oh.
01:20:19Ouais.
01:20:27Bien.
01:20:27Papa, tu es là ?
01:20:47J'ai trouvé ton champ et tiens.
01:20:54Ah, c'est toi.
01:20:56Papa est sorti ?
01:20:57Il m'avait demandé de lui rechercher un vague machin
01:20:59que je vais enregistrer l'été dernier.
01:21:09Mais il s'est passé quelque chose.
01:21:14Mais qu'est-ce que tu as ?
01:21:17Mais pourquoi ne dis-tu rien ?
01:21:21Il s'est passé ?
01:21:26Sous-titrage Société Radio-Canada
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