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  • il y a 2 mois
Ce jeudi 16 octobre, Jérôme Berton, portfolio Manager chez Cité Gestion, a abordé la perspective d'une sortie de shutdown aux États-Unis, la baisse du 10 ans US près des 4%, et l'offensive de Scott Bessent contre Pékin sur les terres rares, dans l'émission BFM Bourse présentée par Guillaume Sommerer. BFM Bourse est à voir ou écouter du lundi au vendredi sur BFM Business.

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Transcription
00:00BFM Bourse, l'éco du monde.
00:03On va en reparler d'ailleurs des terres rares et de ce conflit avec Gilles Mouet,
00:06qui est avec nous, chef économiste du groupe AXA.
00:08Bonjour Gilles.
00:09Bonjour.
00:10Ravi de vous retrouver.
00:10Avant d'en parler, on est au 16e jour quand même du shutdown aux Etats-Unis.
00:13On attendait plusieurs indicateurs macroéconomiques aujourd'hui,
00:16les inscriptions de domadaires au chômage, les ventes au détail, les prix à la production,
00:19enfin des chiffres quand même assez importants.
00:21Finalement, rien n'est publié.
00:22Est-ce que vous voyez les voix d'une sortie de shutdown ces prochains jours
00:25ou pourquoi pas la semaine prochaine ?
00:28J'ai l'impression que l'administration Trump souffle le chaud et le froid là-dessus.
00:35Depuis qu'un juge a en fait bloqué les licenciements secs d'employés fédéraux,
00:43par définition c'est une source de tension qui va disparaître,
00:48qui peut peut-être recréer les conditions d'un dialogue entre démocrates et républicains.
00:53Mais le problème de fonds, à mon sens, reste un problème tout simplement d'unité aussi du côté du Parti républicain.
01:03Je pense qu'on l'oublie un peu trop dans cette discussion.
01:06C'est vrai que là on a une opposition frontale entre la Maison-Blanche et les démocrates,
01:09mais à l'intérieur du Parti républicain, ça a été très compliqué de faire voter la loi de finances pour 2026.
01:16Si vous vous en souvenez, elle est passée avec une seule bonne majorité au Sénat,
01:19alors que normalement la majorité républicaine est plus forte que cela, c'est trois sièges d'avance.
01:25Et il y a eu une vraie bataille interne autour de la question des coupes sur l'assurance santé,
01:31qui est l'axe principal des démocrates.
01:34Donc aller vers les démocrates, vers un compromis sur les dépenses santé,
01:40alors même que c'est là-dessus que le Parti républicain lui-même s'est écharpé
01:45avec des faucons qui demandaient des coupes beaucoup plus importantes,
01:48c'est en fait pas aussi simple que cela.
01:50Donc j'ai l'impression que tout cela ralentit en fait énormément les négociations éventuelles.
01:57Et puis un élément important, c'est ce qui se passe du côté des sondages,
01:59il y a une érosion tout à fait visible de la popularité de Donald Trump,
02:06c'est une érosion lente, et surtout il continue d'être extrêmement populaire dans son propre électorat.
02:11Donc pour l'instant, il n'y a pas de pression venant de l'opinion publique républicaine
02:16pour que Trump aille très vite dans l'octroi de concessions.
02:19Donc pour l'instant, on sent que tout le monde voudrait bien arriver à quelque chose,
02:24mais les difficultés restent quand même très très natables.
02:26D'autant plus que Donald Trump, dans son programme,
02:29il y avait trois choses importantes,
02:30il voulait pousser les marchés actions à de nouveaux records historiques, c'est fait.
02:35Il voulait faire descendre les prix du baril du côté des 50 dollars,
02:38il est en train de réussir.
02:39On est sous les 58 sur le brut léger américain,
02:43aujourd'hui ça baisse encore, 57,87.
02:45Et sur les taux, il avait promis de continuer à faire pression pour que les taux baissent,
02:50et là aussi il y arrive, hier on était même légèrement sous les 4%,
02:53on est remonté au-dessus à 4,04,
02:55mais enfin globalement c'est un peu le carton plein.
02:59Sur le dernier point, sur les 4% de tout intérêt,
03:03la question est de savoir d'où ça vient.
03:05C'est-à-dire que si les 4%, la baisse des taux longs est le résultat d'une orientation
03:12beaucoup plus favorable du marché qui croit dire comme faire à la réussite
03:16du programme économique de Donald Trump, peut-être,
03:20mais ça ne semble pas être le cas.
03:21J'ai l'impression que dans la baisse effectivement visible des taux longs depuis quelques semaines,
03:27ce qui la sous-tend, c'est en fait essentiellement une vraie inquiétude sur la croissance,
03:33qui se voit également dans les anticipations du marché sur ce que la Fed fera.
03:39Ça reste des anticipations, j'allais dire relativement,
03:43le marché n'est pas très gourmand en termes de baisse de taux prévue de la part de la Fed,
03:48mais quand même, il y a une discussion, je suis aux Etats-Unis cette semaine,
03:53la discussion, elle se focalise sur deux points.
03:55Elle se focalise sur, a-t-on mangé notre pain blanc en termes de croissance,
03:58parce que les derniers éléments n'étaient quand même pas très sympathiques,
04:02et puis deuxième élément, est-on en situation de surrévaluation des actifs,
04:05en particulier autour des actifs technologiques ?
04:08Tout ça ne fait pas un bruit de fond très positif,
04:10donc que dans ces conditions-là, le taux à 10 ans redescend vers 4%,
04:13oui, très bien, mais ce n'est pas nécessairement pour les raisons dont rêvait Donald Trump.
04:19Oui, on est actuellement sur le 10 ans américain, d'ailleurs, toujours à 4,04 à l'instant.
04:24Dans un contexte quand même de tensions géopolitiques à nouveau croissantes
04:27entre la Chine et les Etats-Unis, cette fois, c'est sur les terres rares
04:30que ce noue l'essentiel des tensions, avec il y a quelques jours l'annonce
04:34de restrictions à l'export de terres rares de la part des Chinois,
04:37et Scott Bessen, le secrétaire au Trésor, qui hausse le ton et qui dit
04:40« Aujourd'hui, nous n'allons pas laisser un groupe de bureaucrates à Pékin
04:43tenter de contrôler les chaînes de production mondiales. »
04:46Il ajoute « Ne vous y trompez pas, c'est la Chine contre pas les Etats-Unis,
04:49mais contre le reste du monde. »
04:51Voilà, le ton monte vraiment, économiste que vous êtes,
04:53est-ce que vous arrivez à imaginer ce que seraient les conséquences,
04:56effectivement, d'une restriction importante des exports de terres rares chinoises ?
04:59C'est vraiment, effectivement, très important, parce que sur la production
05:06elle-même des matériaux de base, on a des alternatives aujourd'hui à la Chine.
05:11Il y a une production, par exemple, de terres rares aux Etats-Unis.
05:14D'ailleurs, pour la petite histoire, le gouvernement américain a nationalisé
05:17de manière partielle sa principale mine de terres rares aux Etats-Unis,
05:22qui est, je crois, en Californie.
05:25Donc, il y en a ailleurs, mais ceux qui, aujourd'hui, maîtrisent
05:27les techniques de raffinage, les techniques de transformation,
05:32ce sont, en fait, les Chinois.
05:33Et ils ont, effectivement, la capacité de bloquer l'accès
05:37par une décision bureaucratique, une décision administrative,
05:41pour reprendre les termes de Scott Besson.
05:44Mais ce que je vois derrière, c'est que, du côté chinois,
05:49c'est peut-être l'opération « dernière chance », entre guillemets.
05:52Et c'est pour ça que je pense que ce nouvel accro dans la guerre commerciale,
05:56il peut être, en fait, assez dramatique.
05:58Je pense que les Chinois voient avec une vraie inquiétude
06:02l'hyperactivisme américain en matière de politique industrielle.
06:06Je pense qu'ils ne s'y attendaient pas.
06:07Ils ne s'attendaient pas à ces prises de capital, par exemple,
06:11par le gouvernement américain, chez Intel,
06:14dans cette fameuse mine de terres rares sur le sol américain.
06:17Ils ne s'attendaient pas aux 600 milliards de dollars promis par les Européens
06:22en investissement stratégique aux États-Unis.
06:25Ils ne s'attendaient pas aux 550 milliards de dollars
06:28en investissement stratégique japonais aux États-Unis.
06:31Et je pense que pour les Chinois, c'est maintenant ou jamais.
06:34Soit on maintient, on crée une pression extrêmement forte sur les terres rares
06:39aujourd'hui, avant qu'il y ait de vraies capacités de raffinage en dehors de Chine.
06:45Et on peut enrayer cette machine à succès industriel aux États-Unis
06:50où on prend le risque d'être dépassé technologiquement dans les années qui viennent.
06:55C'est pour ça que le marché m'a l'air assez optimiste sur l'hypothèse
06:59qu'on aurait une détente à nouveau entre Américains et Chinois
07:02à l'occasion du sommet en Corée du Sud à la fin du mois.
07:07On peut effectivement avoir peut-être une détente à court terme.
07:09Mais ce qui se joue derrière, il faut être conscient,
07:11c'est une vraie question de leadership industriel et technologique au niveau mondial.
07:15Je ne pense pas que les Chinois lâcheront l'affaire facilement.
07:18Oui, d'autant qu'ils dépendent moins qu'avant de leurs exports vers les États-Unis,
07:21ils dépendent moins de l'économie américaine pour leur production et leurs exports, Gilles, les Chinois.
07:27C'est très frappant dans les chiffres des exportations chinoises.
07:30On les a eus hier ou avant-hier de mémoire.
07:33On est sur des exportations chinoises qui aujourd'hui progressent de plus de 8%
07:37en glissement annuel au mois de septembre.
07:38Ça a accéléré par rapport au mois d'août.
07:41Et lorsqu'on s'intéresse à qui sont les clients qui portent aujourd'hui les exportations chinoises,
07:47on trouve effectivement les pays émergents, les autres pays émergents.
07:50On trouve l'Europe qui est bien située en termes de contributions aux exportations chinoises,
07:57qui fait plus que compenser l'écroulement complet des exportations chinoises vers les États-Unis.
08:02Donc pour l'instant, du point de vue chinois, il n'y a pas urgence,
08:06même si le risque qu'ils sont en train de prendre, c'est de donner des arguments à l'administration américaine
08:12pour enrôler le reste du monde dans une bataille douanière contre la Chine.
08:17Parce que le contrôle des terres rares, c'est un problème pour la tech américaine,
08:21mais c'est un problème pour tout le monde.
08:23C'est même un problème, semble-t-il, pour la défense européenne.
08:25Donc là, les Chinois, je comprends leurs décisions.
08:30Encore une fois, c'est peut-être là ou jamais.
08:32Mais attention aux effets de second tour, en bloquant, en braquant des partenaires,
08:38des partenaires européens ou des partenaires asiatiques,
08:40qui jusqu'à présent, essaient de maintenir un certain équilibre entre Washington et Pékin.
08:44Oui, et Washington qui joue cette carte, à savoir,
08:46ce n'est pas les États-Unis contre la Chine,
08:48c'est la Chine, dit Washington, contre le reste du monde sur cette affaire de terres rares.
08:51Merci beaucoup de nous avoir accompagné.
08:52Gilles Mouec, chef égonomiste du groupe Axel.
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