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00:05On le voit donc, la thématique de l'IA est sacrément challengée depuis quelques jours en bourse.
00:10Grosse interrogation sur la capacité des acteurs de l'IA à honorer leurs promesses d'investissement tout en restant en bonne santé.
00:16Adrien Dumas nous rejoint, bonjour Adrien, directeur de la gestion de Mandarine Gestion.
00:21C'est quoi le problème de l'IA en bourse ?
00:22C'est à la fois le soleil qui fait tout pousser et peut-être la crainte d'un soleil noir qui pourrait tout faire exploser.
00:30Oui, c'est assez bien résumé.
00:32Effectivement, c'est une thématique qui continue à se déployer.
00:34Je pense qu'il n'y a pas trop de débat quand on écoute les propos qui sont tenus par les grands chefs d'entreprise
00:39qui sont en train d'essayer de déployer en période de déploiement de la technologie.
00:44Il n'y a pas de débat sur l'idée que ça améliore certainement un peu la productivité,
00:46que ça amène des solutions, que ça permet d'automatiser des choses.
00:50La vraie question, elle n'est pas sur le besoin et la demande,
00:53elle est sur le coût de l'infrastructure et de la rentabilisation de l'infrastructure.
00:57Effectivement, on voit émerger beaucoup de questions depuis quelques jours sur les montants d'investissement
01:02qui sont très significatifs, qui sont un peu circulaires,
01:04puisque vous savez qu'au milieu de tout ce modèle, notamment côté américain,
01:06on a construit les niveaux d'investissement sur OpenAI,
01:09qu'OpenAI n'est toujours pas rentable.
01:12On l'a vu dans les chiffres de Microsoft, c'est 3 milliards de pertes pour Microsoft
01:14liés à sa participation dans OpenAI,
01:16et que les montants d'investissement à venir sont très significatifs.
01:18Et on a quelques acteurs, comme Oracle, qui a déjà des niveaux de dette importants,
01:24on parlait tout à l'heure de son ratio dette sur fonds propres,
01:27et de Meta, qui a publié ses chiffres il y a une semaine,
01:30avec des free cash flow qui sont passés en territoire négatif.
01:33Donc c'est un vrai changement de modèle, parce que ces grands leaders,
01:35notamment les Mag7, les hyperscalers, sont traditionnellement très générateurs de cash,
01:40font beaucoup de retours à l'actionnaire,
01:42ont en tout cas une capacité à générer des montants de trésorerie très importants.
01:45Et là, on rentre dans une période où les montants d'investissement sont très significatifs,
01:48et où on se pose des questions sur jusqu'où elles vont aller en termes de levier
01:51pour soutenir ces investissements.
01:53Bertrand, quand OpenAI dit
01:55« Nous, il faut que notre dette soit garantie par le trésor américain »,
02:00ça vous évoque quoi ?
02:02Deux choses.
02:03Un, c'est que la thématique de l'IA continue à être portée
02:05par des enjeux stratégiques nationaux.
02:08Donc on sait que Donald Trump en a fait sa priorité,
02:10quand il parle de l'âge d'or,
02:11et qu'il réunit assez souvent les grands maniades de la technologie
02:15autour de sa table pour dîner,
02:16c'est pour montrer que c'est l'enjeu suprême national.
02:20Parce qu'on sait aussi que la Chine, de son côté,
02:22est en train d'essayer aussi de construire son propre écosystème,
02:24et qu'elle met énormément d'argent sur la table pour avancer.
02:27Vous avez eu les propos du Jensen Wang hier,
02:28en disant que la Chine avait de grandes chances d'être en avance sur l'IA.
02:31Le patron d'NVIDIA a dit hier, effectivement,
02:34Jensen Wang, que la Chine allait sans doute gagner la bataille de l'IA.
02:37Incroyable.
02:37Oui, qui était une forme de...
02:39Enfin, on en parlait avec Wilfried Galland ce matin,
02:41qui est une forme de pression du gouvernement américain
02:44pour obtenir de l'énergie.
02:47Exactement.
02:48Et en fait, tout tourne autour de l'énergie,
02:50on a l'impression dans ce commentaire.
02:52Typiquement, la Chine, il y a un mois,
02:54a annoncé des subventions pour baisser le prix de l'énergie,
02:56notamment pour l'utilisation des data centers.
02:58Donc voilà, c'est vraiment une technologie
02:59qui est au cœur des enjeux de suprématie technologique internationale,
03:04avec deux grands blocs qui mettent de l'agence sur la table.
03:06Donc c'est pour ça que nous, chez Mandarine,
03:07on pense qu'il n'y a pas de raison de s'inquiéter
03:09sur le ralentissement de ces investissements.
03:11Mais par contre, il faut les financer.
03:12Et effectivement, tirer un peu la sonnette d'alarme
03:15en disant qu'il faut accepter ces financements.
03:17Comment est-ce qu'on peut les financer ?
03:19Est-ce que l'État doit nous aider pour le faire ?
03:21Oui, OpenAI, quand même, demande la garantie de l'État
03:25sur ses investissements et sur ses emprunts.
03:27C'est quand même énorme, un truc pareil.
03:28C'est fou, quoi.
03:29Bon, est-ce que vous êtes de ceux qui s'inquièteraient,
03:33justement, si les investissements venaient à ralentir
03:35ou au contraire de ceux qui s'inquièteraient
03:37s'ils accéléraient encore ?
03:38C'est une question.
03:40Peut-être s'ils accéléraient encore,
03:42parce qu'effectivement, est-ce qu'on va trop vite
03:43par rapport à besoin de demande ?
03:45Et est-ce que dans cette course à l'équipement,
03:47j'utilise souvent cette expression,
03:49mais c'est la nouvelle conquête spatiale,
03:52c'est la conquête de la Lune.
03:53On est à la fin des années 50
03:54et il y a deux pays qui décident de se dire
03:56qui va arriver jusqu'au supercalculateur le plus puissant.
03:59Et donc chacun met le plus d'argent possible sur la table
04:01pour arriver à cet objectif.
04:02Donc en 1969, on a mis un pied sur la Lune,
04:04mais entre-temps, chacun des deux blocs de l'époque
04:07ont dépensé énormément d'argent
04:09pour à la fin une rentabilité de ces investissements
04:12qui est toujours discutable.
04:13Est-ce qu'on est un peu dans le même sillon ?
04:16Oui, je pense.
04:16Donc une très forte accélération supplémentaire
04:19amènerait certainement à la question des surcapacités
04:20et de, est-ce qu'on ne va pas trop vite, trop loin ?
04:23De nouveau, je pense qu'on n'a pas de doute
04:24sur le déploiement à l'intérêt de ces technologies.
04:26La question, c'est est-ce qu'on va aller trop vite, trop loin
04:28ou est-ce qu'à l'inverse, on a vraiment des difficultés
04:30à financer ces besoins ?
04:31Et juste le fait de voir certaines des magnifiques 7
04:34commencer à emprunter de l'argent,
04:36lever de la dette, méta, alphabète,
04:38vous dites que c'est la vie normale d'une boîte
04:39ou vous dites que si celles-là le font,
04:40ça peut entraîner un vrai risque ?
04:42Non, c'est la vie normale d'une boîte,
04:43mais c'est des sociétés sur lesquelles
04:44le profil financier et les investisseurs
04:46qui les accompagnent ne sont pas habitués
04:47à ce qu'elles s'endettent.
04:48C'est ça, c'est un changement de perception
04:50en fait de ces acteurs.
04:50Et c'est pour ça que nous,
04:52on préfère typiquement continuer
04:53à rester investi sur cette thématique,
04:55mais plutôt sur d'autres secteurs
04:56où en fait, il n'y a pas un changement
04:57de profil d'entreprises
04:58qui sont devenues très capex intense,
05:00qui dépensent beaucoup d'argent
05:01pour développer des capacités de production.
05:02Donc, le mot de la fin, Adrien,
05:04parce que je vous ai appelé Bertrand tout à l'heure,
05:05je ne sais pas pourquoi, ça m'échappe.
05:08On est à un point pivot en fait de cette dynamique ?
05:11Alors, un point pivot sur la poursuite
05:13de la thématique de l'IA, je ne sais pas.
05:15Ce qui est sûr, c'est que sur la surperformance
05:16des hyperscalers par rapport au reste de la thématique,
05:18oui, je pense. Cette notion de changement
05:21de perception des profils financiers,
05:22je pense que c'est une vraie question.
05:23Et c'est pour ça qu'effectivement,
05:24je disais, chez Bonarine,
05:25on continue à investir dans ce secteur,
05:26mais plutôt dans d'autres types d'équipements,
05:28notamment tous les enjeux autour de l'énergie.
05:30Vous l'avez dit, je pense que c'est clairement
05:31le nerf de la guerre.
05:32On a des nouvelles technologies
05:33qui arrivent à disposition.
05:34On a la relance du nucléaire
05:36qui est un gros sujet d'ici 2030.
05:38On a d'autres technologies
05:39qui commencent à émerger
05:40comme les piles à combustible
05:42ou la géothermie,
05:45qui est une solution qui est beaucoup poussée
05:46par Donald Trump,
05:46parce que là, on est sur des expertises
05:48qui sont très proches du fracking pétrolier,
05:49par exemple,
05:50que les Américains maîtrisent extrêmement bien.
05:52Et où là, on pense effectivement
05:53qu'il y a encore de bonnes surprises positives
05:54à attendre.
05:55Peut-être des niveaux d'attente
05:56qui sont moins importants
05:57et de nouveau, des entreprises
05:58qui n'ont pas besoin
05:59de fondamentalement changer
06:01leur profit financier.
06:03Et qui ont déjà dépensé cette R&D
06:04et qui vont maintenant,
06:05j'allais dire, la faire fructifier.
06:07Deux, trois exemples de valeurs
06:08comme ça pour illustrer ?
06:09Alors, aux États-Unis,
06:10on a bien Envent.
06:11Envent, c'est un des grands spécialistes
06:12des équipements pour les data centers,
06:13notamment ce qu'on appelle
06:14les chambres blanches,
06:15un compartiment très spécifique
06:18des data centers
06:18où ils ont une belle part de marché.
06:20Et tout ce qui tourne autour de l'énergie,
06:22on a beaucoup parlé
06:22de Brookfield Renewable,
06:23c'est une grande utilities américaine
06:25qui a la double casquette,
06:28c'est-à-dire qu'à la fois,
06:29elle opère des capacités
06:31de production d'électricité
06:32et en plus,
06:32elle est un des actionnaires
06:34de Westinghouse.
06:35Je ne sais pas si vous le voyez,
06:36Westinghouse,
06:36c'est historiquement
06:37la grande société américaine
06:38qui maîtrisait les brevets
06:40et les capacités
06:41de production nucléaire.
06:43Ils sont actionnaires
06:44de cette société
06:45et ils bénéficient de cette relance
06:46puisque l'État a annoncé
06:47il y a un peu plus d'un mois maintenant
06:4980 milliards de financements
06:51pour relancer le nucléaire
06:52sur le sol américain.
06:54Donc voilà,
06:54ça c'est des sociétés
06:54sur lesquelles aujourd'hui
06:55on n'a pas vu,
06:56on n'a pas des questions
06:57en fait sur les besoins
06:58d'investissement supplémentaires.
06:59Elles sont déjà sur des rythmes
07:00de capex importants.
07:01Elles vont juste bénéficier
07:02d'un effet prix d'électricité
07:03qui va être bénéfique
07:04pour leurs résultats.
07:04Adrien Dumas
07:05qui nous accompagne
07:06en fil rouge
07:06on vous retrouvera
07:07pour le club tout à l'heure
07:08on mesurera le potentiel global
07:09des marchés
07:09ce sera à 17h.
07:10Directeur de la gestion
07:11de nos mandarines
07:12à tout à l'heure Adrien