- il y a 6 semaines
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Aujourd'hui, dans « Les 4V », Alexandre Peyrout revient sur les questions qui font l’actualité avec Philippe Brun, député PS de l'Eure.
Aujourd'hui, dans « Les 4V », Alexandre Peyrout revient sur les questions qui font l’actualité avec Philippe Brun, député PS de l'Eure.
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00:00Bonjour à tous et bonjour Philippe Brun.
00:04Bonjour.
00:05Merci d'être notre invité ce matin pour les 4 vérités.
00:07Avant de parler du budget qui va occuper beaucoup de votre temps à vous députés à partir de lundi,
00:13d'abord on va revenir sur cette dégradation de la note souveraine de la France par l'agence Standard & Poor's.
00:18Hier soir on l'a appris, dégradation de la note de AA-AA+, avec une incertitude élevée quant aux finances publiques, dit l'agence.
00:26Une première réaction, est-ce que ça vous inquiète ?
00:29C'est la conséquence de la dissolution.
00:31Je rappelle que le jour de l'annonce de la dissolution par Emmanuel Macron,
00:35le stress et la différence de taux d'intérêt entre la France et l'Allemagne, elle bondit de 70 points de base, c'est-à-dire 0,7.
00:41Et c'est depuis ce moment-là en vérité que sur les marchés, la France est sanctionnée
00:45et emprunte à des taux qui sont beaucoup plus importants aujourd'hui, à peu près les mêmes que ceux de l'Italie.
00:50C'est donc bien l'instabilité politique aujourd'hui qui amène à cette dégradation.
00:54C'est effectivement ce que pointe l'agence Standard & Poor's, l'instabilité politique.
00:57Alors que vous, tous les politiques dont vous faites partie, vous vous sentez responsable ?
01:01C'est surtout le président de la République qui a décidé de cette situation.
01:03Nous, les socialistes, on a essayé d'être des acteurs de la stabilité.
01:07En censurant le gouvernement et en ne votant pas la confiance.
01:09Cette fois-ci, je rappelle que la France a un budget aujourd'hui, elle l'a eu au mois de janvier,
01:13parce que nous n'avons pas censuré François Bayrou et parce que nous avons négocié un budget.
01:17Et que là, nous sommes entrés à nouveau dans une nouvelle discussion où nous avons obtenu la suspension de la réforme des retraites,
01:23l'abandon du 49-3.
01:25Et grâce à cela, nous allons pouvoir doter la France à nouveau d'un budget.
01:28Alors justement, l'examen du budget, ça commence lundi en commission à l'Assemblée nationale.
01:33Philippe Brasque, vous êtes quelqu'un de naïf.
01:35Non, aucune forme de naïveté.
01:37Mais justement, on a obtenu, et je le rappelle, la suspension de la réforme des retraites,
01:41et obtenu surtout le nom 49-3.
01:43Justement, sur la réforme des retraites, vous avez dit vous-même,
01:46nous avons obtenu la plus belle victoire du mouvement social depuis 25 ans.
01:50Est-ce que vous n'êtes pas un peu emballé ? C'était dans notre 20h mardi.
01:52Non, je ne suis pas emballé du tout.
01:54Je sais que la France Insoumise regrette cette victoire parce qu'elle ne vient pas d'elle.
01:58Mais la vérité, c'est que par notre discussion, nous avons obtenu ce recul de cette réforme qui était injuste
02:04et qui faisait travailler deux ans de plus, des gens qui avaient commencé à travailler tôt.
02:07Et surtout, nous avons obtenu qu'enfin, on rétablisse la démocratie en France.
02:11Avec ce 49-3, moi je suis député depuis 2022, je n'ai jamais pu voter un budget,
02:15je n'ai jamais pu discuter d'un budget.
02:17Chaque année, je faisais adopter des amendements et c'était toujours retiré par 49-3
02:20parce que les hauts fonctionnaires de Bercy, ça ne leur convenait pas.
02:22Là, on a rétabli la souveraineté nationale, on a rétabli la souveraineté parlementaire.
02:26À partir de lundi, les députés vont enfin pouvoir discuter du budget de la France.
02:30Et toutes les erreurs qui figurent aujourd'hui, on va pouvoir les retirer
02:33parce qu'il existe une majorité à l'Assemblée pour un autre budget.
02:35Alors ça, on va en reparler.
02:36Mais avant ça, sur la suspension de la réforme des retraites,
02:39est-ce que l'histoire n'est pas en train de se répéter ?
02:41Parce qu'on a appris cette semaine qu'il y avait des députés,
02:44ensemble pour la République, qui ne voulaient pas voter cet amendement
02:47de suspension de la réforme des retraites dans le projet de loi de financement
02:50de la Sécurité sociale.
02:52Emmanuel Macron, qui en a rencontré certains cette semaine,
02:54ne leur a d'ailleurs pas demandé de le faire spécialement.
02:57Est-ce qu'il est en train de se rejouer ce qui s'est passé
02:59avec l'échec du conclave qu'on vous avait promis sur les retraites
03:02en échange de la non-censure ?
03:03Est-ce que vous n'êtes pas encore en train de vous faire rouler
03:05dans la farine, les socialistes ?
03:06Écoutez, il n'y a pas de suspense.
03:08L'amendement de suspension va être présenté à l'Assemblée nationale.
03:10Nous allons le voter, 192 députés, et le RN va le voter.
03:14Ça fait déjà la majorité, donc c'est sûr et certain
03:16que cet amendement passera, et donc sûr et certain
03:19que la réforme sera bien suspendue.
03:20Pour ça, il faut voter le budget à la fin.
03:25Est-ce que vous êtes prêts à avoir cette suspension
03:27de la réforme des retraites en échange de tout ce qui va avec ?
03:29C'est-à-dire ce qu'on voit aujourd'hui, l'année blanche,
03:31le doublement des franchises médicales,
03:32des coupes dans l'écologie, les collectivités locales ?
03:34Mais encore une fois, je le rappelle, c'est l'Assemblée
03:36qui va faire le budget.
03:37Donc le budget qui ressortira de l'Assemblée nationale,
03:39il n'aura rien à voir avec les erreurs
03:41qui ont été mises par les fonctionnaires de Bercy
03:43dans le budget présenté par Sébastien Lecornu.
03:46Exemple, les gels des pensions de retraite.
03:49Le RN et nous, et LR, on est contre,
03:51donc ça ne passera jamais.
03:52Exemple, les franchises médicales.
03:54Nous sommes contre, le RN est contre, LR est contre.
03:56Ça ne passera pas.
03:58Autre exemple, les déremboursements de médicaments.
04:00Nous sommes contre, le RN est contre,
04:01LR aussi est contre.
04:03Ça ne passera pas.
04:03Donc je tiens aussi à rassurer les gens.
04:06Nous allons revoir considérablement ce budget.
04:09Nous allons adopter un autre budget.
04:10Il y aura des économies,
04:11il y aura des recettes supplémentaires.
04:13Ça n'aura rien à voir avec la copie
04:15qui a été présentée par Sébastien Lecornu
04:16ou par François Bayou.
04:17Vous le savez peut-être mieux que moi
04:18qu'à la fin, ce budget doit passer aussi au Sénat,
04:20qui n'est pas franchement de votre couleur politique.
04:23Il y a ce qu'on appelle la commission mixte paritaire
04:25avec des députés et des sénateurs
04:26qui doivent se mettre d'accord à la fin.
04:28La droite et le centre, ils sont majoritaires.
04:30Est-ce qu'à la fin, vous ne risquez pas
04:32de devoir voter un budget
04:33qui ne ressemble pas du tout
04:34à ce à quoi vous voudriez qu'il ressemble ?
04:36Article 45 de la Constitution,
04:38l'Assemblée a le dernier mot.
04:39Et donc nous ne voterons pas le texte de la CMP.
04:41Et donc on aura perdu trois mois
04:42et vous censurerez le gouvernement
04:43et en plus on n'aura pas de budget alors ?
04:45Non, l'Assemblée a le dernier mot.
04:46Donc c'est le texte de l'Assemblée
04:47qui sera adopté à la fin
04:48et non pas celui du Sénat ou de la CMP.
04:51C'est comme ça que ça fonctionne en démocratie.
04:52On va revenir à un vrai système.
04:54Je sais que vous êtes plus habitués,
04:55y compris vous les journalistes politiques,
04:56parce que ça fait trois ans
04:57qu'il n'y a plus de démocratie en France sur le budget.
05:00Ça fait trois ans que les députés de la nation
05:02ne votent pas les budgets,
05:03ne discutent pas les budgets
05:04et que ça se décide dans les couloirs
05:06des grands ministères.
05:07Aujourd'hui, ça va être différent
05:08et vous allez voir à quel point
05:10la copie finale sera différente.
05:11Et je le crois bien meilleure pour les gens.
05:13Alors on le voit que cette suspension
05:14de la réforme des retraites,
05:15vous vous en êtes félicité,
05:16mais ça tend déjà,
05:18notamment du côté du patronat.
05:19Hier, il y a eu un échec des négociations
05:21sur la revalorisation des pensions complémentaires
05:24du privé, ce qu'on appelle l'agir carco,
05:26notamment parce que le patronat estime
05:28qu'avec cette suspension de la réforme des retraites,
05:30ça ne va pas dans leur sens
05:31et donc du coup, il n'y aura pas de revalorisation.
05:33Est-ce que vous êtes prêt à assumer
05:34de rentrer dans une forme de confrontation
05:36et de perdre d'autres arbitrages,
05:38d'être responsable finalement
05:39de cette non-revalorisation ?
05:41Le patronat n'a pas à prendre en otage
05:43aujourd'hui l'agir carco.
05:45L'expression prendre en otage,
05:46attention quand même...
05:47Non mais tout de même,
05:48il prend en otage les discussions.
05:50Il prend en otage les discussions
05:52parce qu'il n'est pas content
05:53sur la réforme des retraites.
05:54Je rappelle qu'on ne serait peut-être pas
05:55dans cette situation aujourd'hui
05:56si le patronat n'avait pas mis fin au conclave
05:58alors qu'un accord était possible.
06:01Le patronat était irresponsable.
06:03Aujourd'hui, nous avons obtenu
06:04cette victoire pour les gens,
06:05la suspension de cette réforme des retraites,
06:07injuste et en vérité son abrogation.
06:09On sait bien qu'elle ne reviendra pas ensuite.
06:11Il faudra que les partenaires sociaux
06:12se mettent d'accord sur un nouveau système
06:14qui soit financé et qui enfin
06:15prenne en compte la pénibilité.
06:17Car aujourd'hui, un ouvrier,
06:18il meurt 8 ans avant un cadre.
06:20Les 10% les plus pauvres
06:21meurent 13 ans avant les 10% les plus riches.
06:24Une dernière question.
06:26S'il y a une nouvelle censure
06:27contre le gouvernement Le Cornu,
06:29Emmanuel Macron l'a dit,
06:30il n'hésitera pas à dissoudre.
06:31Il y a un sondage qui est sorti dernièrement
06:33qui dit qu'en cas de censure,
06:35vous pourriez vous perdre votre poste
06:37au profit du Rassemblement national ?
06:38Philippe Brun,
06:39est-ce que vous avez peur
06:39d'une nouvelle dissolution ?
06:41Il y a eu deux autres sondages
06:42qui ont été réalisés
06:42où je gagne dans ma circonscription.
06:44Je suis tout à fait serein.
06:45Je rappelle qu'en 2024,
06:48quatre sondages me donnaient perdant
06:49dans ma circonscription.
06:50Dès le premier tour,
06:51je l'ai remporté à 53%.
06:53J'étais le seul député de gauche en France
06:55à augmenter son score
06:56face au Rassemblement national.
06:57J'avais gagné à 350 voix en 2022.
07:00J'ai gagné à 3500 voix d'écart en 2024.
07:03Je suis très serein.
07:04Et de toute façon,
07:04c'est l'intérêt national
07:05qui doit guider nos positions.
07:07Et en politique,
07:08on n'est pas propriétaire de son siège.
07:09On doit se battre.
07:10Et on ne transmet que la foi que l'on a.
07:12Et la foi, on en a.
07:12Merci beaucoup, Philippe Brun,
07:14d'avoir été notre invité ce matin.
07:15Mélanie Samuel, c'est à vous.
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