00:00Alors il vient nous aider à redresser la barre et retrouver le moral, Gilles Petit nous rejoint.
00:04Chaque jour, un expert de marché vient en effet combattre le consensus de marché,
00:07les idées reçues un peu trop faciles.
00:09Bonjour Gilles.
00:10Bonjour à vous, journaliste indépendant.
00:11On va parler d'environnement, tiens, la COP30 bat son plein au Brésil,
00:14la France a de quoi être fière d'elle-même,
00:16elle peut expliquer aux autres qu'elle est, elle, au moins sur la bonne voie
00:18pour réussir sa transition énergétique.
00:20Certains le pensent, pas vous, vous vous dites bullshit.
00:24Vous foudroyez, Gilles, cette idée que la France va réussir à atteindre ses objectifs de transition.
00:28– Oui, je le foudrois et surtout, cette chronique fait écho à une chronique que j'ai faite il y a un an de cela.
00:36– On la salue si elle nous écoute d'ailleurs.
00:38– Voilà, non mais souvenez-vous, souvenez-vous,
00:41le gouvernement français avait claironné sur tous les toits
00:44que le pays avait fait une année record en termes de réduction de ses émissions de gaz à effet de serre
00:52puisque sur l'année 2023, on avait réduit les émissions de gaz à effet de serre
00:57de, tenez-vous bien, 6% sur un an.
01:01Alors, je ne sais pas si certains d'entre vous ont un peu de mémoire,
01:06mais est-ce que vous avez entendu parler de la réduction des gaz à effet de serre français cette année ?
01:11Est-ce que c'est une info qui vous a particulièrement marquée cette année ?
01:15– Non, en toute honnêteté, non.
01:17– Oui, non, mais c'est normal parce que cette année, on n'est pas à 6%.
01:21Cette année, ce n'est pas un record.
01:23Cette année, ça baisse, mais ça baisse de façon, j'ai envie de dire misérable,
01:28mais ce n'est pas sympa.
01:29C'est une baisse de 0,9% à la place des 6%, 0,9% donc pour l'année 2024.
01:39Donc, il n'y a pas de quoi pavoiser sur ces réductions de gaz à effet de serre
01:44par notre pays, tout simplement.
01:46– Je me souviens que l'an dernier, vous aviez déjà eu la dent dure quand même
01:48sur la communication de l'État autour d'un record de baisse des émissions de gaz à effet de serre.
01:52Vous dites, le compte n'y est pas.
01:54C'est vous qui ne changez pas, en fait.
01:56Vous gardez toujours le même état d'esprit.
01:57Et en un an, vous n'avez pas changé, Gilles ?
01:59– Alors, si, parce que cette année, je ne vais pas tirer sur l'ambulance, Guillaume.
02:04Je ne me permettrai pas de faire ça parce que le sujet est trop grave,
02:07parce que tout ce qui se passe à Belém, même si c'est très loin,
02:10même si peut-être qu'on aurait pu éviter de transporter je ne sais combien
02:13milliers de personnes dans une ville avec seulement 2 millions d'habitants,
02:17c'était quelque chose de très responsable.
02:20Voilà, je ne vais pas faire comme si les choses n'étaient pas graves.
02:23Donc, je ne vais pas tirer sur l'ambulance parce que, en fait,
02:26ce qui est important là, et c'est pour ça que je suis venu sur votre plateau,
02:30c'est pour éclairer les gens qui nous écoutent,
02:32c'est qu'on est en train d'arriver au bout,
02:34au bout de la partie très facile de la réduction des gaz à effet de serre
02:39et de tout ce qui est émissions carbone.
02:43Pourquoi ? Parce que la plupart des réacteurs nucléaires sont repartis.
02:47Bon, il y en a un qui vient de s'arrêter là.
02:48Ça vient d'être annoncé, mais enfin bref.
02:50La plupart des réacteurs nucléaires ont fini leur maintenance.
02:54Nous avons fermé la quasi-totalité des centrales à charbon.
02:57Nous avons surtout maintenant des centrales à gaz.
03:01Et puis, l'année dernière, certainement grâce aux pluies,
03:04nous avons une production hydroélectrique fantastique.
03:08Donc voilà, on est un petit peu en termes de production...
03:11Elle n'est pas à gaz, l'électricité française.
03:12Vous n'allez pas nous faire croire, c'est-à-dire qu'on n'est pas les pires là-dessus.
03:16Non, alors je ne sais pas ce que j'ai dit, mais ce que j'ai dit, c'est que...
03:18Vous aimez votre pays à un moment ou pas, Gilles Petit ?
03:20Non, mais j'y tiens et justement, c'est pour ça que je veux appuyer là-dessus,
03:23c'est qu'on est à un tournant un petit peu dans notre politique de transition énergétique.
03:28On n'entend plus le gouvernement.
03:30C'est vrai que bon, on a des petits soucis à l'Assemblée nationale et même gouvernementaux.
03:34On a un petit peu de mal à avoir une direction.
03:35Mais enfin, bref, le fait est qu'on est vraiment à un tournant et ça serait vraiment dommage pour nous
03:41et pour le reste du monde qu'on le rate.
03:44Simplement, il va falloir prendre les choses à bras-le-corps.
03:46Antoine ?
03:47Cela dit, notre production d'électricité, elle est décarbonée.
03:51On est plutôt avantagé en Europe, non ?
03:53C'est ce que disait effectivement...
03:54Vous avez tout à fait raison, c'est ce que disait Guillaume.
03:57Mais le problème des derniers chiffres qu'on a eus sur les gaz à émission de serre, à effet de serre,
04:02c'est que, en fait, notre problème, c'est quoi ?
04:05C'est l'importation.
04:06Alors, je ne vais pas vous faire une tribune sur Shine ou Chine qui s'installe au BHV,
04:11mais enfin, on a un petit problème parce que tous les biens qu'on importe,
04:15enfin, une grande partie des biens qu'on importe en France,
04:19sont davantage chargés dans leur production en gaz à émission, enfin à effet de serre,
04:24que les biens français.
04:25En moyenne, l'intensité, c'est 4,5 fois plus élevée.
04:31C'est normal aussi parce qu'au-delà des produits textiles mauvais marché, on va dire,
04:39en France, il n'y a plus d'industrie, l'industrie est morte.
04:42Donc, on est quand même une économie de service.
04:44Donc, forcément, c'est moins émetteur de carbone et de gaz à effet de serre.
04:49Et c'est la Chine qui produit pour nous, d'où les mauvais scores de la Chine,
04:51même si elle améliore quand même son ranking pour l'environnement.
04:54La Chine morale de l'histoire, il va falloir surtout trouver de l'argent pour poursuivre, accélérer.
04:58Il va falloir trouver de l'argent et surtout, il va falloir faire des réformes structurelles en profondeur
05:03parce que le plan de programmation énergétique qui est un plan quinquennal
05:08prévoit effectivement une électrification des usages dont, on va dire, c'est quoi ?
05:14C'est 15 millions de véhicules d'ici 2030, 15 millions de véhicules électriques.
05:17Aujourd'hui, sur les 39 millions, et c'est un peu plus de 39 millions de véhicules électriques
05:22qui circulent, on a 2,2% de véhicules électriques et 1,5% de véhicules hybrides,
05:28ce qui fait à la louche 1,6 million de véhicules « propres ».
05:33On peut encore discuter sur ce qu'est un véhicule propre, est-ce qu'un véhicule hybride est propre.
05:38Mais bref, on a effectivement des enjeux, on a besoin d'argent, on a besoin d'une volonté politique
05:45et je sais si en France, on a des soucis aujourd'hui pour avoir une direction
05:49et puis on a besoin de réformes structurelles.
05:52Où en est le ferroroutage en France, il n'est nulle part.
05:57Donc effectivement, il va falloir un petit peu s'agiter, se relever les manches
06:00parce qu'on est très très mal barrés.
06:02Oui, mais on n'est pas les plus moins dix ans.
06:04Non, mais enfin, ce n'est pas pour ça qu'on doit lever le drapeau et l'agiter
06:07en disant que nous, Français, on fait mieux que les autres.
06:10Gilles Petit, vous dites quoi ?
06:13Vous vous mettez l'église au milieu du village ou l'hôtel de ville ?
06:15Il y a les deux.
06:17Moi, je mets l'église et puis de toute façon, c'est autour d'une place.
06:20Normalement, en face, il y a le bistrot, puis la mairie, pas loin.
06:22Oui, on mettait le bistrot au milieu du village.
06:24Non, il y a tout au milieu de la place.
06:26Merci beaucoup, Gilles Petit, de nous avoir accompagnés.
