- il y a 2 heures
DB - 12-11-2025
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00:00:00Musique
00:00:30Musique
00:01:00Je ne veux pas me flatter, non, mais il y a des matins, quand le ciel est pur, et que ma toilette est terminée, où je me donnerai tout au plus, tout au plus de trop de temps.
00:01:21Mon petit bon héros me coiffe comme un bijou, j'ai l'air d'une petite fleur, mais il ne tient pas, sonnant ma femme de chambre.
00:01:30Musique
00:01:30Madame a sonné.
00:01:34Pas à vous, mon garçon, Justine.
00:01:37Justine ? Mais elle n'est plus ici depuis hier, madame l'a renvoyée pour un conduit.
00:01:41Oh, c'est juste, mon Dieu, que faire, Paul va venir. Soyez-vous attacher une épingle ?
00:01:48Deux fois.
00:01:48Eh bien, tenez, placez-moi celle-ci, là, à droite, et prenez garde de me piquer.
00:01:56J'étais en train de faire l'élan, mais ça ne fait rien.
00:02:00Madame, un malheur. Le robinet de la fontaine s'a cassé. C'est celui à l'eau filtrée.
00:02:21Alors, je guette le fontainier, quand il passera, avec sa petite trompette. Je l'entends tous les jours vers une heure.
00:02:28Aïe ! Vous me piquez !
00:02:30C'est pas moi, c'est l'épingle.
00:02:33Pour l'or, madame m'autorise à acheter un autre robinet.
00:02:36Mais oui, vous m'ennuyez avec votre francelle. Le point sur l'endroit, c'est pour moi ?
00:02:41Non, madame.
00:02:42C'est bien, merci.
00:02:45Puisque madame m'autorise, je vais guetter le fontainier.
00:02:48Mais oui, guetter, guetter le fontainier. Dans un gardeur, Paul sera ici.
00:02:53Paul Tacarène, 26 ans, architecte, un front d'artiste.
00:03:01Je dis Paul parce qu'il n'est pas là, mais quand il y est, je l'appelle Monsieur Paul.
00:03:06J'ai toujours eu de la tenue.
00:03:07Un jour, ce jeune homme que je n'avais jamais vu se présente chez moi et me dit
00:03:13Madame, vous avez eu le malheur de perdre Monsieur votre mari, un ancien marchand de bois.
00:03:21C'est vrai, Monsieur.
00:03:23Est-ce que vous ne songez pas à lui élever un monument ?
00:03:26Pour quoi faire, Monsieur ?
00:03:28Mais pour consacrer sa mémoire.
00:03:31Mon Dieu, je vous avoue que je n'y pensais pas.
00:03:35Et c'est la vérité.
00:03:37Jamais l'idée ne m'était venue d'eux.
00:03:41Oh, mais ce jeune architecte est si bien, si respectueux, si assidu.
00:03:46Il déroule avec tant de grâce et plancée de vie.
00:03:49Il les explique avec tant de charme.
00:03:53Oh, que ma foi !
00:03:54Je me suis décidée à consacrer la mémoire de feu chambaudé.
00:03:59Depuis deux mois, Paul vient tous les jours à une heure.
00:04:03Nous causons du mausolée.
00:04:06Je le regarde, il me regarde.
00:04:09Je m'abreuve de son souffle enivrant.
00:04:13Car il m'aime.
00:04:15Une voix secrète me le dit.
00:04:18Oh, mais il est comme moi.
00:04:20Il n'ose, il n'ose se déclarer.
00:04:24Oh, si j'étais homme, il me semble que j'oserais, moi.
00:04:29Une heure, il va venir.
00:04:32C'est lui !
00:04:59Quelle exactitude !
00:05:01Oh, c'est de l'amour !
00:05:04Madame, je vous présente mon respect.
00:05:07Je ne suis pas en retard.
00:05:09Laissez-moi vous remercier de toutes les forces de mon âme.
00:05:12De quoi ?
00:05:13Mais, de votre pancualité, de la tenue, de la tenue.
00:05:17Mais c'est mon devoir.
00:05:18Très bien, cette femme-là, vers la pointe de 1830.
00:05:21Il ne me dit rien de mon petit bonnet rouge.
00:05:23Madame, je vous apporte quelques nouveaux croquis d'un monument tumulaire.
00:05:27Dessiné par vous, cela doit être ravissant.
00:05:29Oh, madame.
00:05:31J'entends marcher là-haut. Le mari d'Aglaï n'est pas encore parti.
00:05:35Ah, pardon.
00:05:38Voici tout d'abord un petit sarcophage dans le style grec, avec colonnette, architrave, fronton et stylobate.
00:05:46Oh, c'est charmant. Le délicieux petit chalet.
00:05:50Et quel serait le prix ?
00:05:52Trois mille francs.
00:05:53Oh, c'est trop cher.
00:05:54En voici un autre. Dans des prix plus doux, une simple colonne surmontée d'un buste en marbre.
00:06:00C'est de très bon goût.
00:06:00Est-ce que ça ne pourrait pas supprimer la colonne ?
00:06:03Ah, oui, mais alors, sur quoi poserions-nous le buste ? On ne peut pas le pendre comme un réverbère.
00:06:08Oh, c'est juste. Et quel serait le prix ?
00:06:12Dix-huit cents francs.
00:06:13Oh, c'est trop cher.
00:06:15Elle le garde avec la mémoire de Chambaud.
00:06:18Dame, ton vœu du marbre.
00:06:19Oh, mais je ne demande pas de marbre.
00:06:21Oh, très bien. Alors je vous proposerai de la brique de Bourgogne.
00:06:25Oh, justement.
00:06:26Oh, et puis c'est gentil, c'est riant. Oui, comme mausolée, c'est ce qu'on fait de plus gai dans ce moment.
00:06:31Voilà mon affaire. Et quel serait le prix ?
00:06:35Douze cents francs.
00:06:36Oh, c'est trop cher.
00:06:37Ah, encore ?
00:06:39On m'aurait été un homme simple, étonome, avare même.
00:06:44Oh, monsieur Paul, il m'a rendu bien malheureuse, allez.
00:06:48Oui, ben il n'y est plus, consolez-vous.
00:06:50Si vous saviez, je ne pouvais pas garder de cuisinier.
00:06:53Il était difficile sur la nourriture.
00:06:54Oh, non, il était coureur, emporté, infidèle.
00:06:59Oh, mais très bien. Il fallait me dire ça plus tôt.
00:07:02Nous lui offrirons du moellon de Nanterre à 13,5 mètres.
00:07:05Cube.
00:07:06Cube.
00:07:07J'entends plus marcher là-haut, le mari doit être parti.
00:07:10Nous en recoserons, monsieur Paul. Je ne suis pas encore décidée.
00:07:13Oui, oh, comme vous voudrez, je ne suis pas appréciée.
00:07:16Cela ne vous ennuie donc pas de venir ainsi tous les jours chez une pauvre veuve.
00:07:20Ah, ben au contraire, ça m'arrange parce que...
00:07:22Ah, que ?
00:07:22Non, parce que j'éprouve un plaisir avec un esprit aussi charmant que le vaut.
00:07:27Oh, monsieur Paul. Il va oser.
00:07:32Aglaï doit être seul, mais impossible de m'en assurer.
00:07:34Monsieur Paul, je le vois bien. Vous manquez de confiance en moi.
00:07:38Elle me gêne, il faut la renvoyer.
00:07:40Vous me croyez le cœur sec. C'est une erreur.
00:07:43J'ai encore là des trésors d'illusions.
00:07:46Vous me comprenez, car vous êtes...
00:07:48Archi...
00:07:49Non, architecte, architecte.
00:07:51Et à ce titre, voulez-vous me permettre une légère observation de votre coiffure ?
00:07:55Mon bonnet rouge ?
00:07:57Comment le trouvez-vous ?
00:07:58Vous parlez franchement. Je préférais celui que vous aviez hier.
00:08:02Mon bleu ?
00:08:03Précisément. Le bleu, c'est la couleur du ciel.
00:08:05Oh, je vais le mettre. Je vais le mettre. Attendez-moi pas.
00:08:10Oh, monsieur.
00:08:12Oh, non.
00:08:14De la tenue, de la tenue.
00:08:15Avertissant bien vite, Aglaé, de ma présence.
00:08:30Elle demeure au-dessus, au troisième.
00:08:33C'est une femme mariée à un employé du télégraphe.
00:08:36Elle n'a pas encore couronné ma flamme,
00:08:38et je tiens fortement à liquider cette aventure avant fin courant.
00:08:41Car on s'occupe de me marier.
00:08:44Oui, il y a un notaire qui sort mieux pour ça.
00:08:47Et il se peut que d'un moment à l'autre.
00:08:51Sous prétexte de mausolée, j'ai fait la connaissance de la veuve Chambaudet.
00:08:55Son petit local, mais très commode.
00:08:57Avant de monter au troisième, c'est ma station.
00:09:02La station Chambaudet, dix minutes d'arrêt.
00:09:05Je donne le signal avec ceci,
00:09:08et j'attends la réponse.
00:09:09Monsieur Garambois, le mari est sorti.
00:09:11Aglaï joue sur son piano.
00:09:13J'ai du bon tabac dans ma tabatière.
00:09:15J'ai du bon tabac...
00:09:16Et je monte.
00:09:17Quand il est là, et que je ne dois pas monter,
00:09:19elle joue.
00:09:20Marie-Trempe, ton pas, Marie-Trempe, ton pas, Marie-Trempe, ton pas...
00:09:23C'est très ingénieux.
00:09:25Dans la sauce.
00:09:27Voyons ce qu'elle va me jouer.
00:09:28Le voilà, marchand de robinet, marchand de robinet.
00:09:34Qu'est-ce qu'il veut, celui-là ?
00:09:35Ah, qu'y a-t-il ?
00:09:37Je ne sais pas.
00:09:38Je vois dans la rue qu'une lèvre.
00:09:39On aurait juré que le bruit venait d'ici.
00:09:41Ah oui, mais la fenêtre est ouverte,
00:09:43et vous savez, le bruit monte.
00:09:45Madame, je vais courir après le marchand,
00:09:46parce qu'il me faut mon robinet.
00:09:48C'est drôle, ça, le piano ne répond pas.
00:09:50Il ne voit donc pas mon bonnet bleu ?
00:09:52Votre serviteur, madame !
00:10:04Oh, mon Dieu, monsieur, vous m'avez fait peur !
00:10:06Madame, je suis votre voisin, je demeure au-dessus.
00:10:10Car en bois, le mari !
00:10:11Et je viens vous présenter une requête.
00:10:14Monsieur ?
00:10:15Monsieur ?
00:10:17C'est le petit cigisbé dont le portier m'a parlé
00:10:19qui vient tous les jours.
00:10:22Mais, mais plus !
00:10:24Eh bien, monsieur !
00:10:25Monsieur et votre parent ?
00:10:27Je suis un discret, peut-être.
00:10:29Mais, pas du tout.
00:10:30Je suis l'architecte de madame.
00:10:32L'architecte ?
00:10:33Madame fait construire.
00:10:34Voyons, monsieur, cette requête.
00:10:37Madame, je viens vous prier
00:10:39de ne pas sonner de la trompette
00:10:40aussi souvent que cela.
00:10:42Moi, monsieur ?
00:10:43Ah bon ?
00:10:43Oui, madame.
00:10:44Tous les jours, à une heure précise,
00:10:46quand je descends l'escalier
00:10:47pour me rendre à mon télégraphe électrique,
00:10:50j'entends votre instrument crier.
00:10:51Eh, monsieur, c'est le marchand de robinets
00:10:53qui passe dans la rue.
00:10:54C'est le marchand de robinets
00:10:55qui passe dans la rue.
00:10:56Vous croyez ?
00:10:58Je vous aurais pourtant juré.
00:10:58Ah oui, mais vous savez,
00:10:59le bruit monte.
00:11:01N'en parlons plus.
00:11:01Pardon ?
00:11:03De mon côté, j'ai aussi une requête
00:11:04à vous adresser.
00:11:05À moi ?
00:11:06Pourriez-vous prier, madame,
00:11:07quand elle joue du piano,
00:11:07de varier un peu ses ailes ?
00:11:09Comment ?
00:11:11Tous les jours, à une heure précise,
00:11:13elle joue, j'ai du bon tabac.
00:11:14C'est agaçant.
00:11:15Pour me prévenir qu'elle est seule ?
00:11:17Mais vous faites erreur, madame.
00:11:18Ma femme ne joue qu'un air.
00:11:19Toujours le même.
00:11:20C'est Marie-Trempe-Tompin,
00:11:21Marie-Trempe-Tompin
00:11:22pour la prendre à son perroquet.
00:11:23Et pour m'avertir que tu es là-haut.
00:11:25Mais je vous assure que j'ai entendu
00:11:26le bon tabac.
00:11:27Mais c'est impossible.
00:11:29Vous avez confondu le bon tabac
00:11:31avec Marie-Trempe-Tompin.
00:11:32Là, écoutez...
00:11:38Hein ? Le bon tabac ?
00:11:40Mais c'est absurde !
00:11:40Elle va embrouiller son perroquet !
00:11:42On dirait que c'est une réponse
00:11:43à la trompette du fontainier !
00:11:45Oh, t'es gentrie !
00:11:47Mais elle prend la mèche !
00:11:48C'est bien drôle, bien drôle.
00:11:50Ça reste un signal.
00:11:51Je suis bête !
00:11:53Un marchand de perroquets !
00:11:54De robinet !
00:11:56Monsieur !
00:11:59Je me fais l'honneur de parler à madame.
00:12:02Je vais à mon télégraphe électrique.
00:12:07Ah, madame !
00:12:08J'oubliais.
00:12:09Les locataires de la maison
00:12:10sont dans l'intention
00:12:11de faire placer un tapis dans l'escalier.
00:12:13Seriez-vous disposé
00:12:14à contribuer pour votre cote-part ?
00:12:16Je ne sais pas, monsieur.
00:12:18Je suis en affaire.
00:12:20Très bien.
00:12:21J'aurais l'honneur de vous revoir.
00:12:23Madame.
00:12:25Monsieur.
00:12:26Désolé de vous avoir dérangé.
00:12:32C'est une belle femme.
00:12:38Où d'or qui montra la pluie ?
00:12:39Ah !
00:12:40Tu m'as oublié en haut.
00:12:41Je vous en prie.
00:12:49Le voilà parti.
00:12:50Je grimpe.
00:12:53Madame.
00:12:54Comment vous partez déjà ?
00:12:56Oh, mille pardons, mais une affaire.
00:12:57Rien décider.
00:12:58Oh, ce sera pour demain.
00:12:59Un rendez-vous très important.
00:13:01On m'attend à une heure et demie.
00:13:02Oh, que malheur !
00:13:03Moi qui vous avais préparé
00:13:04une petite collation.
00:13:07Un buffet.
00:13:07Ma station a un buffet.
00:13:09De la crème.
00:13:10Des châteries.
00:13:11Oh !
00:13:12Non, impossible.
00:13:13Je le regrette.
00:13:13Ah, demain, sans faute.
00:13:17Sans faute.
00:13:19Encore ce piano.
00:13:23Oh, c'est presti.
00:13:27Marie, trempe ton pain.
00:13:28Le signal pour que je ne monte pas.
00:13:32Eh bien, je vais attendre.
00:13:33Comment vous ?
00:13:44Mais votre rendez-vous ?
00:13:45Il y a des personnes,
00:13:46Brad, et qu'on oublie
00:13:47tous les rendez-vous.
00:13:48Oh, Paul.
00:13:49Oh, monsieur.
00:13:51Excusez ma franchise.
00:13:52Si vous acceptez
00:13:53ma petite collation.
00:13:55Bah, c'est-à-dire que...
00:13:57Vous êtes content
00:13:58que je suis content.
00:14:01C'est criminel
00:14:02de faire sautiller
00:14:03ainsi une femme d'âge.
00:14:04Nous allons faire là
00:14:05notre petite dîner.
00:14:06Il faut bien savoir
00:14:07si le garambois
00:14:08est toujours là-haut.
00:14:10Pas devant elle.
00:14:13Il faut qu'elle change
00:14:14encore de bonnet.
00:14:16Tiens !
00:14:17Vous avez mis
00:14:18un bonnet bleu.
00:14:20Il l'avoue.
00:14:22C'est vous
00:14:22qui m'en avez prié.
00:14:24Moi ?
00:14:24Oui, vous m'avez dit
00:14:25le bleu, c'est la couleur
00:14:26du ciel.
00:14:27Ah oui ?
00:14:28Ah oui, mais le rose,
00:14:29vous voici bien.
00:14:30Ah oui, et le rose,
00:14:31c'est la couleur du printemps.
00:14:32Oh, petit capricieux.
00:14:35Désuze-vous, on va...
00:14:36Que vous êtes bonne.
00:14:38Mais attendez-moi
00:14:39dans la pièce à fournir.
00:14:41Hier, vous m'avez envoyé
00:14:42revêtir mon bonnet mauve
00:14:44et quand je suis revenue,
00:14:45vous étiez parti, vilain.
00:14:47Ah, ça n'est pas ma faute.
00:14:49On avait joué là-haut,
00:14:50j'ai du bon tabac.
00:14:51Et quand j'entends
00:14:51ce terre-là,
00:14:51c'est plus fort que moi.
00:14:52Ça me tape sur les nerfs,
00:14:53il faut que je monte.
00:14:54Hein ?
00:14:55Hein ?
00:14:55Il faut que je parte.
00:14:56Ce piano est insolérable.
00:14:58Je déménagerai.
00:14:58Ah, mais non, je ne veux pas.
00:14:59Pourquoi ?
00:15:00Oh, il y a des souvenirs
00:15:02qu'on ne déménage pas.
00:15:03Oh, Paul, monsieur Paul.
00:15:07C'est un ange, un non.
00:15:15Je vais donc pour vous satisfaire
00:15:17me coiffer au gré de vos bœufs.
00:15:20Car le bonnet que je préfère
00:15:23c'est celui qui vous plaît le mieux.
00:15:26Quittez donc pour me satisfaire
00:15:28votre bonnet, un ruban bleu.
00:15:31C'est le rose que je préfère.
00:15:33C'est celui qui vous sied le mieux.
00:15:41Ma sortie du bonnet commence à s'user.
00:15:44Demain, faudra que je trouve autre chose.
00:15:45Ah, essayons de savoir définitivement
00:15:48ce qui se passe là-haut.
00:15:49Voilà, c'est lui !
00:15:54Marchand de robinets !
00:15:55Marchand de robinets !
00:15:57Encore ?
00:15:58C'est trop fort !
00:15:59Vous avez entendu, hein ?
00:16:00Oh, c'est un chat dans la rue.
00:16:02Il y a peut-être un fontainier
00:16:03en chambre dans la maison.
00:16:05C'est possible.
00:16:06Il faut s'informer.
00:16:07Arsène, couragez le portier.
00:16:08Oui, madame.
00:16:09Ah, à propos.
00:16:10Voilà ce que le coiffeur
00:16:12vient d'apporter pour vous.
00:16:13Oh, maladroit !
00:16:14Devant lui !
00:16:15Une rallonge !
00:16:17Madame, il en part.
00:16:19Faites-vous donc, imbécile !
00:16:20Mais qu'est-ce qu'il y a ?
00:16:21Sortez de chez moi !
00:16:22Allez-vous-en !
00:16:23Je vous chasse !
00:16:24Imbécile bête !
00:16:25Ça m'est bien égal.
00:16:26J'ai une place en réserve.
00:16:28Excusez-moi, monsieur Tacarelle.
00:16:30Monsieur Tacarelle !
00:16:33Quoique chassé de cette maison !
00:16:36Je veux bien vous faire remarquer
00:16:37que j'ai fait entrer dans la cuisine
00:16:38un clair de notaire
00:16:39qui demande à vous parler.
00:16:40Un clair de notaire ?
00:16:41Dans la cuisine !
00:16:42Faites entrer dans le salon !
00:16:44C'est pour mon mariage !
00:16:45Non, non, non !
00:16:45Ne vous dérangez pas, j'y cours !
00:16:47Vous permettez, madame ?
00:16:48Mais comment donc ?
00:16:51En la cuisine a-t-on jamais vu ?
00:16:54Quel butard !
00:16:56Madame !
00:16:56Je viens encore d'entendre la trompette !
00:16:59Oh, Dieu, monsieur !
00:16:59Vous me faites des frayeurs !
00:17:01Moi aussi, après !
00:17:02Et je veux savoir si cette fois
00:17:03le piano répondra.
00:17:06Vous me permettez ?
00:17:09Je serai bien ici pour entendre.
00:17:11Par exemple,
00:17:12prendre mon appartement
00:17:13pour observatoire.
00:17:14Elles sont dures, ma chaise !
00:17:16Madame, ma position est affreuse.
00:17:18Mais, monsieur !
00:17:19Madame,
00:17:20que dites-vous de ceci ?
00:17:22M'importe ce cigare, monsieur,
00:17:22je ne fume pas.
00:17:23Moi non plus.
00:17:25Eh bien, que penseriez-vous,
00:17:26répondez,
00:17:27si vous aviez trouvé cet ustensile
00:17:28dans la chambre de votre femme ?
00:17:31Mais répondez-donc !
00:17:32Mais vous m'ennuyez,
00:17:33est-ce que cela me regarde ?
00:17:35Mais c'est vrai,
00:17:36nous ne nous connaissons pas.
00:17:37Mais alors ?
00:17:38Oh, aglaillé !
00:17:39Aglaillé,
00:17:39si je savais !
00:17:41Oh, pire,
00:17:42les casets !
00:17:44De toute façon,
00:17:45elles sont dures
00:17:46et pas solides.
00:17:47Mais tout ça,
00:17:47c'est de la camelote.
00:17:48Aujourd'hui,
00:17:49on veut du bon marché.
00:17:50Oh, ça, monsieur,
00:17:51de quoi vous mêlez-vous ?
00:17:51Je ne vous parle pas !
00:17:53Chacun a ses affaires.
00:17:54Vous savez,
00:17:54c'est un architecte ?
00:17:56Moi,
00:17:56j'ai des inquiétudes.
00:17:58J'ai un architecte.
00:18:00Comment l'entendez-vous ?
00:18:01Du mauvais côté.
00:18:04Sortez, monsieur !
00:18:07J'attends le piano.
00:18:09Mais, monsieur !
00:18:12Tout cela n'est pas meilleur.
00:18:13Tout cela, c'est de dire...
00:18:14Oh, pas de cotille !
00:18:16Chut !
00:18:18Je ne sais pas.
00:18:22Le pont à bas ?
00:18:23C'est ça ?
00:18:25C'est le signal
00:18:25pour appeler le musicien ?
00:18:27On me croit à mon télégraphe ?
00:18:28On me croit à mon télégraphe ?
00:18:31Oh, mon casse-là, c'est le doigt !
00:18:32Mais, vous !
00:18:34Je couvre un stratagère.
00:18:43Je vais envoyer un glaé.
00:18:45Un combat, un glaé.
00:18:46Dîner chez sa tante.
00:18:48Je m'installe au piano.
00:18:49Je joue le bon tabac
00:18:50jusqu'à extinction.
00:18:53Je verrai bien
00:18:53si l'eau viendra.
00:18:57Cet homme m'a exaspérée.
00:19:06Oh, j'ai tout.
00:19:07Oh, j'ai besoin d'air.
00:19:09Mille fois pardon, madame.
00:19:11Oh, monsieur Tagaren.
00:19:12Oh, si vous aviez été là,
00:19:14vous m'auriez protégée.
00:19:15Oh, une pauvre femme seule.
00:19:18Elle m'arrivaudait avec sa nappe.
00:19:23Il l'a vue.
00:19:25Madame, il en passe.
00:19:27Ce n'est pas à moi.
00:19:29C'est pour une de mes amies de province
00:19:30qui a eu des chagrins.
00:19:32Je m'en doutais.
00:19:33Attendez-moi là.
00:19:34J'ai mille choses à vous dire.
00:19:36Je vais chercher notre petite collation.
00:19:38C'est peut-être mal de le tromper ainsi,
00:19:42mais quand nous serons mariés,
00:19:43je lui ferai part de toutes mes petites annexions.
00:19:47À tout à l'heure.
00:19:48Je ne sais même pas si Aglaé a répondu.
00:19:56Ce clair de notaire et bègue,
00:19:58il n'en finissait plus de me raconter
00:19:59comme quoi il m'avait cherché.
00:20:00C'est moi, mon cher,
00:20:02et dans mille autres lieux
00:20:04pour m'en remettre une lettre de son patron.
00:20:06La voici.
00:20:08Très précis.
00:20:12Mon cher client.
00:20:13Je vous ai enfin découvert un parti
00:20:19qui réunit toutes les convenances.
00:20:22Très bien.
00:20:24La première entrevue aura lieu ce soir.
00:20:28Ce soir ?
00:20:29Oh, c'est prestigieux.
00:20:31Vous êtes attendu à dix heures précises
00:20:33chez M. Letrinquier,
00:20:35père de la jeune personne,
00:20:36rue du Foin, au Marais, numéro 15.
00:20:39Vous vous présenterez comme architecte.
00:20:42Oui.
00:20:42Le père est censé faire bâtir
00:20:45et vous êtes censé ne rien savoir.
00:20:48Brûlez ma lettre.
00:20:51Ce soir à dix heures.
00:20:59Le bon tabac ?
00:21:01Elle m'appelle.
00:21:04Quatre heures ?
00:21:05J'ai encore six heures devant moi
00:21:06pour régulariser mon opération car en bois.
00:21:09Allons-y.
00:21:12Aglaé, vous ne montez pas,
00:21:27c'est mon mari qui est jouant.
00:21:32Le mari et sa femme descendent l'escalier.
00:21:35Si je lui offrais mon bras.
00:21:41Pianote, mon bonhomme, pianote.
00:21:43Hé, je vais la rejoindre.
00:21:45Où allez-vous ?
00:21:45Bonsoir, bonsoir.
00:21:47Mais ma collation !
00:21:48Non, non, non, impossible.
00:21:49Vous n'entendez pas cet air.
00:21:50Pour les nerfs, adieu.
00:21:51À demain !
00:21:52Ah, le bon tabac !
00:21:58L'air qui le fait partir !
00:22:00Ah, je donnerai concher !
00:22:02Si madame veut visiter mes hardes.
00:22:35Allons, bon, voilà une lampe qui file.
00:22:53Vous ne savez pas vous y prendre.
00:22:55Le verre est trop haut !
00:23:00Non, non, non, laissez, ma soeur.
00:23:02Occupez-vous des housses.
00:23:03Évite pas, ça ne occupe.
00:23:07Et la table de jeu ?
00:23:08Je l'ai préparée moi-même.
00:23:09Tant qu'il te cuit en argent.
00:23:10Le voici, je le fais ruire.
00:23:11Viens.
00:23:12Nous prendrons le thé dans la salle à manger.
00:23:14Oui, on dit que c'est plus distingué.
00:23:16Caroline, ma fille, est-elle prête ?
00:23:18Et la chef de s'habiller ?
00:23:19Déjà 9h30 et c'est pour 10h.
00:23:21Dépêchez-vous, juste toi !
00:23:23Ah, ça, mais...
00:23:24Où est-on notre nouveau domestique ?
00:23:25Ah, ça, monsieur, depuis qu'il est ici,
00:23:27il est dans la cuisine à examiner les robinets de la fontaine.
00:23:29Les robinets ?
00:23:30Pour quoi faire ?
00:23:31Allez le chercher.
00:23:32Hé !
00:23:34Hé !
00:23:35Venez !
00:23:37Monsieur vous demande.
00:23:38Quoi qu'il y a...
00:23:39Roger, mon garçon.
00:23:40Madame.
00:23:41Madame, je vous prie.
00:23:42Pardon, c'est faute de savoir.
00:23:44Mademoiselle, il y en a un qui fuit.
00:23:47Un quoi ?
00:23:48Qu'est-ce qui fuit ?
00:23:49Un robinet, monsieur.
00:23:50Il ne s'agit pas de robinet.
00:23:52Nous donnons aujourd'hui une petite soirée.
00:23:53Ah, ben, tant mieux, parce que j'aime le monde.
00:23:55Et puis, il y aura des gâteaux.
00:23:56Je pense que vous êtes au courant du service.
00:23:58J'étais bonne, je suis une dame seule.
00:24:00Comment ?
00:24:00Oui, c'est moi que je lui piquais ses épingles.
00:24:02Très bien.
00:24:03Vous vous tiendrez dans l'antichambre
00:24:05et annoncerez à haute et intelligible voix
00:24:07les personnes qui arriveront.
00:24:09Savez-vous annoncer ?
00:24:10Madame, un petit peu.
00:24:11Voyons.
00:24:12Annoncez-moi.
00:24:14J'entre chez le ministre.
00:24:16Hein ?
00:24:16J'ai une supposition.
00:24:17Ah bon ?
00:24:18La porte s'ouvre à le bâton.
00:24:20Et vous dites ?
00:24:21Là, le bourgeois.
00:24:21Hein ?
00:24:22Ben non, imbécile.
00:24:23Vous dites monsieur le trinquet, avec déférence.
00:24:25Monsieur l'étriquet, avec déférence.
00:24:27Oh, tenu.
00:24:29Emportez ça.
00:24:31Mais c'est donc pas moi qui passera les gâteaux.
00:24:33Mais vous ferez ce qu'on vous dira.
00:24:35Oh.
00:24:37Ça m'a encore l'air d'être une baraque,
00:24:39cette maison-là.
00:24:39Une belle acquisition que nous avons faite-là.
00:24:45Oh, il se dégourdira.
00:24:48Oh.
00:24:48Voyons.
00:24:50Si rien ne cloche.
00:24:52Si rien n'a l'air affecté, apprêté.
00:24:57Vous savez, ce dont nous sommes convenus.
00:24:59Oui.
00:25:00Il faut avoir l'air.
00:25:01De ne pas avoir l'air.
00:25:02C'est parfaitement ça.
00:25:03Ma tante, voulez-vous m'agraper mon bracelet ?
00:25:06Bien, mon enfant.
00:25:07Il est bien regardé, là.
00:25:17Toilette simple et sans prétention.
00:25:19Très bien, ma fille.
00:25:20Mais papa, qui attends-tu donc ce soir ?
00:25:23Faut-il lui dire.
00:25:24C'est plus simple.
00:25:25Eh bien, ma fille, il s'agit...
00:25:27De te présenter un prétendu.
00:25:29Monsieur Foltacarelle.
00:25:30Architecte.
00:25:30Qui m'est chaudement recommandé par mon notaire,
00:25:33maître Toupineau.
00:25:34Est-il brun ou blanc ?
00:25:36Ma nièce.
00:25:36Ah, maître Toupineau ne s'explique pas sur sa nuance.
00:25:40Voici sa lettre.
00:25:42Cher monsieur le Trinquier, je crois avoir enfin trouvé un prétendu pour votre fille.
00:25:46Monsieur Paul Tocarelle.
00:25:48Il se présentera ce soir à 10h chez vous en qualité d'architecte.
00:25:51Je lui ai dit que vous aviez une maison à faire construire.
00:25:54Mais vous n'en avez pas ?
00:25:55Oui, c'est...
00:25:56C'est une ruse.
00:25:57Dans les affaires, on ruse.
00:25:59Je n'ai que des obligations de l'Ouest.
00:26:03Monsieur Tocarelle est un garçon sobre, rangé d'une conduite exemplaire.
00:26:07Il possède un immeuble dont la façade est en pierre de taille, rue de Trévise, numéro 17.
00:26:12Le jeune homme ne sait absolument rien et vous êtes censé ne rien savoir.
00:26:17Brûlez ma lettre.
00:26:19Quelle finesse.
00:26:21Oh, ce Toupineau est fin comme un cheveu.
00:26:24Il ne sait rien et nous sommes censés ne rien savoir.
00:26:29Tu comprends ?
00:26:31Donne-moi ce sucrier.
00:26:33De cette façon, nous pourrons l'examiner et l'éplucher.
00:26:35Tout en causant l'architecture.
00:26:37J'ai dessiné sur un morceau de papier un grand carré au crayon.
00:26:41Ce sera le plan de mon terrain.
00:26:42Très adroit.
00:26:44J'ai convoqué tous nos proches parents pour avoir leur avis.
00:26:46J'ai surtout fait prévenir Théodore.
00:26:49Il est observateur, il a le coup d'œil sûr.
00:26:51Je ne peux pas non plus trop boire.
00:26:52Ni moi.
00:26:53Ni moi.
00:26:54Allons.
00:26:56Ainsi, gardons-nous de nous trahir.
00:26:59Faisons semblant tout bêtement de prendre un petit thé en famille.
00:27:02Et si je t'adresse comme par mes gardes,
00:27:05quelle question ne va pas te troubler ?
00:27:07Oh, et surtout tiens-toi à droite.
00:27:09Oui, mais sans en avoir l'air.
00:27:13Dix heures.
00:27:15C'est lui.
00:27:16Vite.
00:27:17Mettez-vous là.
00:27:20Roger.
00:27:22Tu sens froid.
00:27:23Hein ?
00:27:24Monsieur et madame l'animal.
00:27:35Hein ?
00:27:36L'amiral animal.
00:27:38Monsieur et madame casserole.
00:27:43Cassagnon.
00:27:46Monsieur et madame.
00:27:47Assez, assez, n'annoncez plus.
00:27:49Pourrez chez le pâtissier.
00:27:50Chez le pâtissier, ça me va.
00:27:51Je retourne mille pardons, c'est à nouveau.
00:27:53Exact à l'heure reconvenue, vous allez, parents curieux, de cette soirée imprévue, savoir le but mystérieux.
00:28:11Mes chers parents, je vous ai convoqués pour avoir votre avis sur un prétendu qui brigue la main de ma fille.
00:28:18Ah, il va venir tout à l'heure.
00:28:22Comme architecte, il ne sait rien, et nous sommes censés ne rien savoir.
00:28:27Chut ! Vous le regarderez, sans en avoir l'air, et vous me ferez part de vos obsessions.
00:28:33C'est lui ! Vite, prenons des positions naturelles.
00:28:39Les dames, à ce guéridon, là, prenez toutes les messieurs à la table de jeu et l'air de jeu et à l'écart.
00:28:47Moi, je me fais chanteur de lire, je suis là.
00:28:50C'est un point.
00:28:51Chut !
00:28:52Je vole ta carrel.
00:29:22Pardon, monsieur. Je n'ai pas l'honneur de vous remettre.
00:29:47Monsieur Taquarel.
00:29:48Oui ?
00:29:49Architecte.
00:29:50Ah !
00:29:51Je vous suis envoyé par Maître Toupineau.
00:29:53Mon auteur ?
00:29:55Pour une construction sur laquelle il m'a dit que vous désiriez me consulter.
00:29:59Oh, très bien, en effet.
00:30:01Il est vrai.
00:30:02Il s'agit d'une maison.
00:30:05Une grande maison.
00:30:07Un, trois, quatre ou six étages.
00:30:09Ce voici, une maison très haute.
00:30:11Et très longue.
00:30:13Enfin, nous nous comprenons.
00:30:14Mais permettez-moi d'abord de vous présenter ma sœur, Mademoiselle Nina Letrin, celle qui a le plus de cheveux.
00:30:22Et voici ma fille, Caroline, la plus jolie des cinq.
00:30:27Incontestablement.
00:30:28Elle est tranquille.
00:30:30Il n'est pas mal.
00:30:32Quand on reste des parents, des cousins, non, ça n'a pas d'importance.
00:30:36Alors, je vais donc vous soumettre un petit plan de mon terrain que j'ai esquissé moi-même sur un grand carré de papier.
00:30:42Monsieur dessine.
00:30:43Je ne dessine pas positivement, non.
00:30:46Je fais des carrés.
00:30:48Voyons.
00:30:48Où est-ce donc, mine ?
00:30:49Va le petit bar, papa.
00:30:50Ah oui, oui, ne te dérange pas.
00:30:52La petite est charmante.
00:30:59Mieux qu'Aglaye.
00:31:01Pauvre Aglaaye.
00:31:02Oui.
00:31:02À propos, je l'ai décidé à ne pas aller dîner chez sa tante.
00:31:06Nous avons mangé un gratos chez Véfour.
00:31:08Oui.
00:31:09Cette femme a vraiment des qualités de cœur.
00:31:13Je suis franché que Théodore ne soit pas là.
00:31:16Il est observateur.
00:31:17Il a le coup d'œil sûr.
00:31:20Asseyez-vous.
00:31:22Mais dites-moi qu'il n'est.
00:31:27Oui, j'ai pris une règle.
00:31:30Je voudrais faire construire là-dessus, comme tu dirais, une maison confortable, avec des fenêtres partout.
00:31:36Là, là, là, là.
00:31:38Là.
00:31:40Là.
00:31:42Je vous demande, pardon, vous oubliez la porte d'entrée.
00:31:46Ah, c'est bien possible, oui, mais moi je ne suis pas architecte, mais vous arrangerez ça.
00:31:50Ah oui, oui.
00:31:52Oui.
00:31:53Vous désirez quelque chose dans le goût moderne.
00:31:56Naturellement.
00:31:57Je ne voudrais pas d'une architecture qui remonte à, par exemple, à Alexandre le Grand.
00:32:02Ce serait une histoire ancienne.
00:32:04Très ancienne.
00:32:05N'est-ce pas, ma fille ?
00:32:06Papa.
00:32:07Pourrais-tu me dire en quelle année est mort Alexandre le Grand ? C'est à droit.
00:32:10324 ans avant notre ère, papa.
00:32:14Très forte en histoire.
00:32:16Ce qui fait aujourd'hui ?
00:32:182184 ans.
00:32:20Très forte en arithmétique.
00:32:22Tout le monde ne sait pas ça.
00:32:24Pas certainement, et moi-même.
00:32:25Ah, ah, il ne le savait pas.
00:32:27Il ne le savait pas.
00:32:28Et pourtant, il est architecte.
00:32:31Je la fais briller sans en avoir l'air.
00:32:35Ce sont leurs regards qui me chatouillent le dos, ça me trouble.
00:32:37Dans le jardin, nous placerons, si faire se peut, une fontaine monumentale.
00:32:44Ah oui.
00:32:45Oui, sous des cyprès en briques de Bourgogne.
00:32:49Comment des cyprès en briques de Bourgogne ?
00:32:51Non, parlez-y.
00:32:53Oh !
00:32:53Je vous demande pardon, je confondais.
00:32:55Ah, bien.
00:32:56La fontaine formera, si faire se peut, ça vous regarde, je ne suis pas architecte,
00:33:02formera, dis-je, une petite rivière en zigzag,
00:33:07comme ça, comme qui dirait l'Adige.
00:33:11L'Adige ?
00:33:12À propos, Caroline.
00:33:13Papa ?
00:33:14Où se jette l'Adige ?
00:33:16Ne te trouble pas.
00:33:19Dans l'Adriatique, papa.
00:33:21Quelles sont les villes qu'elle arrose ?
00:33:24Arrosée par l'Adige.
00:33:27Méran, 30,
00:33:31Ouvredo,
00:33:34Rivoli, Lignagoro Vigo.
00:33:37Tarrant,
00:33:38Ravoli,
00:33:40Lugano,
00:33:41Chicago.
00:33:43N'est-ce pas qu'elle est étonnante ?
00:33:45C'est un produit.
00:33:47Ce père est un idiot.
00:33:49Ceci n'est rien.
00:33:50Elle vous dirait tous les rois de France qui ont eu lieu.
00:33:53Oh, écoutez,
00:33:54si je ne craignais pas d'abuser...
00:33:55Non, non, non, il s'en rapporte.
00:33:59Et pour les travaux d'aiguille ?
00:34:01Non, ma sœur.
00:34:02Non.
00:34:02Et voyez, voyez, monsieur.
00:34:05Mais c'est un véritable travail de fée.
00:34:07Elle nous a brandé cet hiver une tapisserie délicieuse pour un coffre à bois.
00:34:12C'est tellement joli que j'ai résolu de m'en faire une calotte grecque.
00:34:15Avec un coffre à bois.
00:34:16Oh, ça, c'est merveilleux.
00:34:17Faites-la nous d'en voir.
00:34:19Je vais la chercher.
00:34:19Non, non, ne te dérange pas, domestique.
00:34:22Sonnez, ma sœur.
00:34:24Très à droit, nous n'avons pas l'air.
00:34:32Monsieur a sonné.
00:34:33Le domestique de la Chambaudet.
00:34:35Allez, dans ta chambre.
00:34:37Vous ouvrirez l'armoire à glace et vous trouverez une tapisserie enveloppée dans un journal.
00:34:41Vous nous l'apporterez.
00:34:42Bon, dans un journal.
00:34:44Il s'est placé ici, cet animal.
00:34:45Vous allez voir, ça vous intéressera.
00:34:48Car entre l'architecture et la tapisserie, il y a naturellement un lien naturel.
00:34:54Les arts sont frères.
00:34:55Comme vous dites, la tapisserie est frère de l'architecture.
00:34:59Voilà.
00:35:01Je donnerai cher pour avoir son buste.
00:35:03Là, un prédé.
00:35:05C'est qui ça ?
00:35:06Ce n'est pas à ma fille, c'est à ma sœur.
00:35:10Madame, il est en passe.
00:35:12Imbécile, brûle.
00:35:13Sortez, retournez dans votre cuisine.
00:35:16C'est-il de ma faute si elles en portent toutes ?
00:35:18D'ailleurs, ce n'est pas à moi.
00:35:20C'est pour une de mes parentes qui a eu des chagrins.
00:35:22Parente de province qui a eu des chagrins.
00:35:25Oui, oui.
00:35:25Son mari l'a traîné par les cheveux.
00:35:28Et alors...
00:35:28Elle se les a fait couper, monsieur Toulouille.
00:35:31Oui, rompons les chiens, voulez-vous.
00:35:33Pour en revenir à notre immeuble.
00:35:35Entre nous, la mèche est à elle.
00:35:36Je m'en doute.
00:35:38Dites-moi, vous n'auriez pas eu...
00:35:39Et un compas ?
00:35:40Si, là, dans mon cabinet, je vais vous accompagner.
00:35:42Non, je ne souffrirai pas.
00:35:44Vous avez du monde.
00:35:46Victoire.
00:35:47Monsieur.
00:35:48Victoire.
00:35:49Accompagnez, monsieur.
00:35:50Monsieur.
00:35:52Au moins, ne manquez pas de regarder au-dessus de mon bureau
00:35:55une tête de Romulus aux deux crayons.
00:35:58Ouvrage de ma fille.
00:35:59Tous les talents et toutes les grâces.
00:36:03Mesdames, messieurs,
00:36:06ils ont une bonne tête du foin.
00:36:09Eh bien, comment le trouvez-vous ?
00:36:11Très bien, très bien.
00:36:12Très bien.
00:36:13Joli garçon.
00:36:15Très galant.
00:36:16Quant à moi, voici mon impression.
00:36:18C'est un garçon qui a certainement de l'usage
00:36:20et même des souliers vernis.
00:36:22Mais je trouve qu'il a l'air délicat.
00:36:25Non, non, non, non, non, non, non.
00:36:28Ah, je suis fâché que Théodore ne soit pas là.
00:36:31Il est observateur, il a le coup d'œil sûr.
00:36:33Il faut prendre des renseignements.
00:36:35Oui, oui, oui.
00:36:35Si nous interrogeons son palto...
00:36:38Hein, son palto.
00:36:39Oui.
00:36:53Tiens, tiens, il fume.
00:36:55Ah oui, il fume.
00:36:56Visitons-le.
00:36:57Mais papa, ce n'est pas convenable.
00:36:58Le devoir d'un père et de se renseigner.
00:37:01Un papier ?
00:37:02Un billet d'où ?
00:37:02Non, une note de restaurant.
00:37:04Levez-four.
00:37:05Deux douzaines d'huîtres.
00:37:06Il aime les huîtres.
00:37:08Deux canards aux olives.
00:37:10Deux cailles rôtis.
00:37:11Deux homards.
00:37:12C'est un fort mangeur.
00:37:14Il a peut-être dîné avec un ami.
00:37:16Ah oui, c'est juste.
00:37:17Voyons l'autre poche.
00:37:21Sac à papier.
00:37:22Qu'est-ce que c'est que ça ?
00:37:24Oh, une poire à poudre.
00:37:27Mais non, c'est percé aux deux bouts.
00:37:31Un cornet acoustique.
00:37:33Oh, est-ce qu'il serait saoul ?
00:37:34Allons donc, puisqu'il parle.
00:37:36Peut-être un ustensile d'architecture.
00:37:39C'est très possible, oui.
00:37:40Mais voilà, c'est lui !
00:37:44Marchand Robinet !
00:37:45Mais qu'il y a-t-il ?
00:37:46Qu'est-ce qu'il y a ?
00:37:48Qu'est-ce qu'il y a ?
00:37:49Personne.
00:37:51Oh, voilà un qui me fait trimer.
00:37:52Pourquoi ce cri dénaturé au milieu d'un salon ?
00:37:55Mais puisqu'il fuit...
00:37:56Je vous remercie.
00:37:57C'est lui.
00:37:58Casse-toi.
00:37:58Hein ?
00:37:59Reprenons nos positions naturelles.
00:38:01Mais qu'est-ce qu'ils font ?
00:38:26Voici notre petit projet.
00:38:2820 francs, tu ne m'en connais pas.
00:38:3020 francs ?
00:38:31Monsieur ?
00:38:32Oh !
00:38:33Ah, famille Jean-Donjou aux quatre coins.
00:38:43Monsieur, le thé est servi.
00:38:46Ah, passons dans la salle à manger.
00:38:49C'est plus distingué.
00:38:53Monsieur le saccarre, il aimera bien avec les félicitations.
00:38:55Avec bonheur, mademoiselle.
00:38:57Il est charmant.
00:38:58Oui, j'ai bien envie de l'arrêter.
00:39:01N'oubliez pas le sucrier d'argent.
00:39:03Madame, mademoiselle.
00:39:04Pardon.
00:39:05Un mot pendant qu'on sert le thé.
00:39:10Allons de la feuille odorante
00:39:13Savourez l'arôme si doux.
00:39:16Mais venez vite, car la tente est bien pénible loin de vous.
00:39:23Il vaut de la feuille odorante savourer l'arôme si doux.
00:39:30Pour moi, la saveur qui me teut, c'est de viser avec vous.
00:39:36Je désirerais causer avec vous.
00:39:39De notre petit plan.
00:39:40Si vous voulez y jeter un coup d'œil...
00:39:41Non, plus tard.
00:39:43Je vous ai retenu pour autre chose.
00:39:45Ah.
00:39:46Comment attaquer la question sans en avoir l'air.
00:39:49Vous êtes marié, je crois.
00:39:55Oh, pas encore.
00:39:59Et mademoiselle, votre fille ?
00:40:01Non plus.
00:40:02Oh, eh bien, voilà une coïncidence.
00:40:05Bien extraordinaire.
00:40:08Votre immeuble est situé, je crois, rue de Trévise, numéro 17.
00:40:11Ah, vous savez.
00:40:12Ah, du moins, je le suppose, car maître Toupineau ne m'a rien dit.
00:40:15La neuvième maison à gauche.
00:40:16Ça, ça d'empire de taille.
00:40:17Quant à moi, la dot que je donne à ma fille...
00:40:18Est en obligation de l'Ouest.
00:40:20Ah, vous savez.
00:40:21Du moins, je le suppose, car maître Toupineau ne m'a rien dit.
00:40:23Ni à moi, je ne savais absolument rien.
00:40:25C'est comme moi.
00:40:28Pourtant, vous l'avouerez-je, en entrant, tout à l'heure, mon cœur battait.
00:40:31Et le mien, non ?
00:40:33Quand vous avez sonné, j'ai éprouvé ce mouvement de terreur mélancolique
00:40:37qui s'empare de tous les pères dont un architecte va enlever la fille.
00:40:40Ce que c'est que les pressentiments.
00:40:43Jeune homme, vous me plaisez.
00:40:44Vous me paraissez doux, gai, poli, d'un commerce agréable.
00:40:48Et je vous arrête.
00:40:49Oh, monsieur !
00:40:50Il ne manque plus que le denis à Dieu.
00:40:52Ordon, je vous autorise à commander dès demain vos visites.
00:40:54Oh, monsieur !
00:40:55Et à accepter dès ce soir une tasse de thé des mains de ma fille Caroline.
00:40:59Quelle heureuse surprise, car je ne m'attendais à rien, moi non plus.
00:41:05Allez, jeune homme, je vous rejoins.
00:41:07Distingué.
00:41:13Éminemment distingué.
00:41:16Tiens, j'ai oublié de lui demander pourquoi, comme architecte, il portait une trompe dans son paletot.
00:41:23Bonjour, mon ami.
00:41:28Théodore ! Enfin voilà, Théodore.
00:41:30Je t'avais promis de venir, me voici.
00:41:32Figure-toi, mon ami, qu'il y a un jeune architecte.
00:41:33Il faut que je m'en aille, hein ?
00:41:35J'ai envoyé ma femme dîner chez sa tante.
00:41:36Je vais la chercher à l'omnibus de Sayou.
00:41:38Comment ? Quand je t'attends depuis une heure ?
00:41:39Oui, c'est le bon tabac qui m'a retenu. J'ai dû le jouer de quatre heures jusqu'à dix heures en quart.
00:41:43Le bon tabac ?
00:41:44Personne n'est venu.
00:41:45De quoi parle-t-il ?
00:41:46Oh, il est savant ! Et d'une politesse, d'une complaisance.
00:41:51Il est...
00:41:51Qui ?
00:41:52Mais le prétendu.
00:41:53Il est ici.
00:41:54Ah ? Il y a un prétendu ?
00:41:55Tout le monde en raffole.
00:41:56Je t'attendais pour te le montrer, parce que tu as le coup d'œil sûr.
00:41:59Je vais vous le présenter.
00:42:00Impossible, je n'en ai pas le temps.
00:42:01Tiens, tiens.
00:42:02Il est là.
00:42:04Ce petit jeune homme, bien pris dans sa taille, à côté de ma fille.
00:42:09Bon.
00:42:10Lui ?
00:42:11Quoi d'un ?
00:42:12Mais c'est M. Tacaré, un architecte.
00:42:14Oui.
00:42:15Je connais ses meurs.
00:42:16Il a une passion, une chaîne.
00:42:18Comment ?
00:42:19À l'étage au-dessous de moi, Mme Veuve Chambaudet.
00:42:22Chambaudet ?
00:42:22Une dame qui ne veut pas de tapis.
00:42:24Pas de tapis.
00:42:24Quel tapis ?
00:42:25Mais c'est pas possible.
00:42:26Il vient tous les jours à une heure, depuis deux mois, quand le fontainier passe.
00:42:30Quel fontainier ?
00:42:31Enfin, c'est un scandale.
00:42:33La fable de la maison.
00:42:34Et en es-tu sûr ?
00:42:35Monsieur.
00:42:36Faut-il laisser le sucrier d'argent au milieu de tous ces gens-là ?
00:42:39Veux-tu taire, animal ?
00:42:41Tiens, le domestique de la veuve Chambaudet.
00:42:43Interroge-le.
00:42:44Le domestique ?
00:42:45Et un peu sa femme de chambre.
00:42:46Comment ?
00:42:47Réponds.
00:42:49Connais-tu, M. Tacaré ?
00:42:50Des fois.
00:42:51Comment des fois ?
00:42:52Voyons, parle.
00:42:53Allait-il chez cette dame ?
00:42:54Eh bien, des fois...
00:42:56Brut !
00:42:56Créta, répondras-tu à la fin ?
00:42:58Ça ne se peut pas.
00:42:59Il m'a donné 20 francs pour ne rien dire.
00:43:01Il laisse qu'il pendiez.
00:43:04Le doute n'est plus ferme.
00:43:05Angère, je me sauve.
00:43:06Là, qu'est-ce que je vous disais ?
00:43:07Vous vous la prévenez ?
00:43:08Bonsoir.
00:43:09Pour ma fille, ceci m'inspire.
00:43:14Des craintes, des soupçons jaloux.
00:43:17À tes conseils, je veux souscrire.
00:43:19Méfions-nous, méfions-nous.
00:43:24Je suis pressé, je me retire.
00:43:26Mais sur ce futur entre nous,
00:43:29je n'ai qu'un seul mot à vous dire.
00:43:31Méfiez-vous, méfiez-vous.
00:43:32Et moi qui viens de l'arrêter.
00:43:40Ah, ce Théodore, quel coup d'œil !
00:43:43En deux minutes, il vous perce un homme.
00:43:45Chêne !
00:43:46C'est très grave.
00:43:48Il faut qu'il rompe ce lien funeste.
00:43:49Mais qui nous garantira une rupture sincère et complète.
00:43:52Attendez.
00:43:54J'ai une idée.
00:43:55Cette dame chambaudée et veuve,
00:43:59je le voici.
00:44:01Ah, mon père,
00:44:02je vous apporte une tasse de thé.
00:44:04Mille remerciements, monsieur,
00:44:05je n'en prendrai pas.
00:44:07Madame Mouvelle ?
00:44:08Ni moi, je n'en prendrai pas.
00:44:10Tiens, mais qu'est-ce qu'ils ont ?
00:44:11Monsieur, nous oserons, ma sœur et moi,
00:44:14réclamer de vous un moment d'entretien.
00:44:16Un entretien ?
00:44:20Asseyez-vous.
00:44:21Ma tasse me gêne.
00:44:26Monsieur, un fait nouveau
00:44:28et d'une extrême gravité vient de se produire.
00:44:32Ne soyez donc pas étonné
00:44:33de retrouver en moi l'œil irrité d'un père
00:44:35au lieu du front bienveillant d'un ami.
00:44:38Mais qu'est-ce que j'ai fait ?
00:44:39Il me demande.
00:44:39Monsieur, je n'insisterai pas à cause de ma sœur
00:44:42qui est demoiselle.
00:44:43Ah.
00:44:45Vous avez une amante.
00:44:47Moi ?
00:44:47Mon frère !
00:44:48Oui, j'ai été trop loin.
00:44:51Vous avez un lien, un attachement,
00:44:53ce qu'on appelle une chaîne à la comédie française.
00:44:56Oh, mais monsieur, c'est une calomnie !
00:44:58Oh, sapristie !
00:44:59Confiable !
00:45:00Je vous demande pardon.
00:45:01Mon Dieu, ce n'est pas pour la valeur de la chose en elle-même,
00:45:03mais cela décomplète la douzaine.
00:45:05Mais il reste où ?
00:45:06Et si par hasard nous sommes douze,
00:45:07on sera obligé d'attendre qu'une personne soit partie
00:45:09pour servir le...
00:45:09Je ne parte jamais quand l'esquelet est servi.
00:45:11Je suis vraiment désolé.
00:45:12Désolé, désolé, ça ne me raccomode pas.
00:45:13Voyons, ma sœur, l'incident est vidé.
00:45:16Au moins, donnez-moi la soucoupe.
00:45:18Oh, mais j'y aurais pris garde de rien casser dans cette maison.
00:45:22Donc, vous avez un lien.
00:45:23Oh, monsieur, je proteste énergiquement.
00:45:24Oh, nos renseignements sont précis.
00:45:26Mais cependant...
00:45:27On les garde d'un mot, je puis vous foudroyer !
00:45:32Quel mot ?
00:45:34Chambaudet !
00:45:37Sa perlote, le domestique a parlé.
00:45:39Depuis deux mois, vous hantez cette dame,
00:45:41tous les jours, à une heure.
00:45:42Hum ?
00:45:43Hum ?
00:45:44Qu'allez-vous faire chez elle ?
00:45:45Mon frère !
00:45:46Quoi ?
00:45:47Ah oui, euh...
00:45:48Faites-nous un dessin.
00:45:50Dites-le-nous en latin.
00:45:51Oh, monsieur, c'est bien simple.
00:45:53Je vais chez cette dame en qualité d'architecte.
00:45:55Allons donc.
00:45:56Oh, nous la connaissons, celle-là !
00:45:57Oh, je vous assure que mes visites à cette dame sont très innocentes.
00:46:01Mais si elle vous inquiète,
00:46:02je vous promets de ne plus les renouveler.
00:46:04Je renoncerai à cette... construction.
00:46:08Ta ratata !
00:46:09Il nous faut une garantie sérieuse.
00:46:11Or donc, vous l'épouserez ma fille,
00:46:12et lorsque Mme Beuve-Chambaudet sera mariée elle-même.
00:46:15Elle ?
00:46:16On l'a dit belle encore.
00:46:17Oh, mais c'est impossible !
00:46:18Et puis enfin, d'abord, elle a 42 ans.
00:46:20Et puis après 42 ans, il me semble que c'est pas un âge.
00:46:23Ah oui, oh, pardon.
00:46:24Non, mais enfin, je voulais dire, n'est-ce pas,
00:46:26elle perd ses cheveux, elle porte des fausses mâches.
00:46:29Mais monsieur !
00:46:30Ah oui, oui, oh, pardon.
00:46:32Ces détails ne nous regardent pas.
00:46:34Mais ne vous représentez ici qu'avec l'acte de mariage de Mme Chambaudet.
00:46:37Autant m'imposer la tâche de trouver un mari à la tour Saint-Jean.
00:46:41Voilà notre ultimatum.
00:46:42Paracoupé de foutons, tous nous invités pour s'en aller.
00:46:45Nous vous verrons demain, monsieur.
00:46:46Impossible.
00:46:48Monsieur va faire un petit voyage.
00:46:50Un voyage ? Comment ?
00:46:52J'ai réussi à trouver un gâteau.
00:46:54Qu'est-ce qu'il se fout là-bas ?
00:46:56Tu l'as carré, hein, ce gros dingue ?
00:46:58Non !
00:46:59Ah !
00:47:00Ah !
00:47:01Ah !
00:47:02Le reste de la tue, c'est non, c'est difficile !
00:47:03Il sort !
00:47:04Quel bruit d'affreux !
00:47:09Quel cri, quelle colère !
00:47:11Il est le troublé, ce paisible logis !
00:47:15Qu'il eut prévu, quand nous étions de la guerre !
00:47:18Si bien d'accord, et tous si bons amis !
00:47:21Quel bruit d'affreux !
00:47:22Quel cri, quelle colère !
00:47:24Il est le troublé, si...
00:47:26Qu'il eut prévu, quand nous étions de la guerre !
00:47:30Si bien d'accord, et tous si bons amis !
00:47:33...
00:47:35...
00:47:37...
00:47:39...
00:47:41...
00:47:43...
00:47:45...
00:47:47...
00:47:51...
00:47:55...
00:47:57...
00:47:59...
00:48:03...
00:48:05...
00:48:07...
00:48:09...
00:48:11Hier, quand ce vilain piano l'a mis en fuite, Paul m'a dit à demain.
00:48:18Je me suis arrangé ce petit bonnet avec des rubans pensés.
00:48:22C'est un emblème, il le comprendra.
00:48:26Mon Dieu, que c'est donc difficile de se coiffer seule.
00:48:29Je n'ai plus ni femme de chambre, ni domestique.
00:48:32Je ne parviendrai jamais à placer ce petit maigle.
00:48:35Madame, vous voulez beaucoup que je vous aide?
00:48:38Vous ici?
00:48:39J'ai arrêté toute la nuit sur les quais déserts.
00:48:41Et ce matin, je me suis retrouvé au marché aux fleurs.
00:48:44Naturellement, j'ai pensé à vous.
00:48:46Oh, Monsieur Arsène!
00:48:48Elle gobe ça, est-ce que les femmes sont calines?
00:48:51Si vous n'avez pas cherché à vous placer?
00:48:53Madame, c'est cru, elle est ce que vous me dites là.
00:48:55Non, non, non, c'est pas gentil.
00:48:57Demandez à un homme qui toute la nuit a regardé la rivière d'un oeil sinistre,
00:49:00s'il a cherché.
00:49:02Je vous reprends.
00:49:03Aux mêmes conditions?
00:49:04Sans doute.
00:49:05500 francs et 4 bouteilles de vin.
00:49:06Ah non, 400 francs et 5 bouteilles de vin, nous ne confondons pas.
00:49:09Ah, c'est l'émotion.
00:49:11Elle gobe pas ça.
00:49:12Je vous reprends.
00:49:13Mais une autre fois, soyez plus discret sur les mystères de ma toilette.
00:49:16Voyons, aidez-moi.
00:49:17Oh, avec bonheur.
00:49:18Ah, et vous me piquez?
00:49:32C'est pas moi, c'est la joie.
00:49:36Encore une dans votre pastiche.
00:49:38Mais je vous défends parler de cela.
00:49:39Ah, mais madame, faut pas en rougir.
00:49:40Ça se porte beaucoup cette année.
00:49:41C'est bien, allez.
00:49:42Rangez tout cela.
00:49:43Je vais changer de colle et mettre mes manchettes.
00:49:44Voulez-vous que je vous aide?
00:49:45Mais non.
00:49:46Ces détails ne sont pas de votre compétence.
00:49:47Compétence.
00:49:48Elle est encore fâchée.
00:49:49Ah, on latit des petits pots.
00:49:51Du blanc, du rouge.
00:49:52Eh ben, je suis pas mécontent d'être entré ici.
00:49:54D'abord parce que j'ai une chambre au midi.
00:49:55Alors que les autres inquiets, ils m'avaient collé au nord.
00:49:58Loin de mesdemoiselles, les cuisinières.
00:50:00Oh.
00:50:01Oh.
00:50:02Oh.
00:50:03Oh.
00:50:04Oh.
00:50:05Oh.
00:50:06Oh.
00:50:07Oh.
00:50:08Oh.
00:50:09Oh.
00:50:10Oh.
00:50:11Oh.
00:50:12Oh.
00:50:13Oh.
00:50:14Oh.
00:50:15Oh.
00:50:16Oh.
00:50:17Oh.
00:50:18Oh.
00:50:19Oh.
00:50:20Oh.
00:50:21Oh.
00:50:22Oh.
00:50:23Ça me fait penser.
00:50:24J'ai oublié de leur rendre la clé de leur cuisine.
00:50:26Pour le traquer.
00:50:27Eh ben, ça leur rapporterait le soir.
00:50:30Quand madame sera couchée.
00:50:41Allons.
00:50:42Allons du rosoir.
00:50:43Pas de fausse honte.
00:50:44Oh, mais je suis ému.
00:50:46Voyons tout de même.
00:50:47De l'aplomb, vous n'êtes plus un collégien.
00:50:49Non.
00:50:50Allons.
00:50:51Allez, sonnez.
00:50:52Venez.
00:50:53Oui, allez.
00:50:54Oh.
00:50:55Non.
00:50:56Oh.
00:50:57Oh.
00:50:58M.
00:50:59Tacharel.
00:51:00Comment ?
00:51:01Te voilà revenu ici, toi ?
00:51:02Oui, madame, m'a fait redemandé.
00:51:03Oui.
00:51:04Eh bien, ne lui dis pas que tu l'as vu hier gêlé le trinquet.
00:51:06Ou sinon...
00:51:07Oui, oui, je sais.
00:51:08Oui.
00:51:09Gare à tes oreilles.
00:51:10Mes oreilles.
00:51:11Il appelle ça mes oreilles.
00:51:12Quel drôle d'architecte.
00:51:14Rentrez donc !
00:51:16Monsieur, est-ce que je peux vous demander de garder aussi le secret ?
00:51:21Quel secret ?
00:51:22De ne pas dire à madame que vous m'avez vu dans une autre maison parce que ça lui fera de la peine.
00:51:26A vos souhaits.
00:51:28C'est bien, annonce-moi.
00:51:29Bien, monsieur Tacarelle.
00:51:31Et monsieur ?
00:51:32Annonce-moi seul.
00:51:34Monsieur Tacarelle seul ?
00:51:35Bien.
00:51:39Ne vous le cache pas, je tremble comme une feuille.
00:51:41Non, oui, non, pas d'enfantillage, hein ?
00:51:44Bien, arrangez votre cravate.
00:51:45C'est pas bien ?
00:51:46Oui, ça va.
00:51:47Si j'allais ne pas lui plaire.
00:51:48Oh, ben pourquoi ?
00:51:50Vous êtes encore très préventable.
00:51:52Quel âge avez-vous ?
00:51:54Je vais sur mes cinquante-neuf ans.
00:51:56Chut !
00:51:57Je vais sur mes cinquante-neufs.
00:51:58Nous dirons quarante-neufs.
00:52:00Non ?
00:52:01Oui.
00:52:02Je ne sais pas, boutonnez votre habit.
00:52:03Attendez, oui.
00:52:04Mais enfin, dites-moi, comment l'idée de me marier vous est-elle venue comme ça, tout d'un coup ?
00:52:10Eh bien, vous êtes mon vérificateur.
00:52:13Oui.
00:52:14Mon plus ancien commis.
00:52:15Oui.
00:52:16Je vous estime, je vous aime, et je veux vous faire une position.
00:52:21Vous êtes très bon, mais dites-moi, qu'est-ce que vous faites ?
00:52:24Je le mets à la caisse d'épargne.
00:52:25Ah oui, c'est bon.
00:52:27Dites-moi, la personne en question, est-elle pourvue de quelques attraits ?
00:52:33Oh, une femme superbe !
00:52:35Ah, tant mieux, tant mieux.
00:52:36C'est celle que je préfère.
00:52:37Hé hé, papa du ronsoir.
00:52:39Ah, j'ai été gâté, je l'avoue.
00:52:42Est-ce qu'elle a des cheveux ?
00:52:44Énormément.
00:52:45Elle en a tant qu'elle les laisse traîner partout.
00:52:47Oh, c'est magnifique, ça.
00:52:48Oh, une chevelure qui traîne.
00:52:50Oh, c'est magnifique.
00:52:51Ah oui.
00:52:52Et puis, dites, quinze mille livres de rente, ça n'est pas laid.
00:52:55C'est un rêve.
00:52:56Oui.
00:52:57Non, dites, redéboutonnez votre habit.
00:52:58Ça fait lieu.
00:52:59Ah non, non, oui.
00:53:00Ah, quelle chance, quelle chance que je sois de me récélibataire.
00:53:04Mais vous n'avez jamais songé à vous marier.
00:53:06Eh bien, à vous parler franchement, tant que j'ai été jeune et que je me suis bien porté,
00:53:11mon Dieu.
00:53:12Mais maintenant que j'ai des rhumatismes...
00:53:14Non, mais t'aisez-vous ! N'allez pas parler de ça !
00:53:17Non, pas avant, naturellement.
00:53:19Non, il faut lui garder ça comme surprise.
00:53:21Et vous dites que c'est une forte fin.
00:53:24Oh, robuste !
00:53:25Des bras !
00:53:26Ah, tant mieux, tant mieux pour mes rhumatismes, elle pourra me frictionner.
00:53:29Mais ne parlez-t-on pas de ça ?
00:53:30Non, non.
00:53:31Pas avant, naturellement.
00:53:32C'est la surprise.
00:53:33Oui, oui.
00:53:34Soyez tendre, galant, poétique.
00:53:38Je tâcherai.
00:53:39Non, décidément, reboutonnez votre habit, ça fait mieux.
00:53:43Monsieur Paul, me voici ! Ne vous impatientez pas !
00:53:48C'est elle.
00:53:49Hein ? Quel organe !
00:53:51Oh, oui, alors.
00:53:52Oh, on dirait une harte.
00:53:53Oh, ça me trouble.
00:53:54Oui.
00:53:55Je suis troublé.
00:53:56Ah bah tenez, asseyez-vous.
00:53:57Oui.
00:53:58Asseyez-vous, je vais vous annoncer.
00:53:59Oui, oui.
00:54:00Et puis, arrangez-vous, hein.
00:54:02Oui.
00:54:03Oui, je sais pas, moi, fais-moi une mèche.
00:54:04Une mèche.
00:54:05Une petite frisouille.
00:54:06Oui, le cheveux que vous avez.
00:54:07C'est un peu audacie que je fais là.
00:54:10Madame Chambaudet, voudra-t-elle se marier ?
00:54:13Mon prétendu est un peu déjeté, mais enfin, j'en avais pas d'autre sous la main.
00:54:16Et le père Le Trintier est pressé.
00:54:18Et puis, moi aussi.
00:54:19Je suis pincé.
00:54:20J'aime sa fille.
00:54:23Entouré, mon poids.
00:54:25Je vous ai fait attendre.
00:54:27Non, mais c'est mon poids.
00:54:28Ce n'est pas un reproche, mais vous êtes en avance de cinq minutes.
00:54:32Il s'agit de venir près de vous.
00:54:33Il me semble que je suis toujours en retard.
00:54:35Oh, taisez-vous, car vous finiriez par m'inspirer de l'amour propre.
00:54:40J'ai failli me trahir.
00:54:41Voulez-vous que nous cousions de notre petite bâtisse ?
00:54:45Où sont vos plans ?
00:54:46Non.
00:54:47Oh, ne pourrions-nous aujourd'hui parler de choses plus sérieuses, plus intéressantes ?
00:54:53Il m'a encore baisé la main.
00:54:55Madame Chambaudet, depuis deux mois que vous m'avez admis dans le cercle de votre intimité,
00:55:01je vous dois le récit de mes impressions.
00:55:03Il va se déclarer ?
00:55:05La première fois que je vous vis, je ne puis m'empêcher de m'écrier,
00:55:09Oh, que cette femme est belle !
00:55:10Monsieur Paul !
00:55:11Qu'est-il ?
00:55:12Rien, continuez.
00:55:14La seconde fois, je me dis qu'elle est aimable, mais qu'elle est spirituelle.
00:55:20La terre.
00:55:22Alors, par la suite, je devins triste.
00:55:24Oh, pourquoi ?
00:55:25En contemplant votre isolement, je ne puis m'empêcher de songer à ces belles fleurs du désert,
00:55:31qui meurent, hélas, sans avoir été respirées.
00:55:34Mais...
00:55:35Et pourtant, n'est-il pas beau de dire à un homme, quel que soit son âge,
00:55:39voici mon cœur, donne-moi le tien, et partons pour Agnès.
00:55:43Certainement, pas un mot de mariage, viendrait-il m'offrir le déshonneur ?
00:55:49Elle est émue, c'est le moment.
00:55:51Madame Chambaudet, si un galant homme, un homme tendre, sensible, se présentait pour vous épouser.
00:56:00Oh, Paul, j'attendais ce mot.
00:56:05Ah ben, il fallait donc le dire, si vous consentiriez à vous remarier.
00:56:08Oh, oui, oui, oui.
00:56:11Eh ben, la bonne heure, elle y va carrément.
00:56:13Du rosoir.
00:56:14Du rosoir, oui.
00:56:17Qu'est-ce que c'est que ce monsieur du rosoir ?
00:56:22Madame, permettez-moi de vous présenter un vieil ami de ma famille,
00:56:28monsieur Émile du rosoir.
00:56:30Edmond.
00:56:31Edmond.
00:56:32Edmond du rosoir, homme probe exact, honorable, et qui a toute ma confiance.
00:56:37Oh, mon cher ami.
00:56:38Chère madame.
00:56:40C'est un grand-parent chargé de faire la demande.
00:56:44Chère madame, c'est en tremblant qu'elle est un peu mûre.
00:56:49Non, non, elle paraît comme ça le matin à jeun, mais le soir, elle est splendide.
00:56:52Monsieur, je vous écoute avec la plus vive sympathie.
00:56:55Chère madame, c'est en tremblant.
00:56:57Mais pourquoi transler ?
00:56:58C'est bien naturel.
00:56:59L'émotion.
00:57:00Oui, l'émotion et puis la solennité du moment.
00:57:04Elle a quel âge ?
00:57:0535 ans.
00:57:06Allez, allez.
00:57:07Chère madame.
00:57:09Enhardie par votre accueil et fort de l'approbation de monsieur Paul Taquarel, mon cher patron.
00:57:16Parent et Annie.
00:57:17Mon cher Patrie.
00:57:18Mon cher Paris et amants.
00:57:19Enfin bref.
00:57:20Chère madame, j'ai l'honneur de vous demander votre main.
00:57:25Votre main.
00:57:26Oh, monsieur, je n'ai plus de famille.
00:57:32Ah tant mieux.
00:57:33Non, pauvre Orphalie.
00:57:34Oui, pauvre Orphalie.
00:57:35C'est donc à moi de vous répondre.
00:57:37Lorsque j'ai eu le malheur de perdre mon mari feu chambaudé, je m'étais juré de me consacrer à sa mémoire.
00:57:43Je m'étais liée par un serment.
00:57:45C'était dans le carnaval, là.
00:57:47Mais je pense que mon changement de résolution se trouve suffisamment justifié par le mérite de celui qui en est l'objet.
00:57:53Oh, madame.
00:57:54Elle n'est pas difficile.
00:57:55Quand on a le bonheur de rencontrer sur le chemin de l'existence un homme qui joint à l'élégance des manières,
00:58:02les dons les plus précieux encore de l'esprit, du cœur et de l'homme.
00:58:06Oh, vraiment, madame.
00:58:08Mais elle est myope.
00:58:09Une femme serait bien folle de refuser de pareils avantages.
00:58:12Ce serait de bouder contre son cœur.
00:58:14J'ose le dire sans rougir.
00:58:16J'accepte, monsieur du Rosoir.
00:58:18J'accepte.
00:58:20Oh, madame.
00:58:22Comme ça prend au feu les vieilles maisons.
00:58:24Écoutez, madame, je n'ose prolonger plus avant cette visite, mais j'espère que vous me permettrez de la renouveler ce soir.
00:58:31Certainement.
00:58:32Avec un bouquet.
00:58:33Oui, oui.
00:58:34Je serai toujours heureuse de vous voir, ne vous dois-je pas, mon bonheur.
00:58:37Et moi, madame, et moi, voulez-vous me permettre...
00:58:40Excusez-moi.
00:58:41Pardon.
00:58:42À ce soir.
00:58:43À ce soir.
00:58:44À ce soir.
00:58:45Avec un bouquet.
00:58:46Avec un bouquet.
00:58:47Maintenant.
00:58:48Oh, quel charmant vieillard.
00:58:59Ah, bah, comment ça, un vieillard ? Il n'a que 49 ans.
00:59:02Oh, alors, il est bien fatigué.
00:59:03Non, il paraît comme ça le matin à jeun, mais le soir, il est splendide.
00:59:06Oh, peu m'importe pour ce que je veux lui dire.
00:59:09Oh, Paul, laissez-moi vous appeler Paul.
00:59:12Mais...
00:59:13Oh, qu'il est beau, mon Paul.
00:59:16Oh, enfin, est-ce qu'elle voudrait déjà chagriner du rougeoir ? Mais c'est trop tôt.
00:59:21Je vous laisse pour un instant.
00:59:23Je vais prévenir mes amis de pension de la nouvelle, de la grande nouvelle.
00:59:27Je reviens.
00:59:28À bientôt, mon Paul.
00:59:30À bientôt.
00:59:32Oh, je n'ai que 25 ans.
00:59:36Qu'est-ce que c'est là ?
00:59:40Enfin, la voilà cravée, c'est le principal.
00:59:50Arsène !
00:59:52Monsieur le train qui est...
00:59:54Qu'est-ce que c'est là ?
00:59:55Eh bien, c'est-à-dire que j'ai l'aigle.
00:59:57Alors, non seulement tu casses ma vaisselle, mais tu emportes la clé de ma cuisine.
01:00:00Et si je ne t'avais pas rencontrée sur l'escalier, en montant chez Théodore,
01:00:03comment aurais-je pu y entrer ?
01:00:04Où ?
01:00:05C'est une cuisine à vaisselle.
01:00:06Ah !
01:00:07Ben, je vous l'aurai rapporté ce soir votre clé après-dîner.
01:00:09Après-dîner, c'est très commode.
01:00:10Alors, où est-elle ?
01:00:11Dans ma veste.
01:00:12Elle va la chercher.
01:00:17Entrez donc un instant.
01:00:26Ah, ça, mais...
01:00:27Où suis-je, ici ?
01:00:28C'est madame Veuve Chambaudet.
01:00:30Vous ?
01:00:31Le beau-père !
01:00:33Au fait, j'aurais dû m'en douter.
01:00:35Il est une heure.
01:00:36Je dérange votre petit rendez-vous.
01:00:37Oh, mais pas du tout !
01:00:39Vous m'avez imposé la tâche de marier madame Chambaudet.
01:00:42Eh bien, j'ai l'honneur de vous faire part de son mariage avec monsieur Edmond du Rosoir.
01:00:47Comment ? Vous l'avez déjà colloqué à un autre ?
01:00:49Oh, beau-père !
01:00:51Oh, farceur !
01:00:52À propos, Théodore m'a dit que j'étais une femme superbe.
01:00:56Est-ce que je ne pourrais pas la voir un peu ?
01:00:58Mais je ne sais pas, moi.
01:00:59Ah quoi, il faut bien que je sache si elle se marie.
01:01:01Je ne suis pas obligé de vous croire.
01:01:03Ah oui, c'est juste.
01:01:04Eh bien, tenez, la voici, je vais vous présenter.
01:01:07Les voilà donc ces femmes qui enveloppent la jeunesse dans leur repli tortueux.
01:01:11Madame, permettez-moi de vous présenter Monsieur Lautrinquier.
01:01:15Encore un grand-pavant.
01:01:17Soyez le bienvenu, Monsieur.
01:01:19Permettez-moi, chère belle, de vous saluer.
01:01:23Superbe femme.
01:01:25Papa Lautrinquier.
01:01:26Ne le dites pas à ma soeur.
01:01:28Eh bien, chère belle, Paul vient de m'apprendre une nouvelle désastreuse.
01:01:32Quoi d'où ?
01:01:33Vous allez vous marier.
01:01:34Il est vrai que je suis un peu la cause de ce malheur.
01:01:36C'est moi qui exige de Paul se marier.
01:01:38Oh, merci !
01:01:39Je lui ai dit tant que vous n'aurez pas ma fille.
01:01:42Comment votre fille ?
01:01:43Ah oui, Caroline, il épouse Caroline.
01:01:45C'est impossible.
01:01:47Eh bien, et moi ?
01:01:48Vous, vous épousez du rosoir.
01:01:50Mais, mais, par exemple, mais c'est Paul que j'épouse.
01:01:54Mon Paul !
01:01:55Ah moi ? Mais qu'est-ce qu'elle chante ?
01:01:57Ah mais, pardon madame.
01:01:59Voyons, mais c'est impossible.
01:02:00Mais, mais, Monsieur du rosoir ne vient-il pas de me faire la demande à l'instant ?
01:02:03Eh oui, pour lui-même.
01:02:05Lui ? Ce vieux homme ? Je n'en veux pas.
01:02:08Oh, mais ceci change la thèse.
01:02:10Non, que vous importe que madame se marie ou ne se marie pas si je vous prouve que vos soupçons sont injustes.
01:02:15Comment cela ?
01:02:16Mais interrogez madame.
01:02:17Elle vous dira que nos relations sont purement architecturales et que le respect le plus absolu a toujours...
01:02:23Pas de signe d'intelligence, hein ?
01:02:27Madame, est-il vrai que ce jeune homme vous soit complètement étranger ?
01:02:35Vous allez voir.
01:02:37Un pareil aveu, c'est le perdre à jamais.
01:02:40Eh bien, madame. Eh bien, madame.
01:02:43Monsieur le trinquier, je suis bien coupable.
01:02:47Hein ?
01:02:48Mais le cœur d'une femme est bien faible quand il aime.
01:02:53Ah, voilà qui est clair.
01:02:54Comment, madame, vous osez soutenir ?
01:02:56Allez, monsieur. Pardon, mariez madame et rompez votre chaîne, sinon vous n'aurez pas ma fille.
01:03:01Mais monsieur le trinquier !
01:03:02Ma décision était réfragable !
01:03:04Monsieur le trinquier !
01:03:05Vous entendez, irréfragable !
01:03:06Mais enfin, monsieur...
01:03:07Ah, ben, au fait, je l'ai chez Péodore.
01:03:21Mon compliment, madame, c'est du joli.
01:03:25Grâce, mon Paul, grâce, j'allais vous perdre.
01:03:28Moi, tu venais tous les jours, ici, faire votre petite partie de... de... de mausolée.
01:03:32Justement, on ne vient pas tous les jours pendant deux mois chez une femme, jeune encore, sans avoir un motif.
01:03:38Mais certainement, j'en avais un, supérieur.
01:03:41Lequel, Paul ? Ouvrez-moi votre cœur.
01:03:43Il faut l'amadouer, je vais l'étourdir.
01:03:45Eh bien, oui, je l'avoue. Subjugué, vaincu par la puissance de vos charmes, oui, je vous ai aimé.
01:03:53Ah, merci.
01:03:55Je vous ai aimé pendant trois jours.
01:03:57Oh, pas plus.
01:03:58Ah, Dieu, mettez-moi que je voulais vous offrir mon nom.
01:04:01Je suis même allé à la mairie faire lever votre extrait de naissance.
01:04:04Oh, mon Dieu.
01:04:05On m'a livré cette pièce, moyenne en quarante sous, et j'y ai lu une date.
01:04:10Quelle âge peut-elle bien avoir ?
01:04:12Une date à jamais célèbre pour ceux qui estiment le vin de la comète, dix-huit cents.
01:04:18Oh, je suis de dix-huit-cent-quatorze. Je n'ai que quarante-sept ans.
01:04:22L'âge de maman. Oh, ce doux rapprochement ouvrit à mon cœur des horizons nouveaux.
01:04:28Mon amour s'épuera, et je me prie à vous aimer, comme un fils aime sa mère.
01:04:33Sa mère a mieux.
01:04:34Ah non, comme un frère aime sa soeur.
01:04:36J'aime mieux ça.
01:04:37Oh, ben voilà. Voilà ce que j'espérais trouver en vous, une soeur.
01:04:41De ça, je ne trouve qu'une femme implacable. Adieu. Je pars. Je quitte cette plage inhospitalière.
01:04:47Où vas-tu ?
01:04:48En Amérique. M'engager avec le nord ou avec le sud, ça m'est bien légal.
01:04:52Je vais chercher une autre fiancée, la fièvre jaune.
01:04:56Paul, mon enfant, mon frère, quel sacrifice exiges-tu de moi ?
01:05:01Le sacrifice du rougeois.
01:05:02Oh, jamais.
01:05:04Alors adieu. Vous m'écrirez sur les bords du Potomac, poste restante.
01:05:09Pâche ! Je consens. Ne me laissez pas réfléchir. Allez me chercher cette oeuvre.
01:05:15Vous l'apprécierez plus tard.
01:05:17Allez, allez.
01:05:19J'y cours, j'y cours.
01:05:24Elle sera très heureuse avec du rougeois.
01:05:39Mes rêves, mes rêves perdus.
01:05:47Elle pleure.
01:05:49Eh ben, quoi donc vous avez, madame ?
01:05:52Oh, rien.
01:05:53C'est-il M. Tacarelle qui vous a fait du chagrin.
01:05:55L'ingrape, l'infidèle. Il m'a aimé pourtant.
01:05:59Lui ? Allons donc, il se moquait de vous.
01:06:01Malheureux, ne le calomnie pas. Il m'aimait du moins comme une soeur.
01:06:05Il vous aimait comme un soldat aime sa guérite.
01:06:08Sa guérite ?
01:06:09Oui. Vu qu'il venait uniquement chez vous pour monter sa faction et attendre le signal de la dame d'au-dessus.
01:06:13Que dis-tu ?
01:06:15C'est la bonne d'en haut qui vient de me conter ça.
01:06:17Vous savez, le marchand de robinet avec sa petite trompette.
01:06:19Oui ?
01:06:20Eh ben, c'était lui qui soufflait.
01:06:21Comment ?
01:06:22Ça voulait dire, je suis en bas chez la vieille, euh, chez la veuve, j'attends votre signal.
01:06:26Oh, si cela était.
01:06:28Eh vous savez, j'ai du bon tabac.
01:06:29L'air qu'il faisait partir.
01:06:31Ça voulait dire, mon mari n'est pas là, montez.
01:06:33Trahison.
01:06:35Et l'autre.
01:06:37Marie, trempe ton pain dans la sauce.
01:06:39Mon mari est là, ne montez pas.
01:06:41C'est impossible, tu me mens.
01:06:44Tenez, voilà son instrument.
01:06:46Donne.
01:06:48Je veux m'en assurer par moi-même.
01:06:51Un peu robinet.
01:06:54Suis-je belle ?
01:06:56C'est pas la petite trompette.
01:06:58Chut.
01:06:59Rien.
01:07:01Tu vois bien que c'est une calomnie.
01:07:03Il ne s'est pas joué de moi à ce point.
01:07:11Marie, trempe ton pain.
01:07:14Il paraît que le mari est là-haut.
01:07:16Oh, je me vengerai.
01:07:19Je me vengerai.
01:07:21Ah, il est là-haut.
01:07:22Eh bien, je vais lui écrire.
01:07:23Je vais tout lui apprendre.
01:07:25Monsieur, votre femme vous trompe.
01:07:31Monsieur, que penseriez-vous d'un polisson qui, sous prétexte de...
01:07:33...
01:07:34...
01:07:35...
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01:07:37...
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01:07:40...
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01:08:09...
01:08:10...
01:08:11...
01:08:12Je me pardonne car je suis vengée.
01:08:14Vengée ?
01:08:15Cette lettre que je viens d'envoyer quand vous êtes entrée était pour M. Garandbois.
01:08:18Dieu !
01:08:19On a joué trente tempins tant qu'il est chez lui.
01:08:21Eh bien !
01:08:22Cette lettre l'a instruit de votre intrigue avec sa femme.
01:08:24Oh ! Oh, qu'avez-vous fait ?
01:08:26Ce qui plaît aux femmes, je me suis vengée.
01:08:30Très bien ! Le mari va venir, un poignard à la main.
01:08:34Je l'attends, je ne me défendrai pas.
01:08:36Dieu, qu'ai-je fait ?
01:08:37Le voici, je suis prêt.
01:08:39Non, mais toi-là, derrière moi !
01:08:41Madame, je viens de recevoir une lettre...
01:08:43La mienne ?
01:08:44...qui nécessite quelque explication.
01:08:46A vos ordres, monsieur !
01:08:47Non, pas de sang !
01:08:49Quoi ?
01:08:50C'est faux ! N'envoyez pas un mot !
01:08:52Qu'est-ce qui est faux ?
01:08:54Permettez-moi d'abord de vous en donner lecture.
01:08:56Les locataires sous-signés, tous majeurs et saints d'esprit,
01:08:59s'engagent à contribuer au prorata de leur loyer...
01:09:02Hein ?
01:09:03Quoi ?
01:09:04...à l'établissement d'un tapis dans l'escalier.
01:09:06Un tapis ?
01:09:07Comment c'était ?
01:09:08Une sérieuse ?
01:09:09Sauvez !
01:09:10Tous les locataires ont signé.
01:09:12Mais je signe aussi !
01:09:13Mais nous signons !
01:09:14Bah vous !
01:09:15J'en ai un !
01:09:16J'en ai un !
01:09:17J'en ai un !
01:09:18Un robinet !
01:09:20Oh, pardon !
01:09:21Ah bah tiens, ça tombe bien parce que j'ai une lettre pour vous.
01:09:23De madame.
01:09:24Oh !
01:09:25Sacre but !
01:09:26Donnez, donnez-moi cette lettre !
01:09:27Mais puisqu'elle est pour moi !
01:09:28Oui, mais elle n'est plus utile !
01:09:29Puisque vous êtes là !
01:09:30Je puis vous dire de vive voix !
01:09:32Quoi ?
01:09:33Qu'est-ce qu'ils ont ?
01:09:34Je vais le marier de famille !
01:09:36Oui !
01:09:37Je venais vous prier en qualité de voisin !
01:09:40Oui, voisin !
01:09:41De vouloir bien me servir de témoin !
01:09:43Et de témoin !
01:09:44Et d'assister au repas !
01:09:46Chez le mardelais !
01:09:47Mais commandant, belle dame !
01:09:49Voyons le nom du prétendu !
01:09:51Tiens !
01:09:52En sacre bleu !
01:09:53Monsieur l'arrosoir !
01:09:54Du rosoir !
01:09:55Et voilà !
01:09:56C'est lui le prétendu !
01:09:58Ah bah !
01:09:59Il a une bonne tête !
01:10:01Enfin !
01:10:02Merci ma soeur !
01:10:04Mon jambre !
01:10:05Je n'ai qu'une parole !
01:10:06Ma fille est à vous !
01:10:07Belle dame, déniés acceptés, c'est...
01:10:10Oh !
01:10:11Quoi ?
01:10:12Oh, je n'ai rien !
01:10:13Rhumatisme !
01:10:14Il a des rhumatismes ?
01:10:16Dans le dos, aux lumières, ça ne paraît pas !
01:10:21À ce double mariage, nos dessins sont promis !
01:10:27Il faut pour un bon ménage, taisez-vous !
01:10:30Viens la sortie !
01:10:32Sous-titrage Société Radio-Canada
01:10:34Sous-titrage Société Radio-Canada
01:10:35Sous-titrage Société Radio-Canada
01:10:36C'est parti !
01:11:06C'est parti !
01:11:36Sous-titrage Société Radio-Canada
01:11:38C'est parti !
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