- il y a 9 heures
Ce vendredi 14 novembre, Audrey Maubert a reçu Eléonore Baudry, directrice générale de Figaret et Anne-Laure Colcy, vice-présidente exécutif chez Capgemini Invent, dans l'émission Iconic Business sur BFM Business. Retrouvez l'émission le mardi et réécoutez la en podcast.
Catégorie
📺
TVTranscription
00:00C'est un nom que vous connaissez ou que vous avez connu.
00:14Figaré a fait de la chemise son Iconic, une marque passée comme d'autres depuis sa création en 1968 par des sous-brosseaux,
00:22des sous-brosseaux de l'industrie textile, rentré dans le giron ces dernières années du fonds Expérience Capital
00:27pour lui donner une nouvelle trajectoire, une nouvelle place dans le paysage de la mode.
00:32Sa directrice générale a œuvré pour ce retour au style et à la croissance après Gucci, après Sarenza, Figaré et Léonore Baudry et d'Anticonic Business.
00:41A suivre dans les désirables de la semaine également le luxe de seconde main.
00:45Est-ce enfin pour demain ? Demain pour les maisons de luxe, sont-elles prêtes ?
00:50Anne-Laure Colcy, vice-présidente exécutive chez Capgemini Invent, responsable des activités luxe mondiales,
00:56qui sera avec nous dans quelques instants. C'est Iconic Business, bienvenue.
01:04Léonore Baudry, directrice générale de Figaré, bonjour.
01:07Bonjour.
01:08Vous avez, on pourra dire, réussi votre pari de remettre la chemise Figaré dans le vestiaire contemporain.
01:15Ça y est, c'est revenu.
01:16Oui, absolument. Alors la chemise, elle est maintenant multiple. On peut, on peut, on porte des chemises très différentes au cours de sa journée, sa semaine.
01:25Mais effectivement, la chemise, elle est vraiment revenue dans le vestiaire. On a eu, on s'est posé la question après le Covid, après tout, est-ce qu'on va reporter des chemises ?
01:32La réponse est oui. Et effectivement, de plus en plus des chemises Figaré, puisqu'on se positionne comme la référence de la chemise.
01:39Et positionnement, justement, est-ce qu'on parlerait d'un positionnement premium ? On n'est pas dans le luxe, on n'est pas dans la fast fashion, on en parle beaucoup.
01:47Il y a un terrain compliqué pour de nombreuses marques, c'est entre deux. Est-ce que vous, ce positionnement premium, cet alignement fonctionne ?
01:54Oui, il fonctionne parce qu'on est une marque qui a des valeurs et donc qui justifie sa valeur. Donc effectivement, il y a des marchés qui évoluent, il y a des marques qui sont arrivées probablement en bout de souffle
02:03et d'autres qui ont pris le relais. Et nous, ce qui est vrai, c'est que depuis 1968, on est toujours là. Et ce positionnement, il nous convient. Pourquoi ?
02:12Parce qu'il est étayé par un savoir-faire. Il est étayé par une qualité et donc qui justifie finalement le prix de nos chemises qui sont effectivement entre le luxe et l'abordable, mais fondées sur des valeurs de marque.
02:29Parce que c'est une fourchette entre 150 et 250 euros.
02:32Oui, le prix moyen de nos chemises, c'est 145 euros.
02:35Et comment justement vous en parliez, vous l'avez évoqué, comment la chemise figaré a quitté l'image très tradie, 100% costume, un peu désuète pour être un incontournable de tous les jours.
02:46C'est là où il y a eu un vrai switch ?
02:47Oui, alors je pense que l'amour d'une marque, c'est un peu comme dans un couple.
02:52C'est-à-dire à la fois, il faut qu'on soit hyper rassurant, qu'on soit dans la routine quotidienne, etc.
02:58Et donc ça, on l'avait, c'est-à-dire la chemise figaré, on savait que c'était un vrai savoir-faire, des beaux tissus, etc.
03:04Avec cette clientèle qui était fidèle.
03:06Avec cette clientèle qui était là.
03:07Mais on avait perdu la surprise, le pas de côté, finalement la désirabilité qui étonne, qui détonne et qui fait qu'on est amoureux de la marque.
03:16Et donc ça, on l'a ajouté à la marque.
03:18Le socle était hyper sain et on a aussi embrassé notre héritage classique.
03:22On ne l'a pas repoussé, au contraire.
03:24Mais en revanche, on a ajouté à cette marque une vitalité contemporaine, des surprises, avec des collaborations où on n'était pas forcément attendus.
03:33Ce qui a fait finalement revenir ou découvrir la marque.
03:37Et c'est toute cette nouvelle stratégie que vous, vous avez déclinée sur ces dernières années ?
03:41Oui, vraiment, en fait, c'était ça.
03:43C'était s'appuyer sur nos iconiques et en ajouter de nouveau pour redonner finalement à la marque la lumière qu'elle méritait.
03:53Une offre pour les femmes, c'est aussi ça que vous avez déployé ?
03:55Parce qu'il y avait un vestiaire très masculin.
03:58Et puis, les tendances, les modes évoluants, vous avez aussi emprunté cette opportunité.
04:04Oui, alors on était très connus pour l'homme.
04:06C'était évidemment une marque très masculine, à vrai dire.
04:10Et on avait des femmes qui venaient soit piquer nos chemises d'hommes pour les porter dans un masculin féminin qu'on aime beaucoup d'ailleurs et qu'on célèbre encore beaucoup chez Figaret.
04:20Mais on avait moins développé la femme et c'est ce à quoi on s'est attaché à faire avec trois piliers.
04:26D'abord, les classiques.
04:27On a beaucoup de femmes qui ont besoin d'une chemise à porter sous un costume, par exemple.
04:31Ça, c'est quand même encore un besoin.
04:34Et puis après, le masculin féminin qu'on a développé, mais avec des petites touches féminines.
04:38Certes, le poignet mouscetaire, mais une coupe finalement un petit peu plus près du corps.
04:42Et on a ajouté, pour vraiment lancer la femme, ce qu'on appelle la capsule studio qu'on fait chaque saison désormais.
04:48et qui va être des modèles vraiment féminins.
04:50Ce qu'on n'avait pas fait jusqu'à maintenant.
04:53Et avec, peut-être qu'on en voit là, du bouton bijou, un col un petit peu près du corps, etc.
05:01Une création dédiée.
05:02Vraiment féminine.
05:03Une création dédiée.
05:04Et aujourd'hui, on se dit, ok, Figaret sait faire de la femme.
05:08On fait de la femme et on est là sur le marché aussi.
05:11On ne l'était pas avant, c'est vrai.
05:12Et à chaque fois, ça a été une évolution.
05:13Les collections studio, les collaborations, c'est aussi un moyen de présenter, de proposer une gamme supérieure.
05:20Certes, c'est une nouvelle clientèle, mais c'est aussi une occasion de monter en gamme.
05:24Oui, alors on le fait pour certaines de nos collaborations, effectivement.
05:28La collection studio, il y a des matières qui sont plus chères, des très beaux tissus.
05:33On a aussi une collection à l'homme autour des beaux tissus.
05:35Et nos collaborations, on le fait, effectivement, pour ça.
05:39Et aussi, simplement, pour présenter la marque à une population qui ne nous connaît pas encore.
05:45Ou à proposer une nouvelle version, une nouvelle vision de la chemise.
05:51Aujourd'hui, on a une collaboration, par exemple, avec The Socialite Family,
05:56où Constance Gennari a regardé nos chemises.
06:01Et avec son œil, finalement, de la déco, elle a imaginé le vestiaire dont elle rêvait.
06:06Des collections plus larges ou plus sélectives ?
06:09Là aussi, la désirabilité, elle se joue sur la collection et la proposition.
06:15Est-ce que vous choisissez, en termes de matière, en termes de coupe,
06:18d'avoir des collections plus restreintes, mais donc plus exclusives ?
06:22Ou finalement, il faut répondre à tous les besoins et toutes les envies ?
06:25Alors ça, c'est une super bonne question.
06:27Bon, ça va.
06:29On a fait deux choses, en fait.
06:31La première chose, c'est qu'on a décidé de cesser de réinventer chaque saison
06:37la chemise blanche, la petite rayure bleue qui va bien, etc.
06:41Et ça, il nous a semblé que...
06:43Alors là, je vais parler plutôt des hommes.
06:45Que l'homme, il cherchait finalement la même rayure de saison en saison
06:50parce que c'est celle-là qu'il aimait.
06:51Et peut-être qu'il en avait sept dans son placard.
06:53Mais il ne les mettait pas.
06:54Mais c'est celle-là qui...
06:56Et il y en a une qui les met.
06:57Donc ça, on a décidé d'avoir un socle important de permanent dans notre offre.
07:01Et effectivement, celle-là, elle est plutôt resserrée.
07:03Et puis chaque saison, on va ajouter de la nouveauté, des nouvelles rayures,
07:07des nouvelles couleurs, du lin en été, de la flanelle en hiver
07:10pour proposer effectivement de la nouveauté, de la désirabilité,
07:16des nouvelles choses qu'ils n'ont pas vues ailleurs.
07:18Mais c'est vraiment les deux qu'on essaye de faire et une collection relativement resserrée
07:22parce qu'on connaît notre client, on sait ce qu'il aime.
07:25Et justement, votre client, qu'est-ce qui porte la croissance aujourd'hui ?
07:28Est-ce qu'il y a moins de dépendance au segment masculin ?
07:33Est-ce que vous avez maintenant une typologie du client figaré ?
07:38Est-ce qu'il est plus jeune ? Est-ce qu'il est plus féminin ?
07:42Alors, il est effectivement plus jeune et plus féminin,
07:44mais on aime aussi le client qu'on a aujourd'hui.
07:47C'est-à-dire qu'on est très, très à l'aise.
07:48On n'a pas non plus de volonté de rajeunir notre cible.
07:51Il n'y a pas non plus de transformation.
07:53On est très heureux, en fait, avec nos clients figaré actuels.
07:56Il y a eu une petite transformation. Pourquoi ?
07:58Parce qu'on a fait venir des nouveaux clients
08:00et qui, effectivement, étaient un petit peu plus jeunes.
08:04Et puis, on a eu une chemise qui a fait découvrir la marque,
08:08qui est la chemise Je T'aime, qui est une chemise mixte.
08:11Donc, elle a cet avantage-là de plaire et aux hommes et aux femmes
08:14qu'on achète pour soi-même ou pour en faire un cadeau.
08:16Qui est devenue une vraie signature de la marque.
08:18Qui est vraiment une iconique de la marque aujourd'hui,
08:20qu'on propose dans des modèles qui sont là pour durer.
08:23Et puis, chaque saison, une petite collection qu'il faut acheter très vite
08:26parce qu'ensuite, il n'y en a plus autour de cette chemise.
08:29Et cette chemise-là, c'est souvent un cadeau.
08:32Donc, ça a permis à des personnes qui connaissaient la marque
08:36de l'offrir à quelqu'un qu'ils ne connaissaient pas.
08:38Et ensuite, par le biais de cette Je T'aime,
08:40on a des nouveaux clients qui ont découvert la marque
08:42et qui l'ont aimée.
08:44Cette évolution, cette nouvelle stratégie,
08:47est-ce que maintenant, elle se chiffre ?
08:49Est-ce que vous voyez les résultats d'un retour à la croissance,
08:53de toucher à la rentabilité ?
08:56Est-ce que pour Figaré, c'est une nouvelle ère qui s'est ouverte ?
09:00Oui, bien sûr. Et aujourd'hui, en fait, on est une marque
09:04qui est à la fois en croissance et rentable à deux chiffres
09:07depuis plusieurs années. Donc, c'est vrai qu'on sait tous
09:11que le marché de la mode, c'est un marché difficile.
09:15Mais quand on est dans le bon positionnement
09:17sur une marque qui, à la fois, est ultra classique
09:22et à la fois moderne, en fait, il y a vraiment
09:24une vraie carte à jouer.
09:26Avant qu'on aborde la question de la stratégie retail,
09:29parce que là aussi, il y a eu une évolution,
09:30il y a le positionnement en adéquation
09:32avec l'expérience client.
09:36Cette évolution au sein d'un fonds,
09:39un nouveau tour de table dans les avenirs à venir est prévu.
09:42Il y a encore une évolution prévue pour Figaré ?
09:45Ce n'est pas à l'heure du jour tout de suite.
09:47Mais on le sait, quand on est détenu par un fonds
09:51depuis quelques années, on sait qu'au bout d'un moment,
09:53on va aller reprendre un nouvel élan d'une autre façon.
09:57Donc, on s'y prépare de façon très sereine.
10:00La stratégie retail, justement, vous l'avez pensée,
10:03vous l'avez repensée, Covid après Covid.
10:06Il fallait fermer des magasins pour réécrire l'histoire
10:09et passer par une offensive digitale ?
10:12Oui. Alors, le digital, c'est effectivement
10:15très important pour nous.
10:16C'est un biais de découverte de la marque.
10:18C'est également la façon dont on a beaucoup
10:20de clients internationaux aujourd'hui qui découvrent la marque.
10:23Aujourd'hui, par exemple, la deuxième destination
10:26de nos envois e-commerce, c'est les États-Unis.
10:28D'accord, qui reste un gros marché de mode, de toute façon.
10:30Un gros marché de mode, mais qui n'ont en réalité
10:33assez peu de...
10:37C'est assez étonnant, finalement, de se rendre compte
10:39que les Américains, ils sont déjà très fans de la marque.
10:41Donc, effectivement, c'est une stratégie de conquête
10:44par le digital.
10:45Maintenant, le retail n'est pas en reste.
10:47Cette année, on a beaucoup ouvert de boutiques.
10:48En France, mais aussi, on a ouvert l'an passé
10:52en Belgique et cette année, à Genève.
10:54Donc, on commence à sortir de nos frontières
10:56avec le retail, effectivement,
10:59et le digital en soutien.
11:02Et moi, je crois énormément
11:03à l'expérience en magasin.
11:05D'ailleurs, les magasins qu'on ouvre,
11:06ce sont des magasins qu'on veut comme
11:07des rendez-vous assez confortables.
11:09On propose un café, mais de façon conviviale
11:13pour que ce soit un moment chouette.
11:15Aujourd'hui, l'ambiance, elle est assez morose.
11:16Et donc, ce à quoi je crois, c'est que quand on vient
11:19acheter une chemise Figaret, il faut que ce soit
11:20une expérience qui soit vraiment un petit peu fantastique.
11:24C'est ce à quoi on croit et que nos clients passent
11:27un bon moment.
11:28Donc, la Belgique, la Suisse, potentiellement Londres
11:34et après New York, s'il y a une clientèle.
11:37Et puis, c'est un peu le cheminement aussi
11:39pour toutes les marques haut de gamme.
11:41Oui, oui, on ne fait pas exception.
11:45C'est-à-dire qu'on teste avec nos voisins francophones
11:49et on a très envie, l'an prochain, d'ouvrir à Londres
11:55parce qu'on pense qu'on a une pertinence,
11:58même s'ils savent très bien faire les chemises,
12:00mais nous, on fait des chemises différentes.
12:02Et dans la façon dont on ouvre les nouveaux pays
12:04ou les nouvelles destinations,
12:06on l'ouvre avec une marque mixte,
12:07c'est-à-dire et l'homme et la femme.
12:09En France, on a un très gros poids de l'homme historique,
12:12mais quand on arrive dans un nouveau pays,
12:14on se rend compte que notre offre à la femme,
12:16elle est aussi très pertinente.
12:18Quel système, quel circuit de fabrication aujourd'hui
12:21pour avoir ce positionnement ?
12:24Est-ce que, et puis pour raconter cette histoire,
12:27la fabrication, elle est en Syne, elle est en Italie,
12:29elle reste sur le bassin européen,
12:32elle doit être sourcée parce que c'est ça aussi
12:34qui doit être transmis ?
12:35Oui, bien sûr.
12:36Alors nous, quand on est une marque telle que nous,
12:39il faut qu'on soit très authentique
12:40et qu'on soit effectivement très transparent
12:43sur la façon dont on travaille.
12:44Donc nous, on travaille avec des tissus
12:46qui sont majoritairement européens
12:48et toute notre collection beau tissu,
12:50ce sont des tissus italiens,
12:51de très grandes maisons.
12:53Et on produit depuis plus de 50 ans
12:55avec certains façonniers
12:56qui sont en général, enfin en Europe et majoritairement
13:00et au Maghreb pour notre prêt-à-porter
13:03et notre sur-mesure est réalisée en France.
13:06Réalisée en France, est-ce que là,
13:08dans les projets, dans les futures collaborations,
13:11il y a des choses que vous avez en tête,
13:13il y a des choses dans les tuyaux justement
13:14pour encore amener cet effet de surprise
13:17et aller cibler une autre clientèle ?
13:19Oui, bien sûr, c'est ce qui nous anime
13:22et qui nous donne d'ailleurs beaucoup de joie.
13:26On a très envie de continuer,
13:28on a un partenariat qui nous est très cher
13:31parce qu'on a la passion du style
13:32à la fois vestimentaire mais aussi littéraire
13:35et la marque est très rattachée
13:37au patrimoine culturel français.
13:38Donc on va continuer à collaborer
13:40avec la maison Gallimard
13:41avec qui on a fait déjà deux collaborations.
13:45Et puis on aura une collaboration l'an prochain
13:48qui va nous ramener proche de nos racines
13:51à Biarritz puisque c'est là que la marque est née.
13:54Donc voilà, à suivre.
13:55La boucle sera bouclée, vous parlez de Gallimard
13:57et en fait, il y a tout à l'heure
14:00d'expérience client et il y a ce syndrome
14:04de devenir pour les maisons de luxe
14:06notamment des maisons culturelles.
14:08Est-ce que vous aussi, ça passe par la transmission
14:10et vous le disiez au démarrage,
14:12par la transmission de valeurs justement
14:14et d'un système de valeurs aussi ?
14:16Oui, oui, c'est très important.
14:17Dans notre chemise, je t'aime, on l'a imaginé
14:19en regardant les choses de la vie de Claude Sautet.
14:21On travaille avec la maison de Gallimard.
14:23On organise aussi de façon très secrète
14:26et intime des dîners littéraires
14:28qui ont lieu dans une de nos boutiques
14:30assez fréquemment.
14:34On fait partie du patrimoine français vestimentaire.
14:38On est une marque que finalement
14:39beaucoup de gens connaissent
14:41et c'est important pour nous
14:43d'être également rattachés
14:44à ce qui nous rend fiers d'être français.
14:46et donc pour nous, on a fait le choix
14:48effectivement de la littérature en premier lieu.
14:51Merci beaucoup, Eléonore Baudry,
14:53d'avoir été dans Iconic Business,
14:54directrice générale de Figaret.
14:57Tout de suite, les désirables de la semaine,
14:58tout ce qui nous a fait envie, séduit
15:00et intrigué ces derniers jours.
15:02Et on a décidé de se pencher sur un sujet
15:09pourtant largement évoqué
15:11avec les lancements de plateformes,
15:13de seconde main,
15:14mais finalement,
15:15se poser la vraie question aujourd'hui,
15:16quid du luxe,
15:17de l'appropriation de l'ensemble
15:19de la chaîne de valeur par les maisons de luxe
15:22avec Anne-Laure Colcy,
15:23vice-présidente exécutive
15:24chez Capgemini Invent,
15:25responsable des activités luxe mondiales.
15:27Bonjour.
15:28Bonjour, Audrey.
15:28Il y a eu déjà une vraie transformation.
15:32Elle est arrivée par les consommateurs
15:34qui sont allés chercher autre chose
15:36et qui ont bousculé le marché
15:38plutôt en fait que les acteurs de l'industrie cette fois.
15:42Absolument.
15:43Ce qu'on peut peut-être commencer par dire,
15:44c'est que le marché de la seconde main dans le luxe,
15:47c'est un marché en tant que tel qui trouve sa place
15:49parce que par essence,
15:51les produits de luxe sont des produits
15:53d'une très grande qualité,
15:54d'une très grande durabilité,
15:56donc qui vont durer longtemps
15:58et qui permettent l'expansion
15:59et l'existence même
16:00d'un marché de la seconde main.
16:02Alors, pour faire un tout petit peu d'histoire,
16:03ce n'est pas nouveau.
16:04Vous le disiez très bien
16:06puisque les premières façons,
16:08premières plateformes non virtuelles
16:11d'achat de produits de seconde main,
16:13c'était les maisons aux enchères.
16:15Dans les années 70,
16:17même 60 pour les premières,
16:19il y avait déjà des possibilités
16:20d'avoir des ventes spécifiquement
16:22sur des produits de luxe de seconde main.
16:23Mais on était sur une consommation d'initiés,
16:27une consommation confidentielle,
16:29de collectionneurs.
16:30Donc, on n'avait pas encore ce regard grand public.
16:33Et puis, à la faveur des années 80-90,
16:36ont commencé à apparaître les dépôts-ventes
16:39qu'on a tous vus dans les villes, essentiellement.
16:42Donc, on était sur des petits volumes de transactions.
16:45Mais la particularité de ces dépôts-ventes,
16:47c'est que ça correspondait à une consommation contrainte,
16:49donc pas très positive.
16:51D'une part, parce que souvent,
16:52les déposants avaient besoin de liquidités assez rapides.
16:56Et puis, les acheteurs eux-mêmes,
16:58qui achetaient un produit de luxe de seconde main,
17:00n'en faisaient pas, faustentiellement,
17:02la promotion à être discret.
17:03Et le produit n'était pas vraiment valorisé.
17:05Absolument.
17:07Les années 2000 arrivent,
17:092005-2010,
17:10explosion des plateformes digitales,
17:13explosion des plateformes digitales de seconde main.
17:15et, en vertical,
17:17certains acteurs qui se positionnent très clairement
17:19sur la seconde main de luxe.
17:21Donc là, il s'est passé finalement deux choses.
17:24La première, c'est qu'on a basculé
17:25dans une consommation assumée,
17:27donc ni d'initié ni contrainte.
17:30Et puis, on commence à avoir un effet volume intéressant.
17:33On comprend qu'il y a de l'influence
17:34et que, finalement,
17:36on peut totalement assumer sa consommation de seconde main.
17:39Et on le verra,
17:40il y a des leviers presque émotionnels derrière.
17:43Mais ça veut dire qu'aussi,
17:44ça correspond à la massification du luxe un peu.
17:48Ça a été une porte d'entrée
17:49pour toute une clientèle
17:50qui n'avait pas non plus accès
17:52aux produits neufs dans les maisons de luxe.
17:55Pour certains d'entre eux,
17:56vous avez absolument raison,
17:57mais ce n'est pas la majorité.
17:59Et c'est ça qui est intéressant.
18:01Donc, on estime qu'entre 30 et 40 %
18:03effectivement sur ces plateformes
18:04sont des clients
18:05qui ne pourraient pas acheter
18:06des produits de première main.
18:08Mais pour une très grande proportion,
18:10donc plus de la majorité,
18:11ce sont des consommateurs
18:12qui vont à la fois acheter
18:14du luxe en première main
18:15et du luxe en seconde main.
18:17Donc, il y a vraiment eu un basculement,
18:20un changement.
18:21Pour autant,
18:22on a l'impression
18:23que c'est arrivé à maturité,
18:24mais pas du tout.
18:25C'est encore un marché
18:26en pleine expansion,
18:27en fait,
18:27avec un énorme potentiel.
18:29Alors, d'une part,
18:30effectivement,
18:31en termes de taille de marché,
18:32on estime qu'aujourd'hui,
18:34on est à peu près
18:35à 36 milliards de dollars.
18:37On était en pré-Covid
18:38plutôt à 25-26 milliards.
18:40Donc, on voit un peu la progression,
18:4240% en cas de 5 ans.
18:44Et quand on le projette,
18:45ce marché,
18:46on estime qu'on va arriver
18:47à 55 milliards de dollars
18:49dans les 3 à 4 prochaines années,
18:51donc avec encore
18:52une accélération supérieure.
18:53Donc, on sent le potentiel.
18:55Ce qui est amusant,
18:55c'est que les maisons
18:56commencent à peine,
18:58pour certaines d'entre elles
18:59qui sont pionnières,
19:00à rentrer elles-mêmes
19:01sur ce marché
19:02et à sortir
19:03de la consommation assumée
19:05dont je parlais
19:05pour arriver
19:06vers une consommation
19:08valorisée
19:09et revendiquer
19:10pour se réapproprier
19:11finalement
19:12le storytelling
19:13et donc le récit
19:15autour de cette consommation
19:16de l'économie.
19:17Oui, parce que finalement,
19:17on les attendait sur,
19:18c'est ce qu'on disait,
19:18sur l'ensemble
19:19de la chaîne de valeur.
19:20Elles produisent,
19:22elles transmettent,
19:23elles ont tout le storytelling
19:24et elles ont pourtant
19:25laissé à un tiers
19:27ce marché
19:29de la seconde main
19:30avec encore
19:31un énorme potentiel
19:32et puis finalement,
19:32le fléchage
19:33de leurs produits
19:34jusqu'au bout.
19:35Oui, et c'est très intéressant
19:37parce que c'est à la fois
19:38là qu'on va trouver
19:41le plus grand gisement
19:42d'opportunités
19:43mais c'est intéressant
19:44de comprendre
19:44pourquoi les maisons
19:45n'ont pas tout de suite
19:47sauté sur cette opportunité
19:48sur la seconde main.
19:50Elles avaient trois craintes
19:51fondamentalement
19:51qui ne sont pas du tout
19:52les mêmes que celles
19:53des consommateurs
19:54donc c'est là qu'il faut
19:55essayer de trouver
19:55un point de jonction
19:56mais côté maisons,
19:57les craintes,
19:58la première c'était
19:58le risque de cannibalisation
20:00en se disant
20:01si je vends à la fois
20:02du neuf et de la seconde main
20:04je risque peut-être
20:05de perdre une partie
20:06de mes clients
20:06qui auraient été fléchés
20:07vers le neuf
20:08vers la seconde main.
20:10Or aujourd'hui justement
20:11ce qu'on voit
20:11c'est que ce sont
20:12les mêmes clients
20:13qui consomment
20:14de toute façon
20:14les deux catégories
20:15et ils ne se détournent pas
20:15l'un ou l'autre.
20:16Et ils ne se détournent pas
20:17exactement.
20:19La seconde crainte
20:19que pouvaient avoir
20:20les maisons
20:20c'était vraiment
20:21des risques
20:22de complexité opérationnelle.
20:24Alors là
20:25le risque il existe toujours
20:26et il y a une véritable
20:27complexité.
20:28Peut-être juste
20:29un exemple
20:29évidemment quand on récupère
20:31un produit de seconde main
20:33il faut ensuite
20:34le restaurer
20:34il faut l'authentifier
20:36donc ça demande
20:37toute une organisation
20:38logistique spécifique
20:41mais elles ont
20:42les savoir-faire
20:42donc elles sont aussi
20:43les mieux placées
20:44finalement pour répondre
20:45à ces enjeux.
20:46Et le troisième risque
20:47et qui à mon sens
20:48peut-être l'ultime blocage
20:50encore aujourd'hui
20:50c'est un risque
20:51de tension
20:52avec l'univers créatif
20:54puisqu'évidemment
20:55les maisons de luxe
20:57ne sont pas là
20:58pour fondamentalement
20:59suivre les modes
20:59et les tendances
21:00elles ont
21:01on le sait
21:02un rythme plus long
21:03elles doivent
21:04nourrir
21:06un dialogue
21:07autour de leur ADN
21:08de leur héritage
21:09mais elles évoluent
21:10et elles ont
21:10des directeurs artistiques
21:11très puissants
21:12qui eux-mêmes
21:13se renouvellent
21:14dans le récit
21:15qu'ils font
21:16de la marque
21:17qu'est la leur.
21:18Or
21:18quand on fait cohabiter
21:20et on peut même l'imaginer
21:21dans un même espace
21:22de vente
21:22qu'il soit virtuel
21:23ou physique
21:24des produits
21:24de première
21:25et de seconde main
21:26on se retrouve
21:27avec un peu
21:28une perte
21:28de fil rouge
21:29et de lisibilité
21:30sur une cohérence créative
21:32sur une saison donnée
21:33et ça
21:34ça reste un enjeu.
21:36Il y a aussi
21:37une clientèle
21:38qui s'est renouvelée
21:39les consommateurs
21:40ont bousculé le marché
21:40aussi ce consommateur
21:42a changé
21:43c'est une génération
21:44plus jeune
21:45qui porte aussi
21:46cet essor
21:48de la seconde main
21:48et puis
21:49il y a d'une part
21:50encore l'idée
21:51d'une valorisation
21:52d'une spéculation
21:53mais là aussi
21:54de la transmission
21:55comme pour la première main
21:56en fait.
21:57Exactement
21:58c'est en ça
21:58que je parlais
21:58de consommation
21:59valorisée aujourd'hui
22:00c'est vrai aussi
22:01côté consommateur
22:02c'est même
22:03le consommateur
22:04qui finalement
22:04a fait changer
22:05la perception
22:06de cette consommation
22:0775%
22:09des consommateurs
22:10de seconde main
22:11sont des nouvelles générations
22:13c'est-à-dire
22:13des Gen Z
22:14ou des Millennial
22:15c'est-à-dire
22:15que ce sont des consommateurs
22:16qui ont entre 18 et 45 ans
22:18pour 75% d'entre eux
22:20et ce qu'ils vont chercher
22:22dans de la consommation
22:23de seconde main
22:23qui peut être parallèle
22:24je le redis
22:25à de l'achat
22:26de produit neuf
22:27c'est trois choses
22:28d'abord et avant tout
22:30le prix
22:30on les appelle
22:32les price seekers
22:33c'est-à-dire vraiment
22:33c'est la recherche
22:34pour un produit
22:35qui leur fait envie
22:36du meilleur prix
22:37parce que peut-être
22:38qu'à un moment donné
22:39pour un achat spécifique
22:40ils n'ont pas les moyens
22:41d'acheter du neuf
22:41donc ça reste quand même
22:42le premier levier
22:43mais le second
22:44qui n'est pas loin derrière
22:46c'est le consommateur malin
22:50le smart shopper
22:51et ce consommateur malin
22:52c'est pas uniquement
22:53lié au prix
22:54c'est vraiment de se dire
22:56je vais trouver
22:57quelque chose de vintage
22:59une ancienne édition
23:00le produit
23:01qui va absolument
23:02coller aujourd'hui
23:03à mon état d'esprit
23:04à une envie
23:05que je peux avoir
23:05et là on est plutôt
23:06sur quelqu'un
23:07qui va se lancer
23:08un peu comme un chercheur d'or
23:10dans une quête
23:11et une conquête
23:12et le troisième levier
23:14qui est aussi très important
23:15c'est le green consumer
23:17le fameux consommateur
23:18très sensible
23:19à la planète
23:21à l'empreinte carbone
23:22à la durabilité
23:23et au fait d'être
23:24un consommateur durable
23:26d'une certaine façon
23:27et donc qui lui
23:28va bien davantage
23:29se détourner en effet
23:31de la consommation
23:31de produits neufs
23:32parce que
23:33idéologiquement
23:34éthiquement
23:35il ne souhaite pas
23:36s'engager dans un cycle
23:38ça fait partie
23:38de son système de valeurs
23:40et la carte à jouer
23:40finalement
23:41et on terminera avec ça
23:43des maisons luxe
23:44et l'avantage finalement
23:46par rapport à d'autres
23:47c'est maintenir
23:49tenir
23:49outre le storytelling
23:50la certification
23:51le label
23:52ce qui fait que
23:53je sais que j'ai maîtrisé
23:55l'ensemble
23:55exactement
23:56la plus grande limite
23:58à ce marché aujourd'hui
23:59ce qui fait que
24:00même quand on voit
24:00sa taille
24:01on a encore du mal
24:03à totalement
24:04être certain
24:05de son potentiel
24:06à la cible
24:07c'est parce qu'il y a
24:08une limite très forte
24:09côté consommateur
24:10c'est l'authentification
24:12des produits
24:12et les angles morts
24:13qui vont avec
24:14sur l'ensemble des plateformes
24:14exactement
24:15on sait déjà
24:16que quasiment
24:17un consommateur
24:17sur deux
24:18qui a acheté
24:19de la seconde main
24:20a acheté de la contrefaçon
24:21sans le vouloir
24:22c'est-à-dire qu'on n'est pas
24:23du tout dans un consommateur
24:24qui cherche à acheter
24:24une contrefaçon
24:26ou un dupe
24:26et ça c'est la première limite
24:28et évidemment
24:28même si les plateformes
24:29se sont organisées
24:30pour faire de la certification
24:32ou de l'authentification
24:33mais ça reste des tiers
24:34il y en a certains
24:35qui mettent en place
24:36des politiques de retour
24:37mais on voit bien
24:38qu'on est vraiment
24:39sur du placebo
24:40très limité
24:41seules les maisons
24:43finalement
24:43peuvent apporter
24:44ce levier de confiance
24:45fondamentale
24:46et s'emparer véritablement
24:48de ce marché
24:48parce qu'elles peuvent
24:49elles-mêmes fournir
24:50une traçabilité
24:52et un certificat
24:53d'authenticité
24:53sur leurs produits
24:54certains ont commencé
24:55Rolex notamment
24:56exactement
24:56il y a quelques pionniers
24:58et avec de très beaux succès
25:00on peut citer Rolex
25:01qui font du Certified Pre-Owned
25:03ils ont déjà
25:04plus de 100 détaillants
25:06certifiés
25:07et l'année dernière
25:08ils ont effectué
25:09un volume d'affaires
25:10d'environ 120 millions
25:11d'euros
25:12sur leur vente
25:14de produits de seconde main
25:15bon on est au début
25:16d'un nouveau cycle
25:17déjà dans la seconde main
25:19pour le luxe
25:20merci beaucoup
25:21Anne-Laure Colcier
25:22vice-présidente exécutive
25:23chez Capgemini Invent
25:24responsable des activités
25:25luxe mondiales
25:26d'avoir été
25:27dans Iconic Business
25:28et merci pour cet éclairage
25:29Iconic Business
25:30c'est évidemment
25:31à retrouver en podcast
25:32et replay
25:33sur l'app
25:33et le site
25:34sur bfmbusiness.com
25:36et c'est tous les vendredis
25:37en radio et en télé
25:38à 21h
25:38Iconic Business
25:42le luxe
25:43by BFM Business
25:44Iconic Business
25:46Iconic Business
25:46Iconic Business
Recommandations
11:08
19:24
22:40
4:24
25:36
20:44
24:26
22:10
22:52
26:08
55:34
2:18:18
2:15:13
51:07
56:48
7:32
55:27
2:13:55
53:50
53:45
2:14:32
51:49
2:11:09
2:13:46